URBANISME
Le centre de Pully va se densifie. Car la COOP songe depuis des années à s'agrandir, entraînant le quartier dans son sillage. Voisinage peu convaincu.

Depuis une dizaine d'année, la direction de COOP songe à faire évoluer les locaux vieillissants de son magasin de Pully. Un projet arrive enfin à terme. De par sa localisation centrale, il influence l'urbanisme du quartier et la commune a soumis à l'enquête publique un plan partiel d'affectation destiné à organiser les constructions à venir dans le secteur (voir l'illustration).
  Propriétaire d'une grande parcelle le long des avenues C.-F.Ramuz et du Tirage, la COOP souhaite non seulement doubler sa surface commerciale et construire un parking souterrain de plus de 250 places, mais également, doter son nouvel immeuble d'appartements. Classé depuis longtemps en "zone de forte densité", le reste du secteur pourrait également voir des constructions fleurir sur les parcelles des différents propriétaires.   De quoi changer

radicalement la physionomie des lieux. Lundi, une soirée d'information a vu de nombreux Pulliérans exprimer leurs doutes quant à l'intérêt du projet pour la communauté. Le ton est d'ailleurs monté à plusieurs reprises.

Trafic en hausse

  C'est sans doute le trafic automobile qui a réuni l'ensemble des avis défavorables au projet. L'étude prévoit une augmentation de la circulation de quelque 1700 véhicules selon les jours, alors que l'artère de C.-F.Ramuz est déjà une zone de transit au flot automobile important. Avec la proximité de l'école, les voix des parents se sont élevées. Municipal de l'Urbanisme, Gil Reichen a souligné que le trafic posait déjà problème et que son augmentation était gérable. Autre critique du public, les constructions prévues par la COOP. Elles sont volumineuses par rapport au reste du quartier et leur grand parking ne prévoit aucune synergie avec celui du Pré-de-la-Tour, sous la Migros, à quelques pas de là. Ses 528 places ne sont en effet de loin pas occupées et

chacun se demande bien comment on va remplir un nouveau parking.
  Pour défendre le projet, les urbanistes ont expliqué que les constructions prévues s'intègrent dans la pente et qu'elles se limiteraient en deçà des limites des 18 mètres de hauteur qu'autorise le règlement. Quant au parking, le municipal a expliqué, entre autre, que la commune n'avait pas le pouvoir de contraindre les clients de la COOP à utiliser le Parking de la Migros.
  «Ce projet n'a aucun intérêt pour la collectivité, mis à part ceux de la COOP», a resumé un membre de l'assistance, d'autant que des questions restent sans réponse, notamment en ce qui concerne les locataires actuels du distributeur.
  «Ce n'est pas un projet pour la COOP, mais elle est un propriétaire qui a des droits, a défendu Gil Reichen. Nous sommes dans un centre urbain et on ne peut pas leur interdire de se développer.» La seule solution serait en effet que la Commune rachète les terrains en expropriant la COOP, ce qui n'est en tout cas pas dans ses moyens.

ALAIN DÉTRAZ

PULLY
Une pétition recueille des centaines de signatures contre le plan partiel d'affectation concernant la parcelle de la COOP et son projet de construction.

«NON à la poursuite de l'asphyxie et de la défiguration du centre de Pully», clame une pétition circulant ces jours dans les rues de la commune. Le plan partiel d'affectation "C.-F.Ramuz/Tirage" suscite une levée de boucliers peu habituelle (24Heures du 31 Mai). Des centaines de personnes ont déjà signé la pétition qui sera adressée dans deux semaines au Conseil Communal et 37 oppositions ont été enregistrées par le Service de l'Urbanisme au terme de la mise à l'enquête.
  Membre de la famille héritière de parcelles concernées par le plan d'affectation - propriétés de l'hoirie Milliquet - Michel Bourquin est l'un des initiateurs de la pétition. Il affirme toutefois défendre également les intérêts de la collectivité. «On constate un vrai ras-le-bol des gens», témoigne-t-il en pleine récolte de signatures.

  C'est que le plan d'affectation s'accompagne d'un projet immobilier de la COOP, l'autre gros propriétaire des parcelles. Doublement de sa surface commerciale, parking et habitat en forment les éléments essentiels. «Un mastodonte, un bloc, pharaonique»: les qualificatifs employés par certains Pulliérans donnent une idée de la perception du projet au centre de la commune.

Guerre commerciale

  Augmentation du trafic automobile déjà saturé à proximité des écoles, disparition de jardins potagers et bétonnage excessif sont les principaux reproches faits à l'ensemble du plan d'affectation. En outre, la construction d'un nouveau parking est jugée inutile puisque, à deux pas de là, celui accolé à la Migros n'est jamais plein.
Au-delà de ces considérations, plane également le fantôme de l'ensemble immobilier du Pré-de-la-Tour, qui abrite notamment le supermarché Migros. Sa construction, contestée il y a une vingtaine d'années, avait dû être validée par un référendum. «Aujourd'hui, les gens ne veulent

plus d'un projet aussi gros», commente Verena Kuonen, une conseillère communale ayant fait opposition.
«Tout est lié à la guerre que se livrent la COOP et la Migros, analyse Michel Bourquin. Mais cela ne correspond pas à un besoin puisque les commerces constatent une baisse de leur chiffre d'affaire.» Ainsi, plan d'affectation C.-F.Ramuz/Tirage pourrait bien, lui aussi, voir son destin déterminé par les urnes. Le mot référendum est déjà prononcé par certains.
  Accusée de ne pas se soucier suffisamment de bien-être de la collectivité, la Municipalité rappelle certaines contraintes légales. «Je crois que les gens se trompent sur les possibilités que nous avons; est-ce qu'on a la capacité d'empêcher la COOP de refaire un magasin sur sa propriété?» demande le municipal Gil Reichen. Pour lui, le projet n'est pas si mauvais en comparaison d'autres situations possibles. «Si la COOP se sent trop freinée, elle pourrait aussi vendre son terrain à des promoteurs, qui ne se gêneraient pas de faire de la vraie forte densité, comme le permet le Plan Directeur.»

ALAIN DÉTRAZ

PULLY   Une pétition refusant un plan d'affectation impliquant la Coop a été remise mercredi au président du Conseil communal.

Un lâché de ballons pour dire "de l'air pour Pully" et 2154 signatures. C'est le résultat de la pétition menée par un collectif de Pulliérans contre le plan partiel d'affectation C.-F.Ramuz-Tirage présenté ce printemps par la Municipalité.
Avec la commune et une hoirie, la COOP est au nombre des propriétaires de la zone concernée par le plan, qui doit l'autoriser notamment à agrandir son magasin au centre du village. Mais, dès la présentation du projet au public, la commune a assisté à une véritable levée de boucliers (24 heures du 22 juin).

Supplément de trafic sur un tronçon déjà saturé, rien pour la mobilité douce, taille disproportionnée du futur centre commercial et construction d'un parking jugé superflu figurent en bonne place parmi les récriminations des signataires et du collectif Pully-en-vie. «On ne doit plus sacrifier ce qui reste des villages pour un grand groupe», souligne Michel Bourquin, membre du collectif.
La pétition a été remise mercredi au président du Conseil communal, qui se voit donc chargé d'entrer en matière, ou pas. Mais pour Michel Bourquin, le nombre important de signataires est un signe fort à l'attention des autorités. Une menace de référendum, à peine voilée, qui rappelle celui lancé, il y a vingt ans, lors de la construction de l'ensemble attaché à la Migros.

ALAIN DÉTRAZ

Nous avons eu l'occasion d'assister à une démonstration éminemment fort sympathique, organisée sous l'égide des Verts, avec un lâcher de ballons en présence de nombreux enfants. Néanmoins cette manifestation mérite quelques éclaircissements car sous des dehors anodins et bon enfant se profile une connotation politicienne qui n'a qu'un lointain rapport avec la logique écologique.
Tout d'abord, l'analyse des signatures récoltées démontre qu'une bonne part des participants et signataires n'habitaient pas notre commune, avaient été rameutés pour faire nombre et n'étaient pas concernés par le problème de la construction du centre commercial de la Coop, prévu à l'entrée du village l'intersection du Tirage et de l'avenue CF Ramuz et objet de la manifestation et du recours.
En suite, un lâcher de ballons, aussi sympathique que cela paraisse, n'a rien d'écologique, en effet, les ballons ne s'envolent pas vers la planète

Mars, mais éclatent rapidement dès la baisse de la pression atmosphérique extérieure et les enveloppes retombent sur terre contribuant un peu plus à la pollution.
La troisième conséquence et mon avis la plus grave réside dans l'entrave à la municipalité dans sa recherche de nouvelles ressources.
Nous sommes tous conscients des difficultés financières actuelles dans lesquelles se trouve notre commune, nous savons également qu'une augmentation du taux d'imposition ne suffira pas à résoudre le problème et doit être assorti d'économies ou de nouvelles ressources, il semble irresponsable lorsqu'un investisseur privé nous propose une activité nouvelle permettant de résoudre partiellement notre problème, d'entraîner les familles dans une démarche qui risque de les priver des cantines et des crèches dans l'alternative où de nouvelles encaisses ne seront pas trouvées.

Lilian Geoffroy
UDC Pully

A propos du Plan de quartier C.F. Ramuz - Tirage

Madame la rédactrice

Votre article mentionné en objet, même s'il présente de manière relativement claire la situation à ce jour concernant le PPA Tirage - CF-Ramuz, prend quelques raccourcis que nous souhaitons rectifier, principalement concernant les différentes parties impliquées.
Si la Coop, la commune de Pully et la Hoirie Milliquet sont bien les principaux propriétaires concernés par le PPA, le collectif "Pully en vie - Pully envie" est un quatrième partenaire qui a pris part aux débats de manière active et dans lequel aucun des protagonistes précités ne fait partie.

C'est bien le collectif, composé de particuliers qui se sentent directement concernés par l'évolution du centre de Pully, de propriétaires autres que les trois protagonistes cités plus haut, de commerçants et de personnes proches des pouvoirs politiques qui se sont investis afin de récolter plus de 2100 signatures contre ce PPA. Les pétitions ont été remises au Président du Conseil Communal et à son Collège par le collectif.
Contrairement à ce que laisse entendre votre article, il n'y a donc pas que la Hoirie Milliquet qui est contre ce PPA. II nous semble aussi important de rappeler dans vos colonnes que ce dernier a fait l'objet de plus de 30 oppositions provenant d'autres acteurs de Pully. (...)

Tibor Imrei
Pully en vie - Pully envie

«Non à l'asphyxie et à la défiguration du centre»

Tel est le titre choisi par les opposants au Plan partiel d'affectation "CF Ramuz/Tirage" qui selon eux va «défigurer et asphyxier le centre de Pully pour le bénéfice d'un seul propriétaire». La pétition qu'ils ont lancée contre ce projet de complexe commercial et locatif au centre-ville de Pully a récolté le nombre record de 2154 signatures. Elle a été remise le ler novembre au Conseil communal. Les pétitionnaires demandent au législatif de prendre fait et cause contre ce PPA qui ne respecte aucune vision de développement durable. Ils menacent de lancer un référendum. La mise à l'enquête publique a, selon eux, déjà donné lieu à 40 oppositions.
Les pétitionnaires estiment que le futur bâtiment de la Coop est, avec ses 5 ou 6 étages et ses 18 mètres de hauteur, surdimensionné. Ils s'inquiètent aussi de l'augmentation du trafic routier sur une artère qui voit déjà défiler 17'000 véhicules par jour. Pour les opposants, la construction d'un parking souterrain de 250 places est une hérésie, dès lors que les 530 places du grand parking de Pully sont constamment sous-utilisées. Le futur centre Coop se situerait à deux pas de celui de la Migros qui, à en croire les détracteurs du projet, connaît déjà une baisse de son chiffre d'affaires.
Les pétitionnaires invoquent enfin la sécurité des piétons - en particulier celle des enfants qui se rendent à l'école toute proche - ainsi que les normes de qualité de l'air. «C'est un projet complètement dépassé, qui brade la qualité de vie des habitants pour l'intérêt d'un privé», lance Michel Bourquin, principal fer de lance de la contestation. L'homme, qui oeuvre aussi à la vice-présidence de Planification et logistique de l'EPFL, critique la "politique de fuite en avant" des autorités et déplore le manque de sensibilité des partis à cette problématique. Michel Bourquin se dit surtout «déçu des Verts, qui n'ont pas tellement bougé».

Monsieur
Georges Tafelmacher
Route du Port 22
1009 Pully

Pully, le 19 février 2009
Réf: PhD/MO - Let_opposants ramuz_tirage.doc