Le 24heures du lundi 4 mai 2020

Regards sur une pandemie

  

Réflexions

  

Nous avons à reconstruire un monde durable

 

Penser le monde de l’après-Covid-19 est un défi immense

  

Christelle Luisier Brodard   Conseillère d’État Vaud

 

On ne dira jamais assez la chance de la Suisse et celle du Canton d’avoir bénéficié de finances saines, ce qui a facilité les mesures pour soulager les secteurs durement touchés. Alors que les premiers signaux de sortie de crise apparaissent, il faut remettre en marche notre économie et réfléchir à inscrire nos politiques dans un développement réellement durable, terme qui prend un sens plus fort que jamais.

 

Cette crise est un arrêt forcé qui engendre beaucoup de souffrances. Certains acteurs, partisans de la décroissance, vantent les modes de vie des sociétés qui nous ont précédés pour leur simplicité. Il s’agit d’une idéalisation fantasmée. Ce n’est qu’avec le développement économique de ces dernières décennies que le niveau de vie et les prestations sociales ont pu être améliorés pour l’ensemble de la population.

 

Il est essentiel de ne pas oublier cette réalité.

 

Nous ne pouvons pas nous permettre une stratégie de décroissance, de récession, ce serait la faillite de notre société. En revanche cette crise nous oblige à réfléchir à notre qualité de vie. Ce moment charnière nous donne l’occasion de redémarrer sur des bases plus saines.

 

Qu’il s’agisse de production d’énergie, du soutien à notre agriculture et à nos systèmes de santé, les besoins sont énormes. Cette crise nous a fait prendre conscience de certaines incohérences des circuits mondialisés qui mettent notre pays et notre canton dans une forte dépendance pour notre approvisionnement, par exemple énergétique et alimentaire et la fourniture des médicaments. Ramener dans notre pays une partie de la production de biens stratégiques est donc souhaitable.

  

En agissant ainsi, nous travaillerons en faveur du climat. Cette thématique a bénéficié de moins d’exposition ces dernières semaines. Cependant, elle doit rester une de nos priorités. Le Conseil d’État prépare son plan climat et mon département dispose, avec le Bureau de la durabilité, des outils pour appuyer les efforts des collectivités publiques, en particulier les Communes. Dans ce domaine comme dans d’autres, je crois fermement au dialogue avec les Communes. La crise du Covid accentue les difficultés financières de plusieurs d’entre elles et je sais qu’elles attendent des gestes forts du Canton.

 

Cette crise sanitaire bouscule nos repères. Nous avons à faire preuve d’inventivité pour nos efforts de relance, sans fermer les frontières, car l’ouverture au commerce international est essentielle à notre prospérité économique.

C’est un énorme travail qui nous attend, responsables politiques. Il faut s’y atteler sans a priori et sans affrontements idéologiques stériles. Grâce à son sens du consensus, inscrit dans ses gènes, la Suisse gère cette crise sans trop de polémiques. Si nous savons faire preuve de pragmatisme et rechercher le bien commun dans nos politiques publiques, nous en sortirons renforcés.

  

CLB

  

«Faire preuve d’inventivité pour nos efforts de relance, sans fermer les frontières»

  

  

  

  

Lettre de lecteur au 24heures du lundi 11 mai 2020

 

L’Économie est une idéologie !

 

Georges Tafelmacher     Citoyen et lecteur

   

Une conception de l'économie 

 

Mme. la Conseillère d’État Luisier Brodard nous demande, en ce moment charnière, de réfléchir sur comment redémarrer sur des bases plus saines. Or, à la lecture de sa réflexion, nous pouvons constater qu’il sera impossible pour certains de prôner l'alternative à son système basé sur l'impératif du développement économique selon sa perception partisane. En effet, selon elle, la politique de décroissance ne serait qu’une idéalisation fantasmée et que seule sa conception économique de ces dernières années serait conforme à son idée de la «réalité». Toutes autres idées n’amèneraient que la faillite de notre société.

Effectivement, nous devons inscrire nos politiques dans un développement réellement durable mais à la lecture des recommandations patronales que Mme. la Conseillère reprend à son compte, tout lien entre les aides aux entreprises et les exigences environnementales devraient être proscrits, ce qui inaugure mal cette volonté d’inscrire nos politiques dans un développement durable et font passer toute autre alternative pour de l’idéalisme.

Elle nous demande de s’y atteler sans a priori mais elle oublie que sa vision de l’économie est une idéologie, celle qui nous a amené les crises que nous subissons actuellement. Donc les alternatives même pragmatiques ne peuvent être développées car assimilées à une idéalisation fantasmée et donc à un affrontement à son idéologie. Cet affrontement politique serait quand même nécessaire pour dégager nos priorités mais comme elle n’en veut pas, seule son idéologie prévaudra et ce travail de redémarrage incombant aux seuls responsables politiques, exclue d’emblée la participation de certains acteurs et des citoyens.nes dans ce consensus !

GT

«On se doit de réfléchir sur comment redémarrer sur des bases plus saines»

  

le jour apres