Depuis 1970, engagé à tous les niveaux dans une contestation de la politique telle qu'elle est méné par l'élite dirigeante actuelle, j'ai signé plusieurs textes qui ont été publiés dans les journaux locaux.
Les textes suivants sont les réponses que j'ai apportées aux articles, opinions et commentaires signés par des gouvernants concernant nos mœurs et qui soulèvent un fait de société de manière problématique et polémique.
par GPT - tous mes écrits de 1990 à 2013 !
On est modeste, sans envergure et on adopte une philosophie de vie où on prend les choses du bon côté, positivement. On accepte ainsi tacitement son infériorité et on évacue tout sentiment de révolte ou de non-acceptation de ce positionnement social selon qu'on soit doué ou ordinaire. On s'adapte aux contextes sociaux et on fait ce qui est attendu de tous - vivre sans rechigner dans cette société où les conditions de vie sont imposées par une élite.
En fait, pour asseoir son importance, l'élite se compare à des êtres qu'elle estime être inférieures pour se confirmer dans son impression d'appartenir à une classe supérieure. En imposant sa vision de la société, elle se donne le droit de diriger les autres. Trop de dirigeants ne se basant que sur l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, ne voyant que leurs interprétations et visions personnelles de la vie, ne privilégiant que leurs besoins propres au détriment de ceux des gens et de la société, imprègnent toute la société d'une vision unilatérale et soumettent l'état à leur pouvoir d'illuminés. Par une grâce mal-définie et un droit d'agir qu'ils se sont donnés, ces hommes, dotés d'une grande énergie, façonnent l'état selon leurs conceptions et en font leur conquête, leur propriété, leur objet personnel.
On se contente de peu car on est peu
LE RÉGIONAL a publié un article sans signature condamnant le développement de l'individualisme et la non-appartenance. Jamais avons-nous lu ratiocination aussi patente car il y a deux erreurs graves à dénoncer, d'abord sur la nature même des dictatures et ensuite sur la nature humaine.
Les Dictatures
Le totalitarisme ne peut exister que si toutes les instances de la société depuis les associations jusqu'aux communes jouent le rôle d'intermédiaire entre le pouvoir et les gens pour le contrôle complet des mentalités. Tous les dictateurs de tous les temps ont toujours su utiliser ces associations pour que le peuple soit intimement imbriqué dans le projet de société totalitaire soumis à leurs volontés de domination. Si les dirigeants se sont constamment employés à les encourager et si possible les renforcer, c'est qu'ils savent bien que les individus soumis à la pression identitaire des groupes sociaux constituent un ciment idéal pour la constitution d'une masse populaire manipulable à leur gré. Le nationalisme et l'appartenance identitaire sont les piliers de toutes les dictatures.
Par l'utilisation de leurs réactions épidermiques aux duretés non-acceptées de la vie, les dictateurs imposent sur autrui une organisation du monde bâtie sur une seule version de la réalité. Le totalitarisme, par le consentement tacite et implicite de ses servants, veut régler la vie commune des individus et dicter leurs comportements. C'est un système oppresseur, dont les relations humaines sont minées par le pouvoir et les rapports de force. C'est le règne de la pensée unique, la seule solution de survie possible, le seul salut pour une vie meilleure. Ordonnateur de la structure sociale, il maintient de son ordre en hiérarchisant les êtres humains: entre les bons et les méchants, les abrutis et les intelligents, les méritants et les marginaux, les forts et les faibles, les élites et les gens ordinaires et surtout entre les adaptés aux bons groupes et les individualistes.
La Nature Humaine
Les dictateurs ont toujours pourchassé les individus disposant du fond de leurs propres ressources car ces gens sont les plus réfractaires aux injonctions du pouvoir. Les goulags et autres stades de football sont remplis d'individualistes livrés à eux-mêmes, marginaux, révoltes, arrêtés pour leurs critiques du système autoritaire.
La personne humaine, jusqu'au confins des années soixante, a été modelée, forgée par le groupe qui lui a dicté son appartenance, son identité et son comportement. Les difficultés que traverse actuellement notre société peut être imputés au manque d'identification personnelle qu'ont les gens et à leur attachement aux valeurs du groupe qui priment sur celles de l'individu. Les problèmes qu'engendrent cette situation, les abus qui en découlent, le manque de structure personnelle d'identification individuelle qui en est la conséquence, nécessite une nouvelle approche pour la compréhension de la véritable nature humaine. Il est indispensable, pour sortir du marasme actuel, que l'individu reprenne ses droits et devienne une entité à part entière, loin de l'importance du groupe. Relisons sans préjugés l'article présenté par Georges Krassovsky dans le Nouveau Quotidien sur la réhabilitation de l'individu car les thèses qu'il développe sont belle et bien des prémisses pour une véritable résolution des problèmes humains.
D'autres pages de Georges Krassovsky - profondement pacifiste
- l'article dans "Le Nouveau Quotien"
- Le Nouvel Humanisme
- LE PACTE DE L'AN 2000
On est le produit de la société dans laquelle on vit et si on est envahi par le doute, paralysé par la méfiance, si on craint l'avenir en se contentant de subir les événements sans le goût d'agir, c'est que le modèle qu'offre cette société n'est pas en harmonie avec ses aspirations profondes et ses capacités d'action personnelle et ne permet pas de se définir dans un projet de vie cohérent et social, en tant qu'individu ayant son identité propre. La personne humaine ne se crée pas toute seule, hors contexte, et si un individu est accablé par le poids de l'irrationnel, c'est que cette société ne lui permet pas de résoudre ses craintes et angoisses.
La manière compulsive dont cette société inhibe tous les problèmes de l'inconscience empêche la résolution de la problématique de l'irrationnelle humaine dans une compréhension holistique de l'entier des attitudes humaines. Seule l'expression des troubles profonds venant du tréfonds des êtres permet la maîtrise de ses problèmes. La crise actuelle de la société économique et industrielle n'est que la conséquence des obsessions de ses dirigeants: si l'image est au gagneur combatif, dominant, rationnel, progressiste, sans états d'âme, refoulant ses peurs et ses incertitudes alors il y aura des perdants et l'estime que ceux-ci ont d'eux-mêmes dépend totalement de l'image que la société fait à leur égard. Le poids des déterminismes sociaux pèse lourd dans le devenir des êtres et peut marginaliser toute personne pas conforme à l'image de l'individu qu'exige la société. Le problème de l'homo-sapiens plus sapiens du tout n'est que le reflet des contradictions dans lesquelles s'enferrent les autorités de cette société, à l'image de leurs exigences, de leurs philosophies fortement teintées de moralité. La crise actuelle a pour cause la domination de théories économiques néo-libérales sur la société dont les puissants acteurs imbus de pouvoir se sont donnés pour projet d'agir sur nous.
On ne peut pas espérer changer la mentalité des individus sans changer parallèlement celle de la société et de ses dirigeants. Le sadisme de cette société aux solidarités moribondes enfonce les gens dans des situations d'autant plus inextricables que la seule porte de salut est celle de la consommation et de la production industrielle. Les individus incapables de la prendre, finissent par ressentir, jusque dans leurs chairs, l'échec et l'exclusion car les exigences de l'économie de marché de concurrence exacerbée les laisseront exclus de la compagnie des surhommes dotés de moyens hors de portée de la majorité des hommes ordinaires. Comment repenser l'avenir si le seul modèle est celui d'un capitalisme de consommation, combatif, arrogant et sauvage, basé sur la conquête de marchés, la concurrence et d'autres considérations purement économiques, soutenu par une psychologie de bazar, réductrice et culpabilisante pour le simple citoyen engoncé dans un fatras social, créé au nom de la démocratie libérale par des autorités imbues du pouvoir qu'ils ont sur les gens? Comment sortir de la crise si, régulièrement dans les journaux, des hommes politiques nourrissent cette crise en se permettant de fustiger le peuple et de le rendre responsable d'une situation qui serait plutôt la conséquence des choix de société des directeurs, fruit de leurs agissements unilatéraux et dirigistes?
Dans cette société de consommation, de progrès technologique et de changements frénétiques, les histoires individuelles sont devenues d'une banalité affligeante et lorsqu'on se demande comment on en est arrivé là, on peut constater que le poids des exigences sociales pèse lourd et exclut toute personne qui n'est pas gagneuse, dominante, combative, agissante. Et si pour faire marcher une société fondée sur l'économie de marché libérale et la production industrielle, on doit devenir un consommateur hyper-actif et productiviste dont les seuls buts sont l'argent et le culte de la réussite professionnelle, alors il ne faut pas s'étonner que le monde soit dans l'état que dénoncent les dirigeants qui sont, avec les hommes d'affaires, politiciens et autres acteurs sociaux bonimenteurs et moralisateurs laïques, les auteurs mêmes de l'actuelle décadence sociale. Ce sont les mêmes qui, pendant les années de prospérité, ont bien profité de la crédulité de la population pour se constituer des richesses et des fortunes énormes.
Et maintenant que sévit une très grave crise sociale, nos autorités laissent entendre que nos réactions irrationnelles et nos émotions irraisonnées sont les causes de cette crise et que nos instincts répréhensibles renforcent la stagnation économique. Ils oublient opportunément que nous sommes le produit de la société dans laquelle nous vivons et que cette société est le fruit de leurs œuvres. En se prenant à nous, ils se croient dispensés de voir l'étendue de leurs responsabilités dans le drame actuel.
G. Tafelmacher.
Monsieur,
Dans les descriptions que vous faites de l'état actuel de la société, vous étalez tous les délires qui nous ont amenés à la présente crise. Vous accusez des citoyens qui ne pensent pas comme vous d'être la cause de cette crise et par vos déclarations péremptoires et présomptueuses, vous les faites passer pour les fossoyeurs de la société libérale qu'ils veulent assassiner. Mais nous devons nous poser les vraies questions :
– Pourquoi les choses sont-elles comme vous les décriées ?
– Pourquoi les gens sont-ils comme vous les dénoncés ?
– Quelle est votre responsabilité dans la crise actuelle ?
Ce système, de plus en plus contesté, n'est pas le produit d'un effort concerté par toute la population. Il est le produit d'industriels cherchant leurs profits, de politiciens voulant le pouvoir et la domination, d'hommes d'appareil (USAM, UCAP) visant le contrôle sur la société. Les événements se précipitent et le système d'exploitation que vous avez conceptualisé, s'enferrant dans ses propres contradictions, est en train de disparaître dans des convulsions somme tout normales vues ses exagérations et ses délires. Il sera remplacé par un vrai changement qui amènera l'homme d'un état de dominateur imbu de délires conceptualisés, à un état de pleine conscience de l'idéal humain.
Ce n'est pas le communisme ou le romantisme ou l'écologisme en tant que tel qui fait problème mais les recherches de pouvoir et de domination à travers n'importe quel système, qu'il soit capitaliste ou libéral ou économique ou autre. Ce n'est pas le système qui est en cause mais ce que font d'un système certains hommes affluents. De toute façon, tout système créé pour la domination disparaîtra de lui-même. Je n'ai rien contre la liberté commerciale si elle est conçue d'une manière idéale et holistique mais je mènerai une lutte farouche contre l'idée que se sont fait de la liberté, des hommes plus malins que les autres qui l'utilisent pour assouvir des besoins de domination et de richesse et qui profitent de cette liberté pour exercer un pouvoir sur la société. Quelle idée se font de "notre démocratie libérale" les tenants des grandes puissances économiques que sont:- ABB, SBS, UBS, CS, SMH, MOTOR COLUMBUS, EOS, USAM, UCPS, VORORT, ETC ? La liberté ne doit pas être l'apanage des seuls grands, forts et puissants. Je lutte contre vos prétentions de nous imposer votre système car il est tout aussi délirant que n'importe quel autre système. Et même pire, car il est le produit de l'inconscience.
Je ne peux fonder aucun espoir dans aucun système car tout système peut être détourné par des gens qui cherchent leurs profits propres. Le seul espoir se trouve dans les relations que l'on construit dans l'amour, le respect et la conscience, avec son prochain. Nous ne voulons pas la survie d'un système d'exploitation sophistiqué, nous voulons créer des relations réellement humaines avec autrui et l'organisation qui en sortiront méritera notre pleine confiance. La liberté doit être conçue pour que chaque être humain, chaque individu, tous les gens, toute la population puissent participer à la construction sociale; ainsi la société sera l'expression de la capacité d'intervention de chacun et des relations que les gens ont pu créer entre eux.
Il est à espérer que vous allez enfin comprendre la véritable nature de la société dans laquelle nous vivons avant que les conséquences de vos théories nous mènent vers des catastrophes bien plus horribles que tous celles que l'être humain a dû endurer jusqu'à présent.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Citoyen Tafelmacher.
Messieurs,
Le monde n'est ni moche, ni dur, ni impitoyable, c'est votre perception du monde qui l'est. Notre monde n'est que ce que les hommes en ont fait et si nous sommes plongés dans tant de mocheté, c'est par leur volonté. Or, cette volonté se nourrit de tant de haine et de culpabilité que chacun devient à la fois victime et reproducteur de l'état de ce monde. Ce système n'est que l'expression de tous les problèmes humains non résolus et des symptômes des troubles psychiques enfouis dans nos inconscients immatures.
Préconiser, dès lors, une attitude d'acceptation de l'aspect "moche" de ce monde et ériger cette réalité en norme inéluctable, est un déni de civilisation. Un monde où seuls pourront survivre quelques "battants" forts dopés à la drogue schizophrénique de la compétitivité, est une société barbare et en perpétuel état de guerre. Engendrant beaucoup trop d'exclus, cette société est inacceptable, il est impossible de "faire avec".
Faire le constat de l'état pitoyable de notre société ressentie comme épouvantable, ne devrait-il pas susciter une prise de conscience, tout au moins un début de révolte, voire provoquer un véritable changement ?
S'en prendre à un groupe, en rejeter sur lui la responsabilité d'un événement destructeur, est un acte belliqueux. Avec la complicité d'un journal local, vous faites publier des affirmations et des accusations si graves qu'elles exigent réponse. Après vous être attaqué aux écologistes, romantiques, communistes, socialistes, syndicalistes, féministes, tiers-mondistes, anarchistes, libéraux, à présent vous en prenez aux libertaires. Ce qui m'autorise d'apporter des éléments de réponse.
Revue historique: depuis 1789, l'être humain cherche à se défaire des liens qui l'attachent aux souverains et qui l'oppressent. La grande nouveauté de la Révolution Française était le constat que tout homme est un individu pourvu d'une capacité de mener sa propre vie et de construire ses propres relations avec son prochain, son voisin. Tout le combat du 19ième siècle était celui de la lutte pour la réhabilitation de l'individu et de sa place de responsable au sein de la société. Le point d'orgue final était la grande révolution des années 1960 où enfin les droits de l'homme étaient reconnus et que l'individu était rendu responsable de son existence.
Cela correspond à une évolution nécessaire de la mentalité de l'homme passant de celui d'un inféodé, à celui d'un être humain digne et autogéré. C'est la base de la pensée anarchiste, l'anarchisme étant la libération de l'homme des contraintes dominatrices par l'individu lui-mème. Notre époque aurait du être celui de la concrétisation de cet homme nouveau mais malheureusement cette idée a été tuée dans l'oeuf par les acteurs de la société de domination car leur système ne pouvait pas supporter l'idée d'un homme libéré.
Georges Tafelmacher
Des hommes énergiques, dirigeants auto-proclamés, politiciens et financiers puissants, font paraître dans tous les médias de communication de masse, des théories économiques et financières faisant la part belle à la croissance, la concurrence, le profit et le pouvoir de l'argent. Nous pouvons constater, avec inquiétude, les répercussions et les perturbations de ces discours économiques dans nos vies quotidiennes. Ces théories ont des effets très radicaux sur la société et la vie communautaire, sur l'emploi et le travail.
Les thuriféraires bien-pensants de cette société de technologie avancée, tout à fait aveugles quant à la genèse et les conséquences de leurs élucubrations obsessionnelles, s'activent pour nous convaincre de suivre leurs idées, d'accepter et de nous adapter à leur choix de société. Paradoxalement, cette pression nourrit notre inquiétude et l'amplifie. Malgré les conquêtes et le progrès de la science, jamais le future a paru si oppressant, si éloigné d'un avenir radieux. Les réponses apportées pour résoudre les problèmes humains sont aux antipodes de ce qu'il faudrait pour nous sortir de la crise existentielle de la civilisation capitaliste et industrielle de cette fin de siècle. Les dirigeants ont même l'outrecuidance d'attribuer la crise à des groupes gauchistes traités de subversifs, de déstabilisateurs et à des intellectuels jugés coupables d'entraver le bon fonctionnement de l'économie de marché, capitaliste et libérale par des critiques ressenties comme pessimistes.
Nous pouvons faire le constat de l'inégalité des forces en présence où le pouvoir de la finance et de l'industrie domine celui du corps social. Déjà accablés par les problèmes personnels, les gens ordinaires en sont encore plus aliénés et ils sont d'autant plus impuissants dans leurs actions que le pouvoir dominant est fort.
Les réponses à apporter pour rééquilibrer les forces ne sont pas encore trouvées mais il y a des pistes à suivre: dans un premier temps, il faudra dénoncer clairement l'état du monde et analyser les problèmes qui nous assaillent, les conditions et les situations devront être étudiées et les responsables désignés. Il sera demandé à toute personne ayant d'une manière ou d'une autre contribué à la construction de la présente société de consommation, assujettie à l'économie de marché capitaliste et financier, de répondre de son choix de société.
En vue d'élaborer des conduites politiques porteuses d'avenir, les gens doivent d'abord pouvoir prendre conscience de leurs problèmes et trouver eux-mêmes les solutions qui leur conviennent en donnant un autre sens à la vie et en visant la réhabilitation de l'individu, le travail avec l'esprit de voisinage généreux et la libération des quartiers de la visée des promoteurs immobiliers.
La technologie doit être le reflet de ce que les gens peuvent maîtriser et elle doit rester assez simple pour être à la disposition de tous. L'industrie ne doit être que le fournisseur de composants et c'est aux gens de construire les objets qu'il leur faudrait pour leur quotidien.
La finance doit être remise à sa place, elle doit perdre de son importance et ne plus influencer le cours des choses. Il faut rompre la bulle financière spéculative.
L'économie de marché doit être la résultante des activités humaines et non le moteur.
La consommation avide n'est pas une réponse à la crise. Utilisons la crise pour mettre en question toutes les certitudes politico-économiques et atteindre une autre manière de voir la vie.
Les cas d'oppression manifeste seront résolus avec la révolte adéquate d'opprimés luttant pour leur libération.
Nous cherchons à dépasser la condition faite aux humains par les autocrates en devenant maître de nos vies, en acquérant la maîtrise de notre vécu. Pour travailler dans ce sens, il faut que nous prenions de l'envergure, que nous nous dotions d'une vision de l'homme plus spirituelle, que nous soyons capables de capter la sensibilité des gens et que nous nous investissions dans nos projets en nous donnant jusqu'aux limites de nos possibilités.
G.Tafelmacher
CRT - GSsA
La société de consommation ne mène à rien, c'est un système conçu par des hommes persuadés d'être des carrures d'exceptions exerçant un pouvoir absolu et despotique, politique et économique, sur le monde et sa population et dont les buts avoués sont de gagner beaucoup d'argent et d'accumuler des richesses matérielles.
Plus grave, ce système permet à ces gagneurs, mus par la passion de bâtir, de façonner la société selon leurs envies et obsessions. Ces grands entrepreneurs, ces forçats du travail, nantis d'une personnalité qu'ils considèrent comme "hors du commun", construisent d'énormes centres urbains qui contraignent les gens de vivre dans des conditions aliénantes pouvant complètement pervertir la relation des hommes à leur environnement construit. C'est le triomphe de la construction immobilière industrialisée, accroissant la rentabilité et procurant des profits substantiels aux investisseurs. Ils ont même réussi à donner des titres de noblesse au béton, censé représenter le progrès et le développement, la modernité et la création, l'esprit d'entreprendre et la réussite, la vie et l'avenir. Mais malgré les efforts faits pour réhabiliter les cités dortoirs, les relations entre les habitants restent très tendues sinon inexistantes.
La société de consommation ne mène à rien, mais elle est capable de profiter du rien qu'elle crée pour manipuler et contrôler les masses. Profitant de l'angoisse engendrée par ce vide et calmer les sentiments de culpabilité occasionnés par cette fatuité matérielle, elle vend aux multitudes disjonctées des distractions leur permettant de fuir la réalité de leur état d'opprimés. Ainsi, ils sont définitivement coupés de leurs vies et de leurs vécus.
La société de consommation dont les seuls idéaux sont l'accession au bonheur par l'exaltation de l'argent et l'acquisition de richesses matérielles par l'agressivité compétitive, a transformé les gens en des consommateurs passifs et influençables, complètement inconscients des véritables motivations de ceux qui se croient appeler à nous diriger. Au nom d'un droit d'agir qu'ils se sont donnés, ces hommes, dotés d'idéaux aussi futiles que de monter à cheval ou d'aller aux réceptions mondaines, impriment sur la société leurs valeurs: la compétition, la recherche du meilleur, les exigences du dépassement de soi, le progrès technologique, le développement matériel et le pouvoir par l'argent et l'affairisme. Se basant sur l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, ces dirigeants se comparent à des êtres qu'ils estiment être inférieurs pour se confirmer dans leur impression d'appartenir à une classe supérieure. Forts leur importance, ils imposent leurs visions personnelles de la vie en privilégiant leurs désirs au détriment de ceux des gens. En imprégnant toute la société d'une vision unilatérale, ils soumettent l'État à leur pouvoir et se donnent le droit de diriger les autres.
Par une propagande soutenue, les dirigeants nous racontent des énormes mensonges pour provoquer chez nous, petit peuple laborieux, des réactions qui vont dans le sens voulu. Ils cherchent à nous convaincre d'accepter la société telle qu'elle est (le développement moderne, la technologie à haute valeur ajoutée, la prospérité matérielle et ses signes de réussite) et de s'y adapter avec conviction. Que ce soit pour la guerre ou le commerce, les méthodes de persuasion sont les mêmes: on prend les gens par leurs sensibilités et leurs émotions pour les manipuler à souhait. Au bénéfice d'un cynisme raffiné, les managers malins savent, tout au fond d'eux-mêmes, qu'ils ne font que de profiter d'un peuple ayant sombré, selon leurs dires, dans un état de repli, immobile et trop sentimental. La léthargie s'est installée et nous n'avons plus suffisamment d'énergie pour mener une riposte adéquate contre les contraintes qu'exercent sur nous les élites imbues de leur pouvoir et que nous avons accepté au nom du sentiment de supériorité qu'ils se sont attribué.
La réalité est que rien n'a changé dans la façon dont sont perçus les états de tension dans lesquels nous nous débattons, nous sommes toujours aussi incapables d'exprimer notre inconscient. Pourquoi morfondons-nous dans l'inhibition d'action tout en nous énervant aussi facilement? Que sont ces pulsions autodestructrices inconscientes qui nous rongent d'angoisse ? L'énorme pression sociale faite sur l'individu pour qu'il soit conforme à l'idée que la société s'est faite de l'être humain, est une des raisons de l'effondrement moral et psychique des gens ordinaires qui sera d'autant plus grand que l'exigence des élites était élevée.
G.Tafelmacher, Pully
Monsieur,
M. O. Meuwly, après s'en être pris aux communistes, socialistes, libéraux, écologistes, romantiques, féministes, tiers-mondistes, anarchistes et libertaires, s'en prend à présent aux syndicalistes.
Dans un article accablant, il les accuse de mauvaise foi, de mauvais goût, de démagogie, de prétentions, de travestissements, d'identité propre trop radicale. Surtout, il les reproche d'asséner des coups fatals à "notre économie" (sic) !
– Qui est-il pour les accuser ainsi, démolissant, jugeant, fustigeant, discriminant et se moquant de ceux qui ne pensent pas comme lui ?
– Pense-il que les gens soient des dégénérés juste bon à suivre, sans râler, ses injonctions strictes, la raison impérative de l'autoritarisme légal et la rigueur de l'économie de marché ?
– M. O. Meuwly serait-il un extrémiste et un tartufe des temps modernes ?
M. O. Meuwly clame urbi et orbi que seule sa conception de société matérialiste petite-bourgeoise radicale est valable. Par le capitalisme productiviste et compétitive, des conditions de travail contraignantes et l'organisation du "moins d'État", il crache à la face de l'histoire, faisant fi de toutes les conquêtes sociales gagnées de haute lutte par les acteurs sociaux syndicalistes, féministes, écologistes qui ont tous une vision sociale humaniste, mettant les dures contingences de l'économie à sa juste place et faisant référence à une nouvelle façon de comprendre l'homme et la société.
Par ses accusations, M. O. Meuwly durci les relations entre les hommes. Par ses publications outrancières, il contribue à mettre en œuvre la domination et la mise au pas du prolétariat et il ambitionne le contrôle du salariat. Tant qu'il y aura des êtres bornés, élitistes, suffisants, dogmatiques, péremptoires, discriminatoires, moqueurs, jugeants, imbus d'eux-mêmes, sans aucun recul dans leurs condamnations et leurs accusations qui propagent autant de fiel, de hargne et de moquerie, les conflits sociaux sont possibles. Le résultat : dépression, chômage, crises sociales, jeunesse désemparée, nouvelle droite autoritaire et triomphante.
Qui l'expliquera aux radicaux de l'après-guerre froid, en retard d'une évolution ?
Avec mes salutations distinguées
G.Tafelmacher
Je suis heureux d'apprendre que les thèmes socialo-humanistes que nous défendons depuis "Mai'68" ont finalement pu pénétrer les habitudes et ont façonné de nouvelles modes de vie. L'idéologie bourgeoise traditionnelle politiquement correcte est enfin rejetée au profit d'une attitude plus saine et plus compréhensive des relations humaines et de nos finalités terrestres.
Mais hélas, quelques irréductibles, pleins de regrets et d'inquiétudes, n'admettant pas le triomphe de cette nouvelle attitude vis-à-vis de l'être humain et de la vie, cherchent à nous discréditer, à nous rendre coupables de l'état de décomposition avéré de notre société, en nous accusant d'autisme, nouvelle idéologie dominante dont les aspects - la non-communication, le "confort du silence" et toutes sortes d'incapacités – disent long de l'attitude ironique de nos magistrats insolents et du mépris des dirigeants arrogants à notre égard.
Au nom du modernisme et de ses défis, de l'avance de l'histoire et des exigences de demain, de l'économie et de ses industries à développer, on nous oblige de suivre la voie tracée par ces magistrats éclairés et ces penseurs géniaux de l'économie et de la société qui, seuls capables d'audace et d'imagination, inventeront les solutions aux maux inédits qui nous menacent. Ces irréductibles manient le manichéisme adroitement, opposant les autistes et leur refus du développement et du modernisme et les entrepreneurs sereins et leurs défis de la modernité.
En conséquence, nous, les Vaudois, sommes affublés de toutes les tares possibles: aimables primitifs, rétrogrades peureux, anarchistes insidieux, mythomanes simplets et idéalistes, autruches rustiques sans espoir dont les seuls buts et besoins semblent être d'empêcher le développement, de bloquer les structures, de tourner le dos au dynamisme, de refuser les "VERTUS" de l'esprit d'entreprise, de bâtir des murs d'enceinte en se cloîtrant dans des structures dépassées, de refuser de négocier les virages de la modernité et de refuser la croissance et la consommation. Comment peut-on oser, après un pareil réquisitoire parler de liberté, de démocratie et d'avenir si le seul droit qu'on nous permet est de marcher sans états d'âme, sans sens humain, sans romantisme dans l'idéologie dominante du capitalisme et de l'économie de marché petit-bourgeois, obnubilée par la satisfaction de besoins purement matérialistes?
Il est infiniment regrettable que semaine après semaine, par des billets manichéens, culpabilisants, désobligeants, les grands penseurs de nos sociétés occidentales, du haut de leur suffisance, imbue de leur personne, sûr de leur bon droit de puissants, nous fassent une morale digne du 19ième siècle et tentent de nous désigner comme étant les responsables de l'état déplorable dans lequel se trouve ce monde. A vrai dire, nous commençons à en avoir ras-le-bol d'être accusés d'être des fauteurs de troubles, des perturbateurs et des déstabilisateurs sociaux. Et si, simplement, nous ne voulions plus subir les diktats de ces diplodocus diplopies que sont les tenants de l'industrialisation à l'œuvre depuis plus de 200 ans dans un puissant mouvement de destruction vitale. Et si, simplement, nous en avions assez d'être quotidiennement assujettis à cette sublime idéologie totalitaire de l'économie, du progrès et du développement. Et si, simplement, nous souhaitions développer la richesse humaine, améliorer la nature humaine, créer un monde d'amour, d'entente, de respect, ouvert aux possibilités infinies de l'homme sans être traités péjorativement d'autistes.
Nous devons dire à tous ces J.F. Cavin (Centre Patronal Vaudois), Claude Ruey (avocat et ex-Conseiller nat et d'État), Philippe Pidoux (avocat et ex-Conseiller d'État), Deiss (ex-Conseiller fédéral) et consorts de nous laisser le peu de vie qui nous reste et de cesser de nous fustiger à tout bout de champ et de nous traiter d'autistes. Pour qui se prennent-ils ces gens? Croient-ils avoir la science infuse, qu'ils sont les seuls penseurs dignes de s'exprimer, que leur idéologie est plus valable que les autres?
Qu'on nous fiche la paix, enfin, qu'on nous laisse vivre comme on peut et si nos autorités ne sont pas contentes du peuple et ses modes, qu'ils s'en aillent conquérir d'autres planètes dans leurs fusées super-modernes, mues par les moteurs des mondes virtuels de l'électronique ordinateurisé. Mais heureusement, l'histoire rattrapera ces gens et ils auront à justifier leur choix de société car ils seront jugés comme ils nous ont jugé et ils seront condamnés à crier du haut des toits tous leurs péchés.
Pour conclure et au risque de me répéter, il ne s'agit ni de retourner vers un ronron mièvre vaudois ni de retrouver un passé primitif, mais d'assurer les conditions de vie tenables pour toutes les générations futures en se basant non sur une dépendance puérile et scientifique imposée par les industriels mais sur la capacité d'une autogestion saine et consciente de chaque homme, de tous les individus, librement consentie dans un puissant mouvement de respect de l'autre, de la vie et de l'écologie. Nous ne sommes pas des autistes renfermés où des vaudois primitifs et nous sommes prêts à défendre la spécificité humaine contre toutes ingérences totalitaires ourdies contre les volontés des individus.
Avec mes salutations distinguées
G.Tafelmacher
Dans un réquisitoire frappant, M. Jean-François Cavin dénonce un "certain terrorisme écologique", accusant celui-ci d'être une «idéologie irrationnelle qui menace nos sociétés avancées et nuit au développement économique et au progrès scientifique».
Qui accuse, s'accuse.
Voyons les faits !
Actuellement, nous sommes à l'apogée de l'impérialisme économique. Ses images et ses symboles ont envahi toute la société. C'est à travers eux et eux seuls qu'on appréhende le monde. Le marché et l'économie sont devenus des valeurs tellement dominantes que toute politique sociale et écologique est réduite à néant. La prise de pouvoir par les dirigeants économiques de l'ère industrielle est un des vastes et puissants symptômes du détournement de l'idéal politique à des fins mercantiles et de domination.
La domination exercée par la caste capitaliste au niveau international détruit à la fois la société civile en tant que structure organique, la personne en tant qu'être créateur et autonome et la nature en tant que source de la vie. M. Jean-François Cavin, radical, nie la réalité de cette domination pour lui substituer le soi-disant danger d'un "certain terrorisme écologique", "irrationnel" diffusée par des supposés «groupes de pression aussi transnationaux que puissants» (sic et resic).
– Que dire, alors, de la domination exercée sur les peuples par le "terrorisme" de l'idéologie économique que promeuvent les dirigeants de la finance et de l'industrie, des multinationales et du FMI ?
– Que dire de l'oppression qu'exerce sur nous l'idéologie et le dogme du progrès scientifique et du développement économique nous obligeant aux changements, à la compétition, à la discrimination et aux contraintes imposées ?
– Que dire de l'oppression qu'exerce l'industrie sur le travailleur qui l'oblige, pour "gagner sa vie", à s'adapter aux nouvelles technologies sous peine de se trouver au chômage ou de disparaître ?
–Que dire des puissants lobbies d'industriels, de banquiers, qui avec leur énorme influence et moyens financiers font la pluie et le beau temps politique ?
– Que dire de l'idéologie véhiculée par la propagande publicitaire pour faire de nous tous des consommateurs matérialistes, dociles, flexibles, mobiles et manipulables à souhait ?
M. Jean-François Cavin, ex-pulliéran, est partie prenante de cette religion des affaires qui par sa puissance se permet d'être désobligeant envers tout ce qui n'est pas en accord avec l'idéologie libérale ambiante; il est le porte-parole de puissants groupes d'industriels qui cherchent à nous convaincre que leurs préjugés dogmatiques et oppressifs sont une réalité de la vie. Sa prose tendancieuse, subjective, irrationnelle n'a qu'un seul but: discréditer les efforts louables faits au nom de l'écologie pour maintenir la vie sur cette planète en dépit de l'égoïsme ravageur des industriels, avides de gains, soutenus par quelques scientifiques obsédés par leurs recherches.
Il ne s'agit ni de retourner vers un état de nature idéalisé, ni de retrouver un passé primitif, mais d'assurer les conditions de vie tenables pour les générations futures en se basant sur la capacité d'une autogestion saine et consciente de chaque homme, librement consentie dans un puissant mouvement de respect de la vie et de l'écologie. Nous ne sommes pas des idiots utiles (ou autres) et nous sommes prêts à payer le prix exorbitant qu'entraîne une meilleure prise-en-compte de notre vie sur cette terre.
Citoyen G. Tafelmacher
Journal de Pully, Vendredi 31 juillet 1992
Monsieur,
Vous avez examiné de façon attentive le phénomène de l'abstentionnisme et vous nous avez fait part de vos pensées dans un billet paru dans le Journal de Pully du vendredi 23 mars 1990. Plus qu'un constat, votre billet nous reproche de préférer la critique à la prise en main de notre avenir et de ne pas vouloir influer sur le cours des choses.
La vérité est que dans l'état actuel des choses, nous avons de plus en plus de peine à faire entendre nos voix. Dans ce monde de compétition et d'économie de marché, seuls les forts peuvent, de par leur situation privilégiée, influer sur l'avenir. Il est vrai que émotivité du peuple perturbe toujours les plans et les projets établis par ceux qui prétendent œuvrer pour l'an 2000. Lorsqu'on pratique concrètement l'opposition dans ce pays, nos dirigeants nous discréditent en nous accablant de graves accusations: ils nous traitent d'utopistes ridicules, de déstabilisateurs sociaux et prennent nos paroles pour des élucubrations. Nous sommes jugés à chaque prise de position selon nos accents, nos manières d'être, nos origines et quelqu'un qui ne fait pas partie du sérail, malgré toutes ses tentatives d'intégration, ne sera jamais pris en considération. J'ai personnellement été traité d'imbécile par un personnage important de votre parti et cela parce que j'ai eu l'audace de rester un petit artisan "sans envergure, sans ambition".
Pour avoir une voix dans votre société, il faut devenir le grand chef d'une grande entreprise, roulant Mercèdes, vivant dans une belle villa, brillant dans les soirées culturelles. Vous savez pertinemment bien, que tout le monde ne veut pas devenir un "Asher Edelmann" ou un "Julien A. Perret", chacun ayant sa propre mesure, ses goûts personnels et ses envergures. D'ailleurs, il n'y a tout simplement pas assez de ressources et de places disponibles sur notre petite planète pour satisfaire les goûts de luxe que vous mettez en avant au nom du développement et de la réussite sociale.
Comment voulez-vous que nous prenions en main notre avenir alors que les promoteurs immobiliers dirigent tous, décident de tous ? L'enquête du Pulliéran, M. R. Peyrachon, professeur, est très significative à cet égard.
Comment voulez-vous que nous influions sur le cours des choses si l'on n'est qu'un quidam et qu'en face des puissantes paroles des autorités, on ne peut mesurer que son impuissance, la faiblesse et la médiocrité de sa voix ?
Comment voulez-vous que nous nous en sortions si à chaque étape de notre prise de parole, nous sommes déconsidérés par vos jugements, vos réquisitoires ?
Vous n'êtes pas sans savoir qu'avant tout acte politique, il faut auparavant procéder à l'analyse des situations et vous savez quelles sont vos positions vis-à-vis de nos contestations, de nos remises en question. Le plus navrant est de constater que malgré tous les problèmes écologiques surgis ces dernières années, malgré toutes les discussions que nous avons eu avec nos autorités, votre réponse reste toujours la même. Venir après cela étaler dans la presse locale qu'il est vain de vouloir chercher à faire changer notre état d'esprit est une insulte pour le peuple laborieux qui, obligé de travailler dans vos industries, obligé de vivre dans vos immeubles, n'a que les critiques pour se défouler, pensant ainsi reprendre sa destinée en main. Mais pour prendre réellement en main son avenir, le peuple doit s'affranchir des diktats de ces personnes qui, de par leur suffisance et de l'importance qu'ils se donnent, ont investi tous les rouages de notre société.
Pour finir, en tant que citoyen, je suis choqué par l'attitude hautaine des personnes que nous avons élues. C'est là, à mon sens, qu'il faut rechercher la cause de l'abstentionnisme, d'autant plus que vous n'avez rien fait pour dissiper l'impression que finalement "ils font ce qu'ils veulent". En accablant la presse, vous ne faites que de renforcer le douloureux sentiment que nous avons été victimes de manœuvres peu démocratiques.
Le 10 juin 1990, nous aurons la chance de voter de nouvelles lois énergétiques où nous pourrons enfin prendre en main notre avenir. Ne laissons pas passer cette opportunité.
Citoyen G. P. Tafelmacher
Journal de Pully Mai 1990
Monsieur,
Je me permets de vous interpeller suite à la parution de votre "Encre Sympathique" (la mal-nommée pour tous ceux qui ne bougent pas comme vous) dans l'édition du Vendredi 30 août 2002 du "24 Heures".
Et on continue, sans répit, dans des lettres parues dans les journaux populistes, de fustiger les gens, de les traiter de toutes sortes de noms. La dernière en date: l'immobilisme des repliés sur soi qui seraient, selon vous, des "esprits chagrins".
C'est avec étonnement que j'ai lu vos fortes paroles extrêmement manichéennes dans votre lettre "Choisir le monde qui bouge !" parue dans le "24 Heures" du vendredi 30 août 2002. La chasse aux repliés sur soi semble tellement admise de nos jours, que vous ne semblez pas avoir compris que vous avez dépassé les limites lorsque vous affirmez vouloir infliger une raclée mémorable aux esprits chagrins qui prônent l'immobilisme et le repli sur soi. Que vous vous êtes laissé aller à une telle expression me semble surprenant en ces temps où une nouvelle compréhension non-dichotomique du monde se fait jour et en faisant cas de cette volonté de sanctionner des gens ressentis comme conservateurs en mettant en avant les sempiternelles récriminations des gens se disant "ouverts" contre toute forme de repli, vous persistez et vous permettez à cette mentalité de frappe de faire ses percées phénoménales.
Vous voulez un monde qui bouge mais en fait nous avons, avec le concours de personnes "bien-pensantes", un monde qui tourne en rond à vitesse "TGV" à en perdre la tête et surtout, qui fonce dans un mur avec une force équivalente aux pressions mises sur nous pour nous obliger à nous adapter à cette "bougeotte" fébrile et destructive (pollution, climat-change) que d'aucun croit "positive". On serait même tenté de recycler le vieux schéma selon lequel les gens qui bougent sont progressistes – donc ouverts, et les immobilistes sont conservateurs – donc repliés sur soi.
Mais le problème fondamental est que nous sommes toujours confrontés à cette tendance de vouloir diviser le monde en laissant entendre qu'il y aurait des gens "bien" qui se bougent d'un côté et des gens à "l'esprit chagrin pas bien" qui nous immobilisent en s'opposant au changement, de l'autre. C'est encore une forme moderne de l'équation simpliste de la dichotomie "bien-mal", des tendances manichéennes "bien-pas-bien"et du jugement de valeur qui condamne l'autre partie, celle où on n'est pas, où on juge qu'un des groupes est composé de gens qui sont: (à choix) – rétrogrades, fauteurs de l'évolution "individualiste", sapeurs de morale à l'esprit chagrin, et au final, à lire entre les lignes, bêtes! De plus, il semblerait que notre nation est en danger parce que le groupe des "immobilistes" sévit et qu'il faudrait l'infliger une raclée mémorable (discours militariste) pour sauver notre: (à choix) – économie, bonheur et le monde positif qui bouge, du camp négatif des "repliés sur soi" qui (sous-entendu) seraient les responsables de la dégradation actuelle des mœurs économistes que d'aucuns cherchent à préserver au nom de la conservation de leur monde qui "bouge" et de leur "bonheur" rattaché à la consommation et à la possession d'objets matériels dans lesquels des petits malins ont introduit de la "spiritualité" pour mieux convaincre les consommateurs de les acquérir !
Il y a un autre problème avec cette vision étriquée du monde. En effet, personne n'est totalement "immobiliste" ou "bougeotte". Souvent dans la vie, il nous faut savoir se battre pour conserver des acquis conquis de haute lutte, tel que le respect de l'autre, et d'autre part, nous nous bougeons pour que le monde bouge dans le sens de plus de justice, équité, meilleures chances de simplement "vivre sa vie" pour tous. Personne n'est "repliée" d'un côté ou "ouverte"d'un autre, nous portons tous en nous la nécessité d'être tantôt immobile ou replié pour réfléchir ou apprécier la vie, tantôt mobile ou ouvert pour faire ce qu'on veut. De plus, je constate que lorsque nous "bougeons" pour qu'un patron cessent d'exploiter ses ouvriers, ou pour qu'un spéculateur immobilier n'expulse pas ses locataires, nous sommes automatiquement mis dans le camp des conservateurs repliés sur soi et accusés de "déstabiliser" cette société !
Et si l'intention de ces "faiseurs d'opinion" étaient justement "de dégoûter à tout jamais les jeunes de la politique" en créant l'illusion d'un monde bipolaire et en les obligeant de "choisir leur camp" mais entre deux alternatives inacceptables? De quel droit veut-on faire bouger un monde dans un sens très spécifique alors que cela pourrait être au détriment de l'autre moitié de la population et de la santé de notre planète? Et qui dit que ce monde doit bouger selon les seules modalités imaginées par les économistes en vu qui bougent jusqu'au sein des pouvoirs politiques (Pascal Couchepin - Joseph Diess) et les rédactions pour que leur vision de la société, étant la seule valable, prévasse et fasse passer tout opposant, tout contestataire pour un empêcheur de tourner en rond et un replié sur soi.
Pour finir, il n'y a pas deux types de "personnages", il y en a 7 milliards car chacun a sa vision du monde, ses modalités de fonctionnement, ses envies et craintes, ses élans et rétentions et il convient de respecter cette incroyable diversité. Heureusement que le monde n'est pas juste divisé juste entre les justes et les injustes ou les "bougés" et les immobilistes...
Citoyen G. Tafelmacher
24 Heures, septembre 2002
Articles complié par G.Tafelmacher et tiré des lettres de lecteur
envoyées aux différentes rédactions et parues dans les journaux locaux...
Cette page a été préparé par
Le comité de Propagande de la
* Libre Association de ZéRôS *