Les journaux rapportent et les articles pleuvent !
Compte rendu des articles produits par les divers journaux de Mai 2007 à Avril 2008 :
Georges Tafelmacher
À Gauche Toute!
POP/GeM section Lavaux-Oron
La perspective de voir du blé transgénique pousser à proximité de leurs jardins n'enchante pas les Pulliérans.
La demande d'autorisation de faire pousser des organismes génétiquement modifiés (OGM) à Pully, déposée par l'Université et l'Ecole polytechnique de Zurich, ne plaît pas aux Pulliérans. Dans le voisinage du terrain de l'Agroscope, où du blé transgénique pourrait pousser dès l'an prochain, on affiche volontiers sa méfiance.
Le but de la recherche, outre vérifier la résistance du blé à certains champignons, vise à se rendre compte de l'impact de telles cultures sur l'environnement. «Cette idée ne me plaît pas, témoigne Geneviève Dewolff, une voisine de la station fédérale. Nous avons un grand jardin et j'ai un peu peur de la contagion.»
Une fois la méfiance exprimée, la majorité des témoignages soulignent le manque de connaissances sur ce sujet. «Je n'y connais rien, mais je me demande comment ils peuvent installer des recherches sur le blé au milieu de vignes qui servent déjà à la recherche», s'interroge une autre voisine. Pas particulièrement opposée à la recherche scientifique, Suzette Sandoz avoue également son ignorance. «Mais j'aime autant que ce soit testé chez nous qu'ailleurs; comme ça, je pourrai les surveiller depuis mon jardin», plaisante-t-elle.
«J'espère au moins que notre municipal écologiste aura son mot à dire !» soulignent plusieurs personnes. Justement, Jean-François Maire s'attendait à cette remarque, bien que le dossier ne fasse pas partie de son dicastère. «Nous n'avons été avertis que très récemment et c'est le début d'une histoire qui va faire des vagues, prédit-il. La Municipalité n'a encore rien décidé mais j'imagine que nous allons devoir faire un travail d'information au public.»
Le dossier peut être consulté au Service de l'urbanisme et de l'environnement, ch.de la Damataire 13, à Pully.
ALAIN DÉTRAZ ©24 Heures
Ce soir, la question de l'implantation de blé transgénique à Pully sera débattue en public. De nombreuses questions en perspective.
L'an prochain, du blé transgénique devrait être planté à Pully, sur les terres de la station de recherche Agroscope. Dans la commune, les réactions ont été pour le moins mitigées à l'annonce de la nouvelle (24 heures du 19 mai). Ce soir, les Pulliérans pourront se faire une idée plus précise sur la question des organismes génétiquement modifiés, puisqu'une séance d'information a été organisée par les Verts. Scientifiques, juristes, écologistes... Plusieurs intervenants seront chargés de répondre aux questions.
«On aimerait éviter un débat pour ou contre les OGM, précise Madeleine Baumann, conseillère communale Verte, qui sera chargée de modérer les débats. Le but est que chacun obtienne les éléments qui lui permettront de s'exprimer dans le débat démocratique.» C'est que la demande d'autorisation de faire pousser des OGM est encore pendante, jusqu'au 14 juin. Et, en principe, chacun pourrait s'y opposer.
Dans la pratique, les chances de voir une opposition être acceptée semblent bien maigres. Le moratoire accepté par les Suisses en 2005 prévoit justement d'autoriser la culture expérimentale d'OGM. «Face à cette volonté, les oppositions de principe ne pèseront pas lourd, prédit le professeur de droit Denis Piotet. A moins qu'il y en ait énormément, ce qui pourrait contraindre le politique à prendre le pas sur la procédure.» Raz de marée mis à part, les éventuels opposants devront s'appuyer sur des faits concrets. «Dans mon jardin à Pully, j'ai des orchidées sauvages qui sont protégées par une loi, illustre Denis Piotet. Peut-être les expériences pourraient-elles leur porter préjudice ?»
Entre digestion des vers de terre et mildiou
Les plantations de blé transgénique à Pully viseront en effet à évaluer les risques de sa dissémination dans l'environnement. Plusieurs essais sont prévus, dont certains pourraient même faire sourire, à l'exemple d'un test visant à savoir si le blé transgénique est digeste pour les vers de terre. Une espèce de blé résistante à l'oïdium sera également semée. Les vignes, elles aussi attaquées par ce champignon microscopique, seront-elles touchées par cette expérience? Et qu'en est-il des légumes cultivés dans les jardins potagers de la région? C'est le docteur Arnold Schori, chef de la section Amélioration des plantes et ressources génétiques de Changins, qui explicitera les expérimentations prévues à Pully.
Séance d'information sur les OGM, soir à 20h au foyer de la Maison Pulliérane. Entrée libre.
ALAIN DÉTRAZ ©24 Heures
VAUD - La dissémination d'OGM inquiète la population, comme l'a montré une séance d'information organisée par les Verts à Pully.
«La majorité des consommateurs suisses ne veulent pas d'OGM, et les paysans ne sont pas intéressés à en cultiver.» Venant d'Arnold Schori, responsable de la recherche génétique à l'Agroscope de Changins, le constat en a étonné plus d'un, mercredi dernier à Pully. Une centaine de personnes étaient venues assister à une séance d'information, organisée par les Verts de Lavaux, sur le projet de dissémination de blé génétiquement modifié à Pully. Avec, pour la majorité d'entre elles, beaucoup de scepticisme et d'inquiétude.
L'essai en question constitue l'un des volets d'un programme national de recherche. Il impliquera des chercheurs de plusieurs institutions publiques, telles que l'EPFZ et l'Agroscope Changins-Wädenswil. Le but étant de déterminer si des variétés de blé génétiquement modifié se montrent ou non plus résistantes à l'oïdium, une maladie bien connue des agriculteurs et viticulteurs.
Mais voilà, si les principaux concernés rejettent les OGM, à quoi - ou à qui - sert cette recherche? «L'un des principaux intérêts est d'avoir des institutions en Suisse capables de faire ce type d'essais», a répondu Arnold Schori, déclenchant une vague de rires dans la salle. C'est que les préoccupations des scientifiques paraissent encore très abstraites à une population qui a des attentes et des craintes concrètes. Les OGM sont-ils nocifs pour la santé? Le blé semé à Pully ne risque-t-il pas de contaminer les terrains alentours?
Sur le plan sanitaire, le programme national de recherche, doté de 12 millions de francs, n'apportera pas de réponse. C'est d'ailleurs un des motifs de mécontentement de la Coordination StopOGM. Son secrétaire général Sylvain Fattebert a regretté, mercredi à Pully, que «le concept même du programme de recherche exclue les questions relatives à la santé pour des raisons essentiellement financières».
Quant aux risques de propagation des OGM hors de la parcelle dévolue aux essais à Pully, les chercheurs les qualifient, dans la demande qu'ils ont adressée à l'administration fédérale, de "juridiquement non pertinents". Une affirmation qui a fait réagir un autre intervenant, le professeur de droit à l'université de Lausanne Denis Piotet. «C'est une question qui doit être soumise à l'appréciation de l'autorité, ce n'est pas au demandeur de le dire», s'est-il exclamé.
Arnold Schori a souligné que le lieu d'expérimentation était éloigné des cultures, et que la santé des hommes et des animaux n'était pas mise en danger. «Je me baladerai en short dans cette parcelle, il ne faut pas voir ces plantes comme quelque chose de démoniaque !»
Le projet doit encore recevoir le feu vert de l'Office fédéral de l'environnement. Les citoyens directement concernés et les associations de protection de l'environnement ont jusqu'au jeudi 14 juin pour faire opposition.
MICHAËL RODRIGUEZ ©LeCourrier
Le Régional du vendredi 22 Juin 2007 n°377
DÉBAT - Une centaine de personnes ont participé à la séance organisée en vue de l'implantation de blé transgénique à Pully.
Les Pulliérans semblent en connaître un rayon, en matière de génie génétique. Du moins ceux qui se sont déplacés mercredi soir à la séance d'information organisée en vue des essais à ciel ouvert prévus à la station de recherche du Caudoz, à Pully. Un responsable de ce programme de recherche sur du blé transgénique était présent pour soutenir le projet. Face à de nombreuses questions, souvent pointues, il a tenté d'apaiser les craintes.
«Le pollen du blé transgénique va-t-il contaminer mes framboises ?» Voilà le genre de question qui n'a pas été posée mercredi soir. Parmi la centaine de personne présentes à la séance, nombreuses étaient-elles à n'avoir aucune inquiétude pour leurs fruits. Visiblement bien informées, leurs préoccupations ont parfois rejoint les questions que devra se poser l'Office fédéral de l'environnement, qui décidera dans plusieurs semaines s'il accepte le projet de recherche tel que présenté, ou s'il juge ses critères de sécurité insuffisants.
Les critiques ont d'abord fusé de la part des intervenants. Les Verts de Pully-Lavaux, organisateurs de la séance, regrettaient que la recherche ne prévoit pas de volet concernant les risques sur les humains. «Pas nécessaire, puisque ce blé n'est pas destiné à la consommation; il sera récolté à la main et détruit», a répondu Arnold Schori, chef de la Section amélioration des plantes et ressources génétiques, à la station de Changins.
«Apprenti sorcier», «le risque zéro n'existe pas en matière d'OGM, même s'il est minime», «vos recherches sont-elles vraiment neutres et indépendantes ?», «danger de dissémination», «le pollen transgénique est-il plus allergène ?»... Pas étonné par les remarques suscitées par la question des OGM - d'ailleurs, ni les consommateurs, ni les paysans suisses n'en veulent dans leur assiette - Arnold Schori a calmement contredit toutes ces préoccupations.
Pour le chercheur, l'objectif des essais pulliérans n'est pas que scientifique: «Il est important qu'un organe public, financé par le public, sache réaliser ces expériences pour garantir une expertise neutre.» Car selon lui, l'avenir ne se fera pas sans OGM, même s'il ne milite pas pour. «Cent millions d'hectares dans le monde en sont déjà semés, dit-il. Et l'Europe commence à céder face à la pression.» Pas de quoi rassurer les Pulliérans, qui auraient bien cuisiné le chercheur encore un moment s'il n'avait pas fallu libérer la salle. Chacun peut encore s'opposer au projet, jusqu'au 14 juin.
ALAIN DÉTRAZ ©24 Heures
CONTESTATION - Le projet de recherche sur du blé transgénique à Pully catalyse le mécontentement. Outre des riverains, plusieurs organismes s'y sont opposés. Le dossier poursuit son cours au sein de l'Office fédéral de l'environnement qui devra trancher. De nombreuses oppositions ont été enregistrées à Berne contre l'expérimentation de blé transgénique à Pully. Le parti POP de Lavaux-Oron lance une pétition.
Le projet de dissémination de blé transgénique à Pully suscite une vague de mécontentement. Au cours des trente jours d'enquête publique, de nombreuses oppositions ont été enregistrées auprès de l'Office fédéral de l'environnement. Les réactions s'inscrivent contre le projet conjoint de l'Université de Zurich et de l'EPFZ de tester la culture en plein air d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Les essais devraient durer deux ans et débuter en mars 2008 à Pully, sur le site de la station fédérale de recherche du Caudoz.
Sur les vingt-neuf oppositions déposées à Berne, seules deux concernent le site d'expérimentation de Reckenholz, dans le canton de Zurich. Les contestataires se concentrent donc sur le site de Pully. Faut-il y voir une mauvaise humeur propre aux Welches? L'examen d'une carte est plus révélateur. En effet, contrairement au site alémanique, l'Agroscope pulliéran est situé au coeur d'une zone résidentielle, entourée de jardins. Visiblement, la proximité dérange.
Sur les vingt-sept oppositions liées à la recherche génétique à Pully, l'Office fédéral de l'environnement se refuse à en dévoiler les auteurs. Il ne le fera que lorsqu'il aura décidé quels opposants peuvent être considérés comme interlocuteurs légitimes. Cela se fera à la fin du mois d'août, au terme d'une consultation auprès de différents départements. Si l'on ne connaît pas le nom des particuliers qui se sont opposés, on sait toutefois que les voisins directs de l'Agroscope seront sans doute considérés comme les plus légitimes à s'exprimer.
Oppositions de gauche
En revanche, plusieurs organes ont déjà fait connaître publiquement leur action, à gauche de l'échiquier politique notamment. Ainsi, les Verts vaudois se sont formellement opposés au projet, ainsi que Greenpeace et le POP vaudois. Le POP du district de Lavaux-Oron vient également de lancer une pétition. Celle-ci vise à contraindre la commune de Pully à «agir auprès de la Confédération pour interdire la dissémination d'OGM sur le territoire communal». A l'instar des autres opposants, les pétitionnaires reprochent notamment aux scientifiques de ne pas s'intéresser aux dangers que pourraient représenter les OGM pour l'humain. «Le type d'expérimentations prévues à Pully a déjà été réalisé en Europe, il n'y a pas d'intérêt à le refaire en Suisse», constate Julien Sansonnens, président du POP Lavaux-Oron. Un autre point contesté, plus juridique, se base sur un non-respect présumé de la loi sur le génie génétique.
Le délai de consultation publique étant échu, la pétition pourrait arriver un peu tard. Mais, au cas où un raz de marée de signature parvenait à la municipalité de Pully, celle-ci pourrait encore intervenir auprès du canton, qui sera lui aussi consulté par l'Office fédéral de l'environnement. «Une pétition n'est pas contraignante, objecte Jean-François Thonney, syndic de Pully. Mais nous avons fait acte de présence en nous portant comme partie prenante à cette consultation et entreprendrons des démarches s'il y a vraiment un raz de marée de signatures.»
ALAIN DÉTRAZ ©24 Heures Edipresse Publications SA
RÉGIONS : VAUD - Des habitants se mobilisent contre les essais de dissémination d'OGM. Enquête sur les raisons d'une peur.
Aujourd'hui, c'est un champ de blé comme les autres, à quelques pas du centre de Pully, dans le canton de Vaud. Demain, il se métamorphosera peut-être en laboratoire d'organismes génétiquement modifiés. En retrait, le Centre viticole du Caudoz domine la parcelle. La station de recherche appartient à la Confédération et dépend de l'Agroscope Changins-Wädenswil. C'est ici que l'EPFZ projette de réaliser son étude. Elle veut savoir si le blé "manipulé" résiste mieux que son cousin "conventionnel" aux champignons qui terrassent les épis.
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) va prendre une décision avant la fin du mois d'août. Pour l'infléchir, une troupe bigarrée de citoyens de la commune part en campagne contre le projet. Presque par hasard, au détour de la récolte de signatures en faveur du référendum qui s'en prend à l'autonomisation du Service cantonal des automobiles et de la navigation.
Une recherche responsable
Julien Sansonnens, président du POP, section Lavaux-Oron, brandit la pétition de son parti, prêt à chevaucher l'inquiétude populaire. Il évoque les incertitudes qui planent sur la dissémination d'OGM en plein champ. En pleine ville. Le sens de la recherche, de cette recherche, lui échappe. Des expérimentations semblables ont fleuri un peu partout, les cultures génétiquement modifiées ne manquent pas aux quatre coins du monde. Les résultats sont connus, explique-t-il. En revanche, les essais planifiés escamotent à son avis les menaces sur le vivant, sans parler de l'impact sur les eaux et les airs. Même si la lecture de la demande d'autorisation adressée à l'OFEV révèle qu'on s'intéressera aussi aux effets sur d'autres organismes, tels qu'insectes et plantes sauvages. Selon les chercheurs, la dissémination proprement dite ne présenterait pas de risques pour l'environnement proche. L'étudiant en sociologie doute toujours. Il revendique le principe de précaution.
Julien Sansonnens n'est pas contre la recherche, d'ailleurs personne ne l'est. Seulement, il en souhaite une autre vouée au bien-être du plus grand nombre et non aux intérêts de l'industrie agroalimentaire. Une "alter-recherche", qui sait? Il a voté pour le moratoire sur les OGM en 2005. Il fallait profiter du temps gagné pour explorer ce territoire inconnu, où profit et irrationnel parasitent déjà toute réflexion, regrette-t-il. Il craint que l'expérience ne se transforme en une ronde à la gloire des OGM avec visites de classes, animations, ateliers et dégustations des produits du terroir. Le militant popiste dénonce demi-mot et dérobades autour de l'opération. Habitants et riverains auraient appris par la bande, par la presse, la dissémination future sur leur commune.
Quant aux autorités, contactées par la direction de la station, elles ont choisi la neutralité. «Nous n'avons pas à dire oui ou non à ce projet», assure le syndic socialiste, Jean-François Thonney. Toutefois, la municipalité redoute des "réactions disproportionnées", notamment de la part des "milieux proches de la protection de la nature", écrit-elle dans une lettre envoyée à la direction de l'Agroscope. Le syndic coupe court: le moment venu, la pétition sera transmise à la Confédération et à l'OFEV, qui trancheront en tenant compte de toutes les oppositions et des raisons des chercheurs.
Un millier de signatures
Julien Sansonnens rêve d'un millier de signatures, il y en a plus de 300 à ce jour. Porte-à-porte, marchés, pavés, il bat les rues. Il rencontre des piétons. Qui épousent la cause, loin de la fatalité ambiante: «Qu'est-ce que vous voulez faire ?» Ethel Bonvin, retraitée, ancienne employée de l'Université de Lausanne, a découvert le vertige de la lutte, le plaisir du combat. Au nom de ses petits-enfants. C'est la première fois qu'elle s'engage à corps perdu pour le bien commun. «On ne veut pas être empoisonné», scande-t-elle. Elle se dit que, moratoire ou pas, la recherche avance.
Contester avec les bons mots
Ethel Bonvin dénonce la communication défaillante, tronquée, muette. Ce sont les Verts locaux qui ont dû organiser une rencontre d'information. Remuant dans son appartement, elle aimerait connaître par coeur les biotechniques pour contester le projet avec les "bons mots". Il lui faudrait un Albert Jacquard "transgénique", afin de répondre aux questions qui l'habitent. Mais quel chercheur oserait affronter la communauté scientifique, se demande-t-elle. Le souvenir de la vache folle remonte à sa mémoire. A tort ou à raison. La peur mélange le faux et le vrai.
A l'extrême gauche dans une Pully libérale, Julien Sansonnens fustige les failles du projet. Voisin de jardins où le blé "naturel" déménagerait déjà, soufflé par le vent, comme l'indique un riverain. Le popiste fait le compte des filets, barrières, gardes promis pour isoler le site. Il sera littéralement confiné, pris dans une serre virtuelle plantée au coeur d'un quartier résidentiel, affirme-t-il.
Georges Tafelmacher, libertaire, anarchiste et réparateur de meubles, approuve. Dans son atelier à la Gepetto, il voudrait élargir le débat. Bouleverser les notions de progrès, de croissance. Il est intarissable, de Henry Ford aux jeunes en rupture, contre l'agriculture extensive, intensive, qui brade les niches, l'autonomie alimentaire. Il convoque la planète entière, empile les exemples, brasse la pensée. Les OGM, à ses yeux, trahissent une dérive globale. La dérive de l'humain qui égare son âme. Surgi de la sciure, père de Pinocchio, il gronde: «La nature ne mélange pas les espèces, l'homme si.» Alors, il n'en veut pas. Il s'imagine les faucheurs de blé OGM déferler sur le champ et le tondre, à la gloire de José Bové.
Sans prêcher la piraterie écologiste, Julien Sansonnens croit que la pétition fera barrage à l'expérimentation. Comment ne pas entendre les préoccupations des habitants? Le propriétaire d'une maison se console : «Au moins, on pourra la surveiller de près, la culture d'OGM.»
Le champ de blé ondoie sous le courant d'ouest. Encore inoffensif.
Pully s'oppose en masse à la dissémination de blé OGM. Sur les 29 oppositions de citoyens et d'organisations ainsi que les 10 avis d'associations adressés à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) contre les trois demandes de dissémination de plantes génétiquement modifiées de l'Université de Zurich et de l'EPFZ, 27 émanent de la ville à l'est de Lausanne.
Les essais doivent être réalisés, de 2008 à 2010, également à Reckenholz, en ville de Zurich.
Les demandes de dissémination avaient été déposées à l'OFEV en février 2007. Tous les opposants entendent également faire recours auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF) si la décision de l'OFEV est favorable aux disséminations prévues. La décision de l'OFEV est attendue avant la fin du mois d'août.
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OGM - Y aura-t-il un champ de blé génétiquement modifié dès le printemps prochain dans la banlieue dorée de Lausanne? Vingt-sept association de protection de l'environnement ont déposé recours à Berne.
Le marché de Pully, ses étals de produits frais de la région... Au coeur de la ville, les gens s'y pressent. Quelques rues plus haut se trouve l'Agroscope, entouré de vignes. C'est là que l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a prévu de planter du blé transgénique. Sa décision tombera à la mi-août.
Tout commence le 15 mai, lorsque l'OFEV publie la demande de l'Université de Zurich et de l'EPFZ. Les deux hautes écoles veulent réaliser des expériences en plein air dans un champ à Pully, qui dépend de l'Agroscope, la station de recherche agronomique. Officieusement, cela faisait un moment déjà que lettres et coups de fil s'échangeaient. Jean-François Thonney, syndic de Pully, avoue que l'annonce de cette expérience à Pully a été apprise de manière "assez brutale" par le directeur de la station de Changins. Un mois plus tard, la municipalité lui écrit qu'elle n'entend pas s'opposer à ce projet, non plus qu'elle ne souhaite le "cautionner formellement".
Les craintes sont là
Prudent, le syndic rappelle que sa municipalité "n'a aucune compétence en la matière". "Scientifique de formation", Jean-François Thonney se fie aux garanties données par l'EPFZ et attendrait de la part des opposants des "arguments objectifs". Mais objectives ou pas, les craintes de la population sont manifestes. Qu'en est-il donc de l'information? «Comme ce n'est pas un projet de la commune, c'est à la station de Changins de faire l'information.» La Municipalité de Pully demande à la station de Changins, à l'OFEV et à l'EPFZ de «prendre toutes les précautions utiles pour limiter les inévitables remous qu'une telle expérience pourrait engendrer». Car en 2005, la dernière fois que les citoyens de Pully avaient donné leur avis sur ce sujet, ils avaient approuvé à 56% l'initiative pour un moratoire sur les OGM.
Les OGM? "Pas normal"
A Pully, la plupart des habitants rencontrés se disent opposés à ce projet. Sur la place du marché, entre la fleuriste et un stand de vêtements, trois popistes interpellent les passants. Jean Wuhrmann, habitant de Pully, explique : «J'ai signé la pétition parce que le pollen essaime et peut contaminer d'autres cultures.» Il sait que ce n'est qu'une expérience, «mais quand on met son doigt dans l'engrenage, on ne sait pas où ça va finir.» Un peu plus loin, Edith Martin, maraîchère, tient un stand de fruits et légumes. Elle aussi a signé la pétition et trouve que la culture de blé transgénique, «ce n'est pas normal».
Direction l'Agroscope, situé sur les hauts de la cité dans un quartier cossu. Un champ de blé ondule déjà sous le vent. Pas encore transgénique. Il permet de "tester" le sol avant les expériences avec du blé génétiquement modifié.
Odette Taverney, voisine et retraitée, confie: «J'ai déjà signé la pétition. Je suis vraiment contre. On ne sait pas trop ce qu'on risque, ce que risquent les autres cultures. On nous dit qu'il n'y a pas de danger, mais avec le vent, ça s'envole et ça va dans les autres champs.» La dame regrette d'ailleurs "après coup" de n'avoir assisté à la séance d'information du 6 juin organisée par les Verts. Elle aurait voulu poser des questions.
Une "recherche active"
Croisé un peu plus haut, Mathieu, la vingtaine, est plus hésitant: «Je suis plutôt opposé parce que je suis très attaché à la vigne, mais pour ce qui est du blé transgénique en lui-même, je ne sais pas trop.» Il y a aussi, selon lui, des points positifs dans ces expériences. C'est également l'avis de Jean-Marie Marletaz, président du Parti libéral du lieu. Il reproche à la gauche et à l'extrême gauche de «diaboliser les OGM». Pour lui, «c'est normal que la recherche soit active». Ce qui ne l'empêche pas d'être contre la production d'OGM.
Dans la région, la publication de la demande a suscité une levée de boucliers des associations de protection de l'environnement. Vingt-sept d'entre elles ont déposé à l'OFEV une opposition à ce projet. Pour ne pas être en reste, le POP de Lavaux-Oron lance une pétition pour dénoncer le manque d'information à la population et critique l'absence de réponses sur la dangerosité des OGM. La pétition a récolté, un mois après son lancement, environ 400 signatures. Les popistes souhaitent atteindre 1000 signatures pour le 15 septembre.
UNE ETUDE PARMI VINGT-SEPT
Les OGM sont des organismes génétiquement modifiés par l'action humaine, grâce à des manipulations génétiques. Les applications sont multiples, et peuvent servir par exemple dans l'alimentation, l'agriculture, l'industrie, la santé, la médecine, etc. Le projet de Pully est l'une des 27 études d'un projet du Fonds national suisse (FNS). Il a été chargé par le Conseil fédéral afin d'établir les risques et l'utilité de la dissémination des plantes génétiquement modifiées (PGM). II s'agit également d'étudier les risques aux niveaux juridique et éthique, en plus des risques biologiques. A Pully, l'Université de Zurich et l'EPFZ veulent tester la résistance du blé génétiquement modifié aux champignons et son impact sur les organismes vivants environnants. Une expérience similaire doit également être réalisée à la station de Reckenholz, aux abords de la ville de Zurich. Ces deux expériences devraient se faire de mars 2008 à la fin 2010. Les Romands sont-ils plus sensibles à l'écologie ou la situation géographique des stations joue-t-elle un rôle? Toujours est-il que sur les 29 oppositions aux projets des deux hautes écoles, 27 viennent de la région vaudoise. La station de Reckenholz, elle est loin de toute habitation. (CCN)
CATHERINE CATTIN ©LE COURRIER
CATHERINE CATTIN ©Le Régional du 10 août 2007 et La Liberté
Selon les derniers sondages, 84% de la population suisse serait contre les OGM. Mais pourquoi? Que leur reproche-t-on du point de vue de leur consommation ?
Je sais qu'on craint leur dissémination, mais pourquoi ne devrait-on pas manger un aliment fabriqué avec un produit OGM, par exemple? Serions-nous empoisonnés? Peut-être que quelqu'un de compétent pourra répondre à cette question et justifier la phobie du peuple suisse à l'égard des OGM.
Je pense qu'une grande partie des ennemis des OGM est aussi en faveur des aliments biologiques. Or il y a là une contradiction un peu semblable à celle des antinucléaires qui sont pour la diminution des émissions de C02 dans l'atmosphère. Je m'explique. La culture biologique demande que l'on renonce aux engrais et aux pesticides chimiques. Or une des applications dans le domaine des OGM est de produire des plantes qui savent se défendre elles-mêmes contre les attaques de leurs ennemis, qui n'ont donc pas besoin de produits chimiques. En somme, les OGM permettent précisément de faire de la culture biologique. Les engrais modernes et les pesticides ont permis de doubler la production d'aliments pas unité de surface. C'est bien. Mais il faut une surface cinq fois plus grande pour la même production en mode biologique. C'est possible chez nous mais impossible dans beaucoup de pays du tiers-monde dont les terres arables sont trop rares.
Dans ces pays où règne souvent la faim, où les aliments produits sont fréquemment détruits par les insectes et les rongeurs, des OGM adaptés permettraient de sauver des milliers de vies. Il en est de même des aliments irradiés qui ne pourrissent plus et dont on a si peur chez nous. On nous fait croire qu'ils sont radioactifs alors qu'ils sont simplement stérilisés et peuvent se conserver beaucoup plus longtemps. Quoi que nous fassions, nous mangeons déjà aujourd'hui directement ou indirectement des OGM et nous ne nous en apercevons pas.
Refuseriez-vous des OGM s'ils pouvaient un jour sauver votre vie? A méditer cet été...
Frédéric Rapp ©Le Régional
BLÉ TRANSGÉNIQUE: La Confédération a donné son feu vert à des essais de culture de blé transgénique, à Zurich et à Pully. Dans la cité vaudoise, une pétition circule et un recours se prépare.
Pour l'instant, ça ressemble à un champ comme un autre. Mais, dès 2008, du blé transgénique pourra pousser sur cette parcelle du Centre viticole du Caudoz, à Pully. L'Office fédéral de l'environnement a donné hier son feu vert à trois demandes de l'Université de Zurich et de l'EPFZ pour des disséminations expérimentales de plantes génétiquement modifiées, à Zurich et à Pully. Dans la cité alémanique, seuls deux opposants se sont manifestés. Et aucun n'a la possibilité de recourir.
A Pully, les essais prévus dans un champ bordé d'habitations font bondir. Sur les vingt-sept opposants déboutés, onze peuvent faire recours dans les trente jours, car ils habitent dans un rayon d'un kilomètre autour de la parcelle appartenant à la station fédérale de recherche. Une action juridique commune s'organise, soutenue par la section Lavaux-Oron du POP.
Cette section a aussi lancé en juillet une pétition, qui a déjà recueilli 700 à 800 signatures. La récolte des paraphes se poursuit jusqu'au 15 septembre. «Nous tenterons ensuite de faire pression sur le pouvoir politique, mais la commune n'a, semble-t-il, rien à dire sur l'utilisation de ce terrain de la Confédération», analyse Julien Sansonnens, président du POP Lavaux-Oron. Le syndic de Pully, Jean-François Thonney, n'a pas répondu hier à nos sollicitations répétées. Il avait déclaré en juillet qu'il faudrait un «ras de marée de signatures pour que la commune entreprenne des démarches».
Recours en vue
La voie du recours semble plus prometteuse. «J'irai jusqu'au bout», s'insurge Ethel Bonvin. Cette opposante pourra presque voir pousser les blés de sa fenêtre. «Il n'est pas normal d'autoriser de telles expériences si près des maisons.» Les terrains devront être clôturés et une distance de 300 mètres devra être respectée avec d'autres cultures. Mais ces exigences ne convainquent pas. Pour beaucoup, le recours servira à exprimer tout le mal qu'ils pensent des OGM. «Je n'en veux ni à côté de chez moi ni ailleurs», commente Monique Félix, autre opposante.
Cours public de fauche
Le mécontentement dépasse largement l'Est lausannois. En juin, quatorze organisations avaient déjà tiré la sonnette d'alarme. Hier, Pro Natura et Greenpeace dénonçaient à nouveau le non-respect de la loi sur le génie génétique, qui exige des expérimentations en milieu confiné avant d'autoriser une dissémination expérimentale dans l'environnement. Les Verts vaudois ajoutent que leurs membres et électeurs qui vivent près de cette zone, ou la traversent pour se rendre au terrain de sport tout proche, «craignent pour leur santé».
Le POP vaudois organisera un cours public de fauche. Et «pas pour le plaisir d'apprendre les travaux des champs», indique son instigateur, le popiste Josef Zisyadis. Julien Sansonnens modère: «C'est une provocation, pas un appel au sabotage. Mais les initiants devront prendre leurs responsabilités en cas de débordement.»
Crédit photo | EXPÉRIMENTATION: Les essais sont prévus au sud de la station fédérale de Caudoz, à Pully, sur le champ situé entre les vignes et les maisons. | FLORIAN CELLA
le "cours de fauchage" organisé par le POP en septembre 2007.
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BLÉ TRANSGÉNIQUE - La pétition contre les essais de culture prévus dans la commune dès 2008 sera déposée ce soir au Conseil.
Les OGM s'invitent au Conseil communal de Pully. La question n'est pas à l'ordre du jour, mais les opposants à la culture expérimentale de blé transgénique prévue à Pully dès 2008 vont tenter de la remettre sur le tapis (24 heures des 5 et 6 septembre). Le POP Lavaux-Oron, non représenté au conseil, déposera sa pétition à 19 h 30 auprès du président de l'assemblée. Le document demande à la municipalité de tout mettre en oeuvre pour «interdire la dissémination d'OGM sur le territoire communal». Il totalisait hier 1260 paraphes. «La commune dispose d'un moyen d'action, puisque la Confédération lui a reconnu le droit de faire recours auprès du Tribunal fédéral. Nous demandons qu'elle en fasse usage», développe le popiste Julien Sansonnens.
Forum sur le Net proposé
Du côté des élus, les Verts déposeront une interpellation pour connaître les intentions de la municipalité. «Notre groupe n'a pas obtenu le droit de faire recours, la commune si, nous aimerions qu'elle prenne le relais», explique là conseillère Irène Gardiol. Ils demanderont s'il est prévu de donner la parole aux citoyens, via un forum sur internet par exemple. Les écologistes s'interrogent aussi sur les mesures de sécurité prévues en cas de débordements, et demandent qui prendra en charge les frais de surveillance du site, pour lequel la Confédération ne prévoit, selon eux, pas de gardien.
Les socialistes, en revanche, ne s'opposent pas à ces essais. «La municipalité n'a aucun moyen d'intervenir, mais nous aimerions lui demander qu'elle soit mise au courant systématiquement des observations du groupe de suivi qui sera mis en place», annonce la présidente du groupe, Edna Chevalley.
Du côté de la droite, aucune intervention n'est annoncée. «Nous ne pouvons rien faire. Le projet est conforme à la loi. La commune ne va donc pas dépenser de l'argent inutilement», résume Lydia Masmejan, présidente du groupe libéral. L'UDC a néanmoins appelé à signer la pétition.
Quoi qu'il se passe au Conseil, le POP et les Verts maintiennent leur intention de soutenir les onze riverains qui ont obtenu le droit de faire recours.
CAROLINE RIEDER - © 24 Heures
Vaudric Rapp - © 24 Heures
A des fins scientifiques, des OGM pourront être cultivés en plein champ à Pully et Zurich. L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) vient de répondre favorablement aux demandes qui lui avaient été adressées par l'Uni de Zurich et l'EPFZ. Les réactions ne se sont pas fait attendre.
La décision était très attendue. Mardi, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a rendu son verdict concernant les trois demandes de culture en plein champ de plantes génétiquement modifiées qui lui avaient été adressées ce printemps par l'Université de Zurich et l'EPFZ. «Sous certaines conditions très strictes», il donne le feu vert à ces essais d'OGM prévus à Zurich et à Pully (VD) dès 2008.
Ces essais porteront sur des blés transgéniques dont il s'agit d'observer le comportement en milieu naturel. «L'OFEV a consulté les services fédéraux et cantonaux concernés et a obtenu l'approbation de l'Office fédéral de la santé publique, de l'Office fédéral de l'agriculture ainsi que de l'Office vétérinaire fédéral», a précisé mardi à Berne lors d'une conférence de presse Bruno Oberle, directeur de l'office. Ceci dit, des mesures supplémentaires de sécurité seront exigées. Avant la fin de l'année, les chercheurs devront compléter leur dossier en donnant plus de détails sur les plantes utilisées, mais aussi sur les procédures d'expérimentation.
En novembre 2005, le peuple suisse a approuvé un moratoire sur les OGM interdisant leur culture et leur commercialisation sur le sol helvétique jusqu'en 2010. La recherche ne tombe cependant pas sous le coup du moratoire. Au lendemain de la votation, le Conseil fédéral a mandaté le Fonds national de la recherche scientifique (FNS) pour assurer la mise en oeuvre d'un vaste programme d'études sur les OGM, aussi bien dans le but de mesurer les risques et les avantages qu'ils peuvent présenter. Sur les presque cent dossiers qu'il a reçus de différents instituts, le FNS en a sélectionné vingt-sept. Ceux-ci forment le Programme national de recherche PNR 59 qui doit être mené jusqu'en 2011 avec une enveloppe globale de 12 millions de francs. Les projets entendent étudier la question des OGM sous des angles très divers, tant biologiques (biosécurité notamment), qu'éthiques, juridiques, économiques et environnementaux. Huit projets sont directement associés aux essais de Zurich et Pully qui viennent d'obtenir le feu vert de l'OFEV. «Notre rôle ne consiste pas à faire la promotion des OGM, mais à observer scientifiquement de quelle manière ils se comportent lorsqu'ils sont cultivés en plein champ, et avec quelles conséquences sur le milieu», précisait au mois de juillet dans nos colonnes Arnold Schori, ingénieur agronome à la tête de la section Amélioration des plantes et ressources génétiques de la station Agroscope Changins-Wädenswill, à qui appartiennent les terrains de Pully.
«Profonde méfiance»
Si la décision de l'OFEV ravit les scientifiques, elle suscite par contre de nombreuses réactions de colère des organisations de protection de la nature (voir encadré ci-dessous). De Bio suisse aussi, qui fait part dans un communiqué de sa «profonde méfiance» à l'égard de ces essais et demande un nouvel examen du dossier. L'opposition aux disséminations d'OGM en plein air est beaucoup plus marquée dans le canton de Vaud qu'à Zurich. Bruno Oberle y voit l'explication suivante: «Les Zurichois y ont été mieux préparés, la communication de la part des scientifiques a peut-être été meilleure. D'autres essais réalisés là-bas en 2003 n'ont par ailleurs réservé aucune mauvaise surprise, ce qui fait que les gens sont sans doute moins inquiets.» Seuls les opposants habitant dans un périmètre d'un kilomètre autour des parcelles en question pourront recourir contre la décision de l'OFEV auprès du Tribunal administratif fédéral. Cela concerne onze personnes sur Pully et aucune à Zurich. Christian van Singer, député Vert au Grand Conseil vaudois, regrette que la «recherche sur les OGM soit ainsi privilégiée, au détriment de l'intérêt de la population et, plus largement, de l'agriculture suisse».
StopOGM : «Une approche hasardeuse de la biosécurité».
Alors que l'association StopOGM avait déjà formulé des réserves quant à l'utilité et la mise en oeuvre des essais en plein champ prévus à Zurich et Pully, allant même jusqu'à demander leur rejet, elle a clairement désapprouvé la décision de l'OFEV. «StopOGM estime que les mesures de protection demandées par l'Office fédéral sont un rideau de fumée qui cache mal le fait que l'UNI et l'EPF de Zurich n'ont pas correctement observé le processus par étapes prévu par le droit fédéral. C'est donc directement en plein champ que les chercheurs examineront des aspects importants de biosécurité qui auraient dû être évalués en milieu confiné (...). Les disséminations expérimentales du consortium du blé vont passer à côté des questions pour lesquelles les agricultures et les consommateurs attendent des réponses de la part des chercheurs.»
Greenpeace : «Consternation et déception»
Greenpeace est la seule organisation de protection de la nature qui était présente à Berne pour prendre acte, devant la presse, de la décision de l'OFEV. «C'est pour nous la consternation et la déception, s'exclame Clément Tolusso, porte-parole romand. Greenpeace est indignée de cette décision. Nous n'avons pas besoin de ces recherches qui n'apporteront pas grand-chose de nouveau aux connaissances et à l'agriculture helvétique en général. Elles ne font que satisfaire les intérêts de l'agrochimie et ouvrent la voie aux cultures d'OGM.» A défaut de pouvoir faire recours sur le plan juridique, Greenpeace va réfléchir aux cours des prochaines semaines aux divers moyens de manifester clairement son mécontentement. «Nous ne sommes pas des faucheurs, il n'y aura pas de dégâts», souligne toutefois Clément Tolusso.
Autorités de Pully, POP Lavaux-Oron et les Verts vaudois : «Une dissémination d'OGM inacceptable»
C'est en vain que nous avons tenté de joindre le syndic de Pully, Jean-François Thonney, afin d'obtenir sa réaction concernant la décision de l'OFEV qui touche directement sa commune. A l'époque, le municipal écologiste Vert Jean-François Maire avait laissé entendre que de tels essais risquaient bien de faire des vagues à Pully. Une pétition a d'ailleurs été lancée par le POP Lavaux-Oron et est toujours en cours. «Si la recherche sur les OGM est nécessaire, nous continuons de penser qu'il est irresponsable, au stade actuel des connaissances scientifiques, de procéder à des expériences en plein air, au beau milieu de zones résidentielles», observe Julien Sansonnens, président du POP Lavaux-Oron. «Une dissémination d'OGM inacceptable, s'exclament pour leur part les Verts vaudois. Les précautions prises pour éviter toute dissémination non contrôlée sont manifestement insuffisantes, voire inexistantes.»
Trois questions à... Dirk Dobbelaere
Président du comité de direction du PNR 59, Dirk Dobbelaere est vétérinaire et professeur à l'Université de Berne. Il a été nommé à la tête de ce projet en tant qu'expert indépendant et neutre.
- Vous attendiez-vous à cette décision de l'OFEV ?
Oui, car les dossiers préparés par les chercheurs tenaient compte des directives de la Loi sur le génie génétique. Cette dernière autorise en effet des essais en plein champ pour mesurer des paramètres impossibles à obtenir sous serre, comme l'impact de facteurs climatiques - pluie, sécheresse, vent - sur les plantes transgéniques ainsi que l'influence éventuelle de la plante OGM sur son milieu.
- Dans quelle mesure cette autorisation va-t-elle être déterminante pour la recherche suisse ?
Il s'agit d'un projet interdisciplinaire et non-commercial dont notre pays peut être fier et que les chercheurs étrangers nous envient. Il va permettre aux scientifiques suisses de développer leurs compétences, afin d'être en mesure d'analyser d'éventuelles demandes d'autorisation de semences transgéniques, au terme du moratoire en 2010. Le but du PNR 59 n'est évidemment pas de «donner le feu vert à toute culture d'OGM», mais plutôt d'étudier sous quelles conditions une production basée sur des plantes génétiquement modifiées peut répondre aux vrais besoins agronomiques suisses dans un contexte durable et coexister avec une agriculture de type traditionnel ou biologique. Il n'est pas question d'abandonner ces derniers modes de culture, fort bien adaptés à notre pays. Mais on ne peut pas ignorer ce qui se fait chez nos voisins et passer à côté de développements qui pourraient s'avérer intéressants pour la Suisse. C'est pourquoi il est important de faire ces études d'impact ici plutôt qu'aux Etats-Unis, parce que nos conditions culturales, environnementales et climatiques sont différentes des leurs, de même que nos exigences en matière de sécurité.
- Comprenez-vous les inquiétudes de la population à l'égard de ces essais en plein air ?
Bien sûr, puisque aucune nouvelle technologie ne garantit un risque zéro. Mais l'intérêt de la communauté scientifique est précisément d'évaluer et de maîtriser ces risques. Toutes les mesures de protection seront prises afin de rassurer les riverains, et des séances d'explication sont prévues également. Les oppositions ont été nettement plus fortes à Pully (VD) qu'à Zurich car c'est la première fois que la Romandie est confrontée à pareils essais. Nous espérons que ces derniers ne susciteront pas de réactions violentes mais plutôt un dialogue constructif.
Propos recueillis par Céline Prior
Photo Corbis © Terre et Nature
BLÉ TRANSGÉNIQUE - Aucun des partis représentés n'a soutenu la pétition déposée au Conseil communal de Pully. L'exécutif renverra les 1331 paraphes à Berne.
La fronde anti-OGM à Pully a du plomb dans l'aile. Aucune force politique du Conseil communal n'a défendu, mercredi soir, la pétition déposée par le POP Lavaux-Oron. Le document a été remis avant la séance au président du Conseil, muni de 1331 signatures. Le texte demandait à la Municipalité «d'agir auprès de la Confédération pour interdire la dissémination d'OGM sur le territoire communal». Après un flou sur la procédure à suivre, la liasse de paraphes a été renvoyée à la Municipalité. Le syndic Jean-François Thonney a répété que celle-ci n'était pas compétente mais qu'elle transmettrait le texte à Berne. «La Municipalité a accueilli la pétition avec une légèreté stupéfiante», déplore le président du POP Lavaux-Oron Julien Sansonnens. «Les élus n'ont pas voulu nommer une commission d'examen. Il n'y a pas eu vote mais un consensus clair. Je n'avais qu'une solution: adresser la pétition à la Municipalité», précise Pierre-William Loup, président du Conseil. Julien Sansonnens est «surpris et déçu par l'attitude des Verts et des socialistes». Non représenté au Conseil, le parti comptait sur la gauche, minoritaire, pour relayer son message. Soit inciter la Municipalité à recourir contre les expérimentations de blé transgénique prévues dès 2008. Même si la loi est respectée? «C'est tout l'intérêt d'un recours, savoir si c'est légal ou pas», estime le popiste.
OGM pas pris au sérieux
Mais même les Verts et les socialistes jugent qu'un recours communal ne servirait qu'à dilapider les deniers publics. «Tout le monde est très mal pris, car nous avons soutenu le moratoire, qui autorise les OGM dans la recherche», résume Irène Gardiol, présidente du groupe des Verts. Elle s'avoue néanmoins «très déçue de la manière dont le conseil a traité la question. Personne ne l'a prise au sérieux». L'exécutif répondra ainsi, lors du prochain conseil, aux questions transmises par les Verts par voie d'interpellation. Soit après l'expiration du délai de recours, le 2 octobre. Le voeu des socialistes, demandant que la commune soit tenue au courant du suivi de l'expérimentation, est aussi resté; hier, sans réponse.
CAROLINE RIEDER ©24 Heures
Il n'avait pas hésité à élire domicile dans le canton d'Obwald pour protester contre son régime fiscal. Cette fois, Josef Zisyadis invite des citadins à manier la faux. Au cas où...
C'est la dernière provocation de Josef Zisyadis: pour protester contre les futurs essais de blé transgénique prévus à Pully (VD) dès le printemps 2008, le conseiller national popiste veut former des citadins au... fauchage de blé! Le 29 septembre prochain, le POP vaudois accueillera une trentaine de personnes intéressées sur le domaine de Pierre de Buren, un viticulteur (popiste lui aussi) installé dans le Château de Denens (VD), non loin de Morges. A l'invitation de son ami Josef, le vigneron donnera un «cours public de fauchage» directement inspiré des combats de l'altermondialiste français José Bové, condamné à de nombreuses reprises pour ses destructions de cultures OGM et d'un McDonald's en 1999.
«Acte blagueur»
L'action peut prêter à sourire, surtout à moins d'un mois et demi des élections fédérales pour lesquelles Josef Zisyadis est candidat. Ce dernier, d'ailleurs, ne se prend pas au sérieux et parle d'un «acte blagueur». Même si le sujet est préoccupant: «Des essais de blés OGM ont déjà été effectués dans le monde. A Pully, on veut juste habituer les gens à en avoir près de chez eux. Le tout dicté par la stratégie des multinationales», s'emporte le conseiller national.
Selon l'autorisation délivrée il y a une semaine par l'Office fédéral de l'environnement, des cultures de blés transgéniques pourront être pratiquées à l'air libre durant trois ans à Zurich et Pully. Les Verts vaudois et plusieurs associations ont fait connaître leur indignation. Et hier soir, la section POP de la région Lavaux a remis à Pully une pétition avec 1280 signatures demandant aux autorités de réagir. Malgré ses 14 habitants, la bourgade a encore la possibilité juridique de recourir au Tribunal fédéral. «Je suis persuadé qu'un mouvement citoyen verra le jour» Josef Zisyadis, conseiller national POP.
Et si cela ne devait pas suffire? «Je suis persuadé qu'un mouvement citoyen verra le jour», souffle Josef Zisyadis. Le conseiller national se garde bien, pour l'heure, d'appeler au sabotage. «Il s'agit simplement d'un exercice tout à fait pratique», précise, narquois, Julien Sansonnens, venu également découvrir le lieu où se déroulera le cours de fauchage. Le président de la section POP-Lavaux suggère un «clin d'oeil aux faucheurs volontaires en France».
Pour le 29 septembre en tout cas, les inscriptions sont ouvertes. «Et s'il le faut, nous organiserons un deuxième cours», lance Josef Zisyadis. Mais n'en déplaise aux admirateurs de José Bové, le trublion popiste a déjà averti: il ne se laissera pas repousser la moustache. Même pour l'occasion...
Grégoire Duruz ©Le Matin Orange
Récoltées par le POP Lavaux-Oron représenté par son président Julien Sansonnens, ce sont 1'331 signatures qui ont été recueillies pour la pétition «non aux disséminations d'OGM à Pully». Selon M. Sansonnens, les voisins du champ d'expérimentation seraient très en colère. Ils étaient pourtant absents lors de la remise des documents au président du Conseil communal Pierre William Loup. Ce soir là, outre le président, seules 3 personnes, une TV alémanique et ... un chien se sont présentés devant la salle du Conseil. La remise s'est faite sur le parvis et le président s'est engagé à en informer le Conseil à la fin de l'ordre du jour. Proposition acceptée par Julien Sansonnens qui a suivi l'ensemble des débats avec patience. Précisons que la pétition était adressée conjointement au Conseil communal et à la Municipalité.
Pas de réactions
Ces signatures ont été reçues et traitées comme des patates chaudes que chacun aussitôt a tenté de refiler à son voisin. A savoir, le Conseil à la Municipalité. Un immense flou sur leur recevabilité par le Conseil n'a pas été réellement éclairci. Les Conseillers se sont mis à opposer des articles différents et contradictoires du règlement du Conseil. Après quelques échanges, il a été décidé de renvoyer le cas à la Municipalité d'ailleurs également interpellée. Solution qui n'a pas plu à l'Exécutif du fait qu'elle n'est pas compétente en la matière. Cette partie de ping-pong, bien qu'elle en ait laissé plus d'un perplexe devait quand même se terminer et il a été décidé que la Municipalité enverra les signatures à Berne.
Cependant, personne n'a discuté le fond. Aucun des partis dans la salle n'a pris la parole pour défendre ou rejeter cette pétition qui n'a pas été discutée du tout. Compte tenu des habituelles positions de la gauche et de la virulence de l'UDC sur le même sujet, Julien Sansonnens en est resté sur sa faim.
Déception
«J'ai été étonné du flou qui régnait sur la manière de répondre à la pétition, un flou qui s'est conclu sur une déclaration de M. le Syndic, expliquant au Conseil communal que la Municipalité n'était pas compétente, et que la pétition allait être envoyée à Berne. Nous contestons avec force cet avis de M. le Syndic, et nous permettons de lui rappeler que la Municipalité, ne lui en déplaise, a la possibilité jusqu'au 2 octobre de faire recours auprès du Tribunal fédéral administratif. Notre pétition va clairement dans ce sens. Nous aurions souhaité que les 11 riverains et la Municipalité puissent préparer un recours collectif» déclarait-il le lendemain. Mais la guerre des OGM à Pully n'aura pas lieu par la voie juridique. Peut-être viendra-t-elle autrement plus tard puisque le POP propose de donner des cours de fauchage...
Nina Brissot ©Le Régional
Pully - Conseil Communal du 19 septembre 2007
L'ordre du jour du Conseil ne comprenait que 4 points dont un a été retiré. La séance a néanmoins duré jusqu'à 22h45 pour une seule décision. Négative qui plus est. La Municipalité proposait au Conseil d'aliéner plusieurs propriétés communales dénuées d'intérêt stratégique pour le développement urbanistique de la commune. Or cette proposition n'a pas eu l'heur de plaire au Conseil. Seuls les Libéraux et les Radicaux ont appuyé par 35 voix cette proposition, tandis que Verts, Socialistes, Union Pulliérane et UDC votaient à 50 voix contre. II y a eu 3 abstentions.
Deux interpellations ont été déposées, l'une par les Verts qui adresse à la Municipalité 5 questions sur ce qu'elle compte entreprendre dans le cadre des expérimentations OGM en Caudoz. Interpellation que le syndic J.F. Thonney a déclaré recevoir avec un immense déplaisir compte tenu que ce sont toujours les mêmes questions auxquelles il a déjà été répondu plusieurs fois, qui sont remises sur le plateau. Néanmoins une réponse écrite sera adressée lors du prochain Conseil...
Vu du banc de la presse
Le mauvais climat qui règne au sein du Conseil pulliéran ne semble pas prêt de s'évanouir. La supposée Agora où doivent se discuter les affaires publiques est devenue une sorte de ring où chacun vient essayer de porter un coup partisan à des adversaires ou pseudo adversaires tout aussi partisans. Les affaires publiques passent systématiquement au second plan tant il est important de marquer des points les uns face aux autres. L'exemple de l'aliénation de biens est typique. Des mois durant, les initiateurs du référendum contre la hausse d'impôts, soutenus par une grande partie du Conseil ont réclamé des économies d'une part, et la vente de biens d'autre part. Lorsque les économies sont présentées, on hurle au loup. Quoi? On ne va plus donner 15 frs aux enseignants? (Au fait pourquoi? Ne gagnent-t-ils pas leur vie comme tout le monde?) Poussons un coup de gueule! Quoi? On ne va pas engager des forces de police pour surveiller le champ aux OGM? Déposons une interpellation! Quoi? On ne remplace pas tout le personnel en partance? La gauche se déchaîne au Conseil! Quoi? On veut maintenant aliéner nos biens? Rien à faire, gardons ce qu'on a et gueulons sur l'Etat vorace. Mais doucement. En deux phrases au Conseil oui, mais pas question de monter au Château. Pas même de prendre à parti les députés siégeant au Conseil! En fait, les Conseillers veulent-ils vraiment prendre part à la gestion de la commune? Ou sont-ils réunis pour épater la galerie? A croire, certains adorent le montrer en relevant systématiquement des broutilles de langages destinées à faire perdre un temps supposé efficace à tout un Conseil - à croire donc que les séances du Conseil communal de Pully sont une cours de récréation pour grands enfants qui n'ont pas de réels problèmes... nb
StopOGM estime que l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a autorisé des cultures de blé transgénique à Zurich et à Pully (VD) «sur la base de dossiers très lacunaires».
De son côté, Greenpeace exhorte l'OFEV à suspendre les autorisations.
StopOGM et Greenpeace ne sont pas habilités à faire recours contre la décision de l'OFEV du 3 septembre d'autoriser des essais en plein air. StopOGM appelle donc l'office à ajourner l'autorisation «si les conditions requises par la loi ne sont pas respectées», écrit hier l'organisation dans un communiqué.
Greenpeace a aussi annoncé hier dans un communiqué avoir écrit à l'OFEV pour lui demander de «reconsidérer les autorisations de dissémination expérimentale et de les annuler». La Confédération aurait dû procéder «à un examen plus attentif des requêtes» des chercheurs. La décision de l'OFEV «crée un précédent fâcheux», souligne StopOGM, Coordination romande sur le génie génétique. L'office a autorisé la dissémination de plantes transgéniques «qui n'existaient pas encore quand la demande d'autorisation a été déposée», constate l'association. La loi sur le génie génétique exige avant toute dissémination d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'environnement «une analyse poussée des plantes transgéniques en milieu confiné». Les dossiers des chercheurs étaient lacunaires sur ce point, estime StopOGM. Il s'agit de lignées de blé génétiquement modifié «qui n'existaient même pas au moment où la demande a été déposée», souligne Greenpeace. Le mouvement écologiste estime qu'il est «peu probable» qu'on puisse «analyser sérieusement» ces plantes «en un laps de temps aussi bref», soit jusqu'au 31 décembre.
Onze opposants habitant Pully (VD) devraient déposer prochainement un recours contre l'essai prévu dans leur commune, a indiqué Sylvain Fattebert, porte-parole de StopOGM.
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DENENS - Narguant les autorités de Pully, où des essais de blé transgénique devraient être conduits l'an prochain, des sympathisants d'À Gauche toute! sont venus, samedi, s'entraîner au fauchage d'OGM.
Ce n'est pas un coup électoral, ni une incitation à la révolte. «Juste un clin d'oeil, une facétie !» se défend Josef Zisyadis, candidat au Conseil des Etats. Samedi, une trentaine de citoyens militants sont venus prendre un cours de fauchage au Château de Denens, dans le pré de Pierre de Buren, candidat aux précédentes élections sous la bannière d'À Gauche toute!
«Des graines stériles»
Parmi ces émules helvétiques des "faucheurs volontaires" de José Bové: Michel Bühler. Pour le chanteur de l'Auberson, l'expérience de Pully visant à faire pousser du blé transgénique sur une parcelle relève du «crime contre la vie». L'indignation est forte: «S'il pousse un jour, ce blé produira des graines stériles qui ne pourront pas être replantées, obligeant le paysan à en racheter chaque année.» Aux yeux du militant, cela revient à priver l'agriculteur d'un geste biblique, d'un geste qui se perpétue «depuis la nuit des temps».
Depuis quand, justement, le POP se préoccupe-t-il des OGM? Se défendant de chasser sur les terres des écolos, Josef Zisyadis évoque la réflexion qui se conduit dans son parti sur «l'agriculture de proximité et la souveraineté alimentaire». Mais l'extrême gauche s'en prend surtout au Conseil communal de Pully qui a refusé d'adopter sa pétition contre l'expérience prévue par le Centre viticole du Caudoz (24 heures du 14 septembre). Présent hier, Julien Sansonnens, popiste de Pully, a dit toute sa rancoeur contre la gauche locale et les Verts: «On nous a ri au nez lorsque nous avons soumis notre pétition assortie de 1331 signatures contre ce blé transgénique. Nous allons interjeter recours au Tribunal fédéral administratif.»
«Pas un appel aux coupes»
«Si cette démarche n'aboutit pas, poursuit Josef Zisyadis, nous formerons un mouvement citoyen à l'image de ce qui se fait en France.» L'extrême gauche vaudoise ira-t-elle jusqu'à former des faucheurs volontaires? «Non, répond le candidat. Si on devait pousser des militants à faucher sans autorisation, ils le payeraient de leur personne en se mettant hors la loi. Or, nous ne sommes pas assez organisés pour soutenir ce genre d'action.»
A noter que la fauche sauvage se poursuit sur dénonciation et non d'office. En cas de plainte, un faucheur illégal peut être accusé de dommage à la propriété et de violation de domicile.
On n'en est pas encore là. Le principal danger qui a menacé, samedi, les militants de Denens était le tour de rein.
LISE BOURGEOIS © 24 Heures - Edipresse Publications SA
ATS - © Le Courrier
Le POP Lavaux-Oron se félicite que la demande d'effet suspensif formulée dans le recours des riverains de Pully contre les expérimentations OGM en plein air ait été accordé par le Tribunal administratif fédéral.
La requête d'effet suspensif était en effet pour nous une exigence fondamentale: vu les questions juridiques à résoudre, et vu en particulier le caractère incomplet de la demande présentée par l'EPFZ et du dossier de la cause au moment où la décision a été prise, vu également les risques s'agissant de la sécurité biologique, il apparaît essentiel que les essais litigieux ne puissent pas débuter avant que le recours n'ait pu être tranché par le Tribunal administratif fédéral.
En interdisant que les essais (mise en terre prévue pour mars 2008) ne débutent avant que le tribunal ne statue, les juges confirment la légitimité de l'opposition des riverains et du POP.
Notre conviction que ces expérimentations, en plus d'être illégitimes, sont illégales s'en trouve renforcée.
Julien Sansonnens
Président POP section Lavaux-Oron
À la suite du recours des riverains, le POP se réjouit à tort de l'effet suspensif sur les essais transgéniques à Pully.
Julien Sansonnens a salué un peu vite hier l'effet suspensif que le Tribunal fédéral administratif (TAF) aurait «accordé» aux recourants contre les essais OGM prévus à Pully à partir de 2008. Le président du POP Lavaux/Oron a cru à une décision favorable aux riverains contestant la plantation en plein air de blé modifié génétiquement. Or, le TAF n'a pris aucune décision. Plus simplement, la loi fédérale sur la procédure administrative stipule que le dépôt d'un recours prescrit d'emblée l'effet suspensif jusqu'au verdict de la cour. Le service d'information du TAF confirme. Et précise l'inutilité de formuler une telle exigence dans le recours, comme l'a fait Christophe Tafelmacher, avocat des opposants. C'est cette précision qui a été communiquée à l'avocat. C'est cette communication qui a été interprétée par Julien Sansonnens comme une première victoire des anti-OGM.
Le recours et l'effet suspensif qui s'ensuit, risquent en revanche de modifier le calendrier des chercheurs. Les graines doivent être semées entre mi-mars et fin avril afin de reproduire fidèlement les conditions habituelles des cultures de blé. Passé cette date, il faudra attendre 2009, craint Arnold Schori, directeur de l'Agroscope de Changins, dont dépend le domaine de Caudoz, à Pully, où se trouve le champ destiné à la recherche. Il a cependant bon espoir que le TAF se détermine rapidement, au cours de l'hiver. Alors que les estimations de Christophe Tafelmacher repoussent au printemps le délai de la décision. La matière est compliquée. A sa connaissance, c'est la première fois que le tribunal devra statuer sur un recours depuis l'entrée en vigueur de la loi sur le génie génétique en janvier 2004. Sans oublier le moratoire de cinq ans, voté par le peuple le 28 novembre 2005, qui interdit l'exploitation commerciale des OGM mais pas la recherche.
La décision du TAF marquera une étape importante dans l'histoire des essais annoncés en février 2007 par l'EPFZ et l'Université de Zurich, approuvés par l'Office fédéral de l'environnement en septembre et contrés par les voisins du site un mois plus tard. L'expérience prévue sur trois ans doit servir à mieux connaître les mécanismes de défense du blé modifié génétiquement. En plein air, avec toutes les précautions nécessaires, après des études préliminaires en un milieu fermé.
La peur d'une dissémination incontrôlable, dont on connaît mal les risques, a motivé les opposants menés par le POP. Une pétition signée par plus de 1300 personnes a été transmise à la municipalité qui l'a adressée à la Confédération. Ni pour ni contre, la commune a mis en garde Berne. Des tels essais pourraient perturber l'ordre public. Entre rire et provocation, les militants anti-OGM avaient organisé des cours de fauche dans la campagne vaudoise.
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C.R. - © 24 Heures
Des Zurichois tentent de contrer les essais de blé transgénique prévus à Reckenholz. Ils ont déposé mercredi à Berne une pétition munie de 1570 signatures demandant l'arrêt de telles expérimentations, convaincus que celles-ci sont dangereuses pour la santé et la sécurité alimentaire.
Les pétitionnaires aimeraient que le Conseil fédéral revienne sur la décision de principe de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) d'autoriser des disséminations expérimentales d'organismes génétiquement modifiés (OGM) sur le site de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon, en ville de Zürich. Ils estiment qu'elle a été prise de manière précipitée et illégale.
Le comité "Gentechfreies Zürich-Nord" réclame en outre une extension du cercle des personnes pouvant saisir la justice pour s'opposer aux essais. L'OFEV a défini un périmètre d'un kilomètre autour des champs concernés. Les opposants, qui vivent au-delà de cette limite, souhaitent un agrandissement à 2,75 kilomètres du rayon pour avoir la qualité pour agir. Les organisations devraient également avoir le droit de recourir lors de tests en plein air, selon eux.
Parallèlement à Zürich-Reckenholz, l'OFEV s'est prononcé en septembre 2007 pour des essais de blé transgénique au centre viticole du Caudoz à Pully (VD). Il a posé différentes conditions, notamment que les terrains soient clôturés et qu'une distance de 300 mètres soit respectée pour éviter la pollinisation d'autres cultures.
Les chercheurs de l'université de Zurich et de l'EPFZ ont par ailleurs dû fournir des informations supplémentaires, concernant entre autres le procédé expérimental et la preuve que les plantes ne contiennent pas de gènes résistant aux antibiotiques. Les documents ont été transmis aux services fédéraux spécialisés.
L'OFEV rendra sa décision définitive probablement ces prochaines semaines. S'il dit oui, le blé génétiquement modifié pourrait être semé comme prévu à Zurich, dès ce printemps. Pour sa part, la dissémination expérimentale à Pully fait l'objet d'un recours au Tribunal administratif fédéral. Effet suspensif oblige, rien ne pourra y être entrepris tant les juges n'ont pas rendu leur verdict.
Ces expériences s'inscrivent d un programme de recherche national lancé après l'acceptation en 2005 du moratoire de cinq ans sur les produits agricoles génétiquement modifiés. Elles visent à étudier la résistance du blé transgénique aux champignons, la biosécurité et les conséquences d'une transmission d'OGM aux plantes sauvages.
Jusqu'ici, trois expériences culture d'OGM ont été réalisées en plein champ en Suisse. Les premières ont eu lieu en 1991 et 1992 avec des pommes de terre à Changins (VD). En 2004, un essai avec blé a suscité une forte controverse à Lindau (ZH).
ATS
OGM - Lorsque la recherche publique déploie les mêmes arguments qu'une transnationale agroalimentaire, ne poursuit-elle pas le même combat ? Réaction face aux expérimentations de blé transgénique menées en Suisse.
Les "experts" s'expriment généralement sur les sujets jugés complexes. Même lorsqu'ils sont intéressés au premier chef par ces sujets. Dans un article de Linda Bourget paru dans le cadre du partenariat "Histoire vivante" (RSR), Wilhelm Gruissem parle des organismes génétiquement modifiés (OGM). Ce professeur est titulaire de la chaire de biotechnologie végétale à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), conseiller consultatif de Syngenta, consultant de Shell Development et Monsanto. Il est également représentant d'une recherche de l'Institut des sciences végétales de l'EPFZ concernant des lignées de blé génétiquement modifié résistant à des maladies fongiques et devant être disséminées sur les sites de Reckenholz-Tänikon (Zurich) et de Caudoz (Pully/Vaud) dès le mois de mars. En laissant une large place à ce chercheur, l'article veut nous faire croire qu'on peut être à la fois juge et partie: juge du bien-fondé de la recherche sur les OGM et partie prenante des recherches les concernant.
Qu'attendre d'autre d'un bricoleur en chimères génétiques qu'une honteuse propagande pro-OGM? Il est cependant indispensable de revenir sur les différentes contrevérités que Gruissem nous sert dans le but de justifier son statut et le bien-fondé de la recherche biotechnologique en général. Décortiquons le contenu de trois de ses quatre interventions, si typiques d'un porte-parole des lobbies OGM.
Les OGM ne sont pas un passage obligé vers un mieux-vivre
- «Quand je regarde l'agriculture telle que nous la pratiquons, je me dis que ça ne peut pas durer. Si nous continuons comme ça, nous allons assoiffer notre planète, l'épuiser.»
Wilhelm Gruissem commence d'un ton résolument "décroissant" pour justifier le recours aux OGM dans l'agriculture. Son premier argument s'accompagne d'une dénonciation des "abus de pesticides", de "l'intensité de l'irrigation" et de "l'épuisement des sols", problèmes "inhérents à l'agriculture contemporaine". Il reconnaît ainsi explicitement que les pratiques liées à l'intensification de l'agriculture sont des impasses écologiques. Force est de constater qu'il a parfaitement intégré le désastre induit par l'agriculture dans son ère industrielle, même s'il passe sur les conséquences de celui-ci sur les êtres vivants. Mais plutôt que d'admettre que c'est la fuite en avant technologique, dont les OGM sont la dernière manne financière, qui est le problème, il le présente comme la solution.
Comme si un "progrès" technologique piloté par les transnationales capitalistes pouvait résoudre les problèmes créés par les "progrès" antérieurs du même capitalisme productiviste. En France, Jean-Pierre Berlan, directeur de recherche à l'Institut national de recherche agronomique (INRA), résume ainsi l'histoire récente de l'agriculture: «Il y a quarante ans, dans les écoles d'agronomie, on enseignait (...) que la chimie, des engrais aux pesticides, allait maîtriser tous les problèmes agricoles. On sait ce qu'il en a été. On aurait pu espérer que cet échec suscite un renouveau de la pensée agronomique fondé sur l'écologie et une réflexion critique [...]». Il n'en a rien été. Sous sa forme génétique, ce renouveau réductionniste accélère la fuite en avant qu'on appelle "progrès" et permet d'empêcher l'examen des causes politiques du désastre. Cette raison seule suffirait à le rejeter en même temps que ses "solutions" transgéniques.
Affirmer que les OGM pourraient solutionner «l'agriculture telle que nous la pratiquons» est une contrevérité profonde. D'une part, les semences transgéniques ne sont pas l'issue à la crise déclenchée par l'agriculture intensive. Elles s'inscrivent de fait dans ce paradigme et ne modifient en rien le productivisme. En 2000, 74% des cultures OGM étaient modifiées pour tolérer des herbicides, permettant à des multinationales de commercialiser l'herbicide adapté directement avec sa chimère génétique. Qu'on ne nous parle pas alors d'une lutte de la recherche OGM pour sortir de l'agriculture intensive et de ses poisons pour la terre et le vivant !
Par ailleurs, Jean-Pierre Berlan indique que, dans le cas d'un maïs transgénique développé en France par l'INRA, les problèmes engendrés par sa culture sont la «pollution par les engrais, pesticides et herbicides, l'irrigation subventionnée conduisant à l'épuisement des nappes phréatiques, au pillage de l'eau des rivières et l'érosion des sols dépourvus de végétation en hiver». Soit exactement les problèmes que Wilhelm Gruissem prétend pouvoir supprimer par les chimères génétiques.
- «Sans compter le défi du très fort réchauffement climatique auquel nous assistons, les plantes que nous cultivons aujourd'hui ne sont pas assez solides pour y résister.»
Linda Bourget précise plus bas que «pour le professeur, la solution à ces nouveaux [sic] problèmes passe forcément - en partie au moins - par les OGM». Nous ne sommes pas en mesure de savoir si l'agriculture telle que nous la pratiquons (et ce "nous" diffère profondément du "nous" de Gruissem) sera encore possible si le réchauffement climatique suit les courbes alarmantes des spécialistes, précisément parce que nous ne cultivons pas encore dans ce monde à venir. En revanche, les OGM, comme auparavant le nucléaire civil, ne sont pas un passage obligé vers un mieux-vivre.
De fait, la solution n'est pas transgénique. Le refus de la multiplication des désastres passe par le refus de tout nouveau totem scientifique. Pour éviter l'accroissement sans fin des effets mortifères de la science sur les êtres vivants et leur environnement, la solution passe par l'agriculture biologique et non-intensive. Ce qui ne pourra se faire qu'à l'écart des "progrès" scientifiques qui ne sont que nouvelles sources de profits.
L'impossible croisement de la carotte et du brocoli
- «L'homme a toujours manipulé les espèces. Pensez au brocoli: c'est une invention, un résultat de séries de croisements. Dans ces croisements, l'action se situait déjà au niveau des gènes. Aujourd'hui, nous travaillons donc selon la même logique, qui existe depuis des siècles. Nous avons juste des outils technologiques plus développés pour le faire.»
Premièrement, le chou brocoli - Brassica oleracea botrytis var. cymosa - descend directement du chou sauvage. Il n'est pas une "invention" humaine. Il résulte de croisements génétiques au sein de la famille des choux dans un milieu naturel. Dans ce milieu, différents critères doivent être remplis pour permettre un croisement: que le pollen de deux choux soit mature au même moment, qu'un "transporteur" (vent ou insecte) assure le voyage du pollen d'un chou à l'autre et que ce dernier soit réceptif au pollen du premier.
Il est vrai que, lors d'un croisement, le matériel génétique s'en trouve modifié. Wilhelm Gruissem utilise l'exemple d'un chou avec à-propos puisque «les Brassica ignorent superbement la barrière de l'espèce, généralement peu perméable». Cependant, n'a lieu dans ces croisements que ce qui est possible qu'il y ait lieu en milieu naturel. Une carotte peut se croiser avec une carotte sauvage, elle ne pourra jamais se croiser avec un chou brocoli.
Il est ainsi faux que la "même logique" soit à l'oeuvre dans la formation de chimères génétiques. Il n'y a en effet aucune comparaison possible entre un échange génétique en milieu naturel et une manipulation génétique par l'homme en milieu confiné. La mystification de ce propos repose sur l'équivalence postulée entre une "action" modifiant un matériel génétique entre deux espèces qui peuvent se croiser et une action d'un chercheur-bricoleur, introduisant un nouveau gène dans le matériel génétique d'une espèce.
Au fond, pour Wilhelm Gruissem, tout "fonctionne" comme si la création de chimères génétiques par des scientifiques était comparable avec des pratiques qu'ont les êtres vivants depuis des lustres: l'accouplement et la reproduction. Il est pourtant faux de dire qu'un brocoli ne diffère que par l'outillage nécessaire à sa création d'une fraise contenant le gène d'un carrelet! C'est même une différence de monde dont il s'agit. Entre le meilleur des mondes tel que fantasmé par les scientifiques progressistes et le monde dans lequel nous voulons vivre.
RSR-La première, TSR2 et La Liberté.
L'article de Linda Bourget "Les paysans deviennent des esclaves des OGM" a été publié dans La Liberté du 15 février et Le Courrier du samedi 16 février 2008.
Jean-Pierre Berlan - "OGMs et Génétique Agricole"
SUR LE TERRAIN...
Le 7 février dernier, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) donnait son feu vert à l'université et à l'Ecole polytechnique fédérale (EPFZ) de Zurich pour débuter une partie de leurs disséminations expérimentales de blé transgénique à Reckhenholz (ZH). Les lignées répondant aux exigences fixées par l'OFEV - absence de gènes résistant aux antibiotiques notamment - pourront être ensemencées ce printemps. Quant à la dissémination expérimentale prévue à Pully (VD), elle est sous le coup d'un recours avec effet suspensif pendant devant le Tribunal administratif fédéral. Venus de toute la Suisse, des militants anti-OGM se sont réunis les 15 et 16 mars pour ensemencer deux champs situes près de Pully et de Zurich-Reckenholz avec du blé biologique. L'action était organisée par l'initiative "Semer l'avenir !" et Greenpeace.
CO/ATS
«Il est nécessaire d'impliquer plus largement la société dans les politiques scientifiques, et de donner aux citoyens les moyens d'en mesurer les enjeux»
"Obscurantisme !", "réflexe du cheval !" : c'est par autant d'assertions définitives que l'on répond, aujourd'hui comme hier, à quiconque prétend poser un regard critique sur la science et ses applications. Les invectives claquent et partagent le monde: d'un côté, la modernité, la connaissance, les techniques; de l'autre, l'obscurité, l'archaïsme, les froides nuits du Moyen Age. Il en va du progrès comme de toute croyance: on ne conteste pas les dogmes sans s'exposer à quelques sanctions...
Or qu'évoque-t-on lorsqu'on parle de progrès ? Outre qu'il est utilisé comme un impératif de consommation, il semble bien que le concept fasse l'objet d'un formidable détournement de sens, qui d'ailleurs ne date pas d'hier. D'un idéal de raison et de rationalité - les Lumières -, le voici désormais paré de toutes les caractéristiques du discours sacré !
Dogmatisme, confiance aveugle, foi en des radieuses illusions sont à la base de ce qu'il faut bien considérer comme une religion laïque. Ses prêtres, scientifiques et industriels, louent de concert la fuite en avant technologique, célèbrent la toute-puissance d'une science qui ne s'encombre pas de conscience, professent un type nouveau de salut, ici-bas... Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas !
Mais dans quelle mesure ce progrès technique constitue-t-il un progrès social et moral ? Quelles valeurs déterminent les choix technologiques ? Quels en sont les coûts environnementaux ? Dans quel monde voulons-nous vivre ? Voilà ce qui devrait être débattu - et ne l'est jamais - lorsqu'on parle de nanotechnologies ou de déchets radioactifs !
En matière d'OGM également, on est en droit de se demander à qui profitent les avancées de la recherche. Entre conséquences sanitaires imprévisibles, menaces sur la biodiversité, perte d'autonomie de la paysannerie traditionnelle et brevetage du vivant, il n'est pas certain que pareils développements profitent au bien commun. Alors que la science ne saurait être légitime que lorsqu'elle oeuvre au bien-être général et à long terme de l'humanité, on constate chaque jour que les fruits de la connaissance sont privatisés et que les formidables avancées scientifiques ne profitent qu'à une minorité. Dès lors, que faire ?
Il est nécessaire d'impliquer plus largement la société dans les politiques scientifiques, et de donner aux citoyens les moyens d'en comprendre et d'en mesurer les enjeux. Les objectifs du progrès doivent être démocratiquement définis. Dans de nombreux pays, des tentatives de démocratie délibérative sont menées, à l'image des "conférences de consensus". Quelques expériences encourageantes ont été menées en Suisse, comme le Publiforum de 1999. De tels dispositifs rapprochent science et cité: ils doivent être systématisés.
Lorsque le principe de précaution s'applique, l'implication citoyenne devient tant une demande qu'un besoin. Malgré les limites réelles des dispositifs participatifs, ceux-ci sont un pas supplémentaire vers la possibilité d'un vrai jugement collectif démocratique.
JS
BLÉ TRANSGÉNIQUE : Suspendus à une décision de justice, les essais prévus ce printemps à Pully n'auront sûrement pas lieu. Une "résistance non violente" aux OGM s'organise toutefois.
Les disséminations expérimentales de blé transgénique prévues ce printemps à Pully, sur une parcelle appartenant à la station fédérale de Changins, seront probablement reportées d'un an. Cette expérimentation fait l'objet d'un recours suspensif déposé par des voisins de la parcelle, et sur lequel le Tribunal fédéral administratif doit se prononcer. Or, pour éviter un risque de contamination du blé d'automne, majoritaire en Suisse, l'expérience doit obligatoirement se faire au printemps.
Ce contretemps déçoit fortement Arnold Schori. Le responsable de ces essais à l'Agroscope de Changins-Wädenswil s'est expliqué samedi à Pully devant une assistance hostile aux OGM. Il était invité par le Centre pour l'action non violente (CENAC). L'association lausannoise lançait sa campagne "Prudence OGM".
«On se tire une balle dans le pied, estime Arnold Schori. La recherche publique est neutre. Les plantes que nous testerons ne seront d'ailleurs pas cultivées par la suite. Nous souhaitons étudier la technique OGM, et l'impact de ce blé sur l'environnement, pour préparer l'après-moratoire (ndlr: l'utilisation d'OGM dans l'environnement à des fins commerciales est suspendue jusqu'en 2010). Nous avoir besoin de données pour répondre lorsque des grandes firmes déposeront des demandes de cultures OGM.»
Autre point de vue du côté des autres intervenants et du public. Pour l'écologiste libérale Isabelle Chevalley, de Stop OGM, on met la charrue avant les boeufs: «Avant de s'inquiéter de l'environnement, il faut mesurer les conséquences sur la santé. C'est ce qui devait se faire pendant le moratoire. Or rien ne s'est passé. Nous allons donc demander sa prolongation. En plus, je ne vois pas à quoi serviront ces essais, puisque ces plantes ne sont pas destinées à la culture.»
Grenier à blé non OGM ?
Dans l'assistance, on évoque, malgré les assurances fournies par Arnold Schori, les risques de contamination. Et un intervenant suggère de faire de la Suisse un grenier à blé non transgénique: «Avec ces essais, nous manquons l'occasion de nous positionner comme pays sans cultures OGM.»
Même si la menace semble écartée pour un an à Pully, le CENAC entend sensibiliser sans attendre le monde paysan, en vue surtout de la fin du moratoire. Samedi, une "formation à l'action non violente" était organisée. Et malgré la présence du Français Jean-Baptiste Libouban, du mouvement "Faucheurs volontaires" (lire ci-contre), les participants ont appris à faire du lobbying plutôt qu'à faucher. o
Caroline Rieder
Jean-Baptiste Libouban est l'un des fondateurs du mouvement français des Faucheurs volontaires. II était samedi à Pully.
- viendrez-vous faucher à Pully si les essais ont lieu ?
- Nous soutenons nos amis suisses, mais c'est à eux à décider quelles actions ils veulent entreprendre.
- Comment se passe un fauchage en France ?
- C'est très symbolique, nous cassons les plantes à la main. Nous agissons sans avertir, de jour ou de nuit, puis nous allons nous dénoncer à la police. Et les faucheurs assument les conséquences devant un tribunal. Cette étape est formatrice, car il y a toujours des paysans étrangers ruinés par les OGM qui témoignent.
- Vos prochaines actions ?
- Nous ferons une chaîne humaine à Paris devant le parlement, le 13 mai, pour faire pression pour que la loi favorisant les OGM ne passe pas. Sinon il y a douze ou treize essais de culture transgénique prévus cette année en France... qui risquent bien de se faire faucher. Je ne sais pas si je participerai, j'ai été condamné à six mois de prison avec sursis. Si je recommence, j'irai en prison.
C. R.
Dossiers préparés par ©Georges Tafelmacher & SuisseForum