Revue de presse

Lettres de Lecteurs et articles dans les 24 Heures, Le Courrier, Le Temps, etc...

concernant la campagne de l'initiative fédérale :
«pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre»
pour la votation du 29 novembre 2009

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19COURRIER DES LECTEURS24 HEURES
LUNDI 9 NOVEMBRE 2009


Pilatus



MATÉRIEL DE GUERRE
Fermer des entreprises en pleine crise ?

Il est totalement incompréhensible qu'une initiative populaire nous propose de supprimer des milliers d'emplois, en pleine crise économique en plus. Les entreprises qui produisent du matériel de guerre fabriquent également des produits civils. Leur couper une partie de leurs activités les mettra à genoux et ce seront les employés qui paieront les pots cassés. En plus, que ferions-nous en cas de problème si nous ne gardons pas un minimum d'industrie de défense? Un projet politique décidément très mal ficelé.
Pierre-Frédéric Guex, directeur de la Clinique Cecil,
Lausanne


LES EMPLOIS
Un projet politique inepte

L'initiative populaire du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) propose de supprimer des milliers d'emplois. C'est totalement absurde. Couper l'herbe sous les pieds d'entreprises travaillant en partie pour la défense, les mettra à genoux. Ce sont les employés qui paieront les pots cassés! Il y a mieux à faire en période de crise.
  Les entreprises suisses qui produisent du matériel dit "de guerre" fabriquent la plupart du temps des produits technologiques de pointe à double usage: civil et militaire. Ces firmes possèdent une grande expertise technologique. Se priver de leurs savoirs et de leurs laboratoires de recherche affaiblirait notre place scientifique. Et que ferions-nous en cas de problème majeur si nous ne gardons pas un minimum d'industrie de défense ?

Claudine Amstein, directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie,
Lausanne


DES VALEURS
Les armes ne peuvent résoudre les problèmes humains

D'aucuns croient avoir des valeurs mais lorsqu'il s'agit d'armes, ces valeurs semblent être celles de la guerre, du rapport de force, de l'argent.
  Les armes ne peuvent nous défendre des aléas de l'existence. Les armes ne peuvent résoudre les problèmes humains. Chaque fois que les politiciens ont laissé parler les armes, ce sont les populations qui ont trinqué. La seule chose qui nous est proposée est une escalade vertigineuse des moyens de destruction, ce qui, de nos jours, équivaut à un suicide collectif. Depuis l'apparition des hommes, nous avons été assujettis au pouvoir des princes. Mais aujourd'hui, d'autres façons humanistes et pacifiques de résoudre nos problèmes sont recherchées car la puissance de feu entre les mains d'une nomenclature de possédants nantis nous promet une dictature effroyable qu'aucune démocratie ne peut modérer.
  Le but de l'initiative «pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre» est, en son article premier, d'instaurer la paix entre les peuples. Malgré le fait que notre peuple a été instruit à la guerre et a été pris par la fascination des armes et l'excitation de la poudre qui parle, le GSsA pense pouvoir sortir de cette dépendance en acceptant l'initiative et en travaillant à un concept de vie où les armes n'auront plus d'importance.
  Nous n'avons guère le choix: soit nous continuons l'escalade guerrière, auquel cas nous risquons l'extermination qu'aucune armée ne pourra "prévenir", soit nous travaillons dès à présent à l'instauration d'une vie plus pacifique et d'un désarmement généralisé. C'est la seule façon d'assurer une protection non seulement de notre pays mais du monde entier, la logique de la protection du pays par les armes aboutissant à la guerre totale.

Georges Tafelmacher,
Pully


IRRESPONSABLE !
Acceptée, cette initiative sera lourde de conséquences

Si elle est acceptée, cette initiative sera lourde de conséquences puisqu'elle conduit à la suppression de l'industrie suisse des techniques de défense et de sécurité. Et c'est justement là l'objectif des auteurs de cette proposition. Vous aurez largement l'occasion de connaître les arguments économiques contre l'initiative dans le cadre de la campagne. Je rappellerai simplement ici le fait que supprimer intentionnellement des milliers de places de travail est irresponsable. Nul besoin d'en dire plus. En revanche, permettez-moi de vous soumettre deux réflexions relatives à l'éthique et à la politique de défense.
  Les auteurs de l'initiative partent du principe que les armes sont source de détresse et de souffrance. Or, cette approche simpliste omet un aspect primordial: l'utilisation fréquente de matériel d'armement provenant de Suisse dans le cadre d'opérations de maintien de la paix à l'étranger par les communautés d'Etats ou encore d'interventions policières. Par ailleurs, se défendre fait partie des droits légitimes de tout pays. Il s'agit là d'un principe reconnu aussi bien par le droit international que par la plupart des religions. Enfin, la Suisse dispose d'une législation très stricte, qui répond également aux exigences d'ordre éthique.
  L'initiative du GSsA menace directement notre politique suisse de sécurité qui repose sur les principes de la neutralité et d'une défense nationale indépendante, ainsi que sur le concept de renforcement des capacités militaires par une montée en puissance. Dans ce contexte, des capacités industrielles propres sont indispensables. En l'absence de production, la Suisse devrait se fournir auprès d'autres Etats. Autant dire que sans industrie suisse des techniques de défense et de sécurité, notre politique de sécurité serait vouée à l'échec.

André Bugnon, conseiller national,
Saint-Prex


CONSTRUIRE LA PAIX
La balle de trop

Un éclat d'obus lui a ouvert le crâne, un pan de son cerveau est à l'air, l'enfant gémit. Dans le couloir maculé de sang séché, cette petite fille agonise dans les bras de sa maman assise à même le sol. La mère a le visage tordu de douleur, ses larmes coulent silencieusement.
  Plus loin, dans l'immense salle où sont allongés de nombreux blessés, un enfant recroquevillé proche du lit de sa mère mourante a le regard hagard. Toute sa famille a été tuée. Il a échappé aux balles et se retrouve mutique dans un désespoir infini. Seul. Une seule balle suffit à sectionner la moelle épinière d'un homme, d'une femme, d'un enfant. Dans la seconde qui suit, le destin de ces êtres humains bascule dans la souffrance. Ils ne meurent pas, ils survivent, ne peuvent plus marcher, plus uriner ou aller à selles normalement, perdent leur sensibilité et sont exposés rapidement aux escarres, aux infections. J'ai vu tout cela et bien pire. La guerre et sa cohorte d'horreurs m'ont laissé des traces indélébiles. J'ai travaillé au sein du CICR et je souhaite que ses équipes continuent envers et contre tout à redonner de l'espoir. Qu'elles poursuivent leur travail fait de compétence et de professionnalisme tout en distribuant tendresse et compassion au milieu des terrains de la violence et de la terreur.
  Construire la paix est difficile, très difficile. Ayons le courage de faire un pas en ce sens et ainsi de faire taire ceux qui disent que la Suisse a le meilleur service après-vente. Tous les arguments en faveur de la vente d'armes s'écroulent lorsque Sorraya, la petite fille de 8 ans secouée de sanglots, prend conscience qu'elle ne remarchera plus jamais parce qu'une balle l'a rendue paraplégique... Une seule balle, c'est celle de trop.

Gaby Grosjean,
Lausanne


UNE OCCASION
Un supplêment d'âme indispensable

Cette initiative est une occasion extrêmement bienvenue de redorer quelque peu le blason helvétique. Pour un investissement extrêmement modique au regard de l'enjeu symbolique, la Suisse pourrait être à nouveau un exemple salué dans le monde entier. C'est ce que viennent de recommander deux Prix Nobel de la paix. Rappelons qu'il s'agit simplement d'interdire les exportations directes ou indirectes vers des pays connaissant un conflit interne ou international, alors que l'on sait que des armements provenant de Suisse aboutissent aujourd'hui notamment en Afghanistan ou au Pakistan.

  L'exportation d'armes ne représente que 0,11% du PIB et 0,33% de l'ensemble du commerce extérieur. Les milieux qui brandissent une prétendue menace sur des milliers d'emplois sont les mêmes qui n'ont pas levé le petit doigt pour réglementer concrètement le système financier alors que le nombre de chômeurs dans notre pays a augmenté de 65000 personnes depuis le début de la crise de l'an dernier. Comment leur prêter la moindre crédibilité? En particulier lorsque des entreprises de la Confédération, telles RUAG, n'hésitent pas à financer directement la campagne des opposants !

  L'occasion est aujourd'hui extrêmement favorable pour un investissement éthique en renonçant à ce funeste marché qui ternit infiniment plus notre âme et notre réputation qu'il ne nous apporte.

Pierre Chiffelle,
Vevey

 lecteur

INDUSTRIE DE DÉFENSE
Et notre sécurité ?

Sans industrie de défense, la Suisse ne peut tout simplement pas se défendre. L'initiative contre les exportations de matériel de défense fera disparaître les entreprises qui fournissent des équipements essentiels à notre armée. En cas de danger, il est clair que nous ne pourrions par compter sur les autres pour nous livrer le matériel qui nous manque. Et il n'y aurait plus d'entreprises en Suisse pour le produire.
  Avec une armée totalement dépendante de l'étranger, la Suisse serait très vulnérable. Ne prenons surtout pas ce risque. La Suisse a le droit de se défendre et doit garder une industrie nécessaire à sa sécurité.

Eric Bonjour, député,
Puidoux


CHOMÂGE
Trop de personnes perdront leur emploi

Sans idées préconçues, je suis apolitique et n'ai rien contre notre armée, tous les États de la planète en ont une, même le Vatican.
  Mais j'espère que les citoyens suisses ou naturalisés seront assez censés pour refuser cette initiative qui va mettre au chômage nombre de personnes travaillant dans le secteur. Si ce n'est pas nous qui fournissons la marchandise souhaitée, d'autres s'en chargeront et Etats-Unis, Russie, République tchèque ou Suède (pays également neutre comme nous) ne se feront pas prier pour répondre à la demande.
  S'il y a une interdiction à prononcer, c'est celle du GSsA (institution inutile) qui n'hésite pas une nouvelle fois à tenter d'enlever le pain de la bouche de milliers de nos concitoyens.

Roger Bron-Milliquet,
Pully


PATRONS SUISSES
Allons donc !

A propos de l'article intitulé «L'économie défend les exportations d'armes» (24 Heures du 30 octobre 2009 :
Selon les principales organisations patronales suisses, enrégimentées sous la houlette d'EconomieSuisse, l'acceptation de l'initiative interdisant les exportations d'armes menacerait 10000 emplois en Suisse.
  Allons donc, ces milieux-là se fichent pas mal du nombre d'emplois menacés. Ils débauchent déjà à tout-va et à toutes les occasions possibles. Ce qui les gène avant tout, c'est leur perte de bénéfices !

Jean-François Borgeaud,
Lutry


ARMES ET SUICIDE
Que le Conseil fédéral soit cohérent !

Dans la même journée on nous explique que l'exportation d'armes - engins de mort - est indispensable pour la Suisse et nos places de travail et que "l'aide au suicide" doit être freinée par une réglementation supplémentaire. On veut, d'un côté, augmenter la mort de dizaines de milliers de "valides" hors de Suisse et empêcher, en Suisse, celle de quelques centaines "d'invalides et de personnes en fin de vie" qui souhaitent, dans la dignité, y accéder en toute liberté !?
  Quand M. Couchepin dit qu'il n'est pas pour des projets de mort (tel qu'Exit) mais pour des projets de vie, pense-t-il à sa vie éternelle? Et que sa souffrance de fin de vie est nécessaire à la rémission de ses péchés afin d'être encore une fois élu dans les cieux? Ou est-ce dans les deux cas, l'exportation d'armes et l'empêchement d'une mort digne et rapide, une question de profit ?

Jean-Robert Bettens,
Grens


LA PAIX
C'est à pleurer...

A propos de la publicité en faveur du non à l'initiative du GSsA (24 Heures du 5 novembre 2009 page 7) :
  «La paix ici, c'est la guerre ailleurs» disait Jacques Prévert. Il y a un côté obscène dans cette publicité. On nous montre une bonne famille, avec un enfant blond, qui dit non à l'initiative du GSsA, avec comme motif «Nous nous sentons en sécurité».
  Donc, continuons à exporter des armes dans les pays du tiers-monde et vivons, le ventre repu, dans - je cite - la «prospérité économique».
  C'est à pleurer...


Gilles Poulou,
Lausanne



EXPORTATIONS
Des contrôles très sévères

Si tous les pays contrôlaient autant leurs exportations de matériel de défense que le fait la Suisse, il y aurait peut-être un peu moins de conflits. Nous avons les lois parmi les plus sévères du monde et nous participons à tous les accords internationaux de contrôle des armements. Le résultat est là: la plus grande partie de nos exportations se fait en Europe, dans des pays sûrs et stables.
  Dans ces conditions, il n'y a aucune raison d'interdire les exportations d'une industrie nécessaire au maintien de notre capacité de défense, et qui, de plus, conduirait à la suppression de milliers de places de travail.


Pierre Grandjean, député - syndic,
Senarclens

LE COURRIER
DES FUSILS SUISSES CONTRE LE YÉMEN ?

INITIATIVE DU GSSA o Serge Pfister se demande si le matériel de guerre suisse est utilisé par l'armée saoudienne dans ses opérations au Yémen.

Dans le cadre de la campagne pour l'initiative populaire contre les exportations de matériel de guerre, le cas de l'intervention de l'armée saoudienne au Yémen est édifiant. En effet, les opposants à l'initiative nous disent: "En Suisse, les exportations de matériel de défense sont soumises à des dispositions légales très sévères. Les autorités suisses doivent examiner chaque demande d'exportation individuellement, par produit et par pays, sur la base de critères précis. Ces critères d'autorisation tiennent notamment compte du maintien de la paix, de la sécurité internationale ainsi que de la situation interne du pays de destination".
Or l'actualité prouve régulièrement que ces contrôles ne sont pas efficaces. L'Arabie saoudite était le troisième plus gros acheteur de matériel de guerre suisse au premier semestre 2009. Ce pays vient d'intervenir militairement au Yémen par une offensive aérienne et terrestre qui a provoqué la fuite d'environ 4000 civils, selon le Haut Commissariat des Nations Unies. Cet évènement n'est que le plus récent d'une longue série (utilisation de Pilatus par le Tchad pour bombarder des civils au Darfour, etc...) et montre que :

  1. - les dispositions légales en vigueur n'empêchent pas que du matériel de guerre suisse soit exporté vers des pays effectuant des opérations militaires;
  2. - les armes ne contribuent pas à la sécurité. Au contraire elles entraînent des conséquences tragiques pour les populations civiles.

Pour éviter que la Suisse ne soit impliquée dans des actes de guerre, le seul moyen est d'interdire les exportations de matériel de guerre en votant OUI le 29 novembre.


SERGE PFISTER, travailleur humanitaire et enseignant,
Carrouge (VD)

du mercredi 18 NOVEMBRE 2009
IL FAUT RÉORIENTER LES FABRIQUANTS D'ARMES

INITIATIVE DU GSSA - Pour Gaétan Morel, arrêter d'exporter des armes ne signifie pas tuer une branche de l'économie.

Les milieux économiques parlent de 10'000 emplois menacés par l'interdiction d'exporter du matériel de guerre (5000 selon l'étude effectuée sur mandat de la Confédération). Ils omettent souvent de mentionner que l'initiative prévoit pendant dix ans des mesures de soutien pour les personnes touchées: ces mesures ont été évaluées à 500 millions de francs, ce qui est l'équivalent d'environ cinq nouveaux avions de combat voulus par l'armée. Un soutien pendant dix ans, c'est plutôt bien, même si ce chiffre est encore à relativiser: d'une part, une partie de ces emplois sera rapidement réorientée dans d'autres activités, sans réel coût pour la collectivité. D'autre part, ce laps de temps permettra largement aux entreprises concernées de se restructurer vers de la production civile, surtout si les investissements publics se font dans l'économie durable plutôt que dans les avions de combat.
Ces chiffres deviennent même très relatifs si on prend conscience du potentiel de création d'emplois dans de nouveaux secteurs porteurs et utiles pour la collectivité. Doris Leuthard indiquait récemment que le secteur des technologies propres représentait à lui seul un marché de 150'000 emplois en Suisse et une possible valeur ajoutée de 18 milliards de francs. De son côté, Greenpeace estime que la perspective de créer 60'000 nouveaux emplois industriels dans les énergies renouvelables est réaliste si les investissements publics vont dans ce sens.
Aujourd'hui, l'entreprise Stadler Rail recherche des ingénieurs dans toute l'Europe pour répondre à la demande croissante de fabrication de wagons de trains. Auparavant, la MOWAG fabriquait des camions pompiers et des ambulances, ne pourrait-elle pas désormais construire des trains ?

Cessons donc de dire qu'on tue une branche économique. Bien au contraire, on propose d'en finir avec un commerce immoral qui alimente les guerres et on réoriente nos investissements sur des secteurs socialement et écologiquement utiles, porteurs et créateurs d'emplois. Les personnes touchées pourront non seulement se recycler, pendant que des dizaines de milliers d'emplois seront créés en parallèle.

GAÉTAN MOREL, GSsA,
Genève



«Gauchebdo» du 07.11.2009
LA VALEUR DES ARMES

D'aucuns croient avoir des valeurs mais lorsqu'il s'agit d'armes, ces valeurs semblent être celles de la guerre, du rapport de force, de l'argent et des justifications mercantiles et industrielles utilisées pour nous les faire accepter.

Les armes ont pris trop importance et ce sempiternel refrain sur ces armes si utiles censées nous défendre contre les aléas de l'existence n'est plus valable. Les armes ne peuvent résoudre les problèmes humains et chaque fois que les politiciens ont laissé parler les armes, les conséquences pour les populations ont été effrayantes. Ce refrain sonne faux dans le contexte actuel où d'autres façons humanistes et pacifiques de résoudre nos problèmes sont recherchées. La seule chose qui nous est proposé est une escalade vertigineuse dans les moyens de destruction, ce qui, de nos jours, équivaut à un suicide collectif. Depuis l'apparition des hommes, la vie a été assujettie au pouvoir des princes. Mais cela n'est plus possible aujourd'hui car la puissance de feu entre les mains d'une nomenclature élitaire de possédants nantis nous promet une dictature effroyable qu'aucune démocratie ne peut modérer.

Le but de l'initiative «pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre» est, en son article premier, d'instaurer la paix entre les peuples. Le GSsA doit convaincre malgré le fait que notre peuple a été instruit à la guerre au nom d'une réalité basée sur la domination et la violence.

De plus, il y a la fascination des armes ainsi que l'excitation que nous éprouvons lorsque la poudre parle. Sortir de cette dépendance relève de la mission impossible et c'est pourquoi il faut travailler à un concept de vie où les armes n'auront plus d'importance, soit dans un premier temps, accepter l'initiative.
Nous n'avons guère le choix : soit nous continuons l'escalade guerrière auquel cas nous risquons l'extermination qu'aucune armée ne pourra "prévenir", soit nous travaillons dès à présent à l'instauration d'une vie plus pacifique, holistique et humaniste et donc à un désarmement généralisé. C'est la seule façon d'assurer une bonne protection non seulement de notre pays mais du monde entier car la logique de la protection du pays par les armes aboutit à la guerre totale.

Georges Tafelmacher
GSsA/Vd - PULLY


MATÉRIEL DE GUERRE
La Suisse doit pouvoir payer ses armes sans les vendre à l'étranger (24 Heures du 23 nov. 2009 )

J'entendais et lisais dans les médias que les entreprises d'armement en Suisse crient à la faillite de leur secteur armement par manque de rentabilité en cas d'interdiction d'exportation d'armes. Je ne pense pas que la Suisse ait besoin d'armes de guerre, mais, à supposer qu'elle en ait besoin, je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas subventionner les entreprises suisses qui fabriquent celles que son armée utilise. Rentabiliser les entreprises d'armement par les ventes à l'étranger me fait penser à un dealer qui se paie sa propre consommation en vendant de la drogue aux autres.
En Suisse, on a besoin de blé et les paysans sont subventionnés pour en produire afin d'éviter d'en manquer en cas de guerre. Si vraiment la Suisse a besoin des armes qu'elle produit, elle doit pouvoir se les payer sans les vendre à l'étranger. Les ouvriers qui travaillent pour l'armement n'ont pas de souci à se faire. La Confédération leur assurera leur emploi, c'est dans son intérêt.

Michel Monod,
Le Lignon


MATÉRIEL DE GUERRE
Diplômons les maquereaux !
(24 Heures du 23 nov. 2009 )

Le débat autour de l'initiative du GSsA a généré tant de perles argumentatives que je peux maintenant offrir de jolis colliers à mes amies à Noël. Merci donc à Mmes Leuthard, Amstein, MM. Bonjour et Bugnon (entre autres) pour leur défense à la fois naïve et cynique de l'économie suisse. Parce qu'il en faut, de la candeur, pour oser dire que les armes "peuvent servir d'instruments de dialogue", pour défendre 5100 emplois sous le fallacieux prétexte que le marché du travail souffrirait "durablement" de cette perte. Il en faut, du cynisme, pour faire passer le confort de quelques salariés avant la vie de milliers d'opprimés, pour parler de "règles éthiques" en matière d'exportations de matériel de guerre.
Dans ce débat, on élève les places de travail comme un but à atteindre, à n'importe quel coût moral. Youpi! Encourageons le trafic de drogue, puisqu'il est rentable! Créons des places d'apprentissage de tueurs à gages, un métier d'avenir! Diplômons les maquereaux! Vous voyez le problème? Oui, il y a des "sots métiers", et fabricant d'armes en est un triste exemple. En brandissant leur idéal productiviste comme un étendard sur le champ de bataille, les politiques de droite se tirent une balle dans le pied: c'est le reste de leur humanité qui vacille, à vouloir soupeser trois cartouches contre dix mille balles, cinq mille ouvriers contre dix mille mutilés.


Yvan Richardet,
Pomy


MÉGAFUSIONS
Tuer des gens ou des emplois...
(24 Heures du 25 nov. 2009 )

Les mégafusions d'entreprises des années 90 et suivantes ont tué plus de 5000 emplois et personne n'a été consulté. L'Etat n'a d'ailleurs rien fait pour empêcher ces suppressions d'emplois. Au contraire, la majorité de droite était partie prenante dans ces pratiques néolibérales.
Les licenciés d'alors ont bien dû se débrouiller tout seuls pour retrouver un emploi. Pourquoi les quelque 5100 employés de l'industrie de l'armement menacés ne pourraient-ils faire de même? Mais plutôt que de licencier du personnel, puisque, selon Claudine Amstein, ces firmes possèdent une grande expertise technologique, ne pourraient-elles pas se reconvertir graduellement pour ne plus fournir que des produits civils en plus de l'armement confédéral ?
Le Conseil fédéral a donné des milliards pour sauver Swissair. Notre exécutif, qui tout d'un coup - et en contraste avec la dernière décennie - est très soucieux de préserver les emplois dans notre industrie de l'armement, pourrait bien faire un geste - avec notre argent d'ailleurs - pour favoriser cette reconversion.
En attendant, la situation actuelle peut se résumer froidement par cette formule: «Mieux vaut risquer de (laisser) tuer des étrangers au loin que de tuer des emplois chez nous». Nos dirigeants ne veulent pas faire cohabiter la morale et l'économie (cf. 24?heures du 19 octobre). En revanche économie et cynisme font très bon ménage !

Jean-Marc Aubert,
Aigle


VOLONTE DE PAIX
Soyons réalistes !
(24 Heures du 25 nov. 2009 )

L'occasion nous est donnée d'affirmer notre volonté de paix car il est odieux de penser que notre pays neutre, berceau de la Croix-Rouge, participe à cette indigne industrie de la mort.

Cependant, les partisans de nos usines de la mort ont aussi leurs arguments, qui prétendent qu'une interdiction de notre système de défense affaiblirait l'innovation dont nous bénéficions, alors qu'en même temps la presse nous annonce que le Conseil fédéral charge une "task force" de faire la lumière sur l'achat, à l'étranger, d'un système informatique pour l'armée, inutilisable et obsolète! Résultat: 700 millions jetés par la fenêtre! Un cas parmi d'autres qu'on nous cache.

En retour, à ce juteux commerce, notre pays participe pour 4 à 5 milliards (sans compter les rallonges) en achat d'armement à l'étranger. Cette hémorragie nous permet de rétorquer, aux âmes sensibles qui redoutent la perte de places de travail, que cet argent investi dans notre économie créerait dix fois plus d'emplois "chez nous" !

Alors, soyons réalistes à une époque où les fusées et les missiles rendent notre pays indéfendable et l'armée inutile.


Georges Mouret,
Lausanne


POPULISME
Une décision somme toute facile à prendre
(24 Heures du 25 nov. 2009 )

Les opposants à l'initiative n'ont cessé de rappeler que de nombreux emplois risquent d'être perdus si un «OUI» venait à sortir des urnes. Or, c'est là sombrer dans le populisme le plus total, puisque le texte de l'initiative prévoit que la Confédération soutienne pendant dix ans les régions et les employés touchés par les interdictions. On oublie également que bon nombre des entreprises productrices d'armes en Suisse ont depuis longtemps diversifié leurs activités, et sont aujourd'hui à la pointe dans de nombreux secteurs de la production civile. Une baisse de la production d'armes ne fera qu'inciter ces entreprises à investir d'avantage dans leurs activités civiles ce qui â terme créera bien plus d'emplois que ceux "menacés" par l'initiative.
Rappelons par ailleurs que l'initiative ne vise aucunement à interdire la production de matériel de guerre, mais seulement son exportation. Les craintes de ceux qui pensent que l'approvisionnement de l'armée suisse est menacé par l'initiative sont donc infondées. L'armée pourra en effet continuer à se fournir auprès d'entreprises suisses. Ce ne sera plus le cas du Pakistan, pays en proie à la guerre civile dans plusieurs de ses provinces, et premier client des marchands d'armes suisses en 2008...
Est-ce vraiment un mal ?


Alberto Mocchi,
président des Jeunes Verts vaudois, Daillens


EMPLOIS DÉTRUITS
Des craintes infondées
(24 Heures du 25 nov. 2009 )

Selon le Conseil fédéral et les opposants, un oui détruirait 5000 emplois. Cela dit, ils omettent de dire que l'initiative contient une disposition afin de soutenir les régions et les emplois touchés pendant dix ans! En réalité, sur 100 fr. produits en Suisse, 10 ct. seulement proviennent des exportations de matériel militaire. Catastrophe économique? Laissez-moi rire !
L'interdiction de la vente d'armes militaires nous permettrait d'être enfin en adéquation avec notre statut de neutralité et de respect des droits de l'homme. En 2008, le plus gros acheteur a été le Pakistan mais des ont aussi eu lieu vers tes états-Unis ou le Royaume-Uni, engagés dans des conflits, ou encore en Arabie saoudite, ne respectant pas les droits de l'homme. Est-ce réellement compatible avec notre neutralité ?
Certes, cela n'empêchera pas les acheteurs d'aller se fournir vers d'autres pays, mais est-ce que sous prétexte que d'autres continueront ce commerce de la mort, nous ne devrions pas cesser, car cela nous rapporte un peu d'argent? A quel prix estimez-vous une vie humaine ?
Au final, la campagne menée par les opposants vise à faire peur aux citoyens, afin que certains nantis puissent maintenir leur commerce lucratif sans se soucier des conséquences. Comment oser comparer les maigres profits pour l'économie suisse découlant de la vente d'armes avec les pertes humaines engendrées ?

Danny Bonavin,
Bussigny

 lecteur

LE COURRIER
PROFITS PERNICIEUX OU CHOIX MORAL ?
(du 25 novembre 2009 )

VOTATIONS - Danny Bonaviri se demande si la vente d'armes est compatible avec la neutralité suisse et le respect des droits humains.

Le 29 novembre aura lieu la votation de l'initiative contre l'exportation du matériel de guerre. Selon le Conseil fédéral et les opposants, un «OUI» détruirait 5000 emplois. Cela dit, ils omettent de dire que l'initiative contient une disposition afin de soutenir les régions et les emplois touchés pendant dix ans! En réalité sur 100 francs produits en Suisse, 10 centimes seulement proviennent des exportations de matériel militaire. Catastrophe économique ?
Laissez-moi rire !
Selon certains, la sécurité nationale serait menacée, de par le fait que la Suisse ne pourrait plus maintenir une production d'armement indigène. Or, actuellement sur les quatre principaux fabricants suisses d'armes militaires, deux appartiennent à des groupes étrangers. L'interdiction de la vente d'armes militaires nous permettrait d'être enfin en adéquation avec notre statut de neutralité et de respect des droits de l'homme. En 2008, le plus gros acheteur a été le Pakistan, mais des ventes ont aussi eu lieu vers les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, engagés dans des conflits, ou encore en Arabie saoudite, pays ne respectant pas les droits de l'homme.
Certes, cela n'empêchera pas les acheteurs d'aller se fournir auprès d'autres pays, mais est-ce parce que d'autres continueront ce commerce de la mort, que nous ne devrions pas y mettre fin? A quel prix estimez-vous une vie humaine? Doris Leuthard nous dit que, malgré les nombreux morts sur la route, on n'interdit pas pour autant les voitures. Comment

peut-on oser comparer l'armement produit dans le but de tuer des êtres humains, à la voiture, sous prétexte que celle-ci cause aussi des morts? Au final, la campagne menée par la droite, visant une nouvelle fois à faire peur aux citoyens, ne sert-elle pas les intérêts de certains nantis qui souhaitent maintenir leur commerce lucratif sans se soucier des conséquences? Comment peut-on comparer les maigres profits pour l'économie suisse découlant de la vente d'armes avec les pertes humaines engendrées? La neutralité est-elle réellement compatible avec la vente d'armes au Pakistan ou aux Etats-Unis ?
L'acceptation de cette initiative stopperait ce commerce de la mort et renforcerait la crédibilité de la neutralité suisse au niveau international.

DANNY BONAVIRI,
Bussigny (VD)


LE COURRIER
L'HYPOCRISIE DES EXPORTATIONS SUISSES
(du 11 novembre 2009 )

INITIATIVE GSsA - Florence Panza estime que l'abandon des exportations d'armement donnerait l'image d'une Suisse responsable.

Riz, sucre, matériel de premier secours... notre aide humanitaire va partout dans le monde. Pour pallier le manque de nourriture et de soins en cas de catastrophes naturelles, bien sûr, et malheureusement aussi en cas de catastrophes entraînées par la folie des conflits armés. Notre aide humanitaire va partout, et notamment dans les régions approvisionnéespar notre matériel de guerre. Cette réalité ne laisse-t-elle pas un goût amer ?
L'image de la Suisse en a pris pour son grade depuis quelques mois :

secret bancaire, UBS, affaire libyenne, affaire Polanski, le moment serait idéal pour redorer le blason de notre pays. La Suisse abrite le siège de nombreuses organisations internationales. Cela a du sens, pour autant que la tradition de neutralité helvétique soit toujours d'actualité. Le temps a écorné cette image, il a mis à mal de nombreux principes, qui ne se voient plus dictés par le bon sens et l'humanité mais bien plus par le profit.
Oui, je suis antimilitariste convaincue, mais là n'est pas le débat. L'initiative du 29 novembre ne s'attaque pas à notre armée, elle a pour but de mettre un terme au commerce de guerre et de sauver des vies. Et face à un tel argument, les opposants à l'initiative nous servent de bien maigres thèses. Ils parlent de suppression d'emplois et mettent en avant la sécurité de la Suisse. Mais la sécurité de la Suisse ne dépend pas du nombre d'armes qu'elle exporte. Au contraire, serai- je tentée d'ajouter. Quant à la suppression d'emplois, l'initiative prévoit des mesures de reconversion professionnelle pour les personnes actives dans l'industrie de l'armement. Et n'oublions pas que les entreprises produisant des armes ont plus d'une corde à leur arc. Elles sont équipées pour fabriquer d'autres pièces pour d'autres secteurs de l'industrie, ce qu'elles font d'ailleurs déjà. Les quelques milliers d'emplois qui seraient amenés, non pas à disparaître, mais bien plus à être modifiés et adaptés, font-ils le poids face aux dizaines de milliers de personnes blessées et tuées par le matériel de guerre fabriqué en Suisse ?
La véritable question est de savoir si nous saurons prendre nos responsabilités. La Suisse et ses citoyens ont l'opportunité de prendre une décision qui aura un impact important, à l'intérieurcomme à l'extérieur de nos frontières. Imaginez le message transmis au monde entier si le "oui" l'emporte. Il s'agirait d'une victoire de la vie sur le profit. Il est temps qu'une telle chose se produise. Le monde l'attend. Soyons nombreux à y rêver et à y croire.

FLORENCE PANZA,
Genève

 

20 OPINIONS 24 heures
du 11 Novembre 2009

POUR

Pas d'armes suisses au Pakistan !

Voruz


ERIC VORUZ
CONSEILLER NATIONALE SOCIALISTE *



«Sur 100 francs de richesse produite en Suisse, moins de 10 centimes proviennent de l'industrie de l'armement»

L'année dernière fut une année record - malheureusement pas pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté ou de la promotion de la paix, mais bien pour les exportations d'armes helvétiques. En persistant à faire commerce de la mort, nous menaçons la bonne réputation de la Suisse à l'étranger tout en investissant dans une industrie sans avenir. En 2008, la Suisse a exporté du matériel de guerre d'une valeur de 722 millions de francs. Une augmentation de plus de 50% par rapport à 2007. Des septante-deux pays clients de l'industrie suisse d'armement, le principal a été le Pakistan. Au premier semestre de cette année, l'Arabie saoudite - qui pratique la torture - est arrivée au troisième rang des exportations d'armes suisses.

Visiblement, la situation catastrophique des populations des pays destinataires ne joue aucun rôle s'agissant de l'autorisation d'y exporter du matériel de guerre. Tous sont servis: les pays en guerre comme ceux qui maltraitent systématiquement leur population.

Le Conseil fédéral mène une politique irresponsable et incohérente: la Suisse livre des armes dans des pays où la Confédération et les ONG helvétiques fournissent depuis des années une aide humanitaire ou s'engagent en faveur des droits humains. Plutôt que d'investir dans le commerce de la mort, la Suisse doit se doter d'une stratégie à long terme en matière d'emploi, axée sur une économie plus sociale, plus durable et constructive. A l'instar d'entreprises qui ont déjà fait le pas, une reconversion des places de travail qui dépendent actuellement des exportations d'armes est tout à fait possible.

L'initiative «Pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre» prévoit d'ailleurs que les régions où sont implantées de telles industries bénéficient d'une aide de la Confédération pendant dix ans. À Thoune, autrefois très dépendante de ce secteur, la page est tournée et les places de travail se sont multipliées dans les secteurs de l'environnement et de la technologie médicale. La crise actuelle doit nous inciter à investir dans une économie durable et tournée vers l'avenir.

Dans ce contexte, les risques pour l'emploi brandis par le Conseil fédéral sont surestimés, car il néglige le potentiel de la reconversion des industries concernées. En 2008 - année pourtant record, on l'a dit -, le matériel de guerre n'a représenté que 0,44% des exportations helvétiques. Tout compte fait, sur 100 francs de richesse produite en Suisse, moins de 10 centimes proviennent de la branche.

On entend souvent dire que «si 1a Suisse ne le fait pas, d'autres le feront à sa place». Une argumentation qui revient à cautionner l'abandon de tout espoir d'un monde en paix, ainsi que la froide logique du profit. Si la Suisse peut être fière de sa tradition humanitaire, elle ne peut pas s'engager en faveur de la paix tout en alimentant - en même temps - la course aux armements.

Aujourd'hui, nombre de personnes sont victimes d'armes suisses, et cela n'échappe pas à l'opinion publique internationale. Si nous souhaitons conserver une quelconque crédibilité en matière de politique étrangère, il faut agir et interdire l'exportation de matériel de guerre. D'autres pays suivront.

* Membre de la Commission de la politique de sécurité


CONTRE

Une initiative ruineuse

GIUNTA


GIOVANNI GIUNTA
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU GRPM *



«II importe de ne pas sacrifier, sur l'autel d'un vain idéalisme, notre tissu industriel et nos capacités de défense»

L'initiative du Groupement pour une Suisse sans armée (GSsA) intitulée «Pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre», sur laquelle nous aurons à nous prononcer le 29 novembre, s'attaque en réalité - ce n'est guère étonnant - aux principes mêmes sur lesquels repose Armée XXI.

En effet, cette armée, plébiscitée à plus de 75% des voix en mai 2003, s'appuie pour son équipement sur le concept de montée en puissance. Il s'agit d'adapter le niveau des équipements de défense à la menace. Or, sans industrie de défense, il n'est plus possible de doter l'armée d'équipements dans des délais adéquats, donc de faire face à quelque menace que ce soit.

S'il est aisé de démanteler une filière par une interdiction abrupte, la reconstituer demande beaucoup d'efforts et surtout de temps, élément qui fait défaut en période de crise.

Sur le plan économique, cette initiative aurait pour conséquence de contraindre près de 10'000 personnes à aller pointer au chômage. Plus de 550 entreprises seraient touchées. En Suisse romande, ce sont plus de 3000 emplois qui sont concernés. En période de difficultés économiques, on a vu mieux comme mesure de relance.

De surcroît, l'adoption de ce texte aurait des conséquences importantes pour les finances publiques - et donc les impôts - puisqu'il exige des mesures compensatoires, que l'on peut évaluer à près de 1 milliard de francs par année pendant dix ans. Ce coût englobe le soutien direct aux chômeurs (625 millions par an), les coûts liés à la reconversion des entreprises (environ 235 millions) et le soutien aux régions périphériques (environ 300 millions).

Comment financer tout cela? Les tenants de l'initiative n'en touchent pas un mot. Le recours à l'impôt semble la seule solution envisagée, ce qui est pour le moins paradoxal: on démantèle une industrie qui ne coûte rien au contribuable et on fait appel à lui pour payer les dégâts! Le texte ne propose pas seulement d'interdire l'exportation d'armes de destruction, mais vise aussi les équipements prioritairement ou exclusivement voués à la défense. II interdirait aussi l'exportation ou le transit de toute partie d'équipement pouvant être transformée en matériel militaire et de toute connaissance technologique liée à ce domaine.

Ratissant très large, il compromettrait par exemple la mise au point de matériel de guidage, d'équipements de protection, d'appareils de communication ou de codage. Tous ces équipements à vocation défensive sont ou ont aussi été porteurs de progrès dans leurs applications civiles et représentent des créneaux importants de notre technologie de pointe.

La politique suisse en matière d'exportation d'équipements militaires tient compte des objectifs prioritaires de la politique étrangère du pays. La législation régissant le matériel de guerre est l'une des plus sévères du monde, et son application ne pose pas de problème particulier. Près de 85% de nos exportations sont destinées aux pays européens et, sur 2365 demandes d'autorisation, dix seulement ont été refusées en 2008.

Il importe de ne pas sacrifier, sur l'autel d'un vain idéalisme, notre tissu industriel et nos capacités de défense.


* Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité

L'INVITÉ

Armes exportées, armes pour tuer !

Neirynk


JACQUES NEIRYNCK
CONSEILLER NATIONAL PDC


«Il faut reconvertir nos usines d'armement pour assurer la sécurité de la Suisse telle qu'elle est menacée aujourd'hui, sur le plan énergétique. Sur 100 francs de richesse produite en Suisse, moins de 10 centimes proviennent de l'industrie de l'armement»

L'exportation d'armes de guerre par la Suisse, pays neutre et pacifique, pose une question insidieuse, qui peut être exprimée par une vieille parabole.

Supposons que j'hérite de la fortune considérable d'un mandarin chinois, corrompu et sadique, que je ne connais pas, et qu'il suffise d'appuyer sur un bouton pour qu'il meure. Pourquoi ne pas le faire si c'est pour investir dans de bonnes oeuvres ?

La situation est la même. La Suisse pâtirait d'une interdiction d'exporter des armes par la suppression de cinq mille emplois. Une fois que ces armes sont exportées, leur usage ne nous concerne plus. Si elles sont utilisées à mauvais escient dans une guerre d'agression, dans une guerre civile, dans le massacre de populations civiles, la faute morale incombe à des étrangers. La violence domine le monde et les Suisses n'en sont pas responsables.

Bien au contraire, ils tiennent à maintenir la paix sur le territoire national et prônent une neutralité armée. Dans les trois conflits qui ont opposé l'Allemagne et la France entre 1870 et 1945, la Suisse fut épargnée grâce à une armée forte et bien équipée. Durant la Seconde Guerre mondiale, le territoire fut encerclé par les puissances de l'Axe. Il devenait impératif de développer une industrie nationale d'armement. Et après 1945, la menace d'une invasion soviétique pesa sur la décision.

Mais tout a changé lors de la chute du mur de Berlin, voici vingt ans. La menace d'une invasion du territoire ou de son encerclement devient de plus en plus irréelle.

Il faut une armée à la Suisse pour protéger ses navires des pirates somaliens (mais le parlement a refusé), pour exfiltrer les otages de Kadhafi (mais elle n'en est pas capable), pour protéger notre ambassade de Bagdad (elle le fut par des mercenaires sud-africains). En un mot, est dépassé le raisonnement à partir duquel on prétend que la sécurité de la Suisse serait menacée si elle n'avait pas d'industrie d'armement, et si celle-ci ne pouvait exporter pour être rentable. Il ne serait valable que si la situation de 1939 se reproduisait. Or cela est tellement invraisemblable qu'il n'est pas sensé de fonder une politique sur cette supposition.

Dès lors ne reste que l'argument des emplois à sauvegarder. Peut-on le considérer froidement? Est-il moral de gagner sa vie en ôtant celle des autres? Nous vendons des armes à septante pays dont le Conseil fédéral prétend qu'ils ont les mêmes valeurs que nous. Or parmi eux se trouvent les Etats-Unis et le Pakistan, engagés dans des conflits meurtriers, plus encore pour la population civile que pour les militaires.

Les armées qui achètent des armes comptent vraiment s'en servir, et pas seulement dans des stands de tir. C'est fait pour tuer, et cela tue.

Il faut reconvertir nos usines d'armement pour assurer la sécurité de la Suisse, la sécurité telle qu'elle est menacée aujourd'hui, la sécurité de notre approvisionnement énergétique. Et exporter des pompes à chaleur ou des cellules photovoltaïques pour les rentabiliser. C'est la meilleure façon de préserver des emplois à long terme. Et c'est prévu dans l'initiative.


24 Heures du mercredi 25 novembre 2009
armes saoudites
«L'Arabie saoudite était le troisième plus gros acheteur de matériel
de guerre suisse au premier semestre 2009.»   KEYSTONE


Autres articles et lettres



LE COURRIER   du 11 novembre 2009

Des armes suisses aux mains d'enfants soldats indiens

ARMEMENT - Berne confirme ses livraisons dans le Chhattisgarh, un État déchiré par un conflit entre l'exécutif et les rebelles maoïstes.

Trois semaines avant la votation sur l'initiative pour une interdiction d'exporter du matériel de guerre, ses partisans apportent de nouveaux arguments. La Suisse livre des armes dans l'Etat indien du Chhattisgarh où, selon l'organisation pour les droits humains Human Rights Watch, des enfants sont engagés dans des opérations militaires. Cet Etat est déchiré par un conflit entre gouvernement et rebelles maoïstes.

enfants soldatSelon un rapport de l'organisation humanitaire publié en octobre 2008, les deux parties emploient des enfants de moins de 18 dans les combats qui ravagent la population locale. «Depuis 2005, la police qui mène des opérations paramilitaires contre les rebelles recrute aussi des enfants», dénonce le document. Pris à partie, le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) confirme les livraisons d'armes vers le Chhattisgarh. Mais il tient à préciser que c'est le Conseil fédéral qui a approuvé les exportations à la police de cet Etat indien, soulignait hier Rita Baldegger, porte-parole du SECO, revenant sur une information du journal dominical Sonntag.

Le Département fédéral de l'économie avait déjà informé au mois de mars de la livraison de «400 fusils d'assaut et 610 mitraillettes, accessoires compris, à la police de différents Etats indiens.» Il était toutefois impossible hier d'apprendre du SECO combien de ces armes ont atterri au Chhattisargh.

Ce nouveau scandale détruit le mythe d'une pratique «exemplaire et restrictive» de la Suisse en matière d'exportations d'armes, estiment les initiants du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) sur leur site internet. Une idée que réfute le SECO : «le Conseil fédéral a tenu compte de l'ordonnance sur l'exportation de matériel de guerre». Cette dernière interdit de vendre des armes à des Etats «qui violent systématiquement et gravement les droits humains». Rita Bladegger n'a par ailleurs pas voulu commenter le rapport de l'organisation Human Rights Watch.

Ces révélations ternissent l'image du gouvernement et relancent une question cruciale. Combien de personnes les armes helvétiques tuent de par le monde? A ce sujet, les hypothèses vont bon train. Début novembre, l'Institut participatif de recherche pour la paix (APRED) apportait son grain de sel au moyen d'une extrapolation. Selon ses responsables, il est «subjectivement possible» d'affirmer que les armes exportées par la Suisse tuent 5840 personnes par année. «Ce chiffre est un ordre de grandeur», plaident-ils.

ATS/CO


Liens

Chhattisgarh - état sans liberté de presse

Les naxalites - combattants maoïstes

Institut participatif de recherche pour la paix - APRED





LE TEMPS   du mardi 17 novembre 2009

l'avis de l'expert

De l'inconvénient de bannir les exportations d'armes

Alexandre Vautravers *

Si louable soit-elle, l'initiative soumise à votation le 29 novembre serait inefficace. Dans un marché suisse qui rétrécit, la branche est fortement intégrée dans des groupes multinationaux. De plus, les précédentes tentatives d'interdiction ont renforcé son intégration globale.

armesUne initiative populaire doit-elle ou peut-elle interdire les exportations d'armes? A première vue, les motifs d'une telle démarche sont louables et humanitaires, motivés par la volonté de limiter l'effet des conflits dans le monde. Mais tiennent-ils compte, d'une part, des réalités de l'industrie d'armement aujourd'hui? Et, d'autre part, les démarches similaires entreprises par le passé ont-elles été efficaces ?
L'industrie suisse d'armement comporte trois caractéristiques. La première est sa double mixité, entre secteur privé et public d'une part, entre achat commercial sur étagère et construction nationale d'autre part. En raison des coûts élevés et d'un marché restreint, on cherche à maintenir dans le pays des clusters ou "noyaux de compétence". Le reste est alors fabriqué sous licence avec, depuis les années 1980, des accords de compensation obligeant les vendeurs de licence - États et entreprises - à acheter pour un montant donné de biens produits en Suisse. Ce type d'accords, dérivé du clearing de la Seconde Guerre mondiale, est particulièrement attractif pour les petits États exportateurs de biens et de services.
La seconde caractéristique est la dichotomie entre l'administration gérant l'acquisition d'armement (le STM, puis GDA, aujourd'hui Armasuisse) et celle gérant l'équipement (IMG, aujourd'hui Base logistique de l'armée). La première logique cherche à acquérir et maintenir des technologies, la seconde à maintenir des emplois répartis dans les régions les moins prospères du pays.
Enfin, à l'échelle macroéconomique, on constate un trend de 150 ans. À son origine en 1850, l'industrie était entièrement aux mains de privés. Elle devient de plus en plus étroitement contrôlée par l'État peu avant la Seconde Guerre mondiale, pour être progressivement privatisée à partir des années 1970. Ainsi, dans les années 1990, les manufactures publiques et les régies ont été rassemblées en une holding, Ruag, aujourd'hui partiellement privatisée et produisant également pour d'autres clients que l'armée ou la Confédération.
Plusieurs initiatives et lois ont été votées sur les exportations d'armements suisses. En 1938, une initiative populaire «contre l'industrie privée des armements» est soumise au peuple. L'initiative est rejetée à 86,4% alors que le contre-projet est approuvé à 81,3%. Plusieurs votations soutiennent les dépenses d'armement en 1939, 1951, 1952 et 1958. Une seconde initiative populaire en 1972 «pour un contrôle renforcé des industries d'armement et l'interdiction d'exportation d'armes» est refusée à une courte majorité de 50,2%. Enfin en 1977, une troisième initiative populaire «pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre» est largement rejetée, par 77,5% du peuple. Il n'est pas utile, ici, de traiter d'autres initiatives lancées par le Groupement pour une Suisse sans armée (GSsA) en 1989, 2000 et 2001, qui ne touchent le secteur de l'armement qu'indirectement.
Si l'on compare les trois votations passées, on constate que chacune d'elle a été largement motivée par le contexte international. Avant-guerre, il s'agissait d'empêcher que des entreprises privées - dont certaines en mains étrangères: Hispano-Suiza Suisse, Dornier, la fabrique d'armes et de munitions de Soleure ou Oerlikon-Bürhle - produisent sur sol neutre des armes vendues aux futurs belligérants, de peur que ceci n'entraîne la Suisse dans la guerre. Simultanément, il s'agissait de garantir que ces entreprises, sises sur sol helvétique, soient en mesure de servir au réarmement et à l'équipement dont l'armée avait grandement besoin. L'emprunt Minger et les résolutions prises lors du contre-projet ont donc permis la réorganisation et l'extension des régies fédérales, ainsi que la réglementation voire la nationalisation des entreprises privées.
L'initiative de 1972 a été motivée par l'annonce que plusieurs Etats africains et latino-américains utilisaient des avions de fabrication suisse lors d'opérations militaires anti-insurrectionnelles - alors que ces appareils n'étaient pas considérés par l'administration fédérale comme du matériel de guerre. Le climat de l'époque était, de surcroît, exacerbé par "l'affaire des Mirage" et le "Nullentscheid" de 1966-1971. Le scandale qui s'est ensuivi a poussé les industriels privés à délocaliser, à l'instar d'Oerlikon-Contraves et Mowag, en Turquie ou au Canada. Quant à Pilatus, la société de Stans a préféré désormais vendre la licence de fabrication de ces PC-6 à un constructeur américain: Fairchild.
Cette logique a renforcé l'intégration globale de l'industrie d'armement suisse. Aujourd'hui, aucune entreprise helvétique ne produit exclusivement des armes. Les entreprises privées sont, pour la plupart, intégrées à de grands groupes multinationaux, à l'instar d'Oerlikon racheté par Rheinmetall, Mowag racheté par General Dynamics Land Systems, ou SIG divisé et racheté par des entreprises américaines: Curtis Wright et SAN. La votation de 1977 a donc été largement rejetée, en raison de l'intégration économique d'une part, mais également en raison de la réorganisation de l'administration fédérale et la création d'un Groupement de l'armement (GDA) ayant pour souci la répartition des contrats dans les régions/cantons de manière proportionnelle. Ainsi, les plus grands programmes d'armement nationaux ont bénéficié d'un large soutien des milieux économiques: le programme Leopard de 5,5 milliards (1984-1994) comprenant 500 millions d'investissements au sein des régies fédérales, 700 millions de paiements de licences au profit de 700 entreprises privées, ainsi qu'une garantie d'accords de compensation avec l'Allemagne, réalisée entre 1987 et 1994. Aujourd'hui encore, ces accords de compensation sont une aubaine pour l'industrie du pays, à l'exemple du programme TT-E [remplacement partiel des avions Tiger], pour lequel les industriels doivent s'engager à des compensations à hauteur de 100%.
L'initiative du 29 novembre se nourrit du blocage politique ayant trait aux réformes de l'armée. Elle n'est pas en phase avec la réduction des dépenses militaires ou le contexte international. La réduction des effectifs de l'armée suisse s'accompagne en effet du besoin de liquider de grandes quantités de matériels d'occasion, qui doivent être vendus à l'étranger ou désassemblés à grands frais. Si l'initiative est approuvée, une part importante du budget de la défense devra être consacrée au recyclage de ces équipements.
Les milieux économiques demandent le maintien de la possibilité de produire et d'exporter du matériel de guerre en raison de la réduction inexorable du marché helvétique, des accords de compensation et de l'intégration au sein de groupes multinationaux. La majorité des hautes technologies étant aujourd'hui duales, et les centres de développement étant de plus en plus distincts des centres de production, une telle interdiction est difficile à appliquer.
Enfin, sur le plan international, la Suisse - 17e exportateur mondial - ne pèse pas suffisamment pour qu'une interruption de ses exportations affecte les conflits armés à travers le monde. Le matériel de guerre produit en Suisse est majoritairement vendu en Europe ou aux USA. Depuis les années 1980, une triple autorisation est nécessaire pour exporter du matériel de guerre: DDPS, DFAE, Intérieur. Ces garanties, associées à une politique fédérale très restrictive, limitent les risques d'abus, la réexportation d'armes à des tiers, ou l'usage à des fins contraires au droit international humanitaire.

* L'auteur a rédigé sa thèse en 2003 sur l'histoire de l'industrie suisse d'armement de 1850 à nos jours.

© LE TEMPS





GAUCHEBDO   du samedi 20 novembre 2009

Un OUI ne menacerait pas les emplois

VOTATIONS - L'initiative du GSsA propose une reconversion des emplois sur 10 ans

Joël Depommier

Le 29 novembre, les Suisses se prononceront sur l'initiative du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) qui demande l'interdiction définitive d'exportation d'armes suisses vers l'étranger.

Pour s'opposer au texte, les milieux économiques ont tout de suite sorti l'argument d'une perte d'emplois massive pour la place helvétique. Combien de travailleurs sont actuellement employés dans des entreprises comme Ruag, Oerlikon Bührle, Pilatus ou Mowag à Kreuzlingen ?

affiche Mouvement des créatifs suissesPour Greenpeace, qui s'est aussi engagé en faveur de l'initiative, le chiffre de 10'000 places de travail mis en avant par la droite est nettement surévalué. Citant une étude effectuée sur mandat de la Confédération, l'organisation rappelle que celui-ci tourne autour de 3'555 emplois directs, auxquels il faut ajouter l'700 autres chez les sous-traitants. Alors hécatombe industrielle? Les initiants rappellent que l'initiative demande une phase de transition pour convertir ces places de travail en emploi civil, une aide sur 10 ans qui avoisinerait les 500 millions de francs: «Avec relativement peu d'investissement, créer 60'000 places dans l'économie durable dans un avenir proche est réaliste. La demande d'investissements durables s'est aussi considérablement accrue ces dernières années chez les investisseurs», souligne Nasia Boehlen, la porte-parole de l'association de défense de l'environnement, qui a pris fait et cause pour cette initiative "de politique de paix".

Pas de perte d'emplois

Pour Marco Geissbühler le militant zurichois de la jeunesse socialiste, cette reconversion est possible comme le montrent plusieurs expériences dans le passé. Dans les années '70, l'entreprise Lucas Aerospace, sous l'impulsion de ses employés, a ainsi développé des nouveaux produits, comme des moteurs hybrides pour les voitures, des défibrillateurs ou des pompes à chaleur. «En 2005, la production civile de Ruag (ancienne fabrique fédérale de munitions, propriété de la Confédération) atteignait les 38%, elle pourrait encore se développer», souligne le journaliste du Vorwärts, précisant que l'entreprise de Thoune a développé ces dernières années des produits dans la technologie du recyclage ou dans la construction aérienne civile. Il rappelle aussi que l'avionneur nidwaldien Pilatus, à côté de sa production militaire, a développé des avions civils de type PC-12. «Transférer les ressources et les compétences de l'industrie suisse vers le secteur du développement durable est certainement plus porteur d'avenir que la poursuite de la fabrication de matériel de guerre», soulignent aussi justice et Paix, une commission de l'Église catholique. Mise en danger de l'innovation? Celle-ci n'est pas forcément du ressort réservé de la recherche et développement militaire.

La neutralité et la tradition humanitaire de la Suisse sont discréditées par les exportations !

Aujourd'hui, le secteur militaire suisse représente moins de 1% des exportations suisses, une somme de l'ordre de 700 millions de francs par an. Il est l'heure, après les échecs d'une même initiative en 1972 et 1997, de mettre la Suisse en conformité avec son engagement pour les droits de l'Homme, en refusant qu'elle exporte des armes.
Une conviction que partage aussi le PST qui considère que cette exportation d'armes de guerre «discrédite complètement la neutralité et la tradition humanitaire de la Suisse». Comme le dit une activiste du GSsA: «On peut toujours remplacer des places de travail, mais pas des vies humaines.»

JDr

(affiche du "Mouvement des créatifs suisses", un collectif d'artistes qui s'est créé au début du mois de novembre en réaction aux affiches scandaleuses de l'extrême droite)




LE COURRIER   du mardi 24 novembre 2009       CONTRECHAMP         pg.4

ARRÊTONS D'ARMER LES CONFLITS

VOTATIONS - À la veille du passage aux urnes de son initiative contre les exportations d'armes, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) revient sur les grands enjeux de la campagne. Et dénonce par ailleurs «l'ampleur de la désinformation» produite tant par les opposants que par certains errements médiatiques.

INVITÉS - FRÉDÉRIC DURAND ET TOBIAS SCHNEBLI / GSSA*

flashmob - Jeudi 19 novembre à 18h, plus de 1000 personnes sont tombées au sol dans plusieurs villes du pays dont LausanneL'initiative pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre offre la possibilité d'exprimer politiquement le rejet des guerres qui ensanglantent la planète, et tout particulièrement de celles menées depuis 2001 par les Etats-Unis et leurs alliés. Même avec un modeste 0,7% du total des exportations mondiales d'armements, la Suisse participe néanmoins au commerce qui alimente ces conflits. Les trois quarts des exportations d'armes suisses en 2008 ont été livrées aux armées des pays occidentaux qui combattent en Afghanistan et en Irak. Pour le quart restant, on trouve des pays comme le Pakistan, l'Arabie Saoudite, l'Égypte ou la Turquie. La campagne pour le OUI a déjà réussi à faire tomber une partie de l'image convenue de la Suisse, petit paradis démocratique, neutre et champion de l'aide humanitaire.
L'initiative qui sera votée le 29 novembre 2009 est née dans le sillage du mouvement antiguerre qui, en 2003, avait mobilisé des dizaines des millions de manifestant-e-s dans le monde et des dizaines de milliers en Suisse contre la guerre en Irak.
Compte tenu de son impuissance à modifier le cours de la "guerre globale et permanente contre le terrorisme", ce mouvement pacifiste s'était progressivement essoufflé, tout en restant capable de se mobiliser de manière ponctuelle, notamment lors des agressions israéliennes au Liban en 2006, et à Gaza en 2009. Son principal mérite est probablement d'avoir délégitimé le discours dominant justifiant ces conflits. Une partie importante des opinions publiques occidentales ne croient plus aux effets salutaires des guerres pour la démocratie et les droits humains, même si elles sont menées contre des dictatures, des "Etats-voyous" ou des "entités terroristes".

L'initiative dénonce un mensonge officiel

L'un des principaux enjeux de la campagne de votation est de parvenir à démasquer le mensonge officiel selon lequel la Suisse ne peut "fournir des armes à des parties en conflit ou des Etats dans lesquels les droits de l'homme sont systématiquement et gravement bafoués ". La citation est tirée de la brochure officielle distribuée avec le matériel de vote (p. 15). L'ordonnance sur le matériel de guerre stipule bien que la Suisse ne peut pas autoriser les livraisons «si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international».
Mais notre pays livre du matériel de guerre à la plupart des pays engagés en Afghanistan. C'est que, d'après le Conseil fédéral, il n'y a pas de conflit armé dans ce pays... On se croirait en plein «1984» Orwell («La guerre c'est la paix»). La même brochure officielle fournit une justification idéologique à cette mystification: «Plus du 75% du matériel de guerre a été exporté vers des Etats qui défendent des valeurs proches de celles de la Suisse. Il s'agit de pays comme l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, les Etats-Unis...» (p. 16).
Un deuxième enjeu de cette campagne est de montrer la perversité de la militarisation globale, qui maintient en permanence les inégalités et les injustices au niveau mondial. La défense des privilèges des pays riches passe par le contrôle militarisé de la libre circulation des ressources et des marchandises, ainsi que par l'interdiction militarisée de la libre circulation des personnes.
Les livraisons de matériel de guerre ne contribuent en rien à désamorcer ou à réduire la violence des conflits, bien au contraire. La compréhension de cette perversité est nécessaire, si l'on veut changer les termes du débat sur le futur de la politique de sécurité suisse. Actuellement, il oppose surtout les conservateurs isolationnistes (l'Union démocratique du centre) et les modernistes (les autres partis bourgeois et une majorité du Parti socialiste suisse), qui prônent l'ouverture vers le système militaire européen. Une bonne campagne et un bon résultat pour le OUI le 29 novembre ne pourront que renforcer la position pacifiste et solidaire.

Places de travail: le cynisme des opposants

Quant à la question des places de travail, on ne peut que constater le cynisme virulent des opposants qui brandissent des menaces de mort ou de délocalisation de tout un secteur de l'économie en cas d'acceptation de l'initiative. Les mêmes milieux ont trouvé 66 milliards de francs en quelques jours pour maintenir en vie l'UBS mais refusent de mettre 500 millions en dix ans pour reconvertir les emplois lies au commerce de la mort vers des activités utiles pour le vivre-ensemble sur la planète...
Selon Greenpeace-Suisse, on devrait plutôt s'intéresser à la conversion de certaines branches économiques aux technologies d'avenir respectueuses de l'environnement. Un déplacement de la production électrique vers les énergies renouvelables permettrait non seulement d'économiser 10 milliards de tonnes d'émissions de CO2, mais aussi de créer 2,7 millions d'emplois de plus au niveau mondial que les industries des énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz - et nucléaires. C'est la conclusion d'une étude rendue publique par Greenpeace et le European Renewable Energy Council. 1 Les bénéfices que la Suisse peut en retirer dépendent des investissements qu'elle consentira à faire dans ce domaine. L'initiative populaire prévoit précisément des mesures d'accompagnement qui vont dans cette direction. La perspective de créer 60'000 nouveaux emplois industriels dans un avenir proche est réaliste. Selon l'étude réalisée sur mandat de la Confédération pour étayer le message du Conseil fédéral sur l'initiative, les entreprises d'armement emploient 3335 personnes dans leur secteur des exportations, auxquelles il faut ajouter 1797 places de travail chez les fournisseurs. En 2008, les exportations d'armes ne représentaient que 0,1% du produit intérieur suisse. Il est utile de considérer ces chiffres, pas tellement pour réduire la portée des places de travail touchées, mais plutôt pour montrer que la reconversion civile de ces places de travail est tout à fait possible. Le cas de la Ruag, propriété de la Confédération et plus grande parmi les industries d'armement en Suisse, prouve que la reconversion est possible et rentable: en huit ans (de 1999 à 2007) elle a réussi à augmenter la part civile dans sa production de 7% à 51%. Autre exemple, la fameuse entreprise SIG qui s'est défaite, en 2000, de sa division produisant des armes à feu, sans pour autant devoir mettre la clé sous la porte.

Quand la désinformation devient la règle...

Au long de cette campagne, les initiants ont été souvent abasourdis par l'ampleur de la désinformation produite par les opposants, milieux économiques et autorités politiques confondus. Mais plus préoccupant encore, le fait que les médias ont renforcé encore le déséquilibre des forces en présence. De façon délibérée ou par simple négligence (avouée parfois de la bouche même de journalistes surchargés), les cas de couverture partielle et d'erreurs factuelles sont innombrables.

En voici quelques exemples :

  • L'Hebdo du 19 novembre, p. 62, sous le titre «Seules les armes sont concernées par le vote - de loin pas !» mentionne toute une liste de produits qui seraient concernés par l'interdiction de l'exportation: "des machines-outils, des senseurs, des lasers, des appareils optiques, des matériaux comme le titane, des produits chimiques, des logiciels...". «Ce sont des biens militaires spéciaux», déclare Giovanni Giunta (secrétaire du Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité). Le titane? M. Giunta et l'Hebdo oublient de mentionner que ce ne sont pas ces produits ou ces matériaux en tant que tels qui sont considérés comme "biens militaires spécifiques", mais uniquement les produits spécialement conçus pour l'usage militaire et qui ne sont pas considérés comme biens à double usage.

  • «Une ville sinistrée, c'est à cela que pourrait ressembler la ville de Thoune, si le peuple acceptait le 29 novembre prochain l'interdiction des exportations d'armes.» Le reportage de la RSR diffusé au journal du matin du 4 novembre 2009 portait sur le travail effectué dans les ateliers de la RUAG pour transformer en appareils de déminage des chars Léopard II de l'armée suisse. Ce reportage n'a pas mentionné que l'initiative exclut explicitement de son champ d'application les appareils servant au déminage humanitaire. De plus, à ce jour, la Suisse n'a pas exporté un seul char Léopard II, transformé en char de déminage ou non.

  • Dans ses deux «Gros plans» sur les exportations d'armes (26 octobre et 10 novembre), La Liberté voulait sans doute offrir une couverture équilibrée, avec un reportage favorable et un défavorable à l'initiative. Pourtant, alors que les opposants sont cités en long et en large, les initiants n'ont pas voix au chapitre. De plus, de grosses erreurs factuelles (en partie corrigée ultérieurement) truffent les textes.

  • Les appareils de mesure de l'entreprise Vibro-Meter SA constituent la principale "pièce à conviction" de la campagne des adversaires de l'initiative. Bien que les dispositions de la "Liste des Munitions" permettent assez clairement de conclure que ces appareils ne seraient pas concernés par l'interdiction d'exporter, ni Vibro-Meter ni le Seco n'ont voulu démontrer comment et pourquoi les ils doivent être considérés comme des "biens militaires spécifiques", et non simplement comme "biens à double usage".

À la suite de la découverte d'une taupe envoyée par le lobby de l'armement pour espionner la préparation de la campagne, le GSsA avait déjà dénoncé l'emploi de méthodes antidémocratiques par ses opposants. Il constate aujourd'hui que l'hypocrisie de la politique suisse ne concerne pas seulement ses agissements vis-à-vis de l'étranger, mais qu'elle s'applique aussi au débat "démocratique" à l'intérieur de nos frontières. L'insécurité que nous créons à l'extérieur a aussi un impacte sur notre sécurité intérieure... I

* Groupe pour une Suisse sans armée

1 Greenpeace

photo - Jeudi 19 novembre à 18h, plus de 1000 personnes sont tombées au sol dans plusieurs villes du pays - dont Lausanne (à gauche) et Genève - pour symboliser les victimes du matériel de guerre exporté par la Suisse. DR


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Pour notre information...


lecteurDans la foulée des commentaires sur la votation du 29 novembre 2009, l'ami Jean Firmann exprime sur "Ruminances" son sentiment sur la votation suisse, qui suscite débats et commentaires. Sans que cela relève du dégel des banquises, ça chauffe quand même un peu. L'auteur vit au pays. Regard intérieur d'homme libre et de poète exerçant sur l'actualité son droit et son devoir de poésie. Oeil lucide et averti, sans concession, sur le sujet brûlant du moment. Nous l'en remercions.


ENVELOPPEMENT DURABLE & QUEUE LEU-LEU LA MORT

petite note de jean firmann...

Ah! ces votations helvétiques détestables livrées le dimanche au sus du monde entier 29 novembre 2009 en la clarté glauque des urnes par un paquet compact & contrit et claquant des dents blanches de Suisses tenanciers glaciers des plus splendides dentifrices & prétendus concepteurs à jamais de toutes brosses à dents qui speedy tournent encore plus vite que plus vite tant qu'à foie jaune de Suisse à qui paye vendu ni Dieu ni Marie son humble & bleue terrible marraine, via leurs vendeurs compassés & ahuris tourner si vite le monde ornithorynque n'ont jamais vu.

Sauf un peu vers l'ouest, Genève, Lausanne, le Jura, Neuchâtel, mais hélas pas un sang par le pays ni vers le nord, ni vers le sud, pas un cerveau par tout le pays, pas un coeur qui bougent. Les glaciers fondent? la belle affaire! Ils reculent, ces lâches. Mais moi enfin je me contemple humblement, n'est-ce pas dans les miroirs de ma salle de bain & j'en ai plutôt deux qu'une jusqu'en haute & sauvage sauve montagne, de salle de bain. Et la première en ville de salle de bain pleine de tuyaux que quand moi je veux il faut artistement qu'ils bougent. Debout en Calida. Pur coton des enfants explosés au boulot sec et voyou du plein sud. Debout en pyjama, en cette grave & rédhibitoire occurrence les Suisses disent merde à Voltaire, les Suisses disent merde à Rousseau. Comme ils l'ont fait toujours. Et la truie Europe en ses tétines profondes par trente-six trous menteurs et tout autant de chaînes télévisuelles en jouit de plus en plus vigoureusement. Ô peuple souverain, roule-toi dans son cri obscène.

Voilà pour le désespoir que les vendeurs de sous tentent de nous imposer.

soldat mortMais fais gaffe vendeur sans scrupule de tout,
fais bien gaffe à ton gros orteil,
fais gaffe à ton stupide mâle orgueil !

Car à vos soumissions glaireuses et à vos hallalis rampants
Nous crions de belle & neuve voix
Halte là.
Il reste des vivants aux guichets de la poste et des dérailleurs de train à la cervelle aujourd'hui trop triste au grand galop du monde.
Prétendez-donc qu'il faille aplatir la terre devant l'homme.
Prétendez donc tant crispéx que vous êtes en vos saints livres les tenanciers et les détenteurs de la tête toute neuve & sacrée des enfants rieurs. Entends au moins ce cri de tournoyante joie aux deux narines roses et libres quand tu gobas

Oui, nous avançons debout par les mystères
Tes filles & tes fils parleront plus vite que toi.
La mer salée turquoise de son ample gifle douce
à la joue suicidaire du peuple souverain bientôt mouillée de grande eau verte et chaude le dira.

Donc, au marais, au coupe-coupe, au couperet les minarets.
Le souverain peuple a décidé, le peuple souverain a ses idées.
L'ennui grave, c'est que les malencontreux Helvètes qui ont refusé un dimanche de fin novembre 2009 qu'à l'entour de leurs jardinets cossus l'on construise désormais le moindre minaret ont pris une seconde décision bien pire encore.
Une décision «pire gros que le ciel» comme me le dit un jour un enfant pénétrant d'éléphant que je connaissais bien.

Et diable hurlant de rire par toute religion enseignante & saignante en témoigne.
Ils ont refusé le même jour que la Suisse, cesse enfin de vendre du matériel de guerre.
Et qu'elle arrête s'il vous plait amis du prochain jour par les tiers mondes & l'horreur sans eau pure d'exister de déchirer les chairs des bêtes & des humains de sa ferraille tournicotée de pur acier vers Winterthur.

Oui la Suisse, pays neutre, pays pleutre doit absolument en cette première décennie du siècle 21 continuer dare-dare d'exporter à tour de bras la guerre et le matériel qu'il y faut pour professionnellement & sadiquement bien la faire. Sans sourciller au pays de la croix blanche que depuis Henri Dunant l'on pouvait tout de même à jamais espérer rouge de honte, la croix non diable le plastic, la dynamite à Nobel, le syntex, le semtex et autres explosifs plus déchirants et plus modernes encore se vendent comme des petits pains et la Suisse qui adore Dieu adore qu'on multiplie les petits pains à explosifs liquides, argent liquide und so weiter comme le disent aujourd'hui nos Goebbels pan-européens devenus de leurs trente-six couilles conviviaux «Je vous salis ma rue» disait Prévert qui si souvent pleurait la nuit.
minaret
Le moindre pékin notera encore qu'un minaret en gros est une structure cylindrique verticale de hauteur variable et de décoration libre qui sert à propager la prière exactement ce que font Swisscom, Bouygues, Orange & autres Sunrise quand ils érigent à travers tous pays d'Europe sur la moindre éminence leurs hauts mâts d'aciers qui bourdonnent à fond là-haut sur les échelles de Jésus la mort.
Mais contre ces minarets post-modernes là, nul, nulle part ne s'insurge.
Téléphone à ta femme, à ta cousine, à ton tonton à ta tante
Téléphone, tout le temps de l'enfant d'éléphant qui téléphone
Cause, cause, cause jusqu'à ce que tu te la coinces
Ta gueule qui emmerde tout le monde.
J'avance debout dans l'allumette
Je bénis qui tue dès douze ans toutes casquettes

jean des os d'être qui chantent

jean firmann





LÉGITIME DÉFONCE

on bruleQu'est-ce qu'une voiture qui brûle ?
Juste une collision plus ou moins mal organisée de particules. Comme en font les garçons et les filles plus ou moins physiciens et plus ou moins physiciennes jetant de joie leurs casquettes au plafond en ces temps accélérés sous la terre du CERN.
Rien de moins.
Rien de plus.



Black BlockLes Black Blocs ce sont nos BB. Et que nous disent nos bébés. Nos bébés nous disent qu'ils ne veulent plus qu'on blinde et qu'on pourrisse de mort leur futur. Les Black Blocs ont juste l'ahurissant et rapide courage de montrer dans la rue ce qui se pratique impunément toujours derrière les façades des banques et autres officines joyeuses aux catiminis de la mort. Non ils ne confisquent pas aux opposants pacifistes leur manifestation. Ils montrent juste qu'il y a un temps pour la patience et passé ce temps l'exigence vivante de la colère. Nos bébés cassent la mort du Moloch mou qui nous aspire. Honneur à leur ferveur insupportable & indécente.


Jean Firmann



et pour finir...

24 Heures     VOUS AVEZ LA PAROLE

24 Heures courrier des lecteurs du 28 décembre 2009

MATÉRIEL DE GUERRE

Bravo !

Bravo à toutes les personnes qui ont voté non à l'interdiction d'exporter des armes. Bravo à toutes celles qui les ont influencées par des campagnes de promotion. Bravo à tous ces travailleurs qui œuvrent à la fabrication d'armes et de munitions diverses dans les usines suisses.

Bravo à tous.

La Suisse pourra continuer en toute bonne conscience ses exportations à travers le monde, et cela pour longtemps. Tous ces emplois sauvés, c'est génial !

Au fait, avez-vous encore une conscience ?

Bernard Cavin,
Lausanne

24 Heures courrier des lecteurs du 02 février 2010

EXPORTATION D'ARMES


Presque personne n'en a parlé !

Depuis le 29 novembre jusqu'à ces derniers jours, l'on revient toujours dans les médias sur l'acceptation par le peuple suisse de l'initiative antiminarets. Des pages et des pages de courrier des lecteurs ont été publiées.

Cependant, du refus injustifié de l'initiative du GSsA contre l'exportation d'armes, presque personne n'en a parlé. Pourtant, ce non représente une grave erreur de la part des Suisses. En continuant d'exporter des armes, nous favorisons encore davantage la souffrance des peuples en guerre et "fabriquons" toujours plus de réfugiés.

Pierre Barbey,
Vevey



Non, ce n'est pas fini...!



LE COURRIER
MERCREDI 17 FÉVRIER 2010
page 4   LECTEURS
 
Il est temps de se poser des questions

MATÉRIEL DE GUERRERebecca Tickle réagit à l'annonce d'un nouveau record des exportations d'armes de la part de la Suisse en 2009.

En réaction à une dépêche de l'Agence télégraphique suisse (ATS) du 10 février sur le succès du secteur de la production de matériel militaire suisse (voir news du SECO), je me suis remémorée comment la Suisse avait vendu des Pilatus "inoffensifs" au Tchadien Idriss Déby, qui s'était empressé de les transformer en avions de guerre, pour continuer à bombarder copieusement les populations tchadiennes de l'Est, sous prétexte de lutter contre les rebelles! Les autorités suisses avaient ensuite feint l'ignorance du dessein d'Idriss Déby, qui ne constituait pourtant aucune surprise aux yeux des observateurs internationaux.

Ensuite, quand des migrants, des gens souffrant sous le joug de dictateurs qui tuent leur peuple dans différentes circonstances, par des crimes économiques autant que par des crimes de sang, pour garder le pouvoir envers et contre tout, cherchent une terre d'accueil pour une vie meilleure, on leur ferme la porte au nez !

De surcroît, ces dictateurs sont accueillis à bras ouverts en Suisse pour leurs vacances (six mois sur douze pour le Camérounais Biya), on leur vend des armes en toute bonne conscience, et on fait semblant de ne pas comprendre pourquoi le Camerounais moyen n'a pas envie de rentrer dans son pays son diplôme en poche !

Au Nigeria, les fonds Abacha 700 millions de dollars, abrités à l'ombre du système bancaire suisse, ont été remis au président Obasanjo sans condition, alors qu'il a été le président le plus corrompu de l'histoire du Nigeria. Pas un dollar de cet argent n'a réapparu dans le budget et les caisses de l'État nigérian.

Obasanjo est l'un des plus grands criminels économiques que l'Afrique ait connus. Les populations du delta du Niger, immensément pétrolifère, sont maintenues dans le dénuement le plus total, écrasées si elles se soulèvent. Comment explique-t-on que les Nigérians qui cherchent refuge en Europe sont majoritairement originaires de la région la plus riche en pétrole d'Afrique. Les compagnies pétrolières occidentales s'enrichissent sur le dos des populations locales qui n'ont même pas de quoi pêcher du poisson frais et boire de l'eau potable.

Les fraudes électorales massives sont soutenues par les armes. Les droits de l'homme en Afrique sont systématiquement violés avec le soutien des armes que la Suisse, entre autres, exporte.

armementIl est temps que les Suisses se posent les questions qui s'imposent. Ils ne pourront pas éternellement se réfugier derrière le danger du chômage dans le secteur de la production de matériel militaire. La Suisse continuera-t-elle donc encore longtemps à bâtir une partie de son secteur économique sur des ossements humains ?

Et tant que les Suisses ne disent rien, ils consentent...

En clair, la Suisse et ses habitants deviennent donc implicitement complices de crimes contre l'humanité. Partout où les armes parlent, on peut se permettre de deviner la part de responsabilité de la Suisse.

À bon entendeur !


REBECCA TICKLE,
Genève
 


LE COURRIER - LA LIBERTÉ -
MARDI 2 MARS 2010
page 6   SUISSE
 

La Suisse ne renforcera pas le contrôle des exportations d'armes

Le National a enterré le projet du Conseil fédéral qui souhaitait pouvoir s'opposer aux exportations de matériel à double usage militaire et civil. Les exportations de matériel à double usage militaire et civil ne seront pas soumises à des règles plus strictes malgré l'affaire Pilatus.

Le Conseil national a enterré hier le projet. Comme le Conseil des États, il a refusé d'entrer en matière par 114 voix contre 67 sur cette révision de la loi. Tirant les leçons de l'affaire de l'avion d'entraînement Pilatus vendu au Tchad et utilisé à des fins militaires au Darfour, le Conseil fédéral voulait se faire conférer la compétence de refuser des permis d'exportation «pour préserver les intérêts essentiels de la Suisse». Cette disposition aurait concerné tous les types de biens à double usage, comme par exemple les machines-outils de haute précision utilisées pour fabriquer des armes à main.

La droite a jugé ce tour de vis inutile. La révision proposée n'aurait pas empêché l'affaire tchadienne, a lancé Ursula Haller (PBD/BE). Pour le camp bourgeois, la Suisse dispose d'un système de contrôle des exportations suffisamment strict, à même de régler les éventuels cas litigieux.

En cas d'incertitude, l'autorité habilitée à délivrer les permis – le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) – a convaincu à chaque fois les entreprises de renoncer à une vente problématique, a fait valoir Walter Müller (PLR/SG) au nom de la commission. La révision compliquerait en revanche les procédures en multipliant les examens et les rapports. Ce qui nuirait au final à la compétitivité de l'économie, a-t-il souligné.

Les entreprises seraient dès lors tentées de délocaliser. Autre argument: le peuple a très largement rejeté le 29 novembre dernier l'initiative populaire visant à interdire aussi bien les exportations de matériel de guerre que celles de biens spécifiques comme les Pilatus. Mais les opposants à ce texte ont justement fait campagne en assurant que la loi serait durcie, a répliqué en vain Eric Voruz (PS/VD).

Le gouvernement n'a reçu le soutien que du camp rose-vert. Certes le SECO a pu convaincre dans onze cas ces dernières années l'économie à ne pas exporter du matériel. Mais on ne peut pas compter à chaque fois sur un renoncement volontaire, a insisté Anita Lachenmeier (Verts/BS).

«Nous sommes en permanence dans une zone sensible», a renchéri la présidente de la Confédération Doris Leuthard. Il faut optimiser sans arrêt l'application de la loi. Actuellement, les motifs pour refuser un permis sont stricts: embargo international, menace sur la sécurité interne et extérieure, soutien au terrorisme ou au crime organisé.

ATS 






 

© tiré du  "24 HEURES" - "LE COURRIER" - "LE TEMPS" - "GAUCHEBDO" -




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