Laisser le fusil d'assaut à l'arsenal permettra-t-il de diminuer la violence due aux armes ? KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI
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Votation sur les armes
24heures du Mercredi 26 janvier 2011 |
Une initiative inutile
Déposer son arme à l'arsenal pour réduire le nombre de suicides est un leurre. Environ huitante mille soldats seront concernés alors que dans plus d'un million de foyers se trouve une arme d'un ancien militaire, qui ne sera jamais déposée ni déclarée, sans compter les armes acquises ailleurs. Les suicides ne diminueront pas, contrairement à ce que les initiants veulent nous faire croire, d'autres moyens étant à disposition partout.
Il en est de même pour le retrait de la munition à domicile, par ailleurs déjà effectué, car tout tireur peut acheter des cartouches au stand de tir pour régler son arme, et en emporter une partie à son domicile. Le but réel de cette initiative est le démantèlement progressif de l'armée et ce n'est en tout cas pas le moment. La voiture, la cigarette, l'alcool et la drogue tuent beaucoup plus que les armes à feu, sans compter les rixes nocturnes qui contribuent au surpeuplement de nos prisons. Le Parti socialiste se trompe de cible et lors des prochaines élections, il sera le premier à s'en étonner...
André Brülhart, Epalinges
Halte au tir ami
Est-il normal de recevoir une balle tirée par un frère d'armes qui pète un plomb? Non, alors pourquoi lui offrir ce droit sous couvert d'une tradition remontant à Guillaume Tell ?
En 2010, sur 350 suicides par armes à feu en Suisse, 150 sont dus à des armes militaires.
Pourquoi refuser de sauver 150 vies ?
Voici la preuve de l'absurdité du maintien de l'arme à domicile.
Blaise Michel Pitton, Adola Fofana, Lausanne
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Interdire, limiter, borner la liberté
Nous sommes dans une société qui, tout en partageant de plus en plus l'information, ne partage pas mieux la connaissance et le savoir. Nos élus et surtout nos élues n'ont plus confiance en les citoyens et lancent des fatwas sur tous les comportements. Le bon sens et la confiance ne sont plus la base du raisonnement et les analyses font place aux sentiments et aux émotions. Interdire les armes de service à la maison pour diminuer les suicides et les meurtres est illusoire et nous le savons. Introduire de la passion dans le débat politique peut-être distrayant mais ce n'est pas sérieux, ni positif pour un monde vivable.
Oui l'arme à la maison est une spécificité helvétique et je suis fier de reprendre cette citation de Boulimie : «Le pouvoir est au bout du fusil. Le fusil est dans l'armoire au bout du corridor.»
Si nous laminons le sens des responsabilités, nous allons créer une société de robots, de moutons, dans tous les cas d'irresponsables. Mais qui aura le pouvoir? Une autocratie, des technocrates, des chefs de sectes? Mes deux fils, 34 et 17 ans, ont suivi les cours des jeunes tireurs et ils savent qu'une arme est dangereuse. Ils jouent tous les deux encore sur la même console de jeux et font la différence avec plus de lucidité que d'autres jeunes seulement accros aux jeux vidéo violents. La violence est le moyen des faibles qui trouveront toujours un outil pour tuer.
Oui je veux garder mon arme de service à la maison.
Oui je veux pouvoir organiser une grillade avec un couteau de cuisine dans mon cabas.
Narcisse Niclass, ni chasseur ni militaire, Nierlet-les-Bois
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Elle menace les sociétés de tir et les Abbayes
Les auteurs de l'initiative semblent ignorer que le sport du tir pratiqué par des milliers de tireuses et tireurs de ce pays lors de fêtes populaires et de concours est beaucoup moins dangereux que bien d'autres sports ou activités extrasportives. Rares sont les accidents qui entachent les manifestations de tir, qu'il s'agisse de tirs sportifs ou de tirs militaires obligatoires, alors que d'autres sports qui se veulent rassembleurs et populaires sont l'objet de violences et sont placés sous protection policière.
Ce constat témoigne du sérieux et du sens de la responsabilité qui anime les citoyennes et les citoyens qui pratiquent le tir et qui, pour ce faire, disposent d'une arme à la maison.
Alfred Tissot, Comité contre l'initiative, Campagne vaudoise des tireuses et tireurs, Cugy
L'idéologie ne doit pas se transformer en dogme
Cette initiative est très sensible car elle touche à une tradition de notre pays. Il y a, à mon avis, deux attitudes face à elle. La première est émotionnelle et consiste à rejeter très fortement cette énième intrusion de l'État dans notre sphère privée. La seconde plus raisonnée consiste à prendre un peu de recul et à peser le pour et le contre : d'un côté on a une idéologie libérale et de responsabilité individuelle, de l'autre on a simplement des vies humaines.
Je crois que l'idéologie ne doit pas se transformer en dogme et que chaque individu responsable sait ce qu'il votera !
Cédric Delétra, Etoy
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Morts programmées du tir sportif et de la détention d'armes
Sous son titre attrayant, l'initiative aura de graves conséquences pour le tir sportif. Le retrait des armes militaires va provoquer la suppression des tirs obligatoires (24heures du 18.01). Les communes n'auront plus l'obligation de mettre à disposition des installations et l'armée de fournir la munition aux sociétés. 85% des licenciés de la Fédération suisse de tir (FST) utilisent leurs armes de service pour la pratique du tir sportif. Sans installations et avec de la munition au prix du marché, la plupart vont arrêter le tir! Sans financements et participants, la FST ne pourra plus organiser les tirs cantonaux, fédéraux et la formation des juniors.
La clause du besoin va rendre la détention d'armes très difficile, le simple citoyen ne pourra plus garder l'arme héritée du grand-père. Une licence sera obligatoire pour les tireurs sportifs, mais devra-t-elle être validée par un nombre de compétitions effectuées ou par des résultats minimaux ?
Les initiants vont sacrifier la 2e fédération sportive avec ses 220'000 licenciés et vont rompre un très fort lien social entre les générations (10 à 90 ans), des personnes de toutes conditions socio-économiques et les différentes régions du pays. Cela est grave pour un texte qui n'atteindra aucun de ses buts puisque toutes les données internationales le prouvent.
Par contre, l'initiative vise d'autres buts cachés comme le désarmement du citoyen grâce à un registre fédéral des armes permettant de taxer les possesseurs. À terme, les montants exorbitants demandés obligeront les citoyens à rendre leurs armes. Grâce à ce système, des pays ont réussi à retirer la quasi-totalité des armes privées. Cette initiative est trompeuse, coûteuse et inutile.
Dr Alain Perret, enseignant en biologie, entraîneur FST, moniteur Jeunesse et Sport, Lausanne
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Parlons chiffres
Les initiants vantent le texte, s'appuyant sur des chiffres souvent sans les citer. Le seul avancé est 18,2% de suicides par arme militaire (2008). Ces 18,2% sont le total des suicides par armes à feu, militaires ou non. En 2009 : 17%, dont 9,44% par armes militaires (1,6% des suicides). Autres chiffres de l'OFS (2010): 236 homicides et tentatives (76,7% sans armes à feu), brigandages 3530 (88,2% sans armes à feu), lésions corporelles graves : 524 (97,9% sans armes à feu). Et pas de différence entre les armes à feu acquises légalement (visées par l'initiative) et les autres...
Le texte veut interdire les armes à feu automatiques. Or, elles le sont déjà (LArm, art 5: interdit d'aliénation, d'acquisition, de courtage, d'introduction en Suisse et de possession).
Port d'armes : déjà interdit. Pour raison prof (à justifier) possible: après enquête + examen (théorique et pratique) réussi. La partie pratique testant la maîtrise complète (stress extérieur, analyse, dérangements, précision). L'arme utilisée pour l'examen est enregistrée. L'octroi du permis d'achat (obligatoire) se fait après une enquête complète démontrant le respect des termes légaux et de la sécurité (publique et privée). L'arme achetée étant enregistrée dans un fichier officiel.
Dans les pays européens ayant interdit complètement les armes à feux (France, GB par exemple), le nombre de victimes n'a pas baissé, mais les moyens utilisés ont été adaptés. Le taux de suicides restant supérieur à celui de la Suisse. Idem pour la criminalité (+ 26%, usage d'armes lourdes constaté en France).
La seule différence serait la création d'un autre fichier coûtant plusieurs millions de francs... et le désarmement des professionnels (sécurité privée).
Didier Ruffy, agent de sécurité indépendant, Orbe
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À contre-courant
«Lorsqu'on nage avec le courant, ça va vite, c'est agréable, mais c'est toujours à la descente», rappelait à ses troupes feu le colonel divisionnaire vaudois Tardent.
Les Jeunes libéraux-radicaux vaudois ont fait savoir qu'ils soutenaient l'initiative sur les armes militaires soumise au peuple le 13 février prochain. Puisse la majorité de leurs membres ne pas nager avec le courant !
Philippe Zeller, ancien vice-président de la Fédération sportive suisse de tir, Lausanne
Réponse politiquement incorrecte aux dogmatiques anti-armes
Tout et son contraire a été déjà largement débattu dans la presse sauf, semble-t-il, les trois points suivants :
- Les dictatures craignent leurs peuples. Elles interdisent les armes.
- En poussant les exagérations des initiants jusqu'à l'outrance, force est de constater que les intellectuels socialistes, qui se gaussent des sports folkloriques attribués exclusivement à l'UDC, légitiment la droite à faire massivement partie de sociétés de tir et, par conséquent, d'être seule à posséder des armes face à la pauvre gauche! C'est hilarant.
- Sans faire le moins du monde l'apologie du suicide, celui-ci n'est pas l'apanage tragique des jeunes mais également des vieillards qui préfèrent cette alternative au désespoir de la perte d'autonomie et de dignité inhérente à la fin de vie en EMS. C'est leur choix.
Mais pour qui se prennent-ils ces dogmatiques compatissants? De quel droit se substituent-ils aux adultes responsables? À l'époque où les voyous sont armés, faut-il réduire les citoyens au rang de moutons sous surveillance du premier sergent-major venu ou de délateurs ?
François Kormann, Anzère
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Cette disposition de tradition n'a plus sa raison d'être
Voulons-nous perpétuer une tradition au nom d'un conservatisme définitivement injustifiable ou nous adapter de manière intelligente et mesurée à l'évolution de notre temps? À voir l'acharnement mis par les opposants à l'initiative de minimiser les risques, ils n'ont pas encore assimilé les changements de notre société. Ils érigent le sens des responsabilités des détenteurs d'armes en dogme. Je pose la question: combien de militaires mettent leur arme d'ordonnance dans une armoire résistant à l'effraction? Combien en retirent systématiquement la culasse et la mettent aussi sous clé dans un endroit séparé? J'ai bien peur qu'ils soient une minorité. Ces armes tombent ainsi facilement aux mains de cambrioleurs et réapparaissent lors de braquages, toujours plus nombreux, ou à l'étranger lors de guerres civiles ou d'attentats. Bien des armes de guerre volées au domicile, ou dans les lieux publics à la fin des périodes de service disparaissent à jamais et constituent réellement un danger potentiel pour les personnes, chez nous ou à l'étranger. Depuis trois ans heureusement, ces malfrats ne peuvent plus se servir en munitions de poche dans le même caddie.
Ce ne sont à l'évidence ni les chasseurs, ni les tireurs sportifs, ni les collectionneurs qui seront lésés si cette initiative aboutit devant le peuple. Au bénéfice d'une autorisation légale, ils sauront à coup sûr garder leurs armes sous clé et en faire un usage responsable.
Ancien officier supérieur chef de service, je reste convaincu que nous devons perpétuer notre armée de milice, mais le citoyen soldat muni d'une arme d'ordonnance sans munitions à son domicile, ce n'est plus crédible de nos jours.
Ralph Néri, Echichens
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Des commentaires qui me font sourire
À propos de la réflexion de M. Jacques Neirynck intitulée «Au moins cent vies par an pourraient être sauvées» (24heures du 14 janvier 2011) :
Les commentaires de M. Neirynck me font sourire.
En vingt-huit ans, de par mon travail, j'ai eu l'occasion de faire dix-neuf levées de corps pour suicide. Je me permets de vous faire la liste des décès :
- 1 par mousqueton
- 2 par barbituriques
- 2 par pendaison
- 1 par immolation par le feu
- 1 par noyade (fontaine)
- 12 par le train
Comme vous pouvez le constater, ce ne sont pas les armes qui sont prioritaires. Supprimons donc également les trains.
Yvan Beauverd, Bussigny-près-Lausanne
Souhaitons que les Suisses ne votent pas les yeux fermés
Les auteurs et toutes les organisations qui soutiennent l'initiative affirment que, si elle était acceptée, elle ne toucherait pas les quelque 200'000 membres de la Fédération suisse de tir, l'une des plus importantes sociétés de Swiss Olympic. C'est faux. La majorité d'entre eux s'adonnent à leur sport, qui avec un mousqueton, qui avec un fusil d'assaut transformé en arme de sport. Une des dispositions de l'initiative interdira toute remise par l'État de leur arme personnelle aux anciens militaires, même si la loi réglera les exceptions que les votants ne connaissent pas! Est-il vraiment dans les habitudes des Suisses de voter les yeux fermés? Il faut espérer que non !
Raymond Martin, Morges
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24heures du Mardi 25 janvier 2011 |
Qui connaissez-vous le mieux ?
Mesdames, dans quelques jours vous serez appelées à vous prononcer sur la confiance que vous accordez à celui qui partage votre vie depuis des années, voire des décennies, par le biais de l'initiative sur la violence des armes. Ces pseudo bien-pensants suggèrent que vous êtes en danger car celui qui vous a apporté bonheur, amour et sécurité durant tant d'années, éventuellement le père de vos enfants, est en fait un danger potentiel susceptible "d'exploser" à tout instant et d'utiliser cette arme militaire, confiée en son temps par une institution qui, tout comme vous, a su lui : faire confiance.
Cette arme, probablement qu'il l'utilise pour assouvir sa passion du tir, partager un moment de convivialité, ce qu'il fait depuis longtemps et que vous avez, jusqu'à présent, su comprendre et partager. D'un coup, on vous met en tête que ce mari, frère, conjoint ou ami est finalement une menace constante pour vous. Question que vous ne vous êtes jamais posée avant. Alors, trouvez-vous normal qu'il doive se demander s'il pourra continuer à exercer sa passion du tir parce que des gens vous effraient en prétendant qu'il faut lui retirer son arme, comme à tous les autres, sans distinction de cas, sous prétexte que c'est "pour votre bien", vous qui le connaissez
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mieux que quiconque, avez su et savez toujours lui faire confiance? Sachez respecter sa passion qui, jusqu'à maintenant, ne vous a jamais interpellées.
Notre pays passe pour un exemple en matière de confiance accordée envers nous. Les initiants n'ont pas confiance en nous, sauf si vous votez pour eux. Qui connaissez-vous le mieux, eux ou vos familiers ?
Sylvain Michoud, Collombey
Cette politique est un échec dans de nombreux pays
La restriction à l'accès aux armes de sport ou d'ordonnance par un gouvernement signifie tout simplement que ledit gouvernement n'a pas ou plus confiance dans ses citoyens. Il n'y a pas de dictature sous laquelle les armes sont accessibles. Il y faut une démocratie, la Suisse par exemple.
Le contrôle excessif des armes à feu de sport ou d'ordonnance est d'abord un symptôme d'impuissance de l'état et non pas une manifestation de sa compétence. En continuant à faire de tels cadeaux somptueux aux malfrats, qui eux se procurent des armes à gogo tout en mettant la pression sur les honnêtes gens, il est tout simplement impossible de faire baisser les statistiques,
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crimes, meurtres, que l'on connaît.
Cette politique est déjà un échec sur le terrain dans de nombreux pays dont l'Angleterre, entre autres.
Jean-Daniel Vuadens, Saint-Légier - La Chiésaz
Ces arguments n'ont pas leur place dans ce débat
Voilà une initiative qui, à l'instar des autres, divise le pays !
Alors qu'habituellement on vote majoritairement sur des questions financières ou politiques, l'initiative sur les armes nous interpelle par son aspect humain.
Et lorsque je lis dans 24 heures du 14 janvier que M. Hildbrand pense qu'il ne faut rien changer car lorsqu'un soldat menace une personne de son entourage on lui retire son arme... j'aimerais lui rappeler que bon nombre de victimes n'ont pas été menacées au préalable et que, malheureusement, ces actes désespérés (suicides ou meurtres) ne sont souvent pas réfléchis.
Quant à ses arguments sur la bureaucratie et les coûts engendrés par l'acceptation de l'initiative, ils n'ont tout simplement pas leur placé lorsque l'on parle de vies pouvant être sauvées !
Jean-Luc Ecuyer, Chernex
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Violences - il ne faut pas s'en étonner...
À propos de l'article intitulé «L'UDC affirme être de plus en plus souvent menacée et agressée» (24heures du 24 janvier 2011).
L'UDC affirme être la cible de violences, mais il ne faut guère s'en étonner !
En effet elle publie régulièrement, lors de chaque initiative, votation ou campagne des textes et des affiches d'une violence extrême, à la limite du supportable pour bon nombre de citoyens.
Le climat politique s'est considérablement durci ces derniers temps et je pense que l'UDC porte une grande part de responsabilité en encourageant les propos discriminatoires et insultants envers ceux qui les dérangent ou n'ont pas la même opinion.
Christiane Conne, Lutry
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Le Courrier du lundi 31 Janvier 2011
AU SUJET DE L'INITATIVE SUR LES ARMES
VOTATIONS - Nous publions quelques lettres de lectrices et lecteurs qui s'expriment sur l'initiative «Pour la protection face à la violence des armes» qui sera soumise au peuple le 13 février.
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L'augmentation de la violence est une question de société
En tant que grand-mères, mères, femmes et psychologues ayant quotidiennement affaire aux familles, nous sommes surprises de voir l'argumentation des partisans de l'initiative sur les armes : on met en scène des nounours transpercés d'une balle, on se réfère à la «protection contre la violence domestique» (selon le programme de l'ONU Femme), on transforme l'arme d'ordonnance - symbole du vénérable et unique système de milice suisse garantissant la protection du pays et de ses habitants - dans la main du citoyen-soldat en arme létale et on opère même avec l'argument du suicide.
Qu'en est-il des faits ?
Jouer sur le combat des sexes rend pensif. Il est évident qu'il s'agit là d'une campagne de relations publiques simpliste qui joue sur les émotions au lieu de se baser sur des arguments objectifs. Nous, en tant que femmes, nous refusons d'être instrumentalisées pour le combat des sexes. Le krypto-féminisme, c'est de l'histoire ancienne. Nous refusons que nos maris soient présentés comme pantins instables à moitié névro-psychotiques manquant de sens de responsabilité.
Où est restée la raison ?
On dénigre justement ceux qui s'engagent en faveur de la protection et de la défense de notre pays!? Quel en est le but? Il n'y a pas de meilleure protection contre les abus d'armes à feu que le système de milice.
Il n'y a aucune corrélation entre la possession d'armes et le taux de suicide. Diverses études le démontrent clairement par exemple celle de David Grossmann, psychologue militaire.
L'augmentation de la violence, de l'abrutissement et des suicides n'est pas due au fait que les Suisses conservent leurs armes d'ordonnance chez eux : c'est une question de société. Dans ce domaine-là, les femmes ont suffisamment de possibilités de s'investir. Nous pourrions nous engager à fond pour l'interdiction des jeux de tueurs, nous pourrions faire un effort pour diminuer la consommation de tout ce qui affecte le cerveau, notamment la télé, les portables et les jeux vidéo.
Une véritable contribution à la protection contre la violence et la déchéance est une éducation où les parents montrent aux enfants comment bien s'entendre, comment apprendre à se sentir responsables d'autrui, comment développer la compassion et l'humanité et le sens pour l'égalité, le bien commun et la démocratie.
C'est ainsi que nos jeunes apprennent comment vivre en couple et fonder une famille; ils apprennent à se confronter aux difficultés et à trouver des solutions. Ne faut-il pas plutôt se demander comment revenir, en éducation, à une répartition des rôles normalisée où les femmes ont à nouveau le droit d'être femmes
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et les hommes d'être hommes ?
Dans nos régions, l'égalité entre les hommes et les femmes est une réalité reconnue.
Les coûts pour la mise en oeuvre de l'initiative sont évalués à 6,4 millions de francs, s'ajoutent 11,2 millions de francs par an pour l'établissement du registre d'armes et des coûts permanents pour les cantons et les communes, responsables du stockage des armes d'ordonnance dans les arsenaux.
En outre, il faudrait du personnel supplémentaire, responsable des permis d'aptitude et des contrôles respectifs. Cet argent serait mieux investi dans l'aide aux familles et dans la prévention.
E. EHRBAR, E.-M. FÖLLMER-MÜLLER, A. SCHAUBERGER, pour le comité «Femmes pour la Suisse», Balterswil (TG)
Pourquoi désarmer les soldats et pas les particuliers ?
1. Affaiblir la sécurité nationale? Les astreints au service n'ont plus de munition à domicile. Le tireur obtient la sienne au club de tir, où il s'entraîne de manière responsable. Devrait-il chaque fois aller chercher son arme à l'arsenal? Une telle obligation compliquerait les exercices hors du service effectués pour être prêt le moment venu. En cas de mobilisation urgente, l'arme ne serait pas accessible. Les propriétaires d'armes privés en revanche (dont de potentiels suicidaires ou criminels) ont sous la main tant des armes que des munitions. Notre armée de défense ne doit pas être affaiblie. Les coûts, impossibles à chiffrer, de la nouvelle infrastructure exigée ne pourraient-ils pas être affectés à des tâches plus urgentes, par exemple sociales ?
2. Même la Bible est favorable à une armée de défense. Au chapitre 13 de son épître aux Romains, Paul écrit : «Car ce n'est pas en vain qu'il (le souverain, l'État) porte l'épée (police, armée), étant ministre de Dieu pour tirer vengeance de celui qui fait le mal.» Les policiers et les militaires sont des auxiliaires de l'État, qui, le cas échéant,pour défendre des intérêts supérieurs, doivent recourir aux armes, ce qui est interdit aux particuliers.
3. Pour des raisons de sécurité, nous avons besoin non seulement d'un bon service de lutte contre le feu, mais aussi d'une armée bien formée aux nombreuses situations d'urgence envisageables, tels les catastrophes naturelles, la sécurisation de biens contre le terrorisme, les troubles civils (si, en raison de la crise financière non encore surmontée, le peuple perd de l'argent et que l'écart entre riches et pauvres s'élargit de plus en plus).
Une escalade militaire de guerres financières et économiques internationales et intercontinentales est également possible.
4. Avant tout, la population doit être protégée, par la police
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mais aussi par l'armée.
Désormais, suite au renforcement des contrôles, les personnes imprévisibles ne peuvent plus effectuer de service militaire. Donc votez non à l'initiative pour une armée désarmée !
EMIL RAHM, Hallau (SH)
LUCIEN REYMOND, Cugy (VD)
La réalité des armes c'est la mort !
Les adversaires de l'initiative sur les armes ont beau tourné les choses dans tous les sens, la réalité reste que les armes à feu ont été conçues et fabriquées pour donner la mort et faire passer à trépas tout ce qui nous apparaît comme menaçant de la manière la plus efficace possible. L'arme est un instrument de mort et elle a été glorifiée et vénérée par des générations d'hommes qui voient en elle le vecteur d'un pouvoir de vie ou de mort. Ce pouvoir symbolique que représente l'arme est tel qu'elle est devenue très convoitée et elle est tombée entre les mains de n'importe qui alors qu'il aurait fallu qu'elle reste entre les mains d'experts qualifiés, satisfaisant une clause du besoin et assermentés. Vu la dangerosité fondamentale de l'arme, son usage aurait dû être sévèrement réglementé et contrôlé.
La campagne des opposants frappe fort, ils jettent des statistiques dans la bataille dans l'espoir de nous convaincre que tout a été fait pour réglementer l'usage des armes alors qu'un certain laxisme existe; que ce n'est pas l'arme qui est dangereuse mais l'homme qui la tient alors qu'elle est dangereuse en soi; et que ce serait manquer de confiance envers les nimrods armés alors que la confiance ne devrait être accordée qu'aux gens sachant résoudre les problèmes de société sans armes. Il n'en reste pas moins qu'une société qui exerce son autorité par la force des armes, est une société de barbares. Notre société crie haro contre un prédicateur musulman neuchâtelois parce qu'il fait l'apologie des ceintures d'explosifs mais elle accepte que les adeptes des armes en fassent l'apologie !
Certes les armes à feu tuent moins qu'en 1995 mais le problème est loin d'être résolu car, malgré tout, le recours à l'arme reste un acte barbare qui souligne notre incapacité de vivre en respectant l'autre, sans le menacer, sans rapport de force armé.
Georges Tafelmacher, Pully
Elles tuent trois cents fois par année
C'est la revue Annabelle qui a lancé le débat en 2006 sur les armes militaires à la maison. Elle avait alors recueilli 17'000 signatures.
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Il paraît évident qu'un fusil d'assaut n'a pas sa place à la maison (dans la cave, l'armoire à balais ou celle de la chambre à coucher). À se demander qui, à l'origine, a eu cette idée saugrenue. On invente des systèmes de bouchons (pour l'eau de Javel, par exemple) que les enfants n'arrivent pas à ouvrir, mais on n'hésite pas à laisser un fusil à la portée de n'importe qui, y compris les voleurs. «Ils ne sont pas chargés et on ne remet plus de cartouches», rétorquent les opposants.
Mais il est facile, tous les soldats vous le diront, de glisser quelques cartouches dans sa poche lors des tirs obligatoires, ou d'en acheter.
En outre, entreposer à la maison un fusil, comme s'il s'agissait d'un appareil ménager quelconque, c'est un message pour le moins ambigu que la société transmet aux épouses et surtout aux enfants. C'est la banalisation d'un engin qui a été conçu pour tuer et c'est pour tuer qu'il est utilisé, et a rougi les champs de bataille pendant des siècles. Les opposants qui font une comparaison avec la voiture sont à côté de la plaque : la voiture, elle, n'a pas été conçue pour tuer.
Le soldat rapportant son arme chez lui serait le représentant de la force militaire helvétique, garant de notre défense, comme l'était Rambo des Etats-Unis. Cette vision est dépassée. Aujourd'hui, les militaires armés ne sont plus que 120'000, ce qui ne représente que 7% des hommes du pays. Mais il reste plus de deux millions de fusils dans les maisons helvétiques...
Personne ne sait le rôle que jouent toutes ces armes au sein des familles. On peut, hélas, imaginer que certains hommes s'en servent pour terroriser leur entourage. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'elles tuent trois cents fois par an. La photo du jeune UDC genevois, à poil, brandissant un fusil comme un immense phallus, est la synthèse de tout ce que les femmes détestent. Le citoyen est un homme, comme avant 1971, quand les femmes n'avaient pas le droit de vote. Il a l'arrogance de celui qui détient le pouvoir de la force. Il affirme que le phallus est le maître. Il fait croire que le fusil est le prolongement, voire l'essence, de la virilité. Il semble menacer toute personne qui s'opposerait à lui.
Le jeune qui se prend pour le dieu Min, ou le MCG qui nous renvoie à Guillaume Tell et à nos grands-pères se trompent d'époque. Les dangers qui nous menacent ne sont plus des armées massées à nos frontières, mais des attaques terroristes ou cybernétiques contre lesquelles les fusils et les tanks sont totalement inefficaces.
Que les femmes, premières victimes des coups de colère de leurs compagnons soldats, aillent donc voter OUI le 13 février. Cela fera autant d'offrandes en moins à la Grande Faucheuse.
HUGUETTE JUNOD, écrivaine, Perly (GE)
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24heures lundi 31 Janvier 2011
Votation sur les armes
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Il est temps de remettre les pieds dans la réalité
Cette initiative me laisse nostalgique. Je l'aimais bien, mon vieux fusil, il me rendait des tas de petits services. Grâce à lui, j'ai pu enfoncer une porte de cave dans laquelle un enfant avait été enfermé par mégarde, j'ai assommé un rat qui m'avait mangé la moitié d'un saucisson, j'ai pu soulever un couvercle de canalisation récalcitrant. Il a même servi d'étai pour une armoire qui menaçait de s'écrouler. Bref, il a résisté à toutes les missions que je lui ai confiées, sauf celle de réussir un carton sur une cible. J'ai été régulièrement convoqué aux cours des "recalés" D'autre part, je me dis que, si Guillaume Tell avait dû déposer son arbalète à l'arsenal, il n'aurait pas pu "flinguer" Gessler. Vous le constatez, nous revenons de loin.
Plaisanterie mise à part, je pense que les partis anti-initiative n'ont pas encore tout à fait compris que le monde a légèrement évolué depuis la signature du Pacte de 1291. Les grands conflits internationaux se règlent actuellement à coups de crises économiques programmées, de menaces nucléaires ou encore d'embargo commercial. (...) Nous sommes à l'ère d'Internet et nos petits fusils stockés à la cave deviennent risibles, tout en étant un danger pour la population.(...)
André Bozzini, Coinsins
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Désarmer le soldat suisse, c'est une honte !
Depuis 1291, les Suisses ont forgé leur destinée, de haute lutte, en se libérant de la tutelle des Habsbourg. Par la suite, ils se sont illustrés sur les champs de bataille, de Morgarten à Marignan.
En 1870-1871, ainsi que dans les conflits mondiaux de 1914-1918 et 1939-1945, les citoyens soldats ont été mobilisés, incarnant, au plus haut degré, leur volonté de résistance, afin de nous éviter l'humiliation et les ravages de l'occupant, dans toute la détresse morale qu'une guerre génère. Aujourd'hui, comme récompense, on voudrait désarmer le soldat suisse et c'est tout simplement une honte et une vergogne. Le citoyen soldat conserve son arme à la maison parce qu'il est libre, exécute dans l'année ses programmes fédéraux (tirs militaires et en campagne) dans le cadre des sociétés de tir de notre pays, qui sont le ciment de notre démocratie. Notre armée de milice est une spécificité que beaucoup d'États nous envient. Il est vrai qu'une poignée d'irresponsables ont commis l'irréparable avec une arme d'ordonnance et je compatis sincèrement à la douleur des familles des victimes. Cependant, je ne suis de loin pas certain que ces drames n'auraient pas eu lieu si leurs auteurs n'avaient été équipés d'une arme militaire. Condamnons sévèrement ces assassins, plutôt que d'asservir le citoyen soldat qui remplit son devoir en honorant sa Patrie, voulant croire encore à ses valeurs.
Reynald Agassis, Chavornay
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Symbole de la démocratie
Il est inquiétant de voir les partis de gauche, soi-disant défenseurs des petites gens, exiger le retrait de l'arme des citoyens. Alors que jadis les princes faisaient tout leur possible pour désarmer les paysans, les micro-Etats qu'étaient les cantons suisses détonnaient dans le paysage européen en responsabilisant leurs citoyens soldats. Et dès le XIXe siècle, c'est un grand acquis démocratique que de généraliser l'attribution d'un fusil à tous les citoyens, y compris les pauvres. Cette arme est un objet grave et précieux qui unit les Suisses, quels que soient leur domicile et leur statut social.
Retirer l'arme d'ordonnance en 2011 constituerait une incroyable régression civique. (...) La sécurité dans laquelle nous vivons est fragile, ne cédons pas devant l'angélisme et les émotions. Car désarmer le peuple est un procédé de tyran.
Gilbert Marion, Grandcour
Cette spirale de la violence doit être prise très au sérieux
8 janvier 2011 - Tucson, Arizona. Un déséquilibré notoire abat six personnes en tentant d'assassiner une élue démocrate. La presse américaine fustige les opposants de la victime, déclarés coupables d'avoir usé de rhétorique extrême et haineuse à l'encontre du parti
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démocrate, notamment en comparant Obama et son administration à des nazis. Personne n'imagine une seconde accuser la victime d'être responsable de ce massacre. Le monde politico-médiatique suisse suit le mouvement et condamne l'acte, mais aussi la rhétorique qui pourrait en avoir été le déclencheur.
21 janvier 2011 - Zurich. Des militants d'extrême gauche agressent un conseiller national zurichois en pleine rue, le jettent au sol et le rouent de coups de poing et de coups de pied. La victime s'en sort avec une côte fêlée, des contusions, une plaie au visage et la peur de sa vie. La presse helvétique minimise l'affaire en parlant "d'égratignures" et s'étonne que la victime ait affirmé qu'elle se serait défendue avec une arme si elle en avait eu la possibilité. On lui reproche des idées "provocantes" qui expliqueraient son agression. Aucun lien n'est fait entre les assaillants et les politiciens qui insultent régulièrement la victime et son parti en les comparant à des nazis. Il n'est pas relevé qu'à chaque fois que les membres de ce parti se réunissent pacifiquement et démocratiquement, ils doivent faire face à des hordes de militants enragés qui usent systématiquement de la force pour intimider leurs adversaires.
Faut-il qu'un politicien suisse tombe sous les balles de ses opposants pour que cette spirale de la violence soit prise au sérieux ?
Boris Muster, Cormondrèche
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24heures du mardi 1er Février 2011 |
Soixante ans après, je n'ai pas oublié
Est-ce réellement dans son arme que le vrai Suisse place ses valeurs? Qui plus est, dans le fait de garder cette arme à la maison ?
Dans ce cas, je ne suis plus une vraie Suissesse depuis longtemps! Plus exactement depuis le jour où j'ai vu mon père - un homme ni plus agressif ni plus mauvais que la moyenne des hommes de ce pays - menacer mon frère, son fils, alors âgé de 6 ou 7 ans, avec son arme militaire. Cela pour une raison que je ne développerai pas ici, mais qui n'était évidemment pas un cas de légitime défense! Une crise conjugale, un peu d'alcool... et l'arme à portée de main.
Par chance, le drame a été évité. Mais, soixante ans après, je n'ai pas oublié.
Marylène Javet, Bière
La prime à la casse
En période préélectorale, les partis sortent de leur train-train et, tels des coqs rutilants, vont monter sur leur palissade pour entonner le chant qui fera lever le soleil. L'initiative des armes va leur inspirer les discours les plus gonflés de patriotisme et de vertus militaro-citoyennes quand il ne s'agit pas tout bonnement de défendre une virilité de pacotille plus inspirée par le cinéma américain et les séries B que par notre belle patrie.
Dans la réalité de notre histoire, qu'ont-ils fait de leur arme, nos soldats de l'avenir? Rien, sinon la retourner contre eux-mêmes dans des centaines de cas et plonger leur famille dans une douleur infinie pour des raisons futiles. Pourquoi la droite tient-elle à armer les jeunes qui ne se bousculent pas dans ses partis, et qui par ailleurs sont soumis par les médias à une véritable culture de la violence? Pourquoi des politiciennes seniors qu'on a connues plus lucides soldent-elles ce qui leur reste de féminité pour défendre l'arme à la maison? Pourquoi l'armée, volontiers autoritaire et dirigiste, soutiendrait-elle une guérilla de tireurs embusqués dans laquelle chacun tire n'importe où et sur n'importe qui? Tout cela pour satisfaire une frange de Rambo en mal de virilité qui vont prétendre mettre l'envahisseur en fuite en tiraillant dans la cour de leur ferme.
Micheline Félix, Lausanne
Retirer les armes ne changera rien
J'ai 75 ans et toute ma vie j'ai eu des armes à la maison, mais on a éduqué les enfants pour qu'ils n'y touchent pas. Retirer les armes ne va rien changer aux quelques suicides ou coups de folie qui se produisent chaque année, bien au contraire. J'ai peur de sortir dans la rue ou d'aller dans les gares car les jeunes délinquants n'ont pas de fusil mais des couteaux à cran d'arrêt et n'hésitent pas à les sortir pour quelques francs. Ce sont peut-être vos enfants, avez-vous fait leurs poches ?
Alors avant de voter, pensez à ces couteaux, armes plus dangereuses car faciles à cacher.
Françoise Scheurer, Clarens
Pas très délicat, ce message...
À propos de la lettre de lecteur de M. Sylvain Michoud intitulée «Qui connaissez-vous le mieux ?» (24heures du 25 janvier 2011).
Il n'est visiblement pas inutile de rappeler à ce lecteur que les femmes - auxquelles il s'adresse nommément - donnent la vie alors que les armes ont été avant tout pensées et fabriquées pour la reprendre, même en Suisse. Il n'est dès lors peut-être pas très délicat de s'adresser à la gent féminine exclusivement en des termes aussi catégoriques.
Enfin, Monsieur, sachez (pour reprendre le même temps de conjugaison que le vôtre) respecter l'intelligence des hommes et des femmes qui ne partagent pas votre analyse personnelle des faits et de leurs conséquences dans notre société.
Patricia Micsiz, Saint-Légier-La Chiésaz
«Déposez armes !»
Enfant, j'ai vu mon père alcoolisé menacer la famille avec le mousqueton que lui avait confié notre valeureuse armée. Ou encore s'enfuir de la maison le fusil à l'épaule, avec de noirs desseins.
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Paix à ce Papa-Peur et agissons pour que cela ne puisse plus se produire.
Aujourd'hui, psychologue et animateur au Groupe romand d'accueil et d'action psychiatrique (GRAAP), directement concerné par la schizophrénie, je sais que le dépôt des armes éviterait des dérives suicidaires ou vindicatives, rares, certes, mais toujours possibles dans des moments de grave décompensation.
Impossible en outre de faire métier de poète sans s'engager énergiquement contre la violence sous toutes ses formes et en particulier celle des armes. La poésie est parole de vie et non de mort.
Enfin, les valeurs fondamentales de la Suisse ne sont pas affaire de fusil d'assaut ou de cor des Alpes. Une tradition bien plus ancienne et authentique, qui s'enracine au cœur de l'humanité et de toute civilisation, appelle à la non-violence: «Tu ne tueras point !». Nicolas de Flue, Henri Pestalozzi, Henri Dunant, Charles Ferdinand Ramuz, Friedrich Dürrenmatt, Jean Villard-Gilles, Jean Piaget, autant de grands bonshommes qui sont entrés dans l'Histoire et ont façonné le vrai visage de ce pays. Même le général Guisan, noble militaire épris de paix, retiré désormais dans ses quartiers célestes, nous enjoindrait peut-être aujourd'hui de mener l'essentielle bataille de ce nouveau millénaire contre la violence, en nous ordonnant : «Déposez armes !». À vos ordres, mon général !
Dominique Scheder, poète-chansonnier-psychologue, Riex
Un argument trompeur à plein d'égards
L'initiative sur les armes a été lancée par des personnes qui, pour beaucoup, n'ont pas fait l'armée. De facto, elles n'ont qu'une vision limitée du sujet. Je désire apporter quelques éléments qui justifient le fait que l'on rejette cette initiative.
En premier lieu, elle a pour but de réduire le nombre de suicides par armes à feu. Cetargument est trompeur à plein d'égards. Premièrement, une personne résolue à mettre fin à ses jours le fera par un autre moyen. Deuxièmement, les munitions ont toutes été retirées, il n'y a donc aucun moyen d'utiliser son arme de service. Troisièmement, si, comme nous le disent les initiants, les suicides sont des actes impulsifs et que l'arme à feu est très facile d'accès, c'est incompatible avec le fait qu'une personne anticipe son suicide en subtilisant illégalement des munitions. Quatrièmement, et c'est pour moi l'élément central, les initiants tablent sur des statistiques datant de 2008 où effectivement une centaine de suicides ont eu lieu avec l'arme de service. Ce qu'on oublie, c'est qu'à cette époque les soldats avaient encore pratiquement tous des munitions à la maison. Aujourd'hui, plus personne n'en a. Avant de proposer une initiative très contraignante, il faut attendre de voir l'effet de cette mesure qui, selon moi, participera à réduire très fortement le taux de suicides par arme de service.
Valentin Müller, Cossonay-Ville
Nul n'est à l'abri
À propos des lettres de lecteurs de MM. Alain Perret et Sylvain Michoud (24heures des 25 et 26 janvier 2011).
Quelle mauvaise surprise que d'apprendre par M. Perret que l'armée a l'obligation de fournir les munitions à ceux qui pratiquent le tir sportif! Ainsi une partie de mes impôts finance les loisirs de certains... Mes enfants font de l'équitation, à quel département dois-je faire appel pour obtenir bombes et gilets? Et pour mes chaussons de danse, je m'adresse où? Si devoir payer ses munitions fait que certains cessent de pratiquer, je me demande si l'on peut encore parler de passion !
Quant au courrier de M. Michoud, je reste pantoise face à une telle mauvaise foi. Quelle que soit la personne, quelle que soit l'arme, quelle que soit la raison, l'entourage des victimes dira presque toujours de l'agresseur que jamais il n'aurait pu l'imaginer agissant ainsi. Accuser ceux qui voteront oui à l'initiative de déloyauté vis-à-vis de leurs proches est scandaleusement outrageant. S'adresser directement aux femmes, c'est faire preuve d'un machisme primaire osé.
Nul n'est à l'abri. Chacun peut se sentir suffisamment acculé pour avoir, dans un moment d'égarement, la pire réaction. Limiter la possibilité d'avoir une arme à la maison, c'est faire un pas dans la bonne direction. Cela afin d'éviter un geste de trop, une mort de trop. N'oublions pas que pour chaque victime, le monde de ceux qui l'ont aimée disparaît aussi.
Muriel Higy-Schmidt, Vevey
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Diminuons les suicides et autres actes de violence
Selon Martine Brunschwig Graf, «l'initiative ne résout pas le vrai problème du trafic d'armes». Ce n'est pas son but : l'initiative sur les armes vise à améliorer la protection face à la violence des armes et, en particulier, à diminuer le nombre de suicides ou celui d'autres actes de violence dus à la présence d'armes à domicile.
La comparaison de cette situation à celle des dangers sur la route montre que le nombre de tués a diminué suite à de nombreuses mesures : limitations de vitesse, port obligatoire de la ceinture, pose d'appuie-tête. Dans cet autre domaine, l'initiative sur les armes constituera aussi une mesure parmi d'autres pour diminuer le nombre de suicides ou d'homicides. Ainsi, les pouvoirs publics ont déjà ordonné la modification de barrières de ponts tristement connus pour attirer des candidats aux suicides.
Le nombre de suicides en Suisse a diminué mais cette tendance ne s'observe pas pour ceux commis par des armes à feu (U. Hepp, European Psychiatry, 2010). Ceux-ci constituent typiquement un acte impulsif, pas nécessairement planifié mais facilité par la présence d'une arme à domicile. Une analyse comparative montre qu'il y a une corrélation entre le nombre de ménages qui possèdent des armes à feu et le nombre de suicides par balle (Ajdacic-Gross, European Psychiatry, 2010). Il s'agirait alors dans plus d'un tiers des cas d'armes militaires.
Pierre Baumann, Vufflens-la-Ville
Renforçons la sécurité du pays et de ses citoyens
Je précise d'entrée que j'ai été jeune tireur, je suis maintenant militaire astreint au tir, moniteur de tir et membre du comité de la société de tir de mon village. (...)
On dit que l'arme à domicile est une preuve de confiance, mais pourquoi avoir retiré la munition de poche? Il y a longtemps que le pays ne peut plus faire confiance à ses militaires et avec raison, quand je vois le niveau d'instruction à l'arme que mes camarades ont dans les cours de répétition. C'est le niveau zéro de la sécurité, surtout dans les stands de tir NTTC (IT) où on est debout et où tout le monde se promène avec son arme chargée, parfois pas assurée...
De plus, lorsque l'on voit le moyen de stockage des armes chez les particuliers, cela devrait nous alarmer. Dans la presque totalité des cas, la culasse n'est pas stockée dans un autre endroit, mais reste montée dans le fusil. Quant à l'arme, elle est stockée la plupart du temps dans une armoire standard ou à la cave et pas toujours sous clé.
Les sociétés de tir sportif doivent faire preuve de dynamisme et d'innovation, par exemple en empruntant des fusils pour les tireurs sans arme lors de concours. Quant aux autres sociétés, celles qui ont été maintenues artificiellement à flot grâce aux subventions, elles péricliteront. Il est donc évident que les Fédérations de tir ne pouvant plus refourguer leurs journaux, licences et autres taxes s'inquiètent directement pour leur propre survie.(...)
Alain Galliker, Avenches
Guillaume Tell, au secours !
Ne nous trompons pas de combat : c'est notre liberté, c'est notre responsabilité que l'initiative veut abattre !
Au-delà du choix - qui existe déjà dans la loi actuelle - de conserver son arme chez soi ou de la déposer à l'arsenal, c'est notre liberté de nous déterminer que l'on attaque. L'initiative porte également avec elle une consternante remise en cause de la confiance envers le citoyen. Cette confiance est pourtant une valeur fondamentale de notre pays. Elle joue un rôle essentiel dans sa cohésion.
Stop aux interdictions en tout genre : cette initiative liberticide et extrêmement coûteuse en ajoute une de plus. Notre législation actuelle est déjà très restrictive en matière d'armes et protège avec efficacité contre leur usage abusif. Ne la compliquons pas encore par un surcroît de bureaucratie et de centralisation.
Autre aberration : l'initiative entend «exiger de la Confédération d'œuvrer au niveau international afin de limiter la disponibilité des armes légères et de petit calibre». Peut-on sérieusement contraindre la Confédération à donner des directives au niveau international? Arrogance? Bêtise? Mégalomanie? Les trois sans doute.
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N'abandonnons pas notre bon sens. Désarmer le citoyen-soldat, c'est le dépouiller de son engagement. C'est le dépouiller de sa responsabilité. C'est le dépouiller de sa liberté de choix. Et c'est aussi une manière détournée d'affaiblir la défense de ce pays.
Odile Jaeger Lanore, présidente de FPS, Femmes et politique de sécurité, Lausanne
Traiter l'origine du mal plutôt que le mal en soi !
À propos de la réflexion de M. Jacques Neirynck intitulée «Au moins cent vies par an pourraient être sauvées» (24heures du 14 janvier 2011).
La réflexion de M. Neirynck est intéressante, apportant un certain nombre d'informations sur un aspect de la vie, de la mort provoquant quatre fois plus de victimes que la route (bien qu'un certain nombre de conducteurs choisissent aussi, chaque année, ce moyen pour mettre un terme à leurs jours).
Toutefois, je le soupçonne d'un peu de démagogie : quand il affirme que l'interdiction des armes à la maison éviterait 100 morts par année en Suisse, il omet volontairement les 100 personnes se jetant sous des trains dans notre pays (et que penser du suivi psychologique des 100 conducteurs traumatisés par ces événements et dont personne ne se soucie ?).
Quant au Parti socialiste, et Mme Germond en particulier, en pleine campagne électorale, il me paraît utile de rappeler qu'il serait plus nécessaire d'essayer de traiter l'origine du mal plutôt que le mal en soi !
Et que penser de la liberté de sortir dans la rue avec une panoplie de couteaux dans sa ceinture ?
Pourquoi, aujourd'hui, en 2011, aucun parti politique n'est-il capable d'inscrire dans son programme une aide, une écoute au mal-être des gens les précipitant vers une décision... suprême ?
En conclusion, comme pour la cigarette, ne serait-il pas possible que quelqu'un, un jour, ici, dans ce pays, dans ce monde, soit capable de proposer des solutions aux problèmes psychologiques à partir de la base et non du sommet ?
Emile Saugy, Préverenges
Quel négativisme !
Devant cette délicate votation, on a vraiment l'impression que parmi les journalistes de 24heures, il n'y a que des piocheurs de négatif. En ce mercredi 12 janvier, ils mettent en évidence cet élu morgien qui pour des raisons familiales votera oui à l'initiative. Vu les circonstances, il a bien raison de prendre cette position qui lui est personnelle. Mais que 24heures en fasse un si gros titre, je ne suis plus d'accord. À cause d'un cas, on ne tire pas vers le bas ce qu'un pays, je dirai exemplaire comme la Suisse, a réussi à faire jusqu'à maintenant, soit la garde d'une arme à la maison, avec des dizaines, voire des centaines de milliers de cas sans problème.
Dans vingt ans, si l'initiative passe, il y en aura d'autres, faut pas être naïf. Mais, personnellement, j'aimerais que le même journaliste vienne enquêter dans une région où depuis longtemps des responsables d'une société de tir animent une région grâce à ce que leurs parents leur ont inculqué en matière de responsabilité et de dévouement, là où l'amitié prime, et où l'impact sur les citoyens qui se retrouvent pour exercer le tir a depuis très longtemps apporté du positif. Nos Abbayes, fêtes de village sont issues directement de cet heureux état de fait.
C'est comme ces jours-ci avec Haïti, où les médias ne nous montrent que de la destruction, alors que Jean-Marc Richard, dont j'admire les actions positives, s'efforce de dire que des centaines de maisons ont été reconstruites. Mais, le comble, c'est que ces maisons-là, on ne nous les montre pas !
Gilbert Fiaux, Hermenches
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24heures du mercredi 9 février 2011 |
Des libertés de plus en plus contrôlées
Encore une fois, les politiques nous poussent à voter sous le coup de l'émotion et non celui de la réflexion. Partisans et opposants de l'initiative avan- cent leurs chiffres et se lancent dans d'hypothétiques prédictions sur le nombre de vies en jeu, alors que le titre de l'initiative est déjà un mensonge: «...la violence des armes». Comme si une arme pouvait être violente ! (...)
On essaie de nous faire croire qu'une arme est dangereuse et que nous sauverons de nombreuses vies grâce à cette initiative. Plusieurs études ont démontré que la présence d'une arme peut faciliter le passage à l'acte, mais aucune ne peut dire combien de désespérés auraient choisi un autre moyen ou renoncé à se suicider s'ils n'avaient pas eu d'arme en leur possession. Seuls les initiants l'ont fait, mais sur quelle base ?
Et si nous poussions la réflexion plus loin? Les accidents de la route occasionnent bien plus de morts et de victimes collatérales que les armes à feu, et les liens de cause à effet de l'alcool et de la vitesse sont avérés. Pourtant, la consommation d'alcool est autorisée, la vitesse dans les zones habitées est de 50 ou de 60km/h, et il n'est pas question de supprimer la voiture, mais plutôt de légaliser certaines drogues. Aux yeux d'une certaine classe politique, il y a sans doute des libertés auxquelles il ne faut pas toucher !
Nous avons déjà une législation très stricte sur la détention et l'utilisation d'armes à feu. L'armée a entrepris des réformes quant à l'octroi, au dépôt des armes de service et au retrait de la munition de poche.(...)
Frédéric Etter, Oron-la-Ville
Une proposition aussi maladroite qu'inadaptée
On l'aura compris, cette initiative est de facto une action antimilitariste, enrobée d'une couche mielleuse de bons sentiments, de délire sécuritaire et, pour couronner le tout, d'émotionnel.
Il est en outre agaçant que, dans le domaine des armes privées, personne parmi les initiants ne cite la loi fédérale sur les armes en vigueur depuis décembre 2008, texte restrictif s'il en est. Comme si l'on pouvait acheter n'importe quelle arme, n'importe où, n'importe comment, par n'importe qui. Les fichiers centraux existent par conséquent déjà; mais, bien sûr, là-dessus règne un assourdissant silence de circonstance.
Incapable de faire face à certains problèmes de société (éclatement de la cellule familiale, incivilités, violences, etc.), la gauche, dépassée, propose ainsi une solution aussi maladroite qu'inadaptée. Et alors, quid des jeux (DVD, internet) trop réalistes et ultraviolents? De la banalisation de la guerre et de la souffrance ?
Cette initiative est aussi grotesque et démagogique que celle contre les minarets, hélas acceptée, qui jouait, elle aussi, malhonnêtement sur l'inquiétude injustifiée des électeurs et électrices de notre pays.(...)
Stéphane Arlt, Lausanne
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Connaître l'approche criminologique
Les opposants soutiennent avec véhémence que l'entrée en vigueur du texte soumis au vote ne créerait pas plus de sécurité, mais qu'il engendrerait une «dangereuse pseudo-sécurité». C'est bien mal connaître l'approche criminologique dite situationnelle, qui postule qu'une limitation de l'accès aux armes engendre - logiquement - une baisse du nombre de suicides et d'homicides.
S'agissant des homicides, le cas de la tuerie de Zoug est assez révélateur. Si le meurtrier avait été muni d'un couteau et non d'un fusil, il ne fait aucun doute qu'il n'aurait jamais été en mesure de tuer quatorze personnes. Par ailleurs, les études relatives aux suicides ont démontré qu'un changement de mode opératoire n'était de loin pas à la portée de tout le monde. Autrement dit, celui qui est disposé à utiliser son arme de service pour mettre fin à ses jours n'ira, pour le cas où son arme devait être déposée à l'arsenal, en aucun cas systématiquement se jeter d'un pont.
En outre, une étude menée en 2001 dans 21 pays a permis de constater que la corrélation entre le pourcentage de ménages disposant d'une arme à feu et le taux de suicides était extrêmement élevée, la Suisse (avec un taux élevé de possesseurs d'armes à feu) connaissant un des taux de suicides les plus élevés du monde occidental. Il est donc totalement erroné de soutenir, comme le font les opposants, que le principe de précaution serait illusoire. Le fait d'ériger la responsabilité individuelle en dogme absolu n'est pas davantage pertinent. Une atteinte aux libertés individuelles, pour des impératifs de sécurité publique (indéniables en l'espèce), est en effet parfaitement possible tant et aussi longtemps qu'elle demeure proportionnée. Tel est à l'évidence le cas en la circonstance. ?
Gabriel Moret, lie. en droit, diplômé en criminologie, Yverdon-les-Bains
Un criminel dans chaque ménage ?
Décidément nous n'avons pas les mêmes valeurs, ni les mêmes compagnons! Les partisans de l'initiative sur les armes veulent nous convaincre que nos maris, nos fils qui font du service, sont des criminels en puissance et qu'il faut se méfier d'eux; désolée, je ne marche pas. Qu'il existe ici ou là un désespéré, j'en conviens. Mais à quel titre veut-on nous faire prendre des mesures nationales pour des cas isolés? Il ne vient à l'idée de personne d'interdire la voiture lorsqu'un forcené prend son bolide pour une faucheuse. Et là, les cas sont souvent autrement plus meurtriers.
Je suis plus tranquille à l'idée de savoir un fusil dans ma maison que de savoir des voitures ou des couteaux dans les mains d'irresponsables. Alors prenons les vrais problèmes en main et désarmons les criminels, pas ceux qui nous protègent.
Olivia Schneider, Les Cullayes
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L'asphyxie guette nos associations de tir
Si l'initiative portait le titre «Asphyxier nos associations de tir», elle annoncerait au moins clairement la couleur.
Il est inexact de prétendre que les tireurs sportifs ne seraient pas touchés par son acceptation et la modification des conditions actuelles : - pas besoin de licence en effet pour participer au Tir fédéral en campagne, «la plus grande fête de tir du monde», manifestation au retentissement dépassant nos frontières; - pas besoin de licence pour s'associer aux tirs des nombreuses Abbayes de notre canton; - pas besoin de licence non plus pour se mesurer à ses camarades à l'occasion du tir annuel de la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes.
Par contre, si les membres sont empêchés de participer aux concours susmentionnés parce que privés d'arme, c'est l'agonie de ces organisations.
Autre refrain que nous chanteront bientôt les initiants : «C'est trop demander au citoyen soldat que d'aller chercher son arme déposée à l'arsenal et de l'y ramener une fois le tir obligatoire accompli.» Conséquence d'un tel raisonnement : exiger la suppression des tirs obligatoires. Cela représentera un coup de plus porté à la Fédération sportive suisse de tir et à ses sociétés.
Une acceptation de l'initiative ne renforcerait pas la sécurité et n'empêcherait aucun suicide, tant d'autres moyens restant à disposition. Elle discrédite et méprise les citoyens soldats et les citoyens tireurs responsables.
Francis Rossi, Penthaz
Ne creusons pas la tombe de ces sociétés
(...) Ce qui fait des Suisses un peuple si particulier, c'est entre autres le nombre de sociétés locales dont chacun fait partie.
La très forte participation des habitants de notre beau et incomparable pays à nombre d'activités sportives, culturelles, sociales ou politiques a des conséquences qui ne sont mesurables que lorsqu'elles n'existent plus: le brassage social et culturel, véritable berceau de la tolérance, le sens des responsabilités que l'on démontre en œuvrant au sein d'un comité, le don de soi à la communauté.
Les fêtes organisées ici et là sont aussi un formidable antidote à l'ennui et à la délinquance qu'il peut engendrer. Les Abbayes villageoises en sont un exemple vivant. L'initiative anti-armes creusera la tombe de ces sociétés dont le tir et le couronnement des rois sont indissociables.
Il est vrai que les initiants ont une horreur viscérale des traditions, liées par nature à une idée conservatrice de la société! L'initiative éveille donc injustement la méfiance envers des citoyens intègres et responsables. Par elle, les milieux de gauche et les Verts montrent au grand jour leur ligne politique: interdire, obliger, ainsi que déresponsabiliser le citoyen au profit de l'État providence.(...)
Etienne Guggisberg, Senarclens
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Une fausse solution au vrai problème de la violence
Mère de trois enfants, je m'inquiète naturellement tous les jours des risques qu'ils côtoient véritablement au quotidien : chauffard, dealer, ou encore ce coup de cran d'arrêt qu'ils peuvent recevoir à la sortie d'un bar de Lausanne ou même dans la cour de récréation. Voilà ce qui m'empêche parfois de m'endormir, comme toutes les mères du monde. Alors pardonnez-moi, Mesdames et Messieurs les initiants, si je ne m'associe pas à votre combat, idéal peut-être, mais bien loin de la réalité quotidienne.
Quant au fusil de mon mari, il ne m'empêche pas de dormir, lui, au contraire; il me rappelle que la liberté, mais surtout la paix, ça ne tombe pas du ciel, c'est fragile et ça se défend. Cela se respecte, aussi. Alors trêve de mensonges, faisons confiance à ceux qui nous aiment au lieu de faire le lit de ceux qui se moquent de notre sécurité.
Catherine Masson, Colombier VD
Les miliciens ne sont pas stupides
Toutes les études le certifient : l'acceptation de l'initiative sur les armes à feu permettra de sauver des vies. Les opposants contestent certes la fiabilité de ces études, mais ils le font mollement, comme si l'essentiel n'était pas là. Et de fait, leur propos est ailleurs. Enlever l'arme au citoyen soldat, clament-ils, c'est lui retirer la confiance de l'État, c'est le faire passer pour un irresponsable. Qui ne voit pas que ce sont au contraire les opposants qui prennent le citoyen soldat pour un irresponsable, voire pour un imbécile ?
En réalité, les miliciens ne sont pas stupides : si on nous demande de déposer notre arme à l'arsenal, nous comprenons bien que ce n'est pas parce que l'on ne fait confiance à aucun d'entre nous, mais parce que l'on sait que certains pourraient abuser des armes confiées et causer des dégâts irréparables.
En cours de campagne, les opposants ont cherché à étoffer leur argumentaire. «Monopole des armes pour les criminels ?» interrogent-ils désormais au travers de leurs affiches. On passe du citoyen soldat au citoyen policier ou au citoyen cow-boy. Un fusil sous chaque lit? Il suffit de porter le regard vers les États-Unis pour se faire une idée des conséquences d'une telle pratique. Les chiffres sont éloquents: depuis la fin des années 1960, plus d'un million de personnes y ont été tuées par balles.
Le jour où un détraqué canardera autour de lui dans une école ou dans une garderie avec son fusil d'ordonnance, il ne se trouvera plus un politicien pour contester l'urgence de modifier la loi. Pourquoi attendre qu'un tel drame se produise ?
Changeons la loi aujourd'hui.
Ralph Schlosser, Lausanne
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Une population mal informée
Après avoir entendu plusieurs avis, lu plusieurs articles, je suis surpris de voir à quel point certaines personnes sont mal renseignées sur cette initiative. Certains voient en elle la fin du tir sportif, d'autres une attaque contre les valeurs suisses. Je le dis clairement et simplement : cette initiative ne veut en aucun cas, en aucune manière, la suppression de l'armée, la fin des tirs sportifs ou encore des tirs en campagne. Elle veut d'une part prévenir les suicides, d'autre part améliorer la sécurité des citoyens. Si elle est acceptée, il y aura un registre central des armes. Cela veut dire que la police aura un outil conséquent pour élucider des crimes et démanteler des trafics d'armes illégales. Le système de registre central lui permettra d'effectuer son travail avec un maximum de sécurité. Les tireurs sportifs, les chasseurs et les collectionneurs ne seront pas obligés de ramener leurs armes à l'arsenal pour autant qu'ils en justifient le besoin. Ainsi cette initiative veut que les armes soient en main de personnes conscientes et responsables.
Les opposants disent qu'elle va désarmer le peuple face aux criminels. Je condamne fermement ces propos populistes qui jouent avec la peur. La sécurité des Suisses est assurée par la police
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et non par des citoyens armés jusqu'aux dents qui se disent chasseurs de criminels.
C'est pourquoi le citoyen doit faire confiance à la police et non pas à son arme de service.
En conclusion, cette initiative va apporter davantage de sécurité dans les foyers.(...)
Léo Berdoz, membre des Jeunes socialistes vaudois, Chessel
La mort des Abbayes vaudoises
Si je peux comprendre le côté émotionnel des drames dus aux armes à feu, il faut tout de même relativiser son importance par rapport à toutes les autres causes de décès, crimes, suicides et autres.
En 48 ans d'activité dans le domaine du tir sportif et les tirs d'Abbayes, je n'ai jamais eu connaissance de délits mettant en cause un tireur sportif.
J'ai comptabilisé trois suicides de tireurs. Un pour une affaire privée et deux en phase terminale du cancer. À cause de cette maladie, un ami a choisi "Exit". De toute manière, les connaissant très bien, je pense que ces tireurs auraient trouvé une autre solution tout aussi définitive. Par contre, je n'ai pas relevé le nombre de tous les autres cas de suicide parmi la population de la région :
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train, pont, sac en plastique, barbituriques, gaz de voiture, pendaison et j'en passe.
Avec cette initiative, ma plus grande crainte se situe au niveau des tirs des Abbayes vaudoises. La FAV regroupe 183 sociétés et compte environ 28'000 membres. Il y a 200'000 tireurs en Suisse. De plus, le militaire qui effectue, avec son arme, uniquement les tirs militaires, le tir en campagne et les tirs d'Abbaye n'est pas tenu de posséder une licence. Donc, il ne sera pas considéré comme tireur sportif et devra déposer son fusil à l'arsenal.
Si, pour chaque séance, il doit se déplacer à l'arsenal, il renoncera à la pratique du tir, et ce sera la mort des sociétés de tir et des Abbayes vaudoises.
François Tauxe, abbé-présIdent d'honneur de la société de tir, Sous-officiers & Guidon d'Aigle
Attitude aberrante
Les Jeunes libéraux-radicaux prétendent soutenir l'initiative anti-armes. Ils doivent changer leur dénomination et se mettre avec "À Gauche toute!", fief de mon cousin éloigné Dolivo! Leur attitude est totalement aberrante. Être libéral n'a rien à faire avec le gauchisme anti-armée !
Robert Nicole, libéral, chasseur, tireur à la cible. Donneloye
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Les munitions ne sont pas gratuites
À propos de la lettre de Mme Muriel Higy-Schmidt (24 heures du 1er février 2011):
Si Mme Higy-Schmidt avait lu attentivement ma lettre (24 heures du 26 janvier 2011), elle aurait remarqué que je parlais de «l'obligation de l'armée de fournir des munitions aux sociétés de tir sportif», mais pas gratuitement !
En effet, l'armée fournit des munitions d'ordonnance pour ses armes, spécialement pour le fusil d'assaut 90 qui utilise une munition fabriquée pratiquement seulement en Suisse. Les règlements militaires obligent les sportifs tirant à l'arme d'ordonnance à faire les concours et entraînements uniquement avec de la munition d'ordonnance.
Bien entendu, les sociétés de tir sportif et leurs membres payent leurs munitions au prix coûtant déterminé par la fabrique fédérale de munitions. Par contre, le fait de pouvoir produire de plus grandes séries, ainsi que de faire tourner les 1 stocks de munitions, permet de diminuer les coûts de fabrication. Donc, lorsque des militaires sont en service, ils utilisent de la munition moins onéreuse pour le budget du Département de la défense, payé par nos impôts.
Voilà encore un argument oui démontre que cette initiative est trompeuse, inutile et coûteuse !
Alain Perret, Lausanne
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Le Courrier du MERCREDI 9 FÉVRIER 2011
Votation sur les armes - Lettres de lecteurs
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Ne laissez pas la place à la peur !
Les derniers sondages sont assez inquiétants pour celles et ceux pour qui la vie compte et qui pensent que les armes n'ont pas leur place dans nos armoires, nos caves et sous nos lits.
De plus, ces sondages ne pourront jamais mesurer le degré de souffrance et d'angoisse des femmes et des enfants vivant dans la détresse, sous la menace psychologique et dans la peur de ne pas savoir quand la fragilité du mari, du compagnon ou du papa pourrait se transformer en violence et, du coup, en passage à l'acte.
Ceux et celles qui pensent encore qu'il faut disposer d'une arme à domicile pour se défendre, je les invite à laisser la peur en dehors de leur foyer, à s'armer de courage, à enterrer leur mythe et à voter «OUI» à l'initiative, comme l'ont fait ceux qui, en 1971, n'ont pas eu peur d'octroyer le droit de vote aux femmes de ce pays.
À ceux et celles qui pensent que l'ennemi, ce sont les étrangers - et font abstraction de leur apport à l'économie et à la multiculturalité - ou les féministes, femmes brillantes et hommes qui luttent pour une société plus juste et moins violente, je dis qu'ils se trompent de cible. L'actualité nous démontre que les grands dangers sont la cybercriminalité, l'arrogance et l'insensibilité des grands patrons des banques et des multinationales, avec leurs salaires et bonus scandaleux, la compétition et la rentabilité à outrance auxquelles sont soumis les travailleur(se)s, ainsi que la montée de la xénophobie et de l'ultraconservatisme.
Ceux et celles qui bénéficient du droit de vote, mais restent indifférents à l'exercice de la démocratie, je les invite à sortir de l'ombre et à accepter cette initiative, qui va certainement diminuer la violence psychologique et physique envers les femmes et les enfants.
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Engagez-vous, ne laissez pas la place à la peur qui engendre toujours la violence !
Mariela Muri-Guirales, Lausanne
Le retour de la prohibition
La prohibition sera toujours la plus pure expression politique de la bêtise. L'initiative dite «contre la violence des armes» en est une belle illustration.
Relevons d'abord la pernicieuse distorsion médiatique du débat, limité à la problématique de la détention des armes de service à domicile. Cette réduction autiste masque le véritable enjeu, qui est d'exclure qu'un citoyen puisse faire cette chose abominable, car contraire au dogme fascisant du politiquement correct : se défendre.
La législation actuelle fait la part du domaine public et de l'espace privé. Très logiquement, la loi traite différemment l'acquisition et la détention d'une arme à feu d'une part, son port dans l'espace public de l'autre. L'initiative abolit cette délimitation, étendant l'interdiction au domicile du citoyen, et niant par là même son caractère privatif. C'est dire si l'on peut parler de totalitarisme.
Autre aspect passé sous silence : l'incidence financière. La collecte d'armes acquises en toute légalité devrait idéalement, selon le président du comité d'initiative, aboutir à la remise forcée d'environ 800'000 armes. On ne peut imaginer qu'elles soient volées à leurs détenteurs. La loi d'application devra donc prévoir leur rachat. Si l'on part d'une estimation de 500 francs par unité, ce sont 400 millions qui grèveront les caisses publiques.
Dérive totalitaire, gouffre financier, stupidité foncière : cette initiative est calamiteuse.
Reste à espérer que le souverain la renverra dans les poubelles d'où elle n'aurait jamais dû suinter.
Georges Panchard, Villars-sur-Glâne
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UN DÉBAT ENTRE TRADITION ET MENSONGE
VOTATIONS - Walter Rosselli défend l'initiative contre la violence des armes.
L'initiative contre la violence des armes ne passera pas. Rassurez-vous, ce n'est pas un slogan contre l'initiative.
Désolé, c'est une constatation.
Au vu des rapports de forces entre les favorables et les opposants, on ne peut guère s'attendre à mieux. Comme de coutume, le débat s'est enlisé dans des sujets qui ont allègrement contourné la vraie question soulevée par l'initiative. La question est pourtant simple: des ménages civils (et civilisés) ont-ils besoin de détenir une arme militaire? La réponse, évidemment, est non.
Soit, oui à l'initiative.
Entre tradition et mensonge, le débat s'articule autour de thèmes aussi bateau qu'un soi-disant aspect historique de l'arme militaire à domicile et le fantasme pathétique de l'utilité d'être armé pour défendre son ménage, comme dans l'Ouest lointain. Les opposants oublient qu'il est interdit et punissable de faire usage de l'arme militaire en dehors des périodes de service, sauf pour des tirs militaires ou sportifs (et contrôlés). Exit l'argument du moyen privé de défense.
Quant aux périodes de service, le soldat suisse peut très bien retirer son arme à l'arsenal, à chaque cours de répétition, exactement comme il le fait avec tout le reste du matériel (le barda qu'on ramène chez soi n'étant pas destiné à être sali lors des exercices). Par ailleurs, a-t-on souvenir de quelqu'un qui a rapporté sa hallebarde chez soi ?
Puis il y a les sondages, faussement illusoires et nullement informatifs. Ils dissuadent un bon nombre de personnes peu enclines à glisser un bulletin dans l'urne,
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leur offrant une justification bon marché : elle passera même sans moi.
Les opposants, eux, se mobilisent, quels que soient l'enjeu et le pronostic des sondages.
Donc, au nom d'un peuple civilisé : «OUI» à l'initiative !
WALTER ROSSELLI, Saxon (VS)
CETTE INITIATIVE N'APPORTE RIEN À LA SÉCURITÉ
VOTATIONS - Jean-Louis Schopfer explique son opposition à l'initiative contre la violence des armes.
La sécurité est la responsabilité de l'État. C'est un droit régalien.
L'armée, la police, toutes les organisations apportant de l'aide lors de catastrophes naturelles ou accidentelles, sont solidaires et travaillent pour restaurer la sécurité et sauver les personnes.
L'initiative pour mettre les armes à l'arsenal n'apporte rien à la sécurité. Tout au plus cette initiative met des empêchements et des tracasseries au tir sportif.
Les mesures déjà prises sont dissuasives. Seuls les psys peuvent apporter une réponse à la violence et au désespoir de certaines personnes.
Alors de quoi s'agit-il ?
Après les précédentes initiatives contre l'armée qui ont échoué, est-ce une nouvelle stratégie de certains milieux qui veulent nuire à l'armée selon la technique de la tranche de saucisson ?
JEAN-LOUIS SCHOPFER, Aïre (GE)
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Opinions |
24 heures de Janvier à Février 2011
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Débat - Pour ou contre l'interdiction de garder son arme militaire chez soi ? |
POUR
Au moins cent vies par an pourraient être sauvées !
«L'expérience de l'Autriche montre que le nombre de suicides abaissé de 5% par an»
Comment éviter cent suicides : tel est l'objectif essentiel de l'initiative «Pour la protection face à la violence des armes», sur laquelle nous voterons le 13 février. Elle propose un article constitutionnel qui réglemente la possession d'armes à feu. Elle l'autorise pour les chasseurs et les sportifs qui justifient d'un besoin et d'une formation. En revanche, elle met un terme à la détention de l'arme à feu des militaires en dehors des périodes de service. Elle propose d'aligner la législation sur celle de la plupart des pays civilisés.
Pendant longtemps, la Finlande imposait la détention de l'arme militaire au domicile des miliciens, pour parer une invasion surprise par l'Union soviétique. Depuis la chute du mur de Berlin, elle a aboli cette règle: les armes de guerre sont stockées dans des arsenaux dûment sécurisés.
Il serait temps que la Suisse adopte la même attitude: le but de l'armée est d'assurer la sécurité de la population et de ne la mettre en danger sous aucun prétexte.
En effet, la première cause de mortalité des jeunes de 15 à 24 ans est le suicide, devant les accidents de la route. En 2004, il y eut 211 suicides de jeunes hommes entre 15 et 39 ans, dont 74 avec des armes militaires, contre 2 seulement avec d'autres armes à feu. Il n'y en a eu que 4 par des femmes. En 2008, pour toute la population, il y eut 1313 suicides, dont 239 par des armes à feu, répartis par moitié entre armes militaires et autres. Garder les armes de service dans les arsenaux permettra donc d'éviter au minimum une centaine de suicides par an. Car l'arme disponible au domicile constitue une tentation d'en finir d'un coup lors d'une impulsion suicidaire.
Certains soutiennent que le suicidaire trouvera d'autres moyens. Et, certes, ceux-ci doivent aussi être sécurisés: les ponts et passerelles le sont de plus en plus; la législation sur la délivrance de substances potentiellement létales par les pharmacies est très sévère. Mais l'expérience d'autres pays, par exemple l'Autriche, montre que depuis 1997, date de l'adoption d'un accès restreint aux armes à feu, le nombre de suicides par ce moyen a diminué de 5% chaque année sans que le recours aux autres moyens augmente. Une évolution analogue est en cours en Suisse : en 1998, 400 hommes se sont donné la mort par arme à feu, tandis qu'en 2008 ce nombre est réduit à 239 par suite du dépôt obligé des munitions depuis 2007, du dépôt facultatif des armes et de la diminution du nombre des miliciens.
L'initiative propose d'accompagner ce mouvement. Elle est soutenue par la FMH, Pro Familia, la Fédération des Eglises protestantes et maintes autres organisations. L'Office fédéral de la santé publique recommande de durcir la législation sur les armes, car «le fait de rendre plus difficile... l'accès à certaines méthodes... permet de réduire le taux de suicide». Cet avis autorisé ne peut qu'emporter la conviction.
© 24heures du vendredi 14 Janvier 2011
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CONTRE
L'initiative manque sa cible et désarme les militaires
«II s'agit de lutter autrement contre la violence domestique et les suicides»
L'initiative soutenue par le Parti socialiste et le Groupe pour une Suisse sans armée manque non seulement sa cible, mais surtout affaiblit notre défense nationale. II convient d'abord de rappeler que si la disponibilité des armes a un impact sur les homicides et suicides, il s'agit très majoritairement d'armes civiles ou illégales.
Les armes à feu elles-mêmes ne sont pas dangereuses sans le montage de la culasse, des munitions adaptées, une visée et enfin la pression par une personne sur la détente.
La volonté de désarmer les soldats suisses n'étonne pas de la part d'un parti et d'une organisation souhaitant abolir l'armée. On constate toutefois qu'ils préfèrent les punitions collectives indistinctes aux mesures efficaces, les attaques indirectes au débat franc. La remise par l'armée d'une arme aux soldats se justifie par un respect mutuel. Elle se déroule lors d'une cérémonie simple et digne. Retirer son arme à un soldat lorsqu'il n'est pas sous la surveillance d'un chef est inacceptable. Cela revient à rompre la confiance qui doit exister en tout temps entre la hiérarchie et les subordonnés, entre le pays et ceux dont on attend, le cas échéant, le sacrifice de leur vie. Le modèle du citoyen-soldat, certes écorné actuellement, reste le meilleur garant de la réserve stratégique de sécurité que constitue une armée pour la Suisse.
Un état véritablement démocratique fait confiance à ses citoyens et se construit sur leur propre responsabilité. Cela le différencie des systèmes totalitaires.
L'initiative, si elle était acceptée, impliquerait l'aller-retour des armes entre les arsenaux et les militaires en service. II en coûterait des millions à l'administration et aux particuliers, sans compter les trajets inutiles et la paperasserie inévitable dans ce genre de situation.
Sur le plan sensible des suicides et surtout des violences conjugales, la législation actuelle, adaptée récemment, permet déjà de retirer l'arme à un soldat à titre préventif, notamment lorsqu'il s'abaisse à menacer une femme ou un enfant. C'est par des mesures réalistes, précises, qu'on peut espérer lutter contre ces fléaux et non en détournant des émotions légitimes vers des buts idéologiques éloignés.
Sur le plan vaudois, l'initiative mettrait fin à la tradition séculaire des abbayes. L'impossibilité d'utiliser hors service une arme militaire rendrait quasi impossible la perpétuation de cette activité sportive et patriotique. Des institutions, que les Bernois n'avaient pas supprimées, disparaîtraient sans coup férir.
En résumé, l'initiative nuit à la sécurité militaire du pays, encourage la bureaucratie, engendre des coûts directs et indirects importants, et surtout ne lutte pas sérieusement contre la violence domestique et les suicides. Elle doit être rejetée pour des motifs citoyens et militaires.
© 24heures du vendredi 14 Janvier 2011
* Abbé-président de l'Abbaye du Cordon vert et blanc, Cercle de Saint-Saphorin, capitaine
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Réflexions
Les armes à l'arsenal, le bon sens dans les urnes !
«Je dois bien déclarer mon chien, pourtant moins dangereux qu'une arme à feu»
La Suisse a le nombre le plus élevé d'armes à feu pour 100'000 habitants en Europe. Nous détenons un autre record européen, dont nous ne devrions pas être très fiers, celui du nombre de suicides par arme à feu pour 100'000 habitants. Ce taux est trois fois supérieur à la moyenne du continent. C'est même la première cause de mortalité chez les jeunes hommes en Suisse.
L'arme militaire est impliquée dans plus de 40% des suicides et des homicides. Plusieurs expériences montrent que, lorsque l'on diminue l'accessibilité aux armes, on diminue le nombre de morts. D'ailleurs, le message du Conseil fédéral sur cette question est clair : «Une limitation de la disponibilité des armes à feu contribue à la diminution du taux de suicide... Il est en effet prouvé que les instruments ou méthodes de suicide ne sont pas interchangeables.»
L'initiative populaire demande simplement que les personnes qui possèdent une arme la déclarent afin de pouvoir mettre en place un registre national. Le but de l'initiative est de diminuer le nombre d'armes inutiles, tout en garantissant le droit de posséder des armes pour les tireurs sportifs, chasseurs, collectionneurs et professionnels. Ce n'est quand même pas une restriction insurmontable. Pour ma part, je dois bien déclarer mon chien, qui est moins dangereux qu'une arme à feu. L'initiative demande également qu'en dehors des périodes de service militaire l'arme soit conservée à l'arsenal. Aujourd'hui déjà, les recrues ne peuvent plus avoir de munition. C'est bien la preuve que le fusil n'est plus utile pour des raisons militaires. De plus, ce fusil, qui devrait être conservé dans une armoire sous clé avec la culasse démontée, se trouve bien souvent à la cave ou au grenier sans autre protection. On ne peut pas, juste au nom d'une tradition, maintenir des fusils à la portée du premier voleur venu. Le vol ou la perte de plus de 400 armes, chaque année en Suisse, montrent que ces dernières ne sont pas conservées de manière correcte.
Elles permettent d'alimenter le marché noir des armes et donc les criminels. Ces fusils mettent en danger non seulement les citoyens, mais également nos policiers, qui ne savent jamais ce qu'ils vont trouver derrière les portes lors de leurs interventions.
Alors que le nombre de décès par arme à feu est le même que le nombre de morts sur la route, on peut s'étonner de voir autant de mesures pour améliorer la sécurité routière et diminuer le nombre de victimes, mais si peu pour réduire celui des personnes tuées par arme à feu. L'initiative permettra une meilleure prévention. Cette initiative est d'autant plus raisonnable qu'elle ne touche ni les sportifs, ni les collectionneurs, ni les chasseurs, ni évidemment les professionnels dont l'activité impose de disposer d'une arme.
Le 13 février, je voterai oui en me disant que, si l'on avait agi plus tôt, on aurait très certainement évité bien des morts et bien des familles détruites.
© 24heures du vendredi 31 Janvier 2011 et Isabelle Chevalley - Députée Vert'libérale
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CONTRE
Le devoir de protéger et la liberté
Editorial "Le Temps" du mardi 25 janvier 2011
par Pierre Veya
«Il existe de nobles raisons qui plaident en faveur de l'initiative populaire»
Il existe de nobles raisons qui plaident en faveur de l'initiative populaire «Pour la protection face à la violence des armes». Protéger les individus contre le risque de mort immédiat que toute arme à feu répand est légitime dans une société qui mesure son degré de civilisation au respect de la vie. Par tradition, beaucoup de fusils et autres pistolets circulent dans ce pays et sans doute cette cohabitation influence-t-elle un certain nombre de meurtres ou suicides, bien qu'il soit très difficile d'établir des liens de cause à effet irréfutables. Mais il est vrai et incontestable que les armes à feu présentent un danger et une tentation pour des hommes et femmes en détresse.
Il existe également de bonnes raisons d'obliger les militaires à déposer l'arme de service à l'arsenal. Nous ne vivons plus à l'ère de la Guerre froide et de la mobilisation générale fantasmée au siècle dernier. D'ailleurs, le Conseil fédéral l'a reconnu, en exigeant la confiscation des munitions, acte imparfait et révélateur du malaise politique et du non-dit militaire. Le concept de miliciens armés à domicile incarne un reliquat désuet de l'histoire. Il perpétue le mythe et nous détourne d'une vraie réforme militaire qui reste à accomplir. Enfin, les collectionneurs et sportifs peuvent prétendre à des dérogations que personne ne leur conteste vraiment.
Mais il existe aussi des arguments contraires et convaincants qui plaident pour le rejet de l'initiative. Il s'agit de la liberté et de la responsabilité individuelles, que l'on veut restreindre au nom de la sécurité. L'initiative met entre parenthèses la confiance que l'on accorde a priori aux individus. Le fait qu'une immense majorité des détenteurs d'armes à feu sont des êtres raisonnables et responsables, du moins si l'on se réfère aux statistiques, ne suffit plus à rassurer une société qui vise le risque zéro et tolère de moins en moins l'idée de la déraison humaine.
Peut-être l'attrait pour les armes fait-il partie des passions malsaines mais que dire d'une société qui de plus en plus bascule de la restriction vers l'interdiction quasi totale? Si la liberté absolue ne peut exister, y attenter doit être pesé en conscience.
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Autres articles et lettres
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LE COURRIER du vendredi 28 Janvier 2011
L'arme à l'oeil
Editorial
MICHAËL RODRIGUEZ
ARMES - Les armes à feu privées ont la cote en Suisse. Leur nombre atteint 2,3 à 3,4 millions selon les estimations, ce qui équivaut à une moyenne de six à dix flingues pour dix ménages. Les fusils militaires, qui constituent la grande partie de cet arsenal privé, sont au mieux couverts de poussière, dans l'attente chimérique d'une mobilisation générale. Au pire, ils alimentent le commerce d'armes, le banditisme ou les velléités violentes de tyrans domestiques et autres shérifs de quartier.
L'initiative «Pour la protection face à la violence des armes», soumise au vote le 13 février prochain, veut mettre un peu d'ordre dans ce secteur. Pour avoir le droit d'acquérir une arme à feu, il faudrait désormais justifier un besoin et des capacités nécessaires. Un registre national des armes serait créé, alors qu'à l'heure actuelle les cantons tiennent tous leur propre fichier. L'initiative, lancée par le Parti socialiste suisse, demande enfin que l'arme militaire soit déposée à l'arsenal, et non plus au domicile du soldat.
Plus personne, ou presque, n'ose défendre sérieusement l'opportunité militaire du maintien du fusil d'assaut à la maison. Cette pratique ne répond à aucune menace réelle ni aux modalités contemporaines de la guerre. La larme à l'oeil, les opposants à l'initiative en sont donc réduits à faire appel à la liturgie patriotique, en présentant la possession d'une arme à feu comme une "tradition" et une "valeur" suisses. Cette tradition n'est pas si ancienne : sous sa forme actuelle, elle remonte à la fin du XIXe siècle. Et c'est une tradition dangereuse. En permettant aux anciens soldats d'acquérir leur fusil d'assaut pour une bouchée de pain puis de le revendre à leur guise, les autorités fédérales ont favorisé une circulation incontrôlée d'armes à feu.
Malheureusement, la campagne des opposants est assez en phase avec le climat politique. Car s'il n'y a plus d'armée ennemie aux portes de la Suisse, une mentalité d'assiégés continue à y régner. Les épouvantails censés menacer le pays ont pour noms Union européenne, droit international, immigration ou encore islam.
Certes, personne n'appelle à faire parler la poudre dans ces campagnes-là. Mais sur le plan symbolique, l'arme à la maison sert à véhiculer l'image d'un petit pays défendant son indépendance face aux puissants.
Un mythe très commode, puisqu'il permet de masquer les injustices de classes sévissant en Suisse. Si c'est cette "valeur"-là qui est menacée par l'initiative, alors tant mieux. Pour les armes non militaires, le durcissement de la législation est aussi bienvenu.
Certes, il ne sera guère aisé de définir le "besoin" d'acquérir une arme. L'exigence d'une licence et la création d'un registre national sont en revanche des mesures raisonnables et facilement applicables. Entre 1995 et 2007, la Suisse a enregistré en moyenne annuelle 390 morts par arme à feu, dont l'immense majorité étaient des suicides. On pourra toujours ergoter sur l'ampleur des effets de l'initiative sur la fréquence de ces drames. Reste que la présence massive d'armes à feu est bien plus une menace qu'une protection.
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Arme à la maison : quand l'histoire tord le cou au mythe
MICHAËL RODRIGUEZ
L'arme à domicile, mythe autant que tradition
VOTATION - Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que le système de l'arme à la maison a été généralisé. Une pratique devenue obsolète sur le plan militaire.
Les opposants à l'initiative «Pour la protection face à la violence des armes» combattent la suppression de l'arme à domicile au nom d'une "tradition" helvétique. Leurs affiches font appel à des symboles tels que Guillaume Tell ou la Fête nationale. Pourtant, le système du fusil d'assaut à la maison n'est pas si ancien, puisqu'il n'a été généralisé qu'à la fin du XIXe siècle. En 1890, un essai de distribution de munitions à certaines troupes avait déjà suscité la polémique à la suite de suicides et de meurtres. Décryptage historique à l'approche de la votation du 13 février.
La Suisse est l'un des pays au monde qui comptent le plus d'armes à feu privées : 2,3 millions selon les estimations officielles. Dans une étude publiée en 2007, le Small Arms Survey, une unité de recherche indépendante basée à l'Institut de hautes études internationales et du développement (HEID) à Genève, a avancé une fourchette de 2,3 à 3,4 millions. Cela représente un taux de 31 à 46 armes pour 100 habitants. Un chiffre qui place la Suisse en quatrième position mondiale, après les États-Unis, le Yémen et la Finlande.
Armes disséminées
Cet arsenal privé s'est constitué au fil de décennies de domination du concept de "citoyen soldat". Sur les 2,3 millions d'armes mentionnées par les autorités, 1,5 million seraient des fusils d'assaut distribués à d'anciens soldats et dont on a le plus souvent perdu la trace. Ils ont pu passer allégrement de main en main, la vente d'armes entre particuliers ne faisant l'objet d'un (faible) contrôle que depuis 2004.
L'initiative «Pour la protection face à la violence des armes», soumise au vote le 13 février, demande qu'à l'avenir les armes militaires soient stockées dans les arsenaux. Elle veut aussi durcir les conditions d'acquisition des autres armes et les répertorier dans un registre national. À en croire les opposants à l'initiative, la possession d'armes ferait partie de "valeurs" et de "traditions" suisses dignes d'être défendues. Leurs affiches font appel à des symboles tels que Guillaume Tell ou la Fête nationale. Des éléments d'une liturgie patriotique qui n'a rien de très ancien, puisqu'elle a été façonnée au cours du XIXe siècle pour renforcer le sentiment national.
Mercenaires à la pointe
Le rapport singulier des anciens Confédérés à l'arme a certes commencé à se construire bien avant, mais il ne colle pas toujours à l'image d'Epinal du peuple de montagnards défendant son indépendance face aux puissants. Comme le rappelle Hans-Ulrich Jost, professeur honoraire d'histoire contemporaine à l'université de Lausanne, la possession d'armes s'est considérablement popularisée avec le développement du mercenariat. «Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, on estime à 1,2 million le nombre de Confédérés qui se sont engagés comme mercenaires à l'étranger. L'arme était donc un outil de travail et le début de l'enrichissement pour une partie des Suisses. Le mercenariat a constitué jusqu'à 40% du budget des cantons.» Pour Rudolf Jaun, professeur à l'Académie militaire de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, l'idée d'armer le peuple remonte au début du XVIIIe siècle. Les Bernois, qui régnaient alors sur un territoire allant du lac Léman au Rhin, redoutaient un assaut de Louis XIV sur Neuchâtel. «Les jeunes hommes qui voulaient se marier devaient s'équiper d'une arme à feu, relate Rudolf Jaun. Cela permettait aux autorités bernoises de faire d'une pierre deux coups, en empêchant les pauvres de se marier.» Certains cantons, comme Zurich, Soleure et Zoug, ont emboîté le pas à Berne. Tel n'a pas été le cas de la Suisse primitive, contrairement à ce que le mythe aurait pu laisser croire.
Polémique en 1890
La généralisation du système de l'arme à domicile date de la fin du XIXe siècle. C'est à cette période là que le service militaire obligatoire devient réalité, et que les soldats reçoivent gratuitement leur équipement. Avec fusil, mais sans munitions. «En 1890, un essai a été fait de distribuer des munitions à des troupes opérant à la frontière, mais cela a causé des problèmes similaires à ceux que l'on connaît actuellement: meurtres, suicides, menaces», décrit Rudolf Jaun.
Les munitions sont intégrées à la panoplie du soldat en 1940, à la suite de l'invasion de la France par l'armée allemande. Cette mesure est supprimée en 1945 par le général Guisan, avant d'être rétablie pendant la guerre de Corée, en 1951. La distribution de munitions aux soldats, qui perdurera jusqu'en 2007, est donc un héritage de la guerre froide. De l'avis quasi unanime, le système de l'arme à domicile n'a, sur le plan militaire, plus aucun sens. Il répond à une logique de mobilisation depuis longtemps dépassée, à la fois sur les plans technique et territorial. Pourquoi la relégation des fusil d'assaut dans les arsenaux suscite-t-elle encore une telle levée de boucliers? «Pour la droite, c'est un moyen de renforcer le sentiment de patriotisme, un capital symbolique qu'il faut soigner, relève Hans-Ulrich Jost. Quand la cavalerie avait été abolie, cela avait déjà fait tout un scandale.» L'historien pointe également une «attitude de "Rambo" présente dans une partie de la population, qui conçoit le fusil comme un attribut de la virilité.» I
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lettre d'un lecteur particulier qui donne le ton des opposants !
le mardi 8 février 2011
EXPLOSION DU MARCHÉ NOIR
INITIATIVE ARMES - Frank Leutenegger réagit à l'éditorial de Michaël Rodriguez du 28 janvier.
L'arme du soldat suisse est une tradition qui remonte au XVIIe et pas au XIXe siècle. Ce n'est qu'à ce moment, je vous le concède, que la Confédération a commencé à donner ses armes. Avant, c'était au soldat de les fournir.
Quant à la revente de Vetterli, de fusils longs et de mousquetons, elle n'a jusqu'ici que fort peu pesé sur la sécurité publique. En revanche, attendez vous, si l'initiative passe, à l'explosion du marché noir! Au lieu de mousquetons dans les brocantes, on trouvera des Kalachnikov dans les rues basses de Lausanne et de Genève. Certes, ce sera plus cher, mais la clientèle ne sera plus la même.
FRANK LEUTENEGGER, Oron-le-Châtel (VD)
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du lundi 7 février 2011 Suisse pg.4
Faut-il mieux contrôler les armes ?
Dernier duel avant le vote populaire
Débat entre Maria Roth-Bernasconi, favorable à l'initiative, et Oskar Freysinger, qui y est opposé
Judith Mayencourt et Romain Clivaz Berne
Selon le dernier sondage, l'initiative perd du terrain. Sa cote n'a cessé de baisser au cours de la campagne. Maria Roth-Bernasconi, avez-vous raté celle-ci ?
Maria Roth-Bernasconi Rien n'est encore perdu. Je vous rappelle qu'il y a la marge d'erreur des sondages. Nous faisons une campagne juste, avec nettement moins de moyens que nos adversaires. J'espère que les femmes, qui sont encore majoritairement pour ce texte, vont se mobiliser. Elles doivent avoir conscience qu'il en va de leur avenir. Nous avons encore de l'avance et je garde bon espoir que nous inversions la tendance à la baisse.
Oskar Freysinger La campagne des partisans est un échec car elle est mensongère. Quand les gens voient l'affiche avec un nounours troué par une balle avec du sang qui coule, ils savent que dans la réalité il en sort de la sciure de bois! Reprocher à l'UDC de faire des campagnes émotionnelles me fait rire quand je vois les symboles utilisés dans cette votation. C'est le sommet de la dérive émotionnelle. Par chance, nos concitoyens réfléchissent aux conséquences concrètes de ce texte. Si on compte 1,5 million d'armes à récolter, dont certaines de collection qui ont une grande valeur, l'association Swissguns a estimé à 1,3 milliard le coût de cette expropriation. Un tiers des armes de collection devraient être rendues. Avec, en fin de compte, une facture payée par le contribuable.
M.R-B. C'est un mensonge! Vous savez très bien que des exceptions sont prévues pour les collectionneurs. Nous voulons un changement de paradigme. Aujourd'hui, tout le monde peut garder une arme. Demain, nous souhaitons que les propriétaires démontrent qu'ils en ont besoin. Les tireurs et les chasseurs n'ont donc pas à s'inquiéter. Par ailleurs, je vous rappelle qu'une arme est faite pour tuer, et qu'il y a chaque année des victimes, notamment par le biais d'armes d'ordonnance. Je trouve indécent d'avancer l'argument financier.
O.F. Alors il faut aussi s'attaquer aux armes illégales, qui sont largement surreprésentées lors de délits. Vous ratez votre cible.
Oskar Freysinger, votre principal argument est celui de l'autodéfense. N'est-ce pas un concept digne des westerns, qui n'a rien à voir avec la culture suisse ?
O.F. Absolument pas. L'insécurité augmente. Les frontières sont poreuses en raison de l'entrée dans l'espace Schengen. Pourtant, la seule réponse de la gauche à nos concitoyens est qu'en plus de cela on va leur enlever leurs armes, militaires ou privées. Au diable le lien de confiance entre l'état et les citoyens! Les dictatures sont les premières à désarmer leurs citoyens car l'arme, c'est le pouvoir. Pour éviter un basculement dans un état totalitaire, mieux vaut donc laisser les armes au peuple, car, en Suisse, le peuple a aussi une part du pouvoir.
M.R.-B. Dire que seules les dictatures privent leurs citoyens d'armes; c'est faire insulte à tous nos voisins qui se sont efforcés de remettre les armes dans des arsenaux. L'autodéfense n'est vraiment pas le meilleur moyen pour éviter d'être attaqué. Les armes sont un facteur d'insécurité à la maison, et favorisent les actes déraisonnables. Cela est arrivé à des personnes sans antécédents judiciaires mais qui pètent tout simplement les plombs. Sans compter qu'une arme met particulièrement les femmes sous pression. Avoir une arme sous le lit est perçu comme une menace.
O.F. Je peux vous rassurer, ce n'est pas le cas de mon épouse. Je suis persuadé que si le rentier qui s'est fait tabasser à mort à Epalinges avait été en possession d'une arme, il aurait pu sauver sa peau. Il faut arrêter de dire qu'en Suisse les armes représentent un vrai danger. Je préfère des vivants illégaux, qui, font usage de leur arme, à des morts légaux. Aux états-Unis, il y a 57 homicides par million d'habitants, au Canada 20 et en Suisse 6,6. Cela démontre que la Suisse est un pays très pacifique.
M.R-B. Mais il y atout de même un problème. Des gens se font tuer par des armes à feu aujourd'hui en Suisse, et chaque mort est un mort de trop! On ne compte plus les drames familiaux.
O.F. Mon expérience démontre qu'avoir une arme peut aussi protéger des familles. Suite à l'incendie de ma maison en 2002 j'ai une arme sous mon lit à cet effet. Cette attaque a été revendiquée par un groupe d'extrémistes de gauche d'Olten. Sachez qu'on ne donne pas une arme à n'importe qui: j'ai dû notamment produire un certificat de bonnes moeurs et avoir un casier judiciaire vierge.
M.R-B. Il n'empêche que le mari de Corinne Rey-Bellet, un homme en apparence tout à fait stable, a commis l'irréparable. À cela s'ajoute la question des suicides. Les études montrent le lien clair entre les suicides, ou les drames familiaux, et le nombre d'armes à disposition.
O.F. Une statistique démontre aussi qu'il y a beaucoup plus de suicides par noyade au bord d'une rivière que dans le désert. Ce genre d'argument est idiot.
M.R-B. Que le passage à l'acte soit facilité par la présence d'une arme n'est pas contesté. Quoi que vous en disiez.
Madame Roth-Bernasconi, il est reproché au PS d'utiliser ce vote pour faire un premier pas vers son objectif stratégique : l'abolition de l'armée. Mauvais procès ?
M.R-B. Cet argument nous a été servi régulièrement. Dans les cantons de campagne, cela a peut-être eu une influence. Mais l'arme à la maison n'a rien à voir avec l'armée. Il n'en va pas de la sécurité nationale, mais de la sécurité domestique. Le PS s'est toujours opposé à la violence contre les plus faibles - les femmes, etc. Pour mémoire, l'initiative a été lancée à la suite de drames avec des armes militaires. Le mythe du citoyen soldat allant défendre le pays avec son arme à la maison est complètement dépassé.
O.F. Mais on a enlevé la munition aux militaires. Ce problème est donc réglé! Vous enfoncez des portes ouvertes. Nos concitoyens ne sont pas dupes. Quand le Groupe pour une Suisse sans armée et le PS font cause commune, tout est clair: le texte va porter un coup fatal à la défense nationale. C'est pour cela que vous allez perdre.
Que restera-t-il de ce débat ?
M.R.-B. L'initiative a permis de changer les lois dans le bon sens: la munition des militaires reste par exemple à l'arsenal. Ceux qui le veulent peuvent également y déposer leur arme.
O.F. Il est effectivement positif d'avoir pris des mesures dans ces domaines. Pour la suite, la mise en réseau des registres cantonaux sera une bonne chose. Un renforcement des contrôles avant d'autoriser la possession d'une arme est certainement possible. L'armée a par exemple fait d'énormes progrès en la matière.
Avec la discussion sur l'autodéfense, n'a-t-on pas légitimé le recours à l'arme ?
M.R.-B. J'espère que non! Ce n'était pas le but de notre initiative. Invoquer l'autodéfense démontre de manière inquiétante un manque de confiance dans l'État et la police.
O.F. C'est faux. Ce que nos concitoyens ne veulent pas, c'est la suspicion généralisée. Ils tiennent à l'armée de milice. Ils font confiance aux tireurs et aux collectionneurs, ainsi qu'à l'état, lorsqu'il permet d'avoir une arme. L'état leur fait confiance pour une gestion responsable. Pourquoi changer un système quand il y a si peu de problèmes ?
Bras de fer entre la socialiste genevoise Maria Roth-Bernasconi
et l'UDC valaisan Oskar Freysinger.
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LE TEMPS du mercredi 26 janvier 2011
Votation armes
Rendre l'arme ?
Le peuple votera le 13 février sur l'initiative «Pour la protection face à la violence des armes», visant à rendre obligatoire l'entreposage des armes d'ordonnance à l'arsenal, et interdire la conservation des fusils d'assaut après la fin de l'obligation militaire. La Suisse est un des pays les plus armés au monde, et pour beaucoup, l'éventuelle disparition de la traditionnelle arme d'ordonnance à la maison touche à l'identité. Si louable soit-elle, l'initiative soumise votation serait inefficace.
Le débat
Les termes de l'initiative fédérale populaire
Les initiants veulent en finir avec la tradition du fusil d'assaut dans le placard. Ils revendiquent aussi la création d'un registre national et prônent l'interdiction de la détention d'armes à feu automatiques et de fusils à pompe à titre privé ainsi qu'une définition plus stricte du permis de port d'arme. (Le texte de l'initiative). En outre est prévu que «quiconque entend acquérir, posséder, porter, utiliser ou remettre une arme à feu ou des munitions doit justifier d'un besoin et disposer des capacités nécessaires».
Les arguments émotionnels s'inviteront inévitablement dans la campagne. Déposée en 2009, l'initiative elle-même découle de faits divers impliquant des fusils de l'armée.
Le Conseil fédéral, qui a procédé à l'examen de l'initiative, la rejette sans contre-projet.
«Je déplore chaque utilisation abusive d'arme et chaque accident survenu avec une arme. Je connais ce genre de situations de par mon travail dans un foyer d'accueil pour femmes victimes de violences dans les années 80. Je vais tout mettre en œuvre pour que la législation sur les armes continue à être renforcée et pour que la lutte contre leur usage abusif s'intensifie», a tenté d'expliquer la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. «Mais depuis le lancement de l'initiative, beaucoup de progrès a déjà été fait.»
La législation sur les armes et le droit militaire ont été renforcés: depuis 2008, les membres de l'armée ne peuvent par exemple plus garder de munitions à domicile et les armes peuvent être déposées sur une base volontaire à l'arsenal depuis le début de l'année. Six cent vingt-cinq l'ont été depuis janvier; parfois sous l'impulsion des femmes.
>> Des Suisses et des armes (25.01.2011).
Le peuple dira le 13 février si les soldats pourront garder leur arme à la maison. Retour sur une tradition moins ancienne qu'on ne le pense...
Des millions d'armes et tant de questions (21.01.2011) :
Combien y en a-t-il en Suisse? Quel genre de permis faut-il avoir pour en acquérir? Qui n'a pas le droit d'en posséder? Le tour du dossier en quelques questions
>> La bataille autour des armes est lancée (07.12.2010)
La conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga a lancé la campagne du Conseil fédéral contre l'initiative défendue par son parti.
Les forces en jeu
Les initiants
L'initiative est notamment soutenue par le PS, les Verts, plusieurs partis de jeunes, les syndicats, le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA), des organisations pour la paix ou féminines, les Eglises et des associations de prévention du suicide. Ses partisans devront faire face, outre au rejet recommandé par le Conseil fédéral, le PDC, le PLR et l'UDC, au puissant lobby des armes.
>> Martin Killias, l'homme qui veut désarmer les Suisses (17.01.2011)
Le plus célèbre professeur de droit pénal de Suisse plaide depuis des années pour le retour du fusil à l'arsenal
>> Les tireurs suisses sur la défensive (15.01.2011)
L'initiative sur les armes provoque une grosse inquiétude dans les stands de tir, dont le nombre et la fréquentation ont déjà bien baissé.
>> Le forcené de Zoug avait le même genre d'antécédents que celui qui a tué en Arizona (11.01.2011).
Josef Lang, conseiller national (Verts/ZG), revient sur le drame américain et la tuerie de Zoug de 2001, dont il a échappé de justesse.
>> Les femmes pourraient faire la différence (04.01.2011)
Judith Giovannelli-Blocher, sœur de l'ancien conseiller fédéral, fait partie de celles qui militent en faveur de l'initiative.
>> Une arme dans un foyer sur trois (14.12.2010)
Les armes à feu sont impliquées dans un quart des suicides en Suisse, rappelle une coalition d'organisations qui milite pour un registre central et pour le dépôt des armes militaires à l'arsenal.
Le criminologue Martin Killias, celui qui a probablement le plus étudié la question, est aussi un partisan déclaré de l'initiative. Un texte qui répond au vœu qu'il émet depuis plusieurs années en répétant que les armes sont dangereuses là où elles se trouvent. La clé de toute politique visant à en limiter la dangerosité passe donc, dans la perspective de Martin Killias, par une réduction de l'offre.
Une partie du chemin est faite, pense le criminologue. Il l'a écrit dans Le Temps jeudi: "En réalité, le processus de redimensionnement de l'armée a eu pour conséquence de réduire drastiquement l'accès aux armes à feu pour les hommes de 20 à 50 ans, ce qui se traduit par une chute du nombre des suicides non seulement par balle, mais aussi dans leur ensemble. Pour la même raison, les homicides par balle ont diminué, sans que d'autres types d'homicides aient augmenté pour autant.»
Si le fusil d'assaut ou le pistolet d'ordonnance n'est plus à la maison, «il est clair que le nombre de suicides par arme à feu va baisser», dit Romano La Harpe. Pour autant, le scientifique qu'il est ne peut assurer que le nombre global de suicides régressera également.
Les opposants
De son côté, le comité interpartis contre l'initiative a dénoncé un texte qui «anéantit la sécurité dans notre pays, encourage la bureaucratie, engendre des coûts se chiffrant par millions à la charge des contribuables et ne lutte pas contre les causes réelles de la violence domestique et des suicides».
>> Problème des armes illégales non résolu. Réaction des opposants (11.01.2011)
Des opposants à l'initiative réagissent à la tuerie de l'Arizona.
>> Contre l'initiative sur les armes, un appel aux "valeurs suisses" (05.01.2011)
Un comité interpartis, composé de représentants de l'UDC, du PLR, du PDC et du PBD, démonte les arguments des initiants.
>> Les pro-armes sortent leurs munitions (04.01.2011)
Une affiche qui émane d'un comité dirigé par le conseiller national UDC Ulrich Schlüer pointe du doigt les étrangers criminels. L'UDC en prépare d'autres. Sur Internet, les organisations de défense des détenteurs d'armes se montrent très actives.
Contre l'initiative sur les armes, un appel aux "valeurs suisses"
Pour la conseillère nationale Martine Brunschwig Graf (PLR/GE), l'initiative n'offre pas de protection concernant de tels événements. Elle aussi rappelle que «80% des actes de violence avec arme à feu sont commis avec des armes possédées illégalement». Elle ajoute que la législation suisse «permet et exige de veiller à ce que les personnes fragiles psychiquement ne soient pas en possession d'armes à feu, y compris par des décisions de retrait. J'ai moi-même été amenée à le faire comme responsable des Affaires militaires à Genève.»
"Confiance", "liberté", "respect", "valeurs" sont des termes qui ont souvent été répétés lors de la conférence de presse. Pour Martine Brunschwig Graf (PLR/GE), l'initiative engendre «une dangereuse pseudo-sécurité et porte atteinte à l'avenir de la conception libérale de notre société».
Elle a illustré ses propos par une citation de Benjamin Franklin, président des Etats-Unis au XVIIIe siècle, qui a dit : «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux». Hans Grunder, le président du PBD, a lui déclaré qu'un des buts des initiants, parmi lesquels figurent le PS et le Groupe pour une Suisse sans armée, était d'aboutir à la suppression de l'armée.
Opinions
Duel d'experts sur la dangerosité des armes (26.01.2011)
En exclusivité pour Le Temps, Martin Killias et Dimitry Queloz livrent leurs analyses - divergentes - du risque que font courir les armes à feu à la maison
L'initiative sur les armes est une dangereuse illusion, selon Jan Krepelka, directeur de l'Institut "Laissez-faire"
© LE TEMPS
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et pour finir...
Les premières réactions |
24heures du 13 février 2011
VOTATION ARMES
Le refus de l'initiative pour la protection contre la violence des armes réjouit la Société suisse des officiers. Pour son président Hans Schatzmann, c'est un vote «pour l'armée et en faveur du monde du tir en Suisse».
Le renforcement des dispositions légales intervenues ces dernières années a contribué à ce refus, estime Hans Schatzmann. «Ces mesures ont amélioré la sécurité.» Ainsi, l'argument des auteurs de l'initiative, qui estiment que cette dernière aurait renforcé la sécurité, n'a visiblement pas convaincu le souverain.
La Fédération des médecins suisses (FMH) regrette le rejet de l'initiative sur les armes, qu'elle considérait comme un enjeu important de santé publique. Mais son président Jacques de Haller pense que les mentalités ont besoin de temps pour évoluer. «Tout ce qui peut servir à la prévention est un pas important qu'on aurait aimé franchir aujourd'hui», a dit le président de la FMH.
«J'espère bien que le débat a été lancé», a-t-il ajouté. Jacques de Haller pense que le peuple était conscient qu'il fallait agir, puisque les premiers sondages pronostiquaient le «OUI». «Mais les gens ont eu soudain peur de leur propre audace».
Le président de la FMH affiche sa confiance : «je pense que d'ici quelque temps, on pourra reprendre cette question, car ces choses doivent mûrir.»
J'espère bien que le débat a été lancé, a-t-il ajouté. Jacques de Haller pense que le peuple était conscient qu'il fallait agir, puisque les premiers sondages pronostiquaient le "oui". «Mais les gens ont eu soudain peur de leur propre audace».
Pour la conseillère nationale Sylvie Perrinjaquet (PLR/NE), membre du comité contre l'initiative sur les armes, les électeurs ont su faire la part des choses entre les violences domestiques et l'interdiction des armes. «Chaque Suisse se sent concerné par l'arme qu'il a chez lui».
Pour le conseiller national Jakob Büchler (UDC/SG), «le peuple suisse ne se laisse pas désarmer». Le co-président du comité contre l'initiative se réjouit surtout que le refus du texte dans les cantons soit aussi net. Ce résultat montre qu'il existe en Suisse une tradition concernant les armes et une confiance envers le peuple.
Pour Hermann Suter, vice-président de ProTell, principal lobby des armes, l'armée de milice n'est pas un concept dépassé «...car c'est le seul que la Suisse puisse financer, le seul qui soit vraiment utile, car chaque citoyen doit faire preuve de responsabilité. Le fait d'avoir une arme à disposition reste important. Un vrai soldat, c'est un soldat avec une arme et de la munition.»
Pour lui, «...une nation sans armée est perdue. Une majorité de la population a reconnu que cette initiative était contre l'armée de milice. C'est une gifle pour le GSsA et le Parti socialiste qui veulent détruire cette armée.»
© 24heures
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Au fait, avons-nous encore une conscience ?
À lire les commentaires de ce Hermann Suter (Pro-Tell), j'ai les plus grosses craintes quant à l'utilisation de l'armée en Suisse pour casser les grèves, réprimer les mouvements sociaux, inculquer aux jeunes le respect du nationalisme patriotique armé et nous forcer de nous renfermer sur les valeurs du 13ième siècle où on clouait les enfants contre les portes des granges pour convaincre les parents paysans de ne pas râler contre leur prince ou leur seigneur... entre autre les Habsbourgs qui était une famille bien suisse !
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Les résultats dans les cantons
Cantons | Oui en % | Non en % |
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Argovie | | 61.4 |
Appenzell Rhodes intérieures | | 72.3 |
Appenzell Rhodes extérieures | | 56.3 |
Berne | | 59.4 |
Bâle Campagne | | 54.8 |
Bâle Ville | 58.9 | |
Fribourg | | 58.9 |
Genève | 62.0 | |
Glaris | | 69.9 |
Grisons | | 65.0 |
Jura | 53.2 | |
Lucerne | | 60.1 |
Neuchâtel | 53.2 | |
Nidwald | | 68.8 |
Obwald | | 71.9 |
Saint-Gall | | 60.8 |
Schaffhouse | | 64,6 |
Soleure | | 64.9 |
Schwytz | | 70.9 |
Thurgovie | | 65.5 |
Tessin | | 63.5 |
Uri | | 70.6 |
Vaud | 53.7 | |
Valais | | 61.9 |
Zoug | | 70.9 |
Zurich | 50.4 | |
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Total | 6 cantons | 20 cantons |
en % | 43.7% | 56.3% |
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