Politique

blé fou

OGM à l'Étude !


Les OGM arrivent des bancs des laboratoires !

Les études sont faites mais les craintes démeurent !



Compte rendu des études produites par les divers laboratoires :

Sommaire :

- Programme national de recherche   -   sur les OGM - 2007
- PNR59   -   Comment rendre les OGM acceptables !
- Les OGM est toxique pour les rats !   -   L'ÉCOLOGISTE AVRIL - JUIN 2007
- Les OGM sont-ils inoffensifs ?   -   L'Hebdo du 26 Juillet 2007
- Les choses ne sont pas aussi simple !  -   L'Hebdo du 14 Juin 2007
- Les fausses promesses de Monsanto !   -   journal solidaritéS
- Poudre aux yeux des OGM !   -   Le Monde Diplomatique nov. 2006
- Le retour d'Eve !   -   Recto Versean Juin 2007
- Chercheurs passablement surpris !   -   Pro Natura oct. 2006
- Les abeilles malades de l'homme !   -   Le Monde 30 août 2007
- Autant en emporte le vent !   -   Site Greenpeace 26 septembre 2007
- Avis d'experts !   -   24 Heures du 28 septembre 2007
- Étude des risques   -   galvaudée !
- Effet boomerang   -   chez Monsanto !
- Semences «numériques»   -   de l'industrie génétique
- Quand le capitalisme s'empare du vivant   -   Hélène Baillot - «Les autres voix de la planète»
- Quand les OGM s'emparent du vivant   -   la Commission européenne aux mains des multinationales
- La "biopiraterie" OGM   -   procès gagné en Inde contre Monsanto !
- Bibliographie   -   ce qu'ils en disent !
- D'autres études   -   pour le moins alarmantes !
- Liens

compilé par Georges Tafelmacher
Opposant OGM à PULLY
À Gauche Toute!
POP/GeM section Lavaux-Oron



Programme national de recherche sur les OGM

Principaux thèmes de recherche

Le programme se compose de quatre modules :

  1. Biotechnologie végétale et environnement
    Dans ce domaine, 18 projets sont financés à hauteur de 6,4 millions de francs suisses au total. Les projets abordent les questions de la résistance des plantes aux maladies, l'écologie du sol, la biodiversité et le flux génétique des PGM vers les plantes sauvages, les conséquences sur les organismes non ciblés, la coexistence, et les nouvelles applications de la biotechnologie végétale.
    Neuf de ces projets se sont rassemblés en un consortium afin d'examiner les questions relatives à la résistance du blé transgénique à l'oïdium et aux risques qui y sont liés dans deux essais en plein champ.

  2. Aspects politiques, sociaux et économiques
    Huit projets d'un montant total avoisinant les 2,2 millions de francs suisses traitent des questions de la coexistence, du comportement des consommateurs et des autres parties intéressées. D'autres projets étudient le rûle des médias et de l'éducation dans la formation de l'opinion. L'un d'entre eux creuse la question de savoir s'il existe une plante génétiquement modifiée éthiquement acceptable.

  3. Évaluation du risque, gestion du risque et procédures de prise de décision
    Deux projets s'occupent des indicateurs de risque et un autre des procédures de prise de décision. Ils reçoivent au total environ 600'000 francs suisses.

  4. Études de synthèse et de revue
    Dans ce module, les fonds sont consacrés à des études se focalisant sur la façon dont les résultats de recherche du PNR 59 sont évalués à l'externe et dans le cadre du programme. Les projets correspondants seront attribués durant le programme.

Espace Autogéré = www.squat.net/ea
Le Courrier du 11 Juin 2007 = www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=436725
Le Courrier du 18 Mars 2009 = www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=441869
PNR59 = www.nfp59.ch/f_index.cfm
Objectifs = www.nfp59.ch/f_portrait_details.cfm#para257
Acceptation des OGM = www.nfp59.ch/f_popupprojekte.cfm


- - - - - - - - - - - - - -

Cette recherche est une manipulation totale

Il se déroule près de vous, sur les terrains de l'Agroscope, un essai de culture en plein champ de blé génétiquement modifié. Vous avez probablement reçu des informations rassurantes de la part des chercheurs et chercheuses au sujet de la "bio-sécurité". Nous, qui sommes opposé-e-s aux OGM (organismes génétiquement modifiés), pensons que le véritable enjeu est ailleurs, et nous vous adressons ce message pour partager notre opinion avec vous.

Ces 2 essais (l'un à Pully VD, l'autre à Reckenholz ZH) font partie du programme national de recherche PNR59 : «utilité et risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées», qui devrait «contribuer par ses résultats scientifiques à répondre aux interrogations des politiciens et de la société au sujet de cette nouvelle technologie».

La preuve des risques de dissémination existe déjà

Ce blé a été modifié génétiquement pour résister à l'oïdium, un champignon parasite, bien que certaines variétés de blé conventionnel y sont déjà tolérantes. Les «disséminations expérimentales de plantes génétiquement modifiées» du PNR59 ont notamment pour but d'étudier les risques de dissémination dans l'environnement de ce blé. Or, des millions d'hectares d'OGM (soja, maïs, coton...) sont déjà cultivés à travers le monde, et les contaminations se multiplient (1). La preuve des risques de dissémination existe déjà. De plus, comment cet essai particulier pourrait-il déterminer les risques des OGM en général? Prétendre ceci n'est que pur mensonge! A quoi sert donc cet essai ?

Si on y regarde de plus près, on voit qu'un des buts des essais du «consortium-blé» est de permettre de maintenir les réflexions et discussions avec le public sur le thème de la dissémination de PGM. (2) et (3) Pourquoi sur ce thème? Y aurait-il d'autres thèmes, desquels on voudrait détourner l'attention ?

Dans leur deuxième Newsletter (4), les chercheurs du PNR59 se demandent: «Quels facteurs contribuent à l'acceptation du génie génétique par la population?» Dans le même article, on apprend: «Environ mille interviews personnelles ont été réalisées avec des riverains de la station de recherche Reckenholz; donc avec des personnes qui vivent au voisinage de l'essai en champ avec du blé OGM (...). Les mêmes personnes seront questionnées une deuxième fois sur les mêmes thèmes (deux ans plus tard). (...) II s'agit de la première comparaison de ce genre.» II s'agit de mesurer à quel point le voisinage d'un champ d'OGM, le fait que ces cultures entrent dans le quotidien, influence «l'acceptation».

Peut-être le choix d'effectuer cette étude à Reckenholz et non à Pully est-il dû à l'opposition plus déterminée à Pully, qui a fait craindre aux mandataires des résultats plus contrariants... Mais acceptez-vous d'être les cobayes de ce genre de sociologie ?

Le but réel de ces recherches est politique: faire passer la pilule

Car outre les recherches agronomiques, le PNR59 comporte d'étranges volets sociologiques. Par exemple le sujet «Légitimité, émotions, confiance et acceptation des plantes génétiquement modifiées», où l'on lit «Les facteurs "doux" tels que légitimité, craintes et confiance peuvent exercer une influence importante sur l'acceptation des PGM au sein de la population. La technique génétique ne pourra que difficilement s'imposer dans l'agriculture suisse sans cette acceptation. C'est pourquoi il importe de savoir comment ces facteurs influencent l'acceptation.»
Autre projet : «Aliments génétiquement modifiés; à quel point Monsieur et Madame Suisses sont-ils réellement sceptiques ?». On ne peut dire plus clairement qu'on veut travailler une opinion publique hostile aux OGM pour la faire plier. Une expérience de fabrication du consentement qui intéressera tout gouvernement, la Suisse étant le seul pays où on a pu voter pour ou contre les OGM.

Ces recherches, ordonnées par le Conseil Fédéral, se déroulent durant le moratoire sur la culture et la commercialisation d'OGM en Suisse, voté en 2005, qui devait durer 5 ans et qui vient d'être prolongé de 3 ans. Ensuite, le parlement décidera probablement de lever ce moratoire, grâce aux recherches du PNR59. Et si des variétés d'OGM sont ensuite autorisées, on pourra nous dire que la Suisse aura accepté les OGM scientifiquement et démocratiquement.

Cette recherche est un alibi nécessaire pour alimenter un pseudo-débat

Voilà l'enjeu : alors que le monde entier sert de laboratoire par la culture et la consommation massive d'OGM, la Suisse sert de laboratoire politique par ce moratoire trompeur. Tout ce qu'a prévu de faire le PNR59 peut se résumer à préparer l'introduction des OGM en Suisse, pour cela le gouvernement tente une opération de manipulation du public s'appuyant sur des expérimentations fallacieuses. Cette recherche est un alibi nécessaire pour alimenter un pseudo-débat dans lequel on pourra dire que les spécialistes (biologistes, agronomes, sociologues...) ont étudié nos questions et fourni des réponses. II s'agit de retirer le débat des mains de la population et des agriculteurs/trices en le maintenant sur le terrain scientifique.

Et il est déplorable que les initiant-e-s du moratoire ont toujours affirmé être «pour la recherche». Car en entretenant le mythe de sa recherche "publique et neutre" (alors qu'une fin du moratoire légitimée par la recherché publique servira les entreprises semencières privées), on a offert le scénario nécessaire à une acceptation scientifique et démocratique des OGM dans un pays où la recherche est sacrée.

Nous assistons ici â un coup de force masqué

La résistance aux OGM dérange les plans économiques du gouvernement, qui adhère aux projets de l'OMC (5), qui veut supprimer la moitié des exploitations agricoles (6) et qui soutiendra Syngenta (7) comme il a toujours soutenu inconditionnellement les multinationales suisses. Mais comme il ne peut l'assumer il lui faut recourir à l'argument sacré de la Recherche pour discréditer les critiques.

Au-delà des questions légitimes de santé et d'environnement, les questions essentielles soulevées par les OGM : privatisation du vivant et souveraineté alimentaire, ne sont pas d'ordre scientifique, mais politique : quelle agriculture, quel monde désirons-nous? Les scientifiques ont beau associer toute critique publique - y compris des agriculteurs/trices - à des facteurs irrationnels, pas besoin de preuves scientifiques pour répondre à ces questions. Les OGM renforcent le modèle d'agriculture productiviste soumise à l'industrie, achevant d'éliminer la paysannerie. Un tel choix de société ne doit pas dépendre d'études fallacieuses qui - détournent l'attention des vrais enjeux.

Nous n'avons pas à accepter la poursuite de ces recherches !
Non aux OGM !
Caravane cycliste contre les OGM et pour une agriculture autonome paysanne et écologique

Caravane cycliste contre les OGM - Juin 2010
Plus d'info sur: www.caravane-anti-ogm.ch


1 – registre contamination
2 – plantes génétiquement modifiées
3 – agroscope
4 – newsletter
5 – Organisation Mondiale du Commerce
6 – politique agricole PA 2011
7 – multinationale suisse produisant des pesticides et des OGM consortium blé


- - - - - - - - - - - - - -

PNR = comment rendre une plante génétiquement modifiée acceptable sur le plan social ?

En Suisse, la résistance aux plantes génétiquement modifiées est considérable. Un projet interdisciplinaire s'est donné pour but de comprendre plus précisément la nature des réserves et de développer, à titre de modèle, une plante génétiquement modifiée qui tiendrait compte de cette réserve.

Programme National de RechercheCe programme cherche à trouver une définition acceptable sur le plan politique et social d'une plante génétiquement modifiée. À l'avenir, avant même de développer une nouvelle plante génétiquement modifiée, il faudra pouvoir déterminer quelles conditions elle doit remplir pour être acceptée par la société. D'une part, il conviendra de développer une plante modèle permettant d'analyser sous forme plus différenciée les réserves et retenues qui existent dans la société à l'encontre de plantes génétiquement modifiées. D'autre part, le projet a pour but de formuler une recommandation politique qui révélera les points qui devront être étudiés lors de propositions d'introduction de plantes génétiquement modifiées.

Buts

Le développement de plantes génétiquement modifiées tient compte des réserves déjà connues: leur patrimoine héréditaire ne peut pas se répandre par le biais du pollen et ne peut parvenir dans la chaîne des denrées alimentaires. Cette analyse a pour but de définir de manière plus différenciée les réserves envers les plantes génétiquement modifiées, notamment au moyen d'entretiens avec 10 groupes de personnes provenant de différentes régions ainsi que de 25 interviews individuelles approfondies.
Il s'agit de démontrer que les plantes génétiquement modifiées sont utiles pour la Suisse et de soigner la communication sur le génie génétique pour en démontrer sa légitimité et rénouer la confiance du publique aux OGM.
L'avenir de la technique génétique dépend considérablement de son acceptation par la population. Le rôle du PNR, dans ce domaine, est de renforcer la légitimité du processus décisionnel, de faire tomber les craintes de la population et de la redonner confiance dans les PGM !

Arrière–plan

En matière de communication sur les risques potentiels de la technique génétique, les acteurs ont jusqu'à présent surtout misé sur l'information de la population. Une faible attention a été par contre accordée au rôle de la légitimité des processus décisionnels ainsi qu'aux craintes et à la confiance de la population. Il est supposé qu'un comportement légitimé pourrait augmenter l'acceptation des technologies à risque parmi la population. Un processus décisionnel est perçu comme légitimé lorsque les autorités sont crédibles, traitent toutes les parties impliquées avec respect et leur accordent un droit de codécision.

Objectifs

Dans le cadre de cette étude, le rôle de la légitimité, des craintes et de la confiance dans la communication sur la technique génétique sera examiné. Une des questions principales est de savoir si un processus décisionnel légitimé entraîne systématiquement une meilleure acceptation. Ou si, dans certaines circonstances, seul le résultat est déterminant; cela pourrait être le cas si les humains élevaient l'utilisation des techniques génétiques au rang de question morale importante.

Méthodes

Des histoires fictives seront présenteés aux personnes en nombre représentatif provenant de la Suisse alémanique présenteront sur la dissémination de plantes génétiquement modifiées (PGM). Un processus décisionnel légitimé ou non sera alors exposé et, sous forme de variations, les plantes seront parfois disséminées, parfois non. Les personnes testées seront ensuite questionnées sur leurs émotions, leur confiance, l'importance que revêt ce thème pour elles et leur approbation ou rejet des PGM. Les mêmes questions seront également posées à des personnes qui habitent à proximité du terrain sur lequel aura lieu un essai de dissémination de blé génétiquement modifié. Par ailleurs, un nouveau procédé assisté par ordinateur permettant de sonder les conceptions personnelles sur les PGM sera développé.

Légitimité, émotions, confiance et acceptation des plantes génétiquement modifiées

Lesdits facteurs "doux" tels que légitimité, craintes et confiance peuvent exercer une influence importante sur l'acceptation des PGM au sein de la population. La technique génétique ne pourra que difficilement s'imposer dans l'agriculture suisse sans cette acceptation. C'est pourquoi il importe de savoir comment ces facteurs influencent l'acceptation. La valorisation permet de présenter de manière efficace les résultats de la recherche aux décideurs et favorise ainsi leur prise en compte dans la discussion politique et publique et, finalement, leur mise en oeuvre dans la pratique. À côté des chercheurs impliqués dans le programme, les autorités compétentes de la Confédération et des cantons ainsi que de nombreux autres groupes cibles des milieux de la science, de l'économie, de l'administration, de la politique et les intérêts privés se trouvent au centre de ces activités de valorisation. Le grand public est informé par l'intermédiaire des médias et de moyens de communication propres au PNR.

PNR 59

==========================================

INTERVIEW EXPRESS JEAN-PHILIPPE MAYOR DIRECTEUR D'AGROSCOPE CHANGINS-WÄDENSWIL

«Le créneau écologique n'est pas un but en soi»

- Les recherches de l'Agroscope ne visent pas la seule productivité, elles intègrent la notion d'agriculture durable. Est-ce nouveau ?

Mayor du Programme National de Recherche- Les stations d'essai ont été créées il y a plus d'un siècle. C'est sûr que, à l'époque, le souci était de produire plus. Mais, très tôt, les chercheurs ont compris qu'il fallait aussi protéger l'environnement: il y a déjà plus de quarante ans qu'ils ont établi les premières règles de la production dite intégrée. Depuis lors, l'Agroscope travaille autour de trois axes: la production d'aliments sains, des conditions socio-économiques acceptables pour les producteurs et la préservation de l'environnement.

- L'Agroscope tente-t-il de convertir les agriculteurs à l'écologie ?

- Le "créneau" écologique n'est pas un but en soi. D'ailleurs, l'agriculture bio ne doit répondre qu'à quelque 15% des consommateurs qui demandent ces produits, mais cette proportion stagne depuis plusieurs années. Ça ne sert à rien de produire davantage si la demande ne croît pas. Nous devons offrir des solutions qui soient acceptables tant pour le consommateur, le producteur que pour l'environnement.

- Quels sont les futurs défis de la recherche en matière d'agriculture ?

- J'en citerai trois.
D'abord, l'ouverture des marchés. Pourra-t-on continuer de produire? Si oui, il faudra miser sur la qualité et sur une valeur ajoutée élevée.
Ensuite, le réchauffement climatique, qui provoque l'apparition de nouvelles maladies, de nouveaux insectes ravageurs, de nouvelles mauvaises herbes. Ainsi devons-nous sans cesse développer de nouveaux moyens et stratégies pour protéger les cultures.
Enfin, le dernier gros défi est lié à la démographie mondiale, qui explose. Comment nourrir la population? Mais là, nous ne sommes qu'un petit acteur.

paru dans le 24 Heures du samedi-dimanche 13 Février 2010




OGM • des risques pour la santé

L'ÉCOLOGISTE N°22 -Vol. 8 N°2 - AVRIL - JUIN 2007 pg.25

Un maïs OGM de Monsanto est toxique pour les rats

Pour la première fois au monde, une étude d'un maïs transgénique autorisé à la consommation montre des signes de toxicité hépatique et rénale. II s'agit d'une contre-expertise réalisée par une équipe menée par le professeur Gilles-Eric Séralini du Criigen (1), à partir des données rassemblées par la compagnie Monsanto elle-même, dans le cadre de l'étude réglementaire consistant à nourrir des rats au maïs OGM (MON 863) pendant trois mois.

Le CRIIGEN a réalisé une contre-expertise de l'étude réglementaire réalisée par la Compagnie Monsanto sur des rats nourris au maïs OGM (MON 863) pendant trois mois. Cette dernière a été utilisée pour l'autorisation de commercialisation internationale de ce maïs. Les symptômes découverts au cours de cette contre-expertise sont cohérents, mis en évidence par rapport à des rats témoins de même souche génétique, du même âge, élevés dans des conditions strictement identiques, avec un régime de composition chimique jugée équivalente, mais sans la toxine Bt qui est l'insecticide fabrique par le maïs OGM lui-même.

En moyenne, chez les femelles il y a prise de poids, augmentations significatives du sucre et des graisses dans le sang, augmentation relative du poids du foie, et des dérèglements du fonctionnement rénal. Inversement, les mâles maigrissent, ils sont plus sensibles au niveau des reins, lesquels chutent de poids par rapport au corps, et les analyses sont perturbées dans les urines, à mettre sans doute en relation avec les néphropathies diagnostiquées. B arrive qu'ils développent cela naturellement en vieillissant, mais dans cette étude il s'agit de jeunes rats de cinq mois à la fin de l'expérience. Des marqueurs du fonctionnement hépatique sont aussi touchés. Il est à noter que les produits toxiques tels des pesticides, comme lors d'une initiation de cancer, provoquent régulièrement des effets différents, selon le sexe. Il n'est pas possible, pour des tests d'une aussi courte durée, d'identifier un début de maladie particulière. Mais ce sont les organes dits classiquement de détoxification qui réagissent ici.

Les variations de poids des animaux n'ont pas été étudiées statistiquement par Monsanto qui a publié en 2006 sur le sujet, tout comme des données de chimie urinaire. Les statistiques n'ont pas été approfondies et leurs protocoles sont très discutables. Nous nous interrogeons sur les raisons pour lesquelles les autorités n'ont pas demandé :

  1. Une expertise indépendante des données statistiques réalisées par Monsanto, ce qui leur aurait permis de constater ces problèmes,

  2. Le renouvellement et la prolongation de ces expériences qui avaient fait débat dès 2003,

  3. de faire doser les hormones sexuelles qui, vu les effets différents selon le sexe, peuvent être perturbées.

Les données brutes de Monsanto qui ont permis ce travail ont été obtenues par voie judiciaire. Elles étaient classées confidentielles par la compagnie, mais aussi par les États européens et la Commission européenne. Elles portent donc sur le mais MON863 produisant un insecticide nouveau appelé "Cry3Bb1 modifié", destiné à lutter contre la dangereuse chrysomèle (insecte coléoptère, Diabrotica virgifera), ravageur entre autres du maïs, et introduit récemment par avion sans doute plusieurs fois en Europe. Ce maïs OGM autorisé récemment contient aussi un gène marqueur de résistance à un antibiotique. Ces tests s'avèrent donc bien insuffisants, alors qu'ils sont à la fois les plus détaillés et les plus longs chez des mammifères après consommation de cette plante, et ils sont tout à fait typiques des tests réglementaires actuels (durant 90 jours maximum avec des rats).

Cet OGM fait partie de la seconde catégorie la plus importante des OGM en culture commercialisés dans le monde, produisant un insecticide interne nouveau. Les autres OGM absorbent un herbicide sans mourir. Ils sont presque tous des plantes à pesticides. Pour mémoire, les tests avaient fait l'objet d'une controverse dès 2003 en France, et d'un désaccord des experts, notamment à la Commission du génie biomoléculaire en France. Préoccupé, le CRIIGEN avait demandé la communication des données brutes auprès des gouvernements. Celles-ci ont été gardées confidentielles jusqu'à ce que GreenpeaceAllemagne gagne en cour d'appel contre Monsanto, et obtienne ainsi notamment les analyses de sang et d'urine de ces rats. Les données brutes constituent plus de 1'130 pages de chiffres et précisions.

Une équipe du CRIIGEN - composée du Pr. Gilles-Eric Séralini (Université de Caen), chercheur sur les pesticides et expert gouvernemental sur les OGM, du Dr Dominique Cellier (Université de Rouen), biostatisticien, et du Dr Joël Spiroux de Vendomois, médecin, expert des risques environnementaux sur la santé - a réalisé cette expertise contradictoire de ces données, et indépendante des producteurs d'OGM. Ces éléments sont suffisants pour exiger d'autres études et, dans l'attente, le retrait de la consommation du maïs OGM MON863, lequel ne peut donc plus être considéré comme propre a la consommation animale ou humaine. Un moratoire sur la consommation de l'ensemble des OGM s'avère nécessaire.

SeraliniNotes

(1) «New Analysis of a Rat Feeding Study with a Genetically Modified Maize Reveals Signs of Hepatorenal Toxicity», Gilles-Eric Séralini, Dominique Cellier, Joël Spiroux de Vendomois, Arcbives of Environmental Contamination and Toxicology vol. 52 n°4, p.596-602. L'éditeur est le Dr Doerge de la Food and Drug Administration (FDA). L'article est disponible en texte intégral sur: www.springerlink.com et en version française sur: www.criigen.org

Gilles-Eric Séralini
Avec Jean-Marie Pelt, Gilles-Eric Séralini vient de publier «Après nous le déluge ?» (Fayard/ Flammarion) court et vif essai décrivant la pollution généralisée du monde et proposant une autre science - ainsi qu'un serment d'Hippocrate actualisé.
Gilles-Eric Séralini est membre du Criigen, présidé par Corinne Lepage.


Liens

CRIIGEN : www.criigen.org
Springer : www.springerlink.com



Maïs OGM • une étude sème le trouble

Publié dans "L'HEBDO" section SCIENCE du 26 JUILLET 2007 – par Natalie Bougeard.

POLÉMIQUE   –   Décryptage d'une querelle entre pro et anti-OGM.

Une étude relate les effets néfastes d'un maïs génétiquement modifié chez des rongeurs l'ayant absorbé. L'auteur et l'article scientifique sont très controversés.

Tout commence par un article alarmiste du Monde le 14 mars dernier, repris dans Le Temps, puis développé dans d'autres journaux. «Forts soupçons de toxicité sur un maïs OGM», titre le quotidien genevois, «Du maïs transgénique se révèle toxique», écrit La Liberté. Alors que l'ONG Greenpeace affirme sans ambages sur son site: «Première scientifique: une étude prouve qu'un maïs OGM autorisé pour l'alimentation humaine provoque des signes de toxicité.»

Au centre du tumulte? Une étude signée par Gilles-Eric Séralini et deux de ses collègues du CRIIGEN (Comité de recherche d'information indépendant sur le génie génétique) parue dans le journal scientifique Archives of Environmental Contamination and Toxicology. Il y met en cause l'innocuité du maïs transgénique Monsanto, MON863 de son petit nom. Une céréale autorisée dans de nombreux pays, mais qui reste interdite en Suisse.

PAS DE DANGER   À l'origine de toute l'histoire: une analyse effectuée par Monsanto au début des années 2000 pour connaître les conséquences que pourrait avoir la consommation de son maïs modifié MON863 et obtenir, in fine, l'autorisation de le commercialiser sur le marché mondial. Pendant 90 jours, les scientifiques du géant agrochimique ont nourri 400 rats, les uns avec des grains OGM, d'autres avec du maïs "normal". Résultat: ils ont mis en évidence des variations de paramètres biologiques entre les rongeurs ayant consommé du transgénique et les autres. Mais les chercheurs de l'entreprise ont conclu que les écarts entraient dans le cadre de la variabilité naturelle des paramètres mesurés. Les effets de l'OGM n'ont donc pas été considérés comme pathologiques par la firme américaine. Peu après, lorsque les institutions sanitaires d'une dizaine de pays européens et l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) passent au crible le dossier, ils arrivent à la même conclusion.

Gérard Pascal, rapporteur du dossier au sein de la Commission du génie biomoléculaire (CGB) qui conseille le gouvernement français en matière d'OGM, se souvient: «En juin 2003, j'ai pour la première fois examiné le dossier du MON863. Mais il n'était pas complet: l'étude sur les rats n'y figurait pas.» La CGB demande alors à la Commission européenne de lui transmettre le dossier intégral de 4000 pages. En octobre 2003, Gérard Pascal remarque, en analysant le pavé de données, des anomalies chez les rats. Dans le doute, il rencontre des toxicologues de Monsanto et de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Deux spécialistes mondiaux mandatés par le groupe agrochimique analysent aussi le dossier. Et une contre-expertise est effectuée par un ancien directeur de l'École nationale vétérinaire d'Alfort, reconnu dans le domaine.

Leurs conclusions sont sans appel: «Les différences ne sont pas dues à une toxicité du maïs OGM, mais à la variabilité biologique», cite l'expert. Elles sont donc la conséquence de variations naturelles. Dans le même temps, l'agence européenne de sécurité alimentaire aboutit à la même conclusion - pour les mêmes raisons: «Une centaine de scientifiques de l'EFSA et des instances de sécurité des pays européens ayant épluché le dossier ont affirmé que ce maïs transgénique ne présente pas de dangers particuliers», explique Gérard Pascal. Le MON863 est donc mis sur le marché français en 2005. Une décision identique est prise au niveau européen.

NOUVELLE ANALYSE   Une situation quine satisfait guère l'ONG Greenpeace. Elle dépose un recours et obtient de la justice allemande que les données jusque-là secrètes de la multinationale soient rendues publiques. Gilles-Eric Séralini saisit l'occasion: il procède à une nouvelle analyse statistique des résultats désormais accessibles à tous. Le professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen fait, comme Gérard Pascal, partie de la Commission du génie biomoléculaire. Il avait donc déjà eu le dossier en main; mais il était alors tenu à la confidentialité.

L'étude de l'universitaire caennais - financée par Carrefour, le géant des hypermarchés, et Greenpeace - paraît en mars 2007. Elle met en évidence des troubles chez des rats ayant consommé du MON863: ils souffrent d'anomalies rénales, hépatiques et métaboliques. Les taux de graisses et de sucres augmentent dans le sang des femelles, ainsi que le poids du foie par rapport au corps. Chez les mâles c'est le contraire. L'article scientifique conclut que «des expériences sur le long terme sont nécessaires pour déterminer la nature réelle et l'étendue de ces possibles pathologies. Avec les données actuelles on ne peut pas conclure que le maïs transgénique MON863 est un produit sûr pour la consommation.»

PLUIE DE CRITIQUES   Ces conclusions sont largement médiatisées et la polémique enfle. Dans les milieux scientifiques, les critiques pleuvent. «La nocivité n'est pas du tout prouvée, estime Christof Sautter, de l'Institut de biologie végétale de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Les auteurs écrivent que le maïs n'est pas sans risque, ce qui ne veut pas dire qu'il est toxique. On ne peut rien conclure de cet article.» Certains mettent même en doute les compétences du chercheur. «L'étude de Gilles-Eric Séralini est bidon, elle n'apporte absolument rien de nouveau, dit Gérard Pascal, le rapporteur de la CGB. Son équipe n'est pas crédible au point de vue scientifique - mais en lançant ce genre de rumeurs, il accède aux médias.»

Un reproche que lui fait également le biologiste français spécialisé dans les OGM, Marcel Kuntz, du Centre national de recherche scientifique (CNRS), qui affirme: «Séralini est avant tout un militant anti-OGM, c'est un lanceur d'alerte. Mais scientifiquement ses positions ne tiennent pas la route.» Monsanto ne prend pas position sur les compétences de son détracteur, mais ne se montre pas très inquiet: «Ce maïs a déjà avaient été examiné dans le monde entier. Les experts conclu unanimement que le maïs en question est aussi sûr que le maïs traditionnel», dit Yann Fichet, directeur des relations publiques de Monsanto France. Et en effet, l'agence européenne de sécurité alimentaire a, suite à la mise en cause de Gilles-Eric Séralini, passé au crible le dossier du scientifique. Pour conclure le 28 juin dernier, encore une fois, qu'aucune preuve d'un quelconque danger ne permettait de s'opposer à la mise sur le marché du MON863.

CONTRE-ATTAQUE   Mais l'histoire ne s'arrête pas là: Gilles-Eric Séralini choisit de répliquer. Associé aux experts scientifiques du CRIIGEN, il publie un communiqué en cinq points, où il défend notamment sa méthodologie. La décision de l'EFSA ne l'étonne guère: «S'ils nous donnaient raison, tous ceux qui ont travaillé sur le dossier auraient tort. C'est une vingtaine de têtes de l'agence européenne qui sauteraient», explique l'universitaire caennais. «C'est une erreur historique d'autoriser ces OGM et de laisser 450 millions d'Européens les avaler pendant des années, alors que personne n'a été capable d'en donner plus de trois mois à des rats! Il est inadmissible que des données de Monsanto soient cachées par les autorités, que l'étude n'ait été faite que sur une seule espèce de mammifère seulement pendant 90 jours, et enfin que tout le monde soit d'accord pour dire qu'il y a des divergences mais que personne ne veuille en discuter les effets toxicologiques.»

Gilles-Fric Séralini exige que des experts qui n'ont encore jamais touché au dossier s'y attaquent et fassent une étude sur du long terme. C'est aussi ce que demande l'Autriche soutenue par 12 autres États européens. Lors du Conseil européen de l'environnement de juin, les ministres des divers États ont demandé d'examiner à nouveau la nocivité du MON863 dans une étude à long terme, «afin de l'interdire ou de limiter son autorisation». Une initiative qui hérisse Gérard Pascal: «Je trouve très surprenant que des politiciens prennent, sans justification, des décisions contraires aux recommandations de leurs scientifiques! Cela discrédite les chercheurs.» D'ailleurs il ne pense pas qu'une étude longue prouverait l'innocuité ou le danger des organismes modifiés: «Il faut arrêter de gaspiller de l'argent et du temps sur les OGM pour rien: on sait que leurs effets sur la santé, s'ils existent, ne sont que très discrets! À un moment, il faut arrêter de faire peur aux gens avec des mensonges.»

FOUILLIS   Il faut bien l'avouer, et "l'affaire" du MON863 l'illustre à merveille: la querelle autour de la nocivité des OGM est davantage idéologique que scientifique. Pour l'heure, les chercheurs s'affrontent à coups d'études, jamais vraiment "indépendantes". Elles sont financées soit par le camp des pro-OGM soit par celui des anti-OGM. Si la première analyse du MON863 provenait de Monsanto, sa réinterprétation par Gilles-Eric Séralini était financée par le géant Carrefour et l'association Greenpeace.
Difficile d'y voir clair dans ce méli-mélo d'études. D'ailleurs, une nouvelle vient de tomber: Gilles-Eric Séralini a publié un communiqué de presse qui recense les mêmes symptômes nocifs chez les rats que ceux trouvés avec le MON863. Cette fois les rongeurs ont ingurgité du NK603, un autre maïs OGM, également produit par Monsanto. Pour l'instant, presque aucun journal n'a fait écho.

Hebdo



Les gènes se révèlent

Par Natalie Bougeard pour L'Hebdo du 14 Juin 2007

PATATRAS - Des chercheurs suisses bouleversent la génétique: la fameuse doctrine «un gène code pour une protéine» tombe définitivement en ruine. Comme quoi, les choses ne sont jamais aussi simples !

«Nous sommes tels des explorateurs qui viennent de poser le pied sur une nouvelle contrée après des années de voyage, explique Stylianos Antonarakis(*). Maintenant il faut comprendre les trésors que recèlent ces vastes terres inconnues.» Ce n'est de loin pas la première épopée pour les généticiens Stylianos Antonarakis de l'Université de Genève et Alexandre Reymond de l'Université de Lausanne: les deux collègues ont, notamment, participé à l'annotation et au décodage du chromosome 21. Cette fois, leur découverte déconstruit une théorie qui régit la génétique depuis presque un siècle: l'illustré «Un gène code pour une protéine». Les résultats de leur analyse du génome humain montrent que le phénomène est bien plus complexe et que parfois plusieurs gènes s'associent pour donner une protéine.

Les travaux des deux chercheurs s'inscrivent dans le cadre du programme ENCODE, pour ENCYCLOPEDIA of DNA Elements. Lancé en 2004, ce projet a pour but de déterminer quels éléments jouent un rôle dans le génome de l'homme. Pour cela 309 chercheurs de 80 institutions réparties dans 11 pays ont analysé 1% de notre patrimoine génétique. Le travail a été partagé en cinq axes de recherche.

«Notre équipe a fait trois observations importantes», explique Stylianos Antonarakis. Les spécialistes estimaient jusqu'ici que les gènes s'étendent en moyenne sur une distance de 27'000 nucléotides (molécules de base du génome), soit environ 15 nanomètres. En réalité ils sont «sept fois plus grands»: ils s'étalent sur plus de 200'000 nucléotides. Les chercheurs suisses, aidés de collègues américains, anglais et espagnols, ont ainsi détecté des parties d'un gène à une distance incroyable l'une de l'autre. En outre, ces portions inconnues sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne le pensait. Clou du spectacle, ces territoires se chevauchent: des gènes voisins peuvent se connecter. Un morceau d'un gène particulier peut ainsi "s'accoler" avec une partie d'un autre gène situé à une très grande distance pour donner une protéine chimérique.

«Nous avons désormais prouvé que l'idée d'un gène localisé dans une certaine partie précise du génome isolée des autres gènes est fausse», dit Alexandre Reymond. Bref, les mécanismes qui mènent à la synthèse d'une protéine ne sont pas aussi simples qu'on le pensait. Il va falloir désormais, à l'image de notre société internet, résonner en "réseaux".

Ce qui n'est pas sans influence sur la recherche et le traitement des maladies génétiques comme le diabète, la schizophrénie, alzheimer, la sclérose en plaques ou toutes les pathologies liées au vieillissement. «Auparavant nous cherchions les causes de maladies sur un seul gène, que parfois on ne trouvait pas. La solution est maintenant de regarder des zones bien plus vastes et de prendre en compte les gènes voisins», estime le chercheur lausannois.

Une nouvelle porte s'est ouverte dans le labyrinthe du génome humain. Reste maintenant à explorer les nouveaux chemins.

Natalie Bougeard ©L'Hebdo

* Stylianos Antonarakis est professeur de génétique medicale aux HUG et Alexandre Reymond, professeur assistant à la faculté de Biologie et de Médecine de l'université de Lausanne.



Les fausses promesses de Monsanto

Publié par Organicagcentre en 2007

Selon les enquêtes menées sur place par des organisations indiennes, le rendement du coton Bt, produit par la multinationale Monsanto, va de 65 à 105% de celui du coton non transgénique. En conditions optimales, les hausses de rendement du Bt ont été négligeables. En situation de sécheresse, les rendements de coton Bt ont été bien inférieurs à ceux de la variété non transgénique. Les bénéfices, lorsqu'il y en a eu, étaient plus importants pour les grands exploitants, et en baisse pour les petites et moyennes exploitations.

Le coton Bt n'a pas fait disparaître les problèmes d'insectes; l'utilisation des pesticides n'a pas diminué de façon notable. Malheureusement, les agriculteurs qui ont cultivé du coton Bt ont eu davantage d'infestations d'insectes ravageurs suceurs et ont utilisé plus de produits pour les détruire.

Sur le plan financier, le coton Bt n'a pas été la réussite prévue. Les agriculteurs qui ont planté le Bt ont payé leurs semences trois fois plus cher que d'ordinaire, et le Bt exige un apport plus grand en fertilisants. L'une des difficultés associées au Bt est sa plus grande vulnérabilité en conditions rigoureuses: sécheresse, pauvreté du sol, insectes autres que ceux que cible le Bt, maladies.

D'après Jennifer BROMM, assistante à la recherche au Centre d'agriculture biologique du Canada (CABC)



La poudre aux yeux de l'évaluation des OGM

Par Aurélien Bernier - Le Monde Diplomatique - Novembre 2006

Sous le regard intéressé des multinationales, les organismes génétiquement modifiés (OGM) s'invitent dans l'alimentation. Que ce soit officiellement, par des autorisations délivrées sous la pression des lobbies des multinationales, ou clandestinement, par la contamination de filières alimentaires. A la racine de ce début de prolifération, l'absence de procédure indépendante d'évaluation des effets des plantes transgéniques sur la santé et l'environnement.

Tout internaute visitant le site interministériel du gouvernement français consacré aux organismes génétiquement modifiés (OGM) peut découvrir, dans une rubrique intitulée «Evaluer un OGM avant sa mise sur le marché», le paragraphe suivant : «L'analyse des risques pour la santé et l'environnement est l'élément fondamental et préalable à toute autorisation de mise sur le marché d'OGM. Elle est fondée sur des éléments scientifiques pertinents et pluridisciplinaires, et est confiée à des comités d'experts indépendants» (1). Si cette page subissait le test du détecteur de mensonges, les ordinateurs connectés biperaient à répétition. Ce discours se heurte en effet à la réalité de l'évaluation des OGM, dont toute l'histoire montre qu'elle n'est, dans le meilleur des cas, que poudre aux yeux.

Apparue durant la seconde moitié du XXe siècle, la transgenèse est une technologie profondément nouvelle puisqu'elle permet, pour la première fois, d'insérer artificiellement dans une cellule une construction génétique étrangère. Or, de telles applications sur des êtres vivants posent des questions sanitaires et environnementales, sans parler de considérations éthiques, qui obligent à mettre en place une évaluation spécifique de leurs impacts. Pourtant, il n'en a jamais rien été.

Aux États-Unis, pays pionnier en matière de manipulations génétiques, les propositions de loi visant à contrôler politiquement le développement des biotechnologies apparaissent à la fin des années 1970 (2).

Certaines d'entre elles envisagent de créer des commissions de régulation ad hoc. Mais le Congrès prend rapidement une première décision lourde de sens: les agences fédérales existantes (3), dans le cadre des réglementations en vigueur, suffiront à organiser la régulation. Le 26 juin 1986, le président Ronald Reagan signe un ensemble de règles connues sous le nom de Coordinated Framework for Regulation on Biotechnology Policy (cadre de coordination de la réglementation de la politique des biotechnologies) qui ouvrent la voie à la dissémination des OGM en consacrant le principe de "l'équivalence en substance": les produits transgéniques, comparés aux produits non transgéniques équivalents sur la seule base de leur composition (nutriments présents, substances toxiques ou allergènes), ne seront soumis à aucune réglementation spécifique. Les autorités américaines décident donc d'ignorer les méthodes de production des OGM et leurs conséquences éventuelles sur l'environnement et sur l'alimentation.

Douteux système européen

Cette démarche constitue une aberration scientifique. En n'étudiant que les changements planifiés, on ne peut identifier, par exemple, une possible interaction entre la protéine fabriquée par le nouveau gène et d'autres protéines de l'organisme. Or c'est un mécanisme de cette nature qui est à l'origine de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de maladie de la vache folle, et de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. L'exemple tragique du tryptophane aurait par ailleurs dû suffire à disqualifier la notion fondatrice de la législation américaine : la production de cette molécule d'intérêt thérapeutique, à partir d'une bactérie génétiquement modifiée autorisée par l'Agence pour la sécurité des aliments et des médicaments (FDA), sur la base de l'équivalence en substance, a provoqué en 1989 une épidémie qui a occasionné trente-sept décès et la paralysie à vie de mille cinq cents personnes (4). Ce qui n'empêche pas cette façon de procéder de perdurer aujourd'hui encore en Amérique du Nord (5).

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sur proposition des États-Unis, avait anticipé une extension internationale du développement des OGM. Sous son égide, un groupe "d'experts" avait rédigé un Livre bleu, publié en 1983, et intitulé Considérations de sécurité relatives à l'ADN recombiné. Son contenu se résume en une seule phrase, qui figure dans la conclusion : «Il n'y a aucune justification scientifique à l'adoption d'une législation visant spécifiquement les organismes à ADN recombinés.» L'élimination des risques de distorsion de concurrence et d'entrave à la libre circulation des marchandises doit prévaloir sur toute autre considération. En 1986, la France s'inspire de ce rapport en créant la Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée "d'évaluer" les conséquences de la dissémination des OGM, dont l'apparition dans les champs se profile à l'horizon. L'Union européenne aurait sans doute emboîté le pas si plusieurs événements perturbateurs n'étaient venus changer la donne : entrée de députés Verts au Parlement européen, crise de la vache folle, mais aussi premières destructions en Europe de parcelles transgéniques.

Ainsi, les directives 90/219 et 90/220, puis leur remplaçante, la 2001-2018, ne reprennent-elles pas le principe de l'équivalence en substance, et optent pour une « évaluation au cas par cas». La pression de l'opinion aboutira également, en 2003, à l'adoption d'un règlement qui impose l'étiquetage de produits contenant plus de 0,9% d'OGM.

À y regarder de près, le système européen est cependant d'une fiabilité plus que douteuse... Certes, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et, en France, la CGB et l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sont chargées de l'examen des dossiers d'autorisation. Mais absolument tous les éléments sur lesquels elles se fondent leur sont fournis par les demandeurs, à savoir les multinationales qui entendent commercialiser leurs produits! Jamais aucune contre-expertise indépendante n'a été exigée. Lorsque des compléments d'information sont nécessaires, ils sont donc réclamés à Monsanto, Pioneer ou Biogemma. Dans un entretien accordé à Inf'OGM en juin 2004, M. Martin Hirsch, ancien directeur de l'Afssa, confiait d'ailleurs que «les demandeurs fournissent des dossiers volontairement incomplets en espérant décourager les organismes chargés d'émettre des avis, et tirer ainsi encore un peu plus vers le bas le processus "d'évaluation».

Comble de l'audace: lorsque l'Union européenne a été déférée en 2003 par les États-Unis, le Canada et l'Argentine devant l'Organe de règlement des différends (ORD) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet d'une législation sur les OGM jugée trop contraignante par les plaignants, elle a mis en avant, dans son mémoire en défense, les importantes lacunes de son propre système d'évaluation et les dysfonctionnements de l'EFSA (6) !  Le 29 septembre dernier, l'OMC a rendu sa décision sur ce contentieux : l'Union européenne avait enfreint les règles du commerce international - les seules qui comptent pour elle - en imposant un moratoire de fait sur les OGM entre 1999 et 2003. Mais elle n'a pas été condamnée car, entre-temps, elle avait levé ce moratoire...

Parallèlement à ce processus d'autocritique - le plus discret possible, cela va sans dire -, de nombreuses variétés transgéniques ont été et sont toujours autorisées, parfois dans des conditions inquiétantes. Le fameux maïs Monsanto 863 de la multinationale a ainsi bénéficié de la complaisance de l'EFSA, puis de l'agrément de la Commission européenne, en dépit de résultats de tests toxicologiques contestables (7). En France, des actions menées en 2006 devant les tribunaux administratifs par des associations et des syndicats agricoles (le Modef et la Confédération paysanne) ont conduit à l'annulation de plusieurs autorisations d'essais de plantes transgéniques, tant les études d'impact sur l'environnement exigées par la réglementation avaient été bâclées. Ces jugements, en particulier celui du tribunal administratif de Strasbourg, rendu le 25 juillet, constituent une sanction pour les entreprises, mais ils doivent surtout être compris comme un blâme adressé à cette CGB tant vantée par les pouvoirs publics. Il est par ailleurs audacieux de qualifier "d'indépendants" les fameux "experts" qui la composent, tant les collusions entre plusieurs d'entre eux et l'industrie des biotechnologies sont avérées. Ce qui n'est sans doute pas sans rapport avec le laxisme qui prévaut lors de l'examen des dossiers (8).

Prévenir les disséminations

La conclusion s'impose: jamais les plantes transgéniques ou les aliments qui en sont issus n'ont été sérieusement évalués, ni sur le plan sanitaire ni sur le plan environnemental. Pour couronner le tout, la Banque mondiale se permet à présent, dans un rapport récent (9), de vanter les avantages économiques que le coton transgénique procurerait aux agriculteurs en prenant ses sources chez celui qui le commercialise: le semencier Monsanto !

L'absence d'outils objectifs d'expertise légitime l'opposition à la dissémination des OGM dans l'environnement et la demande d'un moratoire s'accompagnant de leur strict confinement dans les laboratoires à des fins de recherche fondamentale. Il y a urgence à reprendre de zéro tout le processus d'évaluation des organismes issus de la transgenèse, en développant un véritable service public dont la neutralité soit inattaquable, et qui, au-delà des questions scientifiques, intégrerait des paramètres socio-économiques, cruellement absents des travaux de la CGB ou de l'EFSA.

En mars 2006, le Sénat avait adopté en première lecture un projet de loi visant à mettre en conformité le droit français avec la directive européenne 2001-2018 qui, entre autres dispositions, introduit un principe de "coexistence" entre filières OGM et non-OGM. Invoquant un calendrier parlementaire chargé, le gouvernement a renoncé à le soumettre à l'Assemblée nationale à la session d'automne, et le sénateur Jean Bizet, dans un message lu à la fin des débats, a appelé de ses voeux l'élaboration «d'une véritable loi fondatrice sur les biotechnologies».

Un tel texte est effectivement indispensable puisque, en l'absence d'encadrement, la culture des plantes transgéniques se fait de manière sauvage. Encore faut-il, à la veille des échéances électorales de 2007, que l'hostilité massive des citoyens aux OGM soit entendue pour que se dégage une proposition responsable permettant de prévenir toute dissémination dans l'environnement.

Aurélien Bernier ©Le Monde Diplomatique

Références :

(1) www.ogm.gouv.fr/fiches/...

(2) Les références historiques sont issues d'une étude de Damien de Blic intitulée «L'intervention des acteurs sociaux dans le processus décisionnel des organisations internationales. Une approche sociologique à partir de deux études de cas», disponible au Centre de droit international de l'Université libre de Bruxelles...

(3) United States Department of Agriculture (USDA, ministère de l'agriculture); Food and Drug Administration (FDA, Agence pour la sécurité des aliments et des médicaments); Environmental Protection Agency (EPA, Agence de protection de l'environnement)...

(4) Consulter à ce sujet le site Seeds of Deception : www.seedsofdeception.com...

(5) Les principes mis en oeuvre aux Etats-Unis pour encadrer les biotechnologies furent rapidement copiés par le Canada. A ce sujet, voir le site de Biotech Action Montréal : bam.tao.ca/fr/fra nc.htm...

(6) Voir le site des Amis de la Terre : www.amisdelaterre.org/article.php...

(7) Un rapport complet de Gilles-Eric Séralini est disponible sur le site du Comité de recherche et d'information indépendante sur le génie génétique (Crii-gen) : www.criigen.org/...

(8) Lire Bernard Cassen, «OGM, des académiciens juges et parties», Le Monde diplomatique, février 2003. Consulter également le site d'Attac France : www.france.attac.org /article.php...

(9) Cf. Bulletin d'Inf'OGM, n° 76, juin 2006, à commander sur www.infogm.org...



L'Environnement ou le retour d'Eve

Publié dans le «Recto Versean» Juin 2007

Comment l'environnement peut-il affecter l'équilibre hormonal de l'homme et sa faculté à se reproduire? C'est la question que l'on doit se poser à l'heure actuelle et à laquelle je vais répondre par des constatations.

Depuis plusieurs décennies, l'accumulation d'observations concernant aussi bien l'espèce humaine que le monde animal, a permis de suggérer l'influence de substances fabriquées par l'industrie sur le comportement sexuel et la reproduction. Ces xéno-estrogènes dispersés dans l'environnement sont des produits mimant l'action des hormones naturelles, notamment l'estradiol, typiquement féminine mais qui possède des cibles hormonales chez l'homme. On en connaissait déjà l'impact malheureux à travers le Distrilbène (DES), médicament délivré à grande échelle aux femmes, enceintes entre 1948 et 1977 Ce traitement a été responsable chez les bébés mâles de 20% d'anomalies des organes génitaux: hypospadias cryptorchidie, kyste épididymaire, micropénis, hypotrophie testiculaire. À l'âge adulte, il apparaît une stérilité et des cancers génitaux.

Cette "affaire" n'aurait-elle pas dû représenter à nos yeux la nouvelle barbarie qui est celle de la modernité aveugle au détriment de l'humanité? Lorsque l'on n'est pas informé, se doute-t-on de l'ampleur des dégâts occasionnés pas les perturbateurs endocriniens qui nous colonisent? Ces molécules sont présences dans l'air, l'eau, le sol, la chaîne alimentaire les objets domestiques... Il a fallu que le rapport du Ministère danois de l'environnement nous alarme en l995 ! Parmi la longue liste des poisons potentiels, on retrouve les pesticides organochlorés dont le DDT, le lindane ou l'atrazine. Les biphényls polychlorés (PCB) sont utilisés comme isolants électriques eu les dioxines sont des produits tristement célèbres de dégradation des déchets urbains. On suspecte l'influence des pesticides organochlorés dans l'augmentation de la fréquence des cancers du testicule et des cryptorchidies dans de nombreux pays. Le dibromo-chloropropane, proche du DDT, a été rendu responsable d'une nette baisse de la fertilité chez des ouvriers de bananeraies au Costa Rica et en Californie. Chez des enfants avant la période de puberté, on a observé des recrudescences de gynécomastie dans certains endroits comme Bahreïn, Porto Rico ou même l'Italie. Elles ont été provoquées par la consommation de volaille ou de boeuf traités aux hormones, mais aussi à la proximité d'industries chimiques produisant des xéno-estrogènes. Autour de certains grands lacs américains, des garçons ont été victimes de la chaîne alimentaire à travers le poisson pèche sur place. En effet, la chair avait accumulé du DDT en grande quantité dans le tissu graisseux. On a donc vu apparaître des anomalies des organes génitaux mais aussi de l'identité sexuelle.

Des constatations alarmantes ont pu être faites car des passionnés, professionnels ou non, ont établi les premières descriptions chez nos amies les bêtes. Observer la reproduction d'une espèce est le premier indicateur de sa bonne santé. C'est comme cela que l'on a détecté la stérilité des visons du lac Michigan. La faute en revient aux taux importants de PCB dans la nature. Le PCB est encore en cause avec le DDE lorsque l'on constate en Floride une cryptorchidie chez 90% des panthères. II s'agir là aussi d'une cause reconnue de stérilité. Les alligators du lac Apopka sont touchés dans leur reproduction à cause du "difocol" qui pollue les eaux et provoque des micopénis. Ce phénomène commence à s'étendre à l'homme.

Les différents polluants, perturbateurs endocriniens, influencent aussi le comportement sexuel. On reproche souvent au mâle son agressivité et sa libido exacerbée qui sont en grande partie liées au taux de leur hormone sexuelle, la testostérone. Ce type d'impact endocrinien est nécessaire à la pérennité d'une espèce, permettant aussi la femelle de choisir le père le plus à même de lui fournir une progéniture résistante. Cette sélection naturelle est désormais influencée par les erreurs du monde moderne. Par exemple, sur les bords du Lac Ontario, les femelles goéland argentées nichent ensemble alors que les mâles ont un comportement féminisé, tout cela à cause du DDT.

Maintenant que des voix s'élèvent partout dans le monde pour mettre en garde contre ce phénomène, ça et là, des propositions sont faites pour en limiter les conséquences. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples car la toxicité réelle d'un xéno-estrogène ne peut être uniquement évaluée sur une mesure ponctuelle. En effet, ces molécules restent très longtemps stockées dans la graisse humaine et animale. On appelle cela la bioaccumulation, ce qui conduit à une durée de vie de ces poisons beaucoup plus importante. C'est tellement vrai que leur concentration dans les poissons des lacs entrant dans la chaîne alimentaire est des milliers de fois plus importante que dans les eaux de surface ou les eaux potables. N'oublions pas non plus qu'après un épandage, les pesticides ont une durée de vie prolongée, parfois à l'échelle de l'existence de l'être humain. En effet, le DDT est biologiquement nuisible pour l'espèce humaine pendant 50 ans alors qu'il a perdu son effet sur les insectes depuis longtemps !

Il est bien de définir les concentrations de tel ou tel produit à ne pas dépasser, mais cela n'est qu'une hypocrisie car les effets néfastes sur l'Homme se produisent pour des concentrations 300 fois inférieures à celles dites toxiques. Alors, quels seuils retenir avant de tirer la sonnette d'alarme et de parler de pollution hormonale ?

Après cette description d'un état ponctuel mais déjà catastrophique, nous ne pouvons qu'être inquiets pour le devenir de l'espèce humaine dans les pays industrialisés ou ceux du tiers monde, exploités comme territoires expérimentaux, bafouant ainsi toute éthique.

De nombreuses études ont montré une diminution de près de la moitié du nombre des spermatozoïdes chez l'homme sur une période de cinq décennies. Tout le processus s'amplifie rapidement, conduisant les autorités médicales à développer les techniques d'assistance médicale à la procréation. Qui ne connaît pas autour de lui un couple qui va être pris en charge en fécondation in vitro en raison de problèmes de sperme? Est-ce que la société pourra supporter tout cela sur le plan humain et financier ? Que penser aussi des femmes modernes qui ont maintenant en moyenne 30 ans au moment de leur première grossesses ? Elles ont eu le temps d'accumuler une grande quantité de xénobiotiques dans le tissu graisseux. Ces produits, contrairement aux estrogènes naturels, passent librement à travers le placenta pour aller agir sur le développement du foetus au niveau des organes génitaux et du cerveau. On comprend donc le danger qui menace notre société.

J'aurais pu tout aussi bien intituler cet article: «Quand l'homme devient femme». Cette phrase qui peut faire sourire ne nous renvoie-t-elle pas au jardin de l'Eden où Adam et Eve se partageaient la connaissance. Je souhaite qu'elle ne soit pas la prémonition d'une civilisation que l'on n'entrevoit que sous la forme de fiction, "Les Amazones". On sélectionnerait les mâles encore fertiles pour la reproduction ou encore on clonerait des individus ou des gamètes toujours dans ce but bien précis. Un soupçon d'embryologie et une pincée de génétique vont me permettre de vous donner une partie de la réponse. Depuis une trentaine d'années, des chercheurs se sont acharnés à chercher la portion du chromosome mâle Y, qui est responsable de sa dominance. Il s'agit du gène SRY (sex determinating region Y gene). Le train de la vie se met en route chez l'embryon et c'est vers la sixième semaine de développement, donc très tôt, qu'il se produira une orientation irréversible de la gonade vers un sexe ou l'autre. L'embryon humain est destiné à être une femme mais c'est entre la huitième et la dixième semaine qu'est produite une hormone provoquant la régression des structures féminines et conduisant à l'émergence d'un petit mâle. Vous comprenez donc que la perturbation d'un seul maillon de ce réseau de communication infiniment petit, par exemple par des produits toxiques, peut s'avérer dramatique.

Cette découverte va à l'encontre de l'interprétation la plus fréquente que l'on fait de la naissance d'Eve. Les difficultés des traducteurs nous laissent le choix entre deux options: soit Eve est issue de la côte d'Adam, soit elle est née à côté d'Adam. Ce que l'on peut affirmer à l'heure actuelle, c'est que il faut préserver notre condition originelle et devenir "une sentinelle" pour s'opposer aux dérives de la société industrielle, qui n'est qu'une de nos sombres facettes, depuis que Prométhée nous a offert la maîtrise du feu et du métal.

© "Recto Versean"

Jean-Marc Comas
Endocrinologue, diabétologue, andrologue
Ancien interne et Chef de clinique du Centre Hospitalo-universitaire de Limoges
Diplômé d'études supérieures de Gynécologie et de médecine de la Reproduction
Titulaire d'un diplôme inter-universitaire d'Andrologie
Attaché d'Endocrinologie au C.H.U. de Limoges
Président d'une Association d'aide aux diabétiques
Auteur de livres et de nombreuses publications scientifiques de haut niveau :
  «Homme, Mode d'emploi - La levée des tabous», éditions Iprédis
  «Ma Tyroïde et moi». éditions Iprédis
  «Le Laurier reverdira - Histoire extraordinaire en pays Cathare», éditions Lacour-Rediviva



C'ÉTAIT PRÉVU !

Pro Natura Magazine n°5 - octobre 2006

Les chercheurs ont été passablement surpris quand ils ont découvert quelques exemplaires d'une graminée génétiquement modifiée à presque quatre kilomètres de son emplacement original. Cela n'aurait pas dû arriver et ne pourrait signifier qu'une chose: la graminée s'était "évadée" du champ d'essai.

agrostide

L'Agrostide stolonifère est une graminée sauvage très répandue en Europe et en Asie et qui a de proches parents en Amérique. Comme elle peut être coupée très court, elle est souvent utilisée comme pelouse pour les terrains de golf. Pour faciliter l'entretien de ces terrains, des chercheurs ont utilisé le génie génétique pour rendre l'Agrostide capable dé résister aux herbicides.. II serait ainsi possible de traiter des terrains de golf avec des herbicides sans que cette graminée ait à en souffrir.

La graminée génétiquement modifiée a été expérimentée dans un champ d'essai en plein air dans l'Etat américain de l'Oregon. II semble qu'il se soit produit une propagation involontaire: des plantes des environs ont été fécondées avec du pollen de l'Agrostide génétiquement modifiée. Selon les chercheurs, cela constitue un exemple du caractère difficilement contrôlable du génie génétique agricole.

Pour éviter ce genre de surprise désagréable, la Suisse prévoit d'étudier l'intérêt et les risques du génie génétique agricole au cours des prochaines années dans le cadre d'un Programme national de recherche (PNR 59), moyennant l'investissement de 12 millions de francs. Les chercheurs intéressés avaient jusqu'à fin août pour suggérer des idées de projets. Un groupe international d'experts va maintenant choisir les projets et les réunir dans un programme de recherche. Le rapport final est prévu pour 2011.

A l'origine de ce programme de recherche: le succès important et inattendu remporté par l'initiative "Sans OGM". Le 27 novembre 2005, les citoyennes et citoyens suisses se sont clairement prononcés pour davantage de précaution dans l'utilisation de plantes utiles génétiquement modifiées. Un moratoire de cinq ans sur la culture commerciale de plantes génétiquement modifiées doit donner assez de temps pour étudier les risques d'une telle culture d'ici 2010. Le résultat de cette volonté populaire a été accueilli avec grand intérêt dans le monde entier et il a conforté dans leur combat de nombreux groupes et organisations qui s'engagent pour une agriculture sans génie génétique.

Comme il sera impossible, même à l'avenir, de prévoir avec certitude les conséquences écologiques des plantes transgéniques, il faut accorder une grande importance à la prévention. Dans ce cas, la prévention revient à dire que l'agriculteur doit avoir assez de raisons, en Suisse, pour ne pas cultiver de plantes transgéniques.

En tant que consommateurs, nous pouvons y contribuer de manière décisive.

Marcel Liner, chef de projet en Politique environnementale
© Pro-Natura Magazine



Les abeilles malades de l'homme

Article publié le 30 Août 2007 par LE MONDE, 2013 mots

Apiculteurs et firmes phytopharmaceutiques...
Sur tous les continents, les butineuses meurent de manière inexpliquée. Pour les apiculteurs, c'est une "sentinelle" qui disparaît, l'insecte étant le témoin de dérèglements invisibles à nos yeux. Francesco Panella se remémore très bien le jour où il a découvert cinquante de ses plus belles ruches désertées par leurs occupantes. M. Francesco Panella est président du Syndicat des apiculteurs professionnels italiens. Ses interlocuteurs lui décrivent le même étrange phénomène. Les ruches, qui débordaient d'abeilles au sortir de l'hiver, se sont brutalement vidées. Personne n'y comprend rien.

abeille

M. Panella se remémore très bien le jour où il a découvert cinquante de ses plus belles ruches désertées par leurs occupantes. «C'était le 28 avril, raconte-t-il dans un excellent français ourlé d'accent italien. Cela faisait plusieurs jours que j'étais complètement débordé, je recevais sans cesse des appels de mes collègues.».

M. Panella fonce jusqu'à l'un de ses ruchers, près du fleuve Ticino, dans la région de Milan. Là aussi, les butineuses se sont volatilisées. «Elles étaient les plus populeuses de toutes. s'exclame-t-il, encore secoué d'émotion. En trente ans de métier, je n'avais jamais vu ça !» Pendant deux heures, il tourne en rond, passe en revue toutes les explications rationnelles, mais rien ne colle. «Je me suis assis, j'ai fumé une cigarette, et je me suis dit: "Quel con !" C'est la même chose que chez les autres! Je ne pouvais pas croire que ça m'arriverait à moi.»

Ce sentiment d'incrédulité, beaucoup d'apiculteurs l'ont ressenti depuis quelques années. Partout ou presque, les abeilles meurent dans des proportions trop importantes. Certes, l'ampleur des pertes varie d'une région du monde à l'autre et d'une année sur l'autre. La saison et les circonstances ne sont pas toujours identiques. Mais c'est bien le même phénomène qui se produit, «sur une large échelle», précise Peter Neumann, du Centre agroscope Liebefeld-Posieux. Installé à Berne, la capitale de la confédération helvétique, cet institut assure la coordination du groupe de travail européen sur la prévention des mortalités. «Quelque chose est en train de dérailler» estime notre spécialiste. «Cela a lieu de plus en plus souvent et dans des proportions plus importantes.»

Aux États-Unis, où l'on parle de «syndrome d'effondrement des colonies», quelque 25% du cheptel auraient disparu au cours de l'hiver 2006-2007. En Europe, la France, la Belgique, l'Italie, l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, la Grèce, la Pologne, les Pays-Bas ont été touchés depuis le début des années 2000. Les pertes peuvent atteindre, localement, jusqu'à 90% des colonies. «Il est possible que cela se produise dans d'autres régions du monde, mais nous manquons de données», ajoute M. Neumann.

Tout allait pourtant pour le mieux depuis des millions d'années. Rien n'était venu déranger le tête-à-tête évolutif entre les plantes à fleurs, rivalisant d'éclat auprès des insectes pollinisateurs, et les abeilles, qui puisaient le nectar entre leurs pétales. Leurs vies se passaient immuablement, dans une troublante soumission aux lois de la ruche, où il n'est d'autre destin possible que travailler à la perpétuation de l'espèce. L'homme est-il en train de tuer à petit feu l'industrieux insecte qu'il a tant bien que mal domestiqué depuis l'Antiquité ? «Nous n'avons pas la clé du mystère, il y a un élément que nous ne comprenons pas, prévient Jean-Daniel Charrière, chercheur au Centre de Berne. Nous n'aimons pas être dans l'inconnu. Pourtant, avec les abeilles, nous le sommes souvent.» Dans l'incertitude, les spécialistes en sont réduits à énumérer toutes les causes de mortalité possibles.

Un temps envisagée, la piste des ondes électromagnétiques est écartée. Les OGM, en revanche, figurent toujours sur la liste des suspects. Selon une étude publiée dans la revue Science du 8 juin, les cultures transgéniques ont cependant un effet moins important sur les abeilles que les champs traités aux pesticides. Et l'hypothèse OGM ne peut expliquer les mortalités en Europe, où les surfaces plantées sont très faibles.

Restent deux pistes privilégiées: les maladies, virus, parasites et autres champignons, d'un côté. La dégradation générale de l'environnement - changements climatiques, raréfaction des fleurs et surtout surdose de produit chimiques -, de l'autre. Peut-être tout cela à la fois. «On peut supporter séparément une maladie, une mauvaise alimentation, un empoisonnement aux pesticides, mais quand tous les facteurs se conjuguent, il arrive un moment où la limite de résistance est atteinte», explique M. Neumann. Pour les apiculteurs, l'abeille est une "sentinelle", une "sonnette d'alarme", le témoin de dérèglements invisibles à nos yeux. Une chose est certaine, au bout de toutes les pistes, c'est toujours l'homme que l'on retrouve.

Jean Brun pose sur sa table de cuisine un lourd traité apicole, daté de 1931, soigneusement protégé d'un tissu à fleurs. Son grand-père Antoine y pose fièrement. C'est lui qui a offert à Jean, pour ses 12 ans, son premier enfumoir. Cinquante ans plus tard, l'homme a le visage brûlé par le soleil et les traits tirés. Il n'a pas dormi de la nuit. Il a fallu emporter des ruches près de champs de lavande situés à des dizaines de kilomètres de Saint-Rémy-de-Provence, où la famille est installée.

Chaque année au printemps, les apiculteurs sillonnent les routes. C'est la "transhumance", la grande quête des fleurs. Les plus communes (colza, tournesol) donneront les "miels de France". Les plus nobles, les plus rares, prodigueront leur arôme à ces miels d'acacia, de romarin, de ronce, ou d'arbousier que les apiculteurs vous font déguster, l'oeil étincelant, comme des viticulteurs leur dernier cru.

Le métier a bien changé depuis que l'aïeul Etienne Brun s'est lancé, vers 1870. À l'époque, les colonies d'abeilles, élevées dans des troncs d'arbres, sont asphyxiées en fin de saison et la délicate cité de cire écrasée pour en extraire le miel. L'adoption de la ruche à cadres mobiles, qui permet de récolter sans anéantir la colonie, marque la naissance de l'apiculture moderne, dans la première moitié du XXe siècle.

Jusqu'aux années 1960, tout était très simple. «On ne bougeait pas les ruches, il y avait des fleurs à Saint-Rémy, raconte Jean Brun. On posait les hausses où les abeilles stockent le miel au printemps, et on récoltait 40 kg.»

Sans efforts. Puis les cultures de légumes ont recouvert la région. Ailleurs en France ce furent le blé, le maïs, le tournesol. La transhumance commença, le grand jeu de cache-cache avec les pesticides aussi. Ils sont arrivés dans les années 1970, «on s'est pris de sacrées raclées», se souvient Jean Brun. Cela continue. L'an dernier, il a perdu quatre-vingt six colonies. «Le voisin avait traité ses pommiers, il n'y avait pas de fleurs sur les arbres, mais au sol, oui, et les abeilles ont dérouillé. L'année précédente, c'était à cause d'un mariage. Quelqu'un ne voulait pas de moustiques à la noce de sa fille. Après le traitement, il n'y a plus eu ni moustiques ni abeilles.»

À force, les apiculteurs dessinent leur propre cartographie du territoire. Il y a les zones "sûres" et les zones "à risque". Ils descendent dans le détail, à la parcelle. «La quantité de traitements peut être divisée au moins par deux selon les agriculteurs, relève Norbert Maudoigt, 49 ans, un voisin de Jean Brun. Cela dépend de leur âge, de leur caractère, s'ils sont plutôt inquiets ou pas, s'ils écoutent le commercial qui leur vend les produits, s'ils y consacrent vraiment du temps.» Les confrontations "d'homme à homme" ne manquent pas. Mais rares sont ceux qui condamnent en bloc l'agriculture. «Je ne peux pas en vouloir à des gens qui sont piégés, dit Jean-Claude Canac, apiculteur à Servian, dans l'Hérault. On a dit aux agriculteurs d'être productifs pour pas cher, on les a payés pour arracher les zones dont ont besoin les abeilles.»

Dans la guerre chimique menée par l'homme aux insectes ravageurs des cultures, les armes ont évolué. De plusieurs kilos de matières actives à l'hectare, on est passé à quelques dizaines de grammes. Mais les abeilles ne semblent pas s'en porter mieux. «Avant, on avait surtout des paquets d'insectes morts devant les ruches, maintenant c'est de plus en plus diffus, de plus en plus sournois, constate Norbert Maudoigt. Les produits leur bousillent le sens de l'orientation, elles meurent à l'extérieur de la ruche. Nous, on voit qu'il manque du monde, mais comme on n'a pas d'abeilles mortes, c'est difficile d'apporter la preuve.»

La route qui conduit chez Martin Machado, dans le Cher, est monotone. Du blé, encore du blé, toujours du blé, c'est le royaume des grandes cultures: céréales, colza, tournesol. Le temps est mauvais, les abeilles agressives. Elles fondent sur l'intrus, crépitant contre sa combinaison de coton et son voile protecteur. «Voilà des ruches populeuses, lance Martin Machado. Il y a quelques années, quand je les portais sur le tournesol, au bout d'une semaine, je pouvais me promener torse nu dans le rucher.»

Cela fait quinze ans que Martin Machado a choisi ce métier de "caractériel autodidacte", dit-il en souriant. Au début, 10% des abeilles mouraient chaque année. Le taux est passé à 25% ou 30%. Les récoltes se sont effondrées. Certains apiculteurs ont lâché prise. Les autres ont pris l'habitude de compenser les pertes tous les ans en achetant des reines. Cette année, le taux de mortalité est revenu à la normale. L'apiculteur pense que la suspension des insecticides Gaucho et Régent a joué un rôle, mais il ne crie pas victoire. «C'est encore trop tôt pour dire qu'on est tirés d'affaire, prévient-il. Le problème, c'est que nous ne sommes plus maîtres de rien. Les cultures changent, les molécules changent. Et en plus, maintenant, on a les facteurs climatiques qui viennent se greffer à tout le reste. La pluie et le soleil ne viennent plus jamais quand on les attend, déréglant la mécanique de précision de la ruche.»

Les apiculteurs sont aussi aux prises, depuis le début des années 1980, avec un parasite répondant au nom évocateur de "Varroa destructor". Rond, rougeâtre, l'acarien - de 1 à 2 millimètres de longueur - suce l'hémolymphe des abeilles, l'équivalent du sang. C'était, à l'origine, un parasite de l'abeille asiatique, Apis ceranae. Cette dernière s'en était accommodée, développant la pratique de l'épouillage. L'histoire dit que l'acarien a été introduit en Europe au début des années 1980, par la faute de chercheurs allemands ayant importé des reines asiatiques. Mais il était présent en Russie au début des années 1950. Il a aussi voyagé au gré des échanges commerciaux de reines entre continents.

Cas d'école de ce que les scientifiques appellent les espèces "envahissantes", le "vampire de l'abeille" a rapidement conquis tous les continents. En dehors d'Apis ceranae, aucune espèce ne possède de parade contre lui. Sans traitement acaricide - souvent des produits chimiques - les ruches s'étiolent. Les apiculteurs parlent tous de l'époque "d'avant le varroa" comme d'un paradis perdu.

Les ruches de Boris Bachofen ne lui ont pas échappé. Elles hivernent dans un environnement des plus accueillants: un paisible verger du canton de Neuchâtel, en Suisse, où sont conservées cent soixante-quatorze variétés anciennes de poiriers. «Ici, ce n'est pas très chargé en produits chimiques», constate le jeune apiculteur. Pourtant l'année dernière, les trois quarts des colonies ont été anéanties. «Je n'ai rien fait de spécial, j'ai traité contre le varroa deux fois l'été et une fois l'automne. Mais peut-être que ce qui était suffisant avant ne l'est plus aujourd'hui», avance-t-il. Les scientifiques pensent que le varroa pourrait aussi transmettre des maladies aux abeilles.

L'abeille domestique est-elle une espèce en danger? On n'en est pas là. Mais son sort a de multiples raisons d'inquiéter. «C'est une pollinisatrice particulièrement efficace, explique Bernard Vaissière, qui dirige le laboratoire de pollinisation entomophile à l'INRA d'Avignon. Et elle est en train de disparaître de régions entières.» Voyant leurs ruches péricliter, les petits apiculteurs amateurs, qui contribuaient à maintenir partout la présence de l'espèce, sont de moins en moins nombreux.

Or la survie de 80% des plantes à fleurs et la production de 35% de la nourriture des hommes dépendent de la pollinisation. Aux États-Unis, ce marché a été évalué à 15 milliards de dollars. Certes, ni le blé, ni le riz, ni les pommes de terre n'ont besoin d'abeilles. Mais imagine-t-on un monde sans fruits, sans légumes et sans fleurs? Circonstance aggravante, les autres pollinisateurs ne s'en tirent pas mieux. «On a toutes les raisons de penser que quand l'abeille domestique a des soucis, c'est pire pour les espèces sauvages, car la colonie a un effet protecteur», explique Bernard Vaissière. Les spécialistes de l'abeille se sentent un peu seuls. «Nous vivons dans une société insectophobe», dit Francesco Panella. Pourtant, sans les insectes, rien ne marche. Ils sont la colonne vertébrale des écosystèmes terrestres. «Ce sont les grands oubliés du monde animal, déplore Marie-Pierre Chauzat, membre de l'équipe abeille de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Ils n'ont pas les grands yeux du panda, les belles plumes des oiseaux, la jolie fourrure des bébés phoques.»

Gaëlle Dupont ©Le Monde



Dissémination

Communiqué publié le 03 septembre 2007

Autant en emporte le vent

Les disséminations d'OGM sont irréversibles; si des transgènes aboutissent dans l'environnement, ils se transmettent aux plantes utiles conventionnelles et biologiques ou encore aux herbes sauvages et menacent la diversité des espèces.

Champ de maïs GM en Espagne © Greenpeace/Pedro ArmestreToutes les expériences faites à ce jour démontrent que les disséminations d'OGM nuisent à l'agriculture biologique. L'agriculture OGM prônée par Monsanto ou Syngenta n'a rien à voir avec des méthodes de production saines et naturelles; les monocultures nécessitent une grande quantité d'herbicides et de pesticides. Ceux-ci provoquent des résistances chez les herbes sauvages et les insectes ravageurs; il faut ensuite augmenter le cocktail toxique pour en venir à bout. Les graines et les pollens des cultures GM ou de nouvelles "super-mauvaises herbes" peuvent contaminer, à des kilomètres de là, les champs de paysans travaillant conventionnellement.

Certains paysans bio canadiens sont déjà dans l'incapacité de garantir que leurs produits soient effectivement exempts d'OGM. La "coexistence" - un voisinage paisible d'agriculture traditionnelle et GM - n'est qu'une chimère des multinationales agricoles. Greenpeace est convaincue que seule la production d'aliments résultant d'une agriculture écologique totalement exempte de génie génétique est acceptable pour les humains et leur environnement.

Greenpeace s'oppose ainsi avec véhémence contre la brevétisation de plantes et OGM et revendique une agriculture qui soit autant que possible adaptée à l'environnement, aux animaux et aux humains. C'est la seule façon d'assurer que les eaux restent propres, les sols fertiles et les aliments sains. «Les pollens de plantes génétiquement modifiées, transportés par le vent ou les insectes, peuvent retomber dans des champs voisins et y polliniser les plantes. Les cultures y sont contaminées. La production de ces champs voisins n'est donc plus exempte de génie génétique.» (*)

© www.greenpeace.ch

* Etude «Gentechnik in der Landwirtschaft ?», Institut de recherche en agriculture biologique (IRAB, Suisse), 2004



Un passe-droit pour la recherche ?

LUIGI D'ANDREA, BIOLOGISTE, DOCTEUR ÈS SCIENCES

24 HEURES | 28 Septembre 2007 |

CULTURE TRANSGÉNIQUE EN PLEIN CHAMP À PULLY

«Décider sur de bonnes bases de prolonger le moratoire? On y parviendrait mieux en respectant la loi»

LUIGI D'ANDREA, BIOLOGISTE, DOCTEUR ès SCIENCESEn tant que chercheur, je considère les essais en plein champ de plantes génétiquement modifiées comme opportuns dans la mesure où, premièrement, ils répondent aux questions qui ont justifié le moratoire et, deuxièmement, ils sont parfaitement conformes à la loi. Dans le cas des disséminations expérimentales de blé transgénique prévues à Pully et à Zurich, ces deux conditions ne sont toutefois pas respectées.

L'un des principes de la nouvelle loi sur le génie génétique (LGG) est celui de procéder par étapes: les plantes génétiquement modifiées doivent être produites in vitro, puis testées en milieu confiné avant d'être expérimentées en plein champ. Il est en effet possible de tester sous serre de nombreux aspects biosécuritaires: flux de gène horizontal et vertical, effet sur des organismes non-cibles, expression du transgène, allergénicité. Cette démarche a pour but principal de tester les paramètres biosécuritaires en conditions contrôlées, afin de vérifier que les nouvelles propriétés agronomiques fonctionnent et que les risques liés à la transformation génétique soient connus et maîtrisés. Selon la LGG, les disséminations d'OGM en champ ne doivent présenter aucun risque pour l'homme, les animaux et l'environnement.

Dans le cas de Pully, l'étude préalable in vitro a prouvé l'effet des transgènes introduits. En revanche, celle qui a été effectuée en serre in planta s'avère peu convaincante d'un point de vue statistique, vu le faible nombre de plantes utilisées. Les chercheurs avancent qu'il sera possible de dégager un résultat significatif avec plus de plantes en champ. Dans le cas d'un des essais de Zurich, la situation est plus étonnante encore, puisque les plantes nécessaires à l'expérience ne sont même pas encore produites alors que l'autorisation est déjà accordée! Dans les deux cas, la démarche tient plus de la promesse faite sur l'honneur que du protocole expérimental rigoureux.

L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a donc donné son autorisation aux disséminations prévues à Pully et à Zurich (*). L'office permet ainsi aux chercheurs de sauter l'étape prévue en milieu confiné. Pour Zurich, malgré l'absurdité de l'autorisation, aucune plainte n'est recevable. La raison avancée pour les essais de Pully est la suivante: «Il n'est pas nécessaire de tester davantage ce blé transgénique en milieu confiné, puisque l'objectif principal est d'examiner les résistances aux champignons en plein champ.» Ce n'est pourtant pas ce que dit la loi, qui préconise plus de prudence. De plus, cet examen est plus facilement réalisable en milieu confiné, car les conditions y sont contrôlées.

Les seuls paramètres ne pouvant être étudiés en milieu confiné sont ceux visant à tester la performance et le rendement des variétés transgéniques dans des conditions agricoles usuelles. Les disséminations poursuivent alors surtout l'objectif de développer un produit. Pourtant, le but des recherches menées durant le moratoire est de permettre que la décision future de prolonger ou non le moratoire repose sur des informations aussi complètes que vérifiées. On y parviendra mieux en respectant davantage la loi.

*   Décision de l'OFEV du 3 septembre 2007 (réf. B07001 Pully )

LUIGI D'ANDREA © 24 Heures



Derrière les OGM, les pesticides...

GÉRALD ASSOULINE, ÉCONOMISTE ET SOCIOLOGUE, DIRECTEUR DE QAP DÉCISION GRENOBLE

24 HEURES | 10 Octobre 2007

RÉFLEXION : «Les risques des pesticides pour la santé doivent être pris en compte dans l'analyse de risques des OGM»

Officiellement, il n'y a plus de moratoire en France. Les essais en plein champ y sont autorisés depuis le débat organisé en public par le gouvernement Jospin, en 2002.

GERALD ASSOULINE, ECONOMISTE ET SOCIOLOGUE, DIRECTEUR DE QAP DECISION GRENOBLEUne très grande proportion des OGM cultivés commercialement dans le monde sont des produits qui absorbent le désherbant sans mourir ou qui produisent un insecticide. En France, les trois quarts des expérimentations revendiquent l'un de ces deux caractères, la tolérance à un herbicide ou la production d'insecticide. La plupart des essais concernent des aspects agronomiques et commerciaux (rendement, efficacité), à différents stades. Leur objectif principal n'est pas l'étude des risques.

Seule une très faible proportion des tests porte sur une étude des risques. Or, les tests concernant l'impact sur la santé restent insuffisants, y compris pour les OGM actuellement commercialisés. Nous ne connaissons pas leurs effets à long terme. De plus, aucun essai au champ ne peut garantir l'étanchéité. Des contaminations sont possibles au niveau du sol ou des plantes avoisinantes. Les cas de contamination de cultures et de miel sont avérés et croissants. Tant que des résultats transparents et publiés sur les risques étudiés en milieu confiné (serre) resteront inaccessibles, la question des essais en plein champ restera un sujet de controverse légitime.

Une majorité d'agriculteurs et de consommateurs continuent d'exprimer leur réticence aux OGM et sont favorables à un moratoire. Seuls 2000 maïsiculteurs cultiveraient des OGM. Cette réticence s'exprime dans les sondages ou dans les actions de désobéissance civile, telles que les arrachages de parcelles d'OGM. L'engouement pour les produits de qualité, notamment issus de l'agriculture biologique, n'a jamais été aussi net. Evidemment, les diverses crises alimentaires sont passées par là. De façon concomitante, l'inquiétude est croissante sur l'utilisation des pesticides en agriculture et sur leurs conséquences sur l'environnement et la santé. OGM et pesticides sont à l'agenda du vaste processus de consultation impliquant bon nombre d'acteurs concernés par ces enjeux, appelé Grenelle de l'Environnement.

Rappelons que les entreprises qui développent des semences transgéniques sont aussi celles qui produisent des pesticides. La vente de semences génétiquement modifiées pour être tolérantes à un herbicide implique l'utilisation de l'herbicide de la même entreprise. Aux États-Unis, l'agriculture OGM reste fortement dépendante de l'utilisation de pesticides. L'utilisation en grandes quantités de ces herbicides à large spectre peut accroître les impacts néfastes déjà associés à l'utilisation d'herbicides: résistance des insectes nuisibles et mauvaises herbes, résidus toxiques dans le sol, les aliments et l'eau. Les risques des pesticides pour la santé doivent être pris en compte dans l'analyse des risques des OGM pour la santé. Ces risques sont caractérisés par des effets cumulés et à long terme (hormonaux) de l'exposition humaine à divers polluants, ainsi que par des impacts immédiats tels que l'empoisonnement.

*   Auteur du rapport OGM - «un danger pour l'agriculture durable » (mai 2005), pour le  WWF suisse

GÉRALD ASSOULINE © 24 Heures



Une évaluation nécessaire des risques !

FRANÇOIS FELBER, DOCTEUR ÈS SCIENCES ET DIRECTEUR DU JARDIN BOTANIQUE DE L'UNIVERSITÉ ET DE LA VILLE DE NEUCHÂTEL

24 HEURES | 10 Octobre 2007

RÉFLEXION : «Une expérience en champ représente la seule façon de déterminer si un gène modifié occasionne un coût ou un bénéfice pour l'agriculture»

Les expériences prévues à Pully et à Zurich sont conduites dans le cadre du nouveau programme national de recherche 59, sur l'utilité et les risques des plantes transgéniques. Ces expérimentations rassemblent, autour d'un champ de blé génétiquement modifié, des chercheurs d'horizons variés qui vont mener des études complémentaires et coordonnées.

FRANCOIS FELBER, DOCTEUR ES SCIENCES ET DIRECTEUR DU JARDIN BOTANIQUE DE L'UNIVERSITE ET DE LA VILLE DE NEUCHATELUn domaine de recherche peu exploré des plantes modifiées génétiquement consiste à déterminer si le gène inséré, transmis accidentellement par pollinisation à la plante sauvage, lui apporte un avantage. En effet, si la plante sauvage était avantagée par le transgène, celle-ci survivrait et se reproduirait mieux, avec toutes les interrogations que cela suppose si elle devait se transformer en mauvaise herbe. Dans le cas contraire, le transgène ne se maintiendrait pas dans l'écosystème. À ce jour, aucune étude n'a porté sur le blé. Les expériences à Pully et à Zurich ont pour objet de combler cette lacune. Une des forces du nouveau programme de recherche est de répéter les expériences à deux endroits, donc dans deux environnements, afin d'étayer les résultats obtenus.

Cela dit, il faut garder en mémoire que le risque de transmission de gènes à la flore sauvage existe aussi dans les cultures traditionnelles. Ce n'est pas un problème spécifique aux OGM et il varie d'ailleurs considérablement entre les espèces. Il n'existe, par exemple, pas de barrières au croisement en Europe entre la laitue cultivée et la laitue serriole, une espèce spontanée en voie d'expansion.

Le même phénomène a été observé entre la luzerne cultivée et la luzerne en faux. En revanche, le maïs n'a pas de parent sauvage dans notre pays. Par conséquent, le risque de transmission du gène modifié à notre flore spontanée est nul. La situation est cependant bien différente dans sa région d'origine, en Amérique, où poussent des parents sauvages avec lesquels il peut se croiser. Ainsi, les risques varient selon la région et les plantes. Une expérience en champ représente la seule façon de déterminer si un gène modifié occasionne un coût ou un bénéfice pour l'agriculture. En effet, une expérimentation en serre pourrait conduire à des résultats erronés, à cause de conditions reproduites n'incluant pas des prédateurs et des pathogènes. Une espèce pourrait y sembler avantagée alors que dans la nature, elle serait pénalisée.

Les études de risques sont l'objectif principal des essais en champ à Pully et à Zurich, dans un espace expérimental rigoureusement contrôlé. Il est nécessaire d'étudier les conséquences des plantes modifiées génétiquement, afin de mieux les gérer en cas d'introduction délibérée ou accidentelle. Les essais prévus ont été passés à la loupe de la Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique. Celle-ci est composée de scientifiques et de médecins. Les essais ont reçu un aval positif, car les précautions prises évitent la dispersion du gène modifié dans l'environnement. C'est une chance unique pour une base de discussion solide à travers un cas bien documenté.

FRANÇOIS FELBER © 24 Heures



Une industrie qui enlève le pain de la bouche

Journal «amnesty» - mai 2008

ÉCLAIRAGES PARAGUAY

Le jeune paysan bio Reto Sonderegger se bat depuis une année aux côtés des paysan-ne-s du Paraguay contre leur marginalisation et la destruction de la nature. L'exemple paraguayen est significatif des effets sociaux et écologiques de l'industrie agraire globalisée.

Reto SondereggerCes dernières décennies, dans bon nombre de pays d'Amérique latine, l'industrie agraire globalisée a enlevé à des centaines de milliers de petit-e-s paysan-ne-s et à des communautés indigènes les bases de leur économie de subsistance. Le Paraguay n'est qu'un exemple parmi d'autres. Le Suisse Reto Sonderegger y vit depuis mars 2007. Ces douze dernières années, plus de 2,6 millions d'hectares sont passés à la culture intensive du soja génétiquement modifié. «Les pesticides ont empoisonné les sols, l'eau, les forêts sur de vastes étendues», déclare Reto Sonderegger et cela malgré l'assurance de l'industrie que les OGM nécessiteraient beaucoup moins de pesticides.

Profits et exils

Le président Alfredo Stroessner, qui a dirigé le pays d'une main de fer entre 1954 et 1989 a jeté les bases pour les immenses monocultures. Dans le cadre de la réforme agraire des années soixante, il a distribué plus de douze millions d'hectares à sa famille et à ses amis militaires, politiciens ou hommes d'affaires. «Aujourd'hui, la couche sociale la plus favorisée (1% de la population) possède les trois quarts des terres», déclare le jeune paysan bio.

Les grandes multinationales comme Monsanto et Syngenta, qui approvisionnent les paysan-ne-s en pesticides et en engrais, font des profits mirifiques grâce à la culture du soja transgénique. Les colons brésiliens, qui représentent près de 80% des paysan-ne-s cultivant le soja transgénique, également profité de ce business.

Le Paraguay est pourtant doté de lois progressistes en matière de protection de l'environnement, mais elles sont simplement ignorées par les paysan-ne-s qui cultivent le soja et par les autorités. Les manifestations contre l'utilisation intensive des pesticides ont plusieurs fois été réprimées par la violence. Des centaines de milliers de paysan-ne-s se sont exilé-e-s vers les grandes villes ou dans les bidonvilles de Buenos Aires, où vivent actuellement trois millions de Paraguayen-ne-s.

Responsabilités

Les pays consommateurs ont aussi leur part de responsabilité. L'Union européenne importe à elle seule plus de vingt millions de tonnes de soja transgénique d'Amérique latine pour l'alimentation des porcs, des poules, des vaches ou pour la fabrication d'additifs alimentaires. L'agriculture suisse importe 250'000 tonnes par an. «Depuis que la farine animale est interdite, l'importation du soja a explosé. Par contre, on brûle les cadavres d'animaux dans les cimenteries», commente Reto Sonderegger. La dernière aberration de l'industrie agraire globalisée est liée au développement des biocarburants: ils doivent aider l'Occident à sortir de la crise énergétique et, dans 1e même temps, ils aggravent la situation des petits paysan-ne-s dans les pays producteurs.

Déjà avant d'être un cultivateur biologique, le jeune paysan avait observé de manière critique les effets de la globalisation sur la culture traditionnelle. La mobilisation, lors de la conférence de l'OMC en 1998, l'a définitivement décidé à se lancer dans une formation de paysan. Reto Sonderegger explique ainsi son choix: «Je voulais trouver un moyen de vivre qui ne pèse ni sur la nature ni sur les gens du Sud. Il m'a semblé que l'agriculture biologique était une solution adéquate». Pendant sa formation, il a travaillé dans de nombreux domaines biologiques suisses.

En janvier 2006, le jeune paysan voyage pour la première fois dans les "Républiques unies du Soja": l'Argentine, le Paraguay et le Brésil où il a vu un paysage uniforme et monotone, 2,6 millions d'hectares ayant passés à la culture intensive du soja génétiquement modifié. A son retour, il abandonne après six mois les études d'agronomie qu'il avait commencées à Zollikofen. Son amie, la biologiste Javiera Rulli, qui étudiait l'impact des monocultures de soja sur les petites communautés paysannes au Paraguay, n'est pas étrangère à cette décision.

Alternatives

Pour Reto Sonderegger, il ne s'agit pas seulement de lutter contre les multinationales de l'agroalimentaire: «J'aimerais surtout montrer que des alternatives sont possibles.» Il voyage pour transmettre son savoir sur la culture durable aux associations paysannes. Il leur donne des conseils pour diversifier leurs cultures et améliorer leurs moyens de subsistance. «Pour arriver à des changements positifs, il est important que les personnes soient conscientes de leurs propres forces», déclare-t-il. C'est pourquoi il soutient aussi les petit-e-s paysan-nes pour qu'ils s'organisent et puissent s'opposer à l'exploitation par l'Etat, les grand-e-s propriétaires terrien-nes ou les entreprises agroalimentaires.

Le jeune paysan suisse cherche également à sensibiliser les pays du Nord à cette problématique de la globalisation de l'industrialisation de l'agriculture. En Suisse, il est devenu un orateur demandé sur cette question. «La seule chose qui nous manque encore, c'est l'argent», plaisante Reto Sonderegger, qui a financé lui-même une grande partie de son projet.

Cet engagement commence à porter ses fruits. Plusieurs événements encourageants ont récemment eu lieu. Le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, en demandant un moratoire sur le biocarburant, a porté cette thématique à l'agenda international. Au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les représentants de la société civile paraguayenne et Reto Sonderegger ont fait pression pour que la délégation officielle doive répondre à des questions critiques sur la situation des droits humains. Mais surtout, le 20 avril dernier, l'ex-évêque Fernando Lugo, candidat de la coalition de gauche, a officiellement été élu président du Paraguay, mettant ainsi fin à plus de soixante ans d'hégémonie du parti Colorado. Il a toujours soutenu les revendications des paysan-nes paraguayen-nes.

Par Pascale Schnyder



Étude de risques, la novlangue scientifique

LUIGI D'ANDREA, BIOLOGISTE, DOCTEUR ÈS SCIENCES - novembre 2008

Les manipulations de langage sont monnaie courante

Avons-nous raison de nous méfier du discours "scientifique" ?
A priori OUI !!

Commune sans OGM Le risque ne peut être estimé que sur la base d'une conséquence connue. Or nous ne connaissons ni le génome des organismes que nous modifions ni les écosystèmes dans lesquels nous les introduisons. Il en résulte une non-connaissance sur la base de laquelle il est impossible de quantifier le risque: c'est l'incertitude. Celle-ci est éclipsée des discours et est remplacée par le mot risque qui offre un semblant de cadre scientifique. Un double langage qui évite de faire appel au principe de précaution.

Les mots sont forts de sens, en substituer un par un autre peut changer radicalement le contexte. Au pays où l'incertitude est reine, parler de risque est un double langage qui permet de placer notre manque de connaissance ainsi que le caractère aléatoire et non maîtrisé d'une technologie dans un cadre scientifique de prétendue connaissance.

Voyons cela plus dans le détail.

Qu'est ce que le risque? Dans le milieu scientifique, il est défini comme la probabilité qu'un événement advienne, multiplié par son effet (= sa conséquence). Par exemple, un événement se passant régulièrement avec un effet mineur présentera peu de risque. En définitive, pour pouvoir quantifier le risque il est impératif de savoir à quelle fréquence un certain événement à lieu et quelle en sera sa conséquence. Le risque sous-entend donc une conséquence connue. Cependant, pour déterminer la conséquence d'une introduction d'OGM, ne convient-il pas de connaître l'OGM et le milieu dans lequel nous l'introduisons? Est-ce vraiment le cas ?

Evidemment que non. Premièrement, nous n'avons aucune idée de la fonction de la majorité de l'ADN des organismes modifiés. De plus, les techniques de transgénèse utilisées pour modifier les organismes insèrent les transgènes aléatoirement dans le génome et entraînent des modifications de l'ADN non désirées et indétectables. Deuxièmement, notre connaissance des écosystèmes dans lesquels nous introduisons des PGM (plantes génétiquement modifiées) est très limitée. Il nous est en effet impossible d'embrasser leurs complexités, c'est-à-dire de connaître tous les organismes qui les composent et toutes les relations qui les unissent.

En résumé, la plus grande partie des génomes des organismes que nous modifions ainsi que les écosystèmes dans lesquels nous les introduisons nous sont inconnus. Il en résulte donc une non-connaissance sur la base de laquelle il est impossible de prédire les conséquences certaines d'une introduction d'OGM et de ce fait rend la quantification du risque tout autant impossible puisque, rappelons-le, il sous-entend une conséquence connue. Malgré les recherches menées sur quelques aspects connus bien précis (sur lesquels il est effectivement possible d'évaluer les risques), l'incertitude demeure sur l'ensemble de la non-connaissance. En d'autres termes, les risques sont incalculables !

L'incertitude est reine... et constamment éclipsée des discours !  Et pour cause, en parler impliquerait directement le principe de précaution. Et oui, sur la base de la non-connaissance scientifique le principe de précaution s'impose. Mais dans un style "novlaguesque" le plus pur, nous utilisions précisément le peu de connaissances scientifiques pour le réfuter. En novlangue cher à Orwell cela s'écrirait : «L'incertitude c'est le risque». Alice, de l'autre côté du miroir va t'elle se réveiller ?

Rassurez-vous, tout le monde ne se fait pas berner par ce double langage. Aucune assurance ne veut assurer les "risques" liés à l'introduction d'OGM. Pourquoi? Précisément parce que ce ne sont pas des risques, mais des incertitudes !

LUIGI D'ANDREA

Pour plus d'infos : StopOGM
STOP OGM INFOS n°33



Dissémination expérimentale, un récapitulatif des critiques

StopOGM - avril 2009

Voici quelques arguments permettant de critiquer objectivement les disséminations.

À Pully, l'essai de blé a été ensemencé le 17 mars 2009 sur une surface de 950 m2, dont 350 m2 avec des variétés génétiquement modifiées. Les lignées de blé transgéniques possèdent une résistance non spécifique accrue par surexpression de chitinases et glucanases. Suite à un recours déposé par les riverains, recours rejeté par le Tribunal administratif fédéral, l'OFEV avait décalé l'essai sur la période de 2009 à 2011. Ainsi, cette première année, le blé de printemps devra être récolté fin juin, puis en 2010, la parcelle sera de nouveau ensemencée sur une surface "plus ou moins équivalente", mais en 2011, la parcelle sera laissée en jachère afin de vérifier l'apparition d'éventuelles repousses.

Les critiques concernent les essais de Pully et Reckenholz, cependant les arguments présentés ne concernent que Pully. Vous retrouverez la liste complète des critiques sur StopOGM - fiches.

Le blé transgénique semé à Pully possède une résistance non spécifique accrue par surexpression de chitinases et glucanases.

Critique 1. L'autorisation a été délivrée sur la base de demandes non conformes aux dispositions légales. A Pully, les modalités des essais, au moment du dépôt de demande, n'étaient pas fixées pour les années 2009 et 2010 et ne le sont toujours pas.

Critique 2. Non-respect de la procédure par étape prévue par la Loi sur le génie génétique (article 6/2a de la LGG. Cette série d'essais a pour objectif de clarifier des questions de biosécurité et d'effets de résistance. Conformément à l'art. 6/2a de la LGG, il faudrait d'abord mener tous les essais en milieu confiné afin de démontrer les effets possibles de ces plantes sur des êtres vivants renfermant de la chitine et du glucane dans leurs parois cellulaires.

  1. Résistance du blé GM non prouvée en serre :
    Du fait du nombre restreint de plantes, les essais en serre in planta ne sont statistiquement pas vraiment valables. La partie requérante prétend pouvoir obtenir des résultats statistiquement valables avec un nombre "suffisant" de plantes en plein champ. Cet argument est boiteux car d'autres recherches ont prouvé une résistance améliorée à la carie du blé avec 59 exemplaires au maximum dans un phytotron, plus petit qu'une serre.

  2. Danger réel des chitinase et glucanase :
    Les chitinases et glucanases sont des protéines non spécifiques qui peuvent développer un effet sur tous les organismes contenant de la chitine ou du glucane dans leurs parois cellulaires (champignons, insectes) !
    Le projet prétend investiguer certains aspects de bio-sécurité comme les effets des chitinases et glucanases sur les mycorhizes ou certaines bactéries, mais aucune analyse préalable n'a été effectuée en serre sur ces sujets !
    De plus, le dossier ne cite pas de résultats sur les effets possibles sur de tels organismes. L'art. 19/1a de l'Ordonnance sur la dissémination dans l'environnement (ODE) stipule qu'un essai de dissémination ne doit mettre en danger ni l'homme ni l'environnement. L'OFEV mentionne lui-même que certains des essais proposés par le requérant pourraient parfaitement être menés en serre et que des données sur la sécurité environnementale seraient souhaitables !

  3. Essais préliminaires en serre sur les interactions avec des organismes non-cibles :
    Les transgènes insérés dans le blé sont présents à l'état naturel dans certaines variétés d'orge. Selon les requérants, cet argument suffit pour renoncer à des essais préliminaires en serre sur les interactions avec des organismes non cibles. Ce raccourci n'a rien de scientifique. En effet, des expériences ont montré que les mêmes gènes peuvent s'exprimer différemment dans des plantes différentes. Quelle importance l'autorité accorde-t-elle à l'hypothèse non prouvée que la chitinase et la gluconase d'orge auront un comportement toxicologique identique après un transfert de gènes dans le blé ?

  4. Absence de caractérisation moléculaire des plantes :
    Les parties requérantes reconnaissent que le lieu d'insertion du transgène n'est pas connu, car le déterminer entraînerait de trop gros frais et le connaître ne fournirait aucune information importante quant à la sécurité.
    Ceci est une faute scientifique très grave. Il est aujourd'hui reconnu que chaque événement de transgenèse peut induire des modifications de code génétique autres que simplement l'insertion du transgène. De ce fait, une caractérisation génétique des régions transformées est essentielle pour s'assurer de l'intégrité du génome de la plante transformée.
    De plus, le même gène peut s'exprimer différemment et avoir des conséquences différentes (effets pléiotropes) selon le lieu de son insertion.

Ces autorisations sont les premières à être délivrées depuis l'entrée en vigueur de la LGG. Elles créent un précédent inacceptable en permettant un standard minimaliste pour caractériser les OGM destinés à être disséminés.
En réclamant des documents qui complètent les demandes après avoir pris sa décision du 3 septembre 2007, l'OFEV fait non seulement fi de l'exigence de la soumission d'un dossier de demande complet, mais il s'apprête à placer la barre bien plus bas encore. Les nouvelles données ne seront probablement plus soumises à un examen scientifique ou public; seuls les spécialistes de l'OFEV pourront encore donner leur avis.
Selon la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH), les liens étroits entre les autorisations de financement du Fonds National de Recherche et la procédure d'autorisation des disséminations expérimentales en plein champ ainsi que la proportion importante de ces disséminations en plein champ au sein du PNR 59 pourraient avoir exercé une pression non négligeable sur l'OFEV.

Pour plus d'infos : StopOGM
STOP OGM INFOS n°35



Effet boomerang chez Monsanto

Nouvel article de Sylvie SIMON à paraître dans la revue "VOTRE SANTÉ"

Quand la nature reprend le dessus

Votre SanteAux États-Unis, cinq mille hectares de culture de soja transgénique ont du être abandonnés par les agriculteurs et cinquante mille autres sont gravement menacés. Cette panique est due à une "mauvaise" herbe qui a décidé de s'opposer au géant Monsanto, connu pour être le plus grand prédateur de la Terre. Insolente, cette plante mutante prolifère et défie le Round'Up, l'herbicide total à base de glyphosphate, auquel nulle "mauvaise herbe ne résiste"(sic!).

C'est en 2004, qu'un agriculteur de Macon, en Géorgie, ville située à environ 130 kilomètres d'Atlanta, remarqua que certaines pousses d'amarantes résistaient au Roundup dont il arrosait ses cultures de soja. Les champs victimes de cette envahissante mauvaise herbe ont été ensemencés avec des graines Roundup Ready, qui comportent une semence ayant reçu un gène de résistance au Roundup auquel nulle «mauvaise herbe ne résiste». Depuis cette époque, la situation s'est aggravée et le phénomène s'est étendu à d'autres états, Caroline du Sud, et du Nord, Arkansas, Tennessee et Missouri. Selon un groupe de scientifiques du Centre for Ecology and Hydrology, organisation britannique située à Winfrith, dans le Dorset, il y aurait eu un transfert de gènes entre la plante OGM et certaines herbes indésirables, comme l'amarante. Ce constat contredit les affirmations péremptoires et optimistes des défenseurs des OGM qui prétendaient et persistent à affirmer qu'une hybridation entre une plante génétiquement modifiée et une plante non-modifiée est tout simplement "impossible".

Pour le généticien britannique Brian Johnson, spécialisé dans les problèmes liés à l'agriculture: «Il suffit d'un seul croisement réussi sur plusieurs millions de possibilités. Dès qu'elle est créée, la nouvelle plante possède un avantage sélectif énorme, et elle se multiplie rapidement. L'herbicide puissant utilisé ici, à base de glyphosphate et d'ammonium, a exercé sur les plantes une pression énorme qui a encore accru la vitesse d'adaptation.» Ainsi, un gène de résistance aux herbicides a, semble-t-il, donné naissance à une plante hybride issue d'un saut entre la graine qu'il est censé protéger et l'amarante, devenue impossible à éliminer. La seule solution est d'arracher les mauvaises herbes à la main, comme on le faisait autrefois, mais ce n'est pas toujours possible étant donné l'étendue des cultures. En outre, ces herbes, profondément enracinées sont très difficiles à arracher et 5'000 hectares ont été tout simplement abandonnés.

Nombre de cultivateurs envisagent de renoncer aux OGM et de revenir à une agriculture traditionnelle, d'autant que les plants OGM coûtent de plus en plus cher et la rentabilité est primordiale pour ce genre d'agriculture. Ainsi Alan Rowland, producteur et marchand de semences de soja à Dudley, dans le Missouri, affirme que plus personne ne lui demande de graines Monsanto de type Round'Up Ready alors que ces derniers temps, ce secteur représentait 80% de son commerce. Aujourd'hui, les graines OGM ont disparu de son catalogue et la demande de graines traditionnelles augmente sans cesse.

Déjà, le 25 juillet 2005, The Guardian publiait un article de Paul Brown qui révélait que des gènes modifiés de céréales avaient transité vers des plantes sauvages, créant ainsi une "supergraine" résistante aux herbicides, croisement "inconcevable" par les scientifiques du ministère de l'environnement... Depuis 2008, les media agricoles américains rapportent de plus en plus de cas de résistance et le gouvernement des États-Unis a pratiqué d'importantes coupes budgétaires qui ont contraint le Ministère de l'Agriculture à réduire, puis arrêter certaines de ses activités.

Plante diabolique ou plante sacrée

Il est amusant de constater que cette plante, "diabolique" aux yeux de l'agriculture génétique, est une plante sacrée pour les Incas. Elle fait partie des aliments les plus anciens du monde. Chaque plante produit en moyenne 12'000 graines par an, et les feuilles, plus riches en protéines que le soja, contiennent des vitamines A et C et des sels minéraux.

Ainsi ce boomerang, renvoyé par la nature sur Monsanto, non seulement neutralise ce prédateur, mais installe dans des lieux une plante qui pourra nourrir l'humanité en cas de famine. Elle supporte la plupart des climats, aussi bien les régions sèches que les zones de mousson et les hautes terres tropicales et n'a de problèmes ni avec les insectes ni avec les maladies, donc n'aura jamais besoin de produits chimiques. Ainsi, "la marante" affronte le très puissant Monsanto, comme David s'opposa à Goliath. Et tout le monde sait comment se termina le combat, pourtant bien inégal !
Si ces phénomènes se reproduisent en quantité suffisante, ce qui semble programmé, Monsanto n'aura bientôt plus qu'à mettre la clé sous la porte. À part ses salariés, qui plaindra vraiment cette entreprise funèbre ?

Sylvie SIMON


==========================================

Mieux que les Faucheurs Volontaire : l'Amarante !!!

Sur le site WWFPlanète attitude

: )  Bonne nouvelle !!!

Après leurs déboires l'Afrique du Sud avec 80'000 hectares de maïs OGM stérile, les apprentis-sorciers de Monsanto sont confrontés aux USA à un phénomène qui pourrait ruiner la belle industrie de manière plus radicale que les faucheurs volontaires ou les politiques européens : les plantes résistantes au Round'Up ! En effet, la nature est ainsi faite que tous les êtres vivants s'adaptent en permanence à leur milieu. Il suffit donc d'une mutation génétique pour que l'espèce résistante devienne «super-envahissante». C'est ce qui ce passe aux USA : la dissémination accélérée de l'Amarante réfléchie dissuade les agriculteurs de planter des semences Monsanto !

Selon Futura Science, 5'000 hectares de culture de soja transgénique ont été abandonnés par les agriculteurs en Géorgie, et 50'000 autres sont gravement menacés par une mauvaise herbe impossible à éliminer, tandis que le phénomène s'étend à d'autres états. La cause : un gène de résistance aux herbicides ayant apparemment fait le grand bond entre la graine qu'il est censé protéger et l'Amarante, une plante à la fois indésirable et envahissant. On constat de plus en plus de plantes résistantes au glyphosate, la matière active de l'herbicide Round'Up de Monsanto.

En 2004, un agriculteur de Macon, au centre de la Géorgie (à l'est des Etats-Unis), applique à ses cultures de soja un traitement herbicide au Round'Up, comme il en a l'habitude. Curieusement, il remarque que certaines pousses d'amarantes (amarante réfléchie, ou Amarantus retroflexus L.), une plante parasite, n'en semblent pas incommodées. Pourtant, ce produit est élaboré à partir de glyphosphate, qui est à la fois l'herbicide le plus puissant et le plus utilisé aux Etats-Unis. Depuis, la situation a empiré. Actuellement, et rien qu'en Géorgie, 50'000 hectares sont atteints et nombre d'agriculteurs ont été contraints d'arracher leurs mauvaises herbes à la main... quand c'est possible, considérant l'étendue des cultures. À l'épicentre du phénomène, 5'000 hectares ont été tout simplement abandonnés.

L'amarante vous salue bien...

Voir le blog - Les mauvaises herbes font de la résistance


==========================================

Amarante contre Monsanto - 1 à 0

Alors qu'elle était à la base de l'alimentation et de la médecine de peuples d'Amérique Centrale, cette ancienne plante sacrée avait été interdite par les espagnols et vouée à la disparition. Mais il semble qu'aujourd'hui, elle se redresse avec splendeur, et entre à nouveau dans la lutte. Non pas pour nourrir à nouveau les hommes, mais pour les protéger contre la société Monsanto, spécialiste de l'asservissement de la vie végétale.

L'amarante, pour ne pas la citer, capable d'envahir des milliers d'hectares, a déclaré la guerre au soja OGM. La plante était fragile, malgré son surnom de "queue du diable". Toutefois, la bêtise humaine, l'âpreté au gain des semenciers de Monsanto, lui permettent, tel un personnage issu d'un comics américain, de resurgir plus forte que jamais.

D'une part, un pied d'amarante au moins, a fortuitement échangé quelques gènes avec un soja OGM. Aussi improbable qu'une catastrophe nucléaire, au dire des ingénieurs. Aussi improbable que de croiser son voisin dans un pays étranger. Et pourtant, à force de multiplier les voyages, on rencontre inévitablement son voisin.

Là où les ingénieurs de Monsanto ont fait fort, c'est qu'ils ont ignoré les phénomènes de spéciation, bien connus des évolutionnistes. Dans un milieu isolé et favorable, une espèce se développe très rapidement et peut devenir envahissante. L'amarante, sans concurrence puisque toutes les autres herbes ont été détruites par le fameux Round'Up, herbicide de Monsanto vendu avec les OGM, l'amarante, disais-je , a pu se développer plus que de raison. A tel point que les champs ont été envahis par cette ancienne plante sacrée.

Ainsi, aux États-Unis d'Amérique, 5'000 hectares ont du être abandonnés. 50'000 autres sont menacés.

Mais, rassurez-vous !  Ce ne sont pas les dirigeants de cette société de la destruction, qui paieront. Les payeurs seront, comme toujours, les agriculteurs, leurrés par les promesses et les mensonges de quelques employés de commerce qui mettent l'obéissance au groupe au dessus des scrupules et de la moralité.


==========================================

Faut-il se réjouir de telles mutations ?

Commentaire d'un internaute : Whynot? le 23 mai 2009 à 9:46

...je ne sais pas! Même s'il est vrai que pour l'heure cette résistance sert une cause !
Elle montre aussi à quel point il est dangereux de jouer les apprentis sorciers, car tout ce sur quoi nous intervenons comporte une face cachée qui ne se révèle que plus tard! En positif comme en négatif! Le mal révèle le bien et vice et versa... peut-être tout simplement parce que l'un contient l'autre !!


==========================================

Il y a une attitude qui est discriminatoire

Réponse de beriac le 27 avril 2009 à 10:38

Dans un premier temps des génocidaires (comme Mosanto: agent orange et les victimes vietnamienne et les vétérans américains) commercialisent les OGM qui conduisent à cette catastrophe agricole à savoir plantes OGM contaminantes et polluantes ceux qui les ont soutenu sont ils complices de ces crimes devant l'humanité ?
Le vol de notre patrimoine génétique dans le but de le "marchandiser" et les conséquences dramatiques et ce vol génétique reste impuni, alors que le vol mérite la correctionnelle et s'il y a mort, les assises. Cette situation est discriminatoire, au vu de l'évolution des mentalités, il s'agit d'être persuadé que le principe de précaution s'avère insuffisant puisqu'il n'empêche pas les catastrophes génétiques de se produire, sans compter celles qui nous sont cachées (secret défense) et les atteinte irrémédiable des nano particules dans les poumons et jusqu'aux noyaux des cellules de tous êtres vivants y compris les animaux et les végétaux...

www.planete-attitude.fr

Voir - Destruction des Twin Towers

Il faut se brancher sur un site canadien pour comprendre toute la réalité des horreurs, en effet les canadiens sont les premiers à se défendre contre ce géant de la pollution et de la criminalité économique qu'est Mosanto.
Voir - Biotechnologie et OGM

Raison: comprendre est le moteur de l'action défensive et de l'offensive judiciaire
anti-OGMAmour de la planète: agir avant de comprendre permet d'éviter de longues procédures, des victimes inutiles et des traumatismes durables. Les industriels de la génétique sont des voleurs, et de plus par leur propagande mensongère, des voleurs d'âmes et des esprits faibles. Que faire des raisonneurs qui se repentent? Certains restent impunis et recommencent leurs massacres sur notre humanité et sa biodiversité. Les OGM ça sert aussi à faire le guerre !
Stephen Hawking n'est pas un hurluberlu. Il est même sans doute le savant le plus célèbre du monde depuis que sa "Brève histoire du temps" s'est vendue à près de 10 millions d'exemplaires. Le 16 octobre 2001, il lançait, dans le Daily Telegraph, un avertissement d'une particulière gravité. «Si le 11 septembre a été quelque chose d'horrible, affirmait-il, il n'a pas menacé la survie de l'espèce humaine, comme le font les armes nucléaires. Mais, sur le long terme, je suis plus préoccupé par la biologie. Les armes nucléaires nécessitent de grandes usines, alors qu'on peut faire des manipulations génétiques dans un petit laboratoire. Il est impossible de contrôler tous les laboratoires du monde. Le danger est que, par accident ou volontairement, nous créions un virus qui nous détruira.»
Voir - Les OGM, ça sert aussi à faire la guerre



À TABLE AVEC LES SEMENCES "NUMÉRIQUES"

BIOTECHNOLOGIES

LE COURRIER du VENDREDI 22 MAI 2009

Avec divers projets en préparation, «l'industrie génétique remet en cause la possibilité pour nos enfants de se nourrir» alerte le Français Guy Kastler*.Pour ce paysan et syndicaliste anti-OGM, la mobilisation citoyenne en Europe doit s'inspirer des luttes du Sud.

PROPOS RECUEILLIS PAR
SOPHIE CHAPELLE/BASTA

OGM de deuxième génération, plantes mutées à coup de radiations, semences de synthèse dont les gènes seront numérisés et privatisés... Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes, décrit ce que préparent les multinationales de l'industrie génétique et agroalimentaire. Des projets à faire frémir...

Y a t-il aujourd'hui des plantes mutées dans nos assiettes ?

Oui, nous mangeons tous des blés mutés ou des potagères mutées. Contrairement aux plantes transgéniques, il n'y a aucune obligation d'information du consommateur. Les plantes mutées sont considérées comme des OGM par une directive européenne, mais sont exclues de son champ d'application. Près de 3'000 variétés de 170 espèces différentes obtenues à partir de mutations incitées sont recensées par l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique).
Elles sont commercialisées sans aucun étiquetage et sans aucune évaluation environnementale ou sanitaire. Pourtant, le stress violent que subit la plante génère des recombinaisons génétiques aléatoires plus nombreuses qu'avec la transgenèse. Ces recombinaisons sont responsables de la plupart des effets nocifs des OGM sur la santé. Il n'y a aucune raison pour qu'elles soient inoffensives avec les plantes mutées.

Depuis quand l'Agence internationale de l'énergie atomique s'occupe-t-elle d'agriculture !?

Elle travaille depuis une dizaine d'années, en partenariat avec la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur l'augmentation de la production alimentaire des Etats membres. Ils justifient le recours à la mutagenèse par le besoin de trouver des plantes dès maintenant pour nourrir le monde.

En quoi consiste cette mutagenèse ?

Depuis les années 1950, les chercheurs travaillent sur des cellules qu'ils soumettent à un stress important: par irradiations - bombardements au cobalt ou rayons gamma - ou avec des produits chimiques très agressifs comme la colchicine. C'est ce stress qui provoque une mutation de gènes appelée "mutation incitée" par l'AIEA. Pendant des années, le coût de cette technique aléatoire a freiné son développement. Après avoir soumis des milliers de cellules au stress mutagène, il fallait les multiplier en autant de plantes avant de savoir si cette mutation présentait un intérêt. La connaissance aujourd'hui du génome de la plante rend la méthode de la mutagénèse intéressante économiquement et industrialisable. Quand on dispose de la séquence génétique complète d'une plante, on repère immédiatement dans la cellule si un gène a muté ou pas et si la mutation est intéressante. Une dizaine de multiplications suffisent ensuite pour obtenir les lignées recherchées.

La lutte contre les "simples" OGM est-elle déjà dépassée ?

La bagarre contre les OGM de première génération - OGM pesticides et OGM résistants à un herbicide - n'est pas gagnée en Europe. Depuis quinze ans cependant, nous maintenons un rapport de force qui nous est favorable. Cela risque d'évoluer avec l'arrivée sur le marché des OGM de deuxième génération.

«Des OGM dits "sécurisés" ou "éco-compatibles"...»

Ces OGM sont dits "sécurisés" et "éco-compatibles" car ils sont censés garantir l'absence de risque pour l'environnement et la coexistence entre les cultures OGM et les autres cultures. Leur transgène deviendrait inactif avant la floraison ou la récolte, ou ne serait pas activé sans l'usage d'un produit chimique. Cela empêcherait toute contamination. Actuellement, ces OGM de deuxième génération font l'objet de recherches dans le cadre d'un programme appelé "Transcontainer" financé par la Commission européenne.

OGM de deuxième génération en préparation, plantes mutées déjà commercialisées... Que nous préparent encore les apprentis sorciers du XXIe siècle ?

Longtemps la biologie moléculaire a reposé sur l'idée qu'à un gène correspondait une protéine. Lorsque l'on modifiait un gène, on pensait ne modifier que la protéine. Ce dogme est totalement remis en cause par la biologie synthétique ou "systémique". Elle porte sur la manière dont les gènes sont reliés entre eux. Les liens qui organisent les relations entre les gènes influeraient tout autant que les gènes eux-mêmes sur la présence et la nature des protéines. Des chercheurs travaillent actuellement sur la combinaison de plusieurs gènes en vue de créer des plantes résistantes à la sécheresse.
Dans la transgénèse, les gènes transférés sont déjà issus de synthèse chimique recopiant la séquence de gènes naturels. Aujourd'hui, une nouvelle étape est franchie. On passe de l'insertion de gènes synthétiques dans des organismes vivants réels - les OGM - à la mise en réseau de ces gènes et à la fabrication de génomes totalement synthétiques. Autrement dit, il est possible de fabriquer aujourd'hui des organismes vivants et reproductibles complètement nouveaux.

«Aujourd'hui, les chercheurs n'ont plus besoin de graines vivantes...»

Des laboratoires ont réussi à le faire avec des bactéries. Leur travail porte aujourd'hui sur les plantes. C'est là que réside le principal danger: la plante entière étant fabriquée par synthèse, les chercheurs n'ont plus besoin de graines vivantes mais seulement de leur séquence génétique numérisée dans un ordinateur.

Les banques de semences, qui conservent la biodiversité des plantes cultivées, risquent-elles d'être abandonnées au profit de ces semences "numériques" privatisées ?

C'est déjà le cas, notamment dans les pays du Sud. C'est la mission des États de préserver les ressources génétiques - animaux, microbes, plantes - et de les mettre à disposition de tous. Cette mission est d'autant plus essentielle dans les pays qui ont industrialisé leur agriculture où la biodiversité cultivée dans les champs a disparu. Cette mission est pourtant délaissée au prétexte de manque de crédits. Une partie des banques de gènes est aujourd'hui privatisée, avec un accès de plus en plus restreint pour l'agriculteur ou le jardiner. Toutes les firmes ont construit leurs propres banques de gènes grâce à leur accès facilité aux banques de semences publiques. Sur l'île de Svalbard en Norvège, les fondations Bill Gates et Rockefeller ont financé une banque de gènes dans laquelle sont entreposés dans le froid plus de 4,5 millions d'échantillons de semences.

«L'industrie ne pourra jamais faire des plantes capables de s'adapter partout...»

L'accès à cette banque est réservé aux institutions contrôlées par les multinationales semencières. Ces semences ne seront pas ressemées: elles perdront rapidement toute leur capacité de germination. Même mortes, elles pourront livrer leurs séquences génétiques aux ordinateurs de l'industrie, convaincue de sa capacité à recréer un monde artificiel à partir de ces seules séquences. Un monde qui sera totalement fiché par la marque des droits de propriété industrielle sur les gènes. Mais l'industrie ne pourra jamais faire des plantes capables de s'adapter partout. Elle en fabriquera quelques-unes pour toute la planète, qui ne pousseront qu'avec davantage d'engrais chimiques et de pesticides. Elle remet ainsi en cause la possibilité même de nos enfants de se nourrir.

Comment éviter cette destruction du vivant ?

Créé en 2003, le Réseau Semences Paysannes s'est développé très rapidement avec l'apparition des OGM. Paysans et jardiniers ont pris conscience que s'ils ne voulaient pas d'OGM, ils devaient s'emparer du travail de conservation, de sélection et de multiplication des semences. La première étape a donc été de se réapproprier les savoirs et les ressources génétiques pour les remettre dans les champs. Désormais, face à l'impossibilité de sélectionner des plantes saines à partir de semences commerciales modernes trafiquées - à cause de la perte de leur qualité nutritionnelle et du besoin d'engrais chimiques pour pousser - nous appelons à vider les banques de semences pour faire des maisons de la semence.

À quoi servent ces maisons de la semence ?

L'idée des maisons de la semence est que paysans et jardiniers s'y regroupent pour mettre leurs semences en commun et gèrent ensemble ce patrimoine. On ne peut pas chacun de son côté replanter chaque année 500 à 800 variétés de semences. Dans la mesure où l'État privatise cette mission de service public, la société civile doit s'en emparer en faisant reposer la gestion de ce patrimoine sur une organisation collective. Les paysans ont un rôle clair à jouer dans ce travail de culture. Les jardiniers amateurs sont aussi une composante essentielle. Ils ont préservé ces dernières années des milliers de variétés anciennes de potagères ou d'arbres fruitiers qui seront une bonne partie de l'alimentation de demain. La société civile doit nous aider à mobiliser les élus pour la reconnaissance des droits des paysans et des jardiniers à conserver, ressemer et échanger leurs semences. Des conseils municipaux ont déjà pris des délibérations pour cela.

Les lois actuelles empêchent les paysans de ressemer leur propre récolte !?

Le verrouillage juridique est de pire en pire. En France, les agriculteurs n'ont pas le droit d'échanger des semences. Ils ne peuvent plus ressemer une partie de leur récolte sans payer une redevance aux semenciers. On parle de "contribution volontaire obligatoire" pour le blé tendre. C'est un système qui pourrait être étendu à toutes les espèces. On a encore le droit aujourd'hui d'échanger des semences qui ne sont pas inscrites au catalogue à titre payant ou gratuit si c'est pour une exploitation non commerciale.
On peut par exemple vendre une semence à un jardinier amateur car il va consommer sa propre récolte et ne pas la vendre sur un marché. Mais cette dernière marge de manoeuvre risque aussi de disparaître avec une réforme actuelle des règlements européens. Pourtant, le Parlement a ratifié un traité, le TIRPAA (1), qui reconnaît les droits des paysans à ressemer, échanger et vendre leurs semences. Mais le gouvernement n'applique pas ce traité et une campagne citoyenne est aujourd'hui indispensable pour la reconnaissance de ces droits.

Ces alternatives ont-elles des équivalents en Europe ?

Des réseaux ressemblent beaucoup aux nôtres en Italie, en Espagne, en Allemagne ou en Autriche. La mobilisation citoyenne en Europe sur le thème des semences prend de l'ampleur et accompagne très souvent les luttes anti-OGM.

«Nous avons du retard sur les pays du Sud...»

Nous avons du retard sur les pays du Sud où la conservation de la biodiversité est le premier acte de l'agriculture vivrière. Tous ces paysans conservent et échangent leurs semences. Leur mobilisation aujourd'hui est extrêmement importante à la fois contre les lois européennes qui s'imposent à l'ensemble de la planète, et contre les OGM pour protéger leurs semences des contaminations. Nous avons beaucoup à apprendre des pays du Sud. ¦

* Guy Kastler est délégué général du Réseau Semences Paysannes, réseau français d'organisations paysannes et d'agriculture biologique. Il est également chargé de mission pour la Fédération internationale d'agriculture biologique "Nature et Progrès", membre du syndicat agricole français "Confédération paysanne" et de la commission Biodiversité de Via Campesina.
(1) Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture.


blé



Quand le capitalisme s'empare du vivant...

Par Hélène Baillot

paru dans la revue «Les autres voix de la planète» de Janvier 2010

OEBDans la livraison de la revue «Les autres voix de la planète», Hélène Baillot dresse le tableau de la bataille silencieuse, mais centrale qui se livre autour des changements intervenus dans la pratique du brevetage. Pendant longtemps, l'exclusion du vivant des brevets était une croyance incorporée, une sorte de tabou. Cette année, l'Office Européen des Brevets (OEB) devra statuer sur la brevetabilité des semences conventionnelles en Europe. Deux plantes sont concernées et font actuellement l'objet d'une demande de recours: il s'agit du brocoli et de la tomate ridée. Dans les deux cas, les brevets concernent non seulement les procédés de sélection traditionnels, mais aussi les graines et les plantes nouvellement obtenues. Si le recours est accepté, la décision risque de faire jurisprudence : un pas de plus dans une direction dangereuse. Cet article se propose de revenir sur l'histoire du brevetage du vivant et d'en cerner certains des enjeux fondamentaux, essentiellement dans une perspective Nord-Sud.

Histoire du brevet

Apparus en Europe, les brevets se développent durant le XIXe et le XXe siècle, leur rôle étant de récompenser la créativité humaine en offrant à leurs détenteurs un droit de propriété et un droit exclusif d'exploitation sur l'objet ou le procédé breveté pendant une période d'environ 20 ans. Mais, sans que les textes ne le mentionnent, «l'exclusion du vivant était comprise de manière tacite, comme une croyance incorporée ou un tabou qui ne saurait être transgressé. La gratuité du vivant et sa capacité infinie de reproduction empêchaient d'en concevoir l'appropriation» (1). Les plantes utilisées aujourd'hui à travers le monde sont pour une bonne part le produit du travail de sélection opéré durant des millénaires par les sociétés paysannes.

On comprend ainsi que les ressources génétiques de ces plantes aient été considérées pendant longtemps comme bien commun de l'humanité. Mais depuis une trentaine d'années ce tabou sur le vivant ne cesse d'être transgressé. La mise au point des techniques du génie génétique constitue un tournant majeur en permettant d'identifier, de spécifier, et de modifier la matière vivante, grâce à la molécule d'ADN. C'est ainsi qu'en 1982, la firme General Electric parvient à faire breveter un micro-organisme génétiquement modifié,la bactérie Chakrabarty. Le brevet concerne non seulement le procédé ayant permis d'obtenir la bactérie, mais aussi la bactérie elle-même.

La distinction entre choses brevetables et non brevetables ne passe plus entre les choses vivantes et les choses inanimées, mais entre les produits de la nature, vivants ou non, et les inventions produites par l'activité humaine, y compris vivantes (2). En 1998, l'Europe, après de longs débats et sous la pression des firmes pharmaceutiques et biotechnologiques, emboîte le pas aux États-Unis par l'adoption de la directive 98/44 relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques (3).

Sans être l'objet de cet article, il faut insister sur un point, à savoir l'étendue très large de ces brevets. L'adoption des brevets de produits, et non plus seulement des brevets de procédés, confère à son possesseur la possibilité de contrôler toute utilisation future de son produit, y compris celles qu'il ignore encore: de «droit d'exploitation», il devient «droit d'exploration» (4). Ce phénomène est inquiétant pour nous tous, mais prend un relief particulier dans la perspective des relations Nord-Sud.

Gestion internationale des brevets et enjeux Nord-Sud

Un certain nombre de traités relatifs à la biodiversité et aux droits de propriété intellectuelle ont été signés. Mais tous ne poursuivent pas les mêmes objectifs. La Convention sur la biodiversité (CDB), signée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, reconnaît le droit de souveraineté des états sur leurs ressources naturelles et leur laisse dès lors le pouvoir de déterminer, par une législation nationale, l'accès aux ressources génétiques. Mais cette Convention est rapidement remise en cause par la signature en 1994 des accords sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (APDIC). Ce texte international (5), signé à Marrakech, oblige les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à se doter d'un système de protection de ces droits. L'article 27.1 stipule «qu'un brevet pourra être obtenu pour toute invention de produit ou de procédé». L'article 27.3(b), le plus critiqué, exige également la protection des obtentions végétales, mais donne aux membres de l'OMC le choix entre la protection par brevet, un système suigeneris (6) «efficace» ou une combinaison des deux. L'article 27.2 prévoit certaines exceptions au brevetage, mais dans la pratique on assiste à une interprétation très restrictive de ces exclusions.

En réaction, l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a rédigé en 2000 une «loi modèle» sur «la protection des droits des communautés locales, des agriculteurs et des obtenteurs et sur les règles d'accès aux ressources biologiques». Cette législation met en place un «système approprié d'accès aux ressources biologiques, aux connaissances et technologies des communautés sous réserve d'un consentement informé préalable de l'état et des communautés locales concernées» ainsi que des «mécanismes en vue d'un partage juste et équitable» des avantages tirés de l'utilisation commerciale de ces ressources. Cette loi reconnaît à l'agriculteur le droit de conserver une partie de sa récolte pour la replanter l'année suivante sans avoir à payer de redevance: «le privilège du fermier». En cela aussi, elle s'oppose aux APDIC dont les états n'ont de cesse de demander la révision, demande restée lettre morte.

Pays industrialisés et ressources génétiques

Aujourd'hui, l'immense majorité des brevets (environ 97%) sont accordés dans des pays industrialisés, alors même que l'immense majorité des ressources génétiques provient des pays intertropicaux; on estime que le Nord dépend du Sud jusqu'à 95% en ce qui concerne la matière première génétique de ses produits les plus importants (7). L'essor des biotechnologies a transformé les pays du Sud en un gigantesque terrain de prospection. Cette appropriation du vivant est considérée comme un acte de biopiraterie par les populations autochtones du Sud car elle conduit au pillage de leurs ressources naturelles et de leurs savoirs «traditionnels». Elles se retrouvent aussi dans l'obligation de s'acquitter de redevances pour des produits qu'elles utilisent depuis des générations.

curcumaLe développement des brevets favorise en outre la création de plantes OGM dont l'utilisation constitue une menace. C'est bien la richesse de la biodiversité du Sud qui pâtit actuellement de ce système, ce qui nous renvoie à la question d'une dette écologique due par le Nord - ce qui ne veut pas dire que les états du Sud sont davantage préoccupés par la conservation de leur biodiversité, souvent mise en balance avec le «développement». Les cas de biopiraterie sont nombreux. En 2006, l'Institut Edmonds, aux états-Unis en a répertorié 36'000 touchant des pays africains (8); et les Nations Unies calculent que celle-ci rapporte quelques 12'000 millions d'euros par an aux firmes pharmaceutiques. Un exemple: en 1995, l'université du Wisconsin a déposé quatre brevets sur la brazzein, une protéine au pouvoir sucrant deux mille fois supérieur au saccharose. Elle provient de la baie d'une plante poussant au Gabon. Depuis, plusieurs licences ont été accordées à des sociétés biotechnologiques dont l'objectif est d'introduire dans des fruits et des légumes un gène produisant la brazzein afin d'obtenir des aliments au goût sucré mais moins riches en calories.

De gros bénéfices sont à la clé pour les entreprises du Nord mais pas pour les paysans gabonais. Pourtant ceux-ci connaissent les propriétés de cette baie de longue date et ont contribué à l'entretenir de génération en génération (9). Ce cas n'a rien d'exceptionnel: l'ayahuasca, le quinoa et le sangre de drago, qui poussent dans les forêts d'Amérique du Sud; le kava, dans le Pacifique; le curcuma et le melon amer, en Asie ont d'ores et déjà été brevetés.

Inversion de la charge de la preuve

Théoriquement, les brevets peuvent être contestés et annulés. Mais dans la pratique, cela n'a rien d'évident. Il appartient en effet à celui qui s'oppose au brevet de prouver l'antériorité de son utilisation; c'est l'inversion de la charge de la preuve. De plus, la contestation des brevets coûte cher (200'000 dollars aux États-Unis) et nécessite de longues années de procédures et d'expertise juridique. Certains brevets ont certes été rejetés: par exemple, celui de Ricetec sur le riz Basmati, un brevet sur une variété de quinoa, un autre sur la poudre du Turmeric, une plante médicinale indienne. Une autre affaire remonte à 1994, lorsque Larry Proctor, dirigeant d'une entreprise semencière aux États-Unis, en vacances au Mexique, découvre une variété de haricots jaunes très prisée des Mexicains. Il en rapporte alors un sac aux États-Unis, prétend en avoir fait une sélection, et dès 1999 obtient un brevet sur tout haricot de couleur jaune, bloquant alors les exportations mexicaines. Ce brevet lui a été retiré l'an passé. Malgré ces quelques victoires, les pays du Sud restent les grands perdants de ce système; certains, comme Vandana Shiva, voient alors dans les brevets un instrument de conquête néocoloniale, «prolongeant les privilèges accordés à Christophe Colomb» (10). Mais plus que «le Nord», ce sont surtout les grandes firmes appartenant aux domaines de la biotechnologie et de la pharmacie qui en sont les principales bénéficiaires. Les risques de voir émerger des monopoles dans des secteurs tels que la santé et l'alimentation sont alarmants d'autant plus que l'on constate une forte augmentation des demandes de brevet touchant à des plantes conventionnelles.

En 2008, ce sont près de 500 candidatures qui ont été déposées, représentant 25% de la totalité des dossiers déposés cette année-là, contre 5% seulement en 2002 (11). La question des brevets renvoie ainsi à des enjeux fondamentaux: biodiversité, développement, santé et alimentation. Plus que la gestion des brevets à l'échelle internationale, ce sont les brevets eux-mêmes qui sont aujourd'hui à remettre en cause lorsqu'ils touchent au vivant.

©CADTEM

Références :

  1. Geneviève Azam, «Les droits de propriété sur le vivant», Développement durable et territoires [En ligne], Dossier 10: Biens communs et propriété, mis en ligne le 07 mars 2008, Consulté le 05 septembre 2009. URL: developpementdurable.revues.org

  2. Maurice Cassier, «L'extension du capitalisme dans le domaine du vivan: droits de propriété intellectuelle et marché de la science, de la matière biologique et de la santé», Actuel Marx 2003/2, n°34, p.63-80.

  3. La directive est disponible à l'adresse suivante : eur-lex.europa.eu

  4. CORIAT B., 2002a, «Du Super 301 aux TRIPS: la vocation impériale du nouveau droit américain de la propriété intellectuelle», Revue d'Économie Industrielle, n°99.

  5. Texte disponible sur le site de l'OMC à l'adresse: wto.org

  6. Législation propre à un pays.

  7. Laurence Roudart, «Appropriation des ressources génétiques végétales, implication pour les relations Nord-Sud et la sécurité alimentaire», Monde en développement, Tome 30, 2002.

  8. Jay McGown, Out of Africa: Mysteries of Access and Benefit Sharing, Washington: Edmond Institute, 2006 sur : edmondsinstitute.org

  9. Robert Ali Brac de la Perrière et Franck Seuret, «l'Afrique refuse le brevetage du vivant», Le Monde Diplomatique, juillet 2000

  10. Vandana Shiva, La biopiraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance, Paris :Alias, 2002

  11. No patents on seeds Coalition, The future of seeds and food under the growing threat of patents and market concentration, avril 2009, disponible sur: no-patents-on-seeds.org

Article fourni par : CADTM

D'autres articles intéressantes de la revue «Les autres voix de la planète»



OGM : la Commission européenne aux mains des multinationales

Niant les risques sanitaires et de destruction de la biodiversité, la Commission européenne a de nouveau cédé aux pressions des multinationales Pioneer, Monsanto et Syngenta.

Le 29 juin les ministres de l'agriculture européens n'ont pu se mettre d'accord à la majorité qualifiée pour autoriser ou interdire la commercialisation dans l'Union européenne de maïs OGM. Le 28 juillet la Commission européenne a décidé d'autoriser pour dix ans la commercialisation de six maïs et de renouveler celle du MON810 de Monsanto, maïs utilisables pour l'alimentation humaine et animale. Elle profite ainsi d'une règle absurde et anti-démocratique qui, lorsque les Etats-membres n'arrivent à dégager une majorité qualifiée, donne le dernier mot à la Commission européenne, qui n'a de compte à rendre à aucun électeur.

pas jouer !Cette décision devrait entraîner une circulation encore bien plus importante des produits transgéniques au sein de l'Union européenne. En 2009, la responsable de l'évaluation des OGM à l'Agence européenne de sécurité des aliments, Mme Renckens, a rejoint la société Syngenta, avant même que ne soit écoulé le délai de deux ans requis pour éviter la confusion d'intérêts. On peut légitimement se poser des questions sur les raisons qui ont poussé Monsieur Barroso et le Commissaire européen à la santé Monsieur Dalli à céder aux pressions des lobbies agro-industriels.

ATTAC s'oppose pour de multiples raisons à la diffusion en agriculture des produits transgéniques : évaluation totalement insuffisante des risques sanitaires et environnementaux, main-mise renforcée sur le marché des semences, qui menace directement l'autonomie des paysans et la biodiversité cultivée. La décision de la Commission européenne se heurte à l'opinion des citoyens européens, qui refusent en grande majorité les OGM et réclament une agriculture paysanne de qualité.

ATTAC continuera de se battre, avec la Coordination européenne Via Campesina, avec le mouvement des faucheurs volontaires et l'ensemble du mouvement alteramondialiste, pour bloquer la diffusion des OGM et inscrire cette mobilisation dans le débat sur la PAC 2013, pour une agriculture européenne durable qui garantisse un revenu équitable à tous les agriculteurs et qui respecte la souveraineté alimentaire.

La présidente du conseil d'administration de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA, EFSA en anglais) est aussi membre du conseil d'administration d'une association regroupant les plus grandes entreprises de l'agro-industrie. Telle est la révélation faite par José Bové, député européen (Europe écologie), lors d'une conférence de presse, à Bruxelles, mercredi 29 septembre 2010.

Les documents présentés font apparaître que Madame Diana Banati, la présidente du conseil d'administration de l'AESA, a dissimulé qu'elle appartenait aussi au conseil d'administration d'ILSI Europe (International Life Science Institute), instance dans laquelle elle côtoie des représentants de dix grandes entreprises comme Kraft Foods, Nestlé ou Danone. L'Agence joue le rôle d'expertise scientifique pour les décisions de la Commission européenne en matière de produits alimentaires, notamment les OGM (organismes génétiquement modifiés). L'Autorité n'a jamais émis un avis négatif sur plus de 100 OGM examinés.

De son côté, l'ILSI est une organisation internationale regroupant plus de 400 entreprises, dont Monsanto, Syngenta, Dupont, Nestlé et Kraft Foods. Dans les années 1980 et 1990, elle a ainsi relayé les efforts des fabricants de tabac pour affaiblir les initiatives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le tabac. à la suite à plusieurs enquêtes, l'OMS a d'ailleurs exclu l'ILSI, en janvier 2006, de la liste des organisations pouvant participer à ses activités.

Mr. Bové demande la démission de Mme Banati. «L'AESA n'a pas d'autonomie, elle est inféodée aux lobbies, juge le député, qui est également vice-président de la commission agriculture du Parlement européen. Son mode de fonctionnement doit être revu de fond en comble.» Mme Banati a fait modifier, le 28 septembre, les mentions de sa déclaration d'intérêt, telle qu'on peut la consulter sur le site Internet de l'AESA : elle y fait soudainement apparaître son appartenance au bureau des directeurs de l'ILSI.

Elle a tellement de casquettes qu'elle doit vivre à 400% et son salaire doit faire pâlir d'envie beaucoup de monde.

étude réalisée par :
ATTAC, Coordination européenne Via Campesina, Mouvement des faucheurs volontaires, Appel des 200 et l'ensemble du mouvement alter-mondialiste



Monsanto poursuivi pour "biopiraterie" par l'Inde

NEW DELHI - L'Autorité indienne de la biodiversité a annoncé, le 11 août, qu'elle allait engager des poursuites judiciaires à l'encontre du semencier américain Monsanto pour avoir mis au point une aubergine génétiquement modifiée à partir de variétés locales sans en avoir demandé l'autorisation.

Non-respect de la Loi sur la Biodiversité Biologique

C'est la première fois, en Inde, qu'une entreprise va être poursuivie pour acte de "biopiraterie", une infraction passible de trois années d'emprisonnement. Monsanto, son partenaire indien Mahyco et plusieurs universités indiennes s'étaient associés en 2005 pour mener les recherches, avec l'appui de l'agence américaine de développement Usaid, favorable aux organismes génétiquement modifiés (OGM).

manifestation contre l'aubergine OGM - Janvier 2010Le géant américain des semences Monsanto et son collaborateur indien, Maharashtra Hybrid Seeds Company (Mahyco) sont poursuivis pour avoir prétendument volé du matériel végétal autochtone afin de développer une variété génétiquement modifiée connue sous le nom "d'aubergine Bt". (Bt Brinjal). L'Autorité Nationale de la Biodiversité (ANB), un organe institutionnel créé en vertu de la Loi sur la Diversité Biologique de 2002, a décidé d'engager une procédure judiciaire contre les deux sociétés et leurs collaborateurs pour l'utilisation de matériel génétique indigène brinjal sans l'autorisation nécessaire.

Prendre du matériel végétal sans aucune autorisation et l'utiliser à des fins commerciales est considéré comme un acte de biopiraterie. «L'autorité a décidé d'utiliser des moyens légaux à l'encontre de Mahyco et Monsanto, et tous ceux concernés afin de mener le problème à sa conclusion logique», a déclaré le secrétaire de l'ANB Achalender Reddy. La décision concernant la plainte déposée par le «Environment Support Group» (ESG), basé à Bangalore, a été prise en Juin par l'ANB et a été officiellement confirmée au cours de la réunion tenue à New Delhi cette semaine.
Toute violation de la Loi sur la biodiversité est une infraction reconnue et passible de sanction ferme. L'autorité prévoit d'engager des poursuites pénales contre les prévenus. Il a fallu presque un an à l'ANB pour préparer un dossier contre les deux sociétés. Il s'agit d'un cas «test» de biopiraterie puisque c'est la première fois qu'une entité commerciale est poursuivie pour infraction à la Loi sur la Diversité Biologique. ESG avait accusé les deux compagnies semencières et leurs collaborateurs indiens, y compris l'Université des Sciences Agricoles (USA), d'utiliser du matériel génétique de six variétés locales de brinjal pour le développement de l'aubergine Bt.
Bien que Monsanto et Mahyco tentent de blâmer l'USA de Dharwad, pour avoir fourni des variétés locales de brinjal, ces accusations ne sont pas susceptibles d'affaiblir les charges portées contre eux puisque la loi ne fait pas ce genre de distinction. Même l'agence de coopération internationale américaine (USAID) qui a facilité les accords entre les universités indiennes et Mahyco devra partager la responsabilité. «C'est un développement sans précédent dans l'histoire de la conservation de l'Inde», a déclaré Leo Saldanha d'ESG qui avait déposé la plainte contre les compagnies de semences aux côtés de Bhargavi Rao. «Bien que nous soyons heureux que l'action soit enfin lancée, le fait que la NBA ait agi uniquement sur la base de notre plainte et notre persévérance est également un indicateur regrettable».
recherche OGMLorsque nous avons contacté Monsanto, la compagnie a essayé de se distancer de l'affaire en disant qu'elle n'avait pas élaboré l'aubergine Bt, mais qu'elle avait été «développée par Mahyco, avec le gène Cry1Ac rendu accessible par Monsanto, en collaboration avec plusieurs institutions du secteur public». Ceci n'est que partiellement vrai puisque Monsanto détient 26% de Mahyco, et a également un joint-venture distincte appelée Mahyco Monsanto Biotech Limited, qui gère ses affaires liées au Bt.
Il est intéressant de noter que Mahyco a également nié toute violation de la Loi sur la Diversité Biologique et a déclaré que le Conseil Karnataka sur la Biodiversité l'avait informé en avril que «l'Université des Sciences Agricoles de Dharwad violait cette loi en utilisant six variétés locales de Brinjal. La nature des accords entre l'USA de Dharwad et Mahyco est mise à l'étude par les autorités».

Monsanto a falsifié des données scientifiques, affirme l'ancien directeur de la filiale indienne Tiruvadi Jagadisan, ancien directeur de la filiale indienne de Monsanto affirme que l'entreprise «avait l'habitude de falsifier les données scientifiques» transmises aux organismes gouvernementaux afin d'obtenir les autorisations de commercialisation pour ses produits. M. Jagadisan indique avoir démissionné de ses fonctions car il avait «le sentiment que la direction de Monsanto aux États-Unis exploitait notre pays».

Le débat sur les variétés d'aubergines (brinjal) génétiquement modifiées continue de déchainer les passions. L'ancien directeur général de Monsanto Inde, Tiruvadi Jagadisan, est le dernier à avoir rejoint le camp des détracteurs de la variété brinjal Bt, et c'est sans doute la première personnalité de cette industrie à agir ainsi.

M. Jagadisan, qui a travaillé chez Monsanto pendant près de deux décennies, dont huit ans comme directeur général des opérations en Inde, s'est prononcé contre cette nouvelle variété lors d'une consultation publique qui s'est tenue à Bangalore ce samedi. Lundi, il a précisé ses dires en affirmant que la société «avait l'habitude de falsifier les données scientifiques» transmises aux organismes gouvernementaux de réglementation afin d'obtenir les autorisations de commercialisation pour ses produits en Inde.
L'ancien patron de Monsanto indique que les agences de réglementation gouvernementales, avec lesquelles la société avait l'habitude de traiter dans les années 1980, s'appuyaient uniquement sur les données fournies par l'entreprise pour décider des homologations des herbicides.

article de presse relatant une manifestation anti-OGM au NE de l'Inde«Le Bureau Central des Insecticides était censé donner son accord à partir de données spécifiques provenant de plantations et de variétés indiennes. Mais il acceptait tout simplement des données en provenance de l'étranger fournies par Monsanto. Ils n'avaient même pas un tube à essai pour valider les données et, parfois, les données proprement dites étaient truquées» a déclaré M. Jagadisan. «J'ai quitté la compagnie car j'avais le sentiment que la direction de Monsanto aux États-Unis exploitait notre pays», a précisé M. Jagadisan, aujourd'hui âgé de 84 ans. «À cette époque, Monsanto entrait dans la filière des semences et j'avais l'information selon laquelle un gène "Terminator" devait être incorporé dans les semences fournies par la firme. Cela signifiait que l'agriculteur devait acheter au prix fort de nouvelles graines à Monsanto chaque fois qu'il mettait en culture», se souvient-il. M. Jagadisan déclare que la société mère est par ailleurs revenue sur l'assurance donnée à Vasant Sathe, à l'époque ministre en charge des produits chimiques et des engrais, sur la création d'une unité de fabrication du butachlore en collaboration avec Hindustan Insecticides.

«Les négociations ont duré un an et pendant ce temps, Monsanto a importé et vendu des quantités importantes de ce produit et réalisé des bénéfices énormes» note-t-il. Prié de s'exprimer sur les affirmations de M. Jagadisan, un porte-parole de Monsanto a déclaré: «nous avons pleine confiance dans le système de réglementation indienne, qui est doté des contrôles et mesures pour s'assurer de l'exactitude et l'authenticité des données qui lui sont fournies.» Concernant l'approbation des cultures OGM, le porte-parole a déclaré que le processus réglementaire était rigoureux et qu'aucune plante «biotech» n'est autorisée sur le marché avant d'avoir subi d'importants et stricts contrôles de sécurité, suivant des protocoles scientifiques rigoureux».

Moratoire reconduit en 2011

Une dizaine de variétés existant dans les régions du Karnataka et du Tamil Nadu, parmi les 2'500 que compte le pays, avaient été utilisées pour mettre au point cette première aubergine génétiquement modifiée, destinée à être commercialisée en Inde.

BT Bringal - aubergine OGMOr, contrairement à ce qu'exige la loi sur la biodiversité votée en 2002, aucune autorisation n'avait été demandée pour utiliser des variétés locales. Les agriculteurs auraient dû notamment être consultés afin de négocier une éventuelle participation aux bénéfices tirés de l'exploitation commerciale de l'aubergine. «Monsanto était parfaitement au courant de la législation et l'a volontairement ignorée», estime Leo Saldanha, directeur de l'organisation de défense de l'environnement Environment Support Group, qui a saisi l'Autorité indienne de la biodiversité de ce cas de biopiraterie.
Contacté par Le Monde, Monsanto s'est refusé à tout commentaire. D'après l'hebdomadaire India Today, le semencier rejetterait toute responsabilité, tout en accusant ses partenaires indiens de ne pas avoir demandé les autorisations nécessaires. Mahyco, dont Monsanto est actionnaire à hauteur de 26%, a indiqué qu'il s'était contenté de fournir le gène de transformation. L'accusation de biopiraterie est un nouveau coup dur pour Monsanto, et risque de freiner le développement de ses activités en Inde.

Le moratoire décrété en février 2010, par le ministre indien de l'environnement, sur la commercialisation des aubergines génétiquement modifiées a été reconduit cette année. Et sa levée ne semble pas à l'ordre du jour. À l'époque, le Comité de consultation de génie génétique avait pourtant émis un avis favorable à la commercialisation de l'aubergine. Les opposants aux OGM espèrent que Monsanto ne sera pas autorisé à mener des recherches sur les oignons génétiquement modifiés, comme l'entreprise en a fait la demande au mois de juin.

L'Inde, qui abrite 7,8% des espèces animales et végétales de la planète sur seulement 2,5% des terres émergées, est très exposée aux risques de biopiraterie. Le sujet y est particulièrement sensible depuis qu'en 1997, des paysans du nord du pays avaient violemment protesté contre le brevetage, par le semencier américain RiceTec, d'une variété de riz basmati appelée "kasmati".

Victoire des opposants aux OGM

Afin de disposer de tous les éléments nécessaires, le gouvernement a démarré un projet pharaonique de recensement du savoir-faire en matière de médecine traditionnelle: 200'000 traitements y compris les postures de yoga ont déjà été répertoriés. Des centaines de scientifiques épluchent les traités anciens de médecine ayurvédique pour y recenser les vertus déjà éprouvées de fruits ou de plantes médicinales.

Cette "bibliothèque numérique du savoir traditionnel", qui compte 30 millions de pages et a été traduite en cinq langues, a déjà permis d'annuler de nombreux brevets. Celui déposé par une université américaine sur le curcuma pour ses vertus dans la lutte contre le cancer a été annulé à la suite d'une plainte du gouvernement indien. Et la demande de brevet déposée en 2007 par le laboratoire pharmaceutique chinois Livzon, auprès de l'Union européenne, sur la menthe et l'Andrographis (échinacée d'Inde), utilisées notamment comme traitement contre la grippe aviaire, a été rejetée.

Mais aucune de ces organisations n'avait été poursuivie en justice. «Il aura fallu six ans à l'Autorité nationale de biodiversité pour engager les poursuites», regrette Leo Saldanha. Après avoir enquêté sur une éventuelle infraction commise par Monsanto et ses partenaires, l'Environment Support Group avait donné l'alerte en février 2010. «Il faut que l'Autorité nationale accélère et multiplie les enquêtes pour lutter contre les cas de biopiraterie», insiste le directeur de l'organisation non gouvernementale.

Cette action en justice contre Monsanto constitue une victoire pour les opposants aux OGM. Seule la culture du coton génétiquement modifié est actuellement autorisée en Inde. Elle a propulsé le pays au rang de deuxième producteur mondial, devant les États-Unis. Mais ces nouvelles semences, coûteuses, sont accusées de ruiner les producteurs les plus fragiles. L'aubergine, très présente dans l'alimentation quotidienne partout dans le pays, est aussi utilisée comme offrande religieuse. Dans le temple d'Udupi, dans le sud de l'Inde, les fidèles du dieu Krishna s'étaient ainsi violemment opposés à la commercialisation de l'aubergine génétiquement modifiée. Ils craignaient de susciter la colère de leur divinité en lui offrant des légumes "impurs".

Sources :

- Dinesh C Sharma - India Today

- Julien Bouissou - Le Monde

Jean-Paul Thouny - Thérapeute énergéticien, Voiron (Isère) France
Courriel : jean-paul@energie-sante net
page web : www.jean-paul.thouny.fr


affichette MONSANTOLAND



LE COURRIER
MERCREDI 14 SEPTEMBRE 2011

La recherche agricole africaine confisquée

OGM - Biologiste et généticienne, Assetou Samaké (1) dénonce la mainmise des multinationales agrogénétiques sur les centres de recherche agricole.

CATHERINE MORAND*

swissaidAssétou Samaké est une femme pressée. Outre ses cours d'amélioration variétale à l'université de Bamako, elle est très engagée au sein de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN). Et prend régulièrement la parole pour dénoncer l'imposture des OGM qui gagnent du terrain sur le continent africain, ainsi que le dévoiement de la recherche et des chercheurs en Afrique. «Depuis quelques années, nous assistons à une véritable agression de nos paysans, de nos chercheurs, mais aussi de nos responsables politiques, afin qu'ils ouvrent toute grande la porte aux OGM», explique-t-elle. Elle évoque ces rencontres organisées aussi bien sur le continent africain qu'aux États-Unis, auxquelles sont conviés à grands frais des chefs d'États, des ministres africains de l'Agriculture, ainsi que des responsables de centres de recherche ou des leaders d'associations paysannes, avec un message clair: l'agriculture africaine a besoin des OGM et la recherche, sur le continent, doit aller dans ce sens. «On les invite, on les loge dans les plus grands hôtels, on leur montre de grands champs de plantes transgéniques, on leur dit qu'il ne faut pas rater le train des OGM, et à leur retour, ils ne jurent que par les cultures transgéniques», dénonce Assétou Samaké, qui n'hésite pas à parler d'une forme de «corruption idéologique». Du coup, constate-t-elle, le peu de ressources financières consacrées à la recherche scientifique sur le continent africain, le peu de structures existantes sont réorientées vers les OGM et les biotechnologies. «Il s'agit là d'un détournement de ressources, car les besoins des paysans africains qui assurent la majorité de la production alimentaire ne se situent pas là».

Reste que, dans un contexte de grande précarité économique, il est difficile pour un chercheur bien formé mais privé de crédits pour mener ses recherches, ou pour un centre de recherche agricole sans budget de fonctionnement, de résister aux fonds colossaux mis à la disposition par Monsanto, Syngenta, mais aussi l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), ou encore l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), pour faire de la recherche sur des variétés de mil, de sorgho ou de maïs transgéniques. «Après la corruption idéologique de nos dirigeants, vient la corruption financière de nos chercheurs, estime Assétou Samaké. Tu travailles sur les OGM, on te finance tel projet. Lorsqu'on est un chercheur appauvri et désoeuvré qui n'a pas de moyens pour travailler, on peut être tenté, mais je le déplore».

Elle évoque avec un brin de nostalgie la situation qui prévalait dans les années 1960-1970. Les États africains misaient alors sur l'autosuffisance alimentaire et une valorisation des ressources génétiques nationales. «Nous disposions alors de structures de recherche dignes de ce nom, qui avaient été nationalisées après les indépendances, explique Assétou Samaké. La recherche agricole nationale a obtenu des résultats intéressants dans l'amélioration de nos semences locales, adaptées à notre contexte.» Puis vint le temps des ajustements structurels du FMI et de la Banque mondiale, avec des coupes importantes dans le budget de la recherche; et une réorientation des politiques agricoles. «On n'a plus alors parlé d'autosuffisance alimentaire, mais de sécurité alimentaire. En clair, on nous a dit» : «Mangez ce qu'on vous apporte et taisez-vous! Ne demandez pas d'où viennent les semences, nous nous occupons de tout.»

Pour cette scientifique brillante, le fait que l'Afrique perde de plus en plus le contrôle de ses programmes de recherche scientifique, de ses ressources génétiques, de ses semences, de ses choix même en matière d'alimentation, représente une douleur, une catastrophe. «Désormais, si nos ressources génétiques sont transformées en laboratoire, c'est à notre insu, en partie dans nos pays, mais le plus souvent à l'étranger», assure-t-elle. Assétou Samaké essaye d'en savoir le plus possible sur ce qui se concocte dans les stations de recherche en matière de plantes africaines génétiquement modifiées. Par exemple, les recherches sur une variété de niébé transgénique progressent, de même que le sorgho dit «biofortifié» - en fait OGM - actuellement cultivé dans un environnement confiné. «Nous avons beaucoup de peine à obtenir les informations sur ce qui se trame dans les laboratoires de recherche, regrette-t-elle. Nous devons recouper les témoignages de paysans, de chercheurs, d'ONG, aussi, qui nous soutiennent».

C'est ainsi qu'elle a appris l'existence d'un sorgho génétiquement modifié développé par Syngenta en Suisse, avant d'être expérimenté en Afrique du Sud. Ou encore du niébé, variété de haricot consommée en Afrique de l'Ouest, qui fait l'objet d'expérimentations dans des laboratoires au Burkina Faso, pays devenu lui-même un véritable laboratoire pour toutes sortes d'expériences transgéniques, et ce dans l'opacité la plus totale. «Les tests sur les OGM sont cachés dans nos pays, parce que leurs promoteurs savent qu'il y a de la résistance», conclut-elle, bien décidée à tout faire pour accroitre cette résistance.

* Swissaid

1 - Assétou Sakamé est professeure à l'Université de Bamako, au Mali. Elle interviendra au côté de spécialistes suisses, indiens et africains de haut niveau dans le cadre de la rencontre «Quelle agriculture pour nourrir le monde ?»  organisée par Swissaid les 21 sept. à Berne et 22 à Nyon et Genève.

Particip. gratuite. Progr. et insc.:
info@swissaid.ch
Manifestations swissaid
tél : 021 620 69 70





LIENS

- News Service :   Lettre de demande
- Administration :   Communication fédérale
- Références :       Politis
- Site web POP :    OGM: l'opposition s'élargit
- Informations   infogm
- Campagnes   Greenpeace
- Recherches   avoixautre
- Coordination romande sur le génie génétique   Stop-OGM
- Programme National de Recherche   PNR 59
- banque de graines dans l'Arctique...   Pourquoi faire ?
- Groupe Oblomoff   Le futur triomphe !
<= Retour
<= OGM



Bibliographie

Marcel Mazoyer - COMPRENDRE LES AGRICULTURES DU MONDE :
«Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine»   Éditions du seuil
Considérations autour des OGM  -  Radio Suisse Romande - «Histoire Vivante»

Gilles-Eric Séralini - «Ces OGM qui changent le monde» - éditions Flammarion 2004.
Professeur et chercheur en biologie moléculaire, il est président du Conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique). Séralini étudie les effets des pesticides sur la santé. Il est expert pour l'Union Européenne, consultant pour le moratoire sur les OGM qui oppose les états-Unis à l'Europe. En France, il siège au sein de deux commissions gouvernementales chargées d'évaluer les OGM avant et après leur commercialisation.


Marie-Monique Robin - «LE MONDE SELON MONSANTO - de la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien.»
Un livre de /Coédition ARTE EDITIONS/La Découverte

Vu sur la TSR - «Le Monde selon Monsanto» - film signé Marie-Monique Robin
Leader mondial des OGM, la firme américaine Monsanto est au coeur de nombreuses polémiques. Ce documentaire d'investigation revient sur plusieurs affaires mettant en cause la multinationale. Pressions, corruption et rapports mensongers font partie des pratiques de ce géant de l'agro-alimentaire. Une entreprise qui a également su noyauter l'administration américaine afin de s'assurer un regard bienveillant sur ses activités douteuses.

Écoute sur la RSR - Histoire Vivante
Les avis sont des plus partagés à l'heure où s'ouvre le dossier des OGM (organismes génétiquement modifiés) et plus largement les nouvelles techniques scientifiques et industrielles qui touchent au vivant : Radio Suisse Romande



Dossiers préparés par ©Georges Tafelmacher & SuisseForum


blé












  ce site est hébergé par
LeVillage.Org
-   Études OGM  -
DATE DE CRÉATION : 31.07.2007  -   DERNIÈRE MODIFICATION : 01.10.2011
par:   Georges Tafelmacher   Copyleft © 2007   TAFELMACHER-GEORGES.COM
All Rights to serve.

Valid XHTML 1.0 Transitional