Le magazine de la COOP cherche à démonter Jean Ziegler

Voici ce que j'ai écrit sur le forum Coopération-online.ch en plus de ma lettre dans le journal Coopération

Jean Ziegler

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Non seulement crédibles mais indispensables !

Tafelmacher Georges
05.05.2005 10:30

Non seulement les thèses de Jean Ziegler sont crédibles mais, face à l'acharnement médiatique des zélateurs de ce système basé sur l'économie compétitive et la création de richesse, il nous faut des penseurs qui nous aident à formuler le problème pour que nous puissions prendre les dispositions nécessaires pour changer cette mentalité de prédateur et amener les gens à prendre en main leur avenir. Tant que l'évolution de notre monde n'est le fait que de quelques managers dominants élitaires (p.e. Carlos Ghosn), nous pataugerons toujours dans les graves contradictions de cette société de consommation où la création de richesse se substitue à la création d'individus autonomes, autogérés, solidaires et empathiques, seuls capables d'éclore des visions nouvelles, réellement humaines. On peut dire tout ce qu'on veut contre Jean Ziegler mais tant qu'il existe des inégalités aussi énormes et des aberrations aussi destructrices, ses coups de gueule sont non seulement nécessaires mais surtout indispensables à la mise en place d'une évolution satisfaisante et constructive de notre petite planète malmenée...

Adresse = www.cooperation-online.ch/index.cfm


Courriel à Jean Ziegler

Merci pour votre message, cela fait toujours beaucoup de bien de savoir qu'on est lu d'autant plus venant de la part de quelqu'un que j'ai défendu bec-et-ongle depuis les premiers livres où vous avez dénoncé le scandale africain et celui des banques  !!

Un mot et un seul – CONTINUEZ sans répit surtout de nos jours où les résultats de nos choix ultralibéraux se font très ressentir et où les jeunes ont perdu jusqu'à leurs motivations de vivre...

Georges Tafelmacher
Chemin de la Côte 22
1009 PULLY

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Question à Jean-Christophe Aeschlimann, rédacteur en chef

-----Ursprüngliche Nachricht-----
Von: etafdelacote@hispeed.ch [mailto:etafdelacote@hispeed.ch] 
Gesendet: Donnerstag, 5. Mai 2005 10:17
An: COOPERATION; WEBPUBLISHERCE
Betreff: Coopzeitung: Leserbriefe
TITEL: Et si Jean Ziegler était un homme insouciant?
BEZUG: Courrier des lecteurs (18/2005)

La mystique révolutionnaire, la démagogie intellectuelle et le culte du bouc
émissaire de Jean Ziegler vous fatigue, nous dites-vous !
Soit, mais comment se fait-il que parallèlement vous ne condamnez pas la mystique
consommatrice, la démagogie économique et publicitaire et le culte sécuritaire
de cette société de domination moderne où la consommation idolâtre nous promet un
«avenir radieux», création du XXe siècle, qui avec l'hitlérisme, le libéralisme
et le soviétisme a pourtant démontré l'énormité ?

NAME: Tafelmacher
VORNAME: Georges
STRASSE: Route du Port 22
PORT: PULLY
PLZ: 1009

Petites anecdotes concernant Jean Ziegler

Jean Ziegler: Je suis né en Suisse, dans un milieu bourgeois. J’ai eu une enfance heureuse, mais très bourgeoise. Lorsque je me trouvais face à des situations de pauvreté, j’étais consterné. Mon père me disait alors: «Dieu l’a voulu ainsi.» On appelait cela la prédestination, ce qui m’était insupportable. Puis, à Paris, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir m’ont enfin donné les outils pour comprendre le monde et lutter pour le changer. Grâce à eux, le livre est devenu une arme pour moi. Et c’est de Simone de Beauvoir que j’ai reçu mon prénom. Lorsqu’elle a vu mon prénom au-dessus du premier texte que j’ai écrit pour la revue Les Temps modernes, elle m’a demandé: «Qu’est-ce que c’est que ça? Hans?» Elle m’a dit que ce n’était pas un prénom. Elle l’a barré et m’a appelé «Jean».

Che Guevara a joué un rôle pour lui

J’ai été son chauffeur pendant un certain temps, à Genève. La veille de son départ, j’ai pris mon courage à deux mains et lui ai lancé: «Commandant, je veux partir avec vous!» Il m’a alors montré les bâtiments illuminés au centre de Genève et m’a dit: «Le cerveau du monstre est ici. C’est ici que vous devez vous battre.» Le Che m’a indiqué la stratégie du combat à mener: l’intégration subversive. L’objectif devait être de pénétrer dans les institutions et d’utiliser leur pouvoir à mes fins. C’est ainsi que je suis devenu professeur d’université, parlementaire et même rapporteur spécial auprès des Nations Unies.

Sa carrière politique a-t-elle contribué à changer les choses

Membre du Parlement suisse de 1967 à 1999, il s'est distingué pour avoir déposé en une seule année, en 1989, 38 projets de loi: un record. Mais le Parlement n’a pas véritablement de pouvoir en Suisse. Les parlementaires sont élu surtout s'ils appartiennent au bon parti et sont nommé dans des conseils d’administration. Comme ceux de Nestlé, de Roche, d’UBS ou de Credit Suisse, au sein desquels ils gagnent des centaines de milliers de francs. Ainsi, ils deviennent un mercenaire. Un exemple: l’OCDE a fait pression pour que la loi sur le blanchiment d’argent soit renforcée, car les avocates et avocats qui recommandaient l’ouverture de comptes offshore n’étaient pas couverts par ce texte en Suisse. Le gouvernement a proposé cette loi sous la pression. Mais, en septembre dernier, le Parlement a rejeté la proposition.

L’oligarchie bancaire l’emporte toujours.

En tant que parlementaire de gauche, on doit faire preuve de transparence et s’opposer. La Suisse a soutenu l’apartheid jusqu’à la fin. Même les États-Unis sous Reagan avaient déjà interdit le commerce de l’or sud-africain. J’ai dénoncé ce scandale, ayant reçu des informations des services secrets américains. À l’époque, j’ai montré à la Commission de politique extérieure que la compagnie aérienne Swissair effectuait des vols pour le transport de l’or sud-africain en dehors de ses activités ordinaires.

De la démocratie directe, une particularité du système politique suisse

La démocratie directe est une bonne chose, mais, dans une société aussi inégalitaire que la nôtre, 2% des capitalistes possèdent plus de la moitié de la fortune totale, cela signifie que celles et ceux qui ont de l’argent détiennent le pouvoir sur la majorité. À chaque votation populaire sur un projet de loi, on dit que l’initiative va faire augmenter le chômage et les coûts pour l’État. Sous la pression de la propagande, les gens votent contre leurs intérêts: contre la proposition d’une sixième semaine de vacances, contre la caisse maladie unique, qui aurait fait baisser nos cotisations de 30%, ou encore contre l’augmentation des rentes AVS.

La soi-disant efficacité du capitalisme

Pourtant l'argumentation de la droite dit qu’en quarante ans, le capitalisme a sorti 800 millions de personnes de la pauvreté. Le mode de production capitaliste est certainement le plus vital et le plus créatif que l’humanité ait jamais connu, mais il échappe au contrôle de l’État et des syndicats. Les entreprises détiennent un pouvoir qu’aucun roi, aucun pape n’a jamais eu sur cette planète. Cela conduit à un ordre mondial cannibale. Nous luttons contre la faim. Nous luttons contre la toute-puissance des multinationales. Nous luttons contre le réchauffement climatique.

Le capitalisme est responsable du changement climatique

Il n’existe pas de puissance publique capable d’imposer, au nom de l’intérêt général, les mesures décidées par les États dans le cadre de l’Accord de Paris. La destruction de la planète est donc la conséquence directe du capitalisme. Prenez l’Accord de Paris de 2015: l’objectif est de limiter la hausse des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Nous sommes en 2022, et la production de pétrole a triplé, au lieu d’être réduite, pour dégager des bénéfices.

Pour accomplir le miracle de l’histoire, il faut une prise de conscience de la part des formidables jeunes, car c’est leur planète. Et, tout à coup, il y a ce mouvement extraordinaire. Une sorte d’insurrection de la conscience, et cela commence à devenir très intéressant parce que les jeunes commencent à réfléchir à l’impact des multinationales. Elles et ils sont témoins des destructions, des tempêtes, des déserts, des famines. C’est un vrai réveil.

Lire plus :

Le combat de Jean Ziegler contre le capitalisme