Revue de presse

Lettres de Lecteurs et articles dans les 24heures, Le Courrier, Le Temps, etc...

concernant la campagne de l'initiative fédérale :
«l'abrogation du service militaire obligatoire»
pour la votation du 22 septembre 2013

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      Courrier des lecteurs24heures - Le Courrier
Août - Septembre 2013


casser les chaines
Casser les chaînes qui nous enchaînent   GSsA

Votation sur l'obligation de servir

24heures   Septembre 2013
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Pourquoi une armée de milice ?
À propos de l'article intitulé «L'armée de milice n'a plus de raison d'être en Suisse» (24 heures du 3 septembre 2013).
La Suisse est une nation indépendante et démocratique et, comme toute nation digne de ce nom, elle doit posséder sa propre défense. Dans cet esprit, le général Guisan nous a laissé la fameuse phrase suivante: «L'armée est comme un extincteur, tout le monde doit en avoir un en souhaitant ne pas être obligé de l'employer.» La défense nationale est un devoir sacré de chaque homme et femme. De ce fait, le volontariat est évidemment en contradiction avec la notion de devoir de la défense nationale à laquelle tout le monde doit participer.
Pour être efficace, la défense doit s'adapter à la capacité économique ainsi qu'à la topologie du terrain de la nation. Or, sur la base de données concrètes, notre mère Helvetia ne peut avoir qu'une armée de milice.
En dehors de son rôle de défense, cette armée est également une école de formation de l'esprit de commandement, d'organisation ainsi que de création de l'esprit d'équipe, très utile pour chaque citoyen de cette société. Cela devient encore plus nécessaire pour les Suisses ayant la vocation de leaders nationaux. Car, dans leurs pourparlers avec d'autres chefs d'Etat ayant fait le service militaire ou suivi une formation militaire, ils devront être sur la même longueur d'onde lorsqu'ils évoqueront ensemble des opérations militaires au service de la paix mondiale.
De ce fait, la nécessité d'une armée de milice n'est plus à discuter, et tous les citoyens en âge de servir doivent y participer sans qu'il y ait de remise en question. Il faut exclure toute idée de service volontaire et faire en sorte que cette armée soit utile en temps de paix et rapidement mobilisable en cas de menace imprévue venant de l'intérieur ou de l'extérieur.

Hô Nam Trân, Ecublens
Comparons ce qui est comparable

Si je peux comprendre la position de certains citoyens réticents à maintenir nos forces terrestres, aériennes et de protection de la population et des biens, je condamne fermement l'approche de certains politiques – au demeurant soi-disant expérimentés –, en particulier une personnalité politique de ma région. Notre système de défense a fait, continue à faire ses preuves et montrera sa capacité à s'adapter à toutes les exigences du moment. C'est bien grâce au système de milice actuel que cela est possible. Comme le disait notre estimé ancien conseiller fédéral Schmidt, notre armée appartient à l'ensemble de la population résidant en Suisse, sans exception et doit la servir. Une professionnalisation provoquerait sans aucun doute la création d'une corporation onéreuse de militaires qui pourraient devenir politiquement incontrôlables et marquer une opposition systématique.
Refuser le système de milice actuel, c'est marquer un autogoal définitif. Quant à l'expérience de guerre évoquée, notamment au Congo, précisons que la Belgique, état colonial, engageait ses troupes dans un but offensif. Notre armée suisse a été, est et sera toujours une organisation de défense.
Comparons donc, ce qui est comparable et restons dans le domaine de l'objectivité avec un souci d'intérêt général qui devrait habiter chaque responsable qui nous gouverne avec une sensibilité aiguë du sens civique.
Dommage que certains de nos élus démontrent une attitude abjecte d'individualisme.


Mirko Haari,
Paudex

La meilleure solution

À propos de la réflexion de M. Jacques Neirynck :

Comme M. Neirynck, je suis un vieux monsieur qui a consacré de nombreuses heures de son existence à la «chose publique». Il est mon aîné de quelques années, ce qui m'oblige à une certaine retenue dans mes propos à son égard. (...) M. Neirynck ignore tout de l'armée suisse de milice qu'il n'a pas servie dans son pays d'adoption, alors que j'ai la prétention de mieux la connaître pour avoir effectué la totalité de mes obligations de citoyen soldat. En affirmant que l'armée suisse est devenue «une école d'ivrognerie, de tabagisme et de paresse», il insulte les responsables de notre armée, les autorités qui ont toléré un tel gâchis et les citoyens suisses qui ont effectué leur service militaire et qui ne sont pas devenus des ivrognes et des paresseux.
Je suis convaincu que l'armée de milice est la meilleure solution. Elle doit certainement évoluer et a prouvé qu'elle était capable de le faire ces décennies passées en effectuant une cure d'amaigrissement spectaculaire. M. Neirynck plaide pour une armée professionnelle! Il délègue ainsi aux autres de devoir utiliser peut-être un jour des armes pour nous protéger.
Une vision vraiment chrétienne devrait être la suppression de toute armée équipée d'armes.
C'était d'ailleurs sa décision au Congo, de ne pas utiliser son fusil, au risque de voir sa famille violée ou exterminée. Il me semble qu'il est non seulement en porte-à-faux avec son parti, mais aussi avec ses convictions.


Jacques Lienhard,
Lausanne

Contre le démantèlement de notre souveraineté
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) nous soumet son initiative visant à supprimer l'obligation de servir tant dans l'armée que dans la protection civile ou le service civil.
On se rappelle encore l'initiative du GSsA refusée en novembre 1989, qui réclamait la suppression pure et simple de notre armée: l'objectif final de ce groupe n'est autre que la disparition de notre principal outil de défense. À ce titre, le GSsA joue la même partition que les technocrates au service de la haute finance. Soit affaiblir nos institutions. Porter atteinte à notre souveraineté. Diminuer notre volonté et notre capacité de résistance et d'indignation. Rendre toute chose et toute valeur négociable comme une marchandise.
Or, dans une société consumériste à l'extrême, il serait très imprudent de supprimer le rempart qu'est notre défense nationale. Dans un monde en perpétuelle quête d'argent, il serait inconscient de se montrer pareillement affaibli. De constituer une cible molle.
Avec la Lex USA, l'Oncle Sam a essayé et échoué. Mais il avait déjà réussi, sous la menace, à nous faire bafouer nos propres lois en 2009 et en 2010 avec l'accord de la honte par lequel on lui livrait quelques milliers de familles de clients américains d'UBS. Récemment, c'est le gouvernement britannique qui a déployé des éléments de sa flotte au large des côtes espagnoles en guise d'intimidation, dans le cadre de l'expansion du périmètre de Gibraltar. Il n'est pas recommandé aujourd'hui de constituer le maillon faible.
La seule chose qui soit certaine de nos jours est l'incertitude. La mondialisation nous a déjà démontré plus d'une fois que les événements les plus insolites peuvent se produire et évoluer dans le sens du pire très rapidement.
Certes, la chose militaire doit continuellement s'adapter à la menace.
Ce que notre armée n'a cessé de faire depuis 1989 avec trois réformes majeures, et elle n'a certainement pas fini de le faire. Mais supprimer cette institution, pourquoi? Pour nous livrer en pâture aux prédateurs du grand capital? Pour nous exposer à ces voisins «amis» en quête d'argent ?
Il est donc étonnant de voir des partis gouvernementaux – notamment à la gauche de l'échiquier – soutenir cette initiative de l'utopie. Les pays d'Europe qui ont supprimé la conscription ces dernières années le regrettent aujourd'hui.

François Meylan, Responsable de campagne, district de Morges



Utopique et dangereux pour notre sécurité

C'est la troisième fois que le GSsA tente de faire aboutir son vieux rêve: la suppression à terme de l'armée suisse. Suppression qui entraînerait probablement celle du service civil et mettrait en difficulté la protection civile qui doit faire appel dans certaines interventions à la logistique de l'armée.
Le contexte politique actuel ne laisse hélas pas de place pour de faux espoirs. Les conflits armés restent d'une actualité tragique et permanente. Tout donne à penser que les risques de catastrophes naturelles, qui ne sont pas que pour les autres, tendent à augmenter plutôt qu'à régresser.
Il est naïf d'imaginer que l'on puisse renoncer aux structures et dispositifs de protection existants pour les faire renaître d'un coup de baguette magique en cas de danger.
Etre réaliste, c'est accepter ces évidences et se tenir le mieux préparé possible pour y faire face en cas de nécessité, ce qui n'empêche nullement notre pays de poursuivre son engagement pour une amélioration souhaitable du contexte politique du monde dont nous faisons partie. L'initiative du GSsA est utopique et dangereuse pour notre sécurité.


Henri Mamin, Blonay
Cette initiative a un caractère pervers

En septembre 2008, les Femmes socialistes ont fait feu sur l'obligation de servir en lançant une initiative parlementaire demandant sa suppression «dans le but de rétablir l'égalité au sein de la grande muette en allégeant son budget». «Je comprends que les hommes se sentent injustement traités...
En plus nous économiserions en ne formant que des gens motivés», déclarait Mme Maria Roth-Bernasconi. Quelques années plus tôt, au lendemain de la votation sur l'achat des F/A-18, accepté par le peuple, une conseillère nationale déclarait dans 24 heures: «La révolte au cœur, on était partis en force signer cette initiative contre cette armée dévoreuse de milliards, gaspilleuse patentée, rigide et abêtissante...» Pourquoi cette rage des femmes de gauche à vouloir supprimer une armée garante de la sécurité et de l'indépendance du pays ?
L'initiative du GSsA a un caractère pervers car elle ne propose rien d'autre qu'un service civil à bien plaire. On sait très bien que supprimer la conscription est une illusion. Dans tous les pays qui l'ont adoptée et qui l'ont remplacée par une armée professionnelle, l'échec est flagrant, le recrutement est au plus bas. Si, dans de grands pays comme la France, l'Angleterre, l'Espagne et même l'Allemagne, on peine à trouver des volontaires, comment dans un petit pays comme la Suisse trouver assez de jeunes capables, motivés, pour remplir toutes les missions de l'armée? Notre armée de milice constitue la réserve sécuritaire en cas d'actes terroristes ou de catastrophes naturelles.
L'Association femmes et politique de sécurité (FPS) qui a vu le jour en 1989, date de la première votation sur la suppression de l'armée, s'est battue contre toutes les initiatives du GSsA. Elle dira un non ferme le 22 septembre.

Odile Jaeger Lanore, Lausanne
Une école de vie
Dernièrement, dans ce journal, M. Neirynck, pourtant connu pour ne pas être particulièrement progressiste, a qualifié l'armée suisse actuelle de «désuète»...
Si on ne peut pas objectivement lui donner tort, dans l'optique de défense pure, il est à mon humble avis un aspect de cette vénérable institution qui n'est pas à négliger, à moins de considérer également comme désuets la discipline scolaire, l'éducation à la vie communautaire et au respect d'autrui, la camaraderie entre personnes effectuant le même service et le dévouement pour autrui.
Bien que n'ayant pas été un modèle de soldat et ayant passé pas mal de temps au «clou», j'ai trouvé dans l'armée et les cours de répétition une école de vie remarquable, tant sur le plan physique (résistance) que sur le plan moral, l'acceptation de l'autorité étant une qualité qui fait souvent défaut aux jeunes d'aujourd'hui. Pour ces raisons, j'estime que l'armée a sa raison d'être.

Pierre Genoux, Mex

Gage de sécurité pour l'avenir
(...) il est évident, et malheur à l'angélisme «Tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil» que la cité doit être défendue. L'ennemi peut venir de l'extérieur, toujours moins probable (14-18, 39-45), mais il peut déjà être installé dans le pays même. Une armée moderne, bien entraînée, au service de la nation est un gage de sécurité pour l'avenir, toujours incertain.
Edy Erismann, Les Venéresses/Bex
Aux urnes, citoyens !
Récemment, le bataillon d'infanterie de montagne 48 défilait dans la ville d'Aigle. Les applaudissements, sourires, petits gestes d'amitié de part et d'autre témoignaient à l'évidence que notre armée est considérée comme une armée du peuple et pour le peuple. De plus, le bataillon suisse allemand, en vivant, consommant, servant dans le Chablais, a contribué à renforcer le lien confédéral. Et ce n'est pas rien !
Tout cela serait anéanti si d'aventure l'initiative du GSsA passait la rampe. En effet, le recrutement de volontaires s'avérera difficile (voir l'Espagne, notamment). Les nouvelles recrues ont de bonnes chances d'être soit des «allumés de la gâchette», soit des chômeurs insuffisamment formés. Nous aurons alors bonne mine !
D'autant plus que, au bout du compte, nous serons à coup sûr confrontés au spectre d'une armée professionnelle, vu l'inefficacité de la milice volontaire du GSsA, et nos obligations constitutionnelles. Des professionnels coûteraient horriblement cher en salaires et retraites; ils devront être occupés à longueur d'année et leur contrôle démocratique sera compliqué.
Last but not least, les Etats-Unis ne voient pas notre milice actuelle d'un bon œil: elle fait obstacle à l'entrée de la Suisse dans l'OTAN, bras armé des Américains, qui a besoin de professionnels. Compte tenu de la guerre financière et fiscale que mènent les Yankees à notre endroit depuis des mois, nous n'allons tout de même pas leur faire plaisir en acceptant l'initiative du GSsA !

Anne Croset, Femmes, sécurité et défense VD, Aigle
La fin des tirs militaires et en campagne
La presse, dont «24 heures», a abondamment évoqué le sujet. Dans le «Courrier des lecteurs», j'ai découvert avec satisfaction que plusieurs personnes s'élèvent contre cette initiative dont le but final est tout simplement la suppression de notre armée. Je ne reviendrai donc pas sur les valeurs de l'obligation de servir et le maintien de l'armée. Si nous avons passablement de droits, nous avons aussi un devoir, celui de servir.
La suppression de l'obligation de servir, dans un premier temps, amènera inévitablement la fin des tirs militaires et le tir en campagne. Avec cette initiative, ma plus grande crainte se situe au niveau des tirs, notamment celui des Abbayes vaudoises. La FAV regroupe 182 sociétés et compte environ 28'000 membres. Il y a 200'000 tireurs en Suisse. Sans le soutien de la Confédération et le maintien d'une armée forte, ce sera la mort des sociétés de tir et des Abbayes vaudoises.
N'oublions pas que les Communes ont l'obligation de mettre à disposition des sociétés une ligne de tir, et que la Confédération fournit de la munition à un prix abordable pour le citoyen tireur. Par ailleurs, il y a toujours une armée dans un pays, si ce n'est la sienne, c'est celle des autres.


François Tauxe, abbé-président d'honneur de la Fédération des Abbayes vaudoises,
président d'honneur de la société de tir sous-officiers Guidon d'Aigle.
Un modèle pour la paix
La semaine dernière dans ces colonnes, Andreas Gross, fondateur du Groupe pour une Suisse sans armée, reprenait du service (obligatoire?); il se demandait une nouvelle fois à quel titre un Etat avait le droit de contraindre tous les jeunes gens au service. La réponse à sa question a été apportée de multiples fois au cours de la campagne du 22 septembre prochain; nous ne vivons hélas pas dans un monde de bisounours et la seule alternative, dangereuse et plus coûteuse, au système actuel est le passage à une armée de métier; celle-ci, trop grande par temps calme et trop petite lorsque l'on en a besoin, inquiète même la gauche pragmatique.
Un article paru dans le Courrier international du 14 septembre dernier est intitulé «Pour moins faire la guerre, rétablissons le service militaire obligatoire». Il rappelle comment, depuis l'Antiquité, seule l'intégration d'un peuple dans son armée en garantit le contrôle démocratique et regrette que des pays comme la France, la Grande-Bretagne et même les Etats-Unis n'aient pas eu l'intelligence de conserver l'obligation de servir. Pour nos jeunes et pour nous-mêmes, ne commettons pas l'erreur de jeter aux oubliettes un système flexible, économique et, surtout, dans les mains de son peuple.

Philippe Masson, président de la Société vaudoise des officiers, Colombier
Avons-nous besoin de cette armée ?
Comment peut-on maintenir une armée qui n'a servi à rien ou à pas grand-chose? Nous sommes neutres, nous n'intervenons dans aucune cause internationale, par exemple l'Europe ou – grand projet – pour la paix. Cette armée est une tradition, et non un besoin. Il me semble que l'esprit suisse est assorti à la taille du pays ou à l'aisance de M. Maurer... Là aussi, on pourrait se passer d'un ministre mené par le bout du nez par quelques gradés qui ont peur comme des gamins de 9 ans de se voir retirer leurs jouets pour jouer aux petits soldats. Suisses, réveillez-vous, cette armée va dans le mauvais sens.
Personne ne veut nous attaquer en ce moment, sinon peut-être la France pour récupérer ses impôts! Cette armée nous coûte les yeux de la tête (exemple tout frais: plus de 3 milliards pour des avions déjà démodés), freine des gens dans leur ascension professionnelle (trois semaines de cours par année), ne construit pas un homme en quatre mois d'école de recrues, car le naturel revient au galop.
Hélas, cette votation semble déjà acquise à la platitude de la bidasserie, aux nostalgiques du Moyen Âge, ou aux conquérants de l'inutile...
Sait-on jamais? Un ou deux citoyens pourraient rejoindre le camp du oui s'ils me lisent...


Alain Dizerens, Eclépens

LE CHEF !!
 
Le Courrier   Septembre 2013

AU SUJET DE L'INITATIVE SUR L'ABROGATION DE L'OBLIGATION DE SERVIR

VOTATIONS
- Nous publions quelques lettres de lectrices et lecteurs qui s'expriment sur l'initiative «l'abrogation de l'obligation de servir» qui sera soumise au peuple le 22 Septembre 2013.
NOTRE ARMÉE EST UN ÉLEMENT DE STABILITÉ
Pierre Fischer estime que la sécurité et l'attractivité économique de la Suisse vont de pair.
Supprimer l'obligation de servir est une idée destructrice, dont les conséquences à court et long terme risquent de nous coûter très cher pour la défense de notre pays, mais aussi au niveau économique et social. Il faut également relever l'importance de notre système de milice et de son citoyen-soldat, mobilisable de manière variable pour entretenir son instruction et également en fonction de la situation. Cette organisation de notre armée est un élément important de stabilité et de sécurité pour notre pays. Ces deux facteurs sont souvent cités en bonne place, depuis très longtemps, avant les avantages fiscaux tant évoqués en ce moment, par de nombreux partenaires économiques étrangers, pour expliquer leur choix de vouloir venir s'implanter dans notre pays et d'y créer de nombreux emplois.
Ces conditions-cadre rassurantes de notre pays, dont la défense s'appuie sur une armée de citoyens-soldats et non pas sur des militaires professionnels, est à préserver fermement. Il est également rassurant de savoir que l'Etat peut faire appel à un nombre suffisant de miliciens quand et où cela est nécessaire, pour des tâches de sécurité ou d'aide en cas de catastrophe.
Préserver notre armée de milice sous sa forme actuelle, tout en l'adaptant à la situation géopolitique actuelle, est rassurant pour notre population. Mais c'est aussi maintenir l'effet de stabilité sécurisant de notre pays pour les entreprises et ainsi préserver et mêmecréer des emplois! Gardons-le en mémoire lors du vote du 22 septembre.
N'affaiblissons pas notre niveau de sécurité et votons fermement et définitivement "NON" à l'initiative contre la sécurité.

PIERRE FISCHER, Prangins (VD)
VERS UN SERVICE CIVIL OUVERT AUX FEMMES

Marianne Ebel réagit à un de nos éditoriaux et défend l'initiative de GSsA.

La descente en flèche de l'initiative «Oui à l'abrogation du service obligatoire» du GSsA par Benito Perez dans son éditorial de samedi 31 août rate elle aussi sa cible. Libre au Courrier de nous dire qu'il n'est pas convaincu par cette initiative, mais pour un journal qui se présente comme voulant traiter «L'essentiel, autrement», cette défense acritique de l'armée suisse me choque. Comment peut-on, au XXIe siècle, parler ainsi de l'armée suisse, vanter «sa diversité sociale et son caractère populaire», alors qu'il s'agit d'une institution machiste, glorifiant la «virilité» des hommes (comme des rares femmes) qui vont y apprendre à tirer avec fierté et sans crainte sur «l'ennemi» ?
Il est grand temps d'économiser une partie des milliards annuellement gaspillés par une armée pléthorique qui compte à elle seule autant d'hommes que les armées de la Norvège, du Danemark, de la Suède et de l'Autriche réunis. Si l'initiative du GSsA fait un bon résultat le 22 septembre, ce sera une nouvelle étape vers un service civil ouvert aux femmes, et vers l'abolition d'une institution inutile et nuisible, qui contraint les hommes qui refusent l'armée à se justifier, à passer chez le psy pour se faire dispenser, puis à payer des taxes militaires jusqu'à 30 ans et plus.


MARIANNE EBEL,
Genève
La déconstruction des mythes !
Faudrait qu'on nous explique comment, dans une institution qui rabaisse l'individu à l'état de soumission et d'obéissance totale, qui exige le respect de l'autorité, du rapport de force, de la hiérarchie et de sa supériorité et où on apprend le maniement des armes et le tir sur des cibles de forme humaine, il est possible d'apprendre le respect de soi et le partage éclairé, le respect de la personne humaine et de la vie, et la pratique de la libre participation volontaire aux affaires de sa communauté, de l'émancipation, de l'autonomie, toutes ces choses qui font la vie en société.
Que veut-on ?
- des êtres soumis prompts à tuer sur ordre et des personnes formatées pour résoudre les problèmes humains par les armes ?
- ou bien des êtres autonomes capables de se défendre d'une manière non-violente et ainsi apporter une réelle solution à la violence sociétale que nous infligent depuis presque deux siècles les militaires et leurs commanditaires.
Avec l'obligation de servir, nous sommes dans le domaine de la contrainte, de la force, du déterminisme, des impératifs catégoriques, de la main-forte, des marches-forcées, soit les "valeurs" de l'oppression, de la dictature et de la mainmise du pouvoir sur le quotidien des gens.
La paix fait aussi partie de notre culture et la culture guerrière n'a pas à devenir la norme à laquelle tous doivent être astreints. Basons nos valeurs sur la recherche de meilleures relations entre les gens et de fonctionnements sociétaux faits de confiance, de respect mutuel, d'amour du prochain, d'empathie, de compréhension, de travail sur soi.
Le choix, il me semble, est évident: nous voulons apprendre à vivre sans être obligés à apprendre à tuer !

Georges Tafelmacher, Pully
On peut utiliser intelligemment l'argent économisé
Paul Ecoffey donne son avis sur l'initiative du Groupe pour une Suisse sans armée pour l'abrogation du service militaire obligatoire, qui sera soumise au vote le 22 septembre prochain.
Monsieur Ueli Maurer a déclaré ceci dans un entretien du quotidien romand Le Temps le 24 août 2013: «En réalité, nous avons une armée effective de 5000 hommes sous les drapeaux. Les autres sont à la maison...»
En réalité, il y a 21'700 soldats en service, en moyenne, chaque jour (17'200 miliciens – 6,3 millions de jours de service divisé par 366 jours en 2012 – plus 4500 soldats de métier). Donc, plus d'un facteur quatre d'erreur! Garder 5000 hommes en service chaque jour au lieu de 12'000 permettrait de diviser par quatre les coûts de l'armée et ce serait amplement suffisant – l'armée coûtant 5 milliards à la Confédération et 8 à 9 milliards à l'économie! (chiffre du 26 août du professeur Reiner Eichenberger, économiste à l'université de Fribourg)
La Suisse aurait-elle assez d'argent pour dépenser partout? Bien sûr que non, lorsque les professeurs nous disent qu'il n'y a même pas assez de salles de classe pour la rentrée 2013! Il existe un usage infiniment intelligent pour l'argent ainsi économisé, à savoir le diriger vers le social, l'hôpital, la recherche publique (gage de plus d'objectivité mais toujours parente pauvre) – qui engendrera l'innovation et donc de nouvelles industries –, l'éducation, la transition écologique, l'écologie, etc.
À bon entendeur pour la votation du 22 septembre.

PAUL ECOFFEY, Genève
L'ARMÉE DOIT RÉPONDRE À DES BESOINS

VOTATIONS Patrick Greber prône l'abolition du service militaire obligatoire.

Au moins depuis la fin de la guerre froide, il n'existe plus de scénarios crédibles qui justifie une armée Suisse digne du modèle "Rambo". L'armée suisse est un modèle désuet et ceci déjà depuis de nombreuses années. Même les dirigeants de l'armée, certains "éternels êtres d'autrefois" ne voient également pas le sens de persévérer dans la ligne actuelle. L'armée apparaît actuellement comme un monde parallèle qui ne tient pas compte des besoins de la société.
Au cours des 20 dernières années, pas moins de 19 pays européens ont aboli l'obligation de servir. C'est comme le secret bancaire, un des mythes de notre pays. Nous ne savons pas exactement à quoi il sert, mais il est défendu à tous les coups! En tant que parents, nous avons le devoir de veiller à ce que nos enfants soient exemptés du service militaire obligatoire. La nouvelle armée doit être professionnelle, dotée de spécialistes de secours en cas de catastrophe, doit soutenir nos œuvres sociales et accomplir des missions professionnelles de sauvetage. Tout le monde n'a pas le temps de jouer à la guerre. L'abolition du service militaire obligatoire est une étape attendue de longue date, par conséquent, votons «OUI» le 22 septembre 2013.


PATRICK GREBER,
pédagogue Dipl. Saas-Balen (VS)

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2 Opinions 24 heures
du 15 septembre 2013

Débat - Pour ou contre l'abrogation du service militaire obligatoire
POUR

La contrainte, archaïsme prédémocratique !

Gross


Andreas Gross
Conseiller national socialiste,
politologue


«Un Etat ne doit contraindre personne à un service dont il n'a pas besoin»

Lorsque les propositions d'une initiative ou d'un référendum sont populaires, les opposants essaient de transformer la question posée au citoyen. De masquer l'essentiel en soulevant d'autres problèmes. Ils engagent pour cet effort de désinformation des conseillers en communication, connus en Angleterre sous le nom de "spin doctors". Ceux-ci orientent le débat de telle sorte que beaucoup s'y perdent ou prennent un aspect secondaire pour l'enjeu principal.
Ainsi on a fait croire à beaucoup de Suisses que la votation du 22 septembre sur les shops vise à mettre la saucisse sur un pied d'égalité avec le cervelas, alors que le référendum est un acte de résistance contre la réduction de notre existence au travail et à la consommation 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.
L'initiative pour l'abolition du service obligatoire a quant à elle été transformée en une troisième votation pour la suppression de l'armée. Simplement parce que cela permet de faire appel aux stéréotypes habituels et à la peur de l'insécurité. C'est d'autant plus facile que l'initiative émane du Groupe pour une Suisse sans armée, mais aussi malhonnête que de prétendre que les Eglises combattent le travail dominical par crainte d'avoir encore moins de fidèles à la messe.
La vraie question est de savoir si un Etat a le droit de contraindre tous les jeunes gens à un service dont il n'a pas existentiellement besoin. L'abrogation de l'obligation de servir ne met pas en cause l'existence de l'armée. Il y a assez de jeunes qui accomplissent volontiers leur service militaire.
Ils peuvent aussi le faire valablement en exécutant des tâches de police dans le cadre d'une opération des Nations Unies. Les besoins militaires actuels de la Suisse ne suffisent pas à occuper sérieusement les 20'000 jeunes gens astreints chaque année au service militaire. D'où l'immense ennui et la lassitude que tant d'entre nous connaissent trop bien depuis leur école de recrues et leurs cours de répétition.
Beaucoup oublient ce principe fondamental: un Etat qui n'est en rien menacé dans son existence ne doit contraindre personne à un service dont il n'a pas besoin. La thèse centrale de l'initiative pour l'abolition du service obligatoire embarrasse les spin doctors et leurs mandants militaristes. Mais, surtout, les jeunes contraints à faire des choses inutiles sont empêchés d'accomplir librement un travail nécessaire à la communauté, qui a moins à voir avec l'armée, la force ou la sécurité qu'avec la paix, la justice, la solidarité et l'humanité.
Cette votation doit nous permettre de sortir de l'archaïsme militaro-helvétique. Seuls les Etats totalitaires instrumentalisent les êtres humains. Un Etat libéral est au service des citoyens et ne les mobilise qu'en cas de nécessité vitale.
Ne vous laissez pas duper par les spin doctors, débattez des vraies questions que posent l'initiative du GSsA et le référendum de l'Alliance pour le dimanche, et vous verrez que la Suisse a une chance de devenir un peu plus juste le 22 septembre.

CONTRE

Mieux vaut servir par devoir que par goût de la guerre

Rydlo


Alexandre Rydlo,
Député socialiste,
commandant de compagnie


«L'idée d'une armée de volontaires n'est séduisante qu'en apparence»

Pour l'officier de milice et le militant socialiste que je suis, l'initiative du Groupe pour une Suisse sans armée demandant l'abolition de l'obligation de servir n'offre aucune solution de rechange crédible à l'armée de milice actuelle. Car, si l'idée de créer une armée composée exclusivement de volontaires motivés et intéressés peut paraître séduisante, on ne saurait oublier toutes les conséquences hasardeuses et même dangereuses qu'elle entraînerait
Tout d'abord, si cette initiative est acceptée, il ne fait aucun doute que notre armée tendra vers une armée professionnelle. Il sera, en effet, très difficile de trouver suffisamment de volontaires prêts à s'engager comme miliciens en raison du désavantage que représentera, sur le marché du travail, le fait de devoir faire du service militaire par rapport aux personnes qui n'en font pas. L'initiative du GSsA ne prévoit d'ailleurs aucune forme de protection contre le licenciement, ni même un seul avantage fiscal ou financier pour ceux qui s'engageraient volontairement pour la sécurité du pays.
On doit également se demander qui seraient les volontaires pour cette armée. Les exemples récents de professionnalisation indiquent que c'est finalement toujours dans les couches de population les plus pauvres et les moins instruites qu'on parvient à les recruter. Passer à une armée de volontaires aurait donc pour éventuelle conséquence de faire payer le prix du sang aux plus faibles de notre société, pendant que les plus riches pourraient s'en sortir. Pire encore, il n'est pas exclu que, faute d'un nombre suffisant de volontaires, notre pays doivent faire appel à des sociétés privées de sécurité, ce qui impliquerait une privatisation dangereuse de notre sécurité et une perte de contrôle démocratique.
En outre, cette initiative ne parle nullement de ce qu'il adviendra de la protection civile. Or les effectifs de celle-ci sont aujourd'hui alimentés sur la base de l'obligation de servir. Supprimer cette obligation aboutira donc à la suppression de fait de la protection civile. Pourtant, que ce soit pour protéger des biens, des personnes ou appuyer les autorités civiles lors de manifestations, la protection civile est aujourd'hui une composante essentielle de la sécurité dans notre pays.
Finalement, cette initiative implique inévitablement la mort du service civil, celui-ci étant clairement une alternative au service militaire obligatoire. A part quelques rares personnes qui se démarquent de notre société individualiste, il est difficile d'imaginer que les jeunes adhéreront spontanément à un système offrant des conditions de rémunération qui relèvent d'une forme de dumping salarial.
Notre armée de milice actuelle n'est certes pas encore la meilleure armée du monde. Mais mieux vaut un soldat de milice qui fait du service militaire par obligation pour la sécurité de son pays qu'un militaire professionnel qui s'engage par goût de la guerre.

LE COURRIER de Septembre 2013 - Réflexions

Armée: souvenirs féministes !

Je vous aurais volonté livré mes considérations sur l'abrogation de l'obligation de servir si Le Courrier ne m'avait pas coupé l'herbe sous le pied: un éditorial et une page entière samedi dernier et, le jeudi d'avant, une chronique au lance-flammes de Dédé-la-Science contre l'armée, aussi brillante que féroce, infiniment plus efficace que tout ce que je pourrais dire... Dénonçant le sexisme de la conscription, le «chroniqueur énervant» avoue qu'il aurait apprécié «une armée de petites nanas qu'on consolerait le soir». Ça m'a rappelé des souvenirs...
Au café du du Commerce, les hommes se racontaient des histoires militaires: pas d'illustres faits d'armes, mais des propos lourds, et des rires égrillards. Ah! l'armée!... Ciment de la nation, élément essentiel de notre cohabitation, matrice où se forment les futurs chefs, creuset des amitiés de toute une vie, brassage des classes, des lieux, des langues et des vertus diversement identitaires et chauvines... Oui! Tout ça. Avec le toupet de prétendre à une cohésion nationale, à l'exclusion des femmes et des étrangers. Indécent! Aujourd'hui, rien n'a changé. La campagne convoque à la table des débats les mythes dont se nourrit l'armée: sécurité, égalité, fraternité, virilité...
À la fin des années 1970, les «comités de soldats» étaient ouverts aux femmes. Ils n'étaient pas précisément les précurseurs du GSsA, car ils ne voulaient pas supprimer l'armée, mais la changer de l'intérieur. En fait, ils se bornaient souvent à semer une joyeuse pagaille dans les cours de répétition: distribution de tracts, actes de désobéissance, gaudrioles diverses à vocation subversive... On a même failli, un soir, partir bivouaquer sur un terrain d'exercice pour empêcher une démonstration de tir de blindés. On s'était juste trompé de date... En 1980, je me souviens qu'un jeune soldat s'était présenté avec poussette et bébé à son cours de répétition arguant qu'il était chômeur et père au foyer et qu'il ne pouvait confier à personne la garde de son enfant. La hiérarchie s'était empressée de lui intimer l'ordre d'aller déposer ailleurs ce bagage incongru, et de revenir avec son arme. La mère de l'enfant n'avait qu'à prendre ses dispositions !
Du côté des femmes, donc, on s'offusquait des «valeurs» que véhicule l'armée: le culte de la force, l'obéissance aveugle, la misogynie, l'homophobie, le partage traditionnel des rôles. Dans ces années-là, certains officiers avaient trouvé malin de s'exercer au tir sur des cibles représentant des femmes nues. Face à notre indignation, un officier très supérieur, tout en admettant qu'il s'agissait d'un «amusement douteux», avait affirmé n'y voir aucun signe de mépris à l'encontre des femmes. «Au contraire», avait-il malencontreusement ajouté: voulait-il signifier que c'était pour les honorer ?
À l'extrême gauche, le slogan féministe avait des résonances martiales: «Oui à l'apprentissage des armes pour tous les travailleurs, y compris les femmes». Il faisait écho à l'appel de Lénine aux femmes prolétaires, qui figurait sur un tract de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR): «se borneront-elles à maudire la guerre et les armes, à réclamer le désarmement? Jamais les femmes d'une classe opprimée ne se résigneront à un rôle si pitoyable».
Pourquoi évoquer ces souvenirs? Parce que l'histoire se répète. Face à l'initiative du GSsA, les partisans à la fois de l'armée et du changement (un oxymore?) ont trouvé la panacée: un service pour tous, militaire ou civil, ouvert aux femmes comme aux hommes, et même aux étrangers. Grande réconciliation au nom de l'égalité. Une période d'engagement en faveur de la communauté? Pourquoi pas. Mais je constate qu'on est plus prompt à coller des devoirs supplémentaires aux migrants que de leur accorder le droit de vote. Quant aux femmes, cet empressement à vouloir les enrôler pour de nouvelles tâches alors qu'elles en assument déjà tant, sans beaucoup de partage, m'énerve prodigieusement. Ce qui m'amuse, en revanche, c'est d'imaginer la tête d'Ueli Maurer: déjà qu'il redoute qu'une milice de volontaires ne recrute que des chômeurs et des marginaux, si en plus on lui refile des femmes, que deviendra la meilleure armée du monde !
Conclusion ?
Les féministes ont renoncé à faire la guerre avec ces armes-là, et moi je soutiens cette initiative, parce qu'elle contribue à déconstruire des mythes.

ANNE-CATHERINE MENÉTREY-SAVARY,
Ancienne conseillère nationale.

La conscription méprise le droit de ne pas tuer...
et le bon sens !

Pour satisfaire des ministres d'extrême droite et amuser des têtes de nœuds galonnées (qui manœuvraient contre les rouges après la chute du mur de Berlin), on vole des mois de leur bel âge à des dizaines de milliers de conscrits. Pas assez malins, ou trop obéissants, pour ne pas s'être fait déclarer inaptes à ramper dans la boue et à utiliser des engins de mort. Autant de perdu, par la même occasion, pour la formation des jeunes et pour «sainte économie», qui compense par l'immigration le travail suisse perdu sous l'uniforme: un Helvète qui tire sur les pissenlits dans les alpages, c'est un Français ou un Roumain qui pique son job !
Ça devrait choquer les udécistes...
La conscription est sexiste. La quasi exclusion des femmes est très frustrante pour les mâles que la promiscuité peut pousser à des rapports qui ne me dérangent pas, mais que désapprouvent les ennemis du mariage pour tous. Encore une contradiction, à moins qu'ils ne copient leurs prêtres! Pourtant, une armée de petites nanas, que l'on consolerait le soir des mauvais traitements sadiques des sous-officiers et sous-officières, aurait peut-être beaucoup de charme...
L'armée fédérale est la plus inutile et la plus ringarde du monde, à part celle du Vatican où les Valaisans s'entretuent, faute d'ennemis! Il paraît qu'elle est formatrice pour les conscrits. Formatrice à quoi? À apprendre à de bons chrétiens à obéir à des ordres ineptes et dangereux, et surtout à tirer pour tuer des êtres humains, en leur éclatant le cerveau ou le foie, en leur brisant les membres ou en bombardant «proprement» des villes et des villages avec femmes, enfants, vieillards? Dans ce pays que certains voudraient chrétien, de super chrétiens trouvent normal de remplacer le commandement de référence par «tu tueras n'importe qui quand n'importe quel sous-chef à galons te l'ordonnera». Il n'est pas de pire soumission à l'autorité! Ce que l'on forme ainsi, ce sont de futurs robots de l'industrie et du commerce, prêts à appliquer n'importe quel consigne venue d'en haut. Sans esprit critique et sans la liberté élémentaire de décider en conscience, celle qui fait de vrais citoyens. Quitte à noyer dans la bière la honte de sa soumission !
Et puis il y aura les super privilégiés, qui bénéficieront des choix judicieux du conseiller Maurer. Qui se retrouveront aux commandes des Gripen qu'il a si bien négociés en se faisant fourguer par les Suédois un avion dont personne ne voulait, se faisant rouler dans la farine jusqu'aux conditions de paiement! Dommage pour les impôts des contribuables, qui auraient pu faire plus pour le service public! Mais on espère surtout que ces joujoux très coûteux des militaires tomberont moins souvent que leurs mémorables prédécesseurs anglo-saxons, qui avaient tué plein de pilotes suisses et aucun ennemi...
Tout ce qui concerne l'armée est source d'invraisemblables contradictions. On s'attendrait à ce qu'une majorité qui se dit chrétienne y soit opposée. Or, depuis bien avant les croisades, les chrétiens sont à la pointe de la militarisation du monde et des guerres de religion, même si une infime minorité fournit une partie des objecteurs de conscience décidés. Leur hiérarchie fricote avec les puissants qui organisent les guerres et pillages, tandis que la piétaille bénit les militaires et leurs engins de mort. Il est certes des lieux où, pour des raisons historiques, liées le plus souvent aux guerres antérieures, l'armée se retrouve seule organisation à gérer des pays dévastés. Ce n'est pas tout à fait notre cas! Quant aux dangers extérieurs, parfois redoutables, l'histoire nous apprend que les armes helvètes n'ont servi à rien dans un passé autrement risqué que le présent. Nos banques ont fait plus que nos bombes pour résister au nazisme, et c'est la soupe de la Mère Royaume qui a repoussé les Savoyards !
Avec un milliard, Maurer aurait pu commander beaucoup de marmites de soupe...

DEDE-LA-SCIENCE
Chroniqueur énervant



Autres articles et lettres

Le Courrier du 17 septembre 2013 - L'IMPOLIGRAPHE

La conscription, une garantie démocratique ?

ARMÉE • Auteur de l'initiative pour l'abrogation du service militaire obligatoire, le GSsA estime que la conscription ne constitue pas une garantie contre l'utilisation abusive de la force militaire.

TOBIA SCHNEBLI - Membre du GSsA.

L'initiative du GSsA pour supprimer le service militaire obligatoire dérange une partie de la gauche sur une question de fond: les armées de conscription constitueraient un moindre mal par rapport aux armées de métier. Pour avancer dans une perspective antimilitariste et pacifiste, il serait temps de questionner les visions lénifiantes sur les armées «populaires» et de défaire le mythe de la conscription comme garantie démocratique. Les exemples démontrant que la conscription ne saurait constituer par elle-même une garantie contre l'utilisation de la force militaire pour des guerres à l'extérieur ou pour réprimer des mouvements sociaux et renverser les institutions démocratiques à l'intérieur sont légion: les armées des putschistes paraguayens, brésiliens, chiliens, argentins, espagnols, grecs, turcs étaient des armées de conscription, de même que les armées allemande, italienne et japonaise, responsables d'innombrables atrocités durant la Seconde Guerre mondiale.
Une partie de la gauche s'accroche pourtant au mythe de la garantie démocratique de la conscription avec des mystifications grossières, comme le fait Frédéric Charpié, secrétaire de La Gauche, dans le communiqué de son parti sur l'initiative: «Dans l'histoire, les armées de milice ne se retournent pas contre leurs peuples.» Et la grève générale de 1918, matée par l'armée suisse? Et le massacre du 9 novembre 1932 ?
«Je vous laisse imaginer ce qu'aurait été la répression si à la place des conscrits il y avait eu des pros» a répondu Charpié lors d'un débat à Forum. Ça se discute, mais la question principale n'est pas là. Ce qui importe est de savoir si l'intervention des conscrits pour le maintien de l'ordre intérieur a atteint ou non ses objectifs. Force est de constater que c'est le cas: la grève générale a été matée et les antifascistes genevois n'ont pu empêcher la tenue d'un meeting fasciste.
Les armées ne forment pas les soldats à exercer ou à défendre les droits démocratiques, mais à obéir aux ordres et à s'exercer dans la pratique de la violence. Le film Full Metal Jacket de Stanley Kubrick montre bien les procédés qu'appliquent toutes les armées du monde pour obtenir des soldats obéissants, capables et prêts à tuer. Le reportage cru et poignant publié dans le supplément du Tages Anzeiger (1) montre que l'armée suisse est aussi une école d'abrutissement collectif. On apprend à exécuter les ordres, les tâches ou les exercices demandés parce qu'ils sont assortis de chantages et de punitions, souvent collectives. L'obéissance et le conformisme sont obtenus par les dynamiques de groupe soumis à une hiérarchie. Par l'acceptation de l'univers militaire, masculin, aux règles et au langage différents de ceux prévalant dans la vie civile, par la répétition d'exercices dépourvus de sens, on arrive à ne plus réfléchir. «Il faut laisser la tête à la maison» et «il faut débrancher le cerveau» sont toujours des expressions courantes dans l'armée.
La conscription en Suisse n'offre aucune garantie qu'aujourd'hui les unités de grenadiers ainsi que les quatre nouveaux bataillons de police militaire, annoncés par Maurer en 2012, ne pourront être utilisés à des fins de répression intérieure face à des mouvements sociaux ou syndicaux.

1 Das Magazin no 33, du 16.08.2013




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© tiré du  "24 HEURES" - "LE COURRIER" - "LE TEMPS" - "GAUCHEBDO" -




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