DISCUSSION sur la SITUATION RÉELLE de ce monde sans sens !
Débat entre deux militants activistes :
"Gorge" - l'anarchiste humaniste et "Pristoche" - le chrétien de gauche !
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propos recueillis par G.Tafelmacher
du 12 Mai 2008 à la mi-Juillet 2009
Pristoche : Voici MON HUMEUR ACTUELLE !!
Je me sens comme un FFI qui brûle de faire sauter un tank de la Wehrmacht
ou de placer une mine sur un convoi de berlusconiens !
Je ronge mon frein.
Ou alors je me sens comme quelqu'un qui sort du supplice de la baignoire.
Oh que la nuit sera belle !
Qu'est-ce qu'on a fait pour naître au milieu d'une telle humanité ?
Il y avait pourtant les étoiles, et leur promesse...
Et les fleurs aussi savaient une langue secrète.
Puis l'homme vint, et inventa l'injustice.
Au nom de l'égalité, la seule concrétisation de la justice sur terre, et d'abord l'égalité des droits
Pas très bien moi-même, mais avide de casser du fasciste, je reste pour continuer cette discussion avec toi !
Je suis un résistant au fusil cassé !
Mes aéroplanes ne font que liquider patiemment les cibles post-capitalos, je veux dire: ceux qui ont l'impudence de nous tirer dessus, et s'imaginent avoir abattu la Résistance en taquinant deux ou trois bazookas, ou bien un ou deux appareils.
Là, l'aviation a essuyé quelques pertes, mais j'ai une nouvelle sympa pour le QG des honnêtes gens: je viens de tirer un missile à bout portant sur le milieu de la Direction du Conseil, qui se prend la bonne odeur du napalm en pleine figure. Je confirme: les administrateurs, ça brûle bien. Touché coulé, cette fois !
J'ai un problème, les gars : j'aimerais bien tirer une autre cible, mais tous les administrateurs ont été descendus l'un après l'autre, alors je fais quoi, bordel? J'attends que la chasse vienne pour nettoyer le tout? En attendant, ça risque de faire boum! Un peu épuisant, certes, mais on veut faire la guerre pour un oui ou pour un non, alors si un petit gnome entre en guerre contre moi, je lui dis: ho! regarde! Je t'ai volé ton chapeau, prends ton mégaphone et cours-moi après pour exiger que je le restitue !
Enfin! Je vais vous paraître à demi fou, mais c'est l'essentiel: ma sagesse ou mon manque singulier de prométhéisme ou de volonté de me défendre - et, me défendant, de nous défendre - face à cette communion en feu à caractère de vague capitalisation de la merde au-dedans de la merde et au-dessus de rien du tout car le plafond de vol est bas - ma sagesse serait couardise ou truc du genre. Donc... Fire!
Ou: Feuer! Bleiben wir in Europa !
La lettre "A" est funeste: Actionnaire, Administrateur, et ... Attrape-esclaves !
Cela dit, je reviens à des trucs et des machins plus terre à terre en laissant la peur répondre à la peur: allons de l'avant !
Merde, les gars! Cette putain de guerre de l'économie auto-proclamée avec les médias caniches derrière eux ne durera pas indéfiniment !
Et demain: Streik! Streik! Cette façon de donner dans le consumérisme n'est que consomption.
Et mes mots ne sont pas des vains mots: c'est de la poésie réduite par ce tout petit système de merde à l'état de poésie non rentable, mais le politique passe par la poésie de la lutte, et sa persévérance !
Pourquoi est-ce qu'on lutte? Pour les oppresseurs, les plus riches, comme certains qui font démago? Non: on lutte pour défendre chaque citoyen et ses droits contre les éternels oppresseurs, ceux qui se sont crus au-dessus de... de quoi, au fait ?
Ils sont seulement en dessous, et d'eux-mêmes.
Je vous embrasse tous de façon fraternelle, un peu dionysiaque, et sans petit chapeau de nain, parce que à cette époque de l'année, ça ne se porte plus! Et après l'été 2008, non plus !
Biiiiiiz! Mais en avant! La grève générale a sonné, et je ne parle pas en va t'en guerre, je jubile avec vous du combat! pas dans le sang: pour la justice !
Gorge : Puis-je te l'avouer en toute franchise : tu m'inquiètes de plus en plus !
En effet, le plus que nous progressons dans notre discussion, le plus que je constate un inquiétant dérapage dans ton discours vers une violence latente qui te vaudras de sérieux ennuis si jamais quelqu'un voudrait te faire payer cher ta rébellion certes justifiée mais trop proche de ce que cette société classe comme étant un discours dit "terroriste".
Je te le dit, et une fois ne sera jamais assez, tu risques les pires ennuis dans ce monde contrôlé de bout en bout par une technologie assassine où le pouvoir à une mainmise totale sur nos quotidiens et qui ne manquera pas de faire de ton cas un exemple pour "terroriser" tous les révoltés de la Terre, les amener à se la coincer et pour agir contre eux.
Certes tu as parfaitement le droit d'évoquer le FFI pour casser du fasciste, mais il faut savoir que les premières personnes qui souffriront de tes attitudes seront toi-même et toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, luttent contre cet état totalitaire qui ne dit pas son nom. Je m'évertue de te dire de faire gaffe et de chercher d'autres moyens de lutte qui ne font pas appel à une casse généralisée mais plutôt à une construction de nouveaux moyens d'entente entre les gens et de plateformes communes entre exploités pour la mise sur pied d'autres formes de vie commune qui font la part belle au génie propre de chacun. Même si cette manière a été taxée de "communisme", d'utopie irréaliste, de pensée-unique, d'angélisme, etc., il nous faut à présent et plus que jamais, entrevoir les modalités d'un autre système social basé sur la participation de chacun dans la marche de sa communauté.
Certes les forces contre nous sont épouvantablement dures et castratrices mais nous ne devons pas tomber dans le piège qu'elles nous tendent, pour nous coincer et nous inhiber, en vouant tout ce monde à une destruction certaine car nous ne récolterons que les contrecoups, soit l'enfermement, la mise-à-l'écart et la justice des forts. Nous devons être capables d'apporter une critique forte, une analyse à toute épreuve, une compréhension de ce qui se passe sans tomber dans l'excès contraire qui nous vaudra les pires ennuis.
Je te le dis encore et encore, cette société se cassera toute seule par elle-même du fait de ses graves contradictions et des ruptures qu'elle provoque chez les gens. Nous devons être là pour offrir une autre attitude, une autre façon de voir et avec une empathie holistique, apporter les éléments nécessaires à une reconversion salutaire. A quand des efforts pour réapprendre aux gens comment retrouver en eux-mêmes les ressources nécessaires pour mieux vivre leurs vies d'une manière autonome, libre et transcendante ???
Mais personnellement, je pense qu'il faut tout reprendre à zéro et essayer de déjà comprendre ce qui ce passe et pourquoi !
Oui, effectivement, pourquoi est-on si agressif, si brutale, si égoïste, si élitiste, si injuste, si jugeant, si matérialiste, si oppressif, si totalitaire, si peu amène envers les autres pas comme nous, si gonflé d'une supériorité néfaste, si axé sur la création des richesses, si... ????
Répondons déjà à ces questions et trouvons le salut non plus dans la destruction mais dans la construction même si on ne peut rien construire si on est opprimé et que l'on doit se sortir de la dictature avant de pouvoir bâtir son avenir. Mais ce n'est pas en faisant sauter la dictature avec des mines que nous allons y parvenir, au contraire, la dictature va utiliser tes mines pour justifier la répression de ta personne et de ton entourage...
Ces mots me coûtent énormément car je crains de te mettre à crans et que tu ne manqueras pas de piquer une énorme colère contre celui qui tu vas sûrement classer comme "dégonflé". Mais crois quand même que si je te parle ainsi, c'est dans ton propre intérêt et saches que je ne suis qu'un copain ne voulant que ton bien !
Pristoche : PARDON, MON BIEN CHER !
AU CONTRAIRE, JE RESTE DANS L'ATTENTE ET LA JOIE,
Tes mots appellent réflexion.
Le respect profond et l'amitié persévérante qu'implique notre engagement pour nos valeurs communes m'impose de répondre longuement.
Je sors d'une des pires périodes de ma vie, mais j'ai résisté.
J'ai dit non.
Les larmes aux yeux, j'ai relu la splendeur de «l'Oraison des Glières» de Malraux.
L'homme reste l'homme, contre tout le mensonge qui tente de l'aliéner.
Et je cite Malraux, avant de reprendre ces combats plus qu'éprouvants: «Seul l'esclave dit oui».
MAIS NOUS DEVONS ATTENDRE L'HEURE DE LA GAUCHE !
Gorge : Nous n'avons pas à attendre car nous avons à nous mettre immédiatement au travail et chercher d'autres moyens de lutte qui ne font pas appel à une casse généralisée mais plutôt à la construction de nouveaux moyens d'entente entre les gens et de plateformes communes entre exploités pour mettre sur pied d'autres formes de vie commune qui font la part belle au génie propre de chacun et à nos tendances naturelles vers la solidarité. Il nous faut à présent, et plus que jamais, entrevoir les modalités d'un autre système social basé sur la participation de chacun dans la marche de sa communauté. Nous devons chercher une autre attitude, une autre façon de voir et, avec une empathie holistique, apporter les éléments nécessaires à une reconversion salutaire. Nous devons être capables d'apporter une critique forte, une analyse à toute épreuve, une compréhension de ce qui se passe sans tomber dans l'excès contraire qui nous vaudra les pires ennuis. A quand des efforts pour réapprendre aux gens comment retrouver en eux-mêmes les ressources nécessaires pour mieux vivre leurs vies d'une manière autonome, libre et transcendante ?
Là est la vraie révolution et la seule façon de sortir de ce totalitarisme moderne...
Pristoche : Pris par les relents de cette mondialisation bourgeoise financière et enfoncé dans ce mobbing collectif de la très, très haute, école pédagogique, c'est dur de te répondre !
Ce qui est juste dans tes propos, c'est que la SOLIDARITÉ est l'élément manquant dans les sociétés actuelles. La Suisse en est un bon exemple: la solidarité est détruite, et les fachos l'attaquent en la rendant encore plus compliquée et en ajoutant des frontières qui n'ont pas lieu d'être, et cela pose la question constructive: COMMENT reconstruire la solidarité ?
Autrement dit: à quand ce sursaut de solidarité par-dessus l'égoïsme pathologique et frénétique des humains actuels qui pourraient, mais ne font pas, qui pourraient aider, et pourraient engager, et pourraient réunir, mais se contentent d'un "chacun pour soi" totalement voué à l'échec et qui prend en otage d'ailleurs tout le monde, puisque derrière le "ça n'arrive qu'aux autres", se cache le déni de ce que ça arrive à tout le monde !
Mon avis pour l'instant, quitte à me tromper, est que la situation générale est trop "excessive", disproportionnée, peu sage, peu sensée, et bien sûr totalement amorale !
Je m'en remets à l'espoir d'une "chute finale" comme pour le Mur en 1989 et aux prophéties bien étayées d'Emmanuel Todd, car quoi d'autre ?
Si nous pouvions combattre cette démesure, et avec toutes les têtes qui se sont penchées sur la question pour l'élucider, cela se serait fait aisément.
Ce que je crois, c'est qu'il faut revenir au courage de s'opposer.
Il faut continuer à dire NON. Ce non des Glières qui venait le 19 mars 1944 six mois trop tôt, puisque le général Oberg qui avait cruellement et sans respect de rien massacré jusqu'au dernier tous les maquisards, se faisait alors arrêter par les FFI, et l'histoire basculait.
Oui, je suis d'accord avec toi: à quand ces efforts pour réapprendre aux gens la notion de... l'humanité ?
Et la faculté d'aider ?
Et celle de se respecter ?
Et celle de se voir, non comme une marchandise vivante, mais comme un CITOYEN ?
Que peut valoir la démocratie sociale tant que nous en restons à si peu ?
Et puisque Malraux nous a interpellé tous les deux, je crois que nous sommes dans une époque où tout dysfonctionne parce que les gens ne veulent QUE cultiver leur différence sans approfondir leur communion, pour reprendre la grande formule malrucienne.
Ainsi le pauvre est suspect parce que pour en arriver là, n'est-ce pas, d'après le bêta udéssé moyen, il a nécessairement fait quelque chose qui fait qu'il ne s'est pas secoué tout seul et n'a pas réussi à s'en sortir tout seul dans le cul de sac où on le mettait, etc.
Tant que les gens pensent ainsi et voient des voleurs partout, ou voient des concurrents partout, que faire d'autre ?
Je vais tâcher d'y répondre, cher Gorge : il faut agir !
Et cela signifie: Streik! La grève générale, ou la grève, et de toute façon la désobéissance civique, et la solidarité bien sûr, sont les prémisses de cette action.
Gorge : Personne ne te dit de rester esclave et de dire oui amen à notre condition peu enviable mais moi je dis qu'il y a trop de violence et nous ne pouvons plus nous permettre d'en ajouter sous prétexte que les autres sont violents avec nous, surtout de nos jours, surtout avec tous ces vautours imbus de leurs valeurs monomaniaques et suintant d'une importance de leurs petites personnes insupportable qui n'attendent que le moment de notre dérapage pour imposer leur loi, leurs mesures, leurs prisons.
Pristoche : Je prie la Vie de nous délivrer de toute forme d'esclavage, et ce jusqu'à la fin de nos jours !!!!
Ah, ces petites personnes... Qui accaparent d'autant plus l'attention qu'elles n'ont rien à donner !
Gorge : Personne ne te dit d'accepter notre condition d'aliéné mais si en luttant contre ceux qui nous aliènent cela amène une plus grande répression et donne au pouvoir les excuses pour t'enfermer, alors non seulement tu n'auras rien gagné mais, en plus, cette gauche dans laquelle tu mets tant d'espoir, sera attaquée et détruite en toute "légitimité". Ce sont les leçons de l'après '68 où plusieurs de nos camardes ont optés pour la lutte armée - jamais le pouvoir n'aurait pu se renforcer pareillement sans cela et ce qui s'est passé en Allemagne et en Italie pendant les années 1970 et qui se passe en Israël à présent, illustrent parfaitement cette affirmation !
Pristoche : Je cherche en effet, comme toi, à vivre l'espoir qui ne peut être que de gauche.
En effet, je crois que la seule lutte contre le capitalisme financier démesuré, arrogant, comme tu le décris si bien, est asymétrique.
Et la lutte de gauche n'est pas que de gauche: elle est démocratique, car le souverain doit se libérer de ses chaînes, il n'est pas la chose de l'État, il est... Le souverain qui se donne un État pour lui-même. Même en votant !
Je n'ai pas renoncé du tout à la lutte de la gauche, mais je prends acte que nous cherchons toujours nos armes, et que parmi celles-ci, AU VU du contexte actuel, il y a la protestation pacifique, et tout ce que commande la fraternité. Sans compter...de rester cohérent avec soi-même.
Et là, Gorge, je crois que nous ne pouvons pas enseigner aux gens que la lutte politique, c'est...
Leur lutte !
Leurs droits !
Leur condition !
S'ils veulent attendre d'être le dos au mur pour réagir, et se laissent faire, eh bien... L'Etat de droit s'amenuisera pour une majorité croissante, et le signal du NON viendra trop tard.
Mais sais-tu qu'il est compliqué de rendre solidaires des gens méfiants, parce que leur méfiance vient de leur habitude du confort et d'une propagande de la droite qui est axée sur le déni, et seulement sur le déni, sans quoi les gens sauteraient ?
Et puis, quand je vois l'oppression actuelle, je suis très dubitatif sur un point, mon cher Gorge : comment les hommes ACCEPTENT-ils cette oppression ?
Quels risquent courent-ils à secouer le joug du patronat et des administrateurs ?
Quelle lâcheté, en tout cas, et on ne peut pas être courageux à la place de la majorité, la fraternité et le courage, et la confiance en la vie, sont des forces qui doivent habiter le politique, sinon il devient le désert d'acier et d'ennui et la façade devant le désordre moral généralisé et la démagogie qu'il est actuellement.
Là où tu as raison, c'est qu'il faut attendre, mais...
Jusqu'au "grand soir" !
Gorge : Il me semble qu'à présent, et sans vouloir jouer au grand frère sentencieux, qu'il te faut retrouver une santé mentale te permettant d'affronter les aléas de l'existence avec un peu plus d'efficacité et de perspectives constructives. C'est tout ce que je peux te souhaiter et c'est le chemin que j'ai dû suivre même si par moment, j'ai été très nihiliste et adepte du "no-futur" punk et de la destruction systématique...
Pristoche : Non, non, tu as bien vu...
Et puisse cette santé m'être redonnée. En tout cas, je fuis de plus en plus toute la violence autour de moi, et me protège. C'est un peu légitime, et puis... La force de la gauche n'a jamais été que de penser, je ne partage pas l'idée de la primauté de l'acte sur la pensée, donc de l'Etat de nature et là, inutile de voir la société comme une économie et l'économie comme un état de nature: il faut que les Etats se montrent de moins en moins permissifs avec ce pseudo-État de nature qui est PERMIS par l'homme, et n'est "fatal" que par la propagande qui le fait passer pour tel.
Mon bien cher, nous devons continuer cette élaboration que j'espère la plus constructive qui soit !
Puisse la foi en l'homme, et en l'homme solidaire, cela va sans dire, ne pas nous quitter.
Et donc, que te dire ?
Je veux un peu d'air...
et... Un peu de créativité... De cinéma, d'écriture, de chants d'oiseaux... De poésie...
De toute façon, que ce capitalisme financier s'écroule tout seul sur lui, tombe en ruines, et APRÈS, après cette deuxième Chute du Mur, on pourra enfin amener nos projets d'équité des droits, de droit au travail pour tous, de renforcement substantiel de l'État social, de salaire minimum, et de politique d'accueil claire des réfugiés, de renouvellement.
Notre pays, et notre continent sentent le renfermé qui vient de Washington... Ouvrons les fenêtres !
La Résistance est vivante, bien que dispersée... L'histoire nous donnera bientôt raison, et alors la fraternité pourra, si le Ciel, ou le cours des chose, le veulent bien, supplanter le mépris aveugle. J'ai confiance.
Et toi, ça va ?
Je pense toujours bien, bien à toi, mon ami Gorge, et je partage tes luttes, tes révoltes et tes espoirs, ainsi, pour l'instant, que ton attente provisoirement résignée, mais non dormante.
Gorge : Mais où vas-tu chercher cela ?
J'ai l'air "résigné" moi ?
Que dalle, chaque jour je m'énerve lorsque je prends connaissance des grosses bêtises qui se disent partout, au bistrot, sur les ondes, dans les journaux ! Chaque jour je remets des pendules à l'heure, je fais comprendre que le problème est quand même plus vaste et que la simple identité nationaliste, la punition préventive, la justice comportementaliste, ne peuvent JAMAIS résoudre quoique se soit. Mais est-on entendu ? NON, bien sûr et cela ne me rend pas "attentiste" pour autant, ni bien sûr, résigné !
Non, le vrai problème est que nous ne pouvons agir que selon ce que l'on a reçu et si l'on n'a pas reçu ce qu'il faut pour être un Aristides, eh ben, tu ne peux pas m'en vouloir. Et ce n'est pas parce que des gens parfaitement ordinaires comme ton serviteur éprouvent de la peine de se faire entendre que l'on doit être considéré comme des parias, des dégonflés, des attentistes, des résignés ou autres qualificatifs de ce genre. Écoutes donc ce que je t'ai dit précédemment et je te défie de trouver l'ombre d'une attitude défaitiste ou un appel à rien faire. Au contraire, je m'efforce d'agir à mon niveau avec ce que j'ai reçu et si cela te paraît faiblard, ben ma foi, tant pis. Tant qu'il n'y a pas de petit switch dans nos têtes qu'on peut tourner pour que nous devenions par miracle des as de la contestation, de la révolte, des Aristides en puissance, tu ne peux pas exiger des gens ordinaires, et quelque soit l'opinion que tu en as, d'être des grands chefs charismatiques, agissants juste parce que tu le veux. Il y a des réalités auxquelles on n'y peut rien et de forcer les gens d'être exceptionnels fait partie de la dictature actuelle à laquelle maintes personnes souscrivent sous prétexte "de se battre".
C'est quand même curieux, il m'est arrivé la même chose lors de la révolution de mai'68 lors que je fus accuser d'être "ordinaire" et pas assez "combatif", comme quoi l'histoire se répète à en bégayer !!!!
Excuses-moi ce coup de sang, c'est juste pour te monter que je ne suis pas "dormant" même si en apparence on pourrait le croire !
Bonne semaine à toi et nettoies-toi la tête de tous ces hurluberlus qui prétendent vouloir nous sauver.
Pristoche : Tant qu'il y aura sur cette terre des personnes sans travail, parmi les moins malchanceux, puis d'autres, sans toit fixe, voire sans toit du tout, et enfin d'innombrables, privé du droit à la vie en devant s'éteindre par manque de nourriture ;
Et tant que ces embourgeoisés ou du moins ces fadasses se diront: cela n'arrive qu'aux autres, et fermeront les yeux en détournant le regard sur ce qui les ramène à l'universalité de l'inégalité ;
Alors nous serons encore loin de la justice.
Mais il faut bon se battre pour ce qui est élevé, mon cher Gorge !
Même à travers la souffrance, élevons notre âme !
Et ouvrons notre coeur, dans ce pays qui a trop fermé le sien.
Gorge : Tant qu'on n'aura pas cherché à comprendre ce qu'il y a derrière tout ce que tu dénonces,
tant qu'il y a des personnes qui se croient en droit de diriger, d'ordonner, de moraliser,
tant qu'il y a qui se croient supérieurs, qui croient détenir la parole autorisée, qui imposent leurs vues, qui se croient l'élite ;
alors il y aura des gens sans travail, des gens malchanceux sans toit fixe ou pas, des gens privés de droit, des gens qui ont faim parce que le travail a été défini par les chefs, le logement par les promoteurs immobiliers, le droit par les possédants, la richesse par les spéculateurs et la nourriture par les industriels.
Et en dehors de ces percepts, pas de salut, pas d'espoir, pas de moyens de s'accomplir !
Tant que le monde est régi par les plus forts, les plus malins, les plus avantagés, il y aura encore et toujours des pauvres, des petits, des minables, des stupides car pour régner, l'élite doit infliger leur déterminisme à ces 70% de la population qui sont justes "normaux" et qui ne cassent rien !
Ce serait donc à nous les bannis, les pestiférés, les sans-grades, les gens qui ont été battus, violentés, jugés et maudits de se lever et de mettre ces embourgeoisés fadasses dans des trop petits souliers qui les feront souffrir comme ils ont fait souffrir la classe des ouvriers, artisans, paysans durant cette trop longue révolution industrielle qui, décidément, n'en finit pas de mourir.
Par essence, ce sont toujours les plus opprimés qui se lèvent pour se battre mais, de nos jours, la répression est telle que nous sommes immédiatement rendus muets si nous tentons quoique ce soit, la prévention ayant accompli son oeuvre, les portes du pénitencier ayant été cadenassées à double et même triple tour et l'Euro'08 nous a démontré la pertinence de ce constat avec son camp de rétention à Genève pour supporteurs désignés de violents.
Tu veux te battre, c'est très beau mais contre qui, contre quoi et comment ??
S'indigner ne suffit plus, dénoncer non plus car il aura toujours quelqu'un pour te prouver tout et son contraire et te faire passer pour le terroriste qu'il faut abattre au plus vite. Mais entre nous soit dit, je préfère mourir en tant que terroriste contre un système de contrainte abjecte que de vivre par procuration en tant que béni-oui-oui. à savoir si cette mort servira à quelque chose, seule l'Histoire nous le dira car ce n'est pas nous qui le saura...
En attendant que Godot daigne se rappliquer, que les mains sales se lavent, que les mouches nous fichent la paix, je te salue honorable citoyen et compagnon d'infortune...
Pristoche : Je suis tout de même parfaitement d'accord avec toi: la fascisation des esprits bêtes, qui se refusent à compatir et pour qui des catégories de la population n'ont pas d'existence, ou la souffrance humaine pas d'existence, est bien là, et cet ouvrage au marteau sur les mentalités, cette régression conservatrice vers le manque total de coeur, va se dissiper lentement !
Et puis, il faut vraiment qu'un front républicain aille en sens inverse.
Ce que je crois, c'est que si les fanatiques sont isolés à la droite de la droite, et qu'ils se divisent, on peut compter sur le fait :
Ce qui me fait plus souci, encore une fois, c'est le manque d'engagement civique et protestataire des gens, et j'espère qu'un réveil citoyen va commencer pas seulement en Suisse. Il est peut-être trop tôt pour le voir aujourd'hui. Mais il est éminemment souhaitable, car on voit mal comment continuer autrement, tout va dans le mur ou plutôt est déjà allé plus que largement dans le mur.
Le monde du travail est incompétent, l'économie une économie de facilité, les licenciements collectifs n'amènent qu'à accroître les tensions sociales, et je me dis: est-ce que le TEMPS par son usure ne va pas avoir raison des fachos ? Il faut l'espérer. Mais à condition qu'il ait aussi raison des autres gens qui savent, soit des administrateurs et des actionnaires, ainsi que de tous les véritables profiteurs de ce système sans rime ni raison.
Autrement dit: jusqu'à quand la peur va-t-il être un liant social à la place de l'écoute et de la solidarité, sans quoi nulle société ne se peut, ou ne peut être ?
Et je persiste à espérer, mais aussi à attendre, un peu comme toi.
Gorge : Comment peut-on attendre lorsqu'on apprend avec appréhension toutes ces formidables nouvelles et comment peut-on persister à espérer lorsqu'on prend connaissance de la profondeur de nos tendances autodestructives inconscientes !
Lorsque j'apprends, par exemple, que d'envoyer aux égouts par nos urines les résidus de nos médicaments suffit à condamner la sexualité de nos chers poissons et à rendre le genre masculin stérile et inopérant, il me prend des tremblements d'inquiétude car je me demande ce que nous allons découvrir dans cinq ou dix ans lorsque, par exemple, les conséquences de l'épandage à tous vents de micro-substances tels les nanoparticules symboles de la nouvelle nouvelle-technologie, nous sauterons à la tête !
C'est vraiment comme si nous n'avions aucune conscience, morale, valeur, principe, etc et que seul compte cette soi-disante "maîtrise" de la nature et les guerres que nous menons contre nos maux, comme si seul comptait le fric que l'on peut faire avec les produits de nos imaginations fébriles, malades, tordues, élastiques, opportunistes, et la soif d'un pouvoir immense et tout ce que nous sommes prêts à faire pour l'avoir...
Mais ce qui me navre le plus est d'entendre nos "globals leaders" nous faire des morales d'enfer pour arrêter nos mauvais penchants alors qu'ils sont, eux, les premiers responsables de la déroute que prend notre société. Le problème n'est pas la violence des jeunes, ou les hooligans, ou la drogue, ou les délinquants mais le fait que cette société s'est développée selon des normes imposées par une classe dirigeante pour qui les seules optiques sont l'acquisition de richesses, la prise de pouvoir, l'ascendance sur les gens par le contrôle social (voir le courriel précédant sur les camps de détention à Genève !) et surtout, et c'est ce qui nous mènera à notre perte collective, l'obsédante envie qu'ont certains de vouloir "diriger" le monde et le faire avancer, selon une conception totalitaire, vers le progrès par le refoulement de la nature humaine car perçue comme étant la cause de la perte des valeurs, de la montée de la violence. En pensant résoudre les problèmes humains par des moyens technologiques, on nous enfonce encore plus profondément dans nos aberrations psychiques, mentales et sociétales et, plus grave, on est coupé de nos possibilités d'agir par nous-mêmes ayant été rendus aptes à suivre les injonctions impérialistes des semeurs d'OGM, des instigateurs des nouvelles technologies toutes aussi folles les unes que les autres, bref de tous ces industriels, économistes, banquiers dont les idées de développement nous vaudront des dégâts difficilement calculables, grotesquement imprévisibles, mais certainement prévisibles pour tous ceux qui tiennent encore à la vie, mais la vraie vie et pas cet ersatz fétide qu'on nous sert jour après jour en guise de réalité populiste, soit le téléphone portable, la voiture propre, l'effacement des rides et ce foot de malheur - signe le plus évident de l'emprise du jeu et de l'argent dans nos vies !
Et dire, après cela, que nos dirigeants doivent avoir notre respect est bien l'insulte suprême car ils ne méritent rien d'autre que la comparution devant des cours populaires pour répondre des crimes de propagation de produits dangereux pouvant tuer les gens, de spéculations sur les aliments de base pouvant affamer les pauvres gens, de conduites totalitaires menant à l'emprisonnement de pauvres hères, et bien d'autres crimes encore non-répertoriés...
Bon après cela, il vaudrait mieux que je continue mon éducation en écoutant avec plaisir tes discours même si ce que j'ai entendu jusqu'à présent est plus qu'inquiétant, c'est carrément le cri du cors au fond du bois, soit le signal pour la mise à mort du vivant...
Et dans les conditions actuelles de nos dérives suicidaires, comment peux-tu espérer que je puis bien aller ?
Pristoche : Alexandre de Moselle fait un saut éclair chez nous car il s'étonne de la fascisation de notre pays, et on pourra lui demander ce qu'il en est en France. On pourra comparer nos discours et produire un ton européen...
...
C'était chouette de nous retrouver hier soir, et de repartir un peu à la recherche de notre authenticité et de notre différence de pensée au milieu de ce monde formaté à l'échelle de l'imposture qui va partir en fumée d'ici peu et périr de toute son insignifiance !
D'ici là, eh bien Jaurès et Palme continuent à travers nous, et Antonioni, et Visconti, et Bergman, et la flamme, quoi !
Brûlons, et aimons !
Je nous récapitule nos discours du jour :
Gorge : Oui, récapitulons la soirée :
La culpabilisation est le principal mode opératoire d'un système totalitaire. Ce qu'il faudrait c'est de sortir de ce cadre de références en construisant des modes opératoires fondamentalement orientés vers la revalorisation de l'individu et la mise-en-valeur de sa capacité de se projeter dans un futur possible, tangible, participatif et non-discriminatoire...
La consommation étant le mode opérationnel primaire de ce système actuel, l'acte de non-consommation devient donc une déclaration de rébellion contre ce système mais nous devons trouver d'autres actes qui reconsolident une nouvelle forme de communication entre les êtres vivants quelques soient leurs formes, idéaux ou recherches...
La dévalorisation est le mode opératoire le plus flagrant de cette société et elle est sa force principale dans le maintien d'un contrôle absolu sur les individus. En effet, en rabaissant les gens, on fait d'eux les esclaves et victimes des temps modernes et les efforts que produiront les individus pour s'en sortir de cette dévalorisation les empêcheront de se consacrer à l'établissement d'individus libres, autonomes, créateurs...
Il faut plus de précision ! Si par "comme les autres" on pense "consommateurs, consommation, trendy, tendances à la mode, etc" alors effectivement, on ne peut plus viser cela si nous voulons continuer notre trajet sur cette terre avec une chance minimum de survie. Mais si les autres sont autonomes, fabricants d'utopies sociétales holistiques, penseurs libres, alors nous pouvons être "comme les autres" !!!
Gandhi, Martin Luther King, mon avocat de frère et autres pacifistes humanistes nous ont fait comprendre que, des fois, une bonne explosion est nécessaire notamment lorsque la domination et la loi du plus fort règnent. Mais cette explosion doit toujours se faire dans le cadre d'une construction d'une société solidaire où le talent des uns profite à l'épanouissement de tous, où le trop-plein d'énergie des uns apporte aux autres les forces pour le développement de ses projets particuliers. Le pacifisme ne peut être compris que dans le sens d'une résolution pacifique des problèmes entre humains...
La nature peut aussi devenir un système de contrainte insupportable comme en témoigne l'accablante tragédie des événements extraordinaires ou des catastrophes naturelles. Par contre, nous devons instaurer un respect de la nature et une exploitation raisonnée de celle-ci et non pas "vivre pour la nature" mais vivre avec elle en intelligence. Si par la technologie on travaille dans le sens de la nature en s'écartant d'une exploitation intense, insensée et intéressée de celle-ci, alors la technologie peut nous être utile et servir nos projets basés sur l'épanouissement général de l'humanité pris dans son ensemble. Nous devons surtout préciser que la technologie ne doit jamais être le moteur du progrès ou la ligne opérationnelle de la société, elle ne doit être qu'un auxiliaire utile à notre avancement et ne jamais se substituer à nos nécessaires prises de conscience...
OUI mais nous devons d'abord découvrir QUI ON EST sinon nous ne ferons que de répéter à l'infini nos erreurs et fautes du passé. Et pour cela, il faut que nous voyions clair dans nos têtes et que nous soyons très conscients des mécanismes à l'oeuvre dans nos subconscients obscurcis par ces millénaires de formatage basé sur la culpabilisation, la dévalorisation, le règne des forts avec leur loi du plus fort...
La vie est un bordel où la passion est gratuite !!!
Je crois fermement que pour avancer dans l'établissement d'une philosophie comprenant tout le monde et visant la revalorisation des êtres, nous devons retrouver des modes de relations entre nous qui font la part belle aux notions humanistes développées pendant le siècle des lumières par Descartes, Rousseau, Montesquieu, etc. et remises au goût du jour par Nietzsche, Jung, Kant et suivis par Henri Bergman, André Malraux, Fritjof Capra, Herbert Marcuse, etc.
Mais je crois surtout que nous devons être plus conscient de l'existence l'autre et mieux comprendre son discours ; nous sommes devenus trop généralistes et nous avons oublié de simplement s'intéresser à l'autre dans ses sentiments, envies, projets et espoirs...
Pour répondre à ce besoin de voir ce monde partir en fumée, je me permets de vous citer le philosophe chinois YI CHING qui résume à lui seul nos actions futures :
«Une période de décadence mène à un temps du changement. Alors, la puissante lumière, exilée, revient. On enregistre un mouvement, mais celui-ci n'est pas produit de force... Le mouvement est naturel, il s'élève spontanément. Aussi, la transformation de l'ancien devient simple. L'ancien est abandonné et le nouveau introduit. Ces deux mesures interviennent en accord avec l'époque ; ainsi, il n'en résulte pas de mal.»
Pristoche :
C'était un plaisir pour moi de te présenter Alexandre, que j'ai connu il y a très longtemps et qui a toujours partagé mes "filiations" en matière créative: Bergman, Antonioni, que je connais mal, Visconti, etc.
Je trouve très profond ton propos sur la culpabilisation. C'est vrai que nous avons affaire à un harcèlement diffus et sans finalité aucune, à un Etat oligarchique et une économie totalitaire, bref une absence de loi au "faîte" de la société, donc une mise entre parenthèse de tout Etat de droit, qui appelle à utiliser de la part de ceux qui sont "en haut" toutes les armes les plus déloyales contre ceux qui seraient "en bas".
Et à te dire franchement ce que je sens, mon cher, je sens qu'autour de moi, la tentation est grande de rabaisser quelqu'un mais... sans aucun motif! Et c'est cette absence totale de motif à la culpabilisation, qui fait que je me suis laissé souvent prendre à ce jeu où l'on me reproche des choses qui n'ont pas de sens, et où encore l'on me frappe tout en me reprochant des choses aberrantes. Et tu l'as certainement aussi vécu, l'imposture barbare se pare d'une "morale" bien à elle pour accuser ceux qu'elle essaie de détruire.
Passons aux bonnes nouvelles. J'espère de toute mon amitié que tu te portes bien et arrives à trouver des énergies positives et créatives autour de toi, ou en toi.
Je dois te dire aussi en toute franchise que je trouve qu'en Suisse, la "fraternité" de base a régressé. Je m'explique :
Il est une force qui sous-tend toute société, qui est que chacun est disponible à chacun, et l'humain se manifeste spontanément à l'autre, et fraternellement, sans voir en l'autre qu'un autre membre du corps social solidaire. Or... ces immondes fachos ont fait que chacun est vu comme un ennemi, et ont isolé les gens en semant la méfiance de façon cynique - ou la culpabilisation, ou la stigmatisation, ou la suspicion, ou la peur, et c'est là que tout a régressé.
Je regrette notamment que la Suisse consigne sa fermeture à l'Europe dans une fermeture à autrui !
C'est... c'est triste de voir à quel point les Suisses ont été poussés à ne plus s'intéresser au sort de leurs semblables. Et si les démunis et les réfugiés en ont fait plus les frais que d'autres, je trouve plutôt effrayant de voir à quel point une propagande populiste a pu marteler: "ignore ton semblable, ignore ton prochain, deviens égoïste !" et ...
Que te dire, Gorge ?
J'ai comme toi tendance à me replier mais autour du peu de pureté ou de clarté qu'il y a en moi, et cela me semble tout bonnement sidérant !
Lors d'un voyage en Allemagne, je constate que là-bas, les choses bougent, et l'électorat des Laenders de l'ouest - donc les plus à droite - est en train de basculer. J'ai lu notamment dans la presse qu'il y a des appels du SPD à l'électorat des Linke pour fédérer une fraction rouge-rouge-verte, et cela est beau !
Cela est beau, parce que cela montre qu'il y a retour de la logique civique, où l'on prend un chat pour un chat, et où le souci du citoyen passe en premier !
J'attends, Gorge... J'attends le même réveil dans notre pays gâté et inconséquent, déjà totalement inconséquent dans son refus de l'Europe, et dans son apolitisme que je trouve... en retard sur la conscience que j'ai pu observer en Europe.
En tout cas, j'espère que tu puisses mettre en action ce que tu as de plus créatif et de plus constructif !
Gorge : Détrompes-toi, la finalité de l'harcèlement diffus actuellement en marche est la captation des mentalités et leur formatage aux buts uniques économiques de cette société de consommation. Il s'agit de préparer les têtes des consommateurs à recevoir les messages subliminaux que leur envoient les leaders d'opinion pour qu'ils acceptent sans discussion, interrogation, ou d'état d'âme quelconque, les prémisses de cette société et que les citoyens fassent siennes les valeurs qui les transformeront en consommateurs dociles, placides, matérialistes, égoïstes, nationalistes, peureux, craintifs, influençables, soit de les rendre conformes aux directives sociétales.
Et même cela va encore plus loin : il s'agit du contrôle total des gens, de la population, des travailleurs et de toutes personnes qui n'est pas de l'élite, ou directeur, ou dirigeant, ou chef naturel et faire la ségrégation complète entre les gens du plèbe et ceux d'en-haut !
Pristoche : Je tâche de te répondre avec franchise, sinon rigueur, mais tu avoueras que les paramètres du monde d'aujourd'hui sont si changeants qu'il est difficile de concevoir quels, et quelles formes d'esclavagisme et de contrôle vont évoluer, et comment.
"Messages subliminaux" me semble un terme juste. Tu prends par exemple Sarko et cette idiote de Bruni: le seul message est "vous tous français allez être aussi heureux que nous", et en 2009 certainement, le réveil des François moyens qui ont fonctionné par projection va être douloureux. Ils verront un petit manipulateur qui a léché les bottes de tous les magnats et se sert au sommet de l'État pour son... Son narcissisme. Car ni Blocher ni Berlusconi ni ce crétin de Sarkozy n'ont le "sens de l'Etat": ils sont là pour défendre leur intérêt.
Ce que j'attends comme toi en tant que militant de gauche, c'est... que les gens se rendent compte. Mais ils ont été tellement nivelés par la propagande de masse et l'envie "d'être comme les autres" que cette... Société de masse, donc fasciste puisque reposant sur les masses, mais consumériste, en quelque sorte hybride, a simplement flatté l'envie d'être "comme les autres". Et c'est quand on veut être comme les autres qu'on a besoin de boucs émissaires, et c'est parce que les plus basses façon de se comporter socialement sont justement, non par la solidarité, qui est déjà un choix et un éveil civique, même pas le goût d'entreprendre, mais justement l'imitation, que... J'attends, comme toi, comme Zysiadis, les humains prêts soit à construire cette Linke à la Lafontaine en Suisse, soit de la soutenir, ou à tout le moins de... Passer des bonnes paroles et des critiques entre deux moments de shopping aux actes.
En Suisse, on est mal barrés par cette propagande à la con qui attribue à l'Europe tous les vices de la Suisse et les projette. J'en parlais hier encore à midi avec mon ami Dario qui est un juriste social-démocrate et mon plus proche pote: comme le relève bien Rossini, il y a le "c'est la faute à", et c'est toujours la "faute à l'Europe", qui est plus sociale que la Suisse, ce qui n'est pas difficile !
Je reviens à ton message: tu me cites tous les instincts flattés par ce système. C'est ce qui me pose aussi problème, Gorge : force est de relever que vivre au niveau instinctuel, ce n'est pas être un homme. Etre préoccupé de son quant à soi, de sa jouissance, de son "travail" - mais quel sens encore a le travail aujourd'hui? Quelle supercherie et quel cynisme d'oser utiliser un mot si noble pour désigner une parodie même de l'artisanat, de la créativité, et j'irais jusqu'à dire une parodie de l'entreprise de jadis, honnête et petite, où le patron était le soutien de tous ses collaborateurs et se sentait obligé éthiquement envers eux.
"Contrôle total", dis-tu.
Mais c'est bien là la question: peut-il être total? Et qu'adviendra-t-il s'il l'est ?
N'y aura-t-il pas une sempiternelle poche de résistance de personnes qui ont l'impression que cela tangue de l'aile et que leur liberté citoyenne et leur responsabilité ne peut être indéfiniment ni sottement aliénées ?
Je suis relativement "optimiste" quant à "ceux d'en haut" : dès les années 90, on dirait qu'il y a eu une "nouvelle" élite dont la seule caractéristique est d'avoir du pognon. Alors ... Mon cher Gorge, cette élite a-t-elle une conscience historique d'elle-même pour durer ?
Est-ce qu'elle n'est pas composite ?
Je me demande encore une chose: la bourgeoisie qui a pu succéder à l'aristocratie était faite d'affreux négriers industriels, mais elle a pu tout de même se définir comme étant cultivée et attachée à des valeurs, quelles qu'elles soient, et attachée à une culture. Tandis que cette "élite" actuelle, que faut-il en penser ?
Elle n'est pas cultivée. Elle n'a pas de projet historique. Elle n'a pas d'auto-conscience. Enfin, c'est assez passionnant !
Il faut que tu me dises ce que tu en penses. Je suis persuadé que cette nouvelle élite est... hors de la succession des cycles marxistes, et pourquoi ?
Elle ne me paraît pas installée sur une conscience d'elle suffisante.
Gorge : Et pour te dire franchement, il y a véritablement un motif réel là-derrière, il s'agit, de paire avec la culpabilisation, d'asseoir l'autorité et le pouvoir des classes dirigeantes sans s'avoir à lever une armée pour mater d'éventuelles rébellions. Car c'est cela le fin mot de l'histoire, on cherche à diriger le peuple désigné d'ignare de sort que cela ne pousse pas les gens à la révolte, la contestation ou simplement la résistance passive.
Pristoche : Entièrement d'accord.
Se pose alors la question: comment la gauche doit-elle rendre attentifs les humanoïdes décervelés aux infractions toujours plus polies mais culottées à leurs droits ?
Autrement dit: à quand le réveil ?
Là, je suis très lucidement pragmatique: le réveil, quand les travailleurs de la classe moyenne les plus protégés seront visés par des restructurations pires encore.
Alors ils comprendront...
Gorge : Détrompes-toi aussi, il n'y a pas "absence de loi". Non au contraire, il y a pléthore de lois, de règlements, de mesures, de contraintes impératives, d'impératives catégoriques, d'interdictions et de pressions sociales et morales pour assurer que les gens marchent droits, pensent bien selon les normes, agissent en bons consommateurs et ainsi faire tourner cette société productiviste de consommation.
Effectivement, plus les gens ont pris certaines libertés depuis 1968, plus les autorités ont serré la vis et ont tout fait pour l'ordre social reste aussi fixe que possible sans avoir recours aux goulags et autres joyeusetés !
Et même, nous pouvons dire sans se tromper, plus les gens cherchent à s'émanciper, plus les lois deviennent nombreuses, contraignantes et normatives. Par exemple, il suffit que quelques jeunes se réunissent pour des fêtes non-autorisées pour que immédiatement les autorités prononcent les interdictions et donnent l'ordre à la force publique de sévir !
Pristoche : C'est un point délicat.
Tout... Tout régime peut faire des lois... Et même le Stalinisme ou l'Hitlérisme ont eu besoin de lois pour asseoir leurs horreurs... Je voulais juste dire, Gorge : il n'y a pas absence de lois, mais il y a absence "d'esprit démocratique des lois". Alors que faut-il entendre par là?
Il y a rupture entre :
L'idée de la loi qui sert le pouvoir (dont tu parles)
L'idée de la loi qui est constitutionnelle, c'est-à-dire basée sur l'égalité des droits et les principes démocratiques.
Je verrais pour ma part le triste constat que l'appareil de lois :
Quand tu songes un seul moment au dévoiement que cela implique, tu... tu ne peux que gerber.
Jaurès pleurerait, et Olof Palme se sentirait courroucé, et tous les deux pousseraient une sacrée colère !
Effectivement, le plus que les gens ont pris certaines libertés depuis 1968, le plus que les autorités ont serré la vis et ont tout fait pour l'ordre social reste aussi fixe que possible sans avoir recours aux goulags et autres joyeusetés !
Je suis encore plus pessimiste que toi: l'exclusion sociale EST ce goulag, mais comme on le présente comme une fatalité normale, tant qu'il sera banalisé, ce Goulag demeurera très gentil, très acceptable, même si la majorité des lâches consuméristes le nient et disent: ça n'arrive qu'aux autres.
Ce qui est gonflant et que ces consommateurs du système devraient un peu regarder, c'est que justement rien n'arrive "qu'aux autres" !
Là, je suis à court de culture générale. Que te dire ?
Oui, ceci: il y a le sérieux juridique des motivations de l'appareil répressif. C'est-à-dire que si nous touchons à l'enculage de mouches, on... Va rester dans des règlements très particuliers, ou une juridite paranoïaque embourgeoisée extrêmement administrative !
Gorge : Tu m'as dis que j'aurais comme toi tendance à me replier mais c'est faux car je ne me replie pas, je prends des distances salutaires pour ne pas devenir comme tout le monde, soit un consommateur abusé et même désabusé. La seule solution que j'ai trouvée était de me démarquer avec vigueur et clarté d'esprit de ces tendances égoïstement libérales qui parcourt le monde entier au nom de valeurs frelatées et d'un droit supérieur à l'enrichissement.
Pristoche : Oh que certes non, pas du tout, Gorge ! Je ne vraiment pas certain d'avoir dit cela, et si c'était le cas, j'en appellerais à ton indulgence, car je n'ai jamais pensé cela de toi et j'ai toujours compris ton attitude...
...vu que la mienne est assez identique au fond. J'ajoute la création artistique ou la foi dans l'oeuvre artisanalement faite et qui dégage un sens à ce "repli", mais il est vrai que le "repli intelligent" est la seule solution à qui veut préserver son être.
Je... suis tout autant "replié" que toi, mais... Replié n'est pas le mot: je dirais désabusé et distant.
Sont repliés... les consommateurs, précisément !
Le "droit à l'enrichissement" est... un élément de propagande totalitaire, non ?
Et là, tu vois que si les gens "croient" à un "ordre social" au lieu de participer à un espace civique, c'est la catastrophe, et on ne peut pas leur apprendre à se servir de leur raison.
Gorge : Quand j'ai compris en 2003, lors de la contestation du G8 à Evian, que tout ce que nous disions et faisions était bassement récupéré par les justificateurs du néolibéralisme pour être incorporé dans le fonctionnement mécanique de la machine néolibérale, j'ai dû me résoudre à mesurer mes paroles et ne parler que lorsque j'avais la pleine assurance qu'il serait impossible de récupérer mes idées et d'en faire des piliers sociétaux sur lesquels on allait enfin pouvoir corrompre les gens et faire d'eux des moutons certes bêlants mais néanmoins propres à fonctionner dans cette société de consommation. J'ai écouté attentivement les remarques d'un publiciste et il ne disait pas autre chose, grâce aux découvertes faites à l'UNI de Genève dans la section "Sciences Humaines", on allait enfin pouvoir avoir les outils pour le formatage efficace des mentalités. Grâce à leurs machines de résonance magnétique, ils savent enfin quelle zone du cerveau est activée lorsqu'on sollicite l'attention du consommateur sur un produit.
Pristoche : Je pense que les contestations du G8 ont été médiatisées, mais...
récupérées, en effet, par la presse qui marche avec le pouvoir.
Tu vois, Gorge... La grande question qui se pose à la gauche, c'est :
Gorge : Eh oui mon ami, il y a des motifs peu avouables et peu recommandables qui président le fonctionnement de cette société et c'est à nous de décortiquer ce qui se passe pour dénoncer efficacement ces manéges et manigances. On est donc loin d'un repli sur soi de quelque sorte qui soit, c'est plutôt un moment d'intense réflexion sur comment nous allons faire dans ces situations extrêmes pour que nos actions aient la moindre chance de succès.
Pristoche : Je suis encore plus pessimiste que toi: il y a des motifs peu avouables dans la médiocrité de la nature humaine, mais... Je crois aussi qu'il y a eu des gens merveilleux qui ont fait un chemin de libération personnelle et se sont élevés au-delà de leur égoïsme.
Mais le fascisme, c'est l'égoïsme, et l'égoïsme, c'est le consumérisme, et si cette société en pleine chute sur le plan social, en pleine déroute, réussit encore à masquer son imposture inhumaine et son absence d'éthique complète par une force, c'est bien par la force de la propagande.
Se pose à toute personne qui veut la penser la question suivante: la pression patronale n'étant attaquable que par des grèves, qu'est-ce qui peut attaquer la pression dont nous débattons passionnément, si ce n'est... La prise de conscience, et le fait que cette attaque contre les salariés et les citoyens devienne à son tour insupportable pour les gens les plus protégés ?
Mais là, je t'avouerai que je suis certain d'une chose, Gorge: la conscience politique en Suisse est minable. Tu vas en France, en Allemagne, en Belgique, dans des pays qui ont une HISTOIRE, tu ne trouveras JAMAIS 50% d'abstentionnisme aux ... élections fédérales !
La Suisse me désespère souvent sur ce plan. Etre de gauche en Suisse, c'est du courage, c'est s'obstiner en ayant fortement raison dans un désert isolationniste de mous qui jouissent d'avantages anciens et vivent sur une image valable il y a vingt ans et nient tous les changements récents et se croient "hors d'atteinte" et gobent une propagande avec une telle sottise que...
...je me demande, Gorge, des jours, si la Suisse n'a pas la palme de la sottise politique et civique européenne !
Gorge : Après quarante années de contestation improductive et même contreproductive où j'ai dû faire l'autocritique de ces actions soi-disant progressistes, tu n'as pas le droit d'estimer que mes réflexions présentes sont assimilable à du repli et personne ne peut venir me dire que je suis indigne parce que je ne hurle plus comme avant, que je ne fais plus la grosse voix face aux patrons, que je ne tape plus sur la table directoriale ou quelques autres activités gauchistes bonnes pour la galerie mais fatales à cet idéal social que nous chérissons tant.
Pour preuve, regardes bien comment l'UDC a récupéré la logique civique, où le souci du citoyen passe en premier et où l'on prend un chat pour un chat, pour asseoir son influence, sa renommée et ses actions nationalistes pour bien comprendre le fonctionnement de la récupération. C'est écoeurant au possible et je ne ferai rien qui permettrait à l'UDC d'avancer dans sa conquête de l'innommable, soit la dictature...
Et dis-toi bien que TOUS les partis de droite font de même, l'UDC n'est certainement pas la seule à agir ainsi, c'est carrément la loi commune des radico-libéraux, des PDC, même des Verts et des socio-démocrates pendant qu'on y est !!!
Ce que j'ai de plus créatif et de plus constructif pour le moment ce sont mes réflexions sur la société et mes lettres à un ami et je me mettrai en action dès que les circonstances le permettront !!
Pristoche : D'accord parfaitement avec toi !
Je parlerais pour ma part de : repli dans le maquis.
Ben... Quand l'histoire tournera, assez vite j'espère car la précarité commence à devenir plus que pesante et la lâcheté de la classe moyenne plus que fatigante, je te le dis en mille, Gorge : on aura le courant du fleuve avec nous.
Je traverse aussi... Ce désert...
Aristides m'avait fait une réflexion semblable à la tienne voici un petit moment. Il avait dit: «Je suis prêt à mobiliser, mais il faut que les gens le veuillent !»
Or je m'excuse, Gorge, mais la Suisse est gâtée! Les enseignants que je connais bien, ce petit milieu, ont un Aristides Pedrazza avec eux, qui n'est pas n'importe quoi, tu es d'accord que tant toi que moi nous l'estimons, et ... Ils se contentent d'un petit jour de grève.
Ce n'est pas pour dire, Gorge, mais en Allemagne, il y aurait eu une Streik de cinq jours et puis des négociations sérieuses.
Ici... Pffft !
La lâcheté a bien une patrie, c'est la Suisse de Blocher.
Gorge : Pour preuve, regardes bien comment l'UDC a récupéré la logique civique, où le souci du citoyen passe en premier et où l'on prend un chat pour un chat, pour asseoir son influence, sa renommée et ses actions nationalistes pour bien comprendre le fonctionnement de la récupération. C'est écoeurant au possible et je ne ferai rien qui permettrait à l'UDC d'avancer dans sa conquête de l'innommable, soit la dictature...
Pristoche : Alors tu prêches à un convaincu !
Je peux même t'avouer... Que j'ai provoqué par mail tous les pontes de l'UDC en leur tenant des discours dont le panache et le lyrisme, mais surtout le: «vous ne serez jamais que les ennemis de la démocratie et seul votre chute compte à mes yeux»... Réactions un peu troublées de leur part. Marrant. Mais écoeurant s'applique à vrai dire à...
...à tous les citoyens qui se réfugient dans l'UDC - attitude: mobber l'autre, dire que tout est la faute aux autres, dire que "le monde est comme ça" alors que excuse-moi, Gorge, mais les crétins qui disent ça n'ont jamais rien vu que la Suisse et n'ont aucune idée du droit du travail en Europe...
Réduire l'espace politique suisse à leur petit espace à eux... Et puis dire que si tout va mal, ce n'est bien sûr pas une raison pour s'impliquer... Et puis te sortir des conneries absolues comme "l'Europe néolibérale" ou "on est encore mieux chez nous qu'ailleurs" ce qui m'a toujours fait rire, mais comme dit mon ami Dario, je le cite de tête: «Je n'ai jamais eu pour ma part l'impression que la Suisse était un pays si super qu'on le dit. Il m'a même fait beaucoup souffrir socialement...»
Et... Et tout est dit !
Ma remise en question, Gorge, touche aussi à la question: QUEL doit être le front anti-UDC contre leurs saloperies de lois ?
Je ne compte pas sur les alémaniques, car il faut bien admettre qu'ils ne vont jamais rien faire, mais je crois qu'en Romandie, on a de quoi faire.
Gorge : Et dis-toi bien que TOUS les partis de droite font de même, l'UDC n'est certainement pas la seule à agir ainsi, c'est carrément la loi commune des radico-libéraux, des PDC, même des Verts et des socio-démocrates pendant qu'on y est !!!
Pristoche : Tu as assez raison, mais...
cela tient non pas à des logiques internes aux partis, mais à la dimension dictatoriale, que dis-je ?
La dimension totalitaire, de l'économie globale.
Cela m'écoeure autant que toi, Gorge...
J'ai souvent aussi envie de secouer certains socialistes, vois-tu ?
Qui... gagnent trop bien leur croûte, je ne veux pas être mauvais, car je n'ai jamais été jaloux de personne, j'ai plutôt subi des projections, mais... Trouves-tu qu'un socialiste qui roule en voiture ou en première classe tous les jours, ou bien qui comme Leuenberger ne fait RIEN de social ni même de socialiste, est un représentant de la gauche, soit: des ouvriers, des exclus, des chômeurs, des déclassés, et de l'unité du corps citoyen ?
Je... Je suis déçu. Ils devraient un peu moins manger trop à leur faim et un peu moins vivre sur leur quant à soi, et se battre plus, non ?
Gorge : Ce que j'ai de plus créatif et de plus constructif pour le moment ce sont mes réflexions sur la société et mes discussions avec un ami et mes lettres aux rédacteurs et je me mettrai en action dès que les circonstances le permettront !!
Et c'est dit avec mes plus amicales intentions !
Pristoche : J'aurais dit pareil, Gorge !
Je vais d'ailleurs écrire un pamphlet terrible qui va réunir tous mes pamphlets antérieurs et qui s'appellera : «Le dernier des totalitarismes», et je ne vais épargner personne ni rien ! Quel éditeur en voudra ? Sais pas. M'en fiche complètement, à vrai dire: si la liberté de penser doit être empêchée par la soumission éditoriale, alors ... Je ne suis pas très ... Mais je trouverai.
Allez, cher ami! Unis dans la lutte, et fraternellement en pensée, avec un vrai sentiment d'amitié d'abord, et notre commune adhésion à la certitude que sans solidarité, pas de société, et pas de justice !
Au plaisir de te réentendre !
Fidèlement, loyalement, et au nom de la liberté de la pensée...
Pristoche : J'ai écrit une lettre à l'UDC dont voici la teneur :
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Qu'en penses-tu ?
Gorge : AIE AIE AIE...
Je ne sais pas si j'apprécie de voir mon nom associé à une lettre envoyé à ces Yvan, Oscar et cie qui ne vont pas se gêner de faire le rapprochement avec toi. Je ne tiens en aucun cas à avoir quoique ce soit à faire avec ces gens-là et surtout, je ne veux pas être associer à une démarche qui fustige avec pareille agressivité ces messieurs-dames même aussi dépourvus d'humanité ou de sens politique comme tu les décris...
La prochaine fois que tu veux fustiger ces gens, tu m'enverras copie À PART de tes lettres et tu ne mettras plus mon adresse dans des courriers adressés à cette clique qui n'espère qu'une chose - bouffer du gauchiste et l'instrumentaliser pour pouvoir démontrer que c'est nous les extrémistes assoiffés de sang et que c'est nous les pourfendeurs de la pureté de la race suprême helvétique et les responsables de la déliquescence de leur pays de stroumphes...
Mais qu'espères-tu avec des messages de ce genre ?
Crois-tu que tu vas les faire réfléchir et les amener à des prises de conscience salutaires ?
Penses-tu qu'ils vont s'autocritiquer, battre leur coulpe, s'autoflageller ?
NON, ils vont chercher par tous les moyens à savoir qui tu es et ils ne vont pas manquer de te retourner les compliments, à toi et à tous les noms figurant dans la liste de personnes à qui tu as envoyé copie et qu'ils vont assimiler à toi !
Tu as surtout assouvi une colère qui, toute justifiée qu'elle puisse paraître, les laissera de marbre et même et leur donnera l'occasion de se foutre de nos petits gueules de redresseurs de tords super-minoritaires !
Fais ce que tu veux avec ces gens mais ne me compromets pas en incluant mon nom dans des listes d'adresses qui peuvent aussi facilement être retournées contre nous !
Pristoche : Tu as parfaitement raison: il faut ignorer jusqu'au dernier démocrate-chrétien et penser par nous !
Nous sommes l'alternative parfaite et entière à leur "projet" qui n'est qu'une prolongation de prolongation et une défaite annoncée.
Gorge : Je ne sais pas si j'ai raison mais il y a une chose que je sais : s'attaquer frontalement à l'extrême droite en les traitant de "minables" est le meilleur moyen de devenir totalement "minable" à son tour. C'est faire des thuriféraires de la droite dure des boucs émissaires qui seront automatiquement défendus car ici en $wiss-Heidi-Land, on défend toujours celui qui est attaqué même si ce quidam a commis des impers graves et antisociaux. Si tu veux "faire quelque chose" alors produis donc des analyses et des observations critiques pertinentes qui par leurs démonstrations mêmes, fourniront à la population les éléments nécessaires au décryptage de la véritable nature de la droite dure et, à partir de là, le peuple jugera en son âme et conscience et s'il voit qu'elle a fauté, elle sera sanctionnée.
Pristoche : Que te dire ? Je ne vois que des hommes, et des personnes qui s'aiment, ou qui doivent vivre ensemble fraternellement.
Au milieu de tout cela est venu le monstre néolibéral qui a fait des hommes des choses, des coûts, des machines, et surtout a proscrit le coeur, a proscrit la pensée. Après, le fascisme capitaliste peut prendre pour relais en effet les réflexes mesquins et les bas instincts, mais cela reste au fond la marmite suisse, qui me paraît... Sans espoir, sans espoir, cher Gorge, tant que nous resterons hors de l'Europe et aussi peu sociaux.
Minables... Mais c'est ce qu'ils sont !
Ils se pleurent dans le gilet tout en voulant le malheur des autres: n'est-ce pas le summum de la pauvreté morale ?
Pour la population... J'aimerais tant... Mais comment arracher des gens à leur bêtise ?
Difficile !
Une personne bête ne VEUT pas comprendre, même si elle pourrait.
Pourvu surtout qu'il y ait un partage des richesses et un retour au plein emploi, et qu'on sorte de ce mensonge !
Trop de mensonge, comment te dire? Cela finit par sentir si mauvais qu'on a envie de chercher un paradis ailleurs.
Gorge : Le mensonge est de croire que notre salut viendra d'une part d'un partage des richesses car cela suppose que l'on les a créées et on sait comment elles ont été créées, soit par l'exploitation éhontée des travailleurs et de la nature, et, d'autre part, d'un retour au plein emploi car cela suppose que les patrons ont repris la main et le pouvoir dans les affaires !
Pristoche : Oui, tu as raison: si la volonté part de nouveau des patrons, c'est raté. Ils se croient tellement tout-puissants, ceux-là, et sont tellement arrogants, que le salut viendra plutôt d'une grève ou d'une volonté qui reprenne la main à leur place.
Autrement dit: il ne peut pas venir des patrons, donc il viendra de tout ce qui n'est pas eux !
Gorge : Attention donc aux grandes déclamations ostentatrices qui de prime abord paraissent merveilleuses mais qui en dernière analyse sont semées d'embûches destructrices pour la mise en place d'une communauté réellement humaine, altruiste, participative, autogérée, autonome, où l'individu deviendrait le seul promoteur de sa vie et de celle de la communauté et pour l'avènement d'un monde plus égalitaire et plus juste, le seul qui nous reste, le seul qui puisse nous venir comme espoir... comme tu le dis parfaitement !
Pristoche : Alors là, tu as bien raison.
Ce qui importe est que l'homme change au fond. Qu'il devienne plus altruiste, et je regarde autour de moi: ce n'est pas vraiment le cas, je suis triste. Chacun suit son sort et chacun se moque complètement d'autrui. Je vois des gens qui courent comme des fous et n'ont "pas le temps", n'est-ce pas? De penser aux autres et de penser, comme si cela était trop difficile. En fait ils se laissent conditionner.
Gorge : Chercher le paradis ailleurs revient toujours à cette idée biscornue que ce paradis existerait et que nous pourrions y accéder par je ne sais quel miracle transcendant mais néanmoins rabaissant car à milles lieux d'une réalité constructive pour la majorité des gens. L'économie nous a bercé de cette idée pour renforcer nos tendances malsaines à la con$ommation et pour formater dans nos têtes les normes de cette société de con$ommation !
Pristoche : Heu, pas cela, Gorge... Je pensais plutôt à "l'Ailleurs" des pûtes, ou à cette idée: où vont les martins- pêcheurs. À l'horizon de Baudelaire, aux merveilleux nuages, à la Femme, et à la joie...
Si au moins cette société comme tu dis de "consommation" avait des "normes", ce serait pas mal déjà !
Mais elle me paraît suivre des caprices d'actionnaires et des "règles" difformes.
Oui, le rapport philosophique et éthique à l'Autre dans la consommation ne va pas puisque l'autre est mangé au lieu d'être aimé: on ne le laisse pas être.
Gorge : La grande leçon que j'ai retirée de mes années de combat politique est qu'il ne faut surtout pas se tromper de cible et de ne pas commettre des actions qui iront à l'encontre des objectifs que nous visons. Se battre au même niveau que nos adversaires en utilisant, par exemple, la facilité de la condamnation moraliste en est une et cela nous a apporté plus de misères qu'autre chose et surtout cela a permis à nos adversaires de remporter des succès inattendus dans les diverses batailles que nous avons livré en pure perte (voir la votation sur les lois sur l'asile et les réfugiés de septembre 2006 !). Ne répétons plus, sempiternellement, les mêmes gaffes, erreurs et ne nous laissons plus prendre par l'accusation facile et la mise au pilori car il n'y a que l'histoire qui jugera et nous avec...
Pristoche : Alors ô combien !
Et je dois dire que ce n'est pas évident de savoir, pour septembre 2006, mais je pense que la raison en est que le terrain était on ne peut plus favorable à cette horreur, et que quoi que l'on ait fait, on aurait fait un peu mieux, mais sans renverser les choses.
En revanche, c'est "tout seul" que les choses se sont inversées en juin 2008 pour la naturalisation par les urnes, et c'est réjouissant !
Gorge : Que l'on ait des coups de blues et ne pas aller super c'est le lot de tout le monde mais de grâce, cesses donc de fournir à nos adversaires les armes pour nous attaquer, c'est fatiguant à la fin et parfaitement contreproductif. Encore heureux qu'ils sont tellement amorphes qu'ils n'ont pas pris un meilleur avantage de tes messages à ces "messieurs de l'udc" pour nous démolir en règle...
Pristoche : Ô, tu sais, je ne vais plus leur donner de mon énergie - ce que je fais en les attaquant. Il faut que je la donne aux bons projets, et aux bonnes personnes.
Gorge : Dorénavant, avant d'envoyer quoique ce soit à ces "messieurs de l'udc", contactes-moi d'abord pour en discuter et nous verrons dans quelle mesure cette action serait pertinente et apporterait des résultats probants.
Merci de ta compréhension...
Pristoche : Alors ta sagesse me confond !
Mais ce ne sera peut-être même plus nécessaire, qui sait? J'ai à vrai dire d'autres chats à fouetter qu'eux, et honnêtement, pour ma part, si la Suisse vire à gauche, l'essentiel est fait, que j'en sois ou non responsable à ma toute petite échelle.
Te faire lire de tels messages? Non, c'est du temps perdu: autant ne plus en écrire, et continuer nos échanges d'idées, qui au moins sont créatifs et vont quelque part.
Tu as alors toute ma compréhension! Simplement, je me dis: cette action ne portera ni fruits ni réflexion ni échange, alors je risque de répéter le même, et puis voilà !
En fait, il vaut mieux développer un terreau de compréhension de gauche. Quitte à ce que d'autres nous rejoignent: telle est plutôt la dynamique aujourd'hui.
On en parlait tout à l'heure avec mon ami Hadrien de Kalbermatten: les apparentements entre SPD et Linke en Allemagne ex-RDA sont en train de se faire. Si le coeur de l'Europe bascule à gauche, cela va être un centre de gravité et un centre de bascule pour les autres Laender, et, qui sait, pour l'Europe elle aussi ?
En tout cas, ne disons jamais: jamais...
Et c'est le lieu de dire: un État où les droits ne sont pas pour tout le monde, n'est pas un État, mais une monopolisation, une confiscation de ce même État, et cette société n'est pas une société, si bien qu'avant qu'elle ne redevienne la chose de tous, elle restera monstrueuse, c'est-à-dire totalitaire, c'est- à-dire inhumaine, et seul l'humain et ses droits peuvent fonder un durable projet !
Que l'Europe se mette à y penser vraiment, l'heure est venue !
etc....
Pristoche : Notre pays est en train de s'enfoncer et de reculer sur tous les plans, il n'est plus qu'un petit espace économique ultra-néolibéral sans aucune activité culturelle du tout, il connaît non seulement une régression mais de la discrimination sociale, et tout le monde est sûr que tout va bien, ou du moins il y a une rengaine de l'ordre du déni collectif.
Est-ce que tu confirmes ces faits, ou bien est-ce moi qui confabule ?
Je ne sais plus.
Tout ce que je me dis, c'est que si chacun vit dans sa bulle, alors comme dans sa bulle, le citoyen n'a aucun regard sur l'espace public, tout "doit" bien aller.
Ou bien est-ce que je me trompe ?
En tout cas, corrige mes impressions, Gorge, si je ne me trompe pas... Mais on dirait ?
Dans Jaurès ou le Christ, peu importe, mais dans l'égalité de toute façon, et la vraie égalité !
Gorge : Oh tu sais, tu es en dessous de la vérité, de la réalité car, comme tu l'images, l'esprit du temps est en fait bien pire que ce que tu ressens instinctivement.
Pristoche : Tu dois avoir raison, hélas nous les gens honnêtes, ou qui tentons de le rester le plus possible, devrions ne plus nous projeter sur les autres et regarder à quel point l'homme a été dégradé par la consommation, par cette vie superficielle et dans la hâte qui se croit du travail, par cette hypertrophie du moi, cette absence de vraies valeurs (et j'entends par vraies valeurs: égalité, justice, altruisme, respect de la nature, respect de la dignité humaine, ...).
Oui, que des esclaves, et autant esclaves de leur médiocrité qu'esclaves de leurs bien petits maîtres! Esclaves avant tout.
De leur peur, de leurs instincts, de leur besoin-de-conserver-leur-travail, de leur soumission qui n'est qu'un dérivé de leur peur, de leur bêtise, qui est une injonction du pouvoir à seule fin de leur dire: ne pensez pas, et moins vous penserez, plus vous serez riches, c'est-à- dire adoubés par un système félon et laid.
Gorge : Pour confirmer nos soupçons, voici quelques faits divers tirés des quotidiens de ce jour pour découvrir la vérité sur notre société et pour comprendre comment est construite cette hallucinante réalité : - dans le 24 beurkes du jour :
L'incroyable trajectoire de l'espionne de Sécuritas
L'agente qui a infiltré le Groupe anti-répression de Lausanne était travailleuse humanitaire. Formée au maniement des armes et à la lutte contre le crime, elle a pris la direction des investigations chez Securitas.
Pristoche : Voici un triste individu de notre société, une prostituée du pouvoir qui insulte à toutes les vraies prostituées, lesquelles ne sont que victimes de la condition féminine. Mais se prostituer à la prétendue sécurité, c'est quoi, ça ?
C'est prostituer son âme ?
Gorge : Et encore ceci :
Le PRD lance un contre-projet :
UNE INITIATIVE SUR LE RENVOI DES ÉTRANGERS CRIMINELS !
Le PRD veut plus de sévérité envers les étrangers criminels. Il propose de compléter la nouvelle loi sur les étrangers, entrée en vigueur l'an dernier, avec une liste des délits passibles d'expulsion.
Pristoche : Eh bien mon cher Gorge, voici une nouvelle qui montre que les radicaux doivent encore descendre...
Ils n'ont pas perdu assez de siège, et font la preuve une fois de plus de leur totale inconsistance. Et dire que Delamuraz a honoré leurs rangs !
Gorge : Un autre article dans "Le Temps" :
PS et sécurité : Christian Levrat échappe à la critique
PARTI SOCIALISTE - Malgré les hauts cris de certains camarades, le nouveau président Christian Levrat maintient le cap: il veut que le PS suisse se positionner sur le terrain de la sécurité. Une option qui lui vaut plus de louanges que de critiques.
Pristoche : Ça, c'est la meilleure! Je croyais que les socialistes s'intéressaient à la sécurité sociale, pas à la démagogie.
Ici, je me joins aux "camarades": Levrat n'a plus rien d'un homme de gauche! Dans le pays le plus sûr du monde, il s'intéresse... à la sécurité ?
En tout cas, j'ose espérer que ce reniement de soi n'est qu'à des fins électorales, sinon il sera légitime de vomir.
Et puis... N'est-ce pas une autre loi plus juste sur les étrangers en leur faveur et conforme aux droits de l'homme qu'il faudrait, avec des procédures plus rapides et volonté de mettre fin à la discrimination et à l'arbitraire des fonctionnaires? À ce moment, pourquoi est-ce que Levrat ose parler comme un UDC? C'est une trahison, je trouve, et tout cela pour rafler des voix.
Pfft !
Gorge : Écologie - 09.09.2008 :
Timor: quels crapauds, ces Australiens !
L'armée australienne, intervenue il y a une dizaine d'années au Timor oriental avec des forces de maintien de la paix, y a probablement introduit accidentellement un crapaud venimeux qui décime notamment la volaille.
Pristoche : On pourrait dire: "forces de maintien de la guerre".
Gorge : ÉDITORIAL par FEDERICO CAMPONOVO, rédacteur en chef adjoint du 24Heures :
Une bataille où l'on se rend coup pour coup
L'indignation vertueuse est, définitivement, l'une des postures les plus faciles à adopter. Sur un plateau de télévision ou caché derrière un écran d'ordinateur, il est pour le moins aisé de dénoncer, la bouche en coeur et avant d'avoir bouclé une réflexion digne de ce nom, l'infiltration de mouvements altermondialistes par des agents de Securitas.
La question que les indignés de tous bords devraient pourtant se poser après la tentative de Nestlé d'en savoir davantage sur Attac et la révélation de la présence d'une autre «taupe», entre 2003 et 2005, dans les rangs du Groupe anti-répression de Lausanne, est simple: quels sont les buts et les pratiques des organisations altermondialistes, objets de la curiosité de Securitas et de ses mandataires ?
La réponse ne souffre aucune contestation possible: la plupart essaient, par des moyens souvent à la limite de la légalité, de contrecarrer les plans de multinationales, pour ne citer que cet exemple, généralement qualifiées de «méchantes». Et chacun sait que ces associations militantes, au prétexte qu'elles se sont autoproclamées, elles, «bonnes» et porteuses d'un idéal, tentent de surcroît, en fonction de leurs moyens, de disposer au sein de ces entreprises d'informateurs capables de les alerter en temps réel.
Quoi de plus normal, dès lors, que ces sociétés se défendent, voire passent à l'offensive, en utilisant des moyens privés, de toute évidence efficaces, et dont la justice ne semble pas vouloir définir strictement les limites légales. En attendant les résultats de l'enquête sur l'infiltration d'Attac et l'issue d'une nouvelle plainte qui n'a pour l'heure pas encore été déposée, il faut accepter l'idée que, dans ce genre de bataille, on puisse se rendre coup pour coup.
Pristoche : Quel petit nul, ce Camponovo !
Vraiment. Il est là pour lécher les pieds du pouvoir, mais qu'il se retrouve à la rue, et il dira des choses enfin intelligentes !
Mais non! Quoi de plus anormal que des journalistes GRASSEMENT payés comme M. Camponovo se permettent de distribuer les bons points et les mauvais points exactement comme le pouvoir le veut, et PRÉTENDENT encore faire du journalisme! On comprendra que le citoyen un tant soit peu scrupuleux et soucieux de vérité ne lise plus depuis belle lurette cette grange aux paresseux et ce porte-voix de l'économie qu'est la presse, écrite, radiophonique ou télévisuelle, car...
... Qu'y a-t-il à gagner à toujours désinformer et orienter l'opinion? Un manque total de transparence dans le débat et l'espace public, Monsieur Camponovo: vous façonnez les Suisses exactement comme le veut le pouvoir suisse, vous les façonnez au lieu de faire votre travail, et vous avez encore le culot de vous dire journaliste. Vous êtes juste: désinformateur.
Gorge : - dans LE COURRIER :
Sécurité : le mauvais alibi des socialistes
Paru le Mardi 09 Septembre 2008 - FABIO LO VERSO
Les socialistes déboulent dans le débat sur la sécurité comme un éléphant dans un jeu de quilles. Pressée de se saisir du problème, la formation à la rose a mis en consultation auprès de sa base un texte attrape-tout. Considéré par la direction du parti comme un point de départ à la discussion, le document évoque, par un inquiétant mimétisme, des thèses imprégnées du populisme de l'UDC. La discussion interne au Parti socialiste (PS) fait déjà apparaître des lignes de fracture peut-être irréversibles: un groupe de dissidents s'est rapidement créé contre les accents répressifs du texte, dans lequel les jeunes et les étrangers sont subrepticement désignés comme les principaux facteurs d'insécurité. Un faux départ qui ne peut être justifié par la préoccupation face à «la montée» de la criminalité: celle-ci a en réalité connu une décrue considérable au cours des vingt-cinq dernières années.
Etrangement, la direction du PS omet de rappeler que la Suisse est l'un des pays les plus sûrs du monde. C'est pourtant sur ce postulat que les socialistes auraient pu construire leurs positions. Ils auraient habilement évité la zizanie feutrée et les dénigrements en coulisse qui enveniment le débat. Les leçons de la sévère défaite du parti l'an dernier à Zurich ne semblent toujours pas tirées. Bien au contraire. Dans ce canton, centre névralgique de la politique suisse, les éclatantes victoires de Chantal Galladé et Daniel Jositsch ont fait sensation, et les deux Zurichois attribuent leur succès à leurs promesses musclées contre les jeunes égarés et les délinquants étrangers. Avant et après le scrutin, seules de rares voix se sont élevées chez leurs camarades pour pointer une dérive idéologique dans leur discours. L'insécurité serait-elle inconsciemment admise, chez les socialistes, comme un moteur à injection électoral ?
Poussée dans ses retranchements par la dissidence interne, la direction socialiste aura de la peine à dégager une majorité et une minorité lisibles et complémentaires. Pour l'heure, cet exercice se fait dans la douleur. En se déclarant disposé à intégrer les quelque quatre-vingts amendements reçus (une avalanche), le comité central amorce néanmoins un virage empreint de bon sens. Ce sentiment semble loin des "fondements de la social-démocratie" dont se prévaut le président du parti, Christian Levrat, pour défendre le bien-fondé de sa démarche.
Ce qui manque aujourd'hui, dans le programme socialiste, c'est une analyse des causes profondes de la violence et de la délinquance. Ces phénomènes sont souvent la conséquence d'une société fragilisée par la précarisation du travail et par l'effritement de l'Etat de droit. Comment (ré)intégrer les plus démunis et les laissés-pour-compte, quels moyens d'existence leur garantir, quelle formation assurer à leurs enfants, quel ordre leur faire respecter et avec quelles contraintes? Ces questions traduisent des choix de société à long terme, qui doivent être issus de vrais débats et non de déclarations à l'emporte-pièce.
On n'attend pas d'un grand parti de gauche qu'il réagisse comme ses pires adversaires, mais qu'il sache prendre du recul pour proposer des orientations solides et pérennes. Et les moyens qui vont avec.
Pristoche : Absolument! Alors c'est un bon réveil !
Voilà qui me réjouit.
En effet, mon cher Gorge : je crains que Levrat n'ait pas suffisamment pris le temps de réfléchir avant de parler.
Et puis, Levrat n'a qu'à lire les chiffres de l'OSAR, les chiffres des statistiques: la Suisse perd ses habitants, perd les Suisses natifs, attire de moins en moins d'étrangers, et en plus n'a pas à se plaindre de criminalité !
La vraie peur... Est une peur d'un patronat trop puissant, qui attribue aux étrangers ses propres méfaits !
Mais Chantal Galladé est une honte pour le PS !
Et un tel PS est une honte pour la gauche, je le dis sans fards !
Levrat n'a fait qu'être contaminé par le "poison fasciste" comme l'appelait Claude Ruey, mais en aucun cas il ne définit une politique sur la question migratoire.
Quant à la sécurité, mon cher Gorge... Il faut laisser cette question épineuse et creuse politiquement à la justice et au troisième pouvoir, qui fonctionnent suffisamment bien pour qu'il n'y ait pas à s'alarmer outre, me semble-t-il.
Gorge : Bon certes, nous pouvons continuer longtemps ainsi mais ce qu'il ressort de tout cela est qu'il y a une volonté nette de faire passer les injustices et autres calamités de notre temps pour des "normalités" acceptables parce que «ma foi, ainsi est l'humain» ! Il y a aussi une volonté de faire passer toute personne qui chercherait à "faire quelque chose" pour des illusionniste dangereux, adepte du discours connoté "politiquement correcte" à bannir absoluement...
Le reste... n'est que baliverne et paresse intellectuelle.
Pristoche : Bien dit !
Gorge : Et pour finir, une petite note en guise de dessert dans le "Migros Magazine" :
«Si on jugeait moins, on agirait davantage »
Un acteur génial, un collègue paresseux, une maison luxueuse: on juge tout le temps! Les jugements ne sont pourtant pas innocents. Ils peuvent avoir des conséquences désastreuses, comme l'écrit le psychologue fribourgeois Yves-Alexandre Thalmann, dans son dernier ouvrage.
Mettre des mots sur les choses qui nous entourent nous rassure. Dire qu'un petit félin à quatre pattes s'appelle un chat, c'est une catégorisation. Dire qu'il est beau, c'est déjà un jugement. Mais qui sommes-nous pour déterminer les critères de beauté et juger tout ce qui nous entoure ?
Explications d'Yves-Alexandre Thalmann, psychologue fribourgeois qui publie ces jours un ouvrage sur le non-jugement.Pourquoi est-ce mal de juger ?
Du moment où j'énonce un jugement, un rapport de force naît automatiquement. D'ailleurs, je ne me permettrais pas d'affirmer que c'est mal de juger, ce qui serait un jugement de valeur de ma part. Je dis que cela rend la communication plus conflictuelle.
Si je dis qu'une Ferrari est une belle voiture, où est la relation de pouvoir ?
Vous m'imposez votre vision de la beauté. Je peux rétorquer en disant que ce type de véhicule consomme une quantité de carburant, qu'il pollue, etc. Nous allons entrer dans un rapport de force et ce sera à qui réussira à imposer son point de vue à l'autre.
Sommes-nous consciemment des dictateurs ?
Je ne crois pas: la plupart du temps, on n'est pas conscient d'imposer son point de vue. Parfois, lorsqu'on rectifie les jugements d'autrui, on se rend bien compte qu'il est en train de perdre une influence. Si quelqu'un dit que cette voiture est géniale, je peux répondre que je ne partage pas son avis. Mais ça surprend. On s'attend plutôt à: «Oui, tu as raison», ou «Non, tu as tort».
Dans la vie quotidienne, vous ne jugez pas ?
J'essaie d'éviter les jugements connotés, les plus nocifs à mon sens dans la communication.
Parce qu'il y a des jugements qui ne sont pas connotés ?
Il y a des jugements qui sont plutôt descriptifs. Si je dis que cette maison est grande, c'est une catégorisation subjective, mais pas forcément connotée: une grande maison n'est pas forcément mieux qu'une petite. D'ailleurs, le terme «grande» ne signifie rien en soi. 100 m2, 200 m2, 500 m2? Vous allez rétorquer que vous habitez dans une maison qui est dix fois plus grande et que celle-ci n'est pas grande. Par contre, si vous dites que votre maison est beaucoup mieux que la mienne, le jugement devient connoté. Il définit ce qui est bien, ou mieux. Pour neutraliser le jugement, affirmons simplement: «J'habite dans une maison qui a une surface de 200 m2.»
C'est la recette pour arrêter de juger ?
Oui, décrire les choses plutôt que les évaluer. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut aussi relativiser ses propres convictions, apprendre à être un peu moins sûr des étiquettes que l'on colle sur les gens...
(lire le reste de l'interview ici !)
Pristoche : Bon travail! Le jugement neutre, oui...
Mais qu'est-ce qu'il est en train de dire, ce type, à supposer qu'il dise quelque chose ?
C'est une réponse creuse à une question creuse.
Si tout était affaire de "communication", ce serait facile !
Gorge : Le plus grave dans tout ceci est la remarque d'une chère copine, enseignante retraitée, qui dit «ces temps, je me dégoûte». En sombrant dans une dépression profonde, elle met la charge de cette accusation sur ses seules épaules, assumant ainsi la totalité des tares de cette société et en faisant sienne les accusations néolibérales contre les : paresseux, énervés, rebellieux, négatifs, etc...
Pristoche : Elle est encore très soft, car elle aurait pu dire: «ces temps, l'humanité, moi compris, me dégoûte...» et elle aurait donné une dimension collective à son jugement.
Car l'inconscient collectif, cela existe !
Gorge : Oui mon ami, nous avons gravement échoué dans notre bataille contre les dérives de cette société et nous allons payer cher notre clairvoyance et nos indignations car les suppôts de cette société ne manqueront pas à nous attribuer l'entier de tout ce qui ne va pas aujourd'hui - c'est tout notre faute si cela va mal, le messager est effectivement devenu la raison de la débâcle !!!!
Pristoche : Heu... Je ne sais pas, Gorge, mais ne faut-il pas d'abord se mettre d'accord avec sa propre pensée? Après, si nous nous sommes trompés, nous nous en apercevrons bien tôt ou tard, mais... Pour l'instant, la lucidité n'est-elle pas à gauche de la gauche? N'est-elle pas d'être inconditionnellement fidèle à ses valeurs, quitte à être politiquement le plus incorrect qui soit, ce qui n'est pas grave ?
N'est-elle pas de constater la débâcle tout d'abord, et ensuite de réfléchir sur des bases où l'on regarde charitablement l'humanité telle qu'elle est et telle qu'elle mérite de devenir, et non l'humanité telle qu'on aimerait qu'elle soit ?
En tout cas, pour tout Linke, le défi est de ne pas baisser les bras, alors que tout nous y invite.
Pour le chrétien, c'est de critiquer le pape s'il ose se commettre avec le capitalisme, et pour le Linke qui ne s'encombre plus de foi, à raison peut-être sur le plan civique, c'est de mettre son droit à penser par lui-même au-delà d'une vulgate! Car le pape devient une sorte de PDG du politiquement correct, alors qu'est-ce que nous, chrétiens, faisons encore dans des églises où la pensée humaine et charitable et la liberté de pensée sont confisquées ou réprimées au nom de l'apparat, de la tradition, du "Amen" si cher à cette église qui du reste, avec ses juristes, n'a jamais condamné vraiment les rafles actuelles de migrants ?
Voilà des questions brûlantes qui doivent être pensées et vécues avec humanité, et pour lesquelles la seule réponse... Se trouve le plus loin possible du pouvoir et des idées reçues !
Eh bien voici qui résume beaucoup de nos discussions, et qu'il faut redire à tous les dirigeants du PS et des Verts qui peinent à concevoir la vraie gauche "Linke" comme le fait Oskar Lafontaine en Allemagne, soit: la gauche qui défend les plus défavorisés et réfléchit sur le chômage, et le fait vraiment !
Gorge : Et moi ce qui me fait le plus mal est de ne pas avoir l'énergie, la force, le talent, la capacité de dire son fait à ces pitres de néolibéraux et leurs jugements dévastateurs, de dire merde à leur monde binaire, dichotomique, dual, moralisateur...
Pristoche : Moi aussi, Gorge... Cela me fait aussi mal, on essaie quelquefois, jamais assez haut d'ailleurs...
Mais si nous n'avons pas la force, peut-être est-ce que nous n'avons pas besoin d'en avoir la force, c'est-à-dire que l'écroulement du système est si énorme que nos voix ne font que révéler l'horreur que tout le monde se masque, et ne sont pas supposées pouvoir remédier à cet effondrement - car si tel était le cas, nous ne serions pas les seuls à être - ou presque - dans une logique de contestation: au contraire, cette logique serait partagée par un nombre important de citoyens. Or il faut reconnaître que tout le monde attend passivement le pire et qu'il n'y a pas d'opposition active, ce que tu as avec justesse extrapolé comme articles sur le PS et ses errements le montre parfaitement: si la pensée est empoisonnée, alors que valent encore les traditionnels véhicules de la justice et de l'opposition ?
Mais nous ne rongerons pas indéfiniment notre frein, cher ami !
Bien cher, je me dis: encourageons-nous, et patientons! Avec le temps, qui nous donnera raison, nous verrons que nos idéaux étaient encore valables !
D'ailleurs Jung dit une chose très belle, il dit: «Il y a de belles réalités à aimer hors de soi: il n'y a que la pauvreté de coeur qui ne sache les investir.»
Comme cela est bien dit !
De tout façon, au vu de la manière "historique" ou "historiale" dont le monde tourne à l'heure d'aujourd'hui, je pense que toute tendance à gauche, croyante, athée, mystique, anarchiste, nihiliste, quoi qu'elle pense du monde et des fins ultimes, se rejoint pour un autre monde.
Il reste à définir cet autre monde qui s'ouvre devant nous, et à éviter la référence à l'ancien, y compris dans le "contre quelque chose". Et là, c'est affaire d'être un peu créatif dans nos manières de voir et d'agir.
Cela dit, je pense bien amicalement à toi, et me réjouis d'échanger à nouveau !
Gorge : Ces temps en effet, nous sommes de plus en plus en proie aux pressions psychologiques que nous font subir tous les détractés de la Terre, depuis les spéculateurs, les promoteurs immobiliers, les moralistes libéraux, les élitistes san-dos, jusqu'au tyrans locaux qui ne peuvent vivre sans engueuler l'autre et autres harceleurs de tout calibre. J'essaie, avec mes tous-petits moyens, d'y faire face et cela me navre lorsque je constate le psychisme défaillant d'un de mes amis. Mais comme mes épaules sont quand même assez larges, pour le moment je tiens le coup et j'essaie d'apporter à ces amis accablés les ressources nécessaires pour affronter ces problèmes et je fais cela pour ne pas être démoli à mon tour. J'écoute les gens peut être trop mais ces temps trop ce n'est encore pas assez lorsque les difficultés sont trop prenantes. Et malgré ton état, tu peux compter sur moi pour te comprendre et ne pas juger !
Mais de grâce, avant de sombrer dans des perceptions paranoïaques, écoutes donc deux fois, même trois fois et mieux dix fois ce qu'on te dit pour être sûr que tu ne mesinterprètes pas le message qu'on essaie de t'envoyer et que tu le prends pour des critiques morales de tes comportements qu'au fond de toi tu dois sûrement ressentir comme étant des mauvaises intentions à ton égard.
En ce qui me concerne, il ne s'agit pas de trouver ce qui est juste ou pas, bien ou pas, négatif ou pas, ni d'imposer des mesures ou des façon d'agir, ou de l'éthique, ou de faire attention mais de voir, connaître, comprendre, se rendre compte ce qui se passe en nous, quelles sont nos émotions et comment elles nous mènent par le bout du nez. Il s'agit de comprendre ce qui nous arrive, dans quel état nous errons, qu'est-ce qui se passe dans nos têtes et dans notre psychisme.
Il s'agit de faire les synthèses de nos réactions, comprendre les origines de nos troubles intérieurs et comment cela se fait-il que nous sommes ce que nous sommes !
Je ne te demande pas de t'autoflageller, ni de te culpabiliser, ni de te chercher des fautes, des manquements, ni de m'abreuver d'excuses, de justifications, d'explications, ni de faire attention à ne pas faire ceci ou cela, mais simplement que tu puisses comprendre ton agressivité et ta violence, se voir tel qu'on est et de l'exprimer avec toute ton intelligence, ta capacité de compréhension, en usant de tes talents d'écrivain en pondant de belles phrases qui coulent comme la rivière de Siddhârta, qui sonnent comme l'aube, qui chantent comme un oiseau sur une branche !
Pristoche : En ce qui concerne l'agressivité, heu... Tu connais, ou peu, ma fidélité à la psychanalyse: elle me rend assez pessimiste sur notre faculté de faire triompher l'instinct de vie par rapport au thanatos, mais... Chacun a la possibilité, pour reprendre les termes mêmes de Fromm, de devenir un biophile plutôt qu'un nécrophile.
À cet égard, il serait intéressant d'analyser à quel point l'extrême-droite est dans l'amour de la chose morte et non l'amour de la vie (de l'homme): c'est pourquoi ils m'ont toujours fait bondir et paru très, très dangereux. Ils ont rempli d'agressivité notre beau pays, pour ne parler que de la Suisse, car aucun pays n'a été épargné (Hollande, Autriche, France, Belgique...) et du moment qu'on dépeint autrui comme étant celui qui est à abattre ou qui vient vous prendre votre pain, on entre dans ta fameuse vision binaire, où nous ne sommes pas tous des petits porteurs de vie, mais où moi seul ai raison et l'autre a tort... Ce qui semble être la psychologie même du fascisant, savoir que lui et son petit monde sont tout, et l'extérieur est intrus. D'où le fait que je me suis souvent demandé si le harceleur n'était pas à la base un individu très, très fermé sur la différence - parce que sinon...
Alors pour te dire...
... Je n'avais et n'ai pas de goût complaisant pour l'auto-flagellation, mais cela m'aurait juste fait très mal d'avoir blessé, ou heurté, ou offensé, ou fait souffrir en quelque manière un ami.
Merci de m'inciter à être - plutôt qu'être violent. Et à être plutôt qu'être peur.
C'est juste, comment dire? Que je suis en effet enclin à la culpabilité, en ce sens que je ne peux jamais me pardonner d'avoir heurté quelqu'un. J'ai pas mal travaillé sur moi pour respecter le territoire d'autrui et (tenter de) résorber mes projections, mais...
... À la lecture de Jung, j'ai dû constater que l'homme qui résorbe toutes ses projections est un idéal qui ne serait pas humain, et qui semble impossible à atteindre !
Cela dit, si j'ai pu en quoi que ce soit, on va dire ainsi: te causer des avaries psychiques (car le psychisme est une matière aussi, même si en disant cela je ne sais ce que je dis très bien), eh bien veuille croire que j'en suis tout navré, car cela m'est souvent arrivé, et je dois dire que dans ce cas, ce n'est jamais facile de se réparer.
Gorge : Nous devons sortir de cette vision binaire du monde, de cette tendance à juger, de cette perception dichotomique héritée de ce Calvin malheureux qui a obligé toute une ville à penser comme lui, de condamner les comportements non-conformistes comme il l'a fait, de poser l'existence en termes de bien ou mal, de positif ou négatif !
Mais comment faire si toute notre éducation, tout notre dressage a été fait selon des règles morales qui condamnent, qui inhibent, qui formatent et contre lesquelles nous ne pouvons objecter sous peine d'être excommuniés, pendus, autodafés, marqués de noir !!??
Pristoche : Alors là, tu as grandement raison !
Pour te dire, je n'ai jamais beaucoup aimé Calvin (!!!)
C'est d'ailleurs ce côté sombre en lui, ces relents de chasse aux sorcières chez Calvin, ces côtés de castration et de négation du corps, de honte, etc. qui m'ont jeté dans les bras du catholicisme social, qui, bien sûr, est moins socialement pur que la vraie démocratie sociale, qui ne s'encombre plus de l'allégeance à une autorité divine. Mais sans donner à Dieu de l'autorité, on peut lui conférer de la sagesse et essayer de vivre avec le monde, quitte à l'appeler Dieu, ou autrui, ou la nature, peu importe - mais vivre comme ces fachos aux yeux clos, c'est se condamner à ne pas s'ouvrir. Toute altérité est bénie en ce sens que la vie... N'est faite que d'altérités !
Ce que je n'ai jamais aimé alors chez Calvin, c'est sa volonté de vouloir régir toute la vie des Genevois, et plus encore son contrôle sur la sexualité des Genevois (mais non! mais non! et: non mais?), et ce dressage dont je ne vois pas le rapport avec l'Evangile, car Jésus a couché avec Marie-Madeleine, il ne l'a pas blâmée pour on ne sait quel péché de luxure, Jésus était amour - mais Calvin, était-il amour ?
Oui, excommunier, c'est comme mobber, c'est de nouveau être soi la vérité et voir le monde et autrui comme une menace et un monde de ténèbres. Au contraire nous avons demeure en autrui, et nous avons maison en lui: pourquoi alors excommunier ?
Et je suis d'accord avec toi: inhiber, c'est comme formater (le capitalisme) et c'est comme brûler (toute forme ancienne et récente de contrôle).
Car qui est le mal? Est-ce que le mal qu'on voit chez l'autre, je vais encore être jungien, n'est pas notre propre mal projeté sur lui ?
Gorge : Il est intéressant de voir combien nous sommes encore sous la coupe de cette éducation à l'autorité en lisant entre les lignes de nos textes car à chaque phrase, nous voyons en filigrane toutes les tendances psychiques léguées par cette doctrine où des certains sont certains de détenir la vérité, d'être dans un bon droit et par là, se permettent d'ordonner les autres, les soumettre à un ordre morale où notre seul devoir serait l'obéissance servile, la soumission obséquieuse, la marche en avant programmée...
Pristoche : Parfaitement d'accord !
Et il faut connecter des rouges avec des bleus, et des câbles verts avec des rouges, et sortir de ces schémas tout faits qui nous ont bien conditionnés. Et ne pas les reproduire dans notre créativité. Et ne pas avoir peur de cette créativité, mais l'exprimer hors de nous et l'offrir !
Gorge : Si déjà dans nos propres vies nous nous efforçons de voir et de comprendre comment se propage le totalitarisme, ce serait déjà une avancée certaine...!!!
Pristoche : Oh oui! Combien tu as raison! Et de déjouer les pièges du surmoi primitif, pour laisser éclater la nature - et non pas l'agressivité... mais le désir. Car l'agressivité naturelle à laquelle répond la répression fait le jeu de cet ancien monde que tu dénonces si justement. La rupture...
Je termine par une petite phrase de notre ami Barthes qui m'a toujours plu: «Aujourd'hui, le génie, c'est de gagner du temps: c'est de faire à huit ans ce qu'on peut faire à cinquante ans.»
Gorge : Voici encore quelques perles (si on ose dire !)
La fin des temps est proche !
- Guy Mettan, ci-devant député démocrate-chrétien, et Pascal Décaillet, animateur talentueux de grandes surfaces et des ondes radiophoniques, vont faire lire la Bible «de la Genèse à l'Apocalypse» à l'occasion du festival 2010 de philosophie.
Et en 2011, ils marcheront sur l'eau à travers la rade ?
Le derrière des choses
- «C'est comme la Belle au Bois Dormant, il faut aller voir ce qu'il y a derrière», a lancé le député libéral Renaud Gautier, vendredi en plénière du Grand Conseil. La législature touche à sa fin, les députés libéralent.
(PBH)
Pourvu surtout que le libéralisme touche à sa fin !
Après, et alors, tous les espoirs seront permis.
Pristoche : "Permis d'espérer" n'est pas "interdit d'interdire" et encore moins "permis de tuer", la seule chose qu'on ait fait jusqu'ici.
Faisons la paix, pas le marché !
Je t'avouerai que mis à part Neyrinck, que j'estime hautement, les démocrates-chrétiens m'ont toujours paru trop libéraux...
Je pense que l'on revient toujours à la communauté, et alors l'individualisme, il peut aller se faire cuire un oeuf !
Sur ce, je t'embrasse, laissant tout grand ouvert l'espace de l'altérité et de la manifestation... Libre !
Gorge : Voici ce que j'ai lu dans le journal de la gauche républicaine «ReSPUBLICA» :
L'agonie des libéraux et des sociaux libéraux nous impose de réussir maintenant !
Toutes les espèces vivantes finissent par disparaître un jour ou l'autre. Il en va de même pour les groupes partisans idéologiques. Or le climat, c'est-à-dire les faits matériels incontournables, a changé et les dinosaures de la dérégulation néoconservatrice sont en passe d'agoniser. Parfois, ces ultimes moments peuvent durer un temps certain, bien trop long de notre point de vue.
Deux événements marquent l'issue fatale de ces thèses libérales qui dirigeaient la planète : d'une part, l'abandon du plan Paulson... par Paulson himself ; et d'autre part, l'impossible liquidation judiciaire de la faillite de Lehman Brothers.
Sur le premier point, rappelons rapidement l'idée de Paulson qui vient d'être abandonnée. Il s'agissait d'ouvrir un grand sac, d'y entasser les créances pourries et de jeter le tout à la mer, et tout cela pour 750 milliards de dollars. Or, quelle est la première question qu'auraient dû se poser les politiques américains qui ont finalement voté ce plan : à combien s'élèvent ces créances pourries? Peu médiatisé, et pour cause, Le Figaro Eco fut le seul à signaler que les experts avançaient le chiffre pharaonique de 45'000 milliards de dollars. Les pauvres 750 milliards de Paulson ne représentant que 1,5% de cette somme rondelette, son plan était évidemment impossible à mettre en place. On se contenta de recapitaliser les banques avec les fonds publics, pour un peu plus de 2'000 milliards de dollars pour l'Amérique du nord et l'Europe. Cette entreprise de soutien d'urgence ne fait pas disparaître pour autant le cancer virulent de la dette monstrueuse. Bref, nous sommes dans la situation du chirurgien qui, après une petite incision, décide finalement de ne pas opérer son patient et lui propose à son réveil de changer de pyjama.
Cette monstruosité de la dette bancaire apparaît visiblement dans la faillite de Lehman Brothers et son impossible liquidation. Rappelons les faits. Après le dépôt de bilan de cette institution financière, son patron estima le trou financier à 680 milliards de dollars. Certains experts ont même évoqué 1'000 ou 1'500 milliards. Comment donc une banque présentant des bilans positifs d'année en année - qui justifiaient des bonus pour le staff de direction chiffrables en centaines de millions - pouvait-elle creuser un gouffre pareil en 9 mois, de janvier 2008 à mi-septembre de la même année? Rappelons que l'exposition de cette banque aux "subprimes" immobilières n'était que de 20 ou 30 milliards. D'où vient le reste? Justement, de nulle part ou plutôt d'un maquillage des comptes réalisé depuis des années et des années. Pardon, et restons politiquement corrects, il ne s'agit pas de faux bilans comme pour le scandale du Sentier mais d'une "comptabilité surréaliste" comme disent les économistes bien pensants. Ainsi donc, la vérité éclate au grand jour : il ne s'agissait que d'une vulgaire "cavalerie" mais à l'échelle de la planète. Il y a fort à parier que la liquidation de Lehman dure des années. Pour preuve, on prépare l'opinion, en particulier aux Etats-Unis, en expliquant que cette phase sera vraiment très, très, très compliquée.
Ainsi la messe est dite. Il est impossible de rafistoler le système : il faut en changer, avant qu'il ne s'écroule pour de bon. Ces faits d'une gravité extrême induisent les nouveaux comportements politiques des pays occidentaux et, en particulier, des équipes aux affaires. Il faut donc sauver les meubles. En attendant la nouvelle administration Obama, les pays développés changent leurs idéologies d'épaule. Le dirigisme économique reprend force et vigueur et, telle une armée en déroute, l'on se dépouille à la va-vite de son uniforme libéral et néo conservateur pour revêtir celui plus seyant de l'interventionnisme du type "new deal". Dans des pays à forte culture politique étatique comme le nôtre, ce phénomène va se traduire par ce que nous appellerons une sorte de gestion autoritaire transitoire de l'économie et des finances.
Oui, "les faits sont têtus" et la nécessité de rétablir l'ordre dans le monde de la finance impose une chasse aux libéraux. Mais ne nous inquiétons pas outre mesure pour ces ex-amoureux du libre-échange car ils peuvent expier et se convertir dans la minute au dirigisme qu'ils ont tant dénoncé tout au long de leurs carrières.
Un Etat autoritaire sur le plan de l'économie va donc siffler la fin de la récréation financière. Les outrances du pillage systématique dont le butin est stocké dans les paradis fiscaux risquent sinon de prendre fin du moins d'être plus modestes.
Il n'y a donc plus de place pour les défenseurs de l'ordre ancien, cette nouvelle donne est bien sûr une catastrophe pour les plus rigides intellectuellement, c'est-à-dire pour les "socialistes" qui avaient fait allégeance à l'ordre - ou au désordre - libéral en l'inscrivant studieusement en lettres d'or dans le statut de leur parti. A contre sens de l'autoroute de l'histoire, ils vantaient le libre marché au moment même où cette fiction se désagrégeait sous nos yeux. La crise révélée par l'ubuesque congrès de Reims n'en est que la conséquence. Les socio-libéraux psycho rigides entrent en crise car le social libéralisme n'a plus sa place comme roue de secours de la société financière. Ils sont tout simplement rayés du casting.
Pour nous, militants de la République Sociale un espace politique immense se dégage car nous sommes à même de comprendre la réalité, de soutenir ou de contester les mesures d'urgence qui vont être prises par l'État. C'est la raison fondamentale de notre soutien à la démarche du sénateur Mélenchon et du député Dolez qui vise à la constitution d'une force politique autonome, le "Parti de Gauche". Oui, c'est le moment, oui nous pouvons réussir, oui nous pouvons changer l'ordre de domination. Faut-il encore que ce parti nouveau, loin des attitudes sectaires et des pratiques du 19ème et du 20ème siècle, soit vraiment moderne, démocratique, laissant la place à l'autonomie de pensée des différents courants des socialistes républicains. En un mot, il faudra pour réussir changer de comportement pour faire vivre l'espoir militant et ne pas retomber dans les chicaneries du passé.
La route est enfin ouverte, à nous de progresser !édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org
Gorge : Enfin les événements se précipitent et le système approche inexorablement vers sa fin probable, tellement ce système est en contradiction avec le sens même de la vie participative, sociale et mentale. Même si ces événements ne sont que la conséquence normale d'une mentalité de rapine, d'acquisition matérialiste et de pouvoir discrétionnaire, il reste quand même pour nous les idéalistes humanistes conscients et désabusés, le signe évident que quelque chose se passe et qu'il y aura bientôt d'énormes changements dont nous aurons intérêt à suivre de près, très près !
Pristoche : Eh bien oui, c'est tout à fait merveilleux: cette crise amène une mise en lumière de ce que rien ne s'était passé de durable dans cette prétendue fin de l'histoire dont se gaussait Fukuyama, et elle nous dit que la carence de projet n'est pas une domination dictatoriale ou totalitaire inexorable mais bien une errance passagère, qu'on ne saurait dire collective, mais...
De masse, à l'échelle des masses, sans doute.
Est-ce que la police du commerce a fini de t'embêter et est allé voir là-bas si nous y étions ?
Ceux-là... Laissons-les.
On dirait bien qu'il y a quelque chose comme une très grande fin et un très grand commencement.
Une rupture historique.
Gorge : Il sera bientôt là le temps du changement annoncé depuis les années 1960 mais tellement récupéré par ces comploteurs néolibéraux qui en ont fait leur source de profit scandaleux. La preuve : les créances pourries pharaoniques se chiffre à 45'000 milliards de dollars !!
Pristoche : Si tu pouvais avoir raison !
Je pense que tu as raison...
Il n'y a plus personne qui pourra détourner les faits, en tout cas.
Et ils sont si puissants et si inexorables. Ils vont amener un peu plus d'égalité, je m'en réjouis !
Gorge : En lisant entre les lignes, on se rend compte que le temps des dinosaures industriels et financiers arrive à sa fin et que nous, les exclus, les bannis, les maltraités, nous aurons bientôt une place à prendre, pour autant que nous puissions percevoir les contours de ce changement, qui n'est surtout pas celui des politiciens engoncés dans leurs certitudes oppressantes !!!
Epoustouflant, n'est-ce pas et la question maintenant est : comment poursuivre ?????
Pristoche : Parfaitement époustouflant, Gorge !
Sans remède, et impossible d'y appliquer des remèdes déjà connus.
C'est hors d'échelle !
Mais une faillite hors d'échelle...
Est quelque chose qu'aucun mot ne peut dire, ni aucun remède redresser.
Merci beaucoup de ce bel article, cher Gorge, et gardons le feu sacré de la lutte pour l'égalité des droits et des conditions de vie !
Comment poursuivre ?
Nous sommes justement face à la disparition des entraves inégalitaires du libre-échange, et en parfaite roue libre pour aller dans le vent de cette parfaite liberté. Il n'y a plus de fatalité: seulement la liberté individuelle qui doit fonder un nouveau contrat social collectif, et un trait d'union qu'il faut trouver entre les deux dimensions, sans que l'une soit sacrifiée pour l'autre.
La solidarité va-t-elle renaître ?
Francis Fukuyama né le 27 octobre 1952, à Chicago, est un philosophe, économiste et chercheur en sciences politiques américain d'origine japonaise :
«Wikipédia» Idées politiques
«Le Monde.fr» La chute d'America, Inc
«Libre Echange» La fin de l'Histoire
«La République des Lettres» La Fin de l'homme
le 27 Novembre 2008
Quelques commentaires récoltés par ci et par là et qui montrent l'état dans lequel on nage :
Gaza: 12 règles pour décrire le conflit12 règles infaillibles pour publier des nouvelles en provenance du Proche Orient dans les médias
- Au Proche Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël que se défend. Cette défense s’appelle «représailles».
- Ni les Arabes, ni les Palestiniens, ni les Libanais n’ont le droit de tuer des civils. On appelle cela du «terrorisme».
- Israël a le droit de tuer des civils. Cela s’appelle de la «légitime défense».
- Lorsque Israël tue des civils en masse, les puissances occidentales demandent qu’il le fasse avec plus de retenue. Cela s’appelle «réactions de la communauté internationale».
- Ni les Palestiniens ni les Libanais n’ont le droit de capturer des soldats israéliens à l’intérieur d’installations militaires équipées de sentinelles et de postes de combat. Il faut appeler cela «séquestration de personnes sans défense».
- Israël a le droit de séquestrer, à n’importe quelle heure et n’importe où, autant de Palestiniens et de Libanais qu’il lui plaira. Le chiffre actuel tourne autour de dix mille, parmi lesquels 300 sont des enfants et mille sont des femmes. Il n’est pas nécessaire de fournir la moindre preuve de culpabilité. Israël a le droit de garder en détention indéfiniment des prisonniers, même si ceux-ci sont des personnalités démocratiquement élues par les Palestiniens. On appelle cela «emprisonnement de terroristes».
- Quand on mentionne le mot "Hezbollah", il est obligatoire d’ajouter dans la même phrase : «soutenu et financé par la Syrie et par l’Iran».
- Quand on mentionne «Israël», il est catégoriquement interdit d’ajouter : «soutenu et financé par les Etats-Unis». Cela pourrait donner l’impression que le conflit est inégal et que l’existence d’Israël ne court aucun danger.
- Dans les informations concernant Israël, il faut toujours éviter qu’apparaissent les locutions suivantes : «Territoires occupés», «Résolutions de l’ONU», «Violations des Droits de l’Homme» et «Convention de Genève».
- Les Palestiniens, comme les Libanais, sont toujours des «lâches» qui se cachent au milieu d’une population civile qui ne les aime pas. S’ils dorment chez eux, avec leur famille, cela porte un nom : «lâcheté». Israël a le droit d’anéantir, avec des bombes et des missiles, les quartiers où ils dorment. Cela s’appelle : «des frappes chirurgicales de haute précision».
- Les Israéliens parlent mieux l’anglais, le français, l’espagnol ou le portugais que les Arabes. C’est pourquoi ils méritent d’être interviewés plus souvent et, donc, d’avoir plus souvent que les Arabes l’occasion d’expliquer, au grand public, les règles ci-dessus pour la rédaction des nouvelles (règles 1 à 10). On appelle cela «la neutralité journalistique».
- Toutes les personnes qui ne sont pas d’accord avec les susdites Règles sont, et il faut que cela se sache, des «terroristes antisémites hautement dangereux».
Texte de Bernard Langlois, publié dans Politis
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Pristoche : Bonne année à la personne unique et engagée comme aucun que tu es, bonne année à tous tes combats, qu'ils avancent du moins ce qu'on peut raisonnablement leur souhaiter !
Que la fraternité inonde ton année, et que l'humain aie le dernier mot !
Un voeu tout de même aussi à nos petits amis les réfugiés, qui une fois intégrés donneront une Suisse une complétude véritable, en fera enfin un peuple où chaque citoyen est chez lui, où l'égalité démocratique sera l'acquis le plus beau d'un pays qui attend l'humain.
Gorge : Peut être que je m'engage comme je le fais dans ces combats pour ne pas devenir fou, fou de douleur au vu des abominations que les uns font subir aux autres! Peut être qu'en investissant toute mon énergie dans ces causes, je me soulage de l'angoisse que me procurent tous ces événements terribles qui secouent notre monde. Peut être qu'en manifestant dans la rue, je transcende le désespoir qui m'envahit, l'impuissance qui me ronge, la colère qui me submerge, la folie qui guette !
Pristoche : Je trouve que ce que tu dis est si beau, que cela m'a si ému, que ce que tu dis sonne juste autant comme credo que comme déclaration d'engagement, je l'ai immédiatement collé à mon mur juste en-dessous d'une autre citation de Recordon, sur la douleur du cri et le réconfort qu'il trouvait dans son combat.
Ce que je trouve beau, Gorge, c'est que tant que tu auras la force de dire ta colère et ton engagement, tu resteras triomphant! Ce n'est pas de notre faute si les forces qui dominent sont du côté de la bêtise conservatrice, aventureusement droitière et irresponsable de notre temps! Pour quelle durée encore? L'Amérique vient de faire son choix, et il est le bon.
Ce que je déplore avec toi, c'est que le système actuel n'a plus aucune, mais plus moindre humanité. On contrôle et on exploite les gens, mais en aucun cas on ne crée d'espace de fraternité et d'accueil. Nous sommes arrivés grâce à la droite à une société totalement antihumaine, totalement égoïste, et en plus incapable de fonder de grandes choses! Il faut donc que sur le plan électoral, la droite paie. Pourvu que le SPD renverse la chancelière Angela Merkel cet automne! Assez de dérive fanatique, assez de court-circuitage du vrai débat démocratique! Les députés français ont bien fait comprendre qu'ils ne voulaient pas du musellement et ils ont raison !
La dureté de l'homme, voilà ce qu'il faut poursuivre.
Tant qu'il y aura aussi peu d'aménité de la part des hommes les uns envers les autres, mais où ira-t-on? C'est trop facile de se blinder contre la douleur des plus humbles. Trop facile de tirer sur les plus démunis comme le fait Israël. Trop simple. C'est l'homme qui est méchant et mauvais: il ne peut que s'en prendre à son manque de coeur. Un jour viendra où il faudra comprendre que l'homme vit avec l'attention à autrui. Un jour viendra où il faudra que le prochain soit quelque chose, pas simplement celui qu'on peut exploiter à merci. Là, la gauche a toujours eu une longueur d'avance, et elle est la bonne conséquence politique du christianisme. Notre prochain a les mêmes droits que nous: point barre !
Gorge : Chaque jour depuis le 27 décembre 2008 je lutte sur tous les fronts pour que cessent ces guerres ignobles menées contre un peuple, contre des gens qui du fond d'eux-mêmes, luttent pour leur survie, leur existence, leur droit à la vie et à un pays. J'ai discuté avec des Israéliens qui n'ont aucune pitié, aucun état d'âme, aucune analyse impartiale de la situation, et qui cherchent par tous les moyens à accuser les autres pour justifier des exactions hors normes, totalement inhumaines.
Pristoche : Je renonce à comprendre ces gens-là. Pour eux, tirer avec de gros moyens sur des civils, c'est une guerre juste et justifiable? Ils sont juste intoxiqués par la haine, c'est tout, et ils sont empoisonnés par la violence.
N'oublions pas qu'il y a eu 300 enfants tués !
Voici deux ans, ces mêmes fous de Livni et Olmert tuaient bien des enfants dans un raid sur un village libanais. C'est donc la troisième armée du monde qui tue des innocents? La preuve de leur courage est donc là ?
Gorge : J'ai arpenté les rues de Berne, de Genève, de Lausanne criant ma sympathie pour les victimes et ma rage contre ceux qui peuvent en toute impunité envoyer des million de tonnes d'explosifs à la gueule de gens qui ne demandaient rien d'autre que de vivre dans leurs maisons, de travailler dans leurs commerces et ateliers, et d'entretenir de bonnes relations avec leurs voisins, juifs ou arabes, chrétiens ou musulmans, noirs ou blancs...
Pristoche : C'est cela! Ils n'ont rien fait, et comme le disait un diplomate palestinien, Israël a appliqué une punition collective. Exactement comme ce qu'a fait le triste parti suisse dont nous avons (trop) souvent parlé, je dis trop parce qu'il ne le mérite pas, et que son engloutissement sera salutaire. Et imminent, car ils ont déjà perdu pour le 8 février - sinon, ce sera une crise marrante. Mon ami Dario a aussi eu cette pensée.
Gorge : Et quant à nous et nos petits amis les réfugiés, mais quelle honte cette Widmer-Schtroumpf qui va durcir la loi sur l'asile qui pour contrer les réfugiés va interdire la venue chez nous des déserteurs qui refusent de faire leur service militaire et aller tuer leurs frères considérés comme terroristes, qui ne va plus permettre aux demandeurs d'asile de déposer leurs demandes dans les ambassades, qui va instaurer seulement trois passages obligatoires pour déposer les demandes d'asile. Oui, honte à nous peuple suisse engoncé dans des certitudes si étriquées qu'on ne pourra que mourir d'étouffement, honte à nous qui ne nous levons pas comme un seul homme pour empêcher cela, honte à nous de laisser faire et même, à trouver cela "bon".
Pristoche : Je dois t'avouer qu'au Conseil fédéral, il y a deux sièges qui devraient être, non pas UDC, mais un au PS et un aux Verts! Cette Widmer-Schlumpf me paraît au fond une catastrophe de l'ordre du moins pire qu'on peut trouver à l'udéssé, et le moins pire, c'est effectivement cela... Il faudrait vraiment qu'ils ne soient plus présents !
Comme ce pays respirerait un air pur !
Et en effet, comme cette fatuité des Suisses est lamentable! Comme j'exprime tes convictions sociales sur un registre chrétien, au fond pour dire la même chose que tu penses, je dirais: que ce peu de souci du prochain est lamentable, mais même exagéré !
Et puis toutes les idées de cette idiote, excuse ma sincérité, mais à quoi vont-elles servir? Il faut une fois laisser une fois pour toutes les gens qui fuient la misère s'installer là où il espèrent un foyer, et une fois pour toutes en finir avec le racisme helvétique! Même l'Amérique n'est pas ainsi. Quel petit pays suffisant ( "petit pays pas intéressant", dit mon avocat Christian Bacon qui est en effet un grand ami de Recordon ).
Toujours est-il que déjà, les lois de Blocher c'était trop, alors aller plus loin dans ce sens, c'est de la pure et simple folie, mon cher Gorge !
Je ne vois pas ce qu'il y a de bon en Widmer-Schlumpf. On se contente de peu, comme avec Maurer! Si aussi peu nous suffit, alors c'est de la démocratie au rabais.
Et pour redire ce que tu m'avais dit une fois sur la Place Saint François, la Suisse s'est construite, vraiment construite en faisant venir une multiculturalité.
Ce serait avoir un tant soit peu de coeur que de recevoir d'autres Sud-Américains, d'autres Européens, et de se prononcer intelligemment sur les flux des années 2000 (Africains et Asiatiques en majorité), mais toujours dans le respect des droits de l'homme et avec des visions subtiles.
Mais la Suisse, qui a une faible identité par elle, s'enrichit de tous ces étrangers qui viennent chez nous, c'est merveilleux de les avoir parmi nous et de construire un pays plus ouvert! Alors basta avec cette méfiance! Basta avec ces humiliations bureaucratiques qui tiennent du petit sadisme !
Si la Widmer-Schlumpf veut mettre son doit dans l'anus de tout le monde, elle n'a pas besoin d'aller au Conseil fédéral pour satisfaire de si basses pulsions! Elle peut mettre son doigt dans le sien et puis c'est fini! Cela me paraît plus modeste.
Ne t'en fais pas !
Le peuple suisse me fait tout aussi honte. Je ne sais plus qu'en dire, il est trop engoncé dans son confort et son déni pour voir clair.
Et le peuple suisse voit chez ses "étrangers" et son "Europe" tous les dangers qui viennent de lui et de lui seul !
Gorge : Je suis vraiment dégoûté par ce peuple qui se croit au-dessus des autres car se pensant saint, morale, juste et bon. C'est parfaitement rétrograde et notre époque nous ramène aux années de plomb "durci", aux années noires de notre histoire. C'est comme si nous n'avons rien appris, rien compris, rien évolué et on ose venir tenir des discours sur ce qui est bien ou mal, sur ce qui convient à faire ou à ne pas faire, sur ce qu'on doit être ou pas être et, suprême ironie, on vient accuser la jeunesse d'être décadente parce qu'elle suivrait sans questionnement les injonctions de cette société de consommer pour faire marcher l'économie en se livrant à des pratiques sexuelles pipées.
Pristoche : Parfaitement d'accord! Depuis que Blocher est là, nous désapprenons jour après jour le sens civique et la Suisse recule sur tous les plans, nous prenons jour après jour une mauvaise route, et même si Levrat disait le 9 décembre que c'était heureux qu'il ne soit plus là, cela ne suffit toujours pas! Il faut que son parti disparaisse corps et bien et meure en vérité, et que son électorat vote Verts, gauche et vote centre. Mais la Suisse est bien statique et bien stagnante! Elle sent le renfermé, mais elle sent bien les eaux qui stagnent. Et puis, la stigmatisation des minorités montre bien un chaos général d'une grande importance, vraiment! Un considérable chaos qu'on refuse de voir.
Gorge :Quant à "attendre l'humain" ou l'égalité démocratique, comment espérer pareilles choses en ces circonstances ?
Pristoche : Heu, Gorge...
Comment ne pas être d'accord avec toi ?
Il faut de l'espérance pour vivre, voilà tout !
Mais même si l'égalité démocratique est une idée, elle doit advenir pour gouverner la barbarie actuelle.
Je me refuse à ne pas espérer, même si j'aimerais bien que cela vienne plus vite !
Eh bien je vais te répondre sincèrement: j'ai souvent aussi ce sentiment-là.
Est-ce que cela vient des Suisses qui sont si fermés? Ou bien de la dureté de l'époque ?
Je trouve qu'on ne pardonne rien aux mêmes, quitte à me répéter.
Au fond, il n'y a d' "étranger" que pour ceux qui ne savent pas aimer les autres, voilà !
Pristoche : Je suis heureux de voir imploser cette horrible droite qui a mis tant de violence dans notre pays. Il est temps pour une Suisse humaine, multiculturelle, égalitaire, une Suisse qui se souvienne d’être citoyenne du monde! Je suis certain que le soufflé fascisant retombant, à mesure la Suisse retrouvera son humanité. Ou bien alors c’est un voeu qui ne sera pas entendu. Mais je le fais quand même.
Je reste toujours sur l’idée de créer un "think tank" pour faire naître une nouvelle proposition juridique sur l’asile et les étrangers, comme ces plans pour la Palestine qui ont fleuri, et sont toujours en attente d’une réalité plus clémente.
En voyant l’immensité de la ruine du système et de la détresse sociale, je me dis: c’est le moment que toute l'Europe bascule à gauche. En sommes-nous loin ?
Drôle d’époque que ces premiers mois de l’année. Là, on dirait que le printemps s’approche. Est-ce qu’un temps de grèves va succéder à un temps de résistance ?
Je partage tes vues sur le fait que l’homme doit surmonter sa violence pour que le monde aille mieux. Je voudrais tant que le monde soit plus pacifique !
Gorge : Cette année qui a démarré sur les chapeaux de roues, nous laisse un peu pantois tellement la cascade d’événements se précipite et nous ne laisse aucun moment de répit pour souffler et se reprendre.
Mais je pense que c’est fait exprès pour que les braves gens comme nous se fatiguent vite et cessent d’importuner tous ces "leaders" qui peuvent ainsi diriger en paix et, surtout, sans contestation et opposition. Que ces "leaders" soient de gauche ou de droite n’a plus aucune importance car tous promeuvent cette société de consommation qui se consomme à grand feu et mène ses protagonistes à la déchéance certaine. La gauche a complètement trahit ses objectifs de justice sociale pour lui substituer un avatar de comportement normatif contraint et impératif, faux-semblant de justice tellement élitiste que seuls peuvent réussir une poignée d’êtres contrits et pachydermiques dans leur lourdeur de casseurs de porcelaine !
Pristoche : Ce que tu dis me fait grandement plaisir! Je suis toujours en train de me remettre des choses de l’an dernier, mais au moins ai-je un peu de temps pour la musique, la lecture et l’écriture.
Plaisir de voir aussi que tu crois au moins à la décrépitude de ce fichu système de consommation! Au moins du capitalisme financier, mais ça ne suffit pas: il faut la chute du capitalisme tout entier. Du capitalisme-consumérisme. Comment continuer ainsi? C’est-à-dire, les pieds dans le néant, et sans aucune passion humaine ?
Sans aucune passion politique non plus, car sans civisme aucun. Sans passion spirituelle, c’est certain. Pourquoi n’y a-t-il pas le feu de la révolte, de ce cri que Malraux avait si bien su désigner par son "seul l’esclave dit oui"? Les gens seraient-ils contents de leur esclavage et de cette dégradation ?
Ne laissons pas ces leaders en paix! J’avais écrit en 2006 un texte appelé "méphisto néolibéral helvétique" qui met en scène un Vasella complètement imaginé et rebaptisé; j’aimerais bien qu’il soit lu, ce serait une attaque indirecte efficace. Ces leaders sont une partie du vrai problème: il faut s’en prendre à eux directement. Même leur jeter des pierres ou bien leur intenter des procès, mais de toute façon les désigner. Ils sont atteignables. Ils sont des humains comme nous. Leur mégalomanie ne doit point nous arrêter dans la colère. Et notre colère est bien timide! Est-ce que de mettre des sucreries fictives dans la bouche des gens est un moyen de les faire taire?
Je me dis qu’en d’autres époques, il y avait de grands hommes, qui savaient épouser de grandes révoltes. Ils s’étaient aussi révoltés contre la mort, mais au moins ils agissaient.
Sur le fait que la gauche a trahi, je pense que tu as malheureusement raison, elle n’a en tout cas pas suivi la solidarité et l’esprit égalitaire et a épousé le consumérisme. En tout cas, la gauche devrait davantage se donner des moyens d’action. Il faut en faire la critique: elle ne va pas au bout d’elle-même !
Gorge : La réalité a cessé d’être claire depuis que nous sommes à la merci des besoins de consommation car tout lui est subsidiaire, tout est fait en son nom, tout tourne autour de propositions démentes où seules quelques personnes dûment autorisées peuvent y trouver ses assises. Nous n’y sommes pas conviés car nous sommes trop cassés par la logique du système, trop imbriqués dans les travers de nos déchéances psychologiques, trop en prise avec les contradictions ostentatoires qui sont présentées comme d’autant de signes d’une liberté frelatée et orientée vers la satisfaction matérialiste de besoins forgés de toutes pièces qui laissent trop de gens dans une frustration coupable et criminalisée.
Pristoche :Mais si nous n’y sommes pas conviés, cela ne signifie-t-il pas que le système alors n’existe pas ?
Ce n’est du reste qu’un système.
Peut-être que... La vie est plus forte.
Gorge : Allé laissons là ces digressions satyriques et contemplons un monde où des gens comme nous auront enfin droit de cité et jouissance de la passion !
Pristoche : Au fond, est-ce vraiment émotionnel ?
Je ne lis sous ta plume que des déchaînements intellectuels !
Pas une once de sentimentalité dans tes réparties satyriques !
Ce n’est que manière de dire !
À quand des prochains déchaînements libérateurs !
Gardons l’énergie de la révolution et de la foi dans la révolte !
Ne courbons pas l’échine !
Gorge : Décidément la vie est trop injuste !
En effet, pour une fois que j’ai réussi à pondre un texte D’UN SEUL TRAIT pris d’UNE GRANDE ÉMOTION, voilà-t-il pas que je suis accusé de faire dans le déchaînement intellectuel sans une once de sentimentalité !
J’étais fière de ce texte, et content de moi, je te l’ai envoyé pensant t’impressionner par mes choix de mots, tournures marquées au vitriole, véritable ouragan émotionnel saisissant de précision. Et toi, tu viens tout casser me laissant pantois, le regard embrumé...
Bon à part le fait que je me méfie grandement de la sentimentalité parce qu’elle m’a toujours joué des sales tours, naturellement je fais gaffe que mes sentiments sentimentaux ne transparaissent pas trop dans mes extériorisations car je sais que c’est par là que je me vois attaquer parce que je suis vulnérable à ce niveau. Me voir accuser de ne pas avoir mis de la sentimentalité dans mes réparties me fait un tord considérable et ne sachant plus très bien à quelle échine je dois m’accrocher, je me libérerais par des révoltes enfoirées à la courbure cintrée...
Allé, t’en fais pas, je suis juste un peu fatigué de devoir sans arrêt me défendre à tout propos et tes mots me sont tombés dessus à un très mauvais moment de doute et de fragilité personnelle !!!
Pristoche :Bien navré et contrit de ce que tu me racontes! Je voulais juste dire que tes propos étaient si élevés que je les trouvais au-delà de l’émotionnel! Je crois, si je me souviens bien, que j’ai cherché une manière de conclure en disant: cela va bien plus loin qu’un déchaînement émotionnel. Il y avait une verve dans ce que tu disais, qui dépassait même l’émotionnel et le rationnel.
Ce que les mots peuvent nous fausser compagnie pour que d’un compliment, il naisse l’impression exacte opposée !
Enfin !
Je dirais: la gloire soit aux textes qui expriment très clairement et fidèlement notre pensée et nos sentiments, l’un ou l’autre, toujours au plus proche de ce que nous sentons et pensons.
Moi-même, je... Je t’avouerai que je ne suis pas au plus clair sur cette question !
Enfin, cher Gorge, tu sais toute l’importance que tu as toujours eu pour moi, et je suis heureux si ce n’était pas plus grave que cela, heureux et même soulagé !
Et puis, le débat est difficile: la révolte, est-ce un sentiment, ou bien est-ce le summum de la quintessence de la pensée ?
Cela dit, Gorge, compliments, compliments...
Ne prenons pas sur nous cette sombre époque.
De meilleurs jours viendront.
La prochaine fois, je serai moins alambiqué dans mes compliments !
Dans la bonne humeur sereine, et dans le rire et la détente qui conviennent aussi au devoir de révolte !
SOCIÉTÉ
La culture du respect !Le libéralisme libertaire ambiant a placé l’individu au centre de tout.
L’individualisme domine : Je m’occupe de moi.
L’hédonisme prévaut : Je me fais plaisir.
Le culte du corps s’affiche : Je m’entretiens.
En résumé, tout ce qui ramène l’homme à sa finitude est refoulé.
Seul compte l’instant présent.
Le monde a changé de morale.
Le corollaire de cette évolution est la généralisation du relativisme.
Puisque tout choix est personnel, toute vérité est relative.
Les valeurs sont soumises au libre arbitre de l’individu.
Distinguer est devenu immoral, d’où le primat accordé à la tolérance, référence obligatoire.
Bousculer, changer, innover, tels sont les mots d’ordre à suivre.
Le conservatisme subsiste non à titre de credo, mais de péché.
Que pouvons-nous espérer d’une société qui survalorise les droits de l’individu au détriment de ses devoirs ?
Rien, le chaos.
Une culture de violence se développe sur ce terreau.
Ne cherchons pas midi à quatorze heures.
L’explosion de la délinquance est le fruit d’une société déstructurée par la mentalité individualiste, par l’esprit hédoniste, par le refus de l’autorité, par le flux de la rue, par le refus des normes, par la perte des repères, par le relativisme moral.
Substituer à cette culture de la violence la culture du respect devrait être la tâche primordiale des politiques, des éducateurs, des parents, des religieux.Edy Erismann,
Les Venéresses
Tout le paradoxe de notre époque est résumé dans ces quelques phrases. En effet, vous condamnez sans réserve notre époque en laissant entendre que derrière le chaos que vous décrivez, il y a le libertaire qui, selon vos percepts intégristes de la morale, serait le diable en personne. Vous créez ainsi l'idée que toute la faute de la dégénérescence actuelle de notre société reposerait sur les méfaits de quelques individus hédoniques ayant adroitement et machiavéliquement instillé dans la société leur perversité individualiste. Ainsi ce ne seraient pas les bons patrons "nestléiens", ou nos magnifiques entrepreneurs libéraux et radicaux "hayekiens", ou nos grands banquiers "landoltiens" ou nos politiciens de droite (et même de l'extrême-droite UDC) "blocheriens", ni les sublimes penseurs conservateurs "finkelkrautiens" qui ont mené notre société à l'état que vous décrivez dans votre lettre ornée de votre jugement discriminant de fin de monde mais quelques libertaires égarés qui auraient réussi à convaincre les masses et ses dirigeants de dériver vers un chaos programmé.
Une analyse plus poussée montrerait au contraire que tous les faits que vous dénoncez ne sont que la conséquence de l'application à la lettre de la théorie du "grand marché" que les milieux d'affaires, bancaires, industriels et de politique conservatrice nous ont consciencieusement inculqué depuis la fin de la deuxième guerre mondiale avec une constance et une détermination intentionnelles digne des manigances dictatoriales issues des obsessions déterministes du 19ième siècle conquérant où la croyance en le progrès technologique a envahi la totalité des mentalités de droite et, malheureusement, de gauche. Or dans votre prose chape de plomb et langue de bois du conformisme vertueux, nous ne voyons aucune référence à ces instances de droite qui ont, sans retenue aucune, formaté toute la société à leurs concepts et leurs valeurs basées sur le mérite, l'hiérarchie et l'autorité incontestée. La bourse et ses dérives ne sont pas une invention des libertaires ou de la gauche en général mais le résultat d'une concertation de la droite libérale et des conservateurs élitistes qui, pour asseoir un pouvoir certain et un contrôle social total, se prêtent à tous les intérêts inavouables.
Vous vous êtes coincé dans les rails de votre pensée-unique conservatrice où toute notre société est jugée selon vos modalités moralistes qui condamnent sans recours possible une seule classe spécifique que vous pensez être le vecteur de la violence sociétale que vous dénoncez tel un archange trompetant des hauts des cieux. Je ne vois nulle part dans votre démonstration l'élaboration d'une mise en accusation de la consommation alors que cette consommation est une invention bien de droite issue des milieux les plus conservateur en vue de maintenir les masses sous leur contrôle absolu. En effet, un individu, lorsqu'il est transformé en "consommateur", est facilement manipulable à souhait et sera d'autant plus influençable qu'il aurait peur de ne pas pouvoir pourvoir à la satisfaction de ses besoins car s'il ne peut les réaliser, il sera prêt à toutes les aberrations pour au moins conserver un minium vital. Le problème n'est donc pas l'individualisme en tant que tel mais le fait d'avoir fait d'individus au demeurant autonomes et réfléchis, des sujets aliénés coupés de leurs êtres profonds et jetés sans ménagement dans le monde de la consommation et des marchés tout puissants.
La question devrait donc être - qui est derrière cette transformation des individus en consommateurs ?
Les libertaires ou la gauche honnie ?
Non, c'est un conglomérat de conservateurs avide de pouvoir et de richesses dorées.
Avez-vous dénoncé cela ?
Non, vous gardez bien de le faire alors qu'il est évident que la mentalité entrepreneuriale d'un Blocher a fortement contribué à l'instauration de cette mentalité de consommation et de toutes ses dérives que vous dénoncez avec tant de vigueur et de tournures de phrases emphatiques !
Il me semble qu'au lieu de ces tentatives de jugement apocalyptique, nous devons énoncer quels sont les problèmes et les analyser sereinement pour pouvoir poser les bases d'une compréhension de ce qui se passe pour ensuite formuler des esquisses de solution. Il ne s'agit plus de jeter des anathèmes, de stigmatiser, de trouver des ennemis ou de concocter des plans machiavéliques pour démolir l'autre, puis de juger, de condamner et de prendre des mesures liberticides censées contrer ces dérives mais d'analyser les causes des problèmes ce qui demande de les voir avec la plus grande objectivité, lucidité et distance, soit les bases du relativisme que vous avez injustement et sans égards aucuns condamné et voué aux feux infernaux. Tout le problème est là - sur quelles bases allons-nous faire cette analyse et sur quels critères ?
D'abord psychologiques car il y a beaucoup de motivations purement psychiques dans nos comportements mais aussi sociologiques, l'influence de l'environnement n'est pas à négliger, ni l'importance des modes d'éducation que nous avons subies. Toute chose qui fait problème car peu sont les gens qui admettent qu'ils ont été façonnés par leur entourage et que beaucoup de leurs décisions ont pour bases des souffrances psychiques ou des tendances psychologiques. Au contraire, tout est fait pour minimiser ces aspects psychiques et pour rester sur des principes uniquement comportementaux. D'où l'aspect recourant des problèmes - le plus qu'on essaie "d'oublier" notre inconscient ou de nous forcer à "changer de comportement", le plus qu'il y a récidive, le plus qu'il y a punition, le plus qu'il y a répétition du comportement fautif, c'est le fameux cercle vicieux.
Quant à l'aspect sociologique, personne ne veut admettre que l'environnement bâti aurait une quelconque influence sur le comportement des gens, personne ne veut comprendre que naître et vivre dans une cité dortoir ou une banlieue sordide peut pousser au crime le plus fragile des êtres, personne ne veut comprendre l'enchaînement qui se produit lorsque pour se sentir autre, certains craquent et trouvent dans la délinquance le moyen de se sentir exister et survivre. Certes, toutes les personnes vivant dans les banlieues ne deviennent pas délinquants mais presque tous les délinquants ont quand même un passé lourd de vie dans ces conditions extrêmes.
Il y a aussi notre passé lourdement composé et posé sur ces bases de religion moraliste, de jugement binaire, d'éducation du bien et du mal, d'insistance sur "l'amélioration de soi", d'être "mieux" que les autres, de compétition entre les gens, de mise en concurrence, de glorification de la guerre et de la noblesse de la "trucidation" de l'autre pressenti comme adversaire, d'esprit olympique des trois marches, etc, etc...
Vous condamnez sans aucune réserve ou réelle compréhension l'individualisme alors qu'il est indispensable que l'homme trouve d'abord son "individu" et le cultive pour devenir un être solide capable de formuler un idéal de vie et de produire par son travail, une société cohérente et solidaire. La solidarité ne peut exister que si la personne devient un individu conscient et plein d'envies et de projets. L'individualisme deviendra alors le summum de l'accomplissement humain et, pour cela, nous devons nous sortir de la péjoration que vous faites de l'individualisme et qui nous a précipité dans la société de consommation qui a fait de l'individu un sujet de manipulation. Le vrai individualisme sous-entend un être construit et conscient et l'action commune n'est possible et n'a un sens que si l'être atteint une forme d'individualisme auto-construite et consciente !
Je veux en finir avec cette caporalisation de la pensée et ce mensonge prostré sous le poids de l'édredon étouffant de la pensée unique corporatrice, fabriquée par le politiquement correct conservateur et hautement moralisateur qui au lieu de nous aider à mieux comprendre notre monde, le juge et le condamne de cette manière si apocalyptique que nous ne pouvons que nous jeter dans les feux d'un enfer que vous et vos acolytes conservateurs ont allumé sous nos pieds fragilisés par des siècles d'autoritarisme totalisant. Il n'est pas étonnant qu'une culture de violence se soit développée sur ce terreau car nous pouvons maintenant affirmer sans doute aucun que l'explosion de la délinquance est le fruit d'une société déstructurée par la mentalité conservatrice, par l'esprit consommateur, par les abus de l'autorité, par le flux du pouvoir, par le refus de la conscientisation, par les repères inhibiteurs, par le moralisme et ses valeurs frelatées. Substituer à cette culture de la violence une vraie compréhension devrait être la tâche primordiale des politiques, des éducateurs, des parents, bref de tout le monde sans exception, sauf le religieux engoncé dans un respect enfantin du divin plus que suspect.
Finalement, vous devez vous relire avec un peu plus d'esprit critique car toutes les accusations et les jugements dont vous affublez les libertaires se trouvent dans votre lettre ci-dessus et s'appliquent sans réserves à votre démarche première - juger toutes les personnes qui professeraient des "fadaises de gauche". De plus, vous semblez en vouloir à l'esprit du temps mais ce ne sont ni les libertaires, ni la gauche qui en sont les initiants mais belle et bien les top-mangers à l'oeuvre dans vos propres milieux et les dirigeants économico-politiques avides de richesse et de pouvoir et actifs au sein même de cette société pour lesquels vous ne vous êtes pas méfié lorsqu'ils sont arrivés à quelque pouvoir! En effet, il s'avère que vous accusez l'homme générique d'être pourri mais cela semble exclure les autorités, les professeurs, les chefs d'entreprises, en bref - les "nécessaires hiérarchies sociales" que vous semblez affectionner.
Une fois de plus, on peut que s'interroger sur votre soif d'interdits et vos ordalies apocalyptico-moralisatrices qui clôt la pensée et nous empêchent de faire le pas plus que nécessaire vers une humanité bien comprise que vous appelez pourtant de vos voeux, soit celle du respect, de la compréhension, de l'amour et de la paix !G.Tafelmacher
PULLY
Pristoche : J'ai conçu une installation pour le Musée d'art post-nanologique et post-blochérien, qui consiste en un chapeau de nain de jardin qui tremble sur lui-même, mais le tout accompagné d'une mélodie monocorde que voici :
Des Gartenszwerge Angst
Brrrrrrr
Des Gartenszwerge Angst
Brrrrrrr
Des Gartenszwerge Angst
Brrrrrrr
Le tout devrait être destiné à donner un idée du génie de la grande nation helvétique entre 1990 et nos jours. Bien sûr, le chapeau du nain tremble à intervalles régulières sur les "brrr". Même Ligeti n'aurait pas trouvé aussi ennuyeux, mais il eût certainement trouvé aussi régulier.
Voilà, je précise: c'est de l'art moderne sur un sujet folklorique.
Ce n'est maintenant ni une raison pour travailler du chapeau, ni pour trembler du chef.
Et qu'est-ce donc un "Gartenszwerge" ?
Eh bien, j'ai juste pensé que "Zwerg" veut dire "le petit nain", sauf que je me sois trompé. Avec mes ami, on avait inventé la "nanoscopie" et la "nanologie", sciences adaptées à la Suisse. Le nanodrome on peut dire aussi.
Gorge : Faudrait inclure dans ta collection de petits nains non seulement Bloch le moche mais toute la clique des affairistes, banquiers, industriels, de Couchepin la pine couché, à Villiger avec son cigar-phallus, en passant par Mme. Brunschwig-Graf nian-nian, la Widmer-Schtroumfette, et Mr. Arnold Schöri chercheur à l'Agroscope et fervent défenseur des OGM... Il serait judicieux d'y mettre Philippe Leuba juriste qui n'a de libéral que le nom et qui veut mettre les gens en prison pour les apprendre à vivre...
Pristoche : Toi qui partages l'adage de Camus «je me révolte donc nous sommes», parce que tu es d'accord qu'il faut savoir dire non, comment fais-tu pour vivre dans le seul pays du monde où gouverne le oui permanent à tout, dans cette Corée du Nord néolibérale qui n'est au fond que répression ?
Comment tiens-tu ?
Ainsi contrôlé, dans ta légitime conscience politique, ainsi contrôlé par ceux qui ont tout intérêt à ce que tu sois atomisé et réduit au silence, et contrôlé par des mécanismes aussi pervers que ceux de ce pays où je regrette souvent d'être né ?
Mais comment peut-on continuer à croire que tout va bien alors que c'est juste le contraire ?
Comment sur fond de désastre social peut-on à ce point baigner dans l'autosatisfaction ?
Gorge : Ben tu vois, je ne le sais pas moi-même mais quand je regarde par le monde comment cela va, en ben je me suis rendu compte que nous pouvons mieux lutter contre le monstre depuis l'intérieur car c'est là où il est le plus faible parce qu'il est tellement pétri de confiance en soi, tellement plein d'autorité auto-consentie, d'impératifs catégoriques et de certitudes impériales et impérieuses, qu'il ne nous voit tout simplement pas parce que grouillants dans les entrailles putrides qu'il ne veut pas voir, nous devenons invisibles. De plus, il a été tellement bien éduqué qu'il est devenu d'une fragilité si cassante qu'un seul doute peut l'ébranler !
Et puis je me marre de voir que sous ses dehors pontifiants, ses intérieurs sont aussi sombres et noires que ses pensées envers ses ennemis...
Pristoche : Je suis aussi dépassé que toi, La politique devrait jeter l'éponge parce que lorsque tout le monde est d'accord que l'autorité est gentille, y'a plus de politique !
Gorge : On a deux choix :
- soit on marche dans le système et on devient "consommateur" ("con" sommé !) satisfaisant ses besoins anaux avec un plaisir totalement consommé, où l'orgasme psychique, virtuel et sensoriel est un viol depuis l'intérieur;
- soit on est en lutte contre ce matérialisme de bas étage et on n'arrête plus de réfléchir, de comprendre, de sentir et ressentir pour atteindre un degré de connaissance permettant la prise de conscience holistique de la vraie grandeur de l'Univers et ainsi aboutir à notre épanouissement et transcendance dans la plénitude psychologique et spirituelle, accédant à la création universelle par la dissolution de notre corps matériel dans l'énergie infinie du cosmos et, nourri à la matière noir, devenir la pensée qui guide toute création.
Alors pourquoi s'énerver contre ces drôles d'oiseaux pour qui un compte en banque, avec des tas de bourses remplies de semences de sa prochaine démence, est d'une importance suprême ?
Pour qui exhiber leurs attributs aux yeux du monde devient mode de vie et sensation extrême ?
Ils vont se dégonfler comme des vessies trop pleines et ils éclabousseront leurs alentours de sécrétions toxiques et ils seront emportés par la logique qu'ils ont mise en marche pensant s'enrichir et s'emparer d'un pouvoir volé !
Ils seront nus et leurs verges pendantes et enfin inactives, noircies par tant d'abus, seront marquées du sceaux qu'ils méritent de l'infamie !
Leurs dernières éjaculations se perdront dans les déserts stériles qu'ils ont contribué à fabriquer en ayant exploité jusqu'au coeur les ressources que la Terre cachaient en son sein. Seul problème, ils devront payer au centuple la prime au luxe qu'ils se sont offerts sur les chairs meurtries de leurs victimes consentantes par si consentantes que cela !
Alors laisses-les crever et à nous de rêver !
Pristoche : Blocher, j'ai crié ma haine de lui à ses lieutenants.
Couchepin, j'ai déchiré son livre qu'il m'avait dédicacé.
Villiger? Mon ami Dario l'a aperçu une fois à Berne: il a changé de trottoir parce qu'il voyait quelqu'un vendre un journal pour sans abris, et il a continué à marcher en tournant la tête !
Brunschwig-Graf, tu ne m'en voudras pas, mais je n'ai jamais eu la moindre opinion sur elle.
Widmer-Schlumpf, eh bien j'espère qu'on élira quelqu'un d'autre à sa place; elle ne fait que poursuivre la ligne de son prédécesseur, et c'est préoccupant, je suis très déçu d'elle, bien que je n'aie jamais rien attendu de cette fanatique de l'ordre.
Schöri, je ne connais pas, mais je te fais confiance.
Leuba? On aurait pu souhaiter qu'il se montre plus humain que son prédécesseur, et il témoigne du même mépris pour les pauvres, ce qui est une marque du droitisme primaire. Tu as raison qu'il n'est même pas libéral.
Et aïe !
Nous disons bien: «mettre en prison»; qu'est-ce qu'une démocratie où l'on met les gens en prison? Dans les geôles de Khadafi où celles de la Suisse, peut-on mettre des innocents en prison? Et faire des chômeurs des citoyens en prison? Et des artistes ?
Gorge : Certes crier sa rage peut soulager temporairement mais vu que les raisons de s'enrager augmentent de jours en jours, même d'heure en heure, alors on finira par crier sa rage tout le temps !
ET c'est comme cela qu'ils nous tiennent : à force de crier continuellement sa rage, on oublie de VIVRE !
ET la seule façon de niquer ces personnages remplis de sales intentions et forts d'un pouvoir frelaté, est d'avoir soi-même une vie si riche que les leurs en comparaison deviendront des plus insignificatives et tous les objets matériels sur lesquels ils bâtissaient leurs identités s'évanouissant comme de la poussière dans la brise, seront leurs tombes !
Que serait un Leuba sans tout son fatras juridique sinon un masque vide, un corps sans forme, courant comme un beau diable dans les sous-bois de la forêt qui cache son âme, fuyant les affres d'un inconscient perturbé par une éducation castratrice où la main lourde a sévi en guise d'exemple donné. La violence de notre époque est directement liée à l'éducation morale et préventive reçue et aux châtiments sanctionnant les fautes banales mais ressenties comme une atteinte à l'autorité et un dépassement de limites.
Pristoche : J'exagère un peu, mais pas tant: il y a envie de contrôler tout le monde. Jamais l'envie de contrôle sur les citoyens n'a été aussi grande! Tout ce que fait la "politique" que nous sert la droite, c'est d'empêcher la mobilité sociale et de geler toute vie solidaire. La Suisse étant du reste déjà immobile et congelée, comment vouloir contrôler des citoyens qui ne bougent pas et un pays sans vie ?
Gorge : C'est le but de l'exercice !
On veut arriver à ce que chaque individu prenne sur lui ce contrôle social et devienne partie intégrale du glacier qui, inexorablement, ripe vers les fonds de vallées sombres, lugubres, remplies de violence charnelle automutilatrice et de chants masturbatoires !
Pristoche : Je pense comme toi qu'on est en pleine ère de répression: tant qu'on peut réprimer, cela évite aux gens de manifester leur révolte contre la précarité et surtout les fauteurs de cette précarité. Mais espérons, mon cher Gorge, que cette répression aura ses limites même en Suisse, même dans le pays le plus contrôlable du monde !
Gorge : N'oublions pas ce Brélaz branlant et braillant et tous ces avocats libéral-radical vociférants qui se plaignent bouche en cul-de-poule du laxisme '68tard et prônent le retour de la force, de la contrainte, des coups de pied dans les séants et des policiers dans les cours de récrés et la fin de l'ère '68tard comme si nous l'avions réellement vécu, comme si il avait vraiment existé !
Pristoche : Eh bien je pense comme toi: Brélaz est très décevant, c'est un vert bourgeois. En tout cas, il montre que l'hiver suisse de cette réaction conservatrice a gagné jusqu'à ceux qui se disent de la gauche. La sclérose et le confort conformiste gagnent jusqu'aux "idées" de certains !
Sur Mai 68, tu as grandement raison: ils avaient des idéaux, et c'était une révolution politique, depuis rien de pareil n'est arrivé. Depuis, la politique a été évacuée en catimini de l'espace public. Si on ose crier à la culpabilisation de Mai 68, c'est qu'on est au bout de la destruction de l'ouverture qu'elle avait apportée. Au fond tu as sans doute raison: il n'y a pas eu de révolution jusqu'au bout après Mai 68, le capitalisme a vite fait de tout récupérer. Pourtant il y a eu une flamme. Qu'est-elle devenue? Ou bien on n'avait pas vu que le vrai pouvoir imposteur, c'est le capitalisme, et on n'a détruit que le pouvoir de la figure du père ?
Gorge :
Ils me font rire avec leurs désirs «d'en finir avec mai'68» car il n'a jamais pu vraiment bien s'installer et à part quelques squatts ou expériences hippies dans les Cévennes, il n'a pu exister nul part. Par contre, tous nos idéaux ont été récupérés pour en faire des pompes à fric bétonnées par leurs entreprises et toute l'idéologie de la consommation a été forgée sur les perceptions biaisées que les hommes d'affaire ont fait de nos réflexions humanistes, holistiques, planantes et enfin respectueuses de notre humanité en devenir! Le résultat est là - confusion mentale, perte des rapports sociaux, la montée de la violence, l'incivilité et, bien sur, ces jeunes qui... ces gens que... !!
Pour ta collection de petits nains dans ton installation pour le Musée d'art post-nanologique, cela va fait du monde alors mieux vaut de prévoir une salle d'expo immense si tu veux les caser (casser!) tous !
Pristoche : Je note ton lapsus, ou ton association d'idées, qui est intéressante: le pouvoir est bel et bien en train d'essayer de nous casser, mais nous sommes assignés à résidence, immobilisés, donc "casés", c'est tout à fait ce qui se passe !
Hélas le capital a toujours le dernier mot et on n'a jamais assez bien réfléchi pour le mettre à terre et élever la loi au-dessus de lui! Dieu que les droits sont difficiles à conquérir! L'homme ne s'affranchit pas aisément du groupe et de la machine à contrôler, même s'il n'y a rien à contrôler.
Gorge : Comme disant Marx, le capital est le pêché capital par excellence et il ne sert que d'autorité pour l'exercice du pouvoir. Le capital est totalitaire, un maître d'esclavage et une sangsue et il nous pompera la vie en laissant une enveloppe froissée, ridée par nos contradictions freudiennes et nos impuissances infantiles !
En attendant l'invit formelle pour ton expo, reçois mes salutations chaleureuses et à une prochaine sur une terrasse quelque part pour déguster une glace suave et fraîche...
Bon courage face à ces épouvantails clownesques, qui ne nous impressionneront pas plus que ça, à bas le pouvoir autoritaire, et à nous la belle vie !
Pristoche : Je te remercie de m'arracher un instant à la dépression post-traumatique que je traverse depuis un bon moment avec tes idées toujours pertinentes et pleines de pistes.
Tu as raison de dire que devant un pouvoir si brutal, mieux vaut mener soi-même une vie plus riche que les tristes maîtres de ce monde, maîtres surtout du capital qu'ils accumulent pour eux en paupérisant la majorité.
Tu as raison de dire qu'on en oublie de vivre. L'esprit de vengeance, c'est cela qu'ils veulent: nous serions empoisonnés ainsi en reprenant leur violence en nous.
Du reste, Gorge, tu avoueras que les seules actions efficaces sont :
A) Le débrayage.
B) La formation d'une majorité de gauche aux élections.
C) La nationalisation le plus possible, pour contrer les privatisations.
D) Des revendications ouvrières claires: moins d'heures de travail, plus de salaires et des meilleures conditions.
E) Davantage de contrôle étatique sur le patronat. Ce qui supposerait la fin de l'alliance des politiques et des patrons, et un autre rôle de l'État.
Mais il faudra bien qu'on revienne à une situation plus équilibrée et "normale" où les travailleurs soient plus respectés par les capitalistes et où l'équilibre syndicat - patronat soit le but, avec en tête cet autre but qu'est le plein-emploi. Il faut penser à l'employé pour que le travail soit attrayant et réussi. Du reste, notre ami Rossini dit que nous ne sommes pas loin d'une nouvelle révolution ouvrière.
Il est bien clair que nous sommes face à une violence excessive, morbide devrait-on dire: trop de pouvoir du patronat, trop de violence exercée sur le citoyen, trop de pressions, trop de brimades morales, trop de liberté laissée aux actionnaires.
Face à cela, mener une vie authentique, tu as bien raison de le laisser entendre, reste la seule solution.
Et jouir de la beauté de la vie !
Et faire du bien autour de soi, et s'efforcer d'être heureux.
Il est clair qu'à seulement lutter contre des forces négatives, elles déteignent sur nous. Ce que nous devons, c'est faire grandir des fleurs dignes d'accueillir le soleil. Rester enfants du monde et de la nature, rester solidaires et à l'écoute de notre coeur.
Et sans que cette recherche de la qualité et de l'authenticité de la vie fasse le jeu de l'égoïsme généralisé sur lequel s'appuient les forces de domination. La fraternité fait partie du champ individuel !
Vive la vie bien vécue et aimée !
Gorge : Ce n'est pas tellement le discours des patrons et des dirigeants qui effraie mais les intentions cachées derrière leurs propos incantatoires !
Ce sont les mêmes qui en voulant "prévenir" la violence des jeunes en les envoyant en prison pour se faire sodomiser pour les apprendre à vivre, balaient d'un revers de la main la violence que l'industrie fait subir aux gens avec ses additifs chimiques qui les rendent hyper-tendus, nerveux et fous furieux, avec ses cadences infernales et ses licenciements, avec sa pollution et la destruction irrémédiable du milieu vital !
Les mêmes qui en voulant "moraliser" l'économie pour rendre acceptable leur système de consommation, votent des lois contraignantes si dures que les gens en deviennent mûrs, pétent les plombs et dépriment gravement !
Les mêmes qui animés d'une peur atavique du désordre social, se paient une force de police anti-émeute caparaçonnée, équipée de tasers, de balles en caoutchouc mais font fermer des centres de jeunesse parce que cela coûte trop cher !
Les mêmes qui sous prétexte "d'abus" durcissent les lois et engagent des "inspecteurs sociaux" (sic !) pour traquer les gens qui ne font que d'essayer de s'en sortir, de survivre !
Les mêmes qui fustigent les gens qui dénoncent leurs manigances mais n'ont rien à dire contre les financiers, les industriels, les banquiers et consorts lorsqu'ils mènent leurs affaires à l'encontre des intérêts de la société, et qui au nom de la responsabilité individuelle, la liberté d'entreprendre, le droit du nanti et de l'autorité supérieure, se font des comptes en banque dorés !
Les mêmes qui une fois arrivés à un quelconque pouvoir, imposent leurs critères, leurs points de vue, leurs idéologies, et surtout, leur autorité au nom d'une normalité entendue !
Les mêmes qui transforment les gens en consommateurs et puis les traitent de crétins parce qu'ils achètent les produits fabriqués selon des demandes sorties d'enquêtes d'opinion truquées !
Les mêmes qui viennent nous parler de responsabilité individuelle et qui sont incapables d'empathie, de compréhension, d'amour et de solidarité !
Les mêmes qui ont si peur de la vie qu'ils nous lancent dans une dérive sécuritaire et un monde de ségrégation et qui crée les parias contre lesquels ils croient devoir se protéger !
Les mêmes qui tout en s'offusquant des idéologies totalitaires, font subir au monde un totalitarisme global !
Les mêmes qui tout en nous parlant de chance égale, de démocratie, veulent nous imposer leur suprématie, leur élitisme, leur bon droit !
Et après, pour casser nos arguments, on vient nous accuser de faire dans la "théorie du complot", comme s'il n'y avait pas de complot des nantis contre les gens ordinaires !
Comme s'ils étaient des petits anges ne pensant qu'au bien général !
Comme s'ils avaient la science infuse, la connaissance parfaite,
comme s'ils étaient supérieurs...
Eh ben, je n'arrive pas à m'arracher de la folie de l'époque et je me noie dans les absurdités du temps...
Et là, pas de quartier, on va se faire laminer car on ne peut pas dire tout cela et croire que les choses vont s'arranger. Non, au contraire, ils vont pouvoir designer leurs ennemis et se dépêcher de prendre des mesures contre ces gens qui osent critiquer, qui osent dire tout haut ce qui se passe, qui osent crier lorsqu'on les marche dessus !
Je ne sais plus très bien comment continuer mais ce chemin est trop semé d'embûches pour espérer rester en vie longtemps et je ne sais pas si j'ai la force, l'énergie, l'intelligence nécessaire pour que je puisse sortir vainqueur de ce combat inégal !
Pristoche : Je crois bien que nous sommes d'accord sur le cynisme profond et odieux de la droite et du pouvoir économique, particulièrement dans notre pays. Tu as raison sur leurs "intentions cachées", donc leur hypocrisie.
La vraie violence, la seule devrait-on dire, vient de la pression exercée sur les êtres. Ou bien on les détruit psychiquement, ce qui m'est arrivé, tout en les déclarant soi-disant inaptes à la profession dont ils auraient besoin pour vivre décemment. Ou bien les petits chefs les mettent sous pression pour tout et rien, et en fait pour rien, sur des détails, et cela n'est pas non plus un monde qui respire.
Tu dis: "moraliser l'économie". Je dirai qu'elle est immorale par essence et que nous devrions plutôt ramener la fraternité et la communauté au coeur de la société.
Quant aux dysfonctionnements dont tu parles, aux contradictions nombreuses que tu dépeins si justement, du pouvoir suisse, c'est navrant. Mais ce sont moins des contradictions qu'une double attitude traître envers nous: nous utiliser, et en même temps nous accuser. Facile! Mais ton texte est unique! Je me rends compte que Levrat ou Stéphane Rossini pourraient souscrire absolument à tout ce que tu as écrit dans ce mail très intéressant que je n'ai pas la prétention d'égaler dans une réponse aussi belle que ce que tu as dis.
Bien sûr, il y a un complot des riches contre les pauvres, cela paraît évident. Contre l'insertion sociale, contre la cohésion sociale, contre l'amour les uns des autres, le dialogue, et le partage des richesses. Les riches veulent seulement garder ce qu'ils ont, et ils font chier toute la planète à cause de leur appétit minable.
La gauche devrait mettre les points sur les i. Il n'y a plus qu'à dire ce qui est et à bien le dire, à dénoncer l'hypocrisie du pouvoir actuel, de cette sainte alliance facho entre la droite hypocrite et l'économie qui veut juste des profits et au prix de la mort de l'homme.
Non, ils n'ont pas la science infuse. Non, ils sont juste des petits maîtres arrogants sans aucune grandeur, sans aucun relief, sans aucune personnalité, des robots de leur propre leurre qu'ils voudraient nous imposer.
Ce qui n'est pas une mince affaire par contre, c'est que le social et le travail sont devenus un leurre gigantesque, un chaos innommable. Ils doivent répondre de ce chaos, et les forces de la sociale-démocratie et de la gauche anticapitaliste, unies, viennent leur demander des comptes: qu'avez-vous fait de la démocratie ?
Ce qui me tue, Gorge, c'est le peu de sens critique dans ce pays. On laisse courir, on laisse faire, on se laisse faire, la Suisse est une avenue soumise pour tout le pouvoir suisse. Qui doit changer, impérativement !
La peur de l'autre n'est qu'un moyen de gouvernance, car s'il est une réalité dont on ne devrait pas se méfier, c'est l'autre. Mais... Il y a ceux qui s'arrogent le pouvoir sur autrui en fait, qui dominent mais les autres.
Tant qu'il y aura des pauvres, et tant qu'il y aura du chômage, ce seront de vains discours de la part de la droite. Et non, ce ne sont pas des petits anges, ce sont des petits nuls - je ne veux pas dire: des chiens, par respect pour la SPA et la race canine, et par respect pour tout ce qu'un chien a de joli.
Je t'avouerai, cher Gorge, que je comprends parfaitement, et partage entièrement ton raz-le-bol, et me demande si j'ai la force moi aussi de sortir de ce parcours de dupes. Je sens tellement que la majeure partie de ma violence vient de celle que j'ai subie, de la discrimination avant tout. Je sens tellement l'égoïsme de notre époque, que je crois qu'il faut regarder vers ailleurs.
Regardons vers un lendemain plus solidaire, plus empathique, plus communautaire, plus fin dans son esprit, plus calme enfin et je souhaite un jour voir aboutir nos espoirs communs et nos combats !
Gorge : Je crois qu'il ne nous reste que très peu d'alternatives pour s'en sortir !
Mais d'emblée, après avoir écouté tant d'experts, tant de doctes avis, il me semble que nous n'avons pas encore fermement et courageusement essayé de simplement comprendre ce qui se passe et nous ne sommes pas encore arrivé à une connaissance globale de notre situation et une compréhension de ce qu'il y a derrière les problèmes que nous traversons. Rien n'est faire pour étudier pourquoi les choses en sont là et quelle est notre responsabilité dans l'avènement des complexes actuels.
Car nos peurs, angoisses et traumatismes sont telles que nous n'osons pas nous pencher sur nos inconscients inhibées, terrorisés que nous sommes par cette éducation culpabilisante que nous avons reçu de la part d'éducateurs certes instruits mais néanmoins eux aussi incrustés dans un système à la logique de condamnation inconsciente, de fautes, de sanctions et de punitions subies !
Ce qui a de grave dans notre situation actuelle est l'énorme distance entre nous les citoyens lambda et ces personnages éclairés et dynamiques qui cherchent à gouverner, à se faire des fortunes, à devenir important. Le pire étant qu'ils ont su profiter de nos inhibitions et qu'ils ont récupéré toutes nos aspirations vers un monde meilleur pour nous utiliser à leur fin de conquête du pouvoir. Et c'est le fond du problème, cette envie pathologique de pouvoir dominer l'autre, le contrôler et être son supérieur. Il y a un monde entier et infranchissable entre nos aspirations de simplement survivre et être ce que nous sommes et cette ambition dévorante animant ces personnes qui ont reçues plus d'énergie, plus d'intelligence, plus de charisme que la moyenne !
Nous n'avons pas encore pu mettre sur pied des conventions, des pactes ou des formules qui feraient que l'activisme de ces êtres se pensant "supérieurs" puisse contribuer au bien être de tous et non à leur seul enrichissement, où ces fortes personnalités seraient soumises à des prises de conscience les rendant plus aptes à une vraie vie communautaire, participative et holistique. Nous vivons une société qui est entièrement régie par les agissements de ces quelques "peoples" et où notre seule porte de sortie serait de devenir comme eux - riches, influents, admirés. Mais nous savons trop bien maintenant que si un être médiocre chercherait à devenir un grand, il serait irrémédiablement écrasé par la nomenclature qui l'accuserait de n'être qu'un vulgaire arriviste opportuniste et minable dans ses prétentions de s'élever dans l'échelle sociale. Nous en sommes encore à la cour des pharaons ou des rois sauf que maintenant ce sont les riches entrepreneurs, industriels et banquiers qui ont pris leur relève. Nous avons guillotiné les rois mais au lieu de mettre sur pied un système réellement populaire, libertaire et participatif, nous avons laissé des personnages surexcités et suractifs pleins de bagout usurper la place chaude laissée par les nobles décapités. Au lieu d'avoir formé de nouvelles bases à la vie en commun, nous avons remis notre pouvoir aux plus forts et aux mieux armés, délégué nos décisions aux plus riches et à présent, ce sont eux la nouvelle royauté. Napoléon est vraiment l'exemple type du souverain moderne et son style est celui de presque tous les leaders qui nous gouvernent aujourd'hui, certes édulcoré et populiste, certes moins sanglant, répressif et guerrier, mais tyrannique encore et toujours !
Mais la révolution reste à faire car nous ne sommes pas encore sortis de ce besoin d'être dirigés, de cette tendance de laisser d'autres penser pour nous, de remettre en d'autres mains que les nôtres, notre pouvoir de vivre libres et en paix avec soi et les autres, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent !
Nous ne pouvons pas marcher vers un lendemain plus solidaire, plus empathique, plus communautaire, plus fin dans son esprit, plus calme enfin avant d'avoir d'abord regarder en soi nos blessures, nos inhibitions, nos blocages, nos peurs et angoisses, avant de devenir ce que nous sommes au fond de nous. Mais pour cela, il faudrait d'abord que nous ayons la force et le courage d'affronter le sombre qui sommeille au fond de l'hère et qui effraie !
Eh oui, car le fond de l'air est frais !!!
Allé, bonne continuation et profites bien du temps qui nous reste car il est compté, très compté, tic-tac-toc !!!
le 1er Juin 2009
Pristoche : Posons-nous la question de l'autorité et de la soumission à l'autorité !
Nous avions soulevé précédemment la question de la soumission à l'autorité, que tu appelles "ce besoin d'être dirigés". Donc il faudrait que l'homme perde de sa fascination pour des figures d'autorité.
Je pense que ce ne sont pas les nobles qui ont été décapités, pas seulement, mais ce sont les valeurs liées à la noblesse et à l'ancien monde. Il faudrait une rupture historique énorme pour vivre de nouveau une révolution.
Toutefois ce qui me semble positif dans l'individualisme, c'est que chacun a réussi à conquérir une estime de soi ou une place qui fait que tout le monde est à ses yeux un héros. Bien sûr, cela est largement exploité par l'économie et la politique qui jouent sans scrupules de ces tendances. Ce serait positif si l'individualisme amenait plus de conscience, et avait bel et bien surmonté l'autorité. Mais ce n'est pas le cas: les gens restent persuadés qu'ils sont des petits héros, mais se laissent manipuler, et continuent secrètement d'aduler l'autorité.
L'étape suivante, ce serait non plus l'individualisme à outrance, mais l'émancipation de chacun et chacune dans une société plus solidaire. Il faut que les riches disparaissent des médias et contribuent à la solidarité collective. Il leur faut une implication plus grande dans la solidarité. Ils devraient payer l'Etat social.
Mais comment "affronter le sombre qui sommeille au fond de l'hère et qui effraie"? Comment dépasser "nos inhibitions, nos blocages, nos peurs et angoisses" et "devenir ce que nous sommes au fond de nous" ?
Je crois que l'homme a toujours secrètement besoin d'autorité.
Comme la mort confronterait à l'existence de manière totale, et au spirituel, il est plus confortable d'avoir des "chefs", des "idoles", des petits dieux, qui forment un échelon intermédiaire et rassurent par le fait qu'ils ramènent les questions de l'être à plus petite échelle.
Ce qui manque aujourd'hui, ce sont des valeurs.
Notamment et surtout la valeur de la fraternité, de la solidarité, du fait d'être solidaire des autres.
Mais aussi la valeur d'affronter la mort.
Toutes ces idoles nous permettent de ne pas avoir à faire face à la mort. C'est très commode, parce que si nous les introjectons, nous pouvons être non en face de nous-mêmes ou du temps, mais en face de nos désirs. Une société carton-pâte qui représente tous les désirs humains, n'est-ce pas un rêve pour se détourner ?
En d'autres termes, la peur de l'autorité permet de ne pas avoir peur de la mort. Je ne sais si je dois continuer cette petite dissertation, mais la peur de l'autorité, c'est le besoin d'autorité. C'est peut-être la peur d'être mortel et d'affronter seul tous les risques, qui sait ?
Ce qui sommeille en nous comme tu le dis, c'est le grand enfant. Par exemple, un Berlusconi plaît parce qu'il incarne le grand enfant, le perpétuel enfant qui peut s'amuser. Les gens croient aussi que la vie des riches est agréable - alors que ce n'est que l'image qu'ils en ont.
En d'autres termes, il faudrait un autre salut que la richesse.
Ce salut, c'est de nouveau d'essayer d'affronter la mort pour trouver de plus hautes réponses aux questions qu'elle pose à la condition humaine. Il n'y a pas de salut dans la sécurité matérielle: il faut regarder plus haut.
Je pense que c'est par manque de courage que bien des gens se contentent d'idolâtrer une star ou des membres de cette classe dirigeante, soit ce qu'ils représentent par ailleurs. Le courage est difficile.
L'avantage de se soumettre à l'autorité, c'est de ne pas avoir besoin, croit-on ainsi, de se soumettre à la mort. C'est une fuite. Il est confortable de ne pas affronter l'existence, de ne regarder que ce qu'on a envie de regarder, de se contenter d'une société d'obéissance et de peur, parce que cette peur est fictive: elle cache un besoin de ce dont on a peur.
Gorge : Il y a une autre dimension qui recoupe celle de l'autorité, c'est celle des valeurs !
Mais qu'est-ce donc une valeur ?
Valeur : Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, selon des critères personnels ou sociaux, et sert de référence, de principe moral.
Une valeur est donc un principe en lequel on croit si fort que l'on est prêt à partir en guerre pour que ce principe domine quel qu'en soit le prix, quels qu'en soient les dommages collatéraux !
C'est l'importance que l'on donne à une idéologie au point de la rendre dominante !
C'est une pensée-unique qui détermine le comportement que l'on doit acquérir à tout prix si on veut faire partie de la société !
C'est un casus-belli, un impératif catégorique, une dictature morale, un carcan qui sert à discriminer, à juger, à condamner les autres sans avoir à se mettre sur le banc des accusés !
C'est l'ultime ratio de l'arrogance des moralisateurs qui veulent diriger, légiférer, imposer au monde leur ordre et façon de voir !
C'est une manière de rabaisser l'autre et de le faire comprendre qu'il est nul car "sans valeur" et qu'il ne mérite pas, par conséquence, de vivre; c'est l'opprobre du patron pour faire marcher ses employés; c'est l'étique du juge pour alourdir ses condamnations, pour justifier ses prisons, sa société autoritaire; c'est le summum de l'arrogance des nantis, de la force des forts.
C'est la croyance totale et absolue...
Alors que par valeur, on ne devrait penser qu'au prix des choses, à l'indication d'une jauge, à l'intensité d'une couleur ou d'une note de musique, les dominants en ont fait un appareil de discrimination, de jugement et de positionnement sur l'échelle sociale dont ils se croient le sommet.
La valeur est l'importance que quelqu'un attribue à quelque chose et non pas la chose (abstraite) à laquelle on attribue cette grande importance et qui sert de référence. C'est donner de l'importance, de faire ressortir, de faire fructifier quelque chose mais jamais la chose en elle-même. Pour les personnes, la valeur est par quoi on est digne d'estime sur le plan moral, intellectuel, physique, etc. Lorsque l'ensemble de ces valeurs classées selon une hiérarchie préétablie et prédéfinie prédomine, alors on peut concrètement parler de dictature morale, comme le démontre le règne de Calvin et de toutes les dictatures successives jusqu'à cette société percluse des diktats de la consommation, des rapports de force, de l'économie toute puissante, de l'argent et du matérialisme fellateur.
On se trompe complètement sur cette idée de valeur car "affronter la mort" (par exemple!) n'est pas une valeur mais le résultat d'une saine perception de la vie ! La valeur n'est que l'importance qu'a prise cette perception dans la conduite de sa vie. La valeur N'EST QUE l'importance que l'on donne à la notion et PAS la notion en tant que telle !
Et dire que c'est à partir de Nietzsche que la notion de valeur a été introduite dans le vocabulaire de la philosophie et qu'elle a renouvelé la problématique de la morale et de l'esthétique. Les valeurs (vrai, beau, bien) ont-elles une existence objective, ou ne tiennent-elles leur existence que du jugement qui les pose comme telles? Le problème du fondement de la valeur est au centre des préoccupations de la philosophie contemporaine. Nietzsche s'est livré à une critique radicale des valeurs chrétiennes, trouvant l'origine de toute valeur chez l'homme, «animal appréciateur par excellence». L'existentialisme, lui aussi, fait de la réalité humaine ce par quoi le sens et la valeur arrivent dans le monde.
Je crois que l'état déplorable dans lequel se trouve ce monde est à cause de cette croyance en la valeur des valeurs ! Non, ce monde n'a plus besoin de "valeurs" mais d'une compréhension holistique du comment et du pourquoi des choses et d'une vision réaliste de ce qu'elles sont. Le monde a besoin d'une vision libérée de tout jugement, d'une perception innocente et quasi primaire, d'une attention soutenue et, surtout, d'une libération de toutes ces contraintes impératives censées être nos guides et barrières de sécurité. Et les valeurs sont justement ces guides et barrières censés nous contenir mais étant en contradiction totale avec nos voeux et espérances, elles se retournent contre nous en devenant nos geôlières morbides et sadiques...
Le plus drôle est cette dame qui a posé comme valeur le bienfait de certains exercices physiques, laissant entendre que toute personne dépourvue de cette "qualité" était mauvaise, laide et fausse et était responsable de tous les malheurs qui lui tombaient dessus et donc ne méritait pas d'être heureuse !
Ce n'est pas l'individualisme qui fait problème mais le dénigrement systématique des individus qui pousse l'individu à l'outrance. C'est l'émancipation de chacun et chacune qui fera que la société deviendra plus solidaire et pas l'imposition de valeurs frelatées issues de nos déviations sordides cachées sous des couches de vernis brunies par nos refoulements et répressions inconscients. La solidarité collective ne s'impose pas, elle est la création d'êtres rendus conscients de leurs potentiels et à qui on a redonné les capacités d'agir à tous les niveaux, à tous les étages, selon leurs habilités, envies et besoins. Ce n'est qu'à partir de cet accomplissement que l'on pourra "évaluer" la "valeur" non pas des êtres ou de leurs croyances mais de la société ainsi produite...
L'homme a toujours eu secrètement besoin d'autorité car il n'a pas encore acquis la maturité atteinte par la découverte de son moi profond et de la compréhension de ce qui le pousse à faire ce qu'il fait, de l'inconscient qui le fait agir. L'autorité lui permet de sortir de la gangue de la peur qui sommeille en lui en l'extériorisant dans un effort concerté d'une manière à lui donner une porte de sortie socialement acceptable à ses tensions intérieures à qui on a donné l'aspect de respectabilité au sein d'entreprises prises dans les rets de la compétitivité concurrentielle démentielle. Et, accessoirement, cela sert à renforcer cette autorité ! On lui donne des faux-semblants en le priant de croire aux vertus défoulantes du sport, de l'ascension sociale, de la création de richesses et de la consommation, signe d'un progrès incontestable, tout puissant et sans lequel l'humanité disparaîtra, irrévocablement...
Mais attention, la peur est toute sauf fictive! Elle est d'une réalité si confondante que l'on préférera mourir que l'affronter! J'ai vu mourir ma mère devant mes yeux car elle ne pouvait supporter la peur d'être juger pour tout le mal qu'elle a cru avoir fait dans sa vie. Elle ne pouvait pas supporter la réalité de sa condition d'être simple à milles lieux des exigences voulues par cette société de la performance, du parfait et du jugement suprême. J'ai vu ses yeux catastrophés lorsqu'elle s'est rendue compte que mourir n'allait pas alléger ses craintes et ses angoisses et qu'au contraire, elle devait faire un retour sur sa vie et l'accepter telle quelle, admettre que j'avais raison lorsque je tentais de la faire comprendre que les valeurs éducatives auxquelles elle s'était conformée ont produit un fils nécessitant des années de traitement psychologique intense auquel elle n'a jamais voulu s'associer de peur de découvrir ses propres angoisses et traumatismes. Chaque fois que quelqu'un me parle de valeurs, je revois les yeux de ma mère révulsés de terreur par les implications inhibitrices contenues dans l'expression même de ces valeurs caricaturales qui ont dénaturé la vraie vie à côté de laquelle on a passé.
Laisses tomber les valeurs et vois cette vraie vie avec toute la souffrance qu'elle implique, avec toutes les nuances qui la sous-entendent, avec ses messages de l'inconscient, ses peurs et ses angoisses et je te jure que ta vie prendra une forme inespérée de salut qui n'a rien à voir avec ces fausses croyances dans lesquelles ce monde est immergé, convaincu que demain tout ira bien à la condition de succomber aux tentations de l'idéologie rédemptrice des valeurs binaires du bien et du mal, du beau et du laid, du vrai et du faux. Sortons de ce monde dual, bicéphale, manichéen, machiavélique, calviniste, moral, jugeant, et retrouvons notre condition humaine pour la vivre entièrement avec passion...
Les seules nouvelles que je veux entendre seraient celles qui annoncent la fin de l'hypocrisie des valeurs et l'instauration de la contemplation du réal !!
À part cela, tout va bien Mme.la Marquise, même si le château est en flamme et que la jument est morte, réjouissons-nous car cela signifie la fin du règne des nantis et de leur oppression qui arrive à son terme et que les gens simples, soit le simple peuple rendu à son intelligence instinctive, auront enfin repris le contrôle de leurs vies et, avec les moyens reçus, cultiveront une terre promise où chacun poursuivra son chemin de bonheur et d'accomplissement...
Pristoche : Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis sur les valeurs dans leur récupération sociale par le pouvoir, mais je pensais plutôt alors... à ce qui a de valeur.
Par exemple, la fraternité. Ou la solidarité.
Elle s'oppose à l'égoïsme qui est la valeur actuelle, couplée avec le consumérisme, tu l'exprimes très bien et je ne vais pas m'étendre sur l'importance de penser les uns aux autres, ou de diriger plus sa vie sur les autres et moins sur soi.
Ce que je sais, c'est que la vie circule d'hommes à hommes, et que nous devons nous liguer contre toutes les barrières qui empêchent le courant de passer de personne à personne.
C'est ce que veut le pouvoir: contrôler, en isolant les gens. Il y a parfaitement réussi en les rendant préoccupés d'eux seuls.
Mais je crois sincèrement que c'est l'élan vers les autres, et le fait de s'entraider, qui compte. Je pense qu'on ne peut pas réussir tout seul, et que le chacun pour soi est la pire des valeurs qui ait été créées au jour d'aujourd'hui. En outre, il a déjà échoué depuis longtemps.
En tant que telle, je pense que la solidarité est absolue. L'amour aussi, l'empathie, la compassion, bref ce qui nous relie sainement aux autres, et non ce qui nous divise.
Mais l'adage a toujours été employé: diviser pour mieux régner. Si nous étions unis, la révolte syndicale serait plus efficace, et les gens se bougeraient pour défendre leurs droits, défendre les autres. Au lieu de cela, chacun est sur son petit tas.
En vérité, nous sommes trop isolés les uns des autres pour que la vie ait un sens en société aujourd'hui. Elle n'en a aucun. S'il y a trop de distance entre les hommes, c'est un fait. Je trouve, Gorge, que c'est le cas en Suisse, le contact humain y est très rare et problématique.
Autrement dit: nous devons nous battre pour nous tous. Se battre pour soi tout seul, c'est encore, et encore, s'atomiser.
Bien sûr qu'il faut accomplir la libération dont tu parles et faire face à la vie telle qu'elle est, je ne vais pas te contredire !
Cependant il reste problématique que chacun reste sur son petit lopin de vie petite bourgeoise et que l'on ne fait rien ensemble.
Faire... Ensemble... Ces deux mots côte à côte font rêver.
Faisons juste le compte de ce que nous faisons réellement en groupe, et nous verrons ce qui reste des "valeurs" (appelle-les comme tu veux) de la gauche.
Dans un monde où règne une telle peur de la vie, pour le dire honnêtement, Le contact ne vaut que si nous voulons être "nous".
Il n'est pas facile de mener à bien une individuation, tu fais bien de le dire. Mais il faudrait simplement que les hommes vivent plus ensemble.
Que te dire? Comme artiste, comme poète, j'ai souvent cherché seul. Mais ce n'est qu'une partie du chemin. J'ai l'impression que l'autre partie, c'est ce que je ferai avec les autres, et au milieu d'eux.
Voilà pourquoi je crois fortement que la Liberté, ou le Christ, ou la Joie, Ou la mort, comme tu voudras, nous appellent à aller vers nous et aller vers les autres, à vivre. Donc à faire exister l'être individué tout comme l'être communautaire dont nous sommes l'agrégat.
Si tu m'annonces la fin de toute espèce de pouvoir, j'en suis heureux, car la manipulation est chose que j'ai toujours eu en horreur, et la stratification sociale, les inégalités m'ont toujours chagriné.
En passant, je pense que le mal existe, et que l'on peut poser sa question sans entrer dans un schéma binaire. L'oppression, la haine, la torture, la Méchanceté existent, on peut leur donner le nom générique de mal, mais cela existe.
En fin de compte, je me rends compte qu'en partant d'un cheminement purement chrétien, j'en arrive aux mêmes conclusions que toi qui pars d'un chemin Disons anarchiste pour dire un terme.
C'est la droite avec son maudit conservatisme, qui veut empêcher le nouveau d'arriver, et avec son étroite collusion avec l'économie, ne veut pas s'occuper des hommes, mais s'occupe de chiffres purs et simples.
La droite est binaire, alors que la vraie gauche, qui n'existe pas encore ou qui s'est oubliée, veut tout simplement l'humain et non des discours.
Je suis très touché par ce que tu me dis, et m'apprends, sur ta mère, et je pense qu'elle a avant tout été qui elle était, toute sa vie, dans toute sa lumière, et toute sa dignité, sa vérité - et non un quelconque modèle social, qui ne sert qu'à définir le pouvoir.
Pour revenir aux valeurs, Gorge, je ne crois pas aux valeurs, mais je crois fortement dans la fraternité, dans la bonté, dans la non-violence aussi. Je pense que tu as raison qu'il ne faut pas juger les autres mais les aimer. Etre lucide sur la méchanceté, mais ne pas stigmatiser, surtout pas. Et aller vers les autres, inlassablement, l'autre dépasse ce qu'on croit qu'il est.
On pourrait dire: ce qui a de la valeur c'est ce qui rend vivant et contribue au bonheur commun.
En tout cas, nous avons tous les deux un gros surmoi !
... Dégonflons-le !
Et continuons de croire en nos idéaux.
Si tu n'as rien contre les idéaux... Ni contre la vie.
Gorge : Non seulement je n'ai rien contre les idéaux mais tout mon discours en est imprégné !
Mais le problème est que des hommes du haut de la valeur qu'ils mettent dans leurs idéaux, veulent obliger le reste de l'humanité de les suivre sous prétexte de détenir la seule et unique vérité. Le problème est que ces hommes nantis d'une force et d'une énergie formidable, croient que tout le monde doit penser comme eux, vivre comme eux, être comme eux. Ils refusent l'altérité et pensent que la solidarité n'est qu'un truc de communiste pour les affaiblir et les mettre en question !
Je n'ai rien contre la valeur en tant que telle non plus. Mais il est très inquiétant de constater que l'on entretient sciemment la confusion entre "ce qui a de la valeur" et "valeurs" en tant que idéologie ou idéaux suprématistes à imposer par tous les moyens de persuasion imaginables. Ce ne sont pas les mots qui font problème mais le sens qu'on leur donne et la valeur ajoutée qu'on y attribue pour en faire des armes pour terrasser l'autre, le coincer dans un coin et l'achever !
Par exemple, pour toi, la fraternité ou la solidarité seraient des valeurs. Mais tu les opposes à ce qui seraient les valeurs actuelles soit l'égoïsme ou le consumérisme. Tu crées ainsi une échelle des valeurs qui permettrait les prémisses d'une guerre des religions entre ce que tu considères comme le bien, soit la fraternité, et le mal, soit l'égoïsme. On retombe ainsi dans le dualisme que nous voulons éviter, dans le manichéisme syndrome de nos complexes pathologiques et psychologiques! En fait cette histoire de valeurs est symptomatique de l'état actuel de nos mentalités délites - on passe son temps à mettre les gens dans des petites cases commodes qui décrieraient leur valeur, soit leur position sur l'échelle de la moralité et de l'autorité sociale. Et de cette manière, on peut juger, condamner, exécuter et faire disparaître toute une série de gens simplement en décrétant que ses valeurs ont plus de valeur que les leurs! On peut jeter en guerre des populations entières simplement en opposant valeurs contre valeurs et dans une ultime aberration, points de vue contre points de vue, subjectivités contre subjectivités.
De plus, en se référant continuellement aux valeurs, nous nous dispensons de réfléchir sur les véritables causes de nos problèmes actuels, sur ce qui a réellement dernière ces guerres de religions que nous entamons à tous propos, à chaque tournant, soit les problèmes psychologiques que nous efforçons de refouler dans les coins les plus répressifs de nos inconscients malades et effrayants !
C'est comme cette autre aberration actuelle qui est celle de vouloir absolument donner un "cadre" à nos enfants, tellement nous avons peur de la méchanceté que nous croyons percevoir chez eux si nous les laissions libres de leurs actes! Mais personne ne s'interroge sur la nature du cadre, de ses effets enfermant, des conséquences à long terme de ces contraints sur leurs psychismes malléables et facilement apeurés. Personne ne nous dit comment ces cadres sont à être imposés, avec quels moyens, avec quelles contraintes, quels chantages ou menaces, verges ou battoires. Je pense que le dilemme des jeunes de nos jours est justement de casser les cadres pourris que nous leur avons imposé au nom de valeurs que nous croyons bonnes et ils ne peuvent le faire sans tout casser, de la cave au grenier en passant par les salles de bain et la cuisine. J'ai vu des autocrates vantant les mérites des valeurs qu'ils ont reçu tout en gueulant contre la stupidité des gens et en les vouant à un emprisonnement à vie pour les corriger. J'ai vu des juges d'instruction gonflés de leurs valeurs dégoisant contre des supposés délinquants alors qu'ils étaient eux-mêmes notoirement attirés par un alcoolisme socialement acceptable !
J'ai entendu Sarko la menace discourir à Genève lors de la conférence sur la crise financière et ce petit monsieur a eu le culot, l'audace et le sans-gêne de tenir un discours de récupération de post-gauchiste du centre et sa démagogie était telle que du haut-parleur dégoulinait un liquide tellement visqueux, glaireux, collant, opaque et malodorant que je ne pouvais l'essuyer. Ce monsieur très petit me doit une radio !
Tu dis que tu penses que le mal existe, et que l'on peut poser sa question sans entrer dans un schéma binaire. Il te semble que l'oppression, la haine, la torture seraient la personnification de la Méchanceté et qu'on peut leur donner le nom générique de mal, car le mal existerait. Le seul mal que je vois est celui de la douleur physique que notre corps matériel subi lorsqu'il est atteint par la maladie ou un objet contendant. La méchanceté serait d'infliger exprès une douleur à quelqu'un pour lui faire souffrir. Dans ce cas, le mal serait plutôt une mentalité ou une tendance à infliger des souffrances à autrui, ce qui signifie que l'exploitation industrielle qui malmène les ouvriers et l'environnement serait un mal, que d'exercer un pouvoir ou une autorité sur les autres serait un mal, que traiter les autres d'abrutis ou de demeurés serait le mal absolu... Il me semble que la haine et la torture serait plutôt les expressions d'un profond désarroi chez certains et les symptômes de troubles psychologiques graves à même de faire souffrir les autres comme on souffre soi-même. Le mal n'existerait donc pas sous une forme diabolique caractérisée mais par la nature des perturbations mentales dans lesquelles naviguent beaucoup de nos concitoyens. Ces perturbations ont été induites par cette façon qu'ont les forts en thème de toujours se croire les rois du tas de fumier qui se sont donnés comme mission de sauver les gens d'eux-mêmes et de leurs "mauvais" penchants !
Lors d'une conférence politique, je me suis fait injectiver par une brave dame, directrice de je ne sais plus quel service, parce que, selon elle, je "dévalorisais" les valeurs et que je n'avais pas "le sens des valeurs"! «Le sens des valeurs l'ai-je questionné, mais qu'est-ce que cela peut bien être ?» «Ben, il faut avoir des valeurs sinon on n'est qu'un barbare» me répondit la brave dame. Tien, comme c'est curieux, Hitler était tellement bourré de valeurs qu'il s'est cru maître du monde et il a voulu que le monde le suive comme le messie. Mussolini pompait l'air avec ses valeurs conquérantes et Pinochet n'avait que ce mot à la bouche et au nom de ses valeurs, il a fait torturer maint opposants. En somme, tous les dictateurs du monde ont professé d'innombrables valeurs dont ils en avaient un sens très aigu ! La dame m'a fait comprendre qu'il y avait "valeur" et "valeur" et que ce n'était pas la même chose. Il y a donc une hiérarchie des valeurs où certaines valeurs sont les bonnes et d'autres les mauvaises, d'où les guerres pour les imposer, les systèmes pour les faire vouloir...
Beurk, j'ai finalement laissé tomber en me disant que non seulement on n'est pas sorti de l'auberge mais qu'en plus, en utilisant les valeurs pour sortir des problèmes, on s'enfonçait encore plus profondément dans les absurdités des valeurs et de l'incapacité de les définir précisément !
Pristoche : Je note que tu as fait un magnifique lapsus: injectiver, comme la réunion de injecter et invectiver. A croire que tu ne veux pas te faire injecter la morale dominante !
Gorge : À part cela, avec mes gaucheries, j'arrive à dire "j" pour "v" car ils sont assez proche. Mais ta remarque est très pertinente, effectivement, je m'insurge contre ces tentatives de me faire avaler des balivernes vertueuses où les valeurs sont roi et la morale chrétienne !!
Mais qu'est-ce donc une valeur et pourquoi on s'acharne tellement à leur donner une telle importance, étant donné qu'une valeur n'est que le prix des choses!!!
Pristoche : Ces valeurs sont en tout cas un instrument de contrôle de l'esprit des gens, un art de les persuader qu'ils ne sont pas conformes à un modèle. Mais elles ne me semblent pas exclusivement chrétiennes: les valeurs libérales sont tout aussi dangereuses, et elles règnent actuellement.
Quant on voit que les premiers apôtres ont été persécutés, parfois mis à mort pour oser défendre le Christ, qu'ils s'insurgeaient contre les valeurs des pharisiens et des Juifs, qu'ils prônaient de vivre en pensant les uns aux autres et basta, il est étonnant de voir combien déformés ils ont traversé les siècles. Le pouvoir s'en est servi pour se légitimer très vite.
Secourir le pauvre sur le bord du chemin comme le bon Samaritain, est-ce une valeur ou un acte de courage? Donner ses deux pièces comme la vieille dame pauvre, est-ce donner tout ce qu'on a ou bien se conformer? Le vrai Christ était tout ce qu'il y avait de plus dérangeant et non-conformiste.
Mais s'il faut... Injecter... Le christianisme, c'est... C'est reconnaître qu'il n'aurait aucune qualité en lui. Que l'altruisme et la fraternité ne sont pas possibles sauf à y formater les esprits.
La seule question reste: à quel degré de conscience les uns des autres peut se maintenir une société humaine? Quelle solidité peut avoir nos liens ?
Pas de moralisme: de l'amour. Pas de formatage: de l'authenticité !
Gorge : Je vois les choses ainsi : les premiers apôtres ont été persécutés, parfois mis à mort, parce qu'ils ont osé défendre certaines pensées libératrices du Christ, parce qu'ils s'insurgeaient contre les valeurs des pharisiens et des Juifs et qu'ils prônaient de vivre en pensant aux autres. Ils ont défendu des principes de vie qui ont été déformés par Le Pouvoir qui s'en est servi pour se légitimer et, surtout, pour garder leur domination sur les gens. Hélas, les dirigeants ont toujours su récupérer les idées nouvelles pour s'asseoir et garder leurs pouvoirs, même si ces idées allaient à l'encontre de leurs valeurs et étaient en flagrante contradiction avec leurs croyances. Cela s'appelle la "résilience" et sert de support à la nouvelle dictature ainsi créée !
Secourir le pauvre sur le bord du chemin comme le bon Samaritain, ce n'est ni une valeur ou un acte de courage, c'est s'adonner aux joies de l'altruisme. Donner ses deux pièces à la vieille dame pauvre, c'est tout autant un acte très égoïste pour se valoriser (tien ben voyons!!) qu'une façon de se conformer aux impératifs catégoriques et donner tout ce qu'on a n'est bien que si cela est fait d'une manière totalement désintéressée, sans arrière-pensées, et, surtout, sans espérer un retour possible !
Le vrai Christ aurait pu être tout ce qu'il y avait de plus dérangeant et non-conformiste mais les descendants de St.Pierre se sont ingéniés de le retraduire pour en faire des impératifs catégoriques pour encore mieux dominer les gens. Même le soi-disant "réformateur" Jean(cul) Calvin malgré sa lutte acharnée et obsessionnelle contre l'église catholique de Rome, n'a pas échappé à cette rhétorique et a pu imposer son règne autocratique sur toute une population. Et dire qu'à Genève de nos jours, ils sont en train de "célébrer" ce dictateur de la première heure, ce plénipotentiaire de pacotille qui est venu à Genève où il savait qu'il pouvait compter sur le côté "libéral" des genevois pour faire fructifier le système capitaliste en formation en sortant les banques des mains des juifs, en réhabilitantl'argent et son jeu spéculatif, en lui donnant une noblesse et une finalité sociale ! Voilà pourquoi la Martine Brunschwig Graf (regardes bien ces yeux hallucinants et dis-moi dans quelle profondeur de l'horreur ils sombrent !) est si contente dans ce Genève si confit, si sûr de lui que s'en est indécent !
Beurk et rebeurk !!
Mais le christianisme, c'est reconnaître qu'il n'aurait aucune qualité en lui. Que l'altruisme et la fraternité ne sont pas possibles tant que les esprits ne se révoltent pas contre leur conditionnement mental, tant que nous ne cassons pas la logique de l'élitisme autoritaire et dominante.
Je suis devenu très remonté contre ces dieux aux pieds du quels on veut nous faire agenouiller. Comme le dit si bien Auguste Blanqui (1803-1881 - grand révolutionnaire, homme politique, théoricien socialiste, pédagogue, professeur, précepteur, répétiteur) «l'école et l'église sont des instruments d'asservissement entre les mains des classes dirigeantes.» L'école cléricale sert ouvertement à la «production des ténèbres, et l'école officielle, dispensatrice de la soi-disant instruction publique, n'est souvent qu'une simple succursale des sacristies».
Pour le croyant, le seul maître c'est Dieu. «Je suis votre maître» dit l'Eternel (Jér. 3:14). En supprimant Dieu nous supprimons non seulement le maître mais aussi tous ses prétendus représentants, parasites de la société. L'idée de Dieu et des religions sont, aux yeux de Blanqui, les sources de l'ignorance, de l'abrutissement du peuple. Dieu est un moyen de gouvernement, une protection pour les privilégiés, une mystification pour la multitude. «Dieu, c'est le mot qui prétend tout expliquer, qui n'explique rien et qui interdit toute explication. C'est le mot qui satisfait la paresse et l'orgueil en faisant de l'ignorance le savoir». Le péril clérical s'avérait, pour lui, l'une des plus formidables entraves à l'avènement d'un régime social égalitaire et fraternel.
«Les croyants dépensent tant de foi dans le trafic avec Dieu qu'il n'en reste plus un atome dans le commerce avec les hommes. [...] Nous ne reconnaissons pas ces imaginaires devoirs envers Dieu, véritable bonne fortune pour l'égoïsme qui se hâte de les traduire en superstitions, heureux de leur immoler d'autres devoirs plus gênants, les devoirs envers les hommes.»
Que te dire d'autre sinon ce que maintes philosophes humanistes ont déjà dit et répété depuis longtemps : tant que les hommes n'acquièrent pas une autonomie complète dans leur individualité et une émancipation de leur personne des chaînes de commandement et de l'autorité dirigiste, ils seront manipulés pour être dominés par d'autre hommes sécurisés par leur croyances totalisantes et leurs guerres contre la nature humaine ressentie comme mauvaise et même considérée comme le mal absolu à réprimer avec la plus grande vigueur !
Vive la nature humaine qui nous sauve des frasques du pouvoir, des compulsions autoritaires, des dérives du pouvoir et qui fait que l'espoir puisse naître même chez le plus démuni d'entre nous ! Vive nos rebellions qui empêche le pouvoir de dicter leur conformisme sociétal ! Vive tous les êtres qui veulent se secouer du joug du pouvoir et établir une vraie fraternité entre tous !
Pristoche : Vive Gorge l'antinombre et antiguerre, et vive Antigone l'antique ombre de Gorge !
Gorge :
Quand au "sens des valeurs", je me marre encore aujourd'hui devant l'incongruité de la proposition car si les valeurs devaient avait un quelconque sens, alors elles deviendraient des impératifs catégoriques de la pire espèce. J'en reste à ma proposition fondamentale - que les valeurs restent un nombre, une quantité, une mesure et qu'on nous fiche la paix avec ce moralisme du 19ième siècle, producteur de guerres mondiales !!
Je pense que se sont les valeurs quelles qu'elles soient qui sont dangereuses ! Le fait même de penser en termes de valeurs prédestine à des conclusions qui mettent en danger la qualité de la relation humaine et est même le signe certain d'une conception hiérarchique de la société où les détenteurs de valeurs se prennent pour les chefs et croient pouvoir parler au nom de tous !
Décidément, ce siècle ne pourra jamais rencontrer Nietzsche, cela n'est pas donné à ce si petit siècle ! La seule question reste: pour qu'une société soient humaine, les uns et les autres doivent maintenir un haut degré de conscience et des liens solides et solidaires, ce qui n'est absolument pas le cas ces temps !
Pris dans la fange du moralisme, pas d'amour, ni d'authenticité mais du formatage de la pire espèce !
Autre chose amusante, je me suis alarmé lorsque la Martine chérie manoeuvrait pour accéder au Conseil fédéral aux dernières élections il y a deux ans car je pensais que cette gnome farcie d'intentions libérales nous donnerait une bien piètre image de la Suisse. Mais en me rendant compte à quel point ce gouvernement est vraiment composé de petits nains et de gnomes en argent, lorsque j'ai contemplé les photos de notre petite Martine BG (bon chic-bon genre !) parues dans la presse depuis l'annonce de sa candidature, je me suis dit finalement qu'elle ne déparerait pas trop le tableau car son allure est réellement celle d'une gnome, comme tu peux le constater sur cette photo !
D'autant plus, qu'elle peut sourir en laissant tomber les coins de ses lèvres et s'auto-applaudir en tapant fort dans ses mains !
Pristoche : Donc si je te suis, le sujet parlant qui énonce les valeurs, c'est le pouvoir. Ou bien c'est un grand tout impersonnel, qui décide que chacun et chacune doit épouser ces valeurs. Dans le fond, ce serait le but des
valeurs: de mettre un commun dénominateur entre tout le monde et d'atténuer les différences individuelles. Le seul problème des valeurs, c'est qu'elles doivent être imposées par le haut et adoptées par tout le monde. Ce qui n'est pas possible sans un mécanisme de mimétisme et de conformisme. Tout ce qu'un homme d'esprit peut détester: le formatage, revient au grand galop après la pieuse exaltation de la perfection desdites valeurs.
En effet, ce siècle est bien loin du message de Nietzsche, il est plutôt près de celui des "derniers hommes", qui ont "leur petit bonheur pour le jour et leur petit bonheur pour la nuit".
Ce que tu sembles dire, à juste titre, c'est que la société a besoin de liens solidaires et réels pour s'unifier en société - et non de mimétisme conformiste. Le mode d'unification de notre époque est désastreux: personne n'est avec les autres ni avec la société, mais pour cacher le naufrage social et économique, on veut faire croire que la société va bien puisque certaines personnes, à qui tu donnes trop de pouvoir, incarnent au degré suprême ces "valeurs" qui formatent.
Si tu crains de voir accéder Brunschwig-Graf au Conseil fédéral, alors que dis-tu de Maurer et de Merz qui y sont déjà? La nanoscopie et la nanologie sont honorés d'échantillons remarquables de petits nains. Le nain Blocher a eu le mérite naïf de jouer à fond son nano-helvétisme: il en est résulté un effet-miroir trop dérangeant pour tous les petits nains, et on s'est donné une cure de bien-pensance et une victoire illusoire en le remplaçant par la nanopotentate Widmer-Graf, heu, Schlumpf - et schlumpf, tu le sais comme moi, veut dire: schtroumpf. Oui, le petit nain est borné et soucieux, il regarde par six fois avant de sortir de son terrier, il ne fait confiance à personne sauf à son petit ventre, et il n'a pas le temps pour la tendresse ou la pensée, il ne fait que besogner. Puis, quand sa besogne est terminée, il fait: "pfffout!" et s'accoude, transpirant, à son tronc d'arbre, goûtant la saveur d'un repos bien mérité et le vertige qui vous saisit juste après l'effort intense, quand on a fini.
Brave petit nain !
Tu as bien mérité après le Arbeit ton Freizeit !
Gorge : Alors vivement la fin du règne des pts-nains peut être pas d'ici demain mais au moins avant la fin de notre vie sur cette terre embrouillée !
Mais avoues donc que cette photo de la Martine aux doigts crochus est vraiment significative de la mentalité qui règne dans les sphères dirigeantes - un grappillage acharné pour le pouvoir !!!
Il me semble que notre message devrait être conduit vers une conscientisation de l'animal humain pour que son cerveau puisse acquérir la globalité des capacités qui lui sont dévolues. En effet, avec la structure de nos neurones et nos connexions multipolaires, nous pourrions être capable de télépathie et de communication extrasensorielle si seulement nous nous donnions le droit à la pensée autonome et la sensibilité empathique envers l'autre. Mais non, la seule chose que nous savons faire avec notre cerveau est de conquérir un pouvoir, l'exercer sur autrui, amasser des richesses matérielles, justifier et faire la guerre - belle conquête, n'est-ce pas ?
Exemple de valeurs : celles du Président Nicolas Sarkosy
état de la discussion à la mi-Juillet 2009
Comprendre aujourd'hui et préparer demain: tel est l'oeuvre fondamental du grand physicien américain Fritjof CAPRA.
Auteur d'un ouvrage célèbre, «le Tao de la physique», animateur du récent colloque de Cordoue qui remis en cause les bases scientifiques héritées du rationalisme, CAPRA fait oeuvre d'historien des sciences, de sociologue, d'économiste, de philosophe.
Notre obsession de l'expansion a déséquilibré l'économie, les institutions et même l'environnement naturel. On peut parler d'une croissance cancéreuse des villes comme des technologies, due à un chaos conceptuel hérité d'une vision mécaniste du monde.
C'est cette vision que CAPRA propose de changer.
La nouvelle vision de la réalité, qui ouvrira le passage vers une ère solaire, repose sur une approche holistique des phénomènes, c'est-à-dire globale et non fractionnée. Nous sommes condamnés à changer de mode de pensée, de façon de vivre et, par conséquent, de société. Mais ce changement se fera-t-il avec nous ou sans nous? Sera-t-il évolutionnaire ou révolutionnaire ?
CAPRA donne un certain nombre de réponses à ces questions. II propose une écologie profonde, qui consiste à ranimer la conscience, à pratiquer des "sentiers énergétiques doux", à user de thérapies qui ne dissocient plus santé globale et santé individuelle.
Penser globalement, agir localement est une clé majeure de cette vision systémique.
Des citations de Fritjof Capra tiré de son livre «LE TEMPS DU CHANGEMENT»
- LA VISION SYSTÉMIQUE DE LA VIE
«La nouvelle vision de la réalité ne pourra se fonder que sur une conscience de l'interdépendance essentielle de tous les phénomènes - physiques, biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Elle transcende les limites disciplinaires et conceptuelles actuelles et se développera au sein d'institutions nouvelles. Pour l'instant, il n'existe pas de cadre bien défini, conceptuel ou institutionnel, qui conviendrait à la formulation du nouveau paradigme, mais de nombreux individus, communautés, réseaux, élaborent de nouveaux modes de pensée, s'organisent en fonction de nouveaux principes et étudient déjà le profil que devrait présenter un tel cadre.
Dans cette situation, il semblerait qu'une approche boot-strap, semblable à celle développée par la physique contemporaine, puisse s'avérer fructueuse. Pour ce faire, il faudra en arriver à formuler un réseau de concepts et de modèles imbriqués et, simultanément, développer les organisations sociales correspondantes. Aucune théorie, aucun modèle ne sera plus fondamental qu'un autre, et chacun devra être compatible avec tous les autres. Ils dépasseront les distinctions disciplinaires conventionnelles, utiliseront n'importe quel langage pourvu qu'il soit approprié pour décrire les différents aspects de la structure aux multiples niveaux et les diverses relations de la réalité. De même, aucune des nouvelles institutions sociales ne sera supérieure à une autre, ni plus importante et toutes devront être conscientes l'une de l'autre et devront communiquer et coopérer.
Dans les chapitres suivants, je discuterai certains des concepts, modèles et organisations de ce genre qui sont apparus récemment et je m'efforcerai de montrer comment ils s'accordent conceptuellement. Je tiens à me concentrer plus particulièrement sur les approches qui s'intéressent à la santé individuelle et sociale. Le concept de la santé, dépendant de manière capitale de la vision qu'on a des organismes vivants et de leurs relations avec l'environnement, cette présentation du nouveau paradigme s'ouvrira par une discussion de leur nature.
On peut dire que la vision mécaniste en biologie et en médecine se justifie, jusqu'à un certain point, puisque les organismes vivants agissent, en partie, comme des machines - l'ossature, l'action musculaire, la circulation sanguine, etc. - probablement parce qu'un fonctionnement mécanique convenait à notre évolution. Mais cela ne signifie pas que les organismes vivants sont des machines. Les mécanismes biologiques sont simplement des cas particuliers de principes d'organisation plus vastes ; en fait, aucune opération de quelque organisme que ce soit ne consiste entièrement en de tels mécanismes. La science biomédicale, après Descartes, s'est trop concentrée sur les propriétés mécaniques de la matière vivante et a négligé d'étudier sa nature organique, ou systémique.
La vision systémique considère le monde en termes de relations et d'intégration. Les systèmes sont des tout intégrés dont les propriétés ne peuvent être réduites à celles de plus petites unités. Au lieu de se concentrer sur les éléments fondamentaux ou sur les substances de base, l'approche systémique met l'accent sur les principes de l'organisation. Les exemples de systèmes abondent dans ta nature. Chaque organisme - de la plus infime bactérie jusqu'aux humains en passant par toute la variété végétale et animale - est un tout intégré et, donc, un système vivant. Les cellules sont des systèmes vivants, de même crue les tissus et les organes du corps, le cerveau humain en étant l'exemple le plus complexe. Mais, les systèmes ne sont pas l'apanage des organismes individuels et de leurs parties. Les mêmes aspects d'intégralité sont observables dans les systèmes sociaux - tels qu'une fourmilière, une ruche ou une famille humaine - et les écosystèmes qui sont formés d'un ensemble d'organismes et de matière inanimée en interaction mutuelle. Ce qui est préservé dans une région sauvage, ce ne sont pas les arbres on les organismes individuels mais la toile complexe des relations existant entre eux.
L'activité des systèmes implique un phénomène connu sous le nom de transaction - l'interaction simultanée et interdépendante entre plusieurs composants. Les propriétés systémiques sont détruites lorsqu'on dissèque un système - physiquement ou théoriquement. Bien que nous puissions distinguer des composantes individuelles dans tout système, la nature du tout est toujours différente de la simple somme de ses parties.»
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«Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, ce n'est pas de subir la loi du mensonge triomphant qui passe.»
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