Les journaux rapportent et les articles pleuvent !
suite des articles produits par les divers journaux de février 2010 à mars 2014 :
Georges Tafelmacher
À Gauche Toute!
POP/GeM section Lavaux-Oron
RECHERCHE • L'Office fédéral de l'environnement a donné son accord à la poursuite des essais de blé OGM à Pully. Une moisson est prévue cette année et peut-être en 2011.
Les essais de culture de blé transgénique vont se poursuivre cette année encore à Pully. L'Office fédéral de l'environnement a donné son accord à la poursuite des tests d'OGM dans l'Est lausannois, de même qu'à Zurich, sur le site de Reckenholz. Ainsi, de nouveaux semis génétiquement modifiés pousseront ce printemps sur la parcelle du Centre viticole du Caudoz.
Les études menées dans le cadre d'un programme national de recherche visent à déterminer la résistance de plants de blé - dont l'organisme a été ou non génétiquement modifié - à un champignon répandu en Suisse, l'oïdium. Après une année, aucun résultat n'est encore publié. S'il y a un retard, il s'explique. «Nous avons obtenu différents résultats mais, dans ce domaine sensible, on doit être certains de ce que l'on dit», avance Arnold Schori, directeur de recherche sur le site de Pully.
Expérience contestée
Cette première année de culture a commencé dans la contestation, avec un an de retard sur son homologue zurichois. En 2008, les voisins du site pulliéran avaient tenté, jusqu'au Tribunal administratif fédéral, de s'opposer à la culture d'OGM à proximité de leurs jardins. En vain. Un comité d'opposition s'est créé. Dans ce climat de résistance, les semailles de 2009 ont été précédées par l'installation d'un imposant grillage autour du petit hectare cultivé. Le 17 mars, les graines ont été semées devant une vingtaine d'opposants, dont des représentants de Prudence OGM, Stop OGM et Uniterre.
D'autres actions de contestation ont suivi. Mais les systèmes de sécurité n'ont pas pu prévenir l'attaque aux produits chimiques, en juillet. «Une vingtaine de bouteilles ont été lancées sur le champ», se souvient Arnold Schori. Les analyses ont démontré que le liquide ainsi dispersé était un mélange de diesel et d'herbicide. La pollution a été suffisante pour que la terre contaminée doive être enlevée. Fin juillet, les moissons ont donné assez de blé. «Si les résultats de cette année sont satisfaisants, on s'arrêtera à la fin de 2010, au lieu de 2011», envisage Arnold Schori. Ensuite, la parcelle, sera encore surveillée pendant deux ans, avant de retrouver d'autres cultures, bien moins contestées, du centre de recherches viticoles.
ALAIN DÉTRAZ © 24Heures
Dernière année d'essai à Zurich, seconde à Pully
L'EPFZ et l'Université de Zurich mènent trois essais pluriannuels de dissémination de blé génétiquement modifié: un à Pully (VD) et deux à Zurich-Reckenholz, rappelle l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Le site de Zurich entame sa dernière année d'expérimentation et celui de Pully la seconde.
Les rapports et la planification ont été contrôlés, a annoncé l'OFEV vendredi. En septembre 2007, il a autorisé, à des conditions très strictes, l'EPFZ et l'Université de Zurich à procéder à des disséminations expérimentales d'organismes génétiquement modifiés sur trois sites pendant plusieurs années.
Les premiers semis ont eu lieu à Zurich-Reckenholz au printemps 2008. L'essai a commencé en 2009 à Pully, avec un an de retard pour cause de recours en suspens.
Par la suite, l'autorisation a été prolongée d'un an, ce qui explique que du blé génétiquement modifié sera encore semé à Pully en 2011.
ATS
Samedi, les opposants aux tests de culture de blé génétiquement modifié vont semer leur propre champ, en culture biologique, à 200m de la station fédérale.
Le moratoire sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) vient d'être prolongé de trois ans. Au nom des militants opposés à ce type de culture, le popiste Julien Sansonnens estime que «les actions de protestation menées à Pully et à Reckenholz (ZH) ont pesé dans cette décision». Dans la mesure où les tests de blé modifié vont prochainement reprendre à Pully, les anti-OGM organisent samedi une manifestation publique, et pacifique, à 200 mètres de la station de recherche fédérale du Caudoz.
La friche des Boverattes, en attente de constructions, a été débroussaillée par les services communaux. Le champ labouré sera ensemencé par les amateurs, qui pourront ainsi s'exercer au geste ancestral du semeur. «Nous allons y semer la variété de blé fiorina, justement sélectionnée par la station agronomique de Changins», souligne Irène Gardiol, présidente des Verts de Pully et membre de l'association Semer l'avenir.
Depuis 2007, plusieurs actions de protestation ont été menées. Les opposants dénoncent les objectifs cachés du programme dé recherche PNR 59. «L'un des buts de ces plantations est de tester l'opinion publique, l'acceptation des OGM par la population, dénonce Irène Gardiol. Et cela alors qu'aucune recherche n'est faite sur le plan de la santé.»
ALAIN DÉTRAZ © 24Heures
Action anti-OGM à Pully, terrain des Boverattes, samedi dès 11h30
Animation: Michel Bühler et François Vé, soupe offerte
avenirsem.ch
PULLY - Un rassemblement festif visant à montrer la désapprobation de certains face à la poursuite des essais OGM est prévu le 20 mars.
La deuxième saison d'essai dé blé transgénique va reprendre au printemps, sous l'égide de la station fédérale Agroscope Changins Wadenswil (voir notre édition du 3 au 10 mars). Tout le monde ne voit pas d'un bon œil cette nouvelle expérience et une contre-attaque pacifique s'organise par une action citoyenne appelée "Semer l'Avenir". Elle débutera le samedi 20 mars à 11h30 par des semailles à la volée, au lieu-dit les Boverattes, sur la commune de Pully.
Rassemblement festif
Réuni en association du nom de Semer l'Avenir, un groupe de Pulliérans, animé par les Verts de Pully, le POP Oron-Lavaux et des opposants va organiser des semailles à la volée. «Une volonté affichée s'est fait jour pour organiser un rassemblement festif, convivial, intergénérationnel où les citoyens pourraient se réunir et montrer par leur présence leur opposition à ces essais» dit l'appel de l'Association. Cette partie festive sera animée par Michel Bühler et François Vé qui chanteront en tête des semeurs. Philippe Roch, ancien directeur de l'Office Fédéral de l'environnement, sera également de la partie et donnera son point de vue.
On annonce également la présence du Municipal Martial Lambert qui devra s'exprimer. Contacté ce dernier sourit. «Rassurez-vous, je reste un radical-libéral. Je me suis annoncé avec mes petits enfants, citadins, pour leur montrer ce que sont les semailles. Et puis le terrain des Boverattes est communal. L'association nous a approchés pour obtenir un lieu de semailles. Les Boverattes est exploité par des agriculteurs sauf une parcelle qui appartient la commune et qui est en friche. C'est celle-là que nous avons prêtée à l'association "Semer l'Avenir". A titre personnel je ne viens pas à cette manifestation en tant que manifestant contre les essais OGM et n'aimerais pas qu'à mon insu on m'associe à quelque chose que n'ai pas dit. Ceci précisé, j'assumerai ma présence à cette "fête" conviviale. Je serai là pour souhaiter la bienvenue mais ne m'exprimerai pas sur les OGM».
Un grand pique-nique canadien sera organisé sur place avec une soupe offerte à tous ceux qui apporteront leur bol.
Nina Brissot - Le Régional
La station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil suit des essais à Pully depuis 2009, en collaboration avec plusieurs universités suisses et avec l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Ces essais, incluant des blés génétiquement modifiés, contribuent à l'étude de l'utilité et des risques des plantes génétiquement modifiées, et ils sont financés par le Fonds national de la recherche scientifique (Programme 59).
La production d'organismes génétiquement modifiés (soja, maïs, colza et coton principalement) couvre actuellement 10% des terres labourées dans le monde. On estime même que plus des trois quarts des cultures mondiales de soja sont maintenant des OGM. L'élevage européen des volailles, des porcs et des bovins repose déjà en grande partie sur l'importation de tels fourrages, alors que la Suisse s'approvisionne en fourrages non modifiés. Ce développement planétaire des OGM justifie l'implication de notre station de recherche, responsable de la production végétale suisse.
Nos raisons de mettre en place des essais ont été largement expliquées lors de nombreux débats, conférences et visites. Une partie des citoyens associent les OGM au business des semences, à la captation du vivant, et craignent un impact environnemental ou sanitaire négatif et mal contrôlé. Ces risques, réels ou supposés, sont d'autant moins acceptés qu'ils ne sont pas choisis et que les OGM agricoles actuels n'apportent aucun avantage perceptible au consommateur. Malgré ce contexte défavorable, l'accueil réservé à notre expérimentation a été particulièrement bon, et le dialogue entre la recherche et les citoyens ou les associations, quoique parfois vif, est resté respectueux et de haut niveau. Les riverains des essais, particulièrement concernés par cette implantation à proximité de chez eux, leur réservent un accueil allant de neutre à favorable.
Seuls quelques médias et de rares personnes s'essaient courageusement à la diffamation parfois anonyme ou au sabotage nocturne de nos essais. Nous n'avons pas trouvé chez eux la sincérité des préoccupations sociétales ou environnementales des interlocuteurs mentionnés plus haut, ni leurs excellentes connaissances en agriculture et en écologie. Nos explications ont montré qu'il ne s'agit nullement pour nous de convaincre le public de la nécessité d'introduire les OGM dans notre agriculture. L'acceptation ou le refus de l'application de cette technologie appartient au législateur, et non à la recherche.
Nous avons observé un niveau de confiance élevé dans la recherche d'Agroscope, orientée depuis très longtemps vers un «produire mieux» (sélection variétale, lutte intégrée contre les maladies et les ravageurs, lutte biologique). Il est stimulant pour nous de constater que le public reste extrêmement attentif, et au besoin critique, et nous l'en remercions. Nous avons aussi été frappés par l'ampleur des attentes que place la population dans la recherche publique. Elle peut être assurée que nous prenons la mesure de nos responsabilités dans ces essais. Cette expérimentation représente une chance de mieux documenter les potentialités et les risques des OGM, en toute indépendance.
Arnold Schori © 24Heures
À l'occasion de la 2e caravane anti-OGM qui relie les champs d'expérimentation transgénique de Pully (VD) à Reckenholz (ZH) du 19 au 26 juin 2010 (voir T'OKUP n°81) nous publions ce texte du groupe «Action généreuse contre les chimères transgéniques» également publié par Le Courrier du 26 mars 2010.
M. Schori, vous êtes chercheur à l'Agroscope de Changins et responsable des essais en plein champ de blé génétiquement modifié à Pully, dans le cadre du programme national de recherche PNR59. Ce programme a été commandité par le conseil fédéral suite au moratoire de cinq ans sur les cultures commerciales d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Nous ignorons si votre mandat inclut un rôle de communicateur, toujours est-il que vous apparaissez et prenez la parole lors de chaque manifestation sur le site de Pully.
Nous avons décidé de réagir aux propos que vous avez tenu lors du pique-nique de protestation du dimanche 5 avril 2009, et lors du passage de la caravane anti-OGM le dimanche 24 mai 2009.
Nous disons que les «dangers des OGM» ne se limitent pas à des dangers environnementaux et sanitaires, aussi graves puissent-ils être, mais que le principal défaut des OGM est d'être brevetables, issus d'une technologie de pointe et non dés savoir-faire paysans. Ainsi ils ne peuvent servir qu'au profit de leurs possesseurs, au détriment du reste du monde, notamment de la paysannerie qui est ou sera forcée d'utiliser ces semences. Que la principale question politique, celle de la servitude, est là et qu'elle est occultée.
Sur la question des disséminations, nous doutons que vous alliez trouver quoi que ce soit: nous n'avons aucune confiance dans des recherches visiblement orientées en vue d'obtenir des résultats rassurants, qui permettront aux commanditaires (le Conseil Fédéral) ou d'autres groupes intéressés de faire passer le message «il peut exister de bons OGM».
Et vos interventions lors des deux manifestations devant le champ, nous ont confirmé qu'il ne fallait pas vous laisser le bénéfice du doute. Elles ont montré que vous entretenez l'illusion d'une science neutre et objective, se traduisant entre autres par votre mépris du travail d'un chercheur parce qu'il est critique: «On connaît bien l'opinion de Séralini sur les OGM» ce qui signifie que puisqu'il y est opposé, on n'a pas à prendre en compte ses observations.
Nous disons que les multinationales d'ici n'ont rien à envier à celles de là-bas en termes d'exploitation et de mensonge, que l'argument nationaliste a trop souvent servi à masquer l'iniquité du pouvoir local, et qu'on ne nous y trompera pas.
Nous savons aussi qu'aujourd'hui, le partenariat public-privé est la norme dans la recherche, et que si le financement public sert de garant à des recherches voulues par les firmes privées, on ne saurait parler de recherche publique - indépendante. Comme le Conseil Fédéral l'a confirmé en réponse à une interpellation parlementaire, c'est bien ce qui se passe avec le PNR59, et cela n'a en tous cas pas pour effet de nous «rassurer».
Et quand bien même le financement serait entièrement public, il resterait que ce sont des firmes privées qui déposeront des demandes d'autorisation pour commercialiser les semences génétiquement modifiées. De toute manière, les garanties (environnementales, sanitaires, juridiques, etc...) octroyées par l'état concernant cette technologie, si on admettait qu'elles fussent valables, ne satisferont pas notre revendication fondamentale d'autonomie paysanne en matière de semences.
Nous rappelons que les votant-e-s ont eu le choix entre: un moratoire sur la production et la commercialisation des OGM autorisant la recherche, ou pas de moratoire du tout. Elle n'a ni pu se prononcer sur un moratoire sans recherche, ni sur une interdiction permanente des OGM.
Rappelons aussi que le comité d'initiative StopOGM a dénoncé ces essais en plein champ, considérant que ce n'est pas cela que les votant-e-s ont demandé. Ils et elles ont encore moins demandé des études de marché, des études sur les seuils économiquement acceptables de tolérance à d'inévitables contaminations, ni des études sur la manière d'influencer leur opinion, qui sont toutes incluses dans le PNR59.
Nous avons appris de la lutte anti-nucléaire qu'un moratoire peut créer une situation où les luttes s'endorment pendant que l'industrie et l'État mettent en œuvre les moyens pour préparer l'acceptation de leur programme à la sortie du moratoire. Il est très clair pour nous qu'avec ce moratoire sur les OGM et ce programme de recherche, c'est ce qui est en train de se passer. Nous n'approuvons pas le comité d'initiative qui s'est affiché favorable à la recherche lors de la campagne de votation. Nous nous rangeons du côté de celles et ceux qui ont simplement voulu dire «non aux OGM» en acceptant l'initiative, et qui se sont fait berner.
Nous ne sommes pas dupes sur l'ambiguïté de la vulgarisation scientifique, qui peut jouer deux rôles bien distincts: soit permettre la reprise en main du débat et des choix par la population, soit susciter l'approbation soumise de cette population. Tant qu'on n'assume pas la réalité selon laquelle la science n'est jamais neutre et objective, la compréhension des enjeux liés à la science est biaisée. Balancer à la populace: «Faites confiance aux chercheurs !» montre sans doute le désir du vulgarisateur: obtenir une approbation aveugle.
Quand, comme dans le cas des PGM en Suisse, il y a indéniablement des intérêts commerciaux en jeu puisqu'il s'agit d'ouvrir ou non le marché à une nouvelle technologie, nier que les résultats des recherches sont vouées à devenir un instrument politique revient à cacher la merde au chat.
Oui les lobbies existent, oui ils sont influents, oui ils pratiquent des stratégies de communication manipulatrices envers les parlementaires et le public, non ce n'est pas une théorie du complot paranoïaque. On les voit agir dans le documentaire «Mais im Bundeshuus» («Le génie helvétique»), on les voit agir lors des votations sur le nucléaire en 2003, chaque année la presse enquête sur leur influence, etc... Non seulement les exemples sont multiples, mais c'est la logique même de la représentation politique qui implique qu'un pouvoir concentré sait la cible de groupes d'intérêt.
Quand un groupe d'intérêt veut manipuler l'opinion publique à son insu, il peut choisir une stratégie grossière: mentir; ou alors une stratégie subtile : informer sélectivement, orienter le débat public de manière à ce que les questions dérangeantes soient évitées. À plusieurs reprises Monsanto a menti effrontément, par exemple en truquant des études scientifiques ou en invoquant le secret industriel pour ne pas divulguer des études tout en mentant sur leur contenu: c'est la stratégie grossière.
Ici, les feux de la rampe sont braqués sur les questions scientifiques liées à la dissémination, ce qui évite de placer la question des OGM dans le contexte du productivisme en matière alimentaire et de la concentration des terres agricoles. On étudie des risques, certains risques de certaines variétés de PGM, liés à la dissémination dans l'environnement mais pas à la consommation, tout en étudiant sociologiquement les méthodes pour influencer l'opinion publique. Et on fait de la communication publique, de la vulgarisation, notamment à la radio, où l'on présente les études (partielles) des risques environnementaux sans mentionner les études sociologiques en cours. On se contente de faire de la vulgarisation scientifique. Au niveau politique, l'état décide de la prolongation du moratoire pour ne pas avoir à se prononcer avant d'avoir les résultats des essais, comme si toute la légitimité des OGM était suspendue à ces résultats. Voilà pour la mise en scène.
Mais quand on s'attarde sur le contenu des recherches du PNR59, notamment sur les volets juridiques, économiques et sociologiques, on voit que presque tout est orchestré pour préparer l'introduction des PGM sur le marché suisse. Dans le fond, ce programme de recherche national élude les enjeux liés au contrôle du marché des semences, à l'arme alimentaire que représente ce contrôle.
Rappelons que le gouvernement qui a commandité le programme de recherche, veut aussi réduire de moitié le nombre d'exploitations agricoles pour les rendre plus concurrentielles (Politique Agricole 2011). Que Syngenta, qui produit des OGM, est une multinationale suisse et qu'on n'a jamais vu un gouvernement qui ne défendait pas les intérêts de ses grandes entreprises. Que le pays de Syngenta bannisse les OGM, ça donnerait une mauvaise image, un mauvais signal au marché. Comment faut-il le dire? Le Conseil Fédéral est clairement favorable aux OGM, et il a commandité le PNR59. Il a décidé de mettre en œuvre une stratégie subtile de manipulation, où la vulgarisation scientifique et le statut de l'expert ont un rôle prépondérant.
Votre conception de la démocratie transparaît dans vos propos, elle repose sur la délégation de tous pouvoirs à des politicien-ne-s qu'on ne saurait remettre en cause. À travers eux-elles, la «majorité» qui les a portés au pouvoir aurait raison, donc les minorités n'auraient qu'à se taire. Il s'agit néanmoins de gagner la confiance de cette majorité passive, gage de légitimité de l'introduction des PGM en Suisse.
Nous assumons appartenir à une minorité critique et active, consciente que le jeu démocratique n'est qu'un spectacle quand c'est l'économie qui dicte sa loi. Plus intègre peut-être que le brave soldat que vous êtes qui ne fait que son travail, et qui en rajoute même en faisant des public relations le dimanche.
Oui, vous êtes complice («participant, aide, auxiliaire d'une action répréhensible commise par un autre»), et votre soi-disant transparence transpirant l'arrogance, fait de vous un véritable mystificateur («qui trompe, participe d'une tromperie collective, en abusant de la crédulité d'autrui»). Vous resterez l'un et l'autre tant que vous assumerez voire mandat au sein du PNR59.
Action Généreuse contre les Chimères Transgéniques
(groupe suisse d'opposition aux OGM, auteur de la brochure «Pourquoi nous disons NON AUX OGM et au programme national de recherche PNR59», a participé en 2009 à la caravane cycliste pour une agriculture écologique et autonome www.caravane-anti-ogm.ch)
VAUD - La méfiance doit être de mise face aux essais OGM
Les essais de dissémination de blé transgénique ont lieu depuis mars 2009 à Pully (et 2008 à Zurich) sous l'égide de l'EPFZ. Ces essais se font en toute indépendance des lobbys de l'agro-business selon Arnold Schori, chef de produit de la station de recherche Agroscope de Changins. En juin dernier, celui-ci a même fait l'apologie des essais sur les OGM dans la presse vaudoise, en soulignant «qu'ils sont financés par le Fonds national de recherche scientifique (programme 59)» et que «cette expérience représente une chance de mieux documenter les potentialités et les risques des OGM, en toute indépendance».
Faut-il le croire ?
Il est pour le moins troublant que le Professeur Gruissem, qui a fait la demande auprès de l'Office fédéral pour la dite recherche à Pully est entre autres et selon le site de l'EPFZ où il travaille dans le groupe de biotechnologie des plantes, consultant chez Shell développement et Monsanto et membre du «conseil consultatif» de Syngenta. Dès début 2009, le soussigné avait demandé au Conseil d'état qu'elle était la nature exacte des liens entre le Professeur Gruissem et des intérêts privés. Le Conseil d'état lui avait répondu «qu'il est fréquent que les chercheurs des écoles polytechniques fédérales et des universités entretiennent des relations avec l'industrie privée. Ces relations sont du reste profitables à la capacité d'innovation de la recherche et de l'économie suisses, à l'exemple des projets Alinghi et Solar Impulse». Cette réponse du Conseil d'état vaudois confirme de facto les liens entre Monsanto et Syngenta, et le professeur Gruissem, sans en préciser la nature exacte, mais les justifie, au nom de l'intérêt de l'économie suisse! Le Conseil d'état cherche de plus à en minimiser les risques en voulant comparer les recherches sur les OGM de Pully aux projets porteurs et bien aimés des Romands – même si par ailleurs peut-être critiquables – de la famille Bertarelli ou encore de «notre cher» Bertrand Piccard.
Quant à Arnold Schori, il se garde bien de relever ces liens étroits entre le Professeur Gruissem et Monsanto ou Syngenta quand il s'exprime dans la presse. Cela ne peut que semer plus de doutes sur la dite impartialité des recherches publiques (faite avec l'argent des contribuables) et doit renouveler notre résistance face à l'opacité qui entoure les essais de Pully sur les OGM. Rappelons-nous en effet l'histoire du professeur Ragnar Rylander, rattaché à l'Institut de médecine sociale et préventive de l'Université de Genève, mais secrètement (et grassement) payé par Philip Morris pour minimiser systématiquement les dangers de la fumée passive, et qui avait nécessité toute la ténacité des Docteurs Jean-Charles Rielle (actuellement conseiller national PS) et Pascal Diethelm du CIPRET de Genève pour être démasqué !
BERNARD BOREL,
PÉDIATRE ET DÉPUTÉ POP VAUDOIS
«Il est pour le moins troublant que le professeur Gruissem soit consultant chez Monsanto»
M. Arnold Schori, chef de produit de la Station de recherche de Changins-Wädenswil, faisait ici même en juin dernier l'apologie des essais sur les OGM de Pully, rappelant «qu'ils sont financés par le Fonds national de la recherche scientifique», et que «cette expérience représente une chance de mieux documenter les potentialités et les risques, en toute indépendance».
Je suis un grand défenseur des recherches publiques, qui devraient nous mettre à l'abri des lobbies, quels qu'ils soient. L'enjeu financier des expériences sur les OGM est de notoriété publique, et les pressions exercées dans d'autres cas et d'autres pays par les transnationales telles que Monsanto et Syngenta, pour défendre leurs intérêts, sont bien documentées. Ensemble, les deux détiennent quelque 90% des brevets de semences transgéniques, qui ne peuvent être utilisées qu'une fois et rendent les paysans dépendants de ces entreprises.
Dès lors, il est pour le moins troublant que le Pr. Wilhelm Gruissem, qui a fait la demande auprès de la Confédération pour la recherche à Pully, soit – selon le site de l'EPFZ, où il travaille dans le groupe de biotechnologie des plantes – consultant chez Shell Development et Monsanto, ainsi que membre du conseil consultatif de Syngenta. C'est pourquoi j'avais, début 2009 déjà, demandé au Conseil d'État vaudois quelle était la nature exacte des liens entre le Pr. Gruissem et des intérêts privés. Le gouvernement m'a répondu «qu'il est fréquent que les chercheurs des écoles polytechniques fédérales et des universités entretiennent des relations avec l'industrie privée. Ces relations sont du reste profitables à la capacité d'innovation de la recherche et de l'économie suisses, à l'exemple des projets Alinghi et Solar Impulse».
Cette déclaration confirme de facto les liens entre Monsanto, Syngenta et le Pr. Gruissem, sans en préciser la nature exacte, et les justifie au nom de l'intérêt de l'économie suisse! Le Conseil d'État cherche de plus à en minimiser les risques en comparant les recherches sur les OGM de Pully aux projets porteurs et bien-aimés des Romands de la famille Bertarelli, ou encore de "notre cher" Bertrand Piccard.
Cela ne peut que semer (c'est le cas de le dire) davantage le doute sur la prétendue impartialité des recherches publiques (menées avec l'argent des contribuables). Ces faits rappellent l'histoire du Pr. Ragnar Rylander, rattaché à l'Institut de médecine sociale et préventive de l'Université de Genève, mais secrètement (et grassement) payé par Philip Morris pour minimiser systématiquement les dangers de la fumée passive. Il avait fallu toute la ténacité de Pascal Diethelm et du docteur Jean-Charles Rielle (aujourd'hui conseiller national socialiste), du CIPRET-Genève, pour le démasquer !
Le Grand Conseil vaudois a adopté le 28 septembre 2010 un postulat exigeant que le Conseil d'État prenne position sur un éventuel conflit d'intérêts dans le cas de la recherche conduite à Pully, et donc sur la validité scientifique réelle des résultats.
Bernard Borel - © 24Heures
Il y a un aspect de la privatisation qui est passé sous silence, c'est celui du brevetage du vivant par les OGM qui permet à l'industrie de s'engouffrer dans une brèche propre à lui assurer une maîtrise totale de l'agriculture par l'industrialisation de celle-ci.
Les ressources génétiques des plantes ont été considérées pendant longtemps comme bien commun de l'humanité. Mais depuis une trentaine d'années ce tabou sur le vivant ne cesse d'être transgressé. La mise au point des techniques du génie génétique constitue un tournant majeur en permettant de modifier la matière vivante. L'immense majorité des brevets (environ 97%) sont accordés dans des pays industrialisés, alors même que l'immense majorité des ressources génétiques provient des pays intertropicaux; on estime que le Nord dépend du Sud jusqu'à 95% en ce qui concerne la matière première génétique de ses produits les plus importants.
L'essor des biotechnologies a transformé les pays du Sud en un gigantesque terrain de prospection. Cette appropriation du vivant est considérée comme un acte de biopiraterie par les populations autochtones du Sud car elle conduit au pillage de leurs ressources naturelles et de leurs savoirs "traditionnels". Elles se retrouvent aussi dans l'obligation de s'acquitter de redevances pour des produits qu'elles utilisent depuis des générations. Mais plus que "le Nord", ce sont surtout les grandes firmes appartenant aux domaines de la biotechnologie et de la pharmacie qui en sont les principales bénéficiaires. Les risques de voir émerger des monopoles dans des secteurs tels que la santé et l'alimentation sont alarmants d'autant plus que l'on constate une forte augmentation des demandes de brevet touchant à des plantes conventionnelles. (1)
Le développement des brevets favorise en outre la création de plantes OGM dont l'utilisation constitue une menace. C'est bien la richesse de la biodiversité du Sud qui pâtit actuellement de ce système, ce qui nous renvoie à la question d'une dette écologique due par le Nord – ce qui ne veut pas dire que les états du Sud sont davantage préoccupés par la conservation de leur biodiversité, souvent mise en balance avec le "développement".
En effet, l'imposture des OGM gagnent du terrain dans le monde entier et entraîne le dévoiement de la recherche et des chercheurs en agronomie. Depuis quelques années, on assiste à une véritable agression des paysans, des chercheurs et aussi des responsables politiques, afin qu'ils ouvrent toute grande la porte aux OGM. Des rencontres sont organisées aussi bien sur le continent africain qu'aux États-Unis, auxquelles sont conviés à grands frais des chefs d'états, des ministres de l'Agriculture, ainsi que des responsables de centres de recherche ou des leaders d'associations paysannes. On les invite, on les loge dans les plus grands hôtels, on leur montre de grands champs de plantes transgéniques, on leur dit qu'il ne faut pas rater le train des OGM, et à leur retour, ils ne jurent que par les cultures transgéniques; c'est une forme de "corruption idéologique". Ces rencontres ont un message clair: l'agriculture a besoin des OGM et la recherche doit aller dans ce sens. Du coup, le peu de ressources financières consacrées à la recherche scientifique dans le monde, le peu de structures existantes sont réorientées vers les OGM et les biotechnologies. Il s'agit là d'un détournement de ressources, loin des besoins des paysans qui assurent la majorité de la production alimentaire.
En cette période de grande précarité économique, il est difficile pour un chercheur bien formé mais privé de crédits pour mener ses recherches ou pour un centre de recherche agricole sans budget de fonctionnement, de résister aux fonds colossaux mis à la disposition par Monsanto, Syngenta, mais aussi l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international, favorable aux organismes génétiquement modifiés), pour faire de la recherche sur des variétés de végétaux, de grains et de maïs transgéniques. Après la corruption idéologique des dirigeants, vient la corruption financière des chercheurs, qui doivent travailler sur les OGM pour financer leurs projets. On peut déplorer que dans les pays pauvres, lorsqu'on est un chercheur appauvri et désœuvré qui n'a pas de moyens, qu'il soit tenté d'accepter ce marché de dupes.
Nous aurions dû misé sur l'autosuffisance alimentaire, la valorisation des ressources génétiques nationales et le renforcement des structures de recherche dignes de ce nom pour que la recherche agricole obtienne des résultats intéressants dans l'amélioration des semences locales, adaptées aux contextes locaux. Mais en ces temps d'ajustements structurels du FMI et de la Banque mondiale, avec des coupes importantes dans le budget de la recherche et une réorientation des politiques agricoles, on ne parle plus d'autosuffisance alimentaire, mais de sécurité alimentaire. En clair, le message est: «Mangez ce qu'on vous apporte et taisez-vous! Ne demandez pas d'où viennent les semences, l'industrie alimentaire s'occupent de tout».
Pour des scientifiques, telle la professeure malienne de Bamako Assétou Samaké (2), le fait que l'Afrique perd de plus en plus le contrôle de ses programmes de recherche scientifique, de ses ressources génétiques, de ses semences, de ses choix même en matière d'alimentation, représente une catastrophe. «Désormais, si nos ressources génétiques sont transformées en laboratoire, en partie dans nos pays mais le plus souvent à l'étranger, c'est à notre insu». Elle a essayé d'en savoir le plus possible sur ce qui se concocte dans les stations de recherche en matière de plantes africaines génétiquement modifiées et, selon elle, «Nous avons beaucoup de peine à obtenir les informations sur ce qui se trame dans les laboratoires de recherche. Nous devons recouper les témoignages de paysans, de chercheurs et des ONG qui nous soutiennent». C'est ainsi qu'elle a appris l'existence d'un sorgho ou encore du niébé génétiquement modifié développé par Syngenta en Suisse, avant d'être expérimenté en Afrique du Sud devenu un véritable laboratoire pour toutes sortes d'expériences transgéniques et ce dans l'opacité la plus totale. «Les tests sur les OGM sont cachés dans nos pays, parce que leurs promoteurs savent qu'il y a de la résistance» opine-t-elle. Il en est de même dans nos contrées soi-disant "avancés" et nous devons nous décider de tout faire pour accroître cette résistance (3).
Heureusement, il y a des pays qui se réveillent et, par exemple, l'Autorité indienne de la biodiversité a annoncé, le 11 août 2011, qu'elle avait engagé des poursuites judiciaires à l'encontre du semencier américain Monsanto pour avoir mis au point une aubergine génétiquement modifiée à partir de variétés locales sans en avoir demandé l'autorisation et qu'elle avait gagné son procès (4). L'entreprise aurait pris du matériel végétal sans aucune autorisation et l'aurait utilisé à des fins commerciales, ce qui est considéré comme un acte de biopiraterie et elle sera poursuivie pour "biopiraterie", une infraction passible de trois années d'emprisonnement. La société Monsanto avait l'habitude de falsifier les données scientifiques transmises aux organismes gouvernementaux de réglementation afin d'obtenir les autorisations de commercialisation pour ses produits en Inde.
Cette action en justice contre Monsanto constitue une victoire pour les opposants aux OGM. Ses nouvelles semences, coûteuses, sont accusées de ruiner les producteurs les plus fragiles. L'aubergine, très présente dans l'alimentation quotidienne partout dans le pays, est aussi utilisée comme offrande religieuse. Dans le temple d'Udupi, dans le sud de l'Inde, les fidèles du dieu Krishna s'étaient ainsi violemment opposés à la commercialisation de l'aubergine génétiquement modifiée. Ils craignaient de susciter la colère de leur divinité en lui offrant des légumes "impurs".
La "privatisation", ce n'est pas seulement la conversion d'entreprises nationales en entités dites "privées", comme la privatisation des CFF ou des PTT, mais aussi l'accaparement des divers matériaux et instances publiques tels l'eau, les semences, l'éducation, la recherche, etc. par les entreprises privées pour leur seul bénéfice et profit. Les OGM permet de breveter le vivant et par là, cela "privatise" l'agriculture et en fait une industrie qui échappe aux petits paysans qui se trouvent coupés de leurs sources de semences et les rend esclaves d'un système qui les échappe dans lequel ils ne sont que de la main d'œuvre docile livrés à son bon vouloir des industriels. Et l'argent gagné par ces procédés n'ira jamais à ceux qui en ont le plus besoin, il restera dans l'escarcelle des magnats industriels et leurs commanditaires, soit la grande finance et la bourse.
Mais nous pouvons changer cela, il suffirait de s'opposer par tous les moyens légaux à notre disposition à l'instar de l'opposition citoyenne fomentée depuis 2007 dans la commune de Pully Vaud (près de Lausanne) où des habitants se sont associés pour contrer la plantation de blé OGM dans des champs de la station agronomique "Agroscope Changins-Wädenswil" en plein quartier résidentiel, sous la bannière «NON aux OGM à PULLY». Même si ces essais ont quand même eu lieu, ils ont été retardés d'une année et finalement écourtés. (5)
G.Tafelmacher et "l'essor"
1. Hélen Baillot «Quand le capitalisme s'empare du vivant» - paru dans la revue «Les autres voix de la planète» de Janvier 2010
2. Assétou Sakamé est professeure à l'Université de Bamako, au Mali. Elle est intervenue aux côtés de spécialistes suisses, indiens et africains de haut niveau dans le cadre de la rencontre «Quelle agriculture pour nourrir le monde ?» organisée par Swissaid les 21 et 22 septembre à Berne, Nyon et Genève.
3. Voir LE COURRIER du mercredi 14 Septembre 2011 - «La recherche agricole africaine confisquée»
4. Dinesh C Sharma - India Today et Julien Bouissou - Le Monde
5. Voir une compilation de ce mouvement à la page internet - OGM à PULLY
PARIS • Les cultures d'organismes génétiquement modifiés (OGM), introduits il y a 20 ans, n'ont atteint aucun des objectifs promis pour réduire les pesticides et nourrir les pauvres et continuent à progresser dans le monde, selon un contre-rapport d'ONG présenté mercredi à Paris.
Malgré le refus catégorique des produits génétiquement modifiés exprimé par les citoyens de tous les pays sondage après sondage, la plupart des dirigeants politiques s'engagent à soutenir cette technologie et s'efforcent de faire adopter rapidement ces semences et récoltes OGM, souligne le rapport coordonné par l'association indienne Navdanya International et auquel ont participé une vingtaine d'associations des Amériques, d'Afrique et d'Europe.
Cette technologie est la continuité d'un modèle mondial d'agriculture industrielle qui a échoué à donner à manger à ceux qui ont faim et a contribué à la destruction de l'environnement et au réchauffement climatique, ajoute le document qui expose la situation vue du terrain sur tous les continents.
En Inde, par exemple, 95% du coton cultivé est issu de semences génétiquement modifiées et contrôlées par Monsanto, le géant chimique américain, explique Vandana Shiva, directrice de l'association Navdanya venue présenter le rapport à Paris aux côtés de l'eurodéputé français de EELV, José Bové. Le prix des semences locales traditionnelles a fortement augmenté faisant grimper aussi le prix des pesticides, selon l'écologiste, ajoutant que cela a provoqué lors de la dernière décennie une vague de suicides parmi les agriculteurs indiens surendettés. La tendance est très claire, si on n'arrête pas les OGM, il n'y aura plus d'agriculture bio et plus de semences non OGM, a-t-elle souligné en félicitant les mouvements paysans européens et les gouvernements pour s'y être opposés. En Europe, a résumé José Bové, seuls deux produits contenant des OGM ont été autorisés, le maïs Monsanto Mon810 et la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora.
Mais la commission européenne n'est pas pressée de lancer le renouvellement des autorisations parce qu'il y a un énorme problème de légitimité de l'Agence européenne sanitaire des aliments (AESA), a-t-il rappelé. Des doutes sérieux sont apparus sur l'indépendance des membres de cette agence par rapport à l'industrie. De plus l'AESA se base, selon l'eurodéputé sur les données fournies par les industriels pour décider des homologations.
© AFP - le 19 octobre 2011 14h56
Le rapport est consultable en anglais sur le site «THE GMO EMPEROR HAS NO CLOTHES»
publié par : Navdanya.
À la fin du mois de Janvier, le WEF se réunira pour "discuter" des affaires de ce monde et cette année, un des thèmes sera «une nouvelle vision de l'agriculture». Puisqu'il s'agira de OGM et d'autres moyens de production industrielle intensive, nous sommes directement concernés et en tant qu'opposants OGM, nous devons nous tenir informer sur les plans ourdis par ces dirigeants concernant la confiscation de notre avenir par le truchement de l'industrialisation forcenée de notre agriculture.
Lisez donc ce commentaire signé par Catherine Morand qui nous explique clairement l'enjeu de ce prochain Forum et les véritables intentions du WEF, soit convaincre les gens d'adopter cette agriculture high-tech pour soi-disant «résoudre la faim dans le monde», fallacieux prétexte s'il en est...
EST-CE BIEN RAISONNABLE ?
PAR CATHERINE MORAND *
L'édition 2012 du Forum économique mondial (WEF) va faire la part belle à sa «nouvelle vision de l'agriculture», qui ambitionne de fournir de nouvelles opportunités d'affaires dans ce secteur, sous couvert de nourrir la planète.
Et Bill Gates sera à nouveau présent, comme chaque année, pour vanter les mérites d'une agriculture high-tech, lui qui investit des milliards dans l'agriculture, notamment en Afrique. Avant d'être largement traitée à Davos, l'initiative «New Vision for Agriculture» du WEF a enchaîné l'année dernière au Brésil, en Afrique du Sud, en Indonésie et en Inde «des dialogues public-privé» afin de «parvenir à une croissance agricole durable par le biais de solutions basées sur le marché».
Et qui est-ce qui pilote cette belle initiative et en «assure la direction stratégique et la sensibilisation», selon le document officiel (1)? Je vous le donne en mille... Eh bien, la quintessence de l'agrobusiness mondialisé: Monsanto, Syngenta, Nestlé, Unilever, Wal-Mart, Archer Daniels Midland, BASF, Bayer, Cargill, Coca-Cola, Kraft Foods, et même Swiss Reinsurance Company, personne ne manque à l'appel. C'est dire si nous pouvons dormir tranquilles: l'agriculture et l'alimentation mondiale sont entre de bonnes mains...
Ce qui frappe en parcourant cette liste, c'est l'absence totale de représentants d'organisations d'agriculteurs, d'organisations internationales, d'ONG, de gouvernements, rien, nada, juste du business, et du lourd, puisqu'on y trouve tous les grands fabricants de semences transgéniques, qui font le forcing pour imposer leurs produits partout dans le monde et gagner de nouvelles parts de marché.
Le modèle agricole proposé par l'initiative «Une nouvelle vision de l'agriculture» du WEF est clair comme de l'eau de roche: il s'agit d'ouvrir toutes grandes les portes des agricultures des pays dits du Sud et émergents aux multinationales agroalimentaires, avec, à la clé, des paysans chassés de leurs terres pour céder la place à des monocultures industrielles, aux agrocarburants, avec un maximum d'engrais et de pesticides chimiques, et, dans le pipeline également, même si la discrétion est de rigueur, toute la gamme des plantes transgéniques que nous concoctent les laboratoires financés par la Fondation Bill Gates et l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), présidée par Kofi Annan.
La semaine dernière, l'émission «Envoyé Spécial» sur France2 a justement diffusé un reportage sur les activités de la fondation Bill Gates dans le secteur de l'agriculture en Afrique, en mettant clairement l'accent sur son étroite collaboration avec des anciens cadres de Monsanto, qui font partie non seulement du conseil d'administration de AGRA, mais également de la Fondation Bill & Melinda Gates. L'interview d'un paysan africain demandant à Bill Gates de les laisser tranquilles illustre bien le sentiment généralement partagé, face à cette offensive qui fleure bon les agri-dollars.
C'est qu'à aucun moment les paysans africains ne sont consultés, ni par la fondation Bill & Melinda Gates ni par l'Alliance pour une révolution verte. En revanche, des chercheurs africains salariés à prix d'or sont mis en avant, pour vanter les mérites de ce type d'agriculture. Kofi Annan, qui paie de sa personne aux côtés de Bill Gates, lors du WEF et ailleurs, a beaucoup déçu tous ceux qui, à l'instar de nombreux experts et scientifiques, estiment que ce type d'agriculture est non seulement dangereux pour l'avenir de la planète, mais également dépassé, et conduit à une impasse sur tous les plans.
L'agriculture et l'alimentation seront donc au cœur des discussions qui se tiendront à Davos du 25 au 29 janvier. Signe de l'importance que le WEF accorde aux opportunités d'affaires dans ce secteur? Il vient de nommer au poste de vice-présidente et membre du Conseil de gestion de la Fondation Josette Sheeran, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) depuis 2007, laquelle prendra ses nouvelles fonctions en avril 2012, à l'expiration de son mandat au PAM.
* Journaliste, SWISSAID (l'opinion exprimée ne reflète pas nécessairement celle de SWISSAID).
1 - Pour plus de détailles, visitez la page : W E F
propos rapportés par :
Georges Tafelmacher
opposant OGM à PULLY
FRANCE • C'est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Paul François accuse depuis sept années le géant Monsanto d'empoisonner les agriculteurs. En toile de fond du procès de lundi figure la question de savoir si les pesticides sont en train de tuer les agriculteurs.
«Confiant». Tel est l'état d'esprit de Paul François, à l'approche de l'échéance judiciaire qui, peut-être, couronnera de succès le combat dans lequel il s'est lancé il y a sept ans. Lundi, le Tribunal de grande instance de Lyon rend son jugement sur la plainte qu'a déposée cet agriculteur de 47 ans, exploitant 240 hectares de céréales en région Poitou-Charentes. Plainte qui vise un géant mondial: le groupe américain Monsanto, bien connu pour ses OGM et ses produits phytosanitaires.
Ce jugement sera une première en France. En effet, dans le domaine du droit environnemental de ce pays, jamais un agriculteur n'avait poursuivi un acteur majeur de l'agroalimentaire. Ce sera une première, mais «ce ne sera qu'une étape», selon le plaignant, qui s'attend à des recours. «Quand cette affaire aura définitivement été jugée, dans cinq ou dix ans, je ne serai probablement plus en vie...», craint-il.
Lésions au cerveau
Une vie qui a basculé un jour d'avril 2004. Cet après-midi-là, Pierre François vient d'achever de pulvériser un champ de maïs avec du Lasso: un désherbant ultra-puissant de Monsanto, retiré du marché français en 2007. Notre agriculteur se penche sur la cuve d'un pulvérisateur pour vérifier qu'elle a été bien nettoyée. Il prend en pleine face des vapeurs de chlorobenzène, un solvant nocif contenu dans le Lasso. Il perd connaissance, plusieurs fois de suite. Hospitalisé, il est sujet à des pertes de mémoire, puis à de nouvelles pertes de connaissances, des problèmes neurologiques, des migraines, et un état de grande fatigue. Trop faible, il arrête le travail pendant près d'un an. Des lésions lui sont découvertes au cerveau. D'après les médecins, son système nerveux central est atteint.
À l'issue d'un très long parcours procédural, le céréalier a vu sa maladie et l'origine professionnelle de celle-ci reconnues officiellement, et a été déclaré invalide à 50%. Aujourd'hui, huit ans après l'accident, sa santé ne lui permet pas de travailler plus qu'à mi-temps. Et il doit subir deux IRM par an. Au procès, en décembre, Monsanto a plaidé l'absence de lien prouvé entre l'état de santé du plaignant et le produit qu'il dit avoir inhalé. L'absence, aussi, de preuves attestant une telle inhalation. En outre, a ajouté l'avocat de la firme, «le chlorobenzène a été identifié comme pouvant produire les cancers de la lymphe; ce n'est pas ce dont se plaint M. François».
«Mais où va-t-on ?», réagit ce dernier. «Pour que l'on me croie, il aurait donc fallu qu'un huissier soit présent dans mon exploitation au moment de l'accident ?» Au tribunal, le Charentais a reproché au fabricant de n'avoir pas signalé les risques sanitaires liés à son produit. Et il l'a accusé d'avoir menti. «Ce produit présentait un réel danger potentiel. Monsanto ne peut pas dire qu'il ne le savait pas», puisque le Lasso a été interdit au Canada dès 1985, en Belgique en 1990, au Royaume-Uni en 1992.
Plus globalement, Paul François est convaincu que son cas est loin d'être unique. Des agriculteurs français en grand nombre souffrent de maladies dues aux produits qu'ils manipulent. Ces produits provoquent des intoxications chimiques débouchant sur des maladies graves. En clair? «Des paysans sont en train de crever dans leur coin». Parce que des groupes comme Monsanto «font des bénéfices au détriment de la santé des agriculteurs. On est proche d'un scandale comparable à celui de l'amiante».
L'accusation est grave
L'accusation est grave. Paul François l'étaie par les témoignages, de plus en plus nombreux selon lui, qu'il reçoit de médecins hospitaliers: des professionnels de la santé qui seraient alarmés par le nombre grandissant d'agriculteurs dans leur patientèle. Il cite aussi les cas de quatre agriculteurs et viticulteurs (de Charente ou des Pyrénées) qu'il connaissait personnellement, qui étaient grands utilisateurs de produits phytosanitaires, et qui, dans la seule année 2011, sont morts de leucémies ou d'autres types de cancers.
Le monde agricole déchiré
Pour l'Union des industries pour la protection des plantes, qui regroupe les fabricants français de produits phytopharmaceutiques, lier pesticides et cancers est «de la désinformation». «On manque de statistiques sérieuses sur le sujet», renchérit-on à la FNSEA: le premier syndicat agricole. Qui insiste: «Les agriculteurs utilisent des molécules qui sont homologuées et font l'objet d'autorisations. Ce ne sont pas des produits mis sur le marché n'importe comment! La France a un des réseaux d'épidémio-surveillance les plus performants au monde. C'est un pays où on a beaucoup de garde-fous.» Les petits syndicats, en revanche, la Coordination rurale ou la Confédération paysanne, soutiennent le plaignant. Pour elles, des firmes comme Monsanto «commercialisent des produits dangereux, au détriment de la santé de leurs utilisateurs».
BDL
Encore une étude qui confirme que l'irrationnel semble présidé l'industrie génétique où on lance sur le marché des produits dont on ne sait pas comment ils vont se comporter dans la nature, aucune étude sérieuse ayant été faite à ce sujet.
Il a fallu des études indépendantes financées par nos universitaires et nos sous pour que la réalité de ces produits soit connue et même là, personne ne semble prêt à condamner définitivement cette technologie d'un point de vue sanitaire et écologique.
Que faut-il de plus ?
Que nous nous soulevions comme un seul homme et femme et que nous forcions les industriels à mener des études dans le sens d'une vraie étude sur les vrais dangers de cette bombe qu'on nous prépare dans les laboratoires des industries de l'OGM !
Nous avions voulu le principe de précaution et on a vite fait de le mettre dans le panier du "politiquement correct" liberticide anti-tout !!
Lisez et arrivez à vos propres conclusions, elles seront toujours plus nécessaires pour répliquer aux assauts de l'industrie OGM et pour lutter contre la prolifération des OGM disséminés à tout vent, partout, en grande quantité !!
C'est l'histoire d'une plante qui, en une quinzaine d'années, a conquis des dizaines de millions d'hectares !
Ce grain communément appelé Maïs Bt, issu des manipulations du génome de cette céréale millénaire, la plus consommée au monde, était devenu le symbole de la nouvelle révolution agraire promise par les technocrates de la mondialisation. Résistant aux insectes ravageurs tels que la pyrale, le maïs de Monsanto devait sceller l'alliance entre technologie, commerce et environnement. Aujourd'hui, il justifie surtout la méfiance des écologistes.
Lundi, le gouvernement français ébruitait le scandale: l'Union européenne a en sa possession plusieurs rapports soulignant la nocivité environnementale de cet OGM. Pourtant, s'indigne Paris, la Commission européenne n'a pas jugé nécessaire de réévaluer l'autorisation délivrée au Maïs Bt. Le Ministère français de l'environnement pointe notamment un avis de la très timorée Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA), daté du 8 décembre 2011, qui parle de «risques importants pour l'environnement». Les chercheurs ont été alertés par l'apparition de résistances à la toxine Bt chez les insectes. Ce qui pousserait le producteur du maïs OGM à augmenter la dose. Certains n'hésitent plus à parler de «course aux armements» entre la société étasunienne et ses ennemis des champs. Du bout des lèvres, l'AESA en est réduite à réclamer un cessez-le-feu partiel, avec l'instauration de zones-refuges pour les insectes...
Ce premier aveu de l'AESA sera-t-il suivi d'autres ?
Une toute récente étude réalisée par l'université de Caen va bien au-delà des rapports européens. Cette recherche publiée dans Journal of Applied Toxicology et relayée hier par Stop OGM tend à démontrer que l'ingestion de toxines Bt, à l'instar des résidus de l'herbicide associé Roundup, endommagerait directement les cellules humaines... Pour les chercheurs, des tests doivent être impérativement réalisés sur des mammifères, afin de mesurer l'impact à long terme de ces toxines.
L'équipe du professeur Séralini appuie là où ça fait mal: les études publiées jusqu'à présent sur ces toxines issues du génie génétique ont été biaisées, puisque réalisées par analogie avec les protéines naturelles Bt et non sur la création de Monsanto elle-même. Au vu et au su de tous. La technologie OGM, qu'on nous vantait 100% écologique et aussi sûre qu'une bonne vieille hybridation, a-t-elle vécu son âge d'or? Le lobby industriel et ses alliés politiques ont longtemps su éluder les questions gênantes sous ce discours pseudo-scientiste qui relègue toute interrogation au rang d'obscurantisme. Mais si l'on peut facilement bâcler une procédure d'autorisation, on ne peut cacher indéfiniment les effets d'une expérimentation in vivo qui se révélerait désastreuse.
On n'en est pas là. Même si les nuages s'amoncèlent, les preuves manquent encore pour condamner définitivement cette technologie d'un point de vue sanitaire et écologique. Mais la dimension que prendrait une telle catastrophe industrielle laisse songeur: pour mémoire, un tiers du maïs consommé dans le monde a été produit par une technologie OGM aux conséquences encore bien méconnues.
BP
Chercheurs pas indépendants...
Les chercheurs qui travaillent pour les industriels rendront des résultats forcément faussés, ils tiennent à leur place de travail. Les études doivent être faites par des scientifiques indépendants. Il en va de même pour la nanotechnologie, un désastre! Pour ce qui est du maïs, les mexicains ne décolèrent pas: leur maïs a été infecté par le maïs OGM américain et n'est bien sûr plus bon du tout. D'autre part le maïs a subi des transformations génétiques, sans OGM, même chez nous! Alors qu'à l'origine la plante poussait facilement sur des sols arides, voilà qu'elle est devenue une grande buveuse ne supportant plus la sécheresse. Une catastrophe supplémentaire pour les populations de nombreux pays et pour l'écologie en général.
Un côté positif non négligeable est l'essor de la culture bio. Voilà qui rassure... un peu !
Recherches protocolées...
Plusieurs correspondant-e-s m'ont fait remarquer que l'on ne pouvait pas faire confiance aux chercheurs travaillant pour des grandes firmes internationales pour faire des études prouvant l'innocuité de leurs produits !
Je dois préciser que ces études doivent être inscrites dans des protocoles établis par la législation qui doivent aller dans le sens de vraies études sur les vrais dangers des produits que les industriels veulent lancer sur le marché. D'emblée, nous devons forcer les entrepreneurs OGM (ou autres nanoparticules) à mener ces études sous la supervision et le contrôle de scientifiques indépendants attachés à nos universités et hors des influences dominantes de ces entreprises par trop sensibles. L'État ne peut financer les cent milles études nécessaires pour prouver l'innocuité d'une nouvelle molécule, c'est aux industries de payer cette facture, sous la supervision de l'État, bien sûr et de nous en fin de compte. De plus, les scientifiques universitaires sont là pour faire des recherches en vu de comprendre les fondamentaux de la vie et pas pour faire les études sectorielles que les industries ne veulent pas faire !!
Il est important aussi de réhabiliter l'idée même du principe de précaution pour qu'il devienne le principe qui empêcherait les industriels d'inonder le marché de leurs produits malsains et pour contrer le principe actuel où, à présent, pour faire interdire un produit, il faut que ce soit à l'État de prouver que ce produit induirait des effets néfastes (par exemple la polémique autour des sels d'aluminium dans les déodorants) !
Le procès de l'aimante à Turin, où ces sont "nos" patrons qui sont sur la sellette, est très significatif et démontre à qui veut entendre que le principe de précaution n'est décidément pas à l'ordre du jour des industriels et que les délais d'imprescriptibilité sont infiniment trop courts !!
Georges Tafelmacher
NON OGM à PULLY
Apprenez plus sur le maïs bt
Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes... une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM.
C'est une véritable bombe que lance, ce 19 septembre à 15 heures, la très sérieuse revue américaine «Food and Chemical Toxicology» – une référence en matière de toxicologie alimentaire – en publiant les résultats de l'expérimentation menée par l'équipe du français Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen. Une bombe à fragmentation: scientifique, sanitaire, politique et industrielle. Elle pulvérise en effet une vérité officielle: l'innocuité du maïs génétiquement modifié.
Lourdement toxique et souvent mortel
Même à faible dose, l'OGM étudié se révèle lourdement toxique et souvent mortel pour des rats. À tel point que, s'il s'agissait d'un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l'attente de nouvelles investigations. Car c'est ce même OGM que l'on retrouve dans nos assiettes, à travers la viande, les œufs ou le lait. En 2006, c'est comme un véritable thriller que commence cette recherche, dont le maître d'œuvre, Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine («Tous cobayes !», Flammarion, en librairie le 26 septembre).
Nom de code "In Vivo"
Jusqu'en 2011, les chercheurs ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité. Ils ont crypté leurs courriels comme au Pentagone, se sont interdit toute discussion téléphonique et ont même lancé une étude leurre tant ils craignaient un coup de Jarnac des multinationales de la semence.
Le récit de l'opération – nom de code "In Vivo" – évoque la très difficile récupération de semences de maïs OGM NK603, propriété brevetée de Monsanto, par le truchement d'un lycée agricole canadien. Puis la récolte et le rapatriement des "gros sacs de jute" sur le port du Havre fin 2007, avant la fabrication de croquettes dans le secret le plus total et la sélection de deux cents rats de laboratoires dits "Sprague Dawley". Bilan? Glaçant: «Après moins d'un an de menus différenciés au maïs OGM, confie le professeur Séralini, c'était une hécatombe parmi nos rats, dont je n'avais pas imaginé l'ampleur».
Pathologies lourdes, tumeurs mammaires
Tous les groupes de rats, qu'ils soient nourris avec le maïs OGM traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d'herbicide présent dans les champs OGM, sont frappés par une multitude de pathologies lourdes au 13e mois de l'expérience. Chez les femelles, cela se manifeste par des explosions en chaîne de tumeurs mammaires qui atteignent parfois jusqu'à 25% de leur poids. Chez les mâles, ce sont les organes dépurateurs, le foie et les reins, qui sont atteints d'anomalies marquées ou sévères. Avec une fréquence deux à cinq fois plus importante que pour les rongeurs nourris au maïs sans OGM.
Comparaison implacable: les rats nourris au maïs OGM déclenchent donc de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats nourris sans OGM quel que soit leur sexe. Au début du 24e mois, c'est-à-dire à la fin de leur vie, de 50% à 80% des femelles nourries aux OGM sont touchées contre seulement 30% chez les sans-OGM. Surtout, les tumeurs surviennent nettement plus vite chez les rats nourris aux OGM: vingt mois plus tôt chez les mâles, trois mois plus tôt chez les femelles. Pour un animal qui bénéficie de deux ans d'espérance de vie, l'écart est considérable. À titre de comparaison, un an pour un rongeur, c'est à peu près l'équivalent d'une quarantaine d'années pour un homme...
Exiger des comptes
C'est forte de ces conclusions que Corinne Lepage, dans un livre qui paraît vendredi 21 septembre («La vérité sur les OGM, c'est notre affaire», Editions Charles Léopold Mayer), entend bien exiger des comptes auprès des politiques et des experts, français et européens, des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles, qui se sont si longtemps opposés et par tous les moyens au principe d'une étude de longue durée sur l'impact physiologique des OGM. Cette bataille, l'ex-ministre de l'Écologie et première vice-présidente de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire à Strasbourg, la mène depuis quinze ans au sein du Criigen (Comité de Recherche et d'Information indépendantes sur le Génie génétique) avec Joël Spiroux et Gilles-Eric Séralini. Une simple association 1901 qui a pourtant été capable de réunir de bout en bout les fonds de cette recherche (3,2 millions d'euros) que ni l'Inra, ni le CNRS, ni aucun organisme public n'avaient jugé judicieux d'entreprendre.
Une étude financée par Auchan et Carrefour
Comment? Autre surprise: en sollicitant la Fondation suisse Charles Léopold Mayer. Mais aussi les patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan..), qui se sont réunis pour l'occasion en association. Depuis la vache folle, ces derniers veulent en effet se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. À tel point que c'est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui a débloqué les premiers financements.
L'étude du professeur Séralini laisse donc présager une nouvelle guerre meurtrière entre pro et anti-OGM. Les agences sanitaires exigeront-elles de toute urgence des études analogues pour vérifier les conclusions des scientifiques français? Ce serait bien le moins. Monsanto, la plus grande firme mondiale de semences transgéniques, laissera-t-elle faire? Peu probable: sa survie serait en jeu. Pour une seule plante OGM, il y a une centaine de variétés. Ce qui impliquerait au moins une dizaine d'études de 100 à 150 millions d'euros chacune !
Le temps de la vérité
Sauf que, dans cette nouvelle confrontation, le débat ne pourra plus s'enliser comme par le passé. Dès le 26 septembre, chacun pourra voir au cinéma le film choc de Jean-Paul Jaud, «Tous Cobayes ?», adapté du livre de Gilles-Eric Séralini, et les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeurs. Des images qui vont faire le tour de la planète et d'internet, puisqu'elles seront diffusées sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre) et sur France 5 (le 16 octobre dans un documentaire). Pour les OGM, l'ère du doute s'achève. Le temps de la vérité commence.
Étude publié par la revue américaine «Food and Chemical Toxicology» :
Le compte-rendu définitif de l'étude, (11 pages), a été reçu au Food and Chemical Toxicology le 11 avril 2012. Il a fait l'objet de vérifications et d'examens par un comité de lecture spécialisé pendant plus de trois mois avant d'être finalement approuvé et accepté le 2 août 2012 avant publication. Le Food and Chemical Toxicology n'est pas un journal de vulgarisation scientifique, mais une publication qui fait autorité en la matière, les articles "douteux" ou fantaisistes étant irrémédiablement refusés.
Édifiant! Une nouvelle étude scientifique menée sur des rats de laboratoires pendant deux ans montre les conséquences gravissimes sur la santé provoquées par la consommation d'un maïs OGM, le NK603 de Monsanto résistant à l'herbicide Round Up.
Le professeur de biologie moléculaire Gilles-Eric Séralini a mené cette étude dans le plus grand secret. D'abord afin de se procurer les semences OGM nécessaires à ses expérimentations. Et ensuite pour éviter que les puissants intérêts des industriels des biotechnologies fassent tout pour atténuer la publication de ces résultats fracassants. L'étude a été financée par une fondation indépendante et remet en question les conclusions du Programme national suisse de recherche (PNR 59) en prouvant, d'une part, qu'il est nécessaire de soumettre les OGM à des études de longue durée et, d'autre part, que le maïs transgénique NK603 et le Roundup causent des dommages au foie, aux reins, à la peau. De plus, cela conduit à la mort prématurée de ceux qui en consomment. En Suisse, le NK603 est autorisé pour la consommation animale.
Greenpeace Suisse demande que le Conseil national avalise la prolongation du moratoire dans sa séance du 26 septembre 2012. «L'agriculture et l'industrie alimentaire suisses doivent rester exemptes d'OGM, car les plantes génétiquement modifiées menacent la diversité biologique et entraînent un recours accru aux pesticides» indique Marianne Künzle, chargée de campagne Agriculture.
À l'heure actuelle, les risques des OGM sont évalués par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Or, cet organisme s'est distingué depuis de nombreuses années par la proximité scandaleuse de ses membres avec les industriels vendant des OGM et son manque d'indépendance. L'EFSA doit cesser d'être l'antichambre des industriels des biotechnologies. Pour cela, elle doit évaluer l'impact des OGM sur le long terme et pas uniquement sur trois mois, comme c'est le cas actuellement dans les études fournies par les industriels lorsqu'ils soumettent leurs demandes d'autorisations. Cet organisme doit également s'appuyer sur des études indépendantes et non uniquement sur les analyses fournies par les industriels du secteur comme c'est le cas actuellement.
Greenpeace demande à l'Union européenne de décréter un moratoire sur tous les OGM en Europe. Il est notamment urgent d'interdire les OGM résistants aux herbicides. Ceux-ci sont les plus cultivés dans le monde; leur usage induit le recours accru aux pesticides et les principales demandes d'autorisation actuellement en cours auprès de l'Union européenne concernent ce type d'OGM.
La complaisance doit cesser! Il en va de la santé de tous et de la préservation de notre environnement.
GREENPEACE SUISSE
1 - Lire Le Courrier du 20 septembre.
LONDRES (Reuters) - Une étude, menée sur un échantillon significatif de 200 rats en France à l'université de Caen, suggère que la consommation de maïs OGM de la firme Monsanto provoque des effets dommageables pour la santé, comme des tumeurs mammaires et des troubles organiques des reins et du foie.
Le biologiste Gilles-Eric Seralini et ses collègues ont nourri des rats à l'aide de NK603, une variété de maïs génétiquement modifié et rendu résistant à l'herbicide Roundup, et les ont abreuvés d'eau contenant ce même herbicide à des taux autorisés aux Etats-Unis. Les résultats, qui doivent être publiés dans le prochain numéro de la revue Food and Chemical Toxicology, montrent que les rats soumis à ce régime sont victimes d'une surmortalité par rapport à ceux exposés à un régime normal. Selon les chercheurs, le taux de mortalité prématurée est de 50% chez les rats mâles et 70% chez les femelles contre 30 et 20% dans le groupe témoin.
Les études menées jusqu'à présent sur l'éventuelle toxicité des OGM n'avaient pas permis de conclure que les organismes transgéniques constituaient une menace pour la santé. Les nouveautés de l'expérience menée à Caen portent sur la taille de l'échantillon et sa durée de deux ans, soit le temps de vie d'un rat. Selon les biologistes français, ces paramètres donnent une image plus réaliste et plus autorisée que les précédentes études qui se résumaient à une période de 90 jours.
Monsanto avait déjà estimé que les expériences menées par les chercheurs français avaient abouti à "des conclusions non fondées" et qu'aucune preuve n'avait été apportée de leur dangerosité sur la santé de l'animal ou de l'homme. La filiale française de Monsanto a dit à Reuters prendre très au sérieux toute nouvelle étude concernant ses semences mais ne pas souhaiter réagir sur le fond dans l'immédiat. «Dans le cas présent, il est trop tôt pour faire un commentaire sérieux car nous sommes encore en train d'évaluer la publication scientifique», écrit Yann Fichet, porte-parole de la firme américaine en France, soulignant que plus de 300 études sur l'alimentation OGM des animaux sont déjà disponibles.
DES EXPERTS SCEPTIQUES
Plusieurs voix se sont déjà élevées pour contester les résultats. Tom Sanders, directeur du département des sciences nutritionnelles au King's College de Londres, note que Gilles-Eric Seralini et son équipe n'ont pas fourni de données chiffrées sur la quantité de nourriture donnée aux rats, ni sur leur taux de croissance. «Cette race de rat est particulièrement sujette aux tumeurs mammaires lorsque les ingestions de nourriture ne sont pas contrôlées», a-t-il dit. «Les méthodes statistiques sont inhabituelles et les probabilités ne permettent pas de comparaisons multiples. Il n'existe pas de projet d'analyse de données et il semble que les auteurs n'ont retenu que les chiffres les intéressant», a-t-il ajouté.
Mark Tester, professeur à l'université d'Adelaïde en Australie, s'est étonné que les précédentes études n'aient pas soulevé les mêmes inquiétudes. «Si les effets sont aussi importants que rapporté et que l'étude est vraiment pertinente concernant l'homme, pourquoi les Nord-Américains ne tombent-ils pas comme des mouches ?» s'est-il interrogé. «Les OGM font partie de la chaîne alimentaire depuis une décennie là-bas et la longévité continue de s'accroître inexorablement», a-t-il poursuivi.
SAISIE DE L'AGENCE DE SÉCURITÉ SANITAIRE
En France, où la mobilisation contre les organismes génétiquement modifiés est forte, les écologistes ont réagi en estimant que la France devait immédiatement saisir la Commission européenne «pour lui demander de suspendre les autorisations de mise en culture et d'importation d'OGM».
José Bové, vice-président de la commission de l'Agriculture et du Développement Rural au Parlement européen, a jugé que cette étude «montre enfin que nous avons raison et qu'il est urgent de revoir rapidement tous les processus d'évaluation des OGM. Les données fournies par Monsanto et les autres multinationales sont tout simplement biaisées et ne reposent pas sur des travaux scientifiques sérieux et fiables», dit-il.
L'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie pour avis par le gouvernement, ont fait savoir les ministères de la Santé, de l'Écologie et de l'Agriculture. «Cette étude semble confirmer l'insuffisance des études toxicologiques exigées par la règlementation communautaire en matière d'autorisation de mise sur le marché de produits transgéniques», dit un communiqué. Selon l'avis de l'Anses, attendu dans trois mois environ, le gouvernement pourrait demander aux autorités européennes la suspension de l'importation du maïs NK603, ajoute le communiqué. Le maïs OGM NK603 est autorisé à l'importation en France et en Europe, où il est notamment utilisé dans l'alimentation du bétail.
Le Haut conseil des biotechnologies (HCB) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ont également été saisis. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a confirmé samedi le maintien du moratoire sur la culture de semences génétiquement modifiées en France. Mais l'importation de certaines céréales génétiquement modifiées, qui entrent dans l'alimentation du bétail, est autorisée.
Marion Douet et Sybille de La Hamaide à Paris
Pierre Sérisier pour le service français
édité par Gilles Trequesser
La culture de plantes génétiquement modifiées est interdite en Suisse, mais déjà pratiquée à grande échelle dans certains pays dont nous importons des produits agricoles. Les plantes transgéniques pouvant s'introduire chez nous par différents canaux, l'OFEV est en train de mettre sur pied un monitoring dans ce domaine.
La population suisse ne veut pas d'OGM. Les votations et enquêtes montrent régulièrement qu'une grande majorité désapprouve la culture de ces plantes et n'est pas du tout intéressée à en consommer les produits. De leur côté, les agriculteurs ne voient pas non plus quels avantages ils en tireraient. Quant au Parlement, il a prolongé récemment jusqu'en 2017 le moratoire interdisant toute utilisation d'OGM en Suisse.
À l'échelle mondiale cependant, la situation est tout autre. Les OGM ont le vent en poupe et peuvent très bien franchir les frontières suisses. Des semences transgéniques provenant de pays où leur production est permise arrivent par exemple chez nous sous forme d'impuretés présentes dans des récoltes conventionnelles importées du Canada ou des États-Unis, ou se dissimulent dans des aliments pour oiseaux et animaux de compagnie. Des enquêtes sont en cours pour savoir si certains feux d'artifice contiennent des graines de colza génétiquement modifié encore capables de germer.
Du colza OGM à Bâle et à Lugano
En 2012 on a trouvé à Bâle, dans la zone portuaire de Petit-Huningue et dans le périmètre de la gare de Saint-Jean, des plantes de colza dans lesquelles avaient été implanté un gène résistant à un herbicide, le glyphosate. Du colza transgénique avait déjà été découvert en 2011 sur un remblais de la gare de Lugano. Il était probablement arrivé là en passager clandestin d'un transport de récolte classique. Si ces preuves répétées de la présence de plantes interdites ont suscité un vif émoi au sein de la population, elles n'ont pas étonné les spécialistes de l'OFEV. «Nous travaillons depuis longtemps sur le sujet et avons mis au point des méthodes pour détecter rapidement des plantes génétiquement modifiées dans notre environnement», explique Sara Restrepo-Vassalli, de la section Biotechnologie à l'OFEV.
Un monitoring ciblé
L'OFEV met sur pied un système de surveillance afin d'évaluer la présence d'OGM en Suisse, conformément au mandat que lui donne l'ordonnance sur la dissémination dans l'environnement. Ce monitoring suit une méthodologie bien définie, fondée notamment sur trois questions :
1 - Quelles sont les filières d'entrée potentielles des plantes transgéniques ?
2 - Quelles sont les espèces qui risquent de se disséminer et de s'établir en Suisse ?
3 - Dans quels lieux peut-on le plus s'attendre à les trouver ?
Les réponses à ces questions, étayées par des données scientifiques, on mené à la conclusion suivante: en l'état actuel, il vaut mieux se concentrer sur la recherche de colza résistant au glyphosate et, dans une première phase, surveiller avant tout les voies de communication et les places de transbordement des récoltes importées. Les voies ferrées, les routes et les cours d'eau navigables sont en effet propices à la dissémination des plantes. Dans les ports rhénans, le colza n'est d'ailleurs pas seul à pousser, on y trouve aussi du maïs, de la luzerne et du blé.
Une plante très problématique
Dans le cadre d'un projet pilote, les voies de chemin de fer prés de Muttenz (BL) et de Manno (TI) ont été passées au crible en 2011 et en 2012, à raison de deux contrôles par an. Ces voies mènent chacune de la frontière à un moulin à huile dans lequel est transformé le colza. Les CFF facilitent la tâche des chercheurs puisqu'ils répandent systématiquement du glyphosate sur le ballast pour des raisons de sécurité. le colza y est donc détruit, sauf s'il est génétiquement modifié. Dans la même période, les experts chargés du monitoring ont également examiné du pollen de colza provenant de plusieurs régions de Suisse. Pour ce faire, ils ont analysé en laboratoire des pelotes de pollen d'abeille récoltées au moment de sa floraison. Pourquoi l'OFEV se limite-t-il à cette plante et n'étudie-t-il pas aussi le maïs, par exemple? «C'est que les semences de colza peuvent encore germer après plusieurs années dans le sol», explique Sara Restrepo-Vassalli. «Le maïs, par contre, ne supporte pas le gel. Le risque de voir ses semences survivre à l'hiver est donc très faible, et nous partons du principe qu'aucune population ne peut se développer.» Il faut dire aussi que parmi les plantes transgéniques, le colza est autrement plus problématique que le maïs, car il peut se croiser avec des espèces proches telles que la moutarde des champs ou la ravenelle, tandis que le maïs n'a pas de cousins chez nous.
Élargissement de la surveillance en vue
À quoi servent les résultats de ce suivi? «Il est important de faire régulièrement le point sur l'état de l'environnement afin de pouvoir réagir si nécessaire», souligne Sara Restrepo-Vassilli. «Nous souhaitons aussi informer la population en cas de propagation d'OGM, car c'est un sujet auquel elle est sensible.» Une enquête récente de l'École Polytechnique fédérale de Zürich a en effet montré que les aliments génétiquement modifiés viennent au troisième rang des préoccupations des suisses, après l'énergie atomique et le terrorisme. Le monitoring va être développé, puisqu'il inclura en 2014 des lieux dans lesquels la présence de colza transgénique est plutôt improbable. Et peut-être ne se limitera-t-on plus à examiner les abords des lignes de chemin de fer: les voies d'importation routières pourraient être inspectées à leur tour. De plus les cantons seront appelés à participer.
Si le vent devait un jour tourner dans les milieux politiques suisse en faveur d'une autorisation des OGM, leur surveillance ne perdrait en rien sa pertinence, bien au contraire, Selon la spécialiste, un monitoring étendu permettrait alors de vérifier si ces cultures ne causent pas aussi des dommages indirects à l'environnement, en nuisant par exemple aux populations d'insectes.
Pour en savoir plus: www.bafu.admin.ch/magazine2014-1-13
Contact: Sara Restrepo-Vassalli, section Biotechnologie OFEV
«Les plantes de colza le long des rails, des voies ferrées et des routes sont des filières de dissémination importantes pour les végétaux.»
Les conséquences de la logique néolibérale et de ses valeurs marchandes – la production au prix le plus bas, le profit maximal et les rendements à très court terme – entraînent la disparition des paysans en tant que producteurs indépendants et leur remplacement par des entrepreneurs industriels. En effet, pour survivre, ils doivent se conformer aux mécanismes exigés par l'idéologie néolibérale en mettant en place des pratiques qui feront disparaître la plupart d'entre eux.
Les OGM jouent un rôle prépondérant dans cette évolution car ils permettent la mécanisation de l'agriculture et son industrialisation. Ce problème est devenu mondial et maints savants prennent régulièrement la parole pour dénoncer l'imposture des OGM, véritable agression contre les paysans. Des chercheurs et responsables politiques poussent pour ouvrir toute grande la porte aux OGM sous prétexte d'autosuffisance alimentaire. Il est maintenant avéré que les OGM renforcent le modèle d'agriculture productiviste soumise à la logique industrielle, achevant d'éliminer la petite paysannerie.
Le modèle agricole, comme celui proposé par l'initiative «Une nouvelle vision de l'agriculture» du Forum économique mondial 2013 (1), est clair: il s'agit d'ouvrir toutes grandes les portes des agricultures de tous les pays aux multinationales agroalimentaires avec, pour conséquence, des paysans chassés de leurs terres pour céder la place aux monocultures industrielles, aux agrocarburants, aux engrais et pesticides chimiques et à toute la gamme des plantes transgéniques. À aucun moment les paysans ne sont consultés; en revanche, de nombreux experts et scientifiques estiment que ce type d'agriculture est non seulement dangereux pour l'avenir de la planète, mais également dépassé et conduit à une impasse. Sous couvert de nourrir la planète, la «nouvelle vision de l'agriculture» ambitionne de fournir de nouvelles opportunités d'affaires dans ce secteur. En vantant les mérites d'une agriculture de pointe qui investit des milliards dans l'agriculture par le biais de solutions basées sur le marché, cette initiative est pilotée par l'agro-industrie mondialisé et tous les grands fabricants de semences transgéniques font pression pour imposer leurs produits partout dans le monde.
Les milieux industriels se cooptent parmi eux et se défendent comme un seul homme en accusant leurs adversaires d'être «rétrogrades» parce qu'ils défendraient une production naturelle en conformité avec le bon sens paysan, fruit d'expériences millénaires et de pratiques permettant le renouvellement des sols. Ils laisseraient entendre que nous serions des saboteurs et des démolisseurs alors que notre opposition est nécessaire pour contrer leur despotisme et les ramener à une ligne plus juste car la déstructuration de l'agriculture pour cause de mondialisation galopante nous concerne tous. Ainsi, ils imposent leur logique en laissant croire que les arguments des opposants servent à «empêcher notre pays à relever les défis de demain en empêchant le développement de certaines technologies ou de certaines compétences» (sic)... comme si ces «défis de demain» ne pouvaient être relevés que par cette marche forcée vers les OGM et que le développement ne peut être que celui des technologies ou compétences OGM !
En cause, la mise en concurrence, à l'échelle mondiale, des agricultures locales et familiales face aux puissantes multinationales de l'agro-alimentaire basées sur la spécialisation et la monoculture (avec force engrais chimiques, pesticides et herbicides), modèle hyper-productif et hyper-destructeur de l'agriculture, jetant dans la misère les producteurs locaux et le transfert de la population agricole vers les bidonvilles, chômage, misère et immigration. Victimes de la baisse des prix pour l'écoulement de leur marchandise, les agriculteurs deviennent ensuite otages de la hausse des prix du marché international pour importer la marchandise, d'où les émeutes de la faim.
Conclusions
Manifestement, les industriels ne respectent pas l'environnement naturel et social. Étant donné le fondement mercantile de leur fonds de commerce, leur obsession atavique de gagner des parts de marché, l'instrumentalisation qu'ils font de la problématique environnementale (2), nous devons les dénoncer et les mettre devant les conséquences de leurs menées en persuadant nos avocats de déposer plainte contre ces firmes pour atteinte à l'intégrité physique, morale et psychique des population et les faire payer au comptant les dégâts qu'ils nous causent. Ce n'est que face à notre désapprobation généralisée qu'ils seront rendus responsables.
Nous devons faire pression sur nos autorités pour prolonger les prescriptions de telle sorte que les dégâts observés même quinze ans après puissent être dénoncés et déférés devant les juges. Malheureusement, la loi sur le génie génétique (3) a été faite pour complaire à l'industrie génétique sous le fallacieux prétexte de sauver les emplois, garantir la prospérité et être concurrentiel, laissant toute liberté à cette industrie qui, au lieu de sauver des vies, en tue par milliers, qui, au lieu de préserver l'environnement, le massacre avec une inconscience sidérante.
Nous devons obliger les industries agricoles à faire des études sérieuses basées sur le long terme et cela d'entente avec les représentants d'organisations d'agriculteurs, d'ONG et de gouvernements. Ces études doivent être inscrites dans des protocoles établis par la législation et doivent étudier les dangers de ces produits avant que les industriels les lancent sur le marché. Les entrepreneurs OGM doivent être forcés à mener ces études sous la supervision et le contrôle de scientifiques indépendants attachés à nos universités hors de leur influence dominante. L'État ne peut financer les cent mille études nécessaires pour prouver l'innocuité d'un nouveau produit; c'est aux industries d'étudier les conséquences à long terme d'une telle alimentation sur la santé publique et cela sous la supervision de l'État car les scientifiques universitaires sont là pour faire des recherches en vue de comprendre les fondamentaux de la vie et pas pour faire les études sectorielles que les industries ne veulent pas faire !
L'étiquetage des produits OGM devrait être obligatoire et la protection des semences est aussi réclamée afin que les semenciers locaux ne soient pas rachetés à tour de bras par les géants du secteur.
Il est important aussi de réhabiliter le «principe de précaution» pour empêcher les industriels d'inonder le marché de produits malsains et pour contrer la pratique actuelle où, pour faire interdire un produit, il faut que ce soit à l'État de prouver que ce produit induirait des effets néfastes (4). Le principe de précaution, c'est l'aune à laquelle on peut mesurer l'intelligence de ce que nous faisons ici et maintenant. Même si nous n'avons aucune certitude quant à ce qui pourrait arriver demain, les probabilités de catastrophes qui menacent notre avenir devraient nous amener à une prise de conscience et à un changement salutaire de comportement. Cette conscience est finalement ce qui nous permettra de maintenir la vie sur notre Terre.
On ne veut pas la destruction de la nature par des multinationales. La biotechnologie n'est pas la solution. L'agroécologie, si !
Le génie génétique a pris une place importante dans la recherche biomédicale pour le diagnostic et le traitement des maladies. Presque sans exception, le public considère que c'est là une avancée majeure.
En revanche le génie génétique dans le domaine de la recherche sur les plantes et leur culture est fortement contesté dans toute l'Europe. Il est vrai que les agissements de certaines multinationales mues par l'appât du gain en ont donné une image détestable, ce qui a permis aux mouvements écologistes de lancer, à juste titre apparemment, des campagnes anti-OGM. Malheureusement ces campagnes manquent souvent de nuances. Elles n'en ont pas moins eu un écho favorable dans la population d'autant qu'actuellement tout ce qui touche à la Nature est très excessivement usé et exploité par l'industrie, alimentaire principalement. lire la suite...
L'article de Samuel Bonstein m'a fort surpris dans le cadre de ce forum de "l'essor" car il était en total décalage avec le thème «La crise agricole en Suisse». Je veux lui dire, ayant repassé en revue les articles de ce forum, que nos articles étaient de nature à réfuter presque point par point les affirmations pour le moins décalées de ce docteur dont je me demande comment il a fait pour avoir son article publié !
Effectivement, le thème du forum étant la crise agricole en Suisse et la nécessité de sauvegarder la paysannerie et les méthodes saines de production, ce brave docteur tombe un peu à plat avec son article justifiant les OGM car il est non seulement à côté de la plaque mais en plus il affirme comme vérité absolue (lui qui fustige le soi-disant "absolutisme" des diaboliseurs d'OGM !) la quasi obligation des firmes du génie génétique de "nourrir le monde", déclamation d'une démagogie rarement atteint. Il est fort possible que les réactions des anti-OGM soient précisément à la hauteur des allégations des industriels qui, comme il l'avoue lui-même, sont omniprésentes et de nature à fausser les discours et faire passer les personnes prônant la production locale et saine pour de dangereux vandales obscurantistes et rétrogrades...
Ex-coordinateur de la défunte campagne «Prudence OGM» du CENAC (Centre pour l'Action Non-violente, ex-CMLK), je désire apporter quelques vigoureuses réserves à l'article de Samuel Bonstein dans ce numéro de l'essor.
Commençons par un des rares problèmes reconnu par l'auteur :
Lire la suite...(dans l'attente d'une confirmation)
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