Comment convaincre les gens d’accepter l’IA

 

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Quelques considérations pour éclairer le débat

Il est des plus significatif que chaque fois que l’on essaie de présenter l’IA d’une manière à convaincre le monde d’y adhérer, une sourde inquiétude transparaît au travers les lignes des textes à première vue dithyrambiques, enthousiastes et entraînants.

Or, à chaque fois, ces textes font mention d’un problème ou d’un autre et passent chat sur braises sur les conséquences néfastes que l’IA aura sur la société dans son entier. Certes quelques dangers sont mentionnés mais ils nous consolent en laissant entendre qu’avec quelques "régles" fortes à propos, tout danger serait écarté car il s’agit que le grand public conserve à tout prix une confiance minimale dans les instruments dits "intelligents" pour que le peuple puisse non seulement accepter la domination de l’IA mais qu’il soit d’accord qu’elle transforme non seulement nos vies mais surtout la société en tant que telle.

D’abord nous savons que si une réglementation serait nécessaire, cela signifie quand même qu’il y a des problèmes avec l’IA et l’expérience nous dit qu’aucune réglementation ne viendra au bout de tous les problèmes présents et futures que soulèveront l’IA et ses consœurs. D’autant plus que toutes ces réglementations seront facilement contournées par les puissants promoteurs de l’IA, soit les "Microsoft, ChatGPT, Google, X, TikTok et cie" et surtout par toutes les personnes douées en informatique qui l’utiliseront pour leurs avantages personnels et leurs petites affaires.

Ci-dessous, une compilation de textes tirés des divers médias où l’on voit clairement ce paradoxe se dérouler dans toute sa splendeur. Mais le plus significatif est quand même le fait que ces articles positivistes réclament tous une réglementation sévère pour contenir l’IA et l’empêcher de trop nuire à la société et aux gens et, surtout, pour "prévenir" tout abus de la part de personnes qui utiliseraient l’IA à des fins d’escroquerie, de domination ou autre et nous savons que cela est impossible, le diable se cachant dans les détails...GPT

Notes du compilateur G.P.T.

 

  Les phrases soulignées indiquent où cela fait problème, toujours sans le dire...

 

 

 

Sommaire :

  1. L’IA   -   au chevet de la santé mentale
  2. Grain de sable   -   L’art à la machine
  3. ChatGPT   -   le secret bien caché de certains salariés !
  4. La tech   -   au service du bien-être psychique
  5. Un stop   :   pour l’aspirateur de données
  6. Défis glauques   et nocifs des réseaux sociaux
  7. Les ados   -   déjà accros aux écrans et au porno
  8. Nous allons travailler   -   avec les machines
  9. Liens   -   Lire plusieurs pages instructives

 


 

24heures du lundi 28 août 2023

CPV

 

Psychothérapies virtuelles

 

L’intelligence artificielle au chevet de la santé mentale

 

Ce jeune entrepreneur Charly Hayoz a créé un site de soins psychologiques motorisés par l’IA, «OpenSynaps». Il travaille avec Gilbert Dagon, un diplômé en hypnose pluri-disciplinaire. La start-up lausannoise «OpenSynaps» propose des séances d’autohypnose générées numériquement. La pratique est appelée à se généraliser, constate une spécialiste.

 

psychotherapies virtuelles
photo Chantal Dervey   space

 

Dans les années 60 déjà, on tentait d’associer la machine à la santé mentale avec l’un des tout premiers robots conversationnels, baptisé Eliza. Cette cohabitation a franchi une nouvelle étape avec l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA). À Lausanne, une toute jeune start-up affiche ses ambitions: arrêter de fumer, soulager son anxiété ou un état de stress sont autant de buts pouvant être atteints par le biais de séances d’hypnose générées par l’intelligence artificielle. Mon psy sera-t-il un robot dans les prochaines années? OpenSynaps ne prétend pas remplacer un thérapeute, mais son modèle confirme une tendance. Son chatbot, Psychologue IA, tire ses réponses du logiciel ChatGPT.

 

La petite start-up ne fait pas encore assez de chiffre d’affaires pour être inscrite au Registre du commerce. C’est de son appartement que son fondateur a lancé cette année sa nouvelle plateforme. «Ce que propose avant tout OpenSynaps, ce sont des séances d’hypnose générées par intelligence artificielle, décrit Charly Hayoz. Mais nous avons une approche holistique, qui ajoute d’autres pratiques comme la sophrologie.» Ingénieur en logiciels de formation, le trentenaire s’est associé avec l’hypnothérapeute Gilbert Dagon.

 

«On ne met pas trop en avant le fait que les séances d’hypnose sont générées par IA, car cela fait encore peur aux gens», indique Charly Hayoz. Il souligne que les 17 séances proposées par mois «s’adaptent à chaque personne» et que ce ne sont pas «de simples enregistrements». Pour son fondateur, la démarche fonctionne après dix jours déjà, avec une diminution des symptômes. Tabagisme, anxiété ou encore phobies peuvent être traités par l’autohypnose, estime l’entrepreneur, même si la méthode ne fonctionne pas pour tout le monde. «Nos utilisateurs s’estiment satisfaits à 90% selon nos sondages, et on observe un taux de réussite de 50% à 60%», dit-il.

 

Toujours disponible

 

C’est en découvrant l’autohypnose, après avoir passé sans satisfaction sur le divan de plusieurs thérapeutes, que le jeune homme a voulu donner corps à cette plateforme. Disponible à toute heure du jour ou de la nuit, celle-ci ne nécessite pas d’attendre que l’agenda d’un thérapeute se libère. C’est le cas également du robot Psychologue IA, qui permet à l’utilisateur d’exprimer ses émotions du moment. «L’utilisation de ChatGPT permet de recevoir une assistance à toute heure, relève Charly Hayoz. Si une certaine urgence est décelée, comme des envies suicidaires, le programme va conseiller de s’adresser à des instances spécialisées, comme les hôpitaux ou la Main Tendue.»

 

Pour l’entrepreneur lausannois, OpenSynaps permet de «démocratiser les soins psychologiques». Avec environ 300 utilisateurs quotidiens, le site ne prétend toutefois pas se substituer aux thérapeutes, même si son robot de conversation y fait directement référence. Charly Hayoz se veut complémentaire: «Psychologue IA permet de poser ses émotions, de se sentir écouté à n’importe quel moment et d’obtenir des conseils assez communs.» La plateforme pourrait ainsi servir aux patients entre deux séances avec leur thérapeute.

Sa tentative de collaborer avec la Fédération suisse des psychologues (FSP) a échoué. «En tant que start-up lausannoise, nous espérons davantage de soutiens de la part du monde médical, grince l’entrepreneur. Nous ne sommes pas seuls à utiliser l’intelligence artificielle dans ce domaine, alors est-ce qu’on préfère attendre qu’une entreprise américaine finisse par s’imposer ici, ou avoir une solution suisse?»

 

C’est que l’intelligence artificielle est en marche et va bousculer le monde de la psychologie aussi bien que d’autres secteurs. Chercheuse et chargée de cours à l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne (UNIL), Laura Vowels travaille actuellement sur l’usage du fameux ChatGPT en thérapie. «En testant les réponses qu’il me donne, je me dis qu’il peut parfois être meilleur que certains thérapeutes; c’est en tout cas un bon début et cela va sans doute s’améliorer à l’avenir», constate-t-elle.

 

Avatars de thérapeutes

 

Si la chercheuse admet que l’arrivée des machines dans ce domaine lui «fait un peu peur», les développements en cours sont prometteurs. «Certains préparent déjà une méthode destinée à la formation des thérapeutes, fondée sur le machine learning (apprentissage automatique), décrit Laura Vowels. Lors de consultations en ligne, un chatbot pourrait en améliorer le suivi et, dans quelques années, on verra apparaître des avatars de thérapeutes performants et peut-être qu’un thérapeute pourra même reproduire sa méthode en laissant la machine apprendre de l’enregistrement de ses séances.» Face au manque de thérapeutes, l’IA pourrait rendre service: «On peut imaginer un praticien supervisant des séances dispensées par IA dans les cas les moins graves et ne traiter que les situations plus graves, ce qui permet de traiter beaucoup plus de patients à la fois», songe Laura Vowels.

 

Reste la question des réponses générées par un outil tel que ChatGPT, fondées sur les probabilités plus que sur les critères d’exactitude scientifique. La chercheuse ambitionne de développer un cadre méthodologique nécessaire à «assurer la pertinence et la sécurité» de tels outils.

Face à ces questions, l’Association vaudoise des psychologues rappelle un point essentiel. «Toutes les recherches sur l’efficacité en psychothérapie montrent l’importance du lien entre un thérapeute et son patient, la relation de confiance qui s’instaure, dit sa coprésidente, Line Bataillard. C’est le fait d’être compris par un spécialiste dûment formé en psychothérapie qui va permettre la diminution des symptômes chez un patient.»

 

Alain Détraz

 


 

Technologie

 

Les limites de l’intelligence artificielle

 

Un progrès technologique probablement aussi prodigieux que préjudiciable.

C’est avec imprudence que ses concepteurs l’ont laissée se disperser à tout va. L’inventeur de la bombe A et ses acolytes n’avaient pas su faire mieux. Même en lui greffant une conscience spirituelle numérisée, ce n’est certainement pas l’IA qui à elle seule pourrait rétablir un équilibre viable sur la planète, entre un désordre climatique dévastateur, un désarroi écologique, une économie trop souvent axée sur le profit et les absurdités guerrières de la géopolitique.

Il est regrettable que depuis le début de l’industrialisation, le monde animal (hors êtres humains) et végétal ait été délaissé.

  

Alain Rochat, Bière

 

Lire plus : Le ChatGPT et la bombe atomique

 

«Le scénario de la bombe atomique pourrait bien se reproduire : un outil inventé pour contrer la domination pourrait servir à dominer

 

ChatGPT et la bombe atomique

 

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24heures du samedi 26 août 2023

 

Grain de sable

 

L’art à la machine

 

Gregory Wicky Responsable de la Rubrique Vaud

 

- Dis, ChatGPT, que va-t-il advenir des artistes maintenant que vous, les robots, vous leur devenez supérieurs dans tous les domaines créatifs ?

 

«just a moment, please»

 

- C’est vrai qu’on leur botte les fesses. Ils n’auront qu’à trouver un vrai job, ces tocards. Et se couper les cheveux.

 

Dans la réalité, la réponse de la machine fut un peu moins péremptoire. Elle a prétendu ne jamais vouloir «remplacer l’inspiration et l’émotion humaines», désirer plutôt se «mettre à leur service» pour sublimer notre potentiel créatif. Balivernes de robot sournois! L’intelligence artificielle s’est déjà immiscée dans les arts à une vitesse délirante, plaçant sa musique dans nos chartes, faisant douter de la présence humaine derrière l’image que l’on admire ou le texte que l’on lit. L’idée de l’être humain comme unique détenteur de la flamme du génie en a pris un sacré coup, et il va falloir s’y faire.

 

Pendant qu’on travaille à ce deuil, cela dit, prenons un moment pour constater que l’émergence de l’IA intervient à un moment où les arts ne sont pas au mieux. Quel est le dernier livre à avoir enflammé le débat sur la place publique? Le dernier film à avoir bouleversé le monde, la dernière chanson à l’avoir rassemblé? Si on voulait forcer un peu le trait, on pourrait dire que la production artistique du XXIe siècle semble parfois davantage servir à faire tourner les institutions culturelles et le business du divertissement qu’à exprimer l’urgence d’émotions ou d’idées nouvelles.

En fait, c’est la notion même de création que semble questionner le modèle derrière ChatGPT: on le sait, «l’intelligence artificielle» n’est ici qu’une analyse quantitative du langage publié en ligne, le réseau neuronal étant statistiquement capable de predire le mot suivant dans une phrase. En gros, notre production collective est tellement scriptée et standardisée qu’un nivellement par le milieu permet de la simuler. Pas folichon.

 

À y réfléchir, l’IA arrive peut-être à point nommé pour nous pousser vers un nouveau souffle créatif. «La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer. Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète!» écrivait Balzac dans son «chef-d’œuvre inconnu» (1832).

Pour créer, nous faire rêver et réfléchir à nouveau, les artistes, qu’ils utilisent ou non les nouveaux outils proposés par l’IA, vont devoir sortir des sentiers balisés, saturés de robots. Redevenir des poètes, pas des copistes.

 


 

Les intelligences artificielles vont-elles remplacer les artistes ?

  

La réponse : les algorithmes Dall-E et Stable Diffusion créent des images impressionnantes...

Mais est-ce encore de l’art ?

 

art IA
À gauche, la couverture du livre Fractal Noise, édité par Tor Books; à droite, une image générée par IA précédemment publiée sur le site Shutterstock © Tor Publishing | Ufuk Kaya/Shutterstock

 

art IA
Le tableau «Hanging Gardens of Babylon 1.1», créé par le collectif Obvious grâce à une intelligence artificielle © Obvious

 

L’IA a déjà commencé à nous remplacer et à mesure que la qualité des images créées augmente, l’inquiétude grandit chez une partie des artistes professionnels. Que va-t-il advenir des créateurs humains? Comment cohabiter avec des systèmes capables de générer des œuvres très complexes en quelques secondes, sans avoir besoin de maîtrise technique, et pour un coût par image ridiculement bas ?

 

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24heures du lundi 29 août 2023

  

Intelligence artificielle (IA)

  

ChatGPT, le secret bien caché de certains salariés

  

Selon le sondage Deloitte, un quart des employés qui utilisent une IA générative dans le cadre de leurs activités professionnelles le font sans avertir leur patron.

  

Olivier Wurlod

  

graphique
L’enquête Deloitte «L’ascension fulgurante de l’IA générative en Suisse» a été réalisée en juin et juillet 2023 auprès de 1002 personnes en Suisse subceptibles d’utiliser l’IA générative sur leur lieu de travail

 

Qui utilise une intelligence artificielle (IA) au travail? C’est la question délicate du moment au vu de la dernière étude menée par Deloitte. D’après les recherches menées par le cabinet d’audit et de conseil, un quart des Suisses qui utilisent de tels outils le font à l’insu de leur employeur. «Et comme certaines personnes interrogées ont certainement hésité à avouer qu’elles utilisaient une IA en cachette, le chiffre réel pourrait être encore plus élevé», avertit Antonio Russo, expert IA chez Deloitte.

Cette manière d’agir est d’autant plus surprenante qu’une majorité des personnes sondées assurent juger leurs supérieurs hiérarchiques comme «très compétents en matière d’intelligence artificielle». Elle s’expliquerait, en partie, par la difficulté des entreprises à se positionner face à ces nouvelles IA dites génératives. «Cette statistique montre à quel point le monde professionnel navigue dans une zone grise et qu’il y a un besoin urgent d’établir des règles claires pour utiliser correctement ces technologies», assure Gaétan de Rassenfosse, professeur à l’EPFL.

Le problème dépasse toutefois le simple aspect pratique. Symboliquement, ce petit secret que traînent actuellement bon nombre de Suisses résulte d’un mal aux racines bien plus profondes. Les IA sont depuis plusieurs années déjà la source de vives inquiétudes, qui se sont accrues depuis l’arrivée du robot conversationnel ChatGPT et qui peuvent se résumer en un simple concept: celui du «grand remplacement». Pas moins de 43% des personnes sondées par Deloitte disent craindre de perdre leur emploi au cours des cinq prochaines années en raison de l’utilisation croissante de programmes d’IA.

Les premiers appels émis par plusieurs centaines de chercheurs et des célébrités comme l’entrepreneur Elon Musk à faire une pause dans la recherche et le développement de ces nouvelles intelligences artificielles ont mis un peu plus d’huile sur le feu. Selon eux, face à la mémoire infinie des machines, leur capacité phénoménale de calcul ou encore leur rapidité de réaction, l’homme n’a aucune chance. Et d’ici à quelques décennies, les machines pourraient nous surpasser dans bon nombre de tâches. Au fil des mois et des études, les signes montrent que les inquiétudes des travailleurs ne se tassent pas, ils redoutent toujours de voir tout ou partie de leurs tâches devenir obsolètes à cause des IA. Cette crainte est d’autant plus tenace qu’elle concerne des secteurs d’activité très divers comme la banque, l’informatique, le marketing, la comptabilité ou encore l’éducation, le monde de la recherche, etc. Même les artistes la partagent en cette période où internet pullule de contenus artistiques générés par une IA.

Une récente enquête, menée cette fois par McKinsey & Company, montre qu’un tiers des entreprises utilise déjà régulièrement l’IA générative. La technologie a même pénétré au sein des conseils d’administration. Ces derniers se montrent de plus en plus enclins (40% des sondés) à augmenter les investissements de leur société pour être à la pointe dans ce domaine.

  

Experts divisés

Ce risque était à nouveau mis sur la table à l’EPFL durant une session de discussion sur les risques que posent les IA à l’humanité. Dans le cadre de la nouvelle édition de son The Applied Machine Learning Days, l’institution accueille en ce début de semaine de nombreux spécialistes venus discuter des dernières avancées, du potentiel mais aussi des risques posés par les IA pour la société. L’avenir de nos emplois a naturellement été cité.

Force est de constater qu’à ce stade, les experts sont encore bien divisés et empruntés pour dépeindre le futur. Tous ne sont toutefois pas aussi pessimistes que les 350 spécialistes en IA à avoir transmis leur crainte du grand remplacement dans une étude menée par les Universités d’Oxford et Yale. «Bien utilisées, les IA seront un outil formidable pour briser l’idée que la connaissance est devenue trop vaste pour l’être humain. Elle aidera à recombiner notre savoir», pense Gaétan de Rassenfosse.

Selon le directeur du laboratoire d’intelligence artificielle à l’EPFL, Boi Faltings, «il faut percevoir les IA comme un appui à la réalisation de certaines tâches, une aide complémentaire permettant d’optimiser son temps et donc de se consacrer à d’autres activités, dont celles nécessitant une touche humaine».

L’étude de Deloitte montre qu’il y a un vrai besoin de la part des employés de mieux maîtriser ces outils afin d’en cerner le potentiel pour les aider à accomplir leurs tâches et travail. Comme pour internet ou les smartphones par le passé, cet apprentissage nécessaire permettra d’adapter les carrières et de vivre plus sereinement cette nouvelle révolution numérique.

Ou du moins, c’est cet espoir qui les font vivre, sachant que l’IA aura toujours une longueur d’avance et finira pas dominer quand même...

 

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PME magazine du 09.08.2023

  

Santé au travail

  

La tech au service du bien-être psychique

  

Après les États-Unis et la France, la Suisse voit émerger quelques acteurs proposant aux entreprises des solutions digitales pour préserver la santé mentale des collaborateurs.

  

Par Margaux Sitavanc

  

sante et travail

  

Alors que les cas d’épuisement professionnel atteignent des niveaux inquiétants, préserver la santé psychique des salariés apparaît désormais comme une nécessité, voire une urgence, pour les entreprises. Et si les contours des responsabilités légales semblent facilement identifiables en matière d’accidents de travail ou de maux physiques, les choses se corsent nettement lorsqu’il est question de la santé mentale du travailleur.

Selon le rapport de la fondation Promotion Santé Suisse (PSS) publié en septembre dernier, la part de personnes actives se sentant émotionnellement épuisées a franchi la barre des 30%. À la décharge des managers, identifier avec précision les besoins de son organisation dans le but de mettre en place des solutions concrètes, ciblées et efficaces relève bien souvent du casse-tête, surtout en l’absence de formation dédiée.

  

Explosion des start-up actives dans la santé mentale

Dans le sillage du covid, le nombre de start-up actives dans le domaine de la santé mentale en entreprise a bondi aux États-Unis, avec des mastodontes comme Lyra Health ou Ginger (respectivement 910,1 et 220,7 millions de dollars levés), et également en France – Moka.care, avec 15 millions d’euros de tour de table en mai 2022, We Talk, Lumm, Holivia ou encore Tricky. En Suisse, une poignée d’acteurs se sont aussi lancés ces dernières années dans le domaine dit de la mentaltech B2B.

Fondée en 2021, la start-up zurichoise Kyan Health affiche ses ambitions: «Faire du bien-être mental un super-pouvoir au travail.» Couleurs vives, visuels punchy rappelant quelque peu ceux du géant de la méditation Headspace, l’interface utilisateur de Kyan Health propose un soutien personnalisé et validé par un comité scientifique. Grâce à ses algorithmes et à des outils d’auto-évaluation, la fonctionnalité Kyan Care propose des méditations guidées, des exercices dérivés de thérapies cognitivo-comportementales ou des aides à l’endormissement. Lorsque les problématiques rencontrées par les employés le nécessitent, ces derniers bénéficient en outre de «visio-consultations» avec des coachs certifiés et des psychologues.

Une approche de soins mixte entre prévention et action. «Si vous êtes déjà très déprimé ou très anxieux, il est évident que ce ne sont pas quelques exercices de méditation ou de respiration qui vous permettront d’aller mieux. Mais lorsqu’on agit en amont, on préserve le bien-être des collaborateurs tout en les sensibilisant aux enjeux de santé mentale», commente Vlad Gheorghiu, cofondateur de la société, qui a lui-même été confronté à un burn-out.

  

Promouvoir une politique de santé au travail adaptée

Côté employeur, Kyan Health propose des évaluations organisationnelles et un accompagnement dans la mise en place d’une politique de santé au travail adaptée: «Si l’on se trouve dans un environnement dysfonctionnel, les collaborateurs n’iront pas mieux malgré toute l’aide psychologique du monde et l’employeur, de son côté, éprouvera de la frustration face à l’inefficacité de ses initiatives», note Vlad Gheorghiu. Parmi ses clients, le groupe Hilti, Hitachi Energy (ancienne unité Power Grids d’ABB comptant plus de 40'000 employés) et On Running. Les entreprises paient entre 5 et 15 francs par employé et par mois pour les services de Kyan Health. Chez Kinastic, le tarif est d’environ 10'000 francs par an pour les PME.

Autre acteur de la branche en Suisse: Kinastic, qui a vu le jour en 2016. Avec son application mobile ou son interface pour ordinateur, l’entreprise basée à Zurich se distingue de ses concurrents par son orientation pluridisciplinaire. Articles et formations pour déstigmatiser les problématiques de santé mentale au bureau, méditation de pleine conscience, exercices de respiration anti-stress mais aussi entraînements sportifs réguliers avec coach, exercices courts sur le lieu de travail, programmes de fitness à long terme, «défis en équipe» ou encore recettes de repas sains au bureau ou à la maison, chaque employé est libre de faire son marché en fonction de ses préférences et besoins personnels.

Une approche holistique qui a séduit l’assureur Axa, principal investisseur de Kinastic depuis mai 2022, ce qui a permis de booster la croissance de la jeune pousse: «À l’avenir, nous souhaitons exploiter le potentiel de l’intelligence artificielle, en particulier dans la prise en charge personnalisée et l’identification des signaux d’alerte de manière précoce», explique Marija Cuk, directrice marketing de Kinastic. La société compte parmi ses clients aussi bien de grandes structures comme TX Group ou le grossiste en informatique Ingram Micro que des PME.

  

Qu’en est-il de la confidentialité ?

En Suisse, la loi fédérale sur la protection des données (LPD), dont la nouvelle version va entrer en vigueur le 1er septembre 2023, protège de manière stricte la personnalité et les droits fondamentaux des individus dont les données personnelles font l’objet d’un traitement (collecte, stockage, utilisation, transfert ou conservation).

Les start-up actives dans la santé mentale en ligne proposent généralement de remonter des données aux employeurs afin de rendre compte de l’engagement des collaborateurs quant aux solutions proposées (combien de personnes l’utilisent, à quelle fréquence, etc.), mais aussi de donner de grandes orientations quant aux problématiques rencontrées par les salariés.

Chez Kyan Health comme chez Kinastic, on assure que les employeurs ne peuvent en aucun cas identifier une personne spécifique au sein de leur organisation en raison d’une pseudonymisation des données partagées par les collaborateurs...

Vœu pieu s’il en est car...

...le problème étant que les "hackers" professionnels et très affutés seront à même de contourner cette protection et rentrer dans tous les systèmes aussi protégés qu’ils soient et, malgré ces lois censées nous protéger, arriveront toujours à leurs fins...

  

contourner

 

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Le Courrier du jeudi 31 août 2023

  

Un stop pour l’aspirateur de données

  

Nombre de médias ont décidé de bloquer leur accès à GPTBot, un robot prévu pour alimenter les modèles d’intelligence artificielle. Ils l’accusent de «piller» leurs contenus.

  

aspirateur

  

CAROLE GUIRADO

  

IA • The New York Times, CNN, le diffuseur australien ABC, les agences de presse Reuters et Bloomberg: tous ont barré la route numérique à GPTBot, un robot lancé sans tambour ni trompette le 8 août par OpenAI, qui a créé ChatGPT.
Sa mission?  Aspirer toutes les données de sites internet pour nourrir les modèles d’intelligence artificielle (IA) générative.

Mais la start-up californienne, qui a indiqué publiquement comment empêcher son robot d’accéder aux données d’un site, se heurte à une levée grandissante de boucliers numériques. Selon une estimation d’Originality.ai, outil de détection des plagiats, près de 10% des 1000 sites les plus importants au monde avaient refusé leur accès à GPTBot deux semaines après son lancement. Parmi ceux-ci, Amazon.com, Wikihow.com, Quora.com ou la banque d’images Shutterstock. Cette liste devrait s’allonger rapidement d’après Originality.ai qui estime que la proportion de sites internet interdisant leur accès à GPTBot devrait augmenter de 5% par semaine. En France, GPTBot est devenu «robot non-grata» sur les sites de France Médias Monde (France 24 et RFI), Mediapart, Radio France et TF1.

  

Rémunération et transparence

«Dans les 24 heures qui ont suivi l’annonce, on a tout de suite regardé ce qu’on pouvait faire», se souvient auprès de l’AFP Laurent Frisch, directeur du numérique et de la stratégie d’innovation du groupe Radio France. Car «il y a une chose qui ne passe pas: c’est le pillage sans autorisation des contenus», a justifié lundi Sibyle Veil, la présidente de Radio France. «Il n’y a pas de raison qu’ils viennent apprendre sur nos contenus sans contrepartie», «sans que l’on connaisse les tenants et les aboutissants», ni comment les contenus seraient utilisés, poursuit Laurent Frisch.

«L’IA générative fonctionnant sur un modèle probabiliste, nos données peuvent être associées à d’autres plus ou moins exactes, voire fausses», ajoute de son côté Vincent Fleury, directeur des environnements numériques de France Médias Monde.

  

AP a ouvert la voie

C’est pourquoi «les plateformes doivent sourcer tous les médias, sous peine d’absence de neutralité et de possible manipulation», plaide Bertrand Gié, directeur du pôle News du Figaro et président du Geste (Groupement des éditeurs de services en ligne). «L’idée, c’est de ne pas être le dindon de la farce. Se faire piller par ces entreprises qui font ensuite des profits sur la base de nos productions, ça va bien à un moment», résume Vincent Fleury. D’où la nécessité d’ouvrir des discussions avec OpenAI et autres acteurs de l’IA générative, indiquent la plupart des médias interrogés. «Il faut rémunérer justement les médias. Notre volonté est donc d’obtenir des accords de licence et de rémunération», soutient Bertrand Gié. Aux États-Unis, l’agence de presse Associated Press (AP) a ouvert la voie avec la conclusion d’un accord en juillet avec OpenAI l’autorisant à utiliser ses archives depuis 1985 en échange d’un accès à sa technologie et à son expertise en matière d’IA.

OpenAI s’est aussi engagé à verser cinq millions de dollars au American Journalism Project, une organisation qui soutient de nombreux médias locaux, et jusqu’à cinq millions de dollars de crédits pour utiliser son interface de programmation (API) et ainsi aider les journalistes à intégrer des outils d’IA dans leur production. Mais au-delà de la forte visibilité d’OpenAI avec ChatGPT, «des centaines de start-up se créent dans différents domaines touchant aux médias», rappelle Mediapart, appelant à «un débat ouvert sur la régulation et l’impact de toutes les formes d’IA».

Preuve que la situation presse, dix groupes de médias internationaux – dont l’AFP, The Associated Press ou le groupe Gannett/USA Today – ont exhorté en août les dirigeants politiques et responsables du secteur à encadrer l’usage de l’IA dans l’information. AFP

  

«Près de 10% des 1000 sites les plus importants au monde ont déjà refusé leur accès à GPTBot»

  

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Nota bene  

Étant donné que la vie numérique est principalement animée par l’IA, il serait intéressant de prendre conscience des résultats de la fréquentation des réseaux sociaux par les jeunes et par les utilisateurs en général.

Pour contrer les abus possibles, comme celles des défis glauques et nocifs cités en exemple ci-dessous, on voudrait plancher sur une loi encadrant l’IA mais elle sera toujours obsolète au vu des développements fulgurants de celle-ci. On a beau cherché à renforcer la protection des données mais les informations personnelles peuvent déjà être exploitées par les différents aspects de l’IA. Nous pouvons toujours essayer d’encadrer ce phénomène mais les aspects néfastes pointeront malgré les lois et ses interdictions.

Le problème est que le système juridique, à l’instar des autres domaines de la vie quotidienne, n’est pas adapté à l’IA. Même si l’État chercherait à garder le contrôle sur cette technologie surpuissante en faisant appel à une régulation spécifique, les technologies évoluant très vite, cette régulation aura, malgré tous les efforts pour les contenir, du retard.

Ne nous leurrons pas l’IA fera toujours problème quoique pensent les autorités politiques et économiques, toujours sans le dire...

Note du compilateurG.P.T.

 

 

24heures du samedi 16 septembre 2023

  

Vie Numérique

  

Les défis glauques et nocifs de TikTok

  

Inquiétant • Un nombre grandissant de challenges aussi stupides que dangereux fleurissent sur les réseaux sociaux. Des pratiques risquées pour les jeunes utilisateurs. Parmi les vidéos de danse, de nombreux défis rythment le réseau social. Certains s’avèrent particulièrement nocifs. Décryptage avec l’éclairage d’une psychologue.

  

defis  glauques

  

Les jeunes WhatsApp et TikTok: gare aux challenges dangereux !

  

Namya Bourban

  

De plus en plus de jeunes relèvent des défis qui circulent sur les réseaux sociaux. Simples jeux d’enfant inoffensifs? Pas vraiment. Certains de ces challenges peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur le corps ou la santé mentale des petits. Parce que oui, les personnes concernées par ces défis sont majoritairement des mineurs, happés par la frénésie des réseaux sociaux. Anorexie, scarification, séduction malsaine: les risques sont réels. On est loin du jeu de la marelle. Nous nous sommes penchés sur quelques-uns de ces trends qui font fureur sur TikTok, Instagram, WhatsApp et cie qui souvent gangrènent les cours d’école.

  

Taille de guêpe exigée

Les injonctions à la beauté, en particulier lorsqu’elles s’accordent au féminin, sont nombreuses sur les réseaux sociaux. Si les garçons sont valorisés lorsqu’ils présentent un corps musclé, les filles, quant à elles, se doivent d’être fines, surtout au niveau de leur taille. C’est l’une des clés de la séduction suprême. Une tendance qui les pousse à sauter à pieds joints dans le bain de la maigreur extrême. Le défi? Réussir à faire deux fois le tour de sa taille avec ses fils d’écouteurs. Soit entrer dans des habits plus petits que du XXS.

taille de guepe«Les préoccupations autour de l’apparence touchent beaucoup les jeunes. Ils sont concernés par l’image que renvoie leur corps, une envie de maigrir et le risque de troubles alimentaires, qui apparaissent plus tôt qu’auparavant, vers la fin de l’école primaire déjà, relève Magali Volery, psychologue-psychothérapeute au CCNP et au CCEAF Genève. Lorsque l’on reçoit une patiente âgée de 9 ans qui consulte pour ces raisons, c’est glaçant. Mais au moins, «l’avantage», c’est que l’autorité parentale est plus importante et il est de ce fait plus facile d’intervenir et d’aider l’enfant.»

Anorexie, boulimie, cachexie (soit la fonte du tissu adipeux et des muscles); les jeunes peuvent succomber à ces maladies pour répondre à ce qu’on leur présente comme étant une norme mais qui s’avère être un idéal irréel, malsain et totalement inaccessible.

  

Pieds «de rêve»

La sortie du film «Barbie» a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux, inondés de rose. Dans tout cet engouement, une tendance pernicieuse a vu le jour sur TikTok par example: imiter le pied arqué de Barbie qui demeure indéfiniment sous cette forme, même lorsqu’elle retire ses talons. Sauf que Margot Robbie, qui interprète la célèbre poupée, a eu besoin de rubans adhésifs sous la semelle de ses chaussures, de multiples tentatives et d’une barre pour rester droite.

piedsLes podologues ont alerté les internautes sur la dangerosité de cette mode, pouvant causer diverses blessures comme des entorses ligamentaires. «C’est très sain que les professionnels de la santé mettent en garde les jeunes sur ces challenges qui ne reflètent pas une physiologie normale, se réjouit Magali Volery. Il serait pertinent que ces spécialistes utilisent les mêmes moyens de communication que les personnes confrontées à ce genre de défis, en s’exprimant directement sur les réseaux sociaux.»

Et justement, de plus en plus de professionnels s’y rendent pour informer à plus large échelle et toucher davantage les jeunes, à l’instar du compte «mon.gyneco». Magali Volery souligne toutefois l’importance de rester vigilant avec les conseils en lien avec la nutrition. Certaines personnes qui s’expriment sur la Toile à ce sujet n’ont en effet pas les compétences adaptées.

  

Automutilation faciale

auotmutilationUne autre mode pour le moins surprenante circule sur TikTok. L’objectif? Se faire volontairement des marques sur le visage, allant des rougeurs aux cicatrices en passant par des bleus. Cela afin de paraître plus cool. Il existe même des tutos qui expliquent comment se défigurer de la «meilleure» manière.

Conséquences possibles: dysfonctionnement de la microcirculation et apparition, permanente ou non, d’angiomes stellaires. «Les challenges poussant à l’automutilation sont malheureusement particulièrement répandus chez les jeunes. Ceux qui y cèdent sont souvent mal dans leur peau, voire dépressifs, explique Magali Volery. D’autres cherchent simplement à créer du lien avec leurs pairs à travers les réseaux.»

  

Incitation au suicide

la Toile propage un autre défi aussi glauque que célèbre. Il consiste à se filmer quotidiennement en train de s’appliquer du baume sur les lèvres. Ce vilain buzz engage également à découper des morceaux de son stick à chaque moment d’ennui ou autre difficulté de la vie. Une fois le tube terminé, il s’agit de se suicider. Horreur.

suicideÀ notre connaissance, aucun adolescent n’est pour l’heure passé à l’acte. Postées sur TikTok par de jeunes utilisateurs, des vidéos présentent toutefois des bâtons dudit baume arrivant bientôt à terme. La tendance ne peut donc qu’inquiéter.

Psychologues, enseignants ou encore influenceurs se sont unis pour sensibiliser et mettent en garde les adolescents face à ce défi morbide. L’année dernière, le Ministère de l’intérieur français a même adressé un message invitant les parents à la vigilance concernant ce défi.

Car de tels phénomènes d’entraînement ont d’ores et déjà provoqué la mort d’enfants, à l’instar du black-out challenge qui consiste à retenir sa respiration le plus longtemps possible dans le but de battre des records. «Ces défis macabres ont toujours existé, relève Magali Volery. Aujourd’hui toutefois, les jeunes sont seuls face à leur écran et c’est cela qui s’avère encore plus dangereux. Le fait d’en parler à l’entourage ou encore à des professionnels s’avère fondamental pour pallier ces dangers.»

  

Contre-pied ironique

contre-piedFinissons sur une note optimiste avec une tendance qui donne un peu d’espoir en ce monde numérique qui part en vrille. Il s’agit simplement, pour les tick-tokeuses, de prendre à rebrousse-poil les conseils audio destinés aux demoiselles pour séduire les garçons - comme, «assurez-vous de montrer un peu de peau, en particulier vos jambes les filles!» Ainsi, lorsque l’on entend «portez toujours des chaussures fines et délicates», les internautes voient de lourds Doc Martens à l’écran. Ou encore, au moment où l’on préconise une expression du visage plaisante, l’autrice de la vidéo enfile un masque de Spider-Man.

«Il s’agit là d’un message réellement positif où les jeunes s’adressent à leurs pairs en leur montrant qu’ils peuvent justement être maîtres de leur destin sans suivre aveuglément les tendances, se réjouit Magali Volery. Ils prennent le contre-pied et heureusement !»

  

Dépréciation de la valeur de l’argent

  

Des cadeaux virtuels, payés avec des espèces sonnantes et trébuchantes

Huit cent quarante millions de dollars! C’est la somme dépensée sur TikTok entre janvier et mars 2023, selon le «Figaro». Le concept? Il s’agit d’acheter, avec de l’argent bien réel, des pièces d’or en circulation sur la plateforme, permettant d’offrir des cadeaux virtuels. Chaque présent, allant d’une fleur à un bélier en passant par un donut, équivaut à un certain nombre de pièces.

«Non, je n’ai honte de rien, donne tes sous», avait déclaré la tiktokeuse française Queen Saorie sur le réseau. À l’occasion d’un live, elle reçoit une fusée digitale d’une valeur de 1200 euros de la part de l’un de ses abonnés. Au total, cet internaute a offert 11’000 dollars en une soirée à Queen Saorie. Mais que reçoit le donateur en échange? Rien. Et c’est peut-être cela le plus incompréhensible. La jeune femme ne propose aucune prestation requérant un quelconque talent. Elle se contente de quémander. Parfois, elle monte les enchères en prétextant un voyage à Saint-Tropez.

argentLa tiktokeuse Hérisson, quant à elle, emploie carrément la manière forte en usant d’un ton menaçant qui s’apparente au chantage. «Arrêtez avec vos fleurs, profère-t-elle, si vous ne me donnez pas ce que je veux, je vous bloque.»

De l’autre côté de l’Atlantique, au Canada, une autre jeune femme connue sous le pseudo Pinkydoll a fait particulièrement parler d’elle. Avec ce système de cadeaux virtuels, elle gagne en moyenne 2500 dollars par jour. Pour les journées standards.

Ce qu’elle propose? Une imitation de personnages que l’on ne peut pas incarner (PNJ) dans un jeu vidéo. Ces avatars répètent les mêmes mots, les mêmes gestes en boucle. Pinkydoll n’est pas la seule à mettre en avant ce concept. Chaque action effectuée par le tiktokeur qui se filme en direct correspond à un cadeau.

La plateforme renouvelle chaque semaine un classement qui met en avant les tiktokeurs ayant reçu le plus de cadeaux. Mieux ils sont placés, plus ils auront de chance de gagner des sommes conséquentes. Ce qui incite les internautes à mobiliser fréquemment leurs troupes, afin de recevoir davantage de présents, dans le but d’être bien positionnés dans le classement et de remporter un jackpot supplémentaire. Pour obtenir la visibilité désirée, les bénéficiaires des dons passent plus d’une dizaine d’heures par jour devant l’objectif de leur caméra. Certains d’entre eux sont déclarés comme créateurs de contenu. Le fait de recueillir des cadeaux se révèle alors un métier à part entière.

TikTok percevrait 70% des revenus générés par ces dons virtuels. Problème, le réseau chinois étant particulièrement populaire auprès des plus jeunes, nombreux sont les mineurs qui piquent la carte de crédit des parents pour offrir ces objets virtuels à leur tiktokeur préféré. Sans forcément se soucier des conséquences.

Ce système mis en place par la plateforme pourrait s’apparenter à une addiction au jeu, où la valeur de l’argent se perd. «Les jeunes ne sont pas assez prémunis face à ces pratiques, alerte la psychologue-psychothérapeute Magali Volery. Les parents devraient, selon moi, pouvoir porter plainte. La plateforme pourrait également mettre en place des mesures visant à protéger les ados plutôt que les inciter à participer à ce système de cadeaux virtuels. Les plus petits sont sujets à tellement de naïveté, d’inconscience et de méconnaissance qu’il s’avère nécessaire de les encadrer.» NBO

  

Manipulation sur les réseaux sociaux

  

«Les plus petits n’ont pas un regard critique assez aiguisé»

  

Le fait d’être préoccupé par son apparence ne constitue pas une nouveauté chez les jeunes. Cette inquiétude s’avère toutefois exacerbée à l’arrivée du premier téléphone portable. Et cela se produit de plus en plus tôt. Car ne pas avoir de smartphone en même temps que ses camarades apparaît comme la porte ouverte à un risque d’isolement profond. En effet, de nombreuses activités s’organisent directement depuis le téléphone, au sein de groupes sur WhatsApp, par exemple.

En Suisse, selon la plateforme nationale de promotion des compétences numérique, jeunes et médias, 34% des enfants âgés entre 8 et 9 ans possèdent un natel. Concernant les 12-13 ans, ils sont 79% à en avoir un. «À cet âge-là, les petits n’ont pas de références suffisamment saines pour avoir un regard critique assez aiguisé», relève la psychologue et psychothérapeute Magali Volery.

enfantQuand un enfant de 8 ans tombe sur un challenge pour imiter le pied arqué de Barbie, il ne verra pas automatiquement les potentiels dangers de cette pratique, mais davantage la dimension amusante et créatrice de lien avec ses pairs. «Ces challenges induisent une notion d’appartenance particulièrement forte, qui entraîne une volonté de se rassembler et de se placer dans des situations qui semblent valorisantes vis-à-vis des autres», poursuit la spécialiste. À l’adolescence, l’arrivée massive de neurones et d’émotions en ébullition envahit les jeunes, qui éprouvent des difficultés à les réguler. «Ce phénomène est tellement puissant que les ados peuvent développer des stratégies pour apaiser leur mal-être, comme le fait de se faire du mal physiquement.» Ce constat semble expliquer le succès des défis TikTok impliquant de l’automutilation.

Mais à quel âge un jeune parvient-il à la maturité nécessaire pour développer un esprit critique et ne pas tomber aveuglément dans ces challenges nocifs? «Globalement, à 16 ans. Mais pour certains, cela se joue entre 21 et 25 ans. À mon avis, il faut être exposé pendant quelques années au jeu des réseaux sociaux, environ cinq ans, pour en comprendre les mécanismes. Et ainsi acquérir la maturité suffisante pour saisir la différence entre sphère privée et publique, ainsi qu’entre un contenu apportant des conseils constructifs ou toxiques», répond Magali Volery.

Lors des consultations en cabinet, la spécialiste a tendance à aborder elle-même le sujet des réseaux sociaux, car les jeunes n’ont généralement pas conscience de l’influence dysfonctionnelle de ces outils sur leur santé mentale. Le sentiment de honte peut également entrer en jeu. «Il s’avère ainsi important d’ouvrir le dialogue sur cette thématique et d’accompagner les jeunes dans leur éducation numérique.»   NBO

  

devis glauques

  

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Michel Gondry sait distinguer les souris des rats

  

Cinéaste au parcours unique et à l’aura internationale, Michel Gondry projette ses ambiguïtés dans «Le livre des solutions». Entretien lunaire.

  

Francois Barras

  

Comment jugez-vous la grève actuelle des scénaristes américains et leurs craintes de l’intelligence artificielle ?

«Ça me touche de façon directe, parce que j’ai un film prévu aux États-Unis, assez important, qui a pris un an de retard pour cette raison. Cela dit, je comprends ce mouvement. Il faut remettre l’éthique en tête, surtout quand la technologie va si vite. L’intelligence artificielle m’inquiète dans la mesure où ces innovations servent toujours les intérêts des plus puissants, malgré tout ce qu’on a pu dire sur internet et son potentiel démocratique. Je travaillais en 1983 dans une compagnie de calendriers, l’année où ils ont installé l’informatique: elle fut utilisée pour contrôler le travail des employés. La productivité passe toujours avant la créativité.

En plus, ce que j’ai vu d’images inspirées de scénarios créés par l’IA m’a fait penser à du vomi

  

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24heures samedi 16 septembre 2023

  

Droit voisin

  

Faire payer les géants du web? Un accueil mitigé

  

Le Conseil fédéral voudrait que les GAFAM rémunèrent les éditeurs pour leurs contenus journalistiques. Ce projet de loi n’enthousiasme pas les partis. Alors qu’une telle législation a été adoptée au niveau européen, puis dans plusieurs pays, dont la France, le projet du Conseil fédéral d’introduire un droit voisin en Suisse, un droit d’auteur qui vise à faire passer à la caisse les géants du web pour leur utilisation de contenus journalistiques, a reçu un accueil mitigé lors de la consultation qui s’est achevée vendredi.

Sur la base d’une étude, les éditeurs évaluent à 154 millions de francs par an la contribution «équitable» qui serait due par Google. Plusieurs voix se font cependant entendre pour battre en brèche leurs arguments, se basant notamment sur un rapport qui relativise fortement les retombées possibles, dans une fourchette de 2 à 46 millions de francs par an. Surtout, ce rapport n’a pas relevé de défaillance du marché, ce qui remet en question la nécessité d’une intervention de l’État, relève notamment l’Association des entreprises du numérique (Swico).

Le droit voisin n’est pas la bonne réponse aux difficultés de la presse, ajoute l’Association Médias d’Avenir (AMA), qui réunit 27 petites entreprises de presse indépendantes. Pour cette coalition, le projet recèle des dangers considérables, en particulier pour les petits éditeurs, et empêche le débat sur les réformes nécessaires en matière d’aide aux médias et de régulation des plateformes. La donne actuelle est une situation gagnant-gagnant: les médias, surtout les petits, obtiennent de la visibilité et les plateformes des contenus.

L’association relève aussi qu’une part infime des recherches sur Google ont une connotation journalistique. Il y a ainsi un danger que les services en ligne limitent l’affichage d’informations journalistique si les médias revendiquent une rémunération. Un tel «déréférencement» a été constaté au Canada, selon l’AMA.

L’UDC abonde dans ce sens. Le Parti vert’libéral, qui n’est pas contre un débat, ne veut pas du droit voisin avant de savoir dans quelle direction ira l’aide aux médias. Le PLR y est pour sa part favorable, tout en admettant qu’il n’est pas la panacée.

Le Centre regrette que le projet n’intègre pas les questions liées à l’IA. La SSR, favorable au droit voisin, plaide aussi en faveur d’un projet de loi indépendant sur l’IA. Les Verts, quant à eux, s’ils soutiennent le projet, estiment que, le montant espéré étant bien trop bas et incertain, le droit voisin ne doit en aucun cas remplacer des mesures d’aide substantielles en faveur des médias.   ATS

  

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Nota bene  

Encore l’effet de l’IA car elle permet aux jeunes d’être accros à la pornographie en facilitant l’accès à celle-ci.

Encore une fois il serait plus que nécessaire de prendre conscience des conséquences de la fréquentation des réseaux sociaux par les jeunes et par les utilisateurs en général et de comprendre que la vie numérique, principalement animée par l’IA, nous procure plus de problèmes qui en résout.

Les phrases soulignées indiquent où cela fait problème, toujours sans le dire...

 

 

24heures du jeudi 28 septembre 2023

  

Contenus illicites

  

À peine ado, déjà accro aux écrans et au porno

  

Catherine Cochard Textes

  

À leur insu ou volontairement, les jeunes sont exposés toujours plus tôt aux images pornographiques et enfreignent parfois la loi sans même s’en rendre compte.

  

Elles sont quatre filles âgées de 14 à 17 ans et vivent en Valais, au foyer de la Fontanelle au-dessus de Saint-Maurice. Elles n’ont pas accès à leur smartphone, mais aucune ne s’en plaint. Bien au contraire: elles se plaisent à redécouvrir «le plaisir des échanges et la vraie vie», par opposition à celle, virtuelle, des réseaux sociaux.

«Le portable, ça rend accro : tu dois toujours l’avoir sur toi, à la place de profiter de ce que tu vois, tu photographies ou tu filmes pour ensuite partager ça sur les réseaux, uniquement dans le but de te faire valider», commente l’une d’elles.

«Quand tu manques de confiance en toi, tu peux vite devenir addict à cette validation, ajoute une autre. Si quelqu’un t’envoie un message pour te dire que t’es bonne, ça va te flatter. Si cette personne te demande de lui en montrer plus, tu vas le faire. Pas parce que tu en as envie, mais parce que tu ne veux pas paraître prude et que tu apprécies ses compliments, ça te fait quelque chose. Même si ce ne sont pas vraiment des compliments Au final, tu vas peut-être finir par envoyer des photos de toi nue, dans des positions vulgaires, et sans maîtriser où elles peuvent ensuite fuiter.»

Les quatre adolescentes ont récemment suivi un atelier sur les écrans et la pornographie donné par l’éducatrice spécialisée Noemi Knobel*. «On nous a souvent dit de ne pas partager des contenus pornographiques ou des photos dénudées de nous ou d’une autre personne. Mais on pensait qu’on nous faisait la morale, pas que cela pouvait être illégal (lire l’encadré ci-dessous).»

Si les filles s’étonnent que ces pratiques soient illicites, c’est qu’elles y sont régulièrement confrontées. «Le sexting (ndlr: du contenu sexuellement explicite échangé par message) est devenu banal. Tout comme le fait de recevoir des photos des parties génitales d’inconnus. Tu ajoutes une personne sur Snapchat et instantanément il ou elle t’envoie une photo sans que tu lui aies demandé quoi que ce soit !»

Les jeunes sont toujours plus tôt exposés à la pornographie, le point d’entrée étant l’écran des téléphones portables. En Suisse, le Code pénal (lire l’encadré à droite) légifère aussi bien les images en provenance de l’industrie du film pour adultes que les «productions maison», réalisées et diffusées avec un smartphone.

  

Génération sacrifiée

Dans son métier d’éducatrice, Noemi Knobel se spécialise dans deux thématiques: les écrans au sein de l’éducation et la sexualité sur les écrans. Elle intervient lors de conférences* et d’ateliers comme à la Fontanelle, ainsi qu’auprès d’ados convoqués par le Tribunal des mineurs. «La très grande majorité des jeunes qui sont punis le sont pour pornographie, relate-t-elle. Ils se sont par exemple échangé des images ou ont regardé des films pornos illégaux.» Ils ignorent souvent la loi et sont pris dans un engrenage vis-à-vis de ces images. «Ils expliquent qu’ils commencent par un film, puis un deuxième et un troisième. Très vite, ça ne les excite plus et ils se mettent en quête d’images toujours plus hard. C’est une escalade, jusqu’à l’insoutenable.»

Noemi Knobel parle d’une «génération sacrifiée». «On leur a mis un smartphone dans les mains et certains sont devenus par ce biais accros à la pornographie. On m’a raconté des histoires affreuses d’addictions aux images zoophiles, dès 9 ans Ce qui me touche, c’est la solitude de ces jeunes. Ils se sentent déraper mais n’ont personne à qui parler.»

Dans son travail de sensibilisation, Noemi Knobel écoute énormément les adolescents. «Je leur demande toujours de quelle manière ils aimeraient mettre en garde les plus jeunes, pour éviter qu’ils ne se retrouvent dans la même situation qu’eux. La plupart me disent qu’il ne faudrait pas mettre un smartphone trop tôt entre les mains des enfants. Pas avant 14, voire 16 ans, parce qu’avant, c’est trop dangereux. Et certains avouent sans détour qu’ils étaient plus heureux avant d’en avoir un. Mon "espoir" (sic), c’est que lorsque cette génération deviendra parents, elle sera plus consciente de ces dérives et, espérons-le, saura mieux comment agir.»

  

«Le porno stimule le circuit de la récompense»

L’unité DEPART du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Supea) du CHUV s’occupe de jeunes de 12 à 20 ans qui consultent pour des questions liées à la consommation de substances ou d’écrans. «L’excès de pornographie est un sous-tiroir de la problématique des écrans», indiquent Line Guillod et Kathia Bornand, respectivement médecin et intervenante socioéducative de l’unité.

  

Combien de mineurs consultent le Supea chaque année pour une consommation excessive de porno ?

Cette année pour le moment, nous n’en avons reçu que cinq. Mais ce chiffre, relativement bas, ne dit pas grand-chose de la proportion de mineurs potentiellement touchés. Parce qu’ils ne passent pas forcément tous par le CHUV. Ils peuvent se rendre chez Profa, leur médecin, un psychologue ou encore l’infirmière scolaire.

  

Qu’est-ce que le porno leur procure ?

Au niveau du cerveau, chez les ados et les préados, les zones qui aident à planifier, à prendre des décisions et à inhiber des comportements ne sont pas encore complètement remaniées. Cela amène l’adolescent à se mettre en quête de sensations fortes, et le porno peut en amener. Plus les ados sont confrontés précocement à ce type d’images, moins ils ont la maturité psychoaffective pour y faire face, comprendre ce qu’ils voient et avoir un regard critique.

  

L’industrie pornographique l’a bien compris.

Tout est mis en place pour que les utilisateurs, quel que soit leur âge, obtiennent au plus vite la décharge recherchée. Les vidéos sont courtes et ont pour but de provoquer une excitation immédiate et un plaisir rapide. Comme les substances addictives qui «hyperstimulent» le circuit de la récompense. Et ces habitudes peuvent s’inscrire durablement. La sexualité adulte, c’est en quelque sorte l’inverse du porno. L’enjeu, c’est la rencontre avec l’autre et la potentielle déception qui en découle. C’est du reste souvent lorsque les jeunes se mettent en couple, vers 16 ans, que les problèmes qu’engendre la consommation des images pornographiques font surface: ils ont de la peine à relationner.

  

Comment les aider ?

On doit faire l’hypothèse que la grande majorité des jeunes est confrontée à de la pornographie à un moment donné. Et qu’ils seront sidérés par ces images, leur psychisme n’étant pas fait pour les comprendre. Il est essentiel que les adultes trouvent les mots pour débriefer ce qui a été vu. Il faut faire en sorte que l’enfant puisse digérer l’expérience et éviter qu’il ne l’encrypte de façon délétère au niveau cérébral, comme un trauma, et que cela ait un impact sur sa sexualité ou entraîne une forme d’addiction. Il faut que les adultes ouvrent un espace où l’enfant puisse s’exprimer sans crainte. Tout en veillant à ne pas devenir trop intrusif, on peut lui demander: «Je ne sais pas tout ce que tu fais sur internet. Est-ce que ça t’est déjà arrivé de voir des images choquantes?» Et poser régulièrement cette question pour lui montrer qu’il peut se confier.

  

*   *   *   *

  

Quels sont les interdits quand on est ado ?

  

Line Guillod Médecin associée et Kathia Bornand Intervenante socio-éducative, DEPART

  

«Les messages de prévention passent relativement bien auprès des jeunes, soit par le biais d’institutions comme Profa, l’infirmière scolaire ou nos deux chargés de prévention de la délinquance juvénile qui interviennent dans les écoles auprès des enfants de 11 à 15 ans, explique Jean-Marc Granger, chef de la Brigade jeunesse de la police lausannoise.

Néanmoins, certains mineurs commettent des infractions de nature pornographique relevant du Code pénal, et c’est à nous qu’il revient de faire appliquer la loi et de les dénoncer au Tribunal des mineurs.» En Suisse, la loi qui encadre la pornographie repose sur le consensus que certaines images et pratiques peuvent nuire au développement sexuel des mineurs. L’article 197 (alinéas 1, 4 et 5) du Code pénal interdit notamment de rendre accessible à une personne de moins de 16 ans du contenu pornographique; de fabriquer, mettre en circulation, obtenir ou consommer des objets ou représentations d’actes d’ordre sexuel avec des animaux, des actes de violence entre adultes ou des actes d’ordre sexuel avec des mineurs.

D’autres textes de lois peuvent être invoqués en fonction des situations: les articles sur la diffamation et la calomnie (173 et 174), sur la violation du domaine secret ou privé (179 quater), sur la représentation de la violence (135), sur l’injure (177), sur les menaces (180), sur l’extorsion et le chantage (156) ou encore celui sur les propositions à caractère sexuel (187).

 

(Nota bene : Au lieu de mettre les fabricants et les promoteurs des sites pornos – et l’IA elle-même qui les rend possibles et accessibles – face aux juges, on tombe sur les jeunes et ce sont eux qui sont punis...)

  

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L’éditorial

  

Le bonheur, c’était mieux avant

  

Comment ne pas être touché par les témoignages de ces ados et préados qui disent, sans détour, qu’ils étaient plus heureux avant, quand ils n’avaient pas de téléphone portable? Ces jeunes qui, lorsqu’on leur demande quel conseil ils donneraient à leurs cadets, recommandent de retarder le plus possible le moment du premier smartphone.

Car ce qui fait leur malheur, on le comprend bien en en discutant avec eux, c’est la spirale infernale qui les aspire depuis qu’ils ont dans leur poche cet écran duquel ils se sentent complètement dépendants. Alors qu’il ne devait leur servir qu’à téléphoner ou envoyer des messages

Cela fait bien longtemps que le téléphone intelligent ne se contente plus de remplir ces simples fonctions. Contre la surface de son écran se font et se défont la réputation et l’estime de soi des plus jeunes. C’est comme si leur bien-être ne dépendait plus que des likes. De ces notifications capables soit de les galvaniser, lorsque tous les pouces se lèvent à l’unisson sous leur photo, soit de les enfoncer, quand les appréciations sont beaucoup moins nombreuses qu’espéré. Ou quand des trolls s’acharnent en commentaires. Voire pire, lorsque, via les smartphones, des contenus intimes sont diffusés contre leur gré à tous les élèves de leur école.

Ce qui nous fait du mal à nous adultes dans la détresse qu’expriment les plus jeunes, c’est notre impuissance à leur faire comprendre que le bonheur ne se mesure pas au nombre de likes. Mais ce qui pique aussi dans leur désarroi, c’est l’impression que nous aussi, nous étions peut-être plus heureux avant. Quand le smartphone n’interrompait pas les conversations, qu’il ne trônait pas à table même au resto, et que nous ne nous baladions pas le nez et le regard braqués sur ce fichu écran.

  

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NOTA BENE

De plus en plus tout est fait pour nous persuader d’accepter l’IA comme le futur quasi inéluctable à lequel nous serions fatalement obligés de suivre sous peine de disparaître ou alors pire, devenir des espèces de sous-hommes ignares, imbéciles, carrément retardataires.

D’une manière hégémonique, les instances dirigeantes poussent à convaincre le monde d’y adhérer mais comme toujours, une sourde inquiétude transparaît au travers les lignes de ces textes qui se veulent enthousiastes et entraînants. Ils sont toujours présenté d’une manière incontestables, indiscutables de telle sorte à nous convaincre à nous adapter à l’inéducable.

Plus que jamais, il serait plus que nécessaire de prendre conscience des conséquences de la frénésie quasi obsessionnelle qu’a cette IA sur nous les utilisateurs en général et de comprendre que la vie numérique, principalement animée par l’IA, nous procure plus de problèmes qui en résout.GPT

Note du compilateur G.P.T.

 

  Les phrases soulignées indiquent où cela fait problème, toujours sans le dire...

 

 

24heures du lundi 09 octobre 2023

  

Technologie frénésie

  

Nous allons travailler avec les machines

  

Isabelle Chappuis

  

Le numérique, et notamment l’intelligence artificielle, débarque plus vite qu’on ne l’imaginait. Il s’est notamment invité dans la course au Conseil national.

  

Jocelyn Rochat

  

C’est l’une des grandes peurs du moment. Que les machines ne viennent piquer nos jobs. Deux études récentes en témoignent. Selon le cabinet McKinsey, 20 à 25% des tâches en Suisses pourront être automatisées d’ici à 2030. Et selon le WEF, un quart des emplois seront transformés d’ici à 2027. Reste à savoir comment ces transformations vont nous toucher.

Si l’on en croit des experts en technologies «disruptives» - celles qui viennent bouleverser nos vies -, «ce ne sera pas les robots contre les humains, nous allons travailler avec. Les machines doivent augmenter nos capacités, pas les remplacer», assure la chercheuse de l’UNIL Isabelle Chappuis.

La futuriste de HEC Lausanne (elle préfère ce terme à futurologue) en a fait une récente démonstration qui a été beaucoup partagée sur LinkedIn, le réseau social associé aux questions professionnelles. Dans une vidéo de cinquante-six secondes, la chercheuse explique en Portugais pourquoi elle se présente aux prochaines élections fédérales dans le canton de Vaud.

«J’ai enregistré cette séquence en français, et elle a été traduite en quelques minutes. La technologie est très simple à utiliser», précise-t-elle dans les locaux de «24 heures», où elle est venue participer à un débat. Il existe d’ailleurs une autre version de cette vidéo en hindi et en chinois, alors que la chercheuse ne parle aucune de ces trois langues.

  

Hypertrucage utile

Évidemment, la frontière est mince avec les deep fakes, les «hypertrucages» en français. Comme le remarque la journaliste Romaine Jean, qui a publié un commentaire sous la vidéo, «peu d’élus sont conscients des enjeux de la bascule numérique massive de la société et de l’irruption massive de l’intelligence artificielle (IA) dans nos vies quotidiennes. Voilà un post qui fait réfléchir. Imaginez une vidéo frelatée d’Alain Berset où il annoncerait qu’il s’est trompé, et, qu’en fait, nos primes vont baisser de 9%.»

Cet exemple d’actualité montre comment la technologie numérique s’insinue dans nos existences. Nous allons donc travailler avec les machines plus vite que nous l’imaginons, c’est entendu. Mais comment? Pour nous permettre d’imaginer cet avenir proche, la chercheuse a ressuscité une série de figures mythologiques très anciennes.

  

Mythologies 2023

«Aujourd’hui, nous entendons des termes que les gens ont du mal à comprendre, comme le métavers ou la possibilité de télécharger son esprit dans un nuage, des concepts qui s’apparentent à de la magie», explique-t-elle.

Or, dans le passé, quand nos ancêtres rencontraient des phénomènes qui dépassaient leur entendement, comme les forces naturelles, ils ont inventé des personnages et des histoires mythologiques pour donner du sens à leur environnement.

  

Moine ou demi-dieu ?

Avec un collègue de HEC Lausanne, Isabelle Chappuis a donc imaginé une mythologie techno pour le XXIe siècle. Elle illustre les différentes manières de collaborer avec les machines, à des degrés plus ou moins importants. Dans cet Olympe du futur, nous deviendrons soit des centaures, soit des minotaures ou encore des chevaliers.

Ceux qui voudront s’affranchir de la technologie deviendront des moines réfractaires, et ceux qui intégreront le mieux le numérique accéderont peut-être au statut de demi-dieux (découvrez votre profil ci-dessous).

À ce stade du débarquement dans nos existences, les machines montrent encore des limites. Dans sa vidéo traduite par l’IA, Isabelle Chappuis parle une langue qui est plus proche du portugais brésilien que du portugais de Lisbonne. Mais ce n’est sans doute qu’une question de temps pour que l’illusion soit parfaite.

«Meta est sur le coup, dit la chercheuse. Cette firme travaille à des modèles de parole massivement multilingues qui devraient étendre la technologie de texte à la parole de près de 100 langues à 1100.» Il est même possible d’imaginer que le schwyzerdütsch figure un jour parmi les options.

«La technologie n’est ni bonne ni mauvaise», note la chercheuse. Elle dépendra de ce que nous en ferons. Or ce futur a déjà commencé, plus vite et plus fort qu’on l’imaginait. Là encore, sans étonner la futuriste. «Nous avons tendance à surestimer l’arrivée d’une technologie sur le court terme, et à la sous-estimer sur le long terme.»

On parle d’une technologie pendant des années, et son débarquement semble imminent. Comme il se produit un peu plus lentement qu’imaginé, on finit par penser que cela n’arrivera pas. «Et pourtant, de manière soudaine, cette technologie arrive à maturité et, très vite, on la retrouve partout et ses impacts se révèlent plus forts et plus disruptifs qu’on ne l’avait imaginé.»

  

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Commentaire

  

Métro, boulot, robot

  

Jocelyn Rochat Journaliste

  

Demain, nous travaillerons tous avec des machines. Certains ont déjà commencé, et ils nous proposent des exemples contrastés des différents usages possibles de l’intelligence artificielle (IA).

Côté obscur, cette technologie a été utilisée pour créer des contenus pornographiques à partir d’images d’adolescents dans un établissement scolaire. Les réalisateurs de ces vidéos ont manipulé des photos de camarades de classe pour associer leur visage aux corps nus d’acteurs spécialisés en pleine action. Ils ont ensuite diffusé très largement leurs productions.

La nouvelle nous arrive de Colombie, parce que la justice locale a ouvert une enquête sur une affaire de ce genre, mais on imagine bien que le phénomène ne se limitera pas à ce seul pays.

Côté positif, l’intelligence artificielle va devenir un outil de travail, bien plus vite qu’on l’imagine. Elle débarque dans des domaines comme la santé, la finance et le sport de haut niveau, avant de se généraliser.

Cette technologie s’est même invitée dans un domaine peu réputé pour ses innovations high-tech, l’élection au parlement suisse. Une candidate romande a posté une vidéo où elle s’exprime en portugais, en hindi et en chinois, alors qu’elle ne maîtrise pas ces idiomes. Là encore, une IA était à l’œuvre. Et le but était de montrer à quel point ces machines peuvent changer nos vies.

Comme pour toutes les nouveautés, l’arrivée de ces innovations dites «disruptives» génère des sentiments contradictoires. Les pessimistes y trouveront de nouvelles sources d’inquiétudes, et les optimistes y verront des opportunités formidables. Tous auront raison. Parce que la technologie n’est ni bonne ni mauvaise. C’est un outil, elle deviendra ce que nous en ferons.

Probablement le meilleur et certainement le pire.

  

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Découvrez votre profil techno !

  

Les descriptions ci-dessous permettent d’imaginer comment nous allons travailler avec les machines. À vous de trouver votre profil dans cette liste. Ces profils sont tirés du livre «HR Futures 2030» (publié en 2022 en anglais), cosigné par Isabelle Chappuis.

  

Le demi-dieu

Dans la mythologie classique, des figures comme Hercule et Psyché sont les enfants d’une divinité et d’un humain. Au XXIe siècle, le demi-dieu, ou demi-déesse, tirera ses superpouvoirs de l’intelligence artificielle. Les humains qui intégreront le mieux la technologie se verront offrir un accès à des informations et des données quasi infinies, qui viendront augmenter leur intelligence biologique.

Un exemple aujourd’hui? Les futurs cobayes de Neuralink, la société d’Elon Musk, qui travaille à connecter le cerveau humain à un ordinateur, via des puces implantées dans le cerveau.

  

Le centaure

Mi-cheval et mi-humain, le centaure du XXIe siècle associe l’humain et l’intelligence artificielle à des niveaux élevés. Chez le centaure, c’est la tête humaine qui décide, mais la machine apporte la rapidité d’exécution. Les deux parties sont inséparables et se renforcent mutuellement.

Un exemple aujourd’hui? Le médecin qui utilise un logiciel d’aide au diagnostic ou l’analyste financier qui récolte des datas. La machine fournit les données et l’humain interprète.

  

Le minotaure

Comme le centaure du XXIe siècle, le minotaure moderne est à moitié humain et à moitié machine. Mais ici, la partie technologique est aux commandes. L’intelligence artificielle a pris le dessus sur la part humaine. La créature n’est pas violente comme le minotaure de l’âge grec, mais elle en a gardé la force étonnante.

Un exemple aujourd’hui? Le livreur Uber, qui reçoit des informations de l’entreprise, jusqu’à l’itinéraire précis qu’il doit emprunter pour livrer sa pizza au plus vite.

  

Le moine

Ce personnage refuse toute intégration avec la machine et développe une connaissance profonde des besoins de l’humain. Il ou elle ressemblera plus à un moine Shaolin qu’à un ermite. Il faut imaginer une personne qui s’entraîne à la pureté du corps et de l’esprit, pour devenir un fin connaisseur de la nature humaine et de ses performances dont il est devenu un exemple vivant.

Un exemple aujourd’hui? Les artisans traditionnels qui maîtrisent un art ancien sans technologie moderne, mais aussi les coaches, ou les médiateurs qui utilisent des outils d’écoute et d’empathie pour aider.

  

Le chevalier

Très entraîné, le chevalier du XXIe siècle représente le meilleur de ce que l’humain peut accomplir sans partager son identité avec des systèmes autonomes et intelligents. Il ne fusionne pas avec la technologie comme le centaure; il ne s’identifie pas à l’intelligence artificielle comme le demi-dieu. Les chevaliers sont capables d’utiliser l’intelligence artificielle, mais ils peuvent aussi s’en passer, comme le chevalier médiéval avec son épée.

Un exemple aujourd’hui? Les pilotes de course qui s’entraînent avec un simulateur, mais dépendent de leurs réflexes humains en course.

JRO

  

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Lire plus :

  

Le Futures Lab  -  à HEC Lausanne   2021 co-publie avec Gabriele Rizzo «HR Futures 2030» (Ed. Routledge)

HR in 2030  :  What does the future of HR look like ?

  

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Liens

  

Retour à ma page   -   l’analyse de l’IA   -   compilation d’articles de divers journaux

Révolution technologique   -   le débat sur l’IA   -   le journal Réformés d’août 2023

Une critique pertinente   -  de l’IA médiatique   -   Le Courrier du 07.08.2023 et "Moins!"

Les deux faces de Janus   -   L’IA devenue omniprésente  -  Forum «L’Essor» n°3 d’août 2023

L’emploi malicieux de l’IA   -  Les Dangers de l’IA

Comment l’intelligence artificielle   -   affecte-t-elle les enfants ?  -  Mr.Arthur - technologie

Orientations stratégiques   -   sur l’IA destinée aux enfants  -  UNICEF - pour chaque enfant

Generative AI   -   the ecology of human development   -  Journal of Child Psychology and Psychiatry

Comment doper   votre entreprise   avec l’IA  -  PME magazine du 19.09.2023

Une Suisse frileuse  :  le Conseil fédéral ne veut pas brider   l’innovation et l’IA - Le Courrier du 20.09.2023

 

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