Politique

chat noir

L’ANARCHIE


DOSSIER  •  les bases de la Politique

Redéfinir la Politique – possible... vraiment ?


Depuis 1848, nous avons la chance de pouvoir discuter régulièrement de la politique et même de remettre ses bases et ses fondements en question.
Même si cette discussion se fait souvent au détriment du fond, et que les milieux au pouvoir en profitent pour privilégier la recherche d’un nouveau sens à donner à leur sytème pour qu’elle puisse perdurer aux siècles prochains, il n’est pas sans intérêt de vouloir comprendre tous les aspects du problème et revenir aux idées de base qui motivent la contestation politique.

Nouvelles compréhensions du monde

Avec les changements sociaux en cours, les anciennes vérités révèlent leurs limites et deviennent caduques. Les grandes découvertes biologiques modernes démontrent que la vie n’est pas qu’un rapport de force où la domination des forces du pouvoir et la loi du plus fort élimine systématiquement le plus faible; actuellement les enseignements tendraient à montrer que tous les aspects et configurations de la vie s’interpénètrent et agissent entre eux d’une manière harmonieuse pour former des écosystèmes vivants et évolutifs. C’est dans cette esprit que nous allons présenter des textes et analyser leurs contenus. Il s’agit de redéfinir le sens même à donner à la politique.


Sommaire




l’anarchie circonstanciée !

Ni Dieu ni maître !

Par François Mauron publié dans Revue Intervalles N°59 : "Anarchisme", juin 2001

Ni Dieu ni maître! Le slogan a vieilli, mais reste d’actualité. Témoin une enquête menée par la revue "Intervalles".

Anarchisme = violence.

Voici un amalgame qui ne semble plus faire de doute, après le chaotique sommet du G8 à Gênes en 2001 dernier: les casseurs ne se réclamaient-ils pas de cette idéologie? Mais qui connaît vraiment le sens du mot "anarchie"? Venant du grec "anarkhia" (absence de pouvoir), il a traversé l’histoire chargé d’une connotation plus ou moins négative, avant d’être instauré en doctrine politique au XIXe siècle, par des penseurs tels Proudhon et Bakounine. Le terme désigne alors "l’état d’un peuple qui n’a plus ni autorité à laquelle on obéisse, ni lois auxquelles on soit soumis". Il inspirera divers mouvements, adeptes ou non de l’usage de la force. «C’est l’éthique la plus sérieuse que des gens civilisés puissent développer: chacun assume ses actes», souligne Maurice Born. Ce Suisse exilé en France est un "architecte défroqué qui baigne dans l’anarchisme depuis l’âge de 15 ans". Aujourd’hui, il en a 58, est consultant auprès du Ministère français de la culture pour les problèmes liés à la fracture sociale. Recherchant un "certain confort", il a fait des compromis avec l’État, la société. Qu’il assume: l’anarchisme, pour lui, ça appartient d’abord au domaine des idées. Pour ce pacifiste convaincu, les événements de Gênes expriment également une forme d’anarchisme. Qu’il ne cautionne pas, mais qu’il comprend. Et de conclure: «Les manifestants cherchent des alternatives à ce monde inféodé à l’économie. Quand on voit l’attitude des dirigeants, barricadés dans leur forteresse, ce n’est pas étonnant que ça génère de la violence.»

Bakounine

Né en Russie en 1814, mort à Berne en 1876, Michel Bakounine a sillonné l’Europe effervescente du XIXe siècle, prenant part notamment à la révolution de 1848 ainsi qu’à diverses émeutes. Partisan d’un socialisme antiautoritaire, il est finalement exclu de la première Internationale par Marx en 1872. L’année d’après, il écrit L’État et l’Anarchie, un des textes fondamentaux de l’anarchisme. Le Gouvernement bernois a décidé l’an dernier de sauvegarder sa tombe, après interpellation d’un député au Grand Conseil.

Étude bernoise

Qui était Bakounine? Suite à "l’affaire de la tombe", des élèves suisses alémaniques de l’École de commerce de La Neuveville (BE) ont mené l’enquête. Résultat: toute une étude sur l’anarchisme et ses formes actuelles, complétée d’un texte de Maurice Born sur un moment-clé de l’histoire du mouvement libertaire au Jura bernois, qui font l’objet du n°59 de la revue Intervalles publiée récemment. À lire, surtout si vous avez une dent contre l’État.

fm

Liens

  -   Anarchisme
  -   Revue Intervalles
  -   Forum Social Libertaire
  -   Portraits d’Anars


retour au sommaire


Le Droit et le Gourdin

L’ordre frappant du monde

Réflexion de Claude Monnier - Directeur du Temps Stratégique, du 09/11/1999

où l’anarchie serait un gourdin de Cro-Magnon

«Le pire est que beaucoup applaudissent à ces exercices de force. Ils y voient un esprit de décision, un génie du management, une conduite hardie de la meute»...

Au printemps 1999, on a beaucoup discuté des bombardements de la Serbie par l’OTAN. Mais on en a discuté comme d’une affaire en soi: ces bombardements étaient-ils opportuns, judicieux, absurdes, criminels? Aujourd’hui, la mise à sac de la Tchétchénie par les forces russes suggère qu’il y a, au-dessus de telles tragédies particulières, un schéma général qui les produites.

Ce schéma, l’universelle désintégration de l’ordre politique et juridique, le grouillement des comptes à régler et de convoitises effrénées, a un nom: anarchie.  L’origine de l’anarchie est simple et connue: il s’agit de l’effondrement de l’ordre soviéto-américain, qui, après cinquante ans, avait trop duré. Les effets de l’anarchie sont spectaculaires: tous les coups en effet paraissant désormais permis entre États, entre entreprises, entre ethnies, entre individus. Y trouvent naturellement leur avantage les plus forts, les plus rapides et les plus voyous.

Dans les Balkans, il y avait un État prétentieux et mal embouché, la Serbie, qui se comportait mal dans son territoire du Kosovo. Les pays de l’OTAN ont estimé qu’il leur fallait l’obliger à traiter correctement ses citoyens kosovars. Devant le regimbement serbe, les pays de l’OTAN, invoquant une morale supérieure, ont engagé une épreuve de force en violation du droit. Comme ils étaient de très loin les plus forts, ils ont gagné.

Or, aujourd’hui, les Russes se comportent en Tchétchénie plus mal encore que ne se comportaient les Serbes au Kosovo. La morale supérieure des pays de l’OTAN, si elle existait vraiment, devrait leur commander de bombarder la Russie, ou, à tout le moins, d’intervenir dans le Caucase pour sauver les Tchétchènes de l’extermination. Ils n’ont pas l’intention de le faire. Pourquoi? Parce que la Russie est infiniment plus forte et dangereuse que la Serbie. Les pays de l’OTAN, s’ils allaient en Tchétchénie, risqueraient vraiment leur peau. D’accord pour écraser les faibles, pas pour chatouiller les forts; la haute morale n’est pour rien dans l’affaire, la loi du plus fort tout.

Dans les relations internationales et internes, les forts ont désormais beau jeu d’invoquer l’urgence humanitaire, "la nécessité fait loi", "l’impuissance de l’ONU", "les lenteurs de la justice", "les exigences de la morale" pour camoufler qu’ils font ce qu’ils font simplement parce qu’ils y trouvent leur "intérêt supérieur". Que deviennent les plus faibles, dans ce jeu? Libre à eux de protester, de signer des pétitions, d’ameuter la presse si cela les amuse, mais sur le fond, ils n’ont aucune chance.

Voyez la Suisse dans l’affaire des fonds en déshérence ou l’affaire de la vache folle traitée comme quantité négligeable par les puissances grandes et moyennes. Voyez les entreprises de tous les pays écornant le droit sous le prétexte qu’elles y sont "hélas" contraintes par la violence de la concurrence. Voyez les individus qui s’entre-assomment à coups d’arguments voyous, du style "vous ne pensez pas comme il faut", "vous avez lu les mauvais livres", "je vous trouve un air nazi" qui n’ont rien à voir avec le droit, la raison ou l’intelligence, tout à voir avec le maniement du gourdin de Cro-Magnon.

Le pire est que beaucoup applaudissent à ces exercices de force. Ils y voient un esprit de décision admirable, un génie du management, une conduite hardie de la meute. Comment ne se rendent-ils pas compte qu’un jour prochain ils pourraient en être eux-mêmes les victimes, et qu’ils ne pourront plus alors faire appel aux règles du droit qu’ils auront eux-mêmes démolies: j’en veux pour preuve que dans les pays où la corruption anarchique a presque complètement remplacé le règne de la loi, le citoyen honnête craint la police et la justice plus encore que les mafias avérées.

Y a-t-il une lumière au bout du tunnel? Heureusement oui, car l’anarchie n’est jamais qu’un passage, entre un ordre juridique suranné, désuet, obsolète, et un ordre juridique reflétant mieux les réalités sociales, politiques et économiques nouvelles. Courage, mon gendre !

CLAUDE MONNIER Directeur du Temps stratégique

©24Heures

retour au sommaire


Un drôle de concept où l’anachie serait un gourdin !

«Le Gourdin serait plutôt à Droite»

Une réponse circonstanciée de Mr. Georges Tafelmacher publié dans le Courrier des Lecteurs du 22.11.1999

Il est vraiment étonnant qu’un homme de la trempe et la rigueur de M. Claude Monnier ait utilisé l’acceptation populiste et péjorative de l’anarchie. Il est temps de remettre l’anarchie à sa juste place en tant que pensée politique et d’apporter les rectifications nécessaires pour une meilleure compréhension de cette philosophie.

D’abord, il faut dénoncer les images péjoratives de l’anarchie.

L’anarchie n’est pas :

Mais alors qu’est donc l’anarchie ?

Essentiellement défini comme un esprit de résistance à l’oppression sous ses aspects les plus variés, il restera une réaction permanente dans un monde où des formes de contrainte renaissent à mesure que d’autres disparaissent car les anarchistes luttent contre l’aliénation religieuse, c’est-à-dire contre l’église; contre l’aliénation politique, c’est-à-dire contre l’état totalitaire et contre l’aliénation humaine, c’est-à-dire contre un humanisme qui, par les contraintes d’une morale abstraite et comportementale, menace d’étouffer l’originalité de l’individu.

Mais l’anarchisme est d’abord un mouvement d’idées et d’action qui, en rejetant toute contrainte extérieure à l’homme, se propose de reconstruire la vie en commun sur la base de la volonté individuelle d’autonomie où l’esprit humain parvient à la pleine conscience de soi-même, à la prise de conscience et compréhension de son être. Du principe de l’autonomie de la volonté individuelle, on doit aboutir à une union librement consentie dont la solidité est certainement supérieure à celle d’une union obtenue par la force ou la contrainte.

L’anarchisme répudie toute idée d’autorité comme étant contraire à la notion de la liberté individuelle, il lui apparaît que l’ordre et la justice, dont il ne nie aucunement la nécessité pour la cité, doivent reposer sur un contrat librement conclu entre tous les membres de la communauté. Les clauses d’un tel contrat, profitables à tous les contractants, sont observées tout aussi librement. La multiplicité des contrats se traduit par le fédéralisme, appelé à remplacer l’organisation étatique. Une infinité de contrats s’engendrant les uns les autres et s’équilibrant d’autant plus facilement qu’ils ne sont point immuables ni définitifs, soit sur le plan professionnel, soit sur le plan régional, ou national et même international. Le fédéralisme anarchiste, c’est la recherche perpétuellement renouvelée d’un équilibre entre des groupements distincts. Et Bakounine de prophétiser: «Quand les États auront disparu, l’unité vivante, féconde, bienfaisante, tant des régions que des nations, et de l’internationalité du monde civilisé d’abord, puis de tous les peuples de la terre, par la voie de la libre fédération et de l’organisation de bas en haut, se développera dans toute sa majesté.»

Avec cette définition, la Suisse peut paraître un pays très "anarchiste" !

Ou alors, si nous acceptons la définition de l’anarchie de M. Claude Monnier, ce serait les U.S.A. et non la Russie les plus anarchiques, le système russe s’apparentant plutôt à la gabegie, au chaos, à la négation de l’esprit humain et de la civilisation, toutes choses qui n’ont strictement rien à voir avec l’anarchie.

Mais l’esprit libertaire perdure. En chacun de nous, dans nos envies profonde...

©24Heures

retour au sommaire


Les Gitans de Cheseaux • Les limites de la tolérance

lettre au Courrier des Lecteurs de 24heures du 14.08.2000 par M. François Brélaz
À propos des articles de Lise Bourgeois intitulés «Un paysan menace le campement avec son tracteur»
et «Les agriculteurs en veulent aux autorités» (24 heures du 28 juillet et des 31 juillet et 1er août)

Cheseaux-sur-Lausanne est un village où il fait bon vivre; mais cette commune ne figure sur aucun guide touristique: malheureusement, il n’y a rien à voir! Et pourtant, des gens qui voyagent beaucoup, des gens que l’on appelle "gens du voyage" en termes polis ou "gitans" sur un ton méfiant, semblent adorer cet endroit.

Depuis plusieurs années, de plus en plus souvent et de plus en plus nombreux, ils arrivent sans crier gare, semant la panique auprès des autorités. Lorsque les gitans sont arrivés à Cheseaux-sur-Lausanne, ils se sont dispersés sur deux champs, puis se sont rassemblés après deux nuits. L’endroit libéré est situé à proximité de deux maisons de week-end et je n’ai pu m’empêcher d’aller photographier le désordre laissé: bouteilles en plastique et papiers qui traînent, sacs d’engrais vidés ou éventrés, maisonnette pour oiseaux cassée, petit char endommagé, pots de fleurs partiellement cassés et partiellement volés, bac en plastique pour des boutures de plantes renversé et bien entendu, des merdes partout !

Même si ces personnes font partie d’une minorité ethnique, on ne peut admettre que ces étrangers se comportent chez nous comme dans un pays conquis. Finalement, ce sont des anarchistes, ils refusent l’ordre établi de l’endroit où ils se trouvent et se montrent vite intimidants ou agressifs à l’égard des personnes qui leur tiendraient tête.

Si un propriétaire de terrain n’autorise pas leur installation et que ceux-ci persistent dans leur intention, les forces de l’ordre se doivent de faire évacuer le terrain. C’est une question de respect des lois et de la propriété privée. Dans le cas présent, l’agriculteur, victime de la sécheresse, avait un urgent besoin de l’herbe de son champ. Il a proposé un champ d’orge récemment fauché, mais les gitans ont préféré la douceur du trèfle.

D’autre part, j’estime que la tolérance à l’égard d’une minorité doit cesser lorsque les agissements de cette minorité gênent considérablement les habitants du lieu et c’est particulièrement valable concernant les excréments que ceux-ci laissent autour de leur campement.

Avec un peu de bonne volonté tout pourrait s’arranger. Mais de la bonne volonté, les gitans n’en ont pas. Pour eux, l’homme blanc doit céder et ils se sentent forts face à une autorité cantonale faible !

Mais, les gitans et les autorités cantonales ont tout de même un point commun: chacun, avec son attitude respective, contribue à développer le racisme.

©François Brélaz et 24Heures

retour au sommaire


Les limites de l’intolérance

ou lorsqu’on va trop loin !

Une Réplique caustique de Mr. Georges Tafelmacherlettre au lecteur du 15.08.2000

Concerne : Réponse à votre lettre "Les limites de la tolérance" parue dans le 24 heures du 14 août 2000

Monsieur,

Et on continue, sans répit, à s’attaquer aux anarchistes et à les traiter de toutes sortes de noms. La dernière en date: les "intimidations" d’anarchistes qui n’ont pas, selon vous, "de Bonne Volonté".

Vous laisserez entendre que les Romanichels seraient des anarchistes et donc des vecteurs de désordre social chronique alors que le désordre social dans lequel nous vivons est le fait d’une situation issue des politiques de droite: violence, concurrence économique, rapport de force entre les nantis et le peuple, poids commercial disproportionné au social, déséquilibre entre les directions et les employés, entre magistrats et citoyens, système de propriété privé élitiste, etc.

Mais vous posez certaines questions aux quelles j’aimerais bien répondre.

Depuis quelque temps, une version péjorative de l’anarchie est propagée dans les pages du 24 heures. Le pire est atteint lorsque pour condamner définitivement des gitans campeurs, on les traite "d’anarchistes" parce qu’ils chient par terre! Cette péjoration est-elle intentionnelle? Elle découle en tout cas d’une profonde inculture politique car, ne l’oubliez pas, l’anarchie est à la base de toutes les grandes révolutions qui ont apporté les vrais progrès sociaux du 19ième et 20ième siècle.
Elle est même l’instigatrice des grands mouvements populaires du 20ième siècle qui ont abouti à Mai’68 et elle forme la base de notre société moderne. En effet, la société moderne s’est fortement inspirée des théories de l’anarchisme ce qui a permis l’avènement de la société de liberté dont vous profitez actuellement. Malheureusement, ses principes ont été trahis par l’interprétation par trop matérialiste qu’en a fait les Leaders politiques et économiques et par leur main mise sur les leviers de commande de cette société. Cette péjoration de l’anarchie doit cesser car le peuple a droit à une présentation de l’anarchisme sous un jour plus juste. Il est temps de remettre l’anarchie à sa juste place en tant que pensée politique et d’apporter les rectifications nécessaires pour une meilleure compréhension de cette philosophie.

D’abord, dénonçons les images péjoratives de l’anarchie.

L’anarchie ce n’est pas :

Mais alors qu’est donc l’anarchie ?

L’anarchisme est un mouvement d’idées et d’action qui, en rejetant toute contrainte extérieure à l’homme, se propose de reconstruire la vie en commun sur la base de la volonté individuelle autonome. Bien que l’anarchisme militant ne se manifeste que vers la fin du XIXe siècle avec Kropotkine, Élisée Reclus et Malatesta, les lignes essentielles de la doctrine anarchiste se précisent dès la première moitié du siècle. La Révolution française institue un divorce radical entre l’État, qui repose sur les principes éternels de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, et la société qui est dominée par l’esclavage économique, l’inégalité sociale et la lutte des classes. Cette contradiction semble d’autant plus insupportable que la Révolution française proclame en même temps que l’individu est une fin en soi et que toutes les institutions politiques et sociales doivent servir à son plein et entier épanouissement. La liberté politique paraît illusoire, voire néfaste, à ceux qui, en vertu même de ces principes, subissent une servitude sociale et économique. La première réaction "antiétatiste" est sans doute la "conspiration des Égaux" dirigée par Gracchus Babeuf et visant à substituer à l’égalité politique "l’égalité réelle". «Disparaissez, lit-on dans son Manifeste , révoltantes distinctions de riches et de pauvres, de grands et de petits, de maîtres et de valets, de gouvernement et de gouvernés.»

L’anarchisme en tant que doctrine philosophique appartient essentiellement à l’histoire de l’hégélianisme. La réalité objective étant pour Hegel issue de l’esprit, l’objet qui semble séparé du sujet finit par y retourner afin de constituer cette unité foncière que Hegel appelle l’Idée absolue. Or cet Esprit hégélien qui se réalise grâce à la prise de conscience des esprits finis, de transcendant qu’il était sans doute chez Hegel lui-même, devient pour une importante fraction de ses disciples l’esprit humain parvenu à la pleine conscience de soi-même. Une fois engagés sur la voie de l’immanence, ces jeunes hégéliens s’efforcent d’interpréter le monisme de Hegel dans un sens de plus en plus révolutionnaire. L’Esprit est arraché au clair-obscur prudent où son créateur avait voulu le maintenir; il "s’humanise" progressivement. Devenu homme, c’est-à-dire être humain au sens général du mot dans le maître livre de L. Feuerbach, L’Essence du christianisme (1841), il se transforme en esprit humain dans la Critique pure de Bruno Bauer – doctrine contre laquelle Karl Marx se déchaîne dans La Sainte Famille – et finit par apparaître sous les traits surprenants du Moi original, du Moi "unique" dans l’ouvrage de Max Stirner, "L’Unique et sa propriété" (1845).

C’est pourquoi nous ne pouvons accepter votre définition de l’anarchie, car à cette aune-là, par rapport aux problèmes sociaux actuels, tout le monde pourrait être anarchiste et non seulement les Romanichels et ce désordre systématique s’apparente plutôt à la gabegie, au chaos, à la négation de l’esprit humain et de la civilisation, toutes choses qui n’ont strictement rien à voir avec l’anarchie et en sont même ses contraires. Je me permettrais même d’essayer de vous faire mieux comprendre les motivations de ces gens en vous rapportant l’explication d’un Manouche quant-aux excréments. En effet pour eux, chier par terre est un respect absolu de la nature et de ses cycles naturels: on rend à la nature ce qu’on lui a pris sous une forme énergétique, totalement récupérable par la nature. Bien sûr, il faut le faire dans le respect des traditions: un petit trou, une bonne poussée, une prière et on recouvre, signant l’emplacement avec une fleur...

Mais l’esprit libertaire perdure. En chacun de nous, dans nos envies profondes...

Je vous envoie ce courrier de mise-au-point en réponse à votre lettre parue dans le "Courrier des Lecteurs" du journal "24Heures" en vue de rectifier l’image de l’anarchie auprès de vous. Car vous avez aussi ce point commun avec les gitans et les autorités: par vos attitudes respectives, vous contribuez tous au développement du racisme. J’espère que cette réponse sera adaptée à vos exigences.

En vous remerciant de l’intérêt que vous portez à l’établissement de la vérité, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

©Georges Tafelmacher

retour au sommaire


Écologie - de quoi on cause ?

de quelle philosophie la société a-t-elle besoin ?

par Georges Tafelmacher - lettre au idéologue
Réponse au Billet Radical - Réflexion Politique par Olivier MEUWLY

Après s’en être pris aux communistes, socialistes, féministes, tiers-mondistes, anarchistes, écologistes, syndicalistes, contestataires, pacifistes, libertaires et romantiques par ses condamnations musclées, la droite maintenant brocarde "l’écologisme", source de tous les maux, selon elle. Dans des longs articles accablants, elle les accuse de pratiquer un écolo-socialisme réformiste, immobiliste et planificatrice qui exsuderait la haine de la modernité et dont le vrai visage n’aspire qu’à plier l’économie aux «conceptions mystiques et mythiques de ses dogmes totalitaires» !

Or quelle est la réalité ?

La construction de la société de consommation emprunte des chemins obscurs. Un des thèmes récurrents du discours politique est celui de la croissance économique. Totalement dépourvu d’une définition claire et utilisable, ce type de développement de l’industrie affleure autant chez les manageurs de puissantes multinationales que chez les entrepreneurs fondamentalistes. Heureux de ce consensus, les politiciens s’en servent à tout bout de champ et ont fait de ce concept creux une "sorte de Graal," de sauveur à la fois de la planète et du bien-être des citoyens. Mais cette fameuse croissance économique n’est pas clairement circonscrit et ce flou permet à l’économie de prendre une place dominante dans l’activité politique et sociale. On sait que les groupements patronaux et une partie croissante de la droite radicale-libérale veulent en tirer une philosophie de base pour l’humanité entière, une pensée-unique où l’individu sera soumis aux besoins de la société de consommation, de ses industriels et de ses financiers.

Le véritable but du dénigrement de l’anarchie par la droite serait-il d’imposer sa conception de l’économie et de l’industrie sur la société? En se référant, dans ses publications dogmatiques, au réalisme économique, au capitalisme productiviste et compétitif, aux dures contingences de l’économie avec ses conditions de travail contraignantes et à l’organisation du "moins d’état", il contribue à mettre en œuvre le contrôle, la mise au pas et la domination du prolétariat et du salariat. En faisant référence à une vision élitiste et discriminatoire de la société, sa propagande durcit les relations entre les hommes. Le résultat: la montée en pouvoir d’une nouvelle droite autoritaire et péremptoire, le triomphe du matérialisme sur la vie et ses conséquences - société à deux vitesses, dépression, chômage, crises de société, conflits sociaux, jeunesse désemparée.

Qui l’expliquera aux politiciens radicaux de ce nouveau siècle, en retard d’une évolution ?

©Georges Tafelmacher

En réponse à la prose  d’Olivier Meuwly   parue dans "Le Régional"

retour au sommaire


Au risque d’être libertaire !

l’anarchie selon mis-trend !

Réponse de Georges Tafelmacher
à la lettre de Marie-Hélène Miauton   (Miss Trend)

Or donc pour Marie-Hélène Miauton, notre société, au matérialisme qui règne en maître, serait libertaire! Il est sûr que nous n’avons jamais vu autant d’entreprises autogérées, menées par des ouvriers participatifs, vu autant de communautés autodéterminées prenant ses décisions en assemblées générales, ni autant de citoyenNEs réuniEs en acteurs actrices fortEs de leurs quotidiens, qu’en ces temps d’anarchie totale !

Il est sûr que, de nos jours, nous avons un esprit de résistance à l’oppression sous ses aspects les plus variés et une réaction permanente contre toutes les formes de contrainte et partout il y a des anarchistes qui luttent contre l’aliénation religieuse, c’est-à-dire contre l’église; contre l’aliénation politique, c’est-à-dire contre l’état totalitaire et contre l’aliénation humaine, c’est-à-dire contre un humanisme qui, par les contraintes d’une morale abstraite et comportementale, menace d’étouffer l’originalité de l’individu. Nous voyons partout l’anarchisme, qui est d’abord un mouvement d’idées et d’action rejetant toute contrainte extérieure à l’homme, reconstruisant la vie en commun sur la base de la volonté individuelle d’autonomie où l’esprit humain parvient à la pleine conscience de soi-même, à la prise de conscience et compréhension de son être. Il est sûr qu’aujourd’hui, le principe de l’autonomie de la volonté individuelle et l’union librement consentie dont la solidité est certainement supérieure à celle d’une union obtenue par la force ou la contrainte, est partout en vigueur.

Blague à part, il est évident que l’état du monde nous a été construit patiemment par tous ces entrepreneurs néo-libéraux, qui pour assurer leur pouvoir, ont récupéré toutes les aspects de la démarche libertaire pour mener leurs affaires et faire leurs fortunes comme ils l’entendent. Jamais une philosophie a-t-elle été aussi récupérée, aussi détournée que l’avatar libertaire que les faiseurs et faiseuses d’opinion ont mis en avant ces dernières années. Toutes les pubs se référent au libertaire déjanté et suintent l’utilisation démagogique d’une alternative qui aurait pu résoudre, si le peuple l’avait conquis, la plupart des problèmes économiques et sociaux que nous rencontrons de nos jours.

Il faut dire clairement que l’anarchie répudie toute idée d’autorité comme étant contraire à la notion de la liberté individuelle, qu’il lui apparaît que l’ordre et la justice, dont il ne nie aucunement la nécessité pour la cité, doivent reposer sur un contrat librement conclu entre tous les membres de la communauté. Que les clauses d’un tel contrat, profitables à tous les contractants, doivent être observées tout aussi librement. Que la multiplicité des contrats doit se traduire par le fédéralisme, appelé à remplacer l’organisation étatique. Qu’une infinité de contrats devrait s’engendrer les uns les autres et s’équilibrer d’autant plus facilement qu’ils ne sont point immuables ni définitifs, soit sur le plan professionnel, soit sur le plan régional, ou national et même international. Et n’oublions jamais que l’anarchie, c’est la recherche perpétuellement renouvelée d’un équilibre entre les groupements distincts et l’unité vivante, féconde, bienfaisante, tant des régions que des nations et de l’internationalité du monde civilisé d’abord, puis de tous les peuples de la terre, par la voie de la libre fédération et de l’organisation de bas en haut, permettant de se développer dans toute sa majesté.

Avec cette définition, notre époque, somme tout, ne paraît plus très "libertaire" !

Réponse de Georges Tafelmacher 2002

retour au sommaire


Murray Bookchin, père de l’écologie sociale

Hommage à un des grands théoriciens modernes de l’écologie de l’anarchisme

Ecrivain prolifique, militant actif, il a consacré sa vie à la création d’un projet politique, social et philosophique

VINCENT GERBER * Étudiant en histoire
LE COURRIER - MARDI 5 DÉCEMBRE 2006

Son postulat de départ est le suivant: les problèmes écologiques sont, à l’origine, des problèmes sociaux

BookchinFigure méconnue parmi les penseurs qui ont contribué au développement du XXe siècle, Murray Bookchin s’est éteint le 30 juillet dernier, à l’âge de 85 ans. D’origine russe, il était né en 1921 à New York, et avait été mis en contact très jeune avec l’idéologie marxiste, à travers ses parents. Idéologie qu’il rejettera progressivement pour se diriger vers une pensée plus libertaire: l’anarchisme. Influencé par les événements de la guerre civile espagnole, il sera conquis par l’idée d’une société fonctionnant sur la base de communautés autogérées.

De fait, Murray Bookchin va repenser l’anarchisme traditionnel, lui faisant dépasser les idéaux antiétatiques - disposer d’institutions est, selon lui, une nécessité - pour insister sur le besoin plus fondamental d’éliminer les relations hiérarchiques. En outre, bien qu’il prône un retour du pouvoir de décision et de gestion dans les mains des citoyens, il rejette l’individualisme pour promouvoir, à la place, une organisation communautaire. Son deuxième apport, peut-être le principal, est d’avoir inséré la question de l’écologie au sein de la pensée de gauche. Durant les années 1960, alors que les mouvements de revendication sociale et culturelle ébranlent les États-Unis, Bookchin est l’un des premiers à prévenir de l’imminence d’une véritable crise écologique. On considère son livre, "Our Synthetical Environment" (1962), comme l’un des initiateurs du genre - paru avant le célèbre "Printemps Silencieux"   de Rachel Carson, ouvrage fondateur de l’écologie moderne.

Conscient que notre société emprunte une voie à l’issue incertaine, Bookchin s’est interrogé sur la manière dont l’être humain peut modifier celle-ci pour la rendre plus écologique et libertaire. De cette réflexion naîtra l’écologie sociale. Son postulat de départ est le suivant: les problèmes écologiques sont, à l’origine, des problèmes sociaux. La domination de la nature par l’homme découle directement de la domination de l’homme par l’homme, et ce n’est qu’en supprimant les rapports de compétition et de domination que l’être humain modifiera sa relation envers la nature. Ce qu’il a en vue, c’est une véritable révolution culturelle et sociale. Il espérait faire de son écologie sociale une voie divergeant de celle que suit la société de consommation. Chaque aspect de notre société y est donc repensé dans le sens d’une éthique écologique et d’une responsabilisation de chacun. Par la suite, cet écologiste engagé n’a cessé de développer et de préciser ses idées à travers de nombreux écrits (avec plusieurs ouvrages majeurs, dont "Post-Scarcity: Anarchism", "The Ecology of Freedom"  ou encore "Une société à refaire", un de ces rares ouvrages traduits en français). Il va aussi participer à la création, dans le Vermont, de l’Institute for Social Ecology. Du milieu des années 1970 jusqu’à nos jours, l’établissement va diffuser les principes de l’écologie sociale, assurant leur promotion et leur mise en pratique. Il devient vite le véritable centre physique du mouvement, qui, dès lors ne se rattache plus à un seul homme, mais rassemble un certain nombre de chercheurs et d’enseignants.

Aujourd’hui encore, on ne peut nier l’influence des théories de Murray Bookchin au sein des différents mouvements militants, sociaux, libertaires ou écologistes. Beaucoup de groupements verts se réclament de ses idées, de même que les antiautoritaristes et révolutionnaires de tous bords. On considère même l’écologie sociale comme la seule alternative valable proposée à la suite de l’échec du communisme, projet dont Bookchin ne s’est jamais caché. Murray Bookchin a été l’un des premiers à prévenir de l’imminence d’une véritable crise écologique. Ses connaissances étendues et son intérêt pour les différents aspects de la société occidentale lui ont permis de porter un regard lucide sur le monde dans lequel il vivait, sur son fonctionnement, son histoire et ses problèmes. Il n’a cessé de multiplier les avertissements à l’égard du capitalisme et des crises écologiques, sociales et morales que ce système peut engendrer. Loin de se limiter à cela, il s’est efforcé d’imaginer une solution viable et applicable, reposant sur la remise en question de l’état actuel des choses et une meilleure utilisation des moyens à disposition. Cet homme, qui se revendiquait comme idéaliste, laisse derrière lui une œuvre importante, porteuse d’espoir d’un futur plus écologique.


Principes généraux de l’écologie sociale

L’écologie sociale est avant tout un projet de réforme. Elle revoit les fondements mêmes de nos institutions pour les rendre plus écologiques, démocratiques, égalitaires et libertaires. En d’autres termes, elle aspire à présenter une société idéale libérée de la domination et basée sur des valeurs éthiques et morales accordées avec la nature.

Cette théorie repose sur la capacité de décision et de réflexion unique de l’espèce humaine. Bookchin voit en l’être humain un animal capable non seulement de s’adapter, mais surtout de modeler l’environnement dans lequel il évolue. II veut donc l’amener à sélectionner les meilleures options possibles dans l’espoir qu’il cesse de se contenter de ce qui est pour tendre vers ce qui devrait être. Cela sous-entend que les hommes et les femmes doivent retrouver leur capacité à agir, à influencer la société dans laquelle ils évoluent, et non plus la subir.

Par-dessus tout, l’homme moderne doit parvenir à s’insérer dans la nature et réciproquement pour redécouvrir le lien qui le lie à elle, sa dépendance envers elle. Selon Bookchin, la division entre société et nature doit être dépassée au profit d’une véritable symbiose. Le rapport de domination qui les lie aujourd’hui doit laisser sa place à une relation de solidarité et d’échanges raisonnés. Pour ce faire, il faut un retour aux communautés, redécouvrir l’échelon local, ses proches et l’environnement qui nous entoure. Un véritable processus de décentralisation doit être accompli pour nous amener à prendre conscience de notre appartenance à un lieu ainsi qu’à une communauté de personnes. II faut recréer des liens entre les gens, les amener à se connaître, mais aussi s’impliquer et débattre des affaires courantes. Parallèlement, la production d’énergie et la gestion des ressources doivent être envisagées, non seulement en fonction des besoins de la communauté, mais aussi des possibilités offertes par le milieu. L’écologie sociale a cette particularité de penser que la technologie et les machines peuvent perdre leur connotation négative. En les sélectionnant et en les modifiant, on peut les rendre écologiques et s’en servir pour libérer l’homme.

À terme, l’écologie sociale souhaite voir les villes importantes se diviser en communes à taille humaine, plus faciles à gérer. Ces différentes communautés régionales formeraient entre elles une confédération de communes et décideraient ensemble des questions demandant une vision plus large. Chaque commune se verrait administrée par une assemblée formée de l’ensemble de ses habitants, selon un système de démocratie directe. Ce système politique a été développé en détail par Bookchin sous l’appellation de municipalisme libertaire. II partage avec l’écologie sociale un but commun: sortir l’homme de son rôle d’électeur/contribuable pour faire de lui un citoyen, un homme responsable, participant activement à la gestion de la communauté à laquelle il appartient.

Ambitieuse, l’écologie sociale ne cache ni l’ampleur du projet ni la difficulté de la tâche. Elle est tout aussi consciente que ces grands changements ne se feront pas du jour au lendemain. Néanmoins, elle sait combien ils sont nécessaires et croit en leur mise en place par des moyens concrets, à la portée de tous.

VGR © Le Courrier

Pour en savoir plus :
Textes de  Bookchin   (en français)
et  autres   Liens

retour au sommaire


Mai’68 vu par un militant suisse !

MAI 1968, avant et après...

À Paris en avril 1968, j’ai vu les premières charges de CRS contre un petit rassemblement au Boulevard St-Michel, qui protestait contre la tentative d’assassinat de Rudi Dutchke, leader du mouvement étudiant en Allemagne. Et auparavant, dans la librairie de la Fédération anarchiste, toute une équipe est montée au pas de course à l’étage. Un gars de la librairie nous a dit: «c’est le 22 mars».

dessins ’68Je venais de reprendre - pour trois mois - le Secrétariat de l’IRG (Internationale des résistants à la guerre), en remplacement du Secrétaire, notre ami Fritz Tuller (en tôle pour objection). Avril - mai - juin 1968: cela ne pouvait pas mieux tomber.
Par contre, les "Journées militaires" à Genève ont choisi un mauvais moment: mai 1968. Dans la préparation de notre action, nous n’étions qu’une dizaine de militant-e-s. Au début de ces Journées, nous devions déjouer la vigilance de la police pour distribuer des tracts, en particulier aux jeunes conscrits invités à des initiations aux tirs. Ce n’était pas facile; mais avec les évènements en France, il y a eu subitement une mobilisation, essentiellement étudiante. Et le 17 mai (date qui a donné le nom au Mouvement), nous étions invités à venir dans l’Aula de l’Université vu que le rassemblement prévu sur la Place Neuve était menacé d’une intervention policière. C’était mon premier contact avec le monde étudiant.
À la deuxième réunion, nous avons amené des tracts et un petit journal anarchiste que je venais de confectionner avec un poète anarchiste breton, Jean-Yves, déserteur, que j’avais hébergé à Lausanne. Quelques étudiants, à côté de nous ont pris peur et ont crié: «attention, il y a des tracts anarchistes qui circulent». Aussitôt, des étudiants sont venus vers nous pour en demander. On pouvait ainsi envisager une action plus large dont l’occasion était la tenue d’une Conférence sur la "Défense spirituelle" au Victoria Hall.
Avec un millier de manifestants, nous avons bloqué le Victoria Hall et empêché la tenue de la Conférence. Deux tracts ont été diffusé: celui de l’IRG et un tract anarchiste intitulé "Contre le cancer", qui mentionnait les interventions de l’armée contre les travailleurs en grève. Le tract se terminait par cette phrase: «Recrues, futurs recrues, désertez ce qui symbolise la fin de l’humanité, votre fin».
Cette petite phrase poétique a alors servi de prétexte au Ministère Public de la Confédération pour nous accuser «d’atteinte à la sécurité militaire et d’incitation à la désertion». L’enquête a néanmoins pris du temps car ce n’est qu’à fin août au petit matin que trois policiers ont sonné à ma porte à Lausanne en présentant un mandat de perquisition signé du Ministère Public de la Confédération.
Je venais de retourner le soir précédant du Congrès de l’Internationale des Fédérations anarchistes à Carrare (Italie), où je représentais la "Fédération Socialiste Libertaire".
Par chance, le fichier de 30’000 adresses de l’IRG avait été transféré un mois auparavant et j’ai pu planqué mon carnet d’adresses. Ils ont tout fouillé et emporté une pile de documents et tracts, avant de m’interroger dans leur poste au cours de l’après-midi.
Comme l’histoire des fiches l’a confirmé, nous étions très surveillés et ils connaissaient la plupart de mes déplacements et bien sûr participation à des manifestations. Je n’ai d’ailleurs pas nié ma participation à celles-ci (dont une manifestation anti-franquiste qui avait mal tourné pour la police), ni le fait que le tract incriminé a été tapé sur notre machine. Seulement, si j’ai participé à sa rédaction en ce qui concerne les interventions de l’armée contre les civils, je n’ai pas participé à la rédaction finale du tract incriminé, ayant été à Neuchâtel pour défendre un objecteur.
Le procès a eu lieu le 28 octobre 1969 au Tribunal de Montbenon à Lausanne et j’ai été acquitté. Il est vrai que, encore une fois, la chance était de notre côté: le procès est tombé au moment où le petit livre "Défense civile" distribué tout ménage, provoquait un tollé, jusque dans les médias. En effet, tout ce qui n’était pas dans une ligne (que l’on dirait aujourd’hui blochérienne) était considéré comme suspect: non seulement la gauche, mais aussi les mouvements pour le droit de vote des femmes, les jurassiens taxés d’ultra-fédéralisme, etc.
Le procès avait fait salle comble. Non seulement, j’ai été acquitté, mais le soir même, nous avons monté, avec un très large soutien, un Comité contre le livre de "Défense civile".
Idem à Genève une semaine plus tard avec la participation de toute la gauche.

Un mouvement libertaire est-il possible à Genève ?

Contrastant avec l’intense activité des années trente, les groupes anarchistes de Genève ont depuis la guerre une existence très sporadique, n’excédant pas deux ans. Pas moins de 6 ou 7 groupes se sont succédés. La cause première était qu’il n’y avait pas en 1968 de militants locaux. Nous étions quasi tous des internationaux. Lorsque l’OSL s’est montée au niveau Suisse, avec des bases à Lausanne, Bienne et dans le jura, les libertaires de Genève sont restés en marge. Un groupe OSL-Genève a existé en 1988-89 et entre 2001 et 2006.
Le dernier événement important a été l’organisation de la Semaine anarchiste à l’Usine en novembre 1989. L’OSL et des militant-e-s internationaux se sont largement investis, mais du fait que le groupe de Genève a voulu rester autonome, il n’y a pas eu de suite.
Au niveau international, c’est de nouveau la dispersion après l’embellie de 2003, où une quinzaine d’organisations libertaires et anarcho-syndicalistes ont réussi à mettre sur pied, dans le cadre du mouvement anti-G8, le Village alternatif VAAG à Annemasse, qui a été une grande réussite. Le tronçon de la CLAAC (organisations libertaires et anarcho-syndicalistes) a réuni 10’000 militants entre Annemasse et la frontière genevoise. Malgré le fait que la CLAAC a joué un rôle très important dans cette manifestation, les libertaires n’ont pas réussi à faire passer leur message auprès des 100’000 manifestants n’ayant pas tenu les stands d’information prévus au lieu de rassemblement final.
Là aussi, les libertaires locaux sont restés en marge, avec quelques tentes au Bout-du-Monde, alors que je travaillais dans le cadre du Forum Social Lémanique et que j’ai activement participé aux négociations avec les autorités suisses et françaises.
Ce vide "libertaire" n’est pas sain. Il laisse de fait la place à des courants sporadiques dits "autonomes" qui visent à des affrontements avec la police dans l’espoir que la répression radicalisera les jeunes. C’est plutôt l’inverse qui se produit.

PROSPECTIVE 2030

GOTTEBORGLa crise du système capitaliste et la récession qui va suivre va toucher de plein fouet le processus d’unification de l’Europe, d’autant plus que ce processus se base sur deux piliers en crise: le financier et l’économique.

Les citoyen-ne-s européens ont peu de poids et n’ont même pas eu la possibilité, comme cela serait normal en démocratie, de se prononcer et de choisir entre plusieurs projets d’unification et de Constitution européenne.
Le Parlement européen élu n’a que peu de pouvoir de décision. Il y a un déficit dans le processus démocratique. D’ailleurs, la démocratie ne devrait pas se résumer à déléguer son pouvoir tous les 4 ans en élisant des autorités, mais constituer un engagement citoyen dans la réflexion sur notre cadre de vie et la construction des liens sociaux et l’intégration dynamique de la société.
La crise du système capitaliste qui a éclaté aux USA va entraîner une récession qui va petit à petit perturber le processus d’unification de l’Europe. Les forces centrifuges vont pousser les Etats à reprendre leur autonomie et des divisions internes vont éclater comme en Belgique.
Les syndicats tenteront de lutter contre les licenciements qui vont se multiplier, mais ne pourront pas empêcher la fermeture de milliers d’entreprises. Comme en Argentine dans les années 90, un mouvement de reprise par les travailleurs sur la base de Coopératives autogérées, va se développer. Des systèmes de troc locaux se multiplieront, mais faute d’une alternative globale, l’explosion du nombre de chômeurs et d’exclus va entraîner des actes de révolte et de pillage, ainsi que des affrontements avec la police.

Dès décembre 2012, les évènements s’accélèrent :
Au niveau international, on peut prévoir en vrac :
En Irak, une prise de pouvoir des chiites à Bagdad entraînant l’indépendance du Kurdistan. En Afghanistan, des centaines de soldats de l’OTAN pourraient être faits prisonniers en plein hiver. Les négociations aboutissent à un partage de pouvoir avec les Talibans.
Le Pakistan tombe sous le contrôle d’une nouvelle génération d’islamistes, plus instruite. Forte tension avec les Indes. En préventive, les forces israéliennes pourraient bombardent des sites nucléaires au Pakistan. Un "Tchernobyl" ne serait pas exclu, ce qui entraînerait une radicalisation des pays arabo-musulmans. Ceux-ci pourraient ainsi décider de retirer leurs investissements dans les pays occidentaux et de doubler le prix du pétrole.
Pour des raisons stratégiques, la Russie et le Venezuela pourraient se joindre à ce mouvement. Profitant de la déstabilisation, la Russie pourrait reprendre pied en Crimée ; les USA ne voudront pas risquer un affrontement nucléaire. Une négociation pourrait amener un retrait des missiles nucléaires de part et d’autre de la ligne de front et l’émergence d’une ceinture de pays non-alignés comprenant entre autres la Pologne, l’Ukraine, la Georgie, la Biélorussie.
Mais les guerres ayant toujours constitué pour les minorités possédantes une "solution" pour résoudre les problèmes de chômage et de risque de révolution sociale, il est à craindre que des conflits régionaux se développent dans des zones non-stabilisées comme les Balkans.

En 2017,
grâce à l’initiative de mouvements et pays du Tiers-Monde, les mouvements altermondialistes arrivent enfin à constituer un pôle alternatif avec la proposition d’un nouveau système de relations internationales et d’économie, une monnaie non-spéculative, la participation des travailleurs aux conseils de direction des entreprises et la généralisation des énergies renouvelables.
Mais cette première tentative échouera: les classes possédantes ne sont pas prêtes de changer et s’appuient sur les forces répressives. Les gouvernements, avec la collaboration des grands médias, tenteront de discréditer et même de criminaliser les mouvements sociaux et altermondialistes en mettant sur leur compte des actes de vandalisme et de révolte, souvent attisés par des provocateurs. Les riches se retrancheront de plus en plus dans des quartiers hautement sécurisés.
Face aux manifestations syndicales et altermondialistes, la police utilise un peu partout des armes non-létales, dont des gaz neuro-toxiques de type LSD, aux effets perturbants.
Ce type d’arme a été mis au point par l’armée Serbe et expérimenté sur la colonne des 14’000 hommes partis le 11 juillet 1995 de Srebrenica en direction de Nezuk. Les effets de ces gaz ont permis aux forces Serbes de ramasser dans la montagne, vers Boulim, des milliers de civils hagards et de les amener aux pelotons d’exécution.

Autour de 2020,
les populations européennes, désemparées par la crise et les catastrophes écologiques, laissent échoir le pouvoir à des régimes autoritaires, voir militarisés. Les sectes "survivalistes" se multiplient, s’enrichissant sur le dos des gens qui ont peur.
En Europe, le niveau de vie, ainsi que l’espérance de vie, ont chuté.
Dès 2021, des régions périphériques entrent en résistance. Une nouvelle génération dans les pays musulmans amène enfin un changement démocratique dans la plupart de ces pays.
Dès 2023, le mouvement altermondialiste se reconstitue, organisé sur la base de la multiplication de petites cellules à la fois d’étude et de pratiques alternatives, avec l’apport d’une nouvelle génération, d’intellectuels et scientifiques.
En Espagne, la mémoire du mouvement autogestionnaire, longtemps étouffée, est ravivée.
Le massacre de centaines de milliers de paysans et travailleurs autogestionnaires libertaires durant la guerre de 1936-39 et jusqu’en 1962 est enfin reconnu en tant que génocide et mémoricide.
Les réalisations de ces collectivités autogérées tant dans les villes que les campagnes, les hôpitaux, les transports publics, sont étudiées et réhabilitées par une nouvelle génération à la recherche d’alternatives.
Après une dure période d’affrontement et une victoire sur les milieux capitalistes, la vie sociale et économique est réorganisée sur de nouvelles bases, permettant des décisions collectives grâce à l’utilisation judicieuse des nouvelles technologies de communication.
La culture agro-bio remplace l’agriculture de rendement dopée par la chimie. Le végétarisme et les techniques d’énergie renouvelables se généralisent.
En Europe, des réseaux de base se multiplient, basé sur des circuits directs entre producteurs et consommateurs , dans un esprit d’entr’aide, de solidarité et de démocratie en acte: une autogestion revue et corrigée. Les Bourses du travail remplacent les Bourses spéculatives.

En 2025,
l’Union européenne, sérieusement ébranlée par la crise, se réorganise. Trois différents projets de nouvelle Constitution sont soumises à l’ensemble des citoyens de tous les pays européens. La variante neo-libérale est définitivement abandonnée en faveur de l’option fédérative, sociale et écologique.
À l’échelle mondiale, des révolutions démocratiques mettent fin à la domination de forces rétrogrades et mafieuses et son cortège de malheurs et de misère.
Enfin de nouveaux accords internationaux permettent de rétablir la confiance et le bien-être.
La croissance à tout prix, ne profitant qu’à une minorité, est abandonnée. C’est l’équilibre autant social qu’écologique qui devient la norme. Un compromis a été trouvé entre les différents partenaires sociaux, instaurant l’autogestion comme mode d’organisation principale, complémentaire des activités individuelles et indépendantes.
L’ONU, en faillite, a été remplacée par l’Organisation des Peuples Fédérés.
La hiérarchie étouffante de l’Organisation a été remplacée par une structure démocratique avec des conseils de coordination à tous les niveaux.
Le projet d’établissement d’un gouvernement mondial a été abandonné. La nouvelle "Organisation des peuples fédérés" assume néanmoins un rôle de coordination au niveau mondial, avec l’établissement de normes internationales: respect des droits humains et des minorités, diminution de l’écart entre riches et pauvres, développement de l’autogestion, respect de l’équilibre écologique, etc.

Conclusion :

L’esprit de mai 1968 continue de souffler, mais à contre-courant tant sont fortes les tendances au repli et à la délégation de pouvoir non seulement au niveau politique, mais aussi financier et économique (comme on le constate actuellement).
Une alternative crédible au système actuel reste à construire, entre toutes les forces sociales. Mai 1968 était une ébauche dans ce sens, qui montrait l’importance de repartir de la base ou plutôt des multiples bases de travail et d’habitat (autogestion) en trouvant des modes fédérateurs et de confrontation adéquats, afin que les futurs révoltes ne restent pas des feux de paille.

Ivar Petterson, le 30 octobre 2008

retour au sommaire


Reconnaissance !

Le Regional   Éditorial du 10.05.2011 - parution n°563

Anarchistes ?

Quel grand coup, quel savoir-faire, quel courage...
Ils devaient sans doute se prendre pour la bande à Bonnot les casseurs zurichois du 1er mai. Chapeau en moins, cagoule en plus. De simples casseurs à la petite semaine que la presse s’empresse de qualifier d’anarchistes. Le Larousse définit l’anarchisme par «doctrine politique qui préconise la suppression de l’État et de toute contrainte sur l’individu». Il n’est nulle part fait mention de lanceurs de cailloux, de chahuteurs, ni de têtes vides qui inventent des jeux du niveau de leur intellect. Bakounine doit se retourner dans sa barbe...
Pourquoi appelle-t-on ces petits frappeurs des anarchistes? D’où est sortie cette qualification reprise par toute la presse? Léo Ferré, qui était anarchiste, lors d’une tournée sur des plages françaises annonçait sa chanson «les anarchistes» par une question: «Y a-t-il des anarchistes dans la salle ?». Indubitablement quelques bras se levaient et Ferré de ricaner: «Ah, ah, ah, vous croyez qu’il suffit de lever le bras pour être anarchiste»...
Mais la meilleure définition reste sans doute celle de Malraux. «Et le Christ? C’est un anarchiste qui a réussi. C’est le seul !»

Nina Brissot - © Le Régional


* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Félicitations de l’anar local

Chère Madame la Rédactrice,

Quelle ne fut pas ma surprise de lire dans votre journal votre réflexion sur l’anarchie qui, à contre-courant de la dérive "politiquement correcte" du moment, nous montre que l’anarchie ne peut pas être réduite à quelques énervés jetant des briques dans des vitrines. Votre éclairage démontre à qui veut comprendre qu’il y a une confusion voulue et volontaire quant à la définition exacte de cette philosophie où n’est présentée que ses aspects violents concernant le débarras des tyrans politiques, économiques, domestiques et le refus d’une autorité abusive mais jamais ses autres aspects constructifs que sont l’autonomie, l’autogestion, la participation citoyenne, les assemblées générales participatives, le travail indépendant, les contrats librement consentis entre les individus, la société sans patrons, etc...

Il est quand même piquant de constater que les bombes larguées d’un chasseur "Étendard" militaire pour déloger un tyran sont socialement acceptées mais qu’un pétard mouillé d’avertissement contre les dirigeants trop forts crée un émoi qui permet aux autorités de renforcer la sécurité, de faire passer des lois liberticides "anti-terroristes", d’augmenter les dépenses militaires, de justifier la surveillance politique, d’installer des caméras vidéos, de fliquer la population, de criminaliser les catégories de gens qui dénoncent les injustices, avertissent des dangers écologiques, luttent contre la domination d’une élite aux commandes, protestent contre les pensée-uniques, s’opposent aux menées d’une clique au pouvoir qui se croit maître du monde.

Mais le monde appartient à tout le monde, quel qu’il soit, où qu’il vit, quelque soit sa situation et nous devons apprendre à vivre dans le respect absolu de l’autre, à faire confiance aux autres, à les comprendre et à les considérer comme des partenaires valables dans la construction d’une société viable où l’économie est rendue à sa partie congrue et ne serait plus le seul moteur du progrès.

L’anarchie descend de la pensée libertaire qui à son tour a donné le libéralisme. Mais ce libéralisme a été tellement détourné de ses aspects originaux qu’il est devenu une oppression à son tour. La culpabilisation de l’anarchie s’ensuit de cette volonté de maintenir le pouvoir et de casser tout ce qui devrait nous pousser à plus d’autonomie, de bonne volonté entre nous et, surtout, à construire la société  ENSEMBLE.

Ils ne sont pas fous nos dirigeants, ils savent très bien le danger que l’anarchie peut présenter pour eux – la perte de leur pouvoir et de leur ascendance sur la société, la peur de ne plus être l’élite !!

Avec mes remerciements

Georges Tafelmacher
1009 PULLY

* * * * * * * * * * * * * * * * * *

parution - lettre de lecteur

L’anarchie expliquée aux néophytes

anarchistesVotre réflexion politiquement incorrecte sur l’anarchie nous montre qu’elle ne peut être ramenée qu’à quelques énervés jetant des briques ou réduite qu’à ses aspects violents que sont le débarras des tyrans et d’une autorité abusive mais qu’elle a ses aspects constructifs soit l’autonomie, l’autogestion, la participation citoyenne, les assemblées générales, les contrats librement consentis entre les individus.
Les bombes larguées d’un avion pour déloger un tyran sont socialement acceptées mais une brique contre des dirigeants oppressifs crée un émoi qui permet aux autorités de renforcer la sécurité, augmenter les dépenses militaires, justifier la surveillance politique et criminaliser les gens qui dénoncent les injustices, avertissent des dangers écologiques, luttent contre la domination et s’opposent aux menées d’une clique qui se croit maître du monde.
Le monde appartient à tout le monde, quel qu’il soit, où qu’il vit, quelque soit sa situation et nous devons apprendre à vivre dans le respect de l’autre, à lui faire confiance, à le comprendre et à le considérer comme un partenaire valable dans la construction d’une société où l’économie est rendue à sa partie congrue.
La pensée libertaire a donné l’anarchisme puis le libéralisme. Mais ce libéralisme a été détourné à en devenir oppressif. L’anarchie est la lutte contre cette volonté du pouvoir de casser tout ce qui nous pousse à plus d’autonomie et nos envies de construire la société ENSEMBLE.
Ils ne sont pas fous nos dirigeants, ils savent très bien le danger que l’anarchie peut présenter pour eux – la perte de leur pouvoir et la peur de ne plus être l’élite !!

GPT

retour au sommaire


Panel des Anarchistes !

facebook   sur "facebook"

Paroles d’Anarchistes

Vinc Vinni

On ne le dira jamais assez, l’anarchisme, c’est l’ordre sans le gouvernement; c’est la paix sans la violence. C’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par ignorance, soit par mauvaise foi.

anarchisme

La pensée anarchiste s’oppose par conséquent à toutes les formes d’organisation sociale qui oppriment des individus, les asservissent, les exploitent au bénéfice d’un petit nombre, les contraignent, les empêchent de réaliser toutes leurs potentialités. À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d’émancipation individuelle ou collective. L’amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l’avènement d’une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l’organisation sociale et des relations économiques et politiques.

L’anarchisme est opposé à l’idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d’organisation sociale et économique libertaire, c’est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition. L’ennemi commun de tous les anarchistes est l’autorité, sous quelque forme que ce soit, l’État étant leur principal ennemi : l’institution qui s’attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s’approprier l’individu (conscription, service militaire).

Nous, anarchistes, réunis à la Fédération anarchiste, sommes conscients de la nécessité de l’organisation spécifique. Nous propageons nos idées et voulons réaliser une révolution radicale et globale, à la fois économique et sociale, afin que soient détruites les sociétés fondées sur la propriété privée ou étatique des moyens de production et de la distribution, toutes les exploitations, l’ignorance et la misère, ainsi que les rapports d’autorité.

Nos objectifs

Les anarchistes luttent pour une société libre, sans classe ni État, ayant comme buts premiers :

En bref, L’anarchie c’est l’abolition du salariat, de toutes les institutions étatiques et formes d’oppression qui permettent et maintiennent l’exploitation de l’Homme par l’Homme, ce qui implique la lutte contre le sexisme et les dominations de genre, contre le patriotisme et le racisme, contre les religions et les mysticismes même s’ils se cachent sous le manteau de la science, et pour la fraternisation de tous les groupes humains et l’abolition des frontières.

C’est la société entière que nous voulons reconstruire sur une base de respect et d’entraide, non pour un individu, une classe ou un parti, mais pour tous les individus; la question sociale ne pouvant être résolue définitivement et réellement qu’à l’échelle mondiale.


* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Loup Loupo

AUTOGESTION AUTOPARTAGE ET AUTODÉTERMINATION

Liberté pour chaque individu qu’il soit seul ou en collectivité/fédération style «marinadela», commune autogérée en Espagne.

anarchisme


* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Sylvère Labis

Une société libertaire

L’anarchisme est basée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et jusqu’à l’individu lui-même de disposer de son corps et de décider de son avenir...

anarchisme

en passant par le droit de toute collectivité, même les plus petits hameaux de décider de ce qui les concerne. C’est valable à priori sans violence et en toute bienveillance à condition que soit organisé une confédération et un accord collectif sur des règles communes.

Ça s’appelle un État !

Le problème commence quand quelqu’un arrive là où les règles ne sont pas celles qu’il connaît... C’est le problème de l’exil.

Le vivre ensemble suppose un accord de fond et des procédures de résolution des conflits, ainsi que la fraternité, la solidarité et la bienveillance. Sinon, il ne reste plus que la "violence légitime" comme ultime solution.


* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Jn Wu

Ce qui me marque dans la question et dans les réponses c’est une forme de naïveté (sans vouloir être condescendant, excusez moi).

anarchisme

Pour moi l’anarchisme c’est s’opposer contre toute forme de domination, oui, mais c’est aussi faire le deuil de l’illusion de les faire disparaître totalement. Je ne pense pas qu’il y aura un jour une société anarchiste parfaite, loin de là, mais les idéaux anarchistes m’inspirent et font de moi une meilleure personne à un niveau individuel.

Pour moi ce n’est pas tout à fait un projet politique mais une conception du monde, des autres et de soi. Je sais à quel point la question de la religion est sensible au sein du mouvement et je ne veux offenser personne mais j’y trouve presque une dimension spirituelle. Cette qualification n’est pas un gros mot quand je parle de ma vision de l’anarchisme, au contraire.

Bref, pour moi l’anarchisme n’est pas sensé détruire l’État d’un coup avec une révolution et instaurer une société anarchiste mais doit exister parallèlement à l’État, comme une alternative. L’anarchisme se fait où il peut se faire et jamais l’anarchiste ne renonce à ses convictions malgré l’impossibilité évidente de sa suprématie car il ne peut imposer ses idées à tous, ce qui serait une trahison envers sa philosophie.

- - -

Escobar Dinho   à   Jn Wu

Je comprend, mais là c’est une dimension plus philosophique que vous dépeignez, et beaucoup moins factuelle que l’idée de mon questionnement de départ... Toutefois, je suis assez d’accord avec l’idée,le sens philosophique du mouvement anarchiste comme étant spirituel.. chacun est l’anar qu’il souhaite être, et se retrouve dans sa pratique ou réflexion... à la différence d’un dogme qui lui est encadré par des préceptes auxquels l’on ne peut se soustraire selon moi.

- - -

Jn Wu   à   Escobar Dinho

Oui j’ai volontairement dérivé la question car à mon avis on ne peut y répondre. Je sais bien quand dans un débat politique classique, au parlement ou sur un plateau télé, c’est la première chose que l’on demande à une idéologie : «comment qu’on fait concrètement?». Cette structure du débat est typique du système que l’anarchisme cherche à remplacer. Je pense qu’il ne faut pas se battre sur le terrain de nos adversaires mais créer un terrain qui nous est propre.


anarchisme


* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Sale Sal

Extrait d’un roman très intéressant de Marc Trévidic, «le Roman du terrorisme». Ici l’auteur donne la parole à la Méthode terroriste elle-même, c’est le terrorisme qui parle à la prémière personne au singulier. Ce roman parle de toutes formes de terrorisme même celle de Daesh.

L’anarchisme et le terrorisme

Résumé

«Je ne sais pas grand-chose de mes ancêtres, sinon qu’ils remontent au début de l’humanité, dès que l’homme voulut posséder du pouvoir sur ses semblables et que la mort lui fit peur.»

Trevidic

Un acte terroriste ne se réduit pas au chaos qu’il provoque: il répond et s’articule, depuis la nuit des temps et sur tous les continents, autour de sept préceptes, sept piliers fondateurs. Dans ce livre, qui retrace l’histoire du terrorisme depuis sa naissance dans la Perse du XIe siècle jusqu’à aujourd’hui, le juge Marc Trévidic décortique cette méthode d’action et de pensée en s’appuyant sur son expérience en tant que juge d’instruction au pôle antiterroriste.

Le roman du terrorisme est un récit captivant sur le sujet le plus brûlant de notre époque, qui donne la parole à la méthode terroriste elle-même. C’est en effet le terrorisme personnifié qui s’exprime dans ce texte d’une rationalité glaçante et d’une ironie mordante, illustrant son propos d’exemples véridiques et de faits inédits.

- - -

La tentation de l’action est forte quand la parole ne suffit pas, ou quand les résultats sont trop longs à venir pour la jeunesse bouillonnante. C’est ainsi que les anarchistes se sont un jour lassés de leurs meetings enflammés qui n’enflammaient précisément qu’eux-mêmes. Ils discutaient dans l’Europe entière, distribuaient des journaux et des pamphlets, et rêvaient de la révolution sans jamais la faire. Puisque la propagande par le verbe tardait à porter ses fruits, naquit l’idée de propagande par l’action selon la formule: «On est toujours le terroriste de son ennemi».
La définition française du terrorisme, volontairement large et floue, n’évite pas l’écueil. Pour être qualifié de terroriste, il faut avoir pour but de troubler l’ordre public. Mais qu’en est-il si l’ordre public est illégitime ? N’est-il pas juste, dans ce cas, de tout faire pour le troubler ?
La Déclaration Universelle des droits de l’homme et citoyen de 1789, en son article 2, reconnaît le droit de résistance à l’oppression. Comme il s’agit là d’un principe à valeur constitutionnelle, ne peut en théorie être qualifiée de terroriste la personne qui s’en prend violemment aux représentants d’un régime oppresseur.
Mais qui va décider que le régime visé est oppresseur ?
N’est-ce pas revenir à la question de la justesse de la cause défendue ?
Et nous voici au point de départ, bien forcés d’admettre qu’il est plus simple de prendre le terrorisme uniquement pour ce qu’il est: une méthode au service d’une stratégie.
L’erreur est d’introduire de la morale dans la définition, alors que le terrorisme est par essence amoral.

«Terrorisme et démocratie»

Un régime politique parfait pourrait certes rendre le terrorisme obsolète, mais un tel régime n’existe pas car seul le philosophe se gouverne par lui-même alors que le peuple doit accepter d’être gouverné par un autre.
La logique, pour obtenir le régime le moins stupide, serait de concilier ces deux données incontournables. L’idéal serait donc que le peuple soit gouverné par celui qui se gouverne lui-même, le philosophe.



retour au sommaire



Liens

Quelques  portraits  d’anarchistes
Forum  Bosnie  et Balkans
Groupement des  Entrepreneurs  et Indépendants Progressistes
Culture  expansive  au Le Courrier
Articles sur  Anarchie  au Le Monde Diplomatique
Le Monde libertaire  Le Monde Libertaire  cœur d’anar




©  compilation : Georges Tafelmacher & SuisseForum





















Valid XHTML 1.0 Transitional