DISCUSSION sur la SITUATION RÉELLE de ce monde égaré !
Débat entre deux militants activistes :
- "Gorge" - l'anarchiste humaniste
et
- "Pristoche" - le chrétien de gauche !
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propos recueillis par G.Tafelmacher
la discussion de la mi-Juillet 2009 au 07 Mars 2010
Je me suis demandé si tout compte fait, il ne vaudrait pas mieux prendre un autre thème que la révolution, qui est vaste, pour le chapitre suivant.
Si nous partions du thème de l'aliénation de la solitude dans nos démocraties occidentales actuelles? Ce serait l'occasion de continuer notre Entreprise de "penser" l'Europe droitiste et l'avenir de la gauche en restant proche des réalités vécues !
Certes, le thème de l'aliénation est dans l'ordre des choses mais c'est un sujet si vaste que nous sommes obligés de le subdiviser en d'autant de chapitres - psychologie, sociologie, études du pouvoir et de ses modes opérateurs, de l'élite et de ses prétentions de diriger l'humanité et l'humain, etc.etc.etc....
Il me semble que nous serions plus efficace en se posant des questions fondamentales et de chercher à comprendre ce qu'il y a derrière les "faits de société" dont nous sommes abreuvés continuellement par les médias au solde du pouvoir qui cherche constamment à rester aux commandes quelque soit le prix, quelques soient les conséquences. L'aliénation n'est que le symptôme du résultat de la domination de quelques uns qui se croient supérieurs sur la masse des gens dits "normaux" qui pour résister veut dire adopter des postures propres à inconsciemment manifester leurs oppositions aux injonctions des dirigeants qui prennent cela très mal et font passer des tas de lois pour se faire respecter. L'aliénation n'est qu'un moyen archaïque pour ne pas se faire gober par un système totalitaire. Nous serions plus justes si nous parvenons à décrire ce qu'il y a de totalitaire dans les systèmes dans lesquels nous devons vivre et que nous perpétuons par notre acquiescement tacite et nos inhibitions diverses.
Je pense qu'il nous faut bien comprendre ce système et pour cela nous devons étudier ce qui se passe avec infiniment plus d'intelligence et d'ouverture d'esprit que nous montrent ces moralisateurs qui veulent nous enfermer dans un carcan moral, siège de cette aliénation. On doit partir d'une observation et d'une description de ce qui se passe pour arriver à comprendre l'entier de la problématique de l'aliénation. Et cela demande que nous soyons des experts en psychologie, des aces en compréhension historique, des champions en prises de conscience...toutes choses qui nous manquent terriblement en ces jours de jugements moraux, de fustigations sévères de la part des élites...
Et cela nous demande surtout de bien comprendre ce que c'est cette "élite", qui la compose et comment elle perdure. Donc, tu vois bien le travail qui nous attend, bon courage...!
Et que penses-tu de ce petit reportage sur le Gothard des plus significatif trouvé dans LE COURRIER...
LA SOMBRE ÉPOPÉE DU TUNNEL DU GOTHARD
Sous le Gothard
Une lecture sociale de cet exploit nous rend un portrait bien moins éclatant de la Suisse à l'heure de sa première industrialisation.
PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS DE MARCHI
Il faut dix minutes, aujourd'hui, pour arriver de Airolo à Göschenen. Demain, vraisemblablement déjà dès 2017, grâce aux nouveaux tunnels de Alptransit, le passage se fera à 250 km/h, sans même s'arrêter dans ces deux gares. Les premiers à traverser et creuser les viscères du massif (ceux qui en sont sortis vivants, du moins) n'ont pourtant pas mis moins de sept ans (1875 - 1882).
Dans des conditions bien loin de l'efficacité technologique souhaitée. A l'heure où l'on creuse le futur passage nord-sud, la construction du premier tunnel demeure un chapitre d'histoire foisonnant et en grande partie encore à écrire. Un portrait social et culturel d'une Suisse hétérogène que l'on devine aussi à travers les monuments dédiés à ses protagonistes: si à Genève on cultive l'image de l'entrepreneur Louis Favre et à Zurich celle du financier Alfred Escher, du côté tessinois, un haut-relief de l'artiste Vincenzo Vela rend hommage aux ouvriers qui y ont perdu la vie. Rencontre avec l'historien tessinois Orazio Martinetti.NdM : Dans quelle mesure le premier tunnel du Gothard peut-il être défini comme un chapitre de l'histoire suisse encore "ouvert" ?
Orazio Martinetti: Les exploits du génie civil et l'essor économique que le tunnel a rendu possibles au Tessin et dans une Suisse centrale encore largement rurale à l'époque ont été largement relatés. Reste que le chantier du Gothard en lui-même avait déjà constitué un éveil brusque à la modernité. Lors de la construction du tunnel, de nombreux problèmes aujourd'hui récurrents, dont la "question sociale", s'y présentaient alors pour la premièrefois. Ce chapitre reste d'autant plus emblématique pour l'histoire suisse que la construction du Gothard a non seulement mobilisé une énorme quantité de maind'oeuvre étrangère, mais aussi des compétences en provenance des quatre coins du pays. A savoir: l'entreprise du Genevois Louis Favre (qui comptait aussi dans ses rangs l'ingénieur genevois Colladon), la finance zurichoise représentée par Alfred Escher, les compétences locales, ainsi que des ingénieurs allemands et autrichiens.
Mais l'histoire sociale s'occupe avant tout de donner la parole aux exclus, aux humiliés. De ce point de vue, un grand hommage doit toujours être rendu à cette multitude d'ouvriers italiens qui étaient venus en Suisse à la recherche de pain et de travail.Quelles étaient les conditions de travail sur le chantier du Gothard ?
Les régions en question (Tessin et Uri) n'étaient pas prêtes à accueillir une masse aussi importante de travailleurs. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du tunnel régnait l'anarchie. On calcule que l'entreprise de Favre employait 2500 à 3000 ouvriers de chaque côté du massif. Seulement on n'avait prévu de logements que pour une minorité d'entre eux (300 à Göschenen et 610 à Airolo). De fait, concernant le logement, les ouvriers étaient laissés à la merci de spéculateurs sans scrupule. Voici pourquoi Airolo et Göschenen, respectivement le chantier sud et nord du tunnel, devaient avoir des allures de bazar: un baraquement hétérogène de granges, taudis, tavernes. Une situation de surpopulation et congestion qui devenait facilement un problème d'ordre public. Comme la nuit de Noël 1873 à Airolo, lorsque les tensions entre les habitants du pays et les ouvriers éclatèrent dans une rixe qui fit un mort et six blessés au couteau.
A l'intérieur du tunnel, la situation n'était guère plus réjouissante. La chaleur et l'humidité étaient épouvantables. A celles-ci venaient s'ajouter la poussière, omniprésente, soulevée par les explosions et par le transport de matériel, ainsi que les exhalations dues aux lampes. En plus, les wagons-toilettes n'étant pas prévus à l'époque, les eaux, qui coulaient naturellement du tunnel vers la sortie, se transformaient en égout à ciel ouvert. C'est d'ailleurs comme cela que s'est propagée "l'anémie du mineur": cette maladie tropicale qui a été ensuite détectée par un docteur piémontais sur un des rescapés revenu à sa terre d'origine. Enfin les horaires de travail étaient de huit heures par jour. Mais le salaire étant à peine suffisant pour survivre, beaucoup d'ouvriers n'hésitaient pas à faire des tours allant jusqu'à seize heures.Quels étaient les dangers auxquels s'exposaient les ouvriers du chantier et quelles en étaient les conséquences ?
La dynamite, sous forme de nitroglycérine, a été la principale cause directe de morts et blessés avec la chute d'infrastructures et les éboulements. Mais il ne faut pas oublier les causes indirectes comme la silicose - maladie pulmonaire due aux miasmes -, l'ankylostomiase (la dite "anémie du mineur") et les rixes. Car comme on l'a vu, les contraintes ne s'arrêtaient pas à la sortie du tunnel.
Au total, rien qu'au Gothard, on déplorera 200 morts, 350 si on y inclut les travaux sur les rampes d'accès nord et sud. Mais tout cela sans tenir compte des blessés, des mutilés, des invalides et ceux, nombreux, qui sont partis du Gothard avec quelques graves maladies comme l'anémie (500 à 800 personnes) ou la silicose. Celles-ci n'étaient pas prises en charge par la "caisse de secours mutuel" organisée par les dirigeants.Qui était responsable de cette situation ?
Difficile à dire. En lisant les écrits laissés par Favre, on a l'impression qu'il renvoyait la responsabilité à la Compagnie du Gothard gérée par le banquier zurichois Alfred Escher. Celui-là même qui l'avait chargé de l'entreprise suivant un contrat léonin.
Une chose reste sûre: la vie de l'ouvrier à l'époque ne valait pas grand-chose. La main-d'oeuvre était docile et abondante, ce qui était tout à l'avantage d'entrepreneurs qui s'étaient largement trompés dans leurs appréciations mais qui pouvaient jouer à la baisse les salaires et les mesures sanitaires et de sécurité sur les chantiers.
D'autre part s'il avait signé un contrat aussi contraignant, Favre faisait énormément confiance à la technologie: la dynamite, les perforatrices à air comprimé de son adjoint Colladon auraient dû faciliter les travaux. Malheureusement, sa confiance se heurtait à de nombreuses difficultés. Dont la faillite de la Compagnie qui avait presque entraîné avec elle l'entreprise du Gothard. Il est sûr que la clause temporelle rédigée par Escher et signée par Favre (Favre aurait dû porter à terme les travaux en huit ans faute de quoi il aurait dû payer 5000 francs d'amende par jour de retard) n'a fait qu'empirer les choses au détriment des ouvriers.
Le 25 juillet 1875 sur le chantier de Göschenen, les ouvriers croisent les bras. Résultat: quatre morts.Peut-on parler d'un premier mouvement social en Suisse à partir de cette date ?
Il y avait déjà eu des grèves en Suisse. Mais celle-ci avait créé beaucoup d'émotion. Notamment en Italie d'où venait une très grande partie des ouvriers. En Suisse, la Tagwacht, l'organe de diffusion de "l'Arbeiterbund" (le premier mouvement ouvrier suisse), avait pris fait et cause pour les grévistes du Gothard. Une pression qui avait contribué à faire nommer une commission fédérale d'enquête qui aurait confirmé en grande partie des conditions de travail absolument "pitoyables". Malgré cela, il est pourtant difficile de parler de la grève de Göschenen comme d'un véritable mouvement social. Les grévistes étaient bien plus pragmatiques qu'idéologiques. Ils réclamaient avant tout des conditions de travail plus acceptables et contestaient à peine l'absurde système de paye par bons ou en lires italiennes. En revanche, ce qui germera sûrement pour la première fois à partir de Göschenen et Airolo est la xénophobie. La Basler Nachrichten avait parlé, à l'époque, de mesures pour faire face à la "propagation des Italiens dans toute la vallée". Une peur envers l'étranger, et l'Italien en particulier, qui atteindra le paroxysme en 1898 avec le véritable pogrom de Zurich: "l'Italiener-Kravall". I
Hommage aux ouvriers du chantier du Gothard.Vincenzo Vela "Le vittime del lavoro", 1882. MUSEO VELA REPÈRES
Chiffres et dates
> 2,50.- à 4.- francs par jour : tel était le salaire des ouvriers. Un lit pour une nuit coûtait 50 centimes. Un kilo de pain, 40 centimes. Les ouvriers devaient aussi louer le matériel (lampes, outils) à l'entreprise et étaient souvent payés soit en lires italiennes, soit avec desbons échangeables dans les magasins de l'entreprise.
> 48 millions de francs : le coût du projet présenté par Louis Favre qui remporte largement le concours. En offrant un rabais de 12 millions et une caution de 8 millions en garantie de l'exécution. Le tunnel coûtera en définitive 56,8 millions et un lourd tribut en vies humaines.
> 30 à 40 degrés : la température moyenne à l'intérieur du tunnel.
> 177 ouvriers sont morts dans la construction du tunnel : 350 avec ceux qui ont trouvé la mort sur les chantiers des rampes d'accès. Au total, 403 se sont également blessés sur le chantier.
> 187 millions de francs : le coût total prévu pour la totalité de la ligne du Gothard de Immensee à Chiasso. 85 millions sont financés via des subventions étatiques (à hauteur de 45 millions de l'Italie, 20 millions de l'Allemagne et 20 millions de la Suisse). Un travail qui comprend 263 kilomètres de voies ferrées, 55 tunnels (dont 7 hélicoïdaux), 32 ponts, 10 viaducs et 24 passerelles. Suite à la crise financière de la Compagnie du Gothard, une rallonge de 102 millions sera accordée.
> 1875-1882 : avec un mois d'avance sur les délais prévus, les forages nord et sud se rejoignent. Mais à cause de retards de la maçonnerie du tunnel, la ligne ne sera inaugurée que deux ans après, obligeant les héritiers de Favre à payer la totalité de la clause pénale.
GLOSSAIRE DU GOTHARD
A : ankylostomiase ou "anémie du mineur" ou "du Gothard". Anémie mortelle due à l'ankylostome, un parasite d'origine tropicale qui trouvait des conditions de reproduction idéales dans les forages.
C : Colladon, Daniel. Professeur à l'Académie de Genève. Ses expériences menées autour de la compression des gaz lui permettront de concevoir un modèle plus performant de perforatrices.
D : dynamite.A peine découverte qu'elle est employée, sans formation, par les ouvriers, sous forme de nitroglycérine. Ceux-ci la faisaient exploser dans les trous formés par les perforatrices.
F : Favre, Louis. Ses nombreux chantiers ferroviaires en France pendant le Second Empire font de lui un entrepreneur à succès. Il meurt dans le forage nord du Gothard le 19 juillet 1879 suite à un arrêt cardiaque.
E : Escher, Alfred. Conseiller fédéral dès 1848, il est un des pères du réseau ferroviaire suisse. C'est aussi pour financer le Gothard qu'il fonde, en 1856, le Crédit Suisse.
G : grève. Le 27 juillet 1875, une équipe d'ouvriers croise les bras à l'entrée du chantier nord du tunnel. Le lendemain, 22 hommes armés de la garde civile sont envoyés à Göschenen. Bilan: quatre morts.En avril 1880, on enregistre un mouvement analogue sur la rampe d'accès sud entre Giubiasco et Lugano.
P : presse. «Le tunnel du Gothard ne doit pas être construit au prix du sang d'un peuple d'ouvriers. Laissons ce triste privilège aux pyramides des Pharaons.» Extrait d'article de Il Repubblicano della Svizzera Italiana, du 14 août 1875.
S : symbole. Le massif du Gothard est un symbole suisse et européen à de nombreux égards. Sa position stratégique est symbolisée par les trois fleuves qui y trouvent naissance: le Rhône, le Rhin et le Ticino, affluent du Po.NMI
références : Le Gothard
Beurk...Et dire qu'il y en a qui "glorifie" le Gothard et en fait une fierté nationaliste...!!!
Je vais paraphraser : «La Suisse (ou toute autre nation ou communauté) ne doit pas être construite au prix du sang d'un peuple d'ouvriers. Laissons ce triste privilège aux pyramides des Pharaons.» Gorge L'anarchiste della Svizzera, le 29 juillet 2009.
Donc on en est là, exploitez tant que vous voulez, il en restera toujours quelque chose et le prix à payer est le sang et la mort. Mais le pire est de penser que notre "glorieuse nation" est bâtie sur ces bases là et que la mentalité actuelle découle de ces principes instaurés en ces temps pas si lointains. Finalement, il n'y a pas eu tant de ces changements ou de ce progrès tant vanté et notre système reflète donc cette mentalité d'exploitant odieuse et jamais contredite qu'aucun syndicat n'a pu défaire...
Je suis d'accord avec toi, la problématique de l'aliénation apparaît de partout, si cela se trouve nous en avons déjà parlé.
Je trouve très riche ton idée de démontrer qu'il s'agit d'un système totalitaire. J'avais pour ma part commencé à écrire un ouvrage qui tentait de démontrer que la jungle néolibérale est le troisième totalitarisme après le stalinisme et l'hitlérisme. En tout cas, il faut "démasquer" ce système.
Pour être honnête, j'avais juste été frappé par ta formule de "solitude aliénée", car je trouvais cela extrêmement juste. On ne peut pas nier que notre solitude - notre être-seul - a un côté programmé, non souhaité, qu'il est le résultat de manipulations générales, voire même que cette solitude est contrôlée. Il faudra le démontrer, mais je crois que c'est vrai, et que tu as fait mouche par cette idée.
"jugements moraux", eh oui! La dignité humaine a toujours été devancée par d'ineptes jugements moraux pour qui un homme n'est pas un homme, mais seulement la catégorie dans laquelle il nous plaît bien de le ranger.
J'ai lu ce reportage sur les conditions ouvrières affreuses de la percée du tunnel du Gothard. Toujours cette manie de l'ordre! En passant sous silence l'exploitation des ouvriers. L'exploitation en Suisse fut là avant le mouvement ouvrier, décidément.
Il reste à fêter distraitement ce Premier Août demain, en allumant un lampion funèbre aux ouvriers grévistes du Gothard! Si ce pays ne s'est pas bâti sur le sang, il s'est bâti au moins sur la sueur des exploités.
Je fais le voeu qu'en ce Premier Août, nous gardions notre conscience éveillée en état de révolte, et ne félicitions notre pays que pour ses oiseaux et ses paysages !
L'histoire nous montre que depuis 1291 et les Habsbourgs, la Suisse a été bâti sur le sang - sang des oppresseurs, envahisseurs, et autres juges extérieurs, sang des commis-paysans soumis au bon vouloir de ses nobles, et plus tard sang des paysans devenus travailleurs dans les usines de la révolution industrielle guidée par les grandes familles Escher, Oerilikon, Bührer, Saurer, Favre, Mercier, etc. Au total, rien qu'au Gothard, on déplorera 550 morts conséquences directes de ces travaux inhumains, des milliers de blessés, de mutilés et d'invalides, de 500 à 800 personnes mortes de graves malades par la suite et les quatre morts de la grève.
En fait, c'est toute l'histoire industrielle du 19ième siècle qu'il faudrait passer en revue et il faudrait faire un récapitulatif de tous les ouvriers tombés au nom des valeurs imposées au nom de la modernité, le progrès et de la technologie naissante.
Il me semble primordial de dénoncer non pas la technologie en tant que telle mais son usage totalitaire, de dénoncer non pas les valeurs mais leur utilisation pour asseoir un régime ou une pensée totalitaire. Nous devons être capables de débusquer les valeurs totalitaires inscrites dans chacune de nos phrases et opinions, de toutes nos philosophies, de nos jugements sommaires des autres, de nos exigences comportementales vis-à-vis de nos semblables, de nos façons de penser et de poser les problèmes de la vie. L'évolution de la chrétienté nous démontre la nécessité de ce nettoyage fondamental à mener d'urgence pour se sortir de la logique totalitaire !
La panne primordiale n'est pas démographique, elle est conceptuelle, logée qu'elle est dans la logique d'imposer des valeurs à autrui, valeurs que nous pensons absolues, valeurs dont le concept même mène aux désastres que nous déplorons tous avec tant de condamnations que cela en deviennent trouble !
Il est certes réconfortant de casser le sucre sur le dos des quidams mais nous devons être conscients que d'agir ainsi montre bien l'état de notre âme, bien noir pour le moment, noyés que nous sommes dans la fange de nos jugements de valeurs et de nos condamnations sommaires !
Ainsi parla Gorge du fond de sa déprime irrépressive !
Il est vrai que le capitalisme industriel a été meurtrier: faire travailler, c'est souvent faire travailler jusqu'au sang, c'est souvent utiliser jusqu'à la sueur et jeter des innocents, il y a beaucoup de mépris dans la vision capitaliste du travail, c'est pourquoi il faut l'anticapitalisme et il faut nourrir et commencer à développer une toute autre vision du travail.
Je vois que tu réfléchis aussi sur la pensée machine, sur l'utilisation de grosses machineries à des buts sans aucun sens, souvent la mort. La société, et même les modes de production, ne sont pas des machines! Il faudra humaniser le travail. Il y a trop de violence dans la réalité du travail, et l'homme doit se civiliser pour atteindre un tout autre stade.
Je suis d'accord avec toi qu'il y a une panne conceptuelle. Au fond, il faudrait réinventer la société. Ce ne serait pas une société - machine. Ce ne serait pas une société ayant pour seul but la production. Il faut d'autres utopies sociales, il faut d'autres buts, d'autres visions généreuses et réalisables.
Il faudrait aussi, pour reprendre ce que tu dis, qu'on laisse exister chacun, au lieu d'imposer des valeurs à tout le monde, au lieu de vouloir uniformiser. La société-machine, c'est la société qui uniformise, qui veut mettre tous les humains à un dénominateur commun.
Marx rêvait une société finale, et la plaçait APRÈS le capitalisme. Avait-il tellement tort? Une fois qu'il sera juste un instrument à disposition des hommes, ne sera-t-il possible de lui donner un rôle très secondaire, et de faire venir au premier plan tout ce qui a besoin d'être écouté chez l'homme? Nous sommes encore trop assujettis à l'argent, cela ne va pas, et cela doit changer. Il faut respecter chaque personne et accueillir son projet sans chercher à utiliser son sang, sa sueur.
A bas les petits négriers qui se sont servis de fouets pour construire LEUR utopie! Nous n'en voulons pas. Il y a d'autres dirigeants à l'Europe que les capitalistes industriels. Il faut que ce soit la liberté qui dirige, et pas de liberté sans respect de chacun, sans renoncement à la violence sous son aspect le plus troublant et le plus féroce: la violence collective.
Si nous gardons Rousseau, et laissons Marx et Tocqueville, il reste cependant plein de choses à inventer! Dans l'intérêt de tous, pour le bien de tous, et en laissant chacun être ce qu'il est sans rien en tirer !
En attendant, nous devons continuer à croire dans la discussion que nous menons. Peut-être sera-t-elle cela, ce que tu aimerais transmettre. J'ai l'impression que l'action n'ébranle jamais que lentement le réel, y compris l'action politique, tandis que l'écrit, moyen léger de l'humain, a toujours exprimé plus et duré plus longtemps que l'action. Je crois pour ma part profondément dans l'écriture et dans la transmission par l'écriture.
Très honnêtement, je te dirai: tu n'as qu'à aller au bout de ce que tu as à dire, à le dire avec le plus d'intégrité possible, et puis: cela doit être un cri. Seul le cri peut dégager quelque chose qui "pense". Il n'y aura que ces crétins fascistes pour nous dire que le cri est de la pleurnicherie, alors que leur être est de la molasse.
Ce qu'il nous faut, c'est démontrer la dimension totalitaire, profondément totalitaire, aliénée, brutale, arbitraire, du système actuel, et montrer que nous sommes en panne de pensée, à court d'idées. Montrer que l'Européen ne pense pas, tant qu'il y aura le capitalisme il se dispensera de penser, c'est d'ailleurs très confortable de n'avoir pas à réfléchir, tout comme de n'avoir rien à faire pour les autres.
Je suis arrivé à un point de cette discussion où je me rends compte que les choses ne sont pas aussi limpides que nous les croyons et que derrière les apparences, il y a une réalité que personne ne veut constater car trop prenante, trop accusative, trop lourde à supporter, trop tragique pour nos âmes sensibles et impressionnables. Notre premier cri est celui d'une désespérance devant l'impossibilité d'être ce que nous croyons voir en soi, de chaque jour faire le constat que nous ne pouvons être autre chose que cette troublante angoisse qui nous étreint chaque fois que nous voulons être très inspirés et de constater à quel point nous tombons court de ce que nous croyons pouvoir être. Nous espérons tous être des génies, des êtres exceptionnels, des gloires inspirées, mais nous ne nous défaisons pas de nos cerveaux si lents, de nos lourdeurs si lourdes, de nos inhibitions si pathologiques, de nos blocages si culpabilisés, de nos angoisses si profondes que leurs noirceurs nous surprennent et nous mettent dans des états nous laissant les flancs ouverts à toutes les agressions et toutes les manipulations autoritaires visant à nous contrôler depuis l'intérieur.
Comme l'aurait dit Hannah Arendt : comprendre la détresse fondamentale de notre temps. La "pensée unique" n'en est qu'une des multiples expériences.
Qu'est donc cette détresse?
Je t'avouerai que... moi non plus... je me remets, vois-tu? D'une agression en plein Ouchy où avec mon ami David nous avons commencé à nous faire tabasser par une bande et avons pu de justesse nous dérober pour nous soustraire à leur fureur et appeler la police. Le dossier de mon affaire de harcèlement collectif traîne à n'en plus finir, et j'ai renoncé il y a peu d'un conjoint accord avec mon médecin, aux somnifères, mais même sans somnifère je dors au moins douze heures par nuit et me fais l'impression de vivre comme un poly-traumatisé. J'ai encore pu aider hier un réfugié de Hongrie qui n'avait pas un liard pour rentrer chez lui.
Quel chaos général !
N'espérons pas devenir des génies, mais seulement faisons preuve d'un peu de sincérité: le reste suivra.
Pour commencer aussi, défaisons-nous de toutes les traces que la violence extérieure a pu laisser en nous !
Ce qui se passe devant nous, est une chute de l'homme qui descend si profondément dans l'abîme de la désespérance, qu'il ne sert plus à rien de l'appeler consumérisme, capitalisme ou mondialisation: il faut déjà remonter comme tu le dis si bien à ce désarroi qui nous habite.
Le capitalisme n'est rien d'autre que l'expression de nos désarrois et de nos tentatives maladroites de regagner un semblant de contrôle sur nous-mêmes par un surmoi tyrannique qui manigance jusque dans les tréfonds de nos inconscients refoulés et nous fait commettre des actes contre soi. Le capitalisme est né de ce besoin de pouvoir que nous cherchons tous pour pouvoir se sentir en possession d'un corps qui se dérobe, car si je peux contrôler l'argent, je peux me sentir vivre, si je peux manier un capital et le faire fructifier, je peux croire que je contrôle les forces qui me gouvernent. Par ailleurs, le capitalisme permet de reconstituer une hiérarchie, une échelle des valeurs, des repères, une domination et un pouvoir que la révolution française a foulé sous pied lorsqu'elle a décapité la noblesse et brûlé ses châteaux. Le pouvoir est à présent dans les mains des détenteurs du capital car c'est par eux que se règle la gouvernance de la population tout juste bon à fournir le travail nécessaire pour un rendement maximum de ce capital. Ce Calvin a préfiguré et mis en mot ce concept si néfaste au développement de l'humain qui a permis le développement de l'institut bancaire fossoyeur de tout ce qu'il y a d'humain chez l'homme !
Je suis bien d'accord avec ce que tu dis, Gorge !
Notre fuite devant la liberté est systématique.
Si nous commettons des "actes contre soi", c'est que nous ne portons pas le poids de notre liberté avec assez d'aisance.
La base du capitalisme est sans doute de se rassurer devant la pauvreté fondamentale et la mort prochaine qui guette toute condition humaine, par l'avoir. Mais l'avoir lui-même passera, on ne peut "investir dans". Mettre l'esprit dans la matière pour y voir un salut... Matériel, c'est désespérer encore de notre salut.
Probablement notre époque désespère-t-elle d'être sauvée ?
Pouvoir égale avoir. La possession rassure celui qui a, tandis que plein de gens meurent de faim à côté.
Il faudrait faire en sorte qu'on ne puisse rien avoir! Le patron ne peut "avoir" ses employés. Les biens que nous avons servent à loger des amis de passage et à leur offrir l'hospitalité.
Comment dépasser l'avoir ?
On ne dépassera le capitalisme qu'en dépassant toutes les espérances creuses que nous mettons dans l'avoir et en mettant notre salut ailleurs, dans un "lieu" qui nous réconcilie avec notre condition humaine.
Pour moi à présent, le problème n'est pas matériel, ni politique, ni morale, ce n'est pas un problème d'éducation, ou d'autorité, ou de lois, ni même de justice, de repères ou de valeurs. Je dirai même qu'en essayant de réduire nos problèmes à ces considérations, nous cherchons à fuir la réalité de notre monde psychologique. Paradoxalement, en essayant de résoudre nos problèmes par la politique, la contrainte autoritaire par la LOI, les valeurs, la morale ou la consommation, nous nous éloignons sûrement de la possibilité de les prendre sur soi et comprendre ce qui se passe. Pour moi, les anathèmes, les accusations, les grandes envolées ne sont que des paravents qui nous cachent de ce que nous devons découvrir au fond de nous-mêmes et même, ils ne sont que la face extérieure d'un monstre que nous avons constitué de peur d'affronter les conséquences de nos prises de conscience, de nos pensées, et de nos angoisses intérieurs.
Alors prenons conscience de notre vaste peur! ... Ce n'est pas une solution à notre peur qu'il faut, mais une sérénité durable à notre vie.
D'autre part, pourrons-nous échapper à notre peur? Comme ce n'est pas possible, nous devrons trouver une solution à la hauteur de cette même peur, au coeur même de notre âme.
Je suis arrivé à ce point de ma réflexion où je me rends compte qu'avant l'action, il y a un immense travail de conscientisation à faire pour être en mesure de mener les transformations que nous souhaitons tous. Nous pouvons déjà comprendre que si nous sommes poussés à ce désir de transformation, c'est parce que nous ne sommes pas au clair avec ce qui se passe en nous et de la nature exacte de notre monde intérieur. Combien de fois hourdons-nous de graves jugements contre certains de nos comportements alors que nous n'avons rien compris aux mécanismes psychiques qui nous président ?
Combien de fois accusons-nous les autres pour des fautes qui relèvent du dysfonctionnement psychique et non de supposés errements moraux, de manque de sens des valeurs, de la nature humaine ou de toute autre chose dont nous accablons trop facilement les autres ?
Et si ce comportement ne révèle-t-il pas une méconnaissance totale de ce qui se passe à l'intérieur de nos crânes rendus opaques par des millénaires d'éducation forcée ?
Tu as bien raison, Gorge, de chercher l'origine de nos désirs de transformations dans l'Inconnu intérieur. Mais pourrons-nous le sonder ?
Que savons-nous de ce que nous sommes ?
Et puis, n'est-ce pas le tort profond du politicien, que de vivre penché par-dessus soi-même, et ne pas saisir qu'il se fuit tout le temps en courant comme une petite souris agitée de réunions en réunions ?
S'arrête-t-il dans sa chambre pour sonder son âme ?
Le problème est que nous préférons lutter contre cette conscientisation de peur que cela nous entraîne dans un maelström tourbillonnant et nous préférons mourir que de voir de près la réalité de notre psychisme noirci par des années de culpabilisation maladive, d'enseignement morale religieux, de contrôle surmoïque, de jugement hâtif, d'emprisonnement contraint de nos pulsions inconscients par les avocats du système, d'éducation par les contraintes impératives, les impératifs catégoriques et les préventions de toutes sortes !
Le problème de la conscience restée au surmoi primitif, m'interpelle profondément, cher Gorge.
Nous sommes tous profondément encore infantiles dans notre rapport à l'autorité.
Nous ne savons pas que notre conscience morale et notre faculté de conscientisation est capable de renverser toutes les idoles déchues et de mettre une vraie liberté à la place des petits dieux de notre surmoi !
Le surmoi primitif, tel un totem, fascine, mais il demande obéissance.
Quand est-ce que l'homme sera assez adulte pour décider et non plus obéir? Pour se commander à lui, et non commander aux autres? Pour se libérer lui, et renoncer du fait à libérer ses semblables ?
Nous sommes tous encore de petits enfants qui halètent et tremblent devant un surmoi trop gros, trop lourd, trop archaïque.
Nous avons tous peur de notre liberté. Cette peur devant la liberté et notre devenir intime nous fait préférer un gros maître balourd: le surmoi; nous pataugeons dans la satisfaction infantile de lui obéir aveuglément, et de vivre dans l'obéissance et la peur, peur et obéissance tout à la fois !
En fait, nous nous prosternons aussi devant la peur face à notre contingence. Qu'est-ce qui pourrait nous sauver de la peur ?
J'ai vu mourir des gens qui jusqu'à la fin n'ont jamais voulu voir le comment et le pourquoi de leur état et ont préféré fermer les yeux sur toute une partie importante d'eux-mêmes de peur d'être traumatisés par la réalisation qu'ils n'étaient pas si "bien" que cela! J'ai vu ma mère passer trop jeune de vie à trépas parce qu'elle ne supportait pas la réalité de ce qui se tramait dans sa tête, elle a préféré mourir que de se voir telle qu'elle était et cette vision me poursuivra le restant de mes jours à un tel point que je me dépêche de passer en revue toutes les faces cachées de ma personnalité si troublée pour, en quelque sorte, les exorciser, les déculpabiliser, les voir frontalement pour qu'elles cessent de me détruire et faire de moi ce pantin trop facilement manipulable par les instances qui se croient autorisées à diriger et à régler la vie des autres. Je pense que nous devons tous et toutes faire cet effort immense de conscientisation personnelle si nous voulons perdurer mais à voir l'hostilité nourrie contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à quelque chose relevant de l'inconscient, cet effort serait impossible et toute personne désirant s'aventurer dans le royaume psychique sera immédiatement condamnée d'une manière irrémédiable !
Je pense que non, Gorge... Aventurons-nous dans le royaume psychique.
Certes nous ne ramènerons pas toujours la Toison d'Or, mais nous avons grandement besoin de nous connaître plus intimement, notre vie a toujours besoin de plus de vérité.
Eh oui mon ami, notre bataille est loin d'être gagnée et le plus que nous persistons dans notre aventure d'écriture, le plus que nous aurons à affronter une opprobre sociétale qui nous enfoncera dans les dédalles du machiavélisme post-moderne cherchant à nous rendre responsable de la perte des repères et des valeurs et donc du délitement social. Le plus que nous essayons de comprendre notre situation, le plus que nous serons condamnés à être les souffres douleur d'une société qui a complètement rejeté la compréhension même de notre séjour sur cette terre purgatoire pour lui substituer un ersatz matérialiste dominé par des êtres dominants qui, eux, ont compris comment exercer un pouvoir divin sur nous. On est loin de sortir de l'auberge et tous nos efforts de rendre nos concitoyens conscients se retourneront contre nous car personne ne veut comprendre, personne ne veut voir en soi, personne ne veut prendre conscience des troublantes affaires qui fourmillent dans nos têtes prises dans les carcans de siècles de domination du surmoi tyrannique et omniprésent. Personne ne veut faire cet effort et préfère s'oublier dans la facilité et le confort de la soumission au pouvoir divin ou terrestre, de l'accusation facile et du jugement d'autrui et du matérialisme consommateur.
Je suis moins impressionné que toi par les discours dominants. Ils s'imposent... Par commodité. Ils sont le minimum moyen auquel tout un chacun peut tenter de satisfaire. Mais bien des gens peuvent se poser des questions et doivent s'en poser, sentant bien qu'ils n'ont pas de réponse facile à leurs angoisses comme celles que délivre la classe dominante par exemple - l'introjection du "je suis riche", etc.
Regardons, regardons la grande ombre qui dort tout au fond du silence de notre âme !
Descendons encore plus profondément dans cette grande ombre, il sera toujours temps d'en remonter.
Ce livre que nous écrivons conjointement, que nous pourrons toujours améliorer en relecture finale, doit tout à fait être pris au sérieux mais cela dépendra d'ailleurs beaucoup plus que de notre seul degré de sincérité et surtout de notre capacité de descendre dans les affres de nos inconscients barricadés et de mettre en mots ce qui en sortira. C'est notre capacité de traduire nos troubles intérieurs en mots compréhensibles pour tous qui donnera de la "valeur" à notre travail et qui lui permettra d'accéder aux oeuvres utiles et nécessaires qui ont émaillé l'histoire des hommes. Je pense que si nous arrivons à mettre en mots notre véritable "nature humaine" sans ce jugement si néfaste, nous aurons accompli une tâche qui profitera à tous et donnera des nouvelles bases pour la continuation de l'aventure humaine sur cette terre. Comprenons ce qui se passe, mettons cela en mots et espérons que d'autres poursuivront comme l'ont fait tous les philosophes humanistes depuis Socrate jusqu'à Marx, Freud, Fromm et consorts...
Ce que nous sentons profondément, c'est que cette société n'est point la nôtre! Le déclin spirituel qui la ronge signifie que l'homme ne sait plus en Occident à quoi il peut croire, aussi n'ayant plus rien en quoi il puisse sincèrement croire, il s'accroche - à des rêves. Mais les vapeurs menteuses des rêves ne font que bercer la psyché un moment, sans plus.
Ce que nous pouvons rêver, c'est une société humaine qui cherche autre chose qu'à accumuler des richesses. Si déjà on cherchait avant tout et en premier lieu à les répartir, on ferait baisser de grandes tensions dans de nombreuses âmes et on supprimerait bien des malheurs. Mais si l'esprit reste dans l'homme, se tourne profondément vers l'âme de la nature et celle du monde, vers l'infini intérieur, peut-être ne sera-t-il plus prisonnier de la soif dérisoire de l'avoir, qui gâche tous nos rapports sociétaux.
Si nous pouvons trouver à notre peur une habitation en notre âme, que nous cessions de nous enivrer de chants tristes, si nous sommes prêts à habiter dans ce monde en plein coeur de la nature, si nous n'avons plus peur de notre peur et pouvons lui opposer quelque chose d'aussi grand, alors peut-être l'Occident, commençant par nos coeurs et notre esprit, se remettra sur la voie d'une navigation plus sereine et vaste.
Finalement, je ne peux croire qu'en notre capacité de compréhension parce que tout le reste - religion, politique, morale, éducation, lois, etc - est totalitaire...
En tout cas nous pouvons dire que notre époque est bien marquée par la violence totalitaire. Les totalitarismes n'ont cessé de se succéder depuis la lutte des empires coloniaux à la veille de 1914. Le vrai drame est que les totalitarismes ne pensent plus. Que le ciel nous garde de les rendre légitimes! Le jour où les Européens s'habitueront au totalitarisme doux et seront bercés par leur maître impitoyable, alors ce sera la fin de l'Europe. Pour l'instant, ce n'est que son profond sommeil.
Toi, Gorge, tu es de ceux qui veulent s'éveiller... Si seulement nous étions plus nombreux à désirer un tel éveil! À croire dans la lucidité de notre sens critique. Peu importe, peut-être ne serons-nous pas nombreux à vouloir cela... Mais délivrons-nous !
Délivrons-nous !
Délivrons-nous !
Délivrons-nous !
Nous avons subi une agression en plein Ouchy où avec mon ami David, nous avons commencé à nous faire tabasser par une bande et avons pu de justesse nous dérober pour nous soustraire à leur fureur et appeler la police.
Mais qui étaient donc ces gens pour s'en prendre à l'innocence même et vous harceler comme si vous étiez une bande rivale ? Tu n'as même pas l'air riche ou hautain, moqueur ou agressif, provoquant ou querelleur, alors pourquoi tant de haine ?
Peut être pourrions-nous profiter de cet épisode pour étudier plus profondément ce besoin de faire mal et l'inscrire dans la logique du système de compétition permanente et de l'action défouloir que nous vivons. Moi-même je me suis fait agresser verbalement l'autre jour par un énergumène qui ne supportait pas que je vive dans une villa au bord du lac et il m'a insulté comme jamais on l'a fait et même ma mère a eu droit à ses injectives postillonnantes malodorantes et jaunes qui fusaient de sa bouche comme tant de grêlons salivaires.
Beurk !
Racontes-moi exactement ce qui s'est passé, l'attitude de ces gens, comment vous avez réagi, les circonstances et autres détailles qui révèle la nature de cette agression et sur lesquelles nous pourrions mener nos réflexions sur l'état exact de notre société. De plus, en m'écrivant et en déposant sur papier cette expérience, cela servira à "exorciser" la chose et te permettra de surmonter les traumatismes conséquents.
Ce n'est pas pour être voyeur mais il me semble que cette expérience nous permettra de mieux cerner le problème du "mal" et comment on en arrive à tabasser des innocents. Je crois que c'est important pour sortir de la logique de la violence et remettre les pendules à l'heure sans tomber dans la logique sécuritaire.
Oui, que te dire? Ton message m'émeut profondément, parce que je sais qu'il vient du coeur et que tu as du coeur. De mon côté, c'est TOUTE forme de violence qui commence à m'être honnie et non désirable après ce qui nous est conjointement arrivés à Dada et moi.
En effet, je perçois comme toi du désarroi dans cette forme de violence toujours plus excessive, mais aussi un appauvrissement de l'homme.
Car sauter sur autrui en brûlant tous les seuils, c'est assurément ne plus avoir de seuil dans sa tête, c'est ne plus comprendre la relation humaine dans ses nuances. Je ne souhaite être ni victime ni bourreau, c'est le mal qui survient et installe ces "rôles" dégradants et superflus.
Je ne puis m'empêcher de rapprocher ce comportement de caca nerveux de harcèlement que j'ai vécus dans le monde professionnel, où j'avais le clair sentiment non qu'on me parlait à moi vraiment d'une réalité mais qu'on déversait plutôt de l'anxiété sur moi.
Au fond, cher Gorge, cher, cher Gorge, la question serait plutôt: pourquoi tant d'angoisse ?
Ce qui frappe, c'est que des gens se mettent dans tous leurs états sans grande raison, donc c'est comme s'ils étaient gagnés par une soudaine angoisse incoercible et ne pensaient PLUS retenir leurs pulsions.
Tu vois, d'ailleurs, il n'avait pas de raison à la "quantité" de son agressivité.
Je trouve que pour rester humains, nous ne devons pas utiliser autrui - comme déversoir, comme moyen sexuel, etc. - mais continuer à rester en relation avec Lui sans l'idéaliser certes comme je fais bien souvent, mais en l'aimant. Grand idéal. Mais la vie appelle à ce qui est grand.
dans tant de violence et de confusion, essayons de faire tous un effort et de retrouver notre humanité! Je t'avouerai que cette agression dont je te parles est tombée comme une goutte d'eau en plein milieu d'un océan de douleur tant je souffre moralement de ce qui m'est arrivé en 2008 à la HEP - actes illicites de représentants de la HEP, selon mon avocat - à vrai dire je n'exagère pas en disant que j'en souffre chaque jour depuis dix-huit mois. Alors il est vrai que cette agression stupide est noyée dans un océan de douleur.
Mais sache, cher Gorge, que ton amitié me touche profondément, et que je suis très touché de ton intérêt pour ton ami Pristoche. Il va essayer de te répondre au mieux.
Ce qui est sidérant dans ce fait survenu la nuit de jeudi 13 août 2009 à 23 heures, vers le bas de l'Avenue d'Ouchy, c'est le manque de réflexion et le défoulement soudain de ces voyous qui nous ont assailli, David et moi.
Nous les avons juste dépassés, sur un chemin obscur qui traverse un pré d'herbe depuis le Chemin du Funiculaire, nous les voyions en train de
lutter entre eux, ce qui nous semblait bizarre - le plus violent semblait être retenu par l'un d'eux. Puis à notre grande surprise, nous avons été suivis. Puis, le temps que nous réalisions ce qui nous arrivait, nous avons été suivis et frappés. Le plus curieux est que nous n'avons pas pris conscience de ce qui nous arrivait, ou plutôt sur le moment je me sentais persuadé de l'extrême irréalité de la scène.
D'abord David a été suivi et frappé. Courageusement je crois, je me suis interposé verbalement en rappelant l'existence de l'Etat de droit à cette brute déchaînée, pas très loin des brutes harceleuses contre qui j'ai posé plainte et qui m'ont détruit moralement en 2008, car une brute est une brute, il est sous sa violence comme s'il était drogué.
Alors que je m'interposais, cette personne m'a frappé à mon tour. J'ai esquivé, mais j'ai bien senti les coups. Ce sont des voies de faits à ce que disent les policiers. Puis, à ma consternation - j'aurais tellement voulu empêcher cela - il s'est mis à frapper David de nouveau, David a fui de l'autre côté de l'Avenue d'Ouchy, soit sur le Chemin de Beau- Rivage, alors que nous avons été frappés dès que nous avons débouché sur la Rue du Liseron. David est donc passé devant la succursale UBS et a réussi à maîtriser le fou qui le frappait, donc le même qui m'avait frappé. Il l'a tenu par les poignets. Là où la scène devient folle, ce que David a reconnu, c'est que même les trois autres qui cherchaient à l'empêcher, se sont rués sur lui.
Pour ma part, j'avais esquivé et avisé le Pub "le Picadilly" sauf erreur. Avec joie, j'ai vu David se dérober à cette meute et venir vers moi. Je l'ai incité à me suivre dans le Pub.
Là, enfin à l'abri, nous avons pu négocier avec le patron de pouvoir rester, car il voulait que nous partions (!) Le patron s'est interposé et a demandé à ces voyous de ne pas entrer. Hélas ils nous attendus devant la porte du pub! Nous ne pouvions donc plus sortir. Nous avons pris une boisson pour tenter de survivre à cet enfer. Hélas ils n'étaient pas "plus bas" comme avait prétendu le patron mais bien de l'autre côté de la route, prêts à continuer. Comme si cela ne leur suffisait pas !
Alors j'ai dit à David d'appeler le 117 et de leur expliquer, et puis le patron, rassuré, a dit: «C'est encore mieux si vous faites venir la police», là il n'a plus eu du tout envie de nous dire de repartir et de penser à sa clientèle.
Il semblerait que ces quatre brutes soient parties dès qu'est arrivée la voiture de police. Nous avons tout raconté à deux policiers. Je leur ai serré la main. Ensuite le taxi commandé est arrivé, et nous sommes repartis avec David vers le haut de la ville, à un bout diamétralement opposé, afin de souffler un peu.
Pendant ce temps, pourvu que les policiers à leur recherche, les retrouvent plus loin! David craignait qu'ils ne frappent d'autres personnes que nous. Nous nous sommes faits déposer à Saint François, avons ensuite avisé un endroit tranquille pour nous lancer dans une partie d'échecs et nous avons pour finir essayé d'oublier. Mais je doute que nous oubliions.
Ce qui me frappe est le côté "sans visage" de ces agresseurs. Tout s'est passé si vite qu'on n'a rien pu reconnaître, rien, ni personne. Je souffre surtout de ne pas avoir pu savoir qui c'était et de ce qu'on ne les retrouvera pas.
En outre, nous ne leur avions strictement rien fait, ils voulaient juste se défouler sur nous, probablement. Ils n'ont pas ce droit. Mon corps et mon âme leur crient qu'ils ne doivent pas et que cela ne leur appartient pas.
Nous avons tout fait pour esquiver. David ne leur a pas rendu ces coups, et il s'est surtout déplacé en esquivant. Pour ma part, j'ai cherché précipitamment un refuge. J'ai senti qu'il fallait que David y vienne aussi. Enfin, nous avons senti tous les deux qu'il fallait ne pas engager le moindre combat. Nous ne l'aurions pas voulu. Nous n'y aurions sûrement pas survécu, et ce n'est pas dans notre manière de penser.
Voilà, cher Gorge, comment la violence brutale de l'âge néolibéral foule à ses pieds l'innocence, les humains, les droits élémentaires de chacun, et comment l'agressivité déborde. En effet, on ose dire qu'il n'y a pas d'agressivité: c'est faux, il y en partout, il y en a même tant qu'on ne la voit plus. Agressivité des pubs qui stimulent l'instinct sexuel partout. Agressivité des rapports de travail qui sont tout sauf des rapports honnêtes. Agressivité dans la rue où le défoulement semble la règle tacite, où la police viendra une fois que des gens se trouveront morts. Alors cette violence, celle du système, et celle de SES jeunes, est la même. Il faut lui reconnaître le même caractère anonyme, car rien de plus anonyme que ce qui est néolibéral, le même caractère irréfléchi, le même caractère impitoyable et aveugle, le même caractère instinctuel.
Car cela semble être devenu une règle qu'il n'y a plus que l'instant qui compte et que tout se passe vite, et que seul l'instinct doit s'exprimer. Eh bien non: l'homme est fait d'autres choses que d'instincts! Et le droit aussi. Et la vie politique aussi. Et la culture enfin aussi! Et tout, l'homme en premier, est fait d'autres choses que d'instincts.
On peut s'accorder entre penseurs pour dire que le mal moderne frappe surtout des innocents parce qu'il est un mal absurde.
Cette agression que tu as subie est vraiment choquante mais que cela ne te désespère pas trop de la race humaine, ni de toi-même en te croyant victime. Je peux écouter et sympathiser avec toi...
Cher Gorge, ta disponibilité me touche beaucoup, et je ne souhaiterais guère en abuser. Ecoute, j'ai eu à digérer des choses vraiment indigestes, ce qui m'a habitué à me dire que ma vie psychique est modulable. Je vais contacter l'agent de police qui est venu et nous a laissé un numéro pour aller déposer - cela aidera la recherche policière à conscientiser les dérives d'aujourd'hui.
De toute façon, sur quelle base parle-t-on de "plus forts" et de "plus faibles", si ce n'est un mode de vie abrutissant et faux qui s'appelle la compétition entre hommes? Comment alors travailler pour installer sur terre davantage de fraternité ?
De toute façon, ces gens ne me dissuaderont pas plus que les autres idiots qui ont jonché mon parcours, de faire vivre ou tenter de faire vivre le respect, la solidarité et la créativité. Je crois que ceux qui blessent les autres se font plus de mal que de bien et ne font du mal qu'à eux seuls.
Rien ne me dissuadera de rester cohérent et fidèle envers mes idéaux.
Je t'avouerai, Gorge, qu'à chaque fois qu'on a essayé de m'attaquer lâchement, j'ai réagi en croyant encore davantage à ce qui me pousse à agir et à être. Le plus bête, est qu'on aimerait bien des fois se dérober à la violence ambiante, et que tout serait bien pour cette finalité.
Dans cette optique, cher, cher Gorge, je me décide à trier autour de moi les êtres les plus constructifs, et à donner prise de moins en moins.
Pour ce qui est de souffrir, nous savons... Pour ce qui est de sauver le monde, déjà faudra-t-il qu'il veuille être sauvé avant qu'on puisse le faire.
Merci, cher Gorge, merci infiniment de ta compréhension! Et j'espère qu'en t'apprenant ces choses sans intérêt dans le fond, je n'ai pas entamé ton énergie vitale et l'amour qui est en toi, ou ébranlé tes riches idéaux, qui doivent continuer à te guider.
Le plus que j'observe ce monde, le plus que je me rends compte à quel point nous sommes tous responsables de ce qui arrive et que personne ne pourra échapper à cette analyse intérieure indispensable si l'être humain entend poursuivre son cheminement de manière constructive, holistique et "bon pour la planète" comme nous le serinent tous ces moralistes impénitents qui cherchent à nous gouverner par tous les moyens totalitaires que nous mettons à leur disposition avec cette naïveté consistant à croire que les gens qui veulent diriger veulent "notre bien" !
Foutaises !
Ils ne veulent que nos biens avec nos consentements d'innocents persuadés qu'il y aura des personnages plus méritants que les autres à qui nous pourrions donner nos chemises à garder !
Écoutes ce que dit cette Martine Brunschwig-Graf : «Je suis libérale et donc je crois à la compétition, la concurrence, le meilleur...». Cela dit avec ce sourire canaille émanant de ses coins de lèvres tombantes et avec ses yeux cernés d'un noir classique de ces gens qui se les frottent pour en extirper ce mal sournois qui semble guetter leur faiblesses inavouées pour prendre contrôle de leurs âmes !
Du véritable calvinisme pur sucre, droit sorti des fantasmes délirants de cinq siècles de domination morale imposée par la plus ayatollah des calvinistes jamais sortie des directoires de gouvernance !
Lis donc le journal "solidaritéS" du 20 août 2009 dans un article écrit par Jean Batou, professeur de sociologie à l'UNIL, qui décrit d'une manière froide, lucide et terrible, la véritable face de ce Calvin qui, pour moi, est la personnification même du "MAL" dans tout son horreur, dans toute sa logique :
«Construire "l'homme nouveau" : les Genevois ont brisé les liens qui les asservissaient au duc de Savoie et au prince-évêque pour mettre leur confiance en la nouvelle église "qui charge leurs coeurs de chaînes" pour les soumettre directement à Dieu. En effet, selon Calvin, l'homme est "complètement insignifiant", sa seule chance de salut repose dans le Christ et celle de la société. Avec les prêches quotidiens à heure fixe, les sermons obligatoires du dimanche, la cène quatre fois par an, la confession de foi communautaire en acte, l'étude des abécédaires et du catéchisme, mais aussi la mémorisation des psaumes, qu'on chante au temple, dans la rue ou au travail, la nouvelle église veut ériger la loi de Dieu en idéal quotidien découlant le la foi et la ville lémanique se transforme ainsi en "la plus parfaite école du Christ qui n'ait jamais été sur terre depuis le temps des apôtres". Un tel projet justifie le développement d'une police des âmes, des esprits et des corps sans précédent. Afin de consolider l'ordre patriarcal et de garantir la transmission de la propriété au sein des familles, l'encadrement du mariage, la lutte contre la paillardise et la fornication, mais aussi la condamnation le l'adultère, de l'infanticide et de la sodomie sont renforcés. En même temps, la morale publique fait l'objet d'une surveillance accrue: réglementation des hôtelleries, des tavernes et des étuves, dénonciation du luxe et de la coquetterie, la répression de la vente à la criée, de l'obscénité, de l'ivresse publique, des danses et des chansons déshonnêtes, interdiction du jeu et de la prostitution, etc. La Genève de Calvin devient la championne de cet effort de "disciplinarisation sociale" pour le monde protestant. La femme de "l'homme nouveau" paie un tribut plus lourd encore. L'adultère est ainsi puni de mort lorsqu'elle est seule mariée et que le scandale est public, l'homme est fouetté et banni.
En mars 1554, Lambert Le Blanc et quatre de ses amis sont brûlés vifs.
En septembre, cinq adolescents sont poursuivis, battus et brûlés en effigie.
En janvier 1555, Mathieu Durand est décapité et livré aux flammes.
En 1562, deux autres condamnés sont exécutés.
En 1566, un jeune collégien piémontais de 14 ans, Bartholomé Tecia, est torturé et noyé dans le Rhône. Des femmes marginalisées accusées de pactiser avec le diable, sont condamnées à mort après d'effroyables souffrances.
En 1544-1545, Calvin est convaincu que des sorcières "engraissent" les serrures avec une pommade faite à partir de cadavres pestiférés et ces femmes condamnées ont la main droite coupée avant d'être brûlées; quarante-trois personnes sont traduites en justice à Peney et trente-huit sont exécutées.
En 1547, Jacques Gruet est torturé et décapité. Libertin au sens moderne du terme, il revendique le droit à la paillardise. Proche des ennemis politiques de Calvin parmi les vieux Genevois, il défend aussi des idées qui confinent à l'incroyance: pour lui, le monde n'a ni début ni fin, il n'y a rien après la mort, Jésus n'est pas le fils de Dieu et Dieu n'est rien. Les poursuites les plus dramatiques visent des chrétiens "hérétiques" en désaccord avec Calvin. C'est le cas de Jérôme Bolsec, qui défend le libre arbitre et conteste la prédestination. Il est jeté en prison en 1551 pour s'être opposé publiquement à Calvin, puis banni à l'issue l'un procès qui émeut l'opinion. Enfin, il ne se passe pas une année sans qu'un artisan, un boutiquier ou un prédicateur ne soit poursuivi pour anabaptisme, battu, banni et ses livres brûlés.
En 1553, le médecin et théologien aragonais Michel Servet, rescapé de l'inquisition catholique lyonnaise, de passage à Genève, est arrêté et jugé à la demande de Calvin pour ses positions sur la Trinité et le baptême. Il sera condamné au bûcher par la Seigneurie.
Le 16 mai, Ami Perrin, Philibert Berthelier, Baltasar Sept et plusieurs de leurs partisans perturbent l'ordre public et sont accusés de sédition. Le réformateur appelle à la répression la plus implacable, même si les troubles n'ont pas duré plus d'une heure et que les manifestants ont été dispersés sans faire de blessés. Alors qu'ils se sont réfugiés en terre bernoise, ils ont été condamnés par contumace à être décapités, leurs corps mis en quatre quartiers et attachés aux quatre lieux les plus apparents des Franchises de Genève.
En tout, soixante-six personnes sont poursuivies, dont vingt-deux condamnées à mort et huit exécutées. Calvin a gagné la partie.
Nature du calvinisme = Engels avait vu dans Calvin l'idéologue de la bourgeoisie conquérante des 16ième et 17ième siècles : «Là où Luther échoua, écrit-il, Calvin remporta la victoire. Le dogme calviniste convenait particulièrement bien aux éléments les plus hardis de la bourgeoisie de l'époque. [...] Calvin a introduit cette doctrine dans la riche cité commerçante de Genève et avec sa constitution démocratique, elle convenait aux intérêts des bourgeois les plus avancés de la ville. [...] Partout le calvinisme a développé un pouvoir fanatique stimulant, les intérêts de la bourgeoisie étaient au premier plan". Le régime politique de Genève est une "bibliocratie", où l'état et l'église qui sont bien distincts l'un de l'autre, serait une dictature de classe particulière, au service d'une bourgeoisie encore immature, contrainte pour cela de combiner le pouvoir temporel des bien nés - le patriciat des riches marchands d'inspiration clairement oligarchique - avec le pouvoir spirituel des élus de Dieu. Calvin est l'accoucheur d'une ère nouvelle : sur une arène plus étroite, mais avec des armes non moins formidables, Calvin a fait pour la bourgeoisie du seizième siècle ce que Marx fera pour le prolétariat du dix-neuvième siècle. La doctrine de la prédestination a répondu au même besoin de certitude que les forces de l'univers sont du côté des élus que la théorie du matérialisme historique à une autre époque. à ce titre, le calvinisme a souvent été assimilé à l'esprit de caste des vieilles familles genevoises, jalouses de leur monopole du pouvoir économique et politique. Il est aussi demeuré une référence incontournable pour la plupart des banquiers privés genevois, qui célèbrent en lui la synthèse de la morale chrétienne et de l'esprit du capitalisme. L'éducation doit former des chrétiens qui craignent et servent Dieu. Calvin se méfie des enfants et des adolescents, qu'il traite de "petites ordures" ou de "merdailles" parce qu'ils refusent souvent de se soumettre à l'autorité du chef de famille. Il faut donc instruire les jeunes "tant en bonnes moeurs que bonne doctrine" dans des écoles où il y règne un ordre austère, fondé sur la hiérarchie et l'émulation : dans chaque classe, les élèves sont regroupés par dix avec un décurion à leur tête, désigné par le maître, chargé d'aider ses camarades et de faire régner la discipline.
Tout comme Lénine, il n'avait pas été qu'un pur théoricien, compte tenu de sa «capacité à générer et à alimenter un mouvement capable de transcender les limites de son ancrage historique et de ses caractéristiques personnelles [...] grâce à sa [...] compréhension de l'importance de l'organisation et des structures sociales, Calvin a été capable de forger une alliance entre la pensée et l'action religieuses [...]».
En fait, il me semble que ton expérience nous permettra de mieux cerner le problème du "mal" et comprendre comment on en arrive à tabasser des innocents. Je crois qu'il est important de sortir de la logique de la violence et remettre les pendules à l'heure sans tomber dans la logique sécuritaire. Il me semble que nous coltinons des traumatismes conséquents et cherchons à "exorciser" la chose nommée "mal" en construisant un monde dans lequel nous pouvons exercer un morceau de pouvoir pour que nous puissions dominer ce "mal" que nous croyons voir chez les autres et refusons d'admettre chez soi. Le "mal" est toujours "l'autre" comme le dénonce Sartre. Mais le "mal" semble être logé dans chacun d'entre nous quelque soit la manière que nous avons de le nier.
J'en suis arrivé à la conclusion que le "mal" est de mettre les gens dans un système de pensée tellement encadré que ce sont les gens eux-mêmes qui seront leurs propres juges, leurs propres bourreaux !
Si quelqu'un tape sur un autre, ce n'est pas parce qu'il est "méchant" mais parce que les conditionnements sociaux sont tels que la seule façon "d'exorciser" les tensions intérieures nées de ce formatage considérable est de s'en prendre aux plus faibles d'entre nous chargés de tous les jugements moraux et de valeurs permettant notre exécution. Or cette société est totalement incapable de voir en quoi elle est coupable de former de toutes pièces les délinquants qu'elle s'estime en droit par la suite de pourchasser, condamner et livrer au bûcher ou au lynchage publique. Les petites frappes ne sont que la conséquence de l'emprise morale sur nous de personnages qui se sont donnés le droit de diriger la société et qui se croient chargés d'une mission rédemptrice pour la purifier des êtres considérés comme la personnification du "mal" !
Je pense que le mal absolu c'est Calvin et ses confrères et ses consoeurs qui sévissent en toute impunité avec la force que leur confère un élitisme sacro-saint, convaincus qu'ils sont par leur importance et les valeurs qu'ils défendent. Les petits voyous ne font que perpétuer cet esprit à leur niveau, à la hauteur de leur intelligence, avec leurs moyens limités et dans leurs esprits, toi et David sont les parasites et eux les redresseurs de torts !
Tu peux lire le discours de Jean Batou à l'inauguration de la statue de Michel Servet à Genève le 3 octobre 2011)
Je dois t'avouer que je n'ai jamais du tout aimé Calvin, dont je ne comprends pas qu'on fête l'anniversaire cette année, et je trouve qu'il serait temps que la Suisse (romande) se débarrasse de Calvin le Petit, Calvin Klein le petit frustré qui a introduit le contrôle, la délation et la chasse aux sorcières dans un beau pays qui fait la grave erreur de le fêter. Il faudrait... Le brûler en effigie et débaptiser toutes les rues qui portent son nom! Quant à ses livres,
ils sont tellement nuls qu'on n'a même pas besoin de les brûler, ils s'émiettent tout seuls.
Du peu que j'ai lu de cette crapule de Calvin, il m'a toujours semblé qu'il était obsédé par le contrôle, donc une sorte de sadique anal qui a réuni cette belle chose qu'est l'évangile avec cette horrible chose qu'est le contrôle social.
Quand on lit dans cet article de Jean Batou que je te remercie de m'avoir reproduit, toutes les chasses aux sorcières auxquelles il s'est livré, on ne peut que faire de Calvin un inquisiteur - mais sûrement pas un réformateur. Il faudrait enlever sa statue du monument des réformateurs. S'il avait vraiment été "chrétien" comme il le prétendait, il n'aurait pas brûlé autant de monde, pas puni l'adultère, pas châtié autant d'innocents.
Mais que l'on regarde seulement à l'intérieur de l'âme de Calvin: quelle noirceur! Quelle méchanceté! Quelle haine de l'homme! Il a brûlé les premiers ennemis de la bourgeoisie, il lui a trouvé ses premiers boucs émissaires. Et cela se disait "chrétien"! Quelle farce de célébrer cette frappe barbue !
C'est bien là qu'est le problème: dans la légitimité. Les "élus" se sentaient juste autorisés par l'évangile, c'est-à-dire la petite compréhension étroite qu'ils en avaient, à se croire tout permis et à brimer leurs citoyens.
Tout est là: revenons à ce paradigme de la science politique, que tu répètes avec beaucoup de justesse, que certains se croient autorisés à gouverner les autres. Ils instaurent alors des règles intériorisées par leurs sujets qui servent au contrôle, et s'attribuent le mérite de détenir la morale. Morale, qui n'est qu'instrumentalisée, comme tu le dis, au service d'une domination.
La vraie morale, s'il en est une, c'est justement de respecter la vie à fond, et de laisser être chaque humain décemment. Il n'y a rien de moral à dénoncer et punir ceux qui forniquent, à brûler vif ceux qui professent d'autres idées.
Que chacun détecte en lui-même en vérité le bûcher qu'il fabrique pour tous ceux qui ne pensent pas comme lui !
Que chaque être humain, à défaut d'un Hitler ou d'un Staline, recherche et brûle immédiatement le petit Calvin en lui !
Tu dois avoir raison sur ces petits voyous, j'avoue que je suis surtout content qu'ils n'aient pas réussi à nous lyncher. Ils laissent peu de souvenir en moi car leur insignifiance humaine est grande. Je leur ai pardonné en me disant qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. En outre, je note qu'ils ont fait cela en restant anonymes: c'est dire s'il faut se pencher sur l'anonymat de celui qui manie la prétendue juste violence. Les êtres les plus violents sont ceux qui commettent la violence au nom de l'ordre. Là sont les criminels modernes, là sont les pires criminels.
Exercer une "emprise morale": quel mauvais goût! En vérité, il vaudrait mieux apporter à ses élèves un tout petit peu et ne surtout rien leur enlever. Malheur à ceux qui dirigent, qui veulent moraliser les autres: c'est eux-mêmes qu'ils cherchent à éduquer en voulant dresser leurs prochains, car ils sont incapables de se diriger soi-même !
Hier Calvin, aujourd'hui Blocher, Brunschwig-Graf, tous ceux qui sévissent en voulant non pas faire du bien mais imposer sadiquement leurs prétendues valeurs aux autres et ainsi construire un État qui gouverne en dominant et non en protégeant. Il faudrait juste protéger, et non formater. Tout formatage abrutit l'individu et l'empêche de s'épanouir en devenant lui-même, et tout formatage est la porte ouverte à la discrimination.
Et tu l'as dit: "l'ordre" introduit par le formatage au fond ne convainc pas du tout et ne convient pas, donc il est générateur de conflits psychiques.
Malheur à qui veut gouverner les autres: avant d'enseigner quoi que ce soit, il faudrait déjà vouloir libérer les autres, et avant de les libérer, il faudrait déjà avoir pu se délivrer soi-même. Ce n'est qu'en se délivrant soi-même qu'on libèrera les autres - si cela est possible, bien sûr.
Je suis de plus en plus convaincu que ce pays manque de chaleur humaine et de vie! Il faut lutter pour insuffler un peu plus de vie et de subversion dans ce paradis du contrôle soft du citoyen! Tout doit pénétrer les froides murailles de la Suisse. Le chaud doit revenir ici et ça doit chauffer, sans violence aucune mais avec chaleur et conscience solidaire.
Je me plonge en ce moment dans les textes de Neruda du temps où il célébrait les brigades républicaines et s'impliquait dans la Guerre d'Espagne. Et, pour ne pas céder au mercantilisme ambiant, j'écoute cette chère Joan Baez qui était une pure musicienne.
Remplaçons l'élite bouffonne actuelle par une vraie élite de la pensée et préparons l'énergie du coeur qui donnera celle de La révolution, la confiance remplaçant la peur, la soif de communiquer cette sotte tendance à se barricader! Il faut agir, mais en agissant ensemble, je ne doute pas que nous serons plus forts! Car on ne peut être fort tout seul.
Certes ce pays manque de chaleur et d'humanité mais il devient de plus en plus indispensable de dépasser ce triste constat pour entreprendre une analyse de grande envergure pour comprendre pourquoi il en est ainsi. Car ce pays n'a pas manqué de grandes philosophes humanistes comme : Erasme, Paracelse, Zwingli, Freigius, Samuel Werenfels, Jean-Robert Chouet, le jeune Jean-Pierre de Crousaz, Christian Wolff, Albert de Haller, Charles Bonnet, Johann Jakob Scheuchzer, Béat-Louis de Muralt, Charles-Victor de Bonstetten, Jean-Jacques Rousseau, Johann Heinrich Pestalozzi, Francesco Soave, Johann Kaspar Lavater, Isaak Iselin, Jean Barbeyrac, Jean-Jacques Burlamaqui, Johann Jakob Bodmer, Johann Georg Sulzer, Leonhard Euler, Johann Jakob Breitinger, Johann Heinrich Lambert, Johann Samuel Ith, Philipp Albert Stapfer, Jens Baggesen, Germaine de Staël, Benjamin Constant, Ignaz Paul, Vital Troxler, Carl Hebler, Alexandre Vinet, Charles Secrétan, Ernest Naville, Henri-Frédéric Amiel, Gallus Maria Manser, Norbert A. Luyten, Arthur Fridolin Utz, Anton Marty, Ferdinand de Saussure, Paul Bernay, Ferdinand Gonseth, Joseph M. Bochenski, Jean Piaget, Paul Häberlin, Karl Jaspers, Heinrich Barth, Ludwig Binswanger, Hermann Lübbe, Hans Saner, Durrenmatt, Max Frisch et la philosophe politique Jeanne Hersch. On aurait pu supposer qu'il aurait du avoir une émulation certaine et une direction affermie dans la construction d'êtres à tendances humaines !
Il est d'autant plus surprenant que la Suisse puisse manquer de chaleur et d'humanité alors qu'elle a été bercée par d'innombrables humanistes connus du monde entier. ALORS, qu'est-ce qui a fait que la Suisse est comme elle est ?
Il me semble qu'il faut repartir à zéro et étudier ce qui dans son évolution, a amené à ce manque de chaleur et d'humanité dans notre pays qui se targue d'être le dispositaire des droits de l'Homme, l'inspirateur des constitutions américaine, soviétique (et reprise par la Russie!), berceau des politiques de paix et de résolution pacifique des conflits, terre d'asile à d'innombrables révolutionnaires, etc.
Qu'est-ce qui s'est bien passé pour que nous devenions aussi égoïstes, aussi peureux, aussi froids, aussi épris de sécurité, aussi fascinés par les armes, la guerre et la police au point de la laisser nous surveiller avec des moyens qui dépassent notre entendement et qui pourraient suggérer que nous ne serions que des crétins enfantillisés dont il faut contrôler à l'armée, au travail, dans la rue, le soir, la nuit jusqu'en dans nos lits !
Qu'est-ce qui fait qu'un peuple, nourri à la démocratie certes représentative mais néanmoins consulté à d'innombrables votations, fasse autant pipi dans sa culotte à chaque fait divers, à chaque crise, à chaque remise en question de ses repères, de ses certitudes, de ses croyances, de ses vaches sacrées ?
Comment un peuple qui a pu déterminer son destin avec autant de liberté et de clairvoyance a-t-il pu descendre aussi bas dans l'ignominie totalitaire et instaurer une dictature "démocratique" de type petit village où tout le monde espionne et juge tout le monde ?
Et pourtant nous avons été éduqué, drillé, instruit, formaté, inculqué dans l'art démocratique, nous avons reçu les meilleurs enseignements sur les comportements pacifiés, les conduites apaisantes, nous avons appris les meilleures façons d'être avec autrui et malgré tout, nous sommes là comme des pantins essoufflés paumés comme n'import quel primitifs échaudés, à la merci du premier leader venu qui croit qu'il suffit de nous diriger manu militari pour que tout aille bien, pour que la société marche calmement, pour que tous s'en sortent enrichis !
Mais peut être que les raisons de notre froideur se trouvent justement dans cette éducation que nous avons reçue ou plutôt dans la façon que cette éducation nous a été dispensée, dans les méthodes pour le moins cavalières et dominantes que cette éducation nous a été inculquée. Je pense que nous devons remonter à nos origines psychologiques de nos comportements et étudier les effets que cette éducation a eu sur nous. Lorsque j'entends les parents gueuler contre leurs enfants à chaque manquement, à chaque bêtise, lorsque j'entends les enseignants ourdir leur savant mélange de contraintes catégoriques, de postulats moralisants, de sanctions en tout genre, je ne peux pas m'empêche de penser qu'il y a là un début de réponse dans les effets et leurs causes de notre manque de chaleur qui ne serait que le résultat d'une opposition inconsciente à toutes ces injonctions qui au final, nous auraient appauvri et nous auraient malgré nous mis dans cet état de renfermement sur nous-mêmes. Peut être qu'à force d'avoir été éduqués de la sorte, nous avons inconsciemment rejetés les principes ainsi inculqués et que de génération en génération, nous avons créé des blocages qui dans les contextes de notre vie moderne jouent contre nous !
J'aimerais que toutes les personnes ayant souffert psychologiquement puissent se réunir et étudier avec grande sensibilité pleine d'empathie et d'amour, les prémisses de notre condition humaine pour que nous puissions nous en sortir et poser les bases d'une meilleure relation entre nous et d'une société réellement participative, d'une démocratie fondamentalement humaniste...
Mais là je crains que non seulement je rêve mais qu'en plus, les possibilités pour faire cela ne sont tout simplement pas possibles car notre évolution n'a jamais pris ces contours permettant ce type de réflexion! Il ne fait plus de doute, après discussion avec un professeur d'histoire romaine, que notre évolution a été largement déterminée par la force et ses rapports, les gros bras et le dirigisme, la compétition et l'élitisme. A notre façon, nous sommes devenus les nouveaux dinosaures super adaptés à l'environnement de champ de bataille que nous avons construit depuis au moins 100'000 ans sinon plus si on prend en considération toute l'histoire de l'homo erectus, sapiens et compagnie qui d'après l'analyse des restes retrouvés, confirme les guerres, le cannibalisme et les massacres en tout genre !
Que pouvons-nous faire autrement que de s'asseoir tous ensemble et contempler sereinement ce que nous sommes devenus et analyser les raisons de cet échec flagrant de l'évolution. Faisons ce que les dinosaures n'ont pas pu faire - se retourner sur nous-mêmes et comprendre où nous en sommes. Les solutions s'en découleront comme l'eau des sources, nous ne pouvons plus rien forcer sous peine de nous enfoncer encore plus profondément dans la marre de notre inconscient reptilien que nous avons tant de peine à dépasser, à transcender...
Tu te demandes pourquoi la Suisse est pareillement repliée, pareillement sur la défensive. Où faut-il chercher un peu de fraternité et de tendresse, de bonne humeur et de joie dans ce pays dévasté par la tristesse? Chacun est seul chez soi, il y a des gens qui ont froid et que tout le monde ignore, comme nos amis les réfugiés, et tous les pauvres qui se cachent, mais les riches sont aussi seuls chez eux et dans un individualisme brumeux nous restons tous prisonniers d'un espace qui esseule, une île qui se morcelle en mille pièces de puzzle, et à la fin aucune société.
Cette lettre est appelée: l' E S P O I R.
Je ne veux pas me bercer de faux espoirs.
Mais je pense que l'antidote à ce dont nous parlons ce jour, c'est: l'espoir.
Puisque l'humanité s'est endormie dans le confort, opposons à sa lassitude comptable et sa mesquinerie peureuse un souffle.
Et qu'est-ce que le souffle, pour des hommes qui vivent ?
Je ne connais pas d'autre vent, pas d'autre souffle je ne connais que l'espoir...
À lui, je donnerais toute ma vie.
Au constat désabusé de notre intelligence, qui voit bien que plus rien ne viendra sous de tels cieux, je propose un antidote plus irrationnel, mais qui fut celui jadis de la vraie foi politique, celui de la Révolution: l'espoir.
Pourquoi ne parler que de redistribution des richesses? Il faut pourtant redistribuer à chacun et chacune toutes les richesses de la terre, afin que plus un seul homme et plus une seule femme ne meure de faim, afin que le temps soit heureux pour tous.
Il faut cesser de vivre chacun sur sa planète, mais revivre ensemble !
«L'Europe s'enfonce dans l'individualisme, tandis que l'Amérique latine va vers la solidarité...» me disait Laurence il y a deux mois. C'est vrai qu'il n'y a aucun souffle dans l'égoïsme individualiste. Les grandes révolutions ont toujours été portées par l'élan de plusieurs !
Or mes amis, mes frères: formons-nous aujourd'hui quelque chose comme plusieurs ?
Voici hélas le règne du toujours un et chaque fois un.
Celui qui est un est sûr de n'être trompé par personne mais il s'ennuie seul sur son île.
Je lui propose l'espoir.
L'espoir n'est rien d'autre que le vieux chant, le vieux mythe qui s'élève de l'humanité depuis toujours, cette trop vieille voix.
L'espoir n'est pas seulement ce qui fait vivre les pauvres des bidonvilles, ce qui fait vivre les artistes méconnus, ce qui pousse à vivre et à s'exprimer ceux qui chantent comme Mercedes Sosa,
l'espoir n'est pas un vain mot qu'il suffirait d'écrire sur les murs,
l'espoir c'est la poésie faite révolution et la révolution en marche vers une autre humanité !
L'espoir c'est la poésie qui est descendue dans la rue et qui fait naturellement la révolution, c'est le retour du sentiment fraternel de tous les hommes qui aiment tous les hommes.
Je sais que je demande l'impossible, ay !
Pourtant je le veux, cet impossible.
Je sais que je n'obtiendrai rien.
Alors je continuerai.
Car l'espoir est mon seul chemin.
L'espoir est ma seule patrie.
L'espoir est mon seul pays.
Je ne suis fort que lorsque nous sommes forts plusieurs !
Je ne suis fort que si la solidarité revient !
Je ne suis fort que dans une société où les riches partagent avec les plus pauvres !
Je ne suis fort que dans les ruines encore incandescentes du libéralisme déchu.
Je ne suis libre que si ma liberté, c'est ma passion de vivre et de vivre parmi les autres, car ma liberté ne sera jamais le libéralisme.
Mon espoir est espoir de justice !
Mon espoir est un espoir pour tous.
Mon espoir est le rêve que abstraite, la justice devienne de quoi vivre habillé, logé et heureux, pour chaque être humain !
Mon espoir n'est pas veule et ne séjourne pas une minute dans la tristesse,
mon espoir ne se complaît pas, il lutte toujours ou plutôt il vit !
C'est sang de gauche, camarade, mais c'est vérité humaine !
Celui qui est tombé dans la Guerre d'Espagne. Le dernier à avoir agonisé dans la forteresse lugubre de Montluc. Le dernier des vivants tombé fusil à la main. Le dernier des malheureux mort encore en tendant la main. Le dernier des méprisés mort encore avec un visage, parce que son visage disait: je suis, et sa voix éteinte: j'existais pourtant. Le dernier des oubliés avait lui aussi ce rêve, ce rêve s'appelait dans les limbes de la beauté rêve de justice, mais dans la dure prison du réel, il ne put s'appeler cependant que: espoir.
Cependant, espoir: c'est assez.
Espoir - c'est bien assez pour lutter. C'est assez pour me lever demain, bien assez pour croire.
Espoir - c'est bien ce qu'il suffit de vouloir.
Espoir - c'est ce que je chante quand je suis en vie.
Espoir - c'est là toute ma dignité.
Espoir - Pour toi je promènerai sans fin par les rues pauvres une douce petite fille.
Espoir - tu es tout pour moi.
Espoir - fais de nos misères communes une révolution.
Espoir - fais de ma tristesse un chant, et de mes injustices une lutte qui voudra que demain se lève.
Espoir - sauve-moi !
Espoir - je sais maintenant que tu nous donnes la main.
Et je ne lâcherai pas la tienne.
Puisses-tu, ami Jaurès, puisses-tu, ami Neruda, faire que jamais ma désespérance ne devienne autre chose qu'errance de mon espoir !
Puisses-tu me faire désirer ce qui rendrait tous les hommes heureux, et non moi tout seul !
Puisses-tu m'inciter à chanter encore.
Je chante encore un peu tandis qu'un feu s'éteint doucement dans les ombres.
Mais l'espoir est là, vaste comme la nuit.
Voilà, cher Gorge !
Ce n'est sans doute pas grande chose, mais je pense que nous croyons tous deux au lyrisme et à l'incantation! Je me dis que ce qui est vrai, le reste. Nous n'avons pas cru à des illusions: nous sommes venus dans une époque endormie. Nous faisions d'autres rêves, mais nos rêves étaient plus justes. Ils avaient pour planète la terre. Ils auront un jour les pauvres comme gardiens, et la terre entière sera leur temple. En attendant, seulement un mot pour marcher: espoir.
Je change de sujet, et reviens à ma vie et à la tienne. Oui, en esprit, il nous faut quitter la Suisse, et la régénérer autrement.
Il faut nous ressourcer humainement et porter autre chose à nos concitoyens. Il nous faut nous nourrir de feu, et agir comme cela nous est possible. La Révolution aura bien lieu une fois, mais ce sera d'une autre manière. Je ne puis me résoudre, cher Gorge, à ne plus croire dans ce mot: révolution. Elle sera peut-être sanglante comme celles de jadis, mais je sais qu'elle sera surtout et même seulement joyeuse, quand on sera de quoi il faudra s'emparer, et quand le peuple aura retrouvé ce qu'il cherche, ce dont on l'a dépossédé. Pas seulement s'exprimer: obtenir la justice, et maintenant, et pour tous.
Mon cher Gorge, je suis en effet assez brisé par tous ces harcèlements que j'ai subis. Je n'aime pas les petits fachos néolibéraux, je leur crache au visage comme notre ami Jean Moulin qui dessina la caricature de Barbie lorsque celui-ci lui tendit un crayon pour écrire des noms qu'il ne livra jamais. Les «caves» des années fascistes existent toujours, la violence barbare porte d'autres noms, elle est surtout psychologique. La violence de Créon pourtant ne sera jamais aussi belle que le cri d'Antigone, qui chante.
Un jour, Antigone fera la Révolution. Ce sera... Quand tous les êtres humains ne voudront plus ressembler à Créon, mais se redécouvriront une Antigone au fond d'eux, dans leur coeur.
Donc rien de nouveau, sinon que la juge d'instruction en charge de mon affaire se rend compte que mon dossier est celui de quelqu'un qui a enduré les pires tortures psychologiques, et qu'elle prend mon parti. En soit - qu'elle soit louée! Je l'ai su par mon avocat. Je me sens revivre à travers sa modeste reconnaissance, et je me réjouis de la savoir face à mes anciens bourreaux, ces grands directeurs qui ne sont rien au fond, rien que leur bête arrogance, qui ne va pas aussi loin que le chant de l'espoir.
Ce n'est sans doute pas grand chose, cher, cher Gorge...
Mais c'est déjà un mot et une foi.
Je viens de voir un débat où Bezancenot a bien parlé devant le système et la compacité réductrice pleine de censure de la télé de la France sarkozienne. Il a fait comprendre qu'il n'était pas récupérable et que son message ne serait pas fade donc affadi.
Je souhaite tout le meilleur à votre initiative pour laquelle j'ai voté "OUI" et qui donne un autre visage de la Suisse !
La droite pourrait se préoccuper des places de travail en général et pas seulement des places dans le lucratif commerce de la contrebande de l'armement! Leur argumentation populiste alarmiste est faible. Six cinq mille emplois fabriquent des armes qui servent à tuer, comment faire? Ils vont encore venir avec leur fameuse argumentation de la "gauche irréaliste", c'est tout ce qu'ils savent faire: préserver un mauvais statu quo et jouer sur la peur du changement où l'on aurait "tout" (?) à perdre.
Mais, cher camarade Gorge, mon aîné, mon ami, nous ne nous laisserons pas décourager par cette lâcheté.
La vraie question, c'est: doit-on alimenter les guerres ?
Et non: que vont devenir les fabricants d'armements ?
Il faut des idées.
Vive la gauche d'avenir qui portera au monde des idées d'avenir et de bonnes idées !
Des idées, mais on en a plein !
Le problème est qu'elles sont récupérées avant que nous puissions les mettre en pratique et sont transformées en moyens de destruction massifs contre les individus conscients et éveillés car pas manipulables !
Voilà pourquoi la révolution et la grève demeurent des actions qui expriment vraiment ce que nous pensons !
Ces moyens, personne ne pourra nous les voler.
La droite dit que nous sommes utopistes, mais en réalité nous sommes en avance, c'est eux qui sont en retard.
À l'heure où il faut des changements courageux et urgent, seule la gauche est debout, pour amener du neuf et de la solidarité.
Nous au moins nous ne sabotons pas la solidarité comme le fait la droite: nous nous en réclamons et nous l'étendrons.
De mon côté, je me remets d'un refroidissement mauvais et de la dernière fois que les capitalistes ont voulu m'éjecter du système et me briser en même temps: ils n'ont fait que me rendre encore plus convaincu de l'humain. Au lieu d'entrer en lutte avec eux, nous allons être l'alternative et proposer un monde plus centré sur des notions éthiques.
Je... Vais m'envoler au plus vite pour des pays plus chauds !
J'aimerais partir au Venezuela ce mois de novembre pour retrouver des amis et voir de près la nouvelle solidarité !
Je devais partir le 8 et arriver le 9, mais ma santé s'est brusquement dégradée quelques jours avant et j'ai dû annuler. J'ai donc remis. Mais je partirai joyeusement vers le continent de la solidarité.
Décidément, ton inconscient te joue des sacrés tours !
Tu veux sortir de ce pays et de ses conditionnements subconscients et, inconsciemment, tu t'arranges pour tomber si malade que tu dois tout annuler !
hi hi hi! Cela est bien dit. Mon inconscient doit encore lire un peu plus de Marx et de Blanqui !
Inconscient inculte !
Je n'ose pas imaginer combien cela a du te coûter, les compagnies aériennes n'étant pas très conciliantes lorsqu'on ne veut plus partir avec elles !
Ben... Ils se sont littéralement couchés sur mon argent comme un chien sur son os, quoi !
Je lui ai tendu un certificat médical et il m'a dit: ce n'est pas à moi qu'il faut donner cela. Et quand j'ai redit cela à mon père, il a dit:
mais alors à qui ????
Je pense que le subconscient gouverne ce monde et que l'inconscient a été complètement manipulé par les experts en communication qui nous ont littéralement fabriqué pour que nous soyons à l'image qu'ils veulent pour mieux nous vendre les produits de notre domination. Ils ont même récupéré nos propositions d'un monde plus centré sur des notions éthiques et nos convictions de l'humain pour les utiliser à des fins mercantiles et nous vendre notre emprisonnement dans les affres de la possession matérielle, du paraître et de la consommation teintée en vert pour mieux la faire acceptée !
Eh bien oui !
La Suisse étant le summum de la concrétisation de l'utopie capitaliste.
Premièrement, l'image de la Suisse étant écornée, elle est devenue invendable.
Deuxièmement, un tel capitalisme, consolidé par une bureaucratie avare et discriminatoire, représente un point de non - retour.
Pourtant, camarade Gorge...
... il faut que ce pays reçoive l'estocade en tant que capitalisme...
... Pour advenir en tant que démocratie, espace créatif d'échanges entre gens, bref pays normal.
Mon copain de toujours situe ce moment possible à la chute du secret bancaire.
Peu importe.
Peut-être que même l'entrée dans l'UE ne rendra pas la Suisse plus sociale.
Ce qu'il faut, c'est que la gauche anticapitaliste en Romandie, le PS le plus combatif et les Verts les plus engagés socialement s'unissent pour gouverner. Une fois qu'on pourra gouverner, la droite devra devenir une opposition, et si l'on fait des réformes sociales que le peuple ressent comme autant de bienfaits, plus personne ne pourra faire que tenter de nous déloger à chaque élection fédérale, tous les quatre ans, comme nous essayons actuellement avec ce bloc purulent droitier qui me révolte comme toi.
Je pense que toutes nos suggestions pour un monde meilleur seront aussi récupérées pour les inclure dans la domination du marché (soi-disant!) libre et pour nous faire croire qu'on pense à nous et à nos besoins. Hélas, nos besoins ont été déchiffrés par ces experts qui ont pignon dans la nouvelle section "science humaine" de UNI-MAL de Genève où l'on étudie quelles sections du cerveau sont activées lorsque nous achetons ou lorsque nous "désirons" un objet ou un autre.
C'est l'esprit des gens qui doit changer.
À quoi bon s'agripper au peu qu'on a ? Il vient un temps où la soif de réformes est plus belle et utile que le mesquin besoin de conserver tout en l'état.
Quand les gens comprendront que le seul moyen de changer de monde c'est de voter la gauche, nous aurons enfin le contexte sur lequel nous appuyer.
Je pense que tant qu'il existe des hommes qui croient qu'ils ont quelque chose de plus que nous, qui croient qu'ils sont plus intelligents que nous, qui se mettent en avant pour nous diriger et nous commander (par l'inconscient!), nous n'avons AUCUNE chance de s'en sortir et, effectivement, de devenir des "Humains" pleins de conscience, de notions éthiques et proposant des alternatives réjouissantes !
Oui, tu as raison.
Peut-être que: pas de chef, pas de capitalisme. Les petits chefs du capitalisme tant financier qu'industriel sont des gens qui n'écoutent personne et sont convaincus de savoir, c'est assez vrai.
La droite a disposé partout des murs. C'est à la gauche de les faire tomber.
À entendre leurs façons de parler "des gens", je vois la profondeur de leur immense mépris pour les gens ordinaires, de leur haine de ce qu'ils désignent de "médiocres" et de leur rejet de tout ce qui touche au "populaire", aux communautés d'intérêt, aux projets alternatifs. Écoutes les descendre en flammes notre initiative, ils révèlent toute l'étendue de leur autoritarisme volontaire et de leur subordination à l'économie toute puissante...
Naturellement la droite a joué la carte de la peur avec ses cinq mille emplois, je connais une chère amie de gauche pourtant qui m'a dit avoir voté contre.
Mais alors que fait-elle à gauche ?
Je ne vois pas bien.
Elle a juste agi par peur.
Quand elle croyait voter par raison.
Désarmons ces personnages qui cherchent à nous diriger, qui veulent exercer un pouvoir sur nous, qui veulent notre soumission totale à leurs idéologies économiques et sociales et qui sont bien pires que les staliniens de l'époque URSS !
Tout à fait !
Camarade Gorge, la démocratie c'est quand le peuple redescend dans la rue et veut sa liberté pour tous et toutes !
La logique actuelle de domination, d'expulsions, de contrôle, de licenciements, bref d'emprise sur l'humain, n'est pas démocratique.
Si la révolution revient, elle sera pacifique, comme la Chute du Mur.
Je ne vois au reste pas pourquoi on ne se révolterait pas contre le communisme néolibéral en... faisant tomber les murs.
Le Mur de Berlin c'était il y a vingt ans: aujourd'hui un autre doit tomber.
As-tu vu les "célébrations" des 20 ans de la chute du mur de Berlin : il n'y avait que pour les dirigeants, les grands acteurs présidents, chefs de cabinet (de toilettes!) et ce pauvre peuple a été complètement réduit à un rôle de figurant consommateur alors que ce fut lui qui a fait tomber ce mur de la honte par ses manifestations monstres de presque un million de participants, c'est sous sa pression que les événements se sont déroulés comme ils l'ont fait.
Bien dit, camarade Gorge !
Ce n'était à l'époque ni Genscher ni Kohl ni Honecker qui avaient fait tomber le mur, peut-être était-ce Gorbatchev.
C'était le peuple. Acteur émouvant, mais toujours méconnu, qui gêne la fameuse «minorité au pouvoir».
Les dirigeants n'ont pu que suivre ce mouvement et faciliter son déroulement même que quelques uns ont pu en profiter et asseoir leur pouvoir. Et as-tu vu comment ce sarcozy sarcoïde et sarcastique vient maintenant se glorifier en affirmant avoir été présent lors de la chute du mur et ainsi avoir précipité la chute du communisme ?
Sarkozy devrait surtout prédire la chute de Sarkozy !
Mais c'était pour mieux instaurer le mercantilisme et la consommation, qui, en ce qui me concerne, est INFINIMENT plus néfaste que toutes les dictatures réunies !
Bravo !
Je suis tout à fait d'accord avec toi. Le consumérisme est tel qu'on ne sait pas si l'on a affaire à une dictature, c'est une économie totalitaire et toutes les cartes sont brouillées pour qu'on ne puisse pas faire chuter le système de domination.
Allé mon grand, ne nous laissons pas faire, soignes-toi et pars vers ce Venezuela solidaire pour te changer les idées et reviens avec des sentiments plus nobles, plus élevés et, surtout plus solidaire envers toi-même, toi qui t'arranges pour faire échouer toutes tes tentatives d'escapade hors de ce pays si maudit qu'aucun plan de salut ne pourra sauver, même pas un messie descendu d'un ciel tellement encombré d'objets divers qu'il ne pourra pas franchir la barrière ainsi constituée !
Tu as raison !
Mais on pourra faire aussi bouger ce pays. Il faudra passer du communautarisme à la société laïque unique.
Pour l'instant, je corresponds avec mes amis du Venezuela. C'est vrai qu'ils te déroulent plus le tapis rouge que nos petits roquets de l'ODM ne le font. Je suis heureux de correspondre avec eux par le mail. Je me réjouis de voir ce beau continent qui est un laboratoire de la gauche et de la fraternité.
Je suis pour la solidarité avant tout, pendant tout et après tout !
C'est l'Aleph et l'Omega !
Et je reste bien d'accord que le peuple suisse est un des plus veules et des plus lâches qui soient, car il ne se gêne pas pour mettre à l'écart ceux qu'il veut, comme ça l'arrange - c'est commode de mettre à l'écart les autres - mais quand il s'agit de mettre la main à la pâte de la solidarité - tu l'as déjà vu, non? - eh bien tu vois ce que ça donne ?
Le jour où les Suisses seront généreux, ils pourront donner des leçons au monde. Pour l'instant, ils n'ont que des leçons
à recevoir.
Ils sont... Dans une peur tellement mesquine, que leur mesquinerie me fait honte !
Et ils ont tellement intériorisé le schéma "udéssé" de la peur du bouc émissaire, c'est tellement dans leurs gênes, que c'est, tu le disais, un peuple perdu. Il faut juste les plaindre d'être ainsi, et leur taper sur le dos devant les millions qu'ils font. J'exagère, mais il y a un fond de vérité.
Après, on s'accommode de ce pays en fréquentant les gens les moins trouillards et les plus courageux !
Ils évitent à tel point le conflit et le dialogue, que c'est grotesque.
Je suis au marché de St.Laurent tous les samedi matins pour "vendre" notre initiative «pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre».
Viens donc nous soutenir et parler avec les acteurs du changement solidaire et populaire !
Les acteurs en question font faire un théâtre de rue dénonçant le commerce des armes !
Il y aura des costumes, casquettes et on jouera aux gros militaires qui achètent des armes au banquiers gras !
Tu peux jouer au roi fou d'un pays de l'est qui veut des F/A-18 pour sa sécurité !
Je viendrai !
Plus on en est de fous plus on rigole, j'apporte des F/A-18 en papier !
Quel dommage que cette dame châtaigne aux grands yeux s'est accaparée hier du peu de temps que nous avions pour discuter de vive voix ensemble et que nous n'avons pas pu s'entretenir plus sérieusement et avec plus de lucidité des problèmes du moment !
Avant que tu n'arrivasses, j'avais essayé à plusieurs reprises de m'en déprendre mais rien n'y fit, elle revenait obstinément à la charge en me faisant dire des choses que je n'avais ni dit, ni même pensé et en m'accusant de crimes qu'elle se permettait de commettre sans vergogne. Au contraire, chaque fois que j'essais de préciser ma pensée, elle s'ingéniait de la retourner comme une crêpe et me faire passer pour un type inculte, pas éduqué, un monstre de jugement et de condamnation suprême, justement ce que je reprochais à notre société si confite et trop sûre d'elle !
J'ai effectivement sauté mes courses alimentaires (!) pour continuer de parler avec cette femme. Cette personne avec qui tu discutais m'a semblé une véritable énigme. J'ai senti beaucoup de tristesse chez elle, de solitude sociale. Je l'ai invitée à manger à souper. Le seul hic, c'est qu'elle a voulu s'abriter de la pluie le samedi soir vers 23 heures et on est resté dehors au même endroit à discuter... jusqu'à 7 heures du matin. C'est te dire à quel point je suis crevé !
À l'entendre, j'ai compris qu'elle était quelqu'un qui aimait bien Maillard, mais encore plus Freysinger, et qu'elle était très empreinte - que dis-je? Envahie par contagion - du discours UDC. Je n'ai pas pu la convaincre que toutes les personnes sur le même sol ont les mêmes droits. Elle semblait une grande admiratrice de Marine Le Pen. Mais curieusement, elle oscille un peu entre gauche et droite. Avec une fascination pour l'extrême-droite quand même, et les valeurs du "sol" et tout cela.
Mais au moins elle m'a permis de comprendre pourquoi et comment il est si difficile de "discuter" à certaines occasions et comment marchent les raisonnements tortueux de ces gens qui se prennent pour "l'élite" et qui défendent les autorités et l'hiérarchie envers et contre tout. A un tel point que les autres participants au stand étaient convaincus que cette dame était une taupe UDC qui nous sabotait ainsi en nous immobilisant en nous tenant fermement la jambe toute en se tenant tout près de la table pour empêcher d'autres intéressés de s'y approcher. Et moi, dans mon âme innocent, je n'ai rien vu et j'ai persisté à vouloir suivre la discussion même lorsque j'ai compris que non seulement cette dame N'ÉCOUTAIT RIEN à ce qu'on lui disait mais s'acharnait à se retourner contre nous de la manière la plus élitiste et UDCiste qui soit !
Je crois ainsi avoir compris comment l'élitisme se maintient en place avec la complicité des gens eux-mêmes qui prennent sa défense lorsque nous osons répertorier les problèmes qui encombrent notre pauvre humanité. Le truc est sublime, on fait croire aux gens que leur situation est inférieure et qu'ils doivent s'en sortir en grimpant l'échelle sociale pour devenir "quelqu'un", soit accéder à une "élite" qui personnifie la réussite, le pouvoir et la gloire, comme si cela était, en fait, le but suprême de la vie. Une chose est sûre : toute dépréciation de l'élite est interdite !
As-tu vu sa réaction lorsque j'essais de donner sens au travail du manoeuvre dans sa fouille et magnifier son positionnement social malgré l'opinion qu'on fait du travail manuel ? Elle a rie et m'a accusé de vouloir "rester en bas" et de ne pas vouloir "m'en sortir", choses abjectes et inadmissibles pour ces adeptes de l'échelle sociale que je dénonçais comme étant un des caractéristiques le plus saisissant de l'état du monde en ce moment !
Oh, tu sais... Elle m'a bien dit que j'étais, je ne sais plus, un... "cabossé de la société". Mais ce qu'elle voulait dire par là, c'est que je n'y pouvais rien et que j'avais subi une injustice, et m'étais battu pour cela.
Mais ce qui m'a le plus ému, c'est son désarroi profond, derrière ses discours apparemment arrogants, et son immense sentiment d'injustice. Je me suis dit: zut! voilà quelqu'un qui devrait trouver son secours dans la gauche, et devient une proie idéale pour l'extrême-droite.
Je pense que cela est un des mes plus gros problèmes lorsque je discute avec les gens, je prends la discussion trop à coeur et j'essaie trop de les "convaincre" alors que les gens ont une sainte horreur de se voir imposer des idées qu'ils n'ont pas fomenter eux-mêmes dans le secret de leurs âmes. Alors que mon seul but est de comprendre le pourquoi et le comment de la situation dans laquelle on vit, je ne peux pas comprendre que les gens ressentent ces tentatives de compréhension comme d'autant d'accusions formulées contre eux personnellement, comme si je les mettais sur la sellette et les rendais responsables d'une veulerie et d'une lâcheté ségrégationniste...
Je pense qu'elle a cherché à sonder ton discours pour en chercher la faille, c'est bien ce que j'ai constaté.
En tous les cas, après cette épisode avec cette dame accapareuse, il reste que je suis encore plus persuadé qu'une compréhension plus fondamentale de l'état de notre société est d'autant plus nécessaire que la solidarité et la main à la pâte semblent faire défaut de nos jours, comme s'ils avaient existé avant, comme si une fois on était généreux, ouverts et accueillants! Avant toutes choses, il nous est nécessaire de voir l'état dans lequel on vit, de le saisir dans toute sa profondeur, de comprendre pourquoi on en est arrivé à ce peuple suisse qui serait "un des plus veules et des plus lâches qui soient" et, surtout, de comprendre comment cet état se perpétue, se renforce et devient la norme. Il n'y a aucun jugement dans cette démarche, aucune mise-en-accusation, aucune condamnation comme le laissait entendre cette dame qui se voulait si "correcte" en voulant "éduquer le monde" !
Mais c'est trop de vérité pour eux, cela, Gorge !
Ils sont encore persuadés de vivre "dans un pays formidable en paix" qu'il faut, je cite de mémoire, donner "petit à petit aux étrangers" et "pas trop vite" parce que "tout en suite s'est fait lentement".
Je me suis demandé pour qui elle se prenait, qui elle croyait qu'elle était et de quelle planète elle tombait pour tenir ce discours si détaché du monde réel qu'on pouvait légitimement se demander si son discours ne cachait pas une intention obscure, soit celle de casser jusqu'au coeur toute velléité de contestation, de remise en question ou de saine révision de ses à priori et de ses idées fixes. À aucun moment elle n'a fait un début d'effort pour comprendre ce que nous lui disions, elle se permettait se ressasser ses idées aussi fixes que le monolithe logé dans son coeur hépatique. Non, le pire avec ces gens est qu'ils ont fait de leurs fantasmes et de leurs idéologies des éléments d'une réalité totalitaire où la domination et le contrôle de l'individu devient une politique sociale, une norme discrétionnaire, un dispositif moral et cadré. Mais peut être que tout simplement, ils veulent éviter à ce point le conflit et le dialogue que s'en est devenu grotesque !
Elle faisait la même analyse que toi. Mais après c'est vrai que ses valeurs n'étaient pas forcément fraternelles. Mais je sentais qu'elle tenait quand même à la fraternité. Après l'avoir (beaucoup) laissé parler, j'ai tout de même tenté de la convaincre que les étrangers étaient traités injustement. Je crois bien qu'elle m'écoutait.
Mais la comparaison entre "nationaux" et "étrangers" était trop forte dans son discours.
Je regrette vivement qu'elle ne m'ait pas cru quand j'ai tenté de lui expliquer les conditions de vie des NEM.
À l'entendre, ils étaient tout à fait bien traités.
Brrr !
Fatiguant.
Eh oui mon ami, nous avons un sacré bout de chemin à faire avant de pouvoir être écoutés et entendus par une population de plus en plus sur les nerfs par cette politique élitiste hourdie par la complaisance et l'intéressement des gens eux-mêmes trop préoccupés par leurs positions sociales et leur désirs de monter dans l'échelle des valeurs que nous propose cette droite pas si droite qu'ils la supposent, pas si bien qu'ils la veulent, pas si impérative qu'ils l'espèrent !
C'est-à-dire qu'il faut parler à ce genre de femmes - ou d'hommes - en les écoutant calmement, et en leur montrant qu'il y a des alternatives sociales et plus solidaires. Mais j'ai été ému par le désespoir de cette femme. Le parti qui peut l'écouter de toute évidence, c'est la gauche. Mais elle fait partie de ceux qui trouvent que les gouvernements ne font rien, ce en quoi hélas elle se trompe de peu.
Allé, profitons de ce dimanche nuageux pour loger dans nos têtes quelques notions salvatrices propres à nous mener vers des horizons dépassables et nobles, rien que pour contrarier les besoins de domination que nous conte cette dame si collante !
Je crois toujours comme toi dans l'humain, et la nécessité de vivre en paix et avec tendresse en compagnie des gens qui sont fraternels, et d'étendre notre cercle, et de prêcher d'exemple en n'étant pas agressifs. Derrière l'agressivité des gens qui parlent politique, il y a la peur de la précarité et la souffrance de l'isolement social.
Ce qu'on peut faire, c'est déjà s'abreuver soi de Sources de sagesse et de Joie.
Ensuite, je suis de plus en plus pour le combat non-violent.
Camarades, la bataille a commencé !
Mais ce n'est pas la lutte dernière.
Tous ensemble il nous faut avancer :
Franchissons fièrement les barrières !
Entends-tu ce chant dans les chaumières ?
Ne retourne pas encore à ta tâche !
C'est le chant de la foule ouvrière :
L'avenir est à ceux qui se fâchent !
Chaque fois qu'un chômeur sort de l'ombre,
Un ami perd sa place et il passe ;
Des chômeurs il vient grossir le nombre.
O Jaurès! La guerre a tant de faces.
Ils ne veulent même plus ton travail.
Ce qu'ils veulent, c'est que toi, tu succombes !
Ces voleurs, il est temps qu'ils s'en aillent !
Du capitalisme, creusons la tombe.
Ce qu'il faut, c'est encore la grève !
Plus un seul train ne va sur les rails.
Laissez-nous la justice, notre rêve !
Ne payons plus d'impôts, plus de bail.
Lorsque soudain le peuple se lève,
C'est chacun qui retrouve sa foi !
Tous debout, nous résisterons sans trêve.
Liberté, ne meurs pas sur ta croix !
Ils disaient nous donner des emplois.
Mais ils n'ont apporté que la guerre !
Ils ne respectent même pas les lois.
Tout ce qu'ils nous apportent, c'est la misère.
Dans la nuit, sans visage et sans droits,
C'est l'errance pour tous les sans - papiers !
Ce sont toujours les mêmes qui ont froid !
Loin de tous, ils vont seuls et à pieds.
Assez de ce mensonge boursier.
Mais que font les élus, les patrons ?
Je ne sais plus à qui me fier...
Les p' tits chefs, ce sont tous des poltrons.
Ne nous faites plus jamais cet affront !
Chaque vie ici est bienvenue.
Tous ensemble, courageux, faisons front !
L'injustice, le mensonge continuent.
Dignité solidaire, je te salue !
Refermons d'un seul coup les fossés !
C'est le peuple qui descend dans la rue :
Le peuple crie au Profit : c'est assez !
Christophe A. Meyer
- Il est temps de tenter de formuler des théories sociales et politiques qui nous amènent quelque part et qui, surtout, ne nous mènent pas vers d'autres formes de domination.
Je suis enseignant et je n'ai jamais, par pudeur, par courage, transmis certaines informations concernant les horreurs et la torture morale permanente que je vis. Je suis dans un état dépressif suite à la destruction psychologique machiavélique et amorale que j'ai subie de la part de mes supérieurs.
J'ose parler enfin. Je ne puis accepter qu'on traite quelqu'un ainsi. Cela fait deux ans que je subis la violence psychologique répétée au-delà du raisonnable. J'ajoute que je ne dois qu'à mon courage extrême et à l'expérience déjà faite de subir du mobbing, d'avoir tenu le coup. J'ai les capacités de résister, mais surtout la volonté de tenir. Je veux que ce témoignage serve à la punition systématique et à l'interdiction du mobbing pour l'éradiquer. Le mobbing pollue notre milieu professionnel suisse. Même dans l'enseignement, où j'ai été très surpris qu'il soit bien plus cause de dépressions que les classes d'élèves.
Toi qui souffres tant, saches qu'il y a quand même des gens qui se révoltent contre cette attitude si répandue de nos jours, la certitude d'être dans le vrai, le juste, le bon, d'être supérieur, plus morale, plus intelligent et donc en droit d'imposer sa vision et ses règles sur les autres !
Il y a de nos jours une forte tendance à vouloir résoudre tous les problèmes de société par la force, la contrainte, l'imposition de limites, la punition, la sanction et même la fessée retrouve ses lettres de noblesse (voir article de Philippe de Vargas dans le 24Heures du 15.01.2010) !
Alors que faire ?
Ben on peut toujours prendre sur soi une partie de la souffrance de l'autre et l'accompagner dans sa recherche de justice. Tu sauras donc que je suis prêt à tout écouter et à t'offrir des consolations peut être maigres mais quand même empathiques et amicales. Je ne sais pas si cela servira à quelque chose mais au moins tu sauras que tu n'es pas tout seul et qu'il y a d'autres qui compatissent et savent ce que torture mentale veut dire !
Mais toute ton histoire semble être l'autre face de la pièce qui se joue de nos jours, une pièce d'horreur où le gore compète avec la mort et la misère morale pour le contrôle des esprits !
Dans le même 24Heures, j'ai fait paraître une lettre de lecteur concernant l'anarchie !
Lis-la et penses un peu à ce pauvre Haïti qui, lui, sombre dans un désespoir qu'aucun pays ne peut mériter même si la corruption est édifiée en art consommé !
On a tellement voulu contrôler les populations qu'elles sont devenues incapables de se gérer lorsque les crises frappent et les catastrophes abonnent !
Mais peut être c'est voulu, une dictature profite de ce genre de drame pour survivre et perdurer.
Et quelle est la force qu'on a déployée tout de suite ?
Une troupe en armes (des GI américains) pour "prévenir" les pillages et contenir la colère populaire !
Pour surtout instaurer l'ordre dominant, la pensée-unique occidentale, l'économie libérale et la loi du plus fort !
Et pendant ce temps, la population ne peut manger, dormir, travailler, vivre quoi !
Merci de tout coeur !
Je réfléchis à ce que tu dis: «pour le contrôle des esprits». C'est juste. En tout cas, pour leur réification. Il faut à ces néolibéraux éliminer toute tentative de pensée, et lorsqu'on vient penser le système, là, ils sont en colère comme c'est pas possible! Parce que leur système a raison, ils sont la vérité.
Que faire? Je dirais: attendre patiemment que les peuples européens votent à gauche, pour un socialisme démocratique qui redistribuera le travail et les richesses, et fera de l'État l'instrument de la justice - sans plus laisser au patronat et à la bureaucratie post-nazie le droit infondé à «gouverner».
Ce que mon histoire m'apprend chaque jour, cher, bien cher Gorge, c'est à quel point le néolibéralisme fait fi de la morale, et même du droit fondamental à pouvoir exercer sa liberté individuelle, comme par exemple le droit de jouir de sa santé et de son corps (libertés individuelles, Messieurs les libéraux!).
Un système qui mobbe, c'est-à-dire quasiment tue, ceux qui osent penser différemment de lui, est un système en perdition. Avant de tuer moralement ceux qui pensent différemment, il faudrait parler avec eux, et se rappeler qu'on est dans une démocratie. Mais les néolibéraux ne veulent pas de démocratie! Ce qu'ils veulent, c'est imposer le marché par tous les moyens imaginables, comme tu dis très justement, Gorge, en transformant le marché en impératif moral, alors qu'il n'y a rien d'aussi immoral que le marché !
Ce que les néolibéraux piétinent, ce sont justement les fondements moraux de la démocratie. Ou de la société, comme tu veux. Ce que je dois faire, c'est voir que je suis une sorte de victime de choix et trouver un côté valorisant et grand dans l'anéantissement (shoah) que j'ai vécu. Même à une petite shoah, on peut survivre. La question est que je dois me dire: je vaux la peine de survivre. Je vaux mieux que ce système et ses bourreaux et ses «gens qui savent» et gens qui moralisent alors qu'ils sont le sommet de l'amoralité et du dégoûtant.
Je ne sais pas de quoi sera faite l'histoire demain, mais en attendant, je construirai, ou tâcherai du moins de construire, un monde juste, autour de moi. Il est clair qu'on m'en a beaucoup voulu d'avoir mes idéaux et de ne pas faire de génuflexion devant le Dieu Moloch que vénère la masse. Mais je proteste que Dieu merci, j'ai aussi ma place, et...
Oui, ce n'est pas bientôt l'avènement de ce monde plus solidaire en Europe, mais nous pouvons faire un peu autour de nous pour aller dans un autre sens que l'égoïsme froid, la cupidité, la médiocrité consumériste, la soumission aux petits chefs de l'économie et la logique sans pensée de ces ventres néolibéraux sans morale.
Voici que cela recommence comme une litanie obsédante d'une religion pharisienne :
40ième édition du sommet de Davos et son mot d'ordre «repenser, remodeler et reconstruire le monde» - 2500 participants dont trois conseillers fédéraux !
Comme chaque année, ILS vont se réunir à DAVOS pour REFAIRE le monde, les «ILS» étant «l'élite politique et économique mondiale» !
ILS vont «analyser la situation actuelle et trouver les moyens d'éviter que la crise économique et financière des années 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008 et 2009 ne dégénère en crise sociale en 2010» !
Et cette année, devines qui vient souper - super-SARKO lui-même en chair et en os, avec ses talonnettes, sa nana et son brushing !
Et que va-t-IL lui dire à cette élite autoproclamée, autogonflée et autoassise dans les fauteuils capitonnés d'un hôtel de luxe ?
Lis donc ce qui suit et interdiction d'auto-rire :
«M. Sarkozy estime qu'il a suffisamment fustigé dans ses discours le capitalisme pour ne pas être compromis par un tel déplacement, le président français serait ainsi vacciné contre les bactéries financières et les virus libéraux !
IL fera sans doute la leçon aux puissants de la sphère financière, en prononçant un discours fort sur les dérives du capitalisme. Revêtis de sa blanche soutane de moralisateur du capitalisme, fidèle à sa rhétorique, IL désignera l'adversaire à abattre, en l'occurrence «le capitaliste voyou». Après avoir infligé une série de crochets et de directs à la face de cet ennemi symbolique, IL célébrera les vertus des «braves capitalistes», ceux qui acceptent la régulation, et prônera l'action concertée contre les «voyous» argentés qui sont prêts à regonfler leurs bulles pour repartir vers de nouvelles catastrophes.»
On ne critique pas le système, on le «régule» !
Et s'il y a crise, c'est juste la faute à quelques connards de banquiers avides et gras et certainement pas à LUI SARKO qui fait tout bien, juste, joli, quoi, ni, surtout, au système lui-même !
Belle leçon de courage et de remise en question, n'est-ce pas ??!!
Oui Pristoche, je ne sais plus qui nous sommes, ni pourquoi nous sommes si sensibles alors que d'autres semblent planer au-dessus des choses comme ces aéronefs suppositoires enculant le brouillard de leurs museaux polycarbonnés. Je ne sais pas pourquoi nous souffrons autant alors que d'autres semblent trouver leur excitation en rampant sous les ailes d'un avion si grand que l'on pourrait y héberger dieu et sa suite. Je ne sais pas pourquoi nous sommes capables de voir à l'intérieur des choses alors que d'autres se réfugient à l'intérieur de leur boxon métallique sans rien voir du tout. Qu'avons-nous de différent de tous ces gens qui peuvent vivre dans cette société éculée qui se croit au sommet de l'évolution, qu'avons-nous d'autre qui nous fait voir et comprendre les choses comme nous le faisons ?
Oui, qui sommes-nous et qu'avons-nous fait pour mériter pareil sort ??
Mais ne vas pas croire que je regrette d'être ce que je suis, que je veux me renier et revenir à ce standard social honni !
Non, je veux juste mesurer la distance qui nous sépare du commun des bourgeois et marquer mon âme du sceau de la conscience...
J'ai trouvé une idée machiavélique pour abattre définitivement l'UDC et définitivement les faire passer sous la barre des 10%, ce qui hélas n'arrivera pas en 2011. Je devrais peut-être en parler à Levrat. Je vais en tout cas en parler à Stéphane Rossini.
C'est une stratégie à laquelle personne ne s'est risqué, mais elle marchera, j'ai confiance. J'ai tout étudié, et étudié toutes les autres possibilités.
Je crains aussi qu'il ne soit plus raisonnable de tabler sur l'effondrement du PDC, qui est soutenu par la pharma soit dit en passant, et des radicaux, qui sont soutenus par les banques.
Tu rigoles mais il y en a qui ne rigole pas du tout et dès que pointe la moindre anarchie, le moindre complot, la plus petite des menaces contre les patrons, ils n'hésiteront pas de tirer sur les mouches que nous sommes avec des très gros canons !
Déjà, lorsqu'ils entendent parler d'une menace d'agressivité de la part d'un écolier, ils envoient la troupe armée et arrêtent tout le monde préventivement. Alors, fais gaffe, nos paroles ne sont pas sûrs, elles peuvent être entendues par n'importe quel espion chargé de veiller à la sécurité nationale. On ne rigole plus de nos jours, les dirigeants sont persuadés qu'il y a montée de la violence, détérioration des moeurs, domination du mal, déchaînement de la nature humain et tentatives d'anarchie partout! Nous sommes tombés dans l'ère de la suspicion généralisée et toute personne se référant à une quelconque forme de violence sera impitoyablement poursuivie et condamnée !
J'attends avec une certaine impatience et inquiétude ton plan machiavélique pour abattre définitivement l'UDC et définitivement les faire passer sous la barre des 10% mais je voudrais quand même te faire remarquer que tout plan hourdi contre un groupe spécifique se retourne machiavéliquement contre son auteur et fait passer le groupe visé pour des pauvres victimes que les gens vont s'empresser de défendre même si c'est à leur corps défendant. Eh oui, l'être humain est ainsi fait qu'il prendra toujours le parti de celui qui est attaqué même si celui-ci est le pire des ordures. D'ailleurs, tu le sais aussi bien que moi, chaque fois qu'on s'attaque à ces gens, un front de défense se constitue et, tout d'un coup, la plus surprenante des alliances se forme pour leur venir en aide, avec pour résultat de les fait passer pour des gens pas si mauvais que cela. On va même jusqu'à reprendre leurs idées, en reformulant leurs exigences pour qu'elles soient acceptables !
Alors fais gaffe, ce n'est pas le moment de perdre notre élan et de nous faire passer pour des terroristes! Ce système est en train de s'écrouler et nous pouvons profiter de cette décomposition pour non pas faire effondrer les caciques mais pour les mettre devant la réalité des conséquences de leurs agissements pour qu'ils soient emportés par la logique même de leur mentalité tordue et noyés dans la fange qu'ils ont construit sur le dos de la société entière. Laisses-les se noyer tous seuls et pendant ce temps, nous les gens qui ont compris, nous les architectes d'une humanité retrouvée, nous les penseurs d'une autre façon de voir et de considérer les hommes et notre organisation sociale, nous allons poser les bases d'une vie en société valeureuse, organique, empirique, holistique, empathique, sensible, solidaire, profitable À TOUS sans exception, sans contraintes, sans chefs, où l'hiérarchie sera abolie et la plénitude sera le fait DE CHACUN !
Vois-tu mon ami, nous sommes victimes de notre propre intelligence, de notre capacité de penser, de l'expressivité de notre imaginaire et, surtout, victimes d'un subconscient que Jung a tenté de décrire, de mettre en évidence et d'évaluer à la lumière de notre conditionnement social et psychique. Et, surtout, nous subissons les conséquences de l'inégalité des capacités intellectuelles des hommes où les plus intelligents se croient forcement les LEADERS, les DIRIGEANTS, les vecteurs de l'hiérarchie et de la suprématie des uns sur tous les autres considérés comme «naturellement» inférieurs et donc, corvéable à merci...
Je viens de tomber sur un truc qui à prime abord me semblait rigolo mais après analyse, est bien plus sérieux que cela ne le paraît, il s'agit du TIQQUN (petit con, peut être!) une publication qui pose les bases d'une révolution totale et d'une évolution vers un communisme humaniste anarchiste !
Voici des pages qui me semblent très significatives et apporteront la réflexion nécessaire à cette révolution indispensable que nous cherchons, nous les éveillés, nous le sel des larmes, nous les maculés de l'oppression élitiste : Critique métaphysique, Sabotage SNCF, Recherches
Quoique, là aussi faudra faire gaffe car je pense que ces pages sont marquées et tout lecteur sera inscrit dans le grand livre invisible des félonies contre l'État, comme ce Julien Coupat qui a eu le malheur d'avoir ces livres dans sa bibliothèque et qui croupit en prison comme terroriste SNCF !
Bien mon ami, avant de faire la révolution, préparons-nous déjà intellectuellement pour affronter les ripostes que nos chers grands patrons ne manqueront sûrement pas de livrer contre nous avec toute la lourdeur de leur bras armé. Ne tablons pas sur l'effondrement pour vaincre mais sur nos capacités de réflexion et nos envies d'humanité...
Je vais commencer à partager ta paranoïa légitime qui peut quelquefois te révolter contre notre joli petit pays gentil et notre société si évoluée !
Il est temps que ce système qui persécute les gens DÉJÀ isolés et déjà appauvris, se casse la figure tout seul par une prise de conscience générale, et qu'on en vienne, ou revienne, à une vraie démocratie avec un tant soit peu de communauté et de solidarité, et non seulement cet individualisme de chiens-chacals! Car MORALEMENT, le néolibéralisme est faible !
Je suis curieux de savoir ce que tu penses de ce plan uniquement stratégique pour attaquer l'udc en la forçant à se prononcer sur l'Europe et à aller jusqu'au bout de ses idées - au lieu de stigmatiser à tort et à travers. Si par exemple cette votation présumée échouait, elle serait un sondage que même les électeurs de l'udc désavouent l'europhobie. Enfin !
Enfin! C'est pour dire... L'humanité évoluera quand elle CESSERA d'utiliser son prochain et qu'elle le voudra libre et l'aimera dans sa liberté et sa plénitude d'Autrui !
J'ai essayé à plusieurs repris de te dire ce que je pense de ces plans uniquement stratégiques pour attaquer l'udc. Ce que je pense tient essentiellement en peu de mots :
Primo : tu te trompes complètement sur l'udc, ces gens ne pensent pas comme toi car ils ne pensent pas du tout, ils réagissent et lancent des chausse-trappes pour que des innocents comme toi y tombent. Tout le truc est de nous fourvoyer dans des discussions stupides qui nous fatiguent et nous empêchent de comprendre la réalité de ce qui se passe. En nous obligeant de discuter sur des peccadilles, ils nous empêchent de discuter de l'essentiel, c'est le principe même de la diversion. C'est pourquoi l'udc est très importante pour la droite rad-lib, elle fait diversion et pendant ce temps, la droite impériale manoeuvre tranquillement pour garder son pouvoir et le renforcer. Lis-donc ce que dis très clairement Levrat dans l'interview de ce 24Heures du jour - ce n'est pas l'udc qui est dangereux, C'EST LA DROITE RAD-LIB !
Je dis que le mode opératoire de ces gens n'est pas la pensée construite et l'argumentation rationnelle partant d'une hypothèse et arrivant à une conclusion mais la réactivité, l'injective, l'accusatif et l'utilisation des mots selon le sens qu'ils veulent bien leur donner pour avoir raison !
Mais je dis aussi que tu crois que l'udc raisonnerait comme toi et suivrait des structures communes permettant d'arriver à tes conclusions où l'udc serait dans l'obligation de se terminer vis-à-vis de l'Europe. Or, l'udc ne plane pas comme ça, ils sont les champions du «botter en touche» et ce sont eux qui remettent le ballon en jeux selon leurs modalités !
Et cela ne veut pas dire qu'ils sont sans profondeur aucune car par leur tactique, ils démontrent une profondeur certaine et une intentionnalité finalement assez précise...
En fait l'udc est d'abord constituée par des gens simples qui veulent se donner une certaine importance et régater parmi l'élite tout en ayant partiellement conscience qu'ils n'ont pas la capacité intellectuelle d'un Christian Luscher ou MBG lib (quoique Yves Nidegger udc/GE est l'exception qui pourra être très dangereux car il est à la hauteur des libéraux!)
Deuxio : comment vas-tu trouver des gauchistes assez tordu pour lancer pareille initiative et trouver les arguments pour quand même être de la gauche combattante. Car la seule gauche capable de faire cela c'est la sociale-démocatie-nationaliste qui à donner les résultats que tu sais en 1933 en Allemagne. Et cela mon cher ami, jamais, tu entends, jamais un gauchiste suisse pourra le faire !
Nous devons arrêter immédiatement de chercher à confondre l'udc et ceci pour deux raisons :
D'abord nous nous épuiserons pour RIEN car ils auront toujours la main et quoiqu'on puisse dire ou faire, ILS RETOURNERONT NOS MANOEUVRES TOUJOURS EN LEUR FAVEUR.
J'ai assez entendu et écouté cet oscar singe grillé pour comprendre comment cela marche et je sais que cela appartient à leur mode d'argumentation.
Ensuite, C'EST CE QU'ILS VEULENT, nous faire faire des tonnes pour les déstabiliser et ensuite passer pour des victimes. S'il te plait, cesses de leur fournir la munition pour ta propre destruction, à moins que c'est cela que tu veux toi-même, soit passer pour une pauvre victime des lubies de l'udc...
La seule façon de faire avec l'udc c'est de les ignorer, de faire semblant qu'ils n'existent pas et de continuer à parler de NOS PLANS POUR UNE SOCIÉTÉ SOLIDAIRE ET HUMAINE !
Heu, non! cher Gorge, pas du tout! J'y ai cru sincèrement. J'ai foi en mes idées et mes analyses, et il arrive à chacun de se tromper. Je pensais du moins avoir circonscrit un horizon de réflexion plus clair. Mais je me suis trompé. Mais je t'assure qu'avant ta démonstration, j'étais convaincu. La seule chose que j'aie jamais appris de ma vie c'est à penser, mais penser sur le politique est délicat au vu du nombre de paramètres réels qui interviennent. Je le comprends.
J'avais fait en réalité l'hypothèse suivante: si l'on considère que leur électorat ne comprend pas que des racistes, que des gens simplistes et carrés, et que des gens dans la précarité dont le ressentiment est caressé par leur discours, je m'étais dit: il reste tous ceux qui sont eurosceptiques.
Donc... Mon idée était de convaincre leur électorat eurosceptique que le temps de l'isolationnisme est terminé.
En effet, je me disais: s'ils ont fait autant de voix, c'est parce que la Suisse n'est pas prête pour l'Europe. Et parce que les autres partis ne parlent pas de l'Europe. En tout cas, on est loin d'avoir épuisé la question européenne, et je trouve personnellement dangereux de la leur laisser.
Je m'étais même dit: ce qui rend l'Europe contestable aux yeux de leur électorat, il faudrait le thématiser, pour faire ensuite le saut dans l'Europe.
Autrement dit: nous assistons à un déplacement constant et errant du centre de gravité des voix, qui est allé le plus possible à l'extrême-droite, et va revenir doucement et rapidement aussi vers le centre: les Verts, les PDC, et évidemment la gauche. Ce scénario n'a rien d'inédit: c'est ce qui s'est passé en Autriche juste après la chute du FPO de Haider, qui a entraîné dans son déclin l'OVP de Wolfgang Schuessel. La combinaison de ces deux partis, et du parti de droite qui s'est rendu presque analogue à l'extrême droite, cela me fait furieusement penser à la combinaison en Suisse des radicaux-libéraux et des UDC.
Autrement dit: 2007-2011 n'aura alors été qu'une législature de transition. La droite aura eu plus de sièges que jamais, mais sans rien pouvoir en faire. L'UDC, c'est bien vrai, n'aura rien proposé de solide, et aura tiré ses dernières cartouches. Les radicaux-libéraux auront achevé leur image de pâle réplique de l'extrême-droite et ne vont pas s'arrêter de sitôt dans leur chute continue.
Dans ce cas, il faudrait lancer une initiative pour l'adhésion à l'Europe avec des restrictions à la libre-circulation.
Ou bien une initiative tout court sur l'adhésion à l'Europe. Tu me donnes la chair de poule. Si vraiment il n'y a que ces êtres de l'histoire défunte qui peuvent soutenir une telle idée, eh bien il vaut mieux renoncer. Du reste mon père m'a dit des choses analogues à ce que tu me dis, ce qui me rassure.
Je voulais juste poser la question: quel est le rapport de l'électorat de l'udc avec l'Europe, pour que nous puissions intervenir sur cette relation-là ?
Donc il vaut mieux tout simplement mettre l'adhésion à l'Europe au programme, et il n'y aurait aucune "recette stratégique" pour faire baisser l'UDC: cela viendra naturellement, en raison de leur extrémisme qui lasse et ne résiste pas au temps...
Eh oui car comme cela l'udc, qui n'a pas la majorité, sera obligée de se déterminée d'autant plus que certains de ses membres marcheront avec la majorité et, bien préparée avec l'appui quasi-obligée de la droite, cette initiative aura une petite chance de passer. D'ailleurs, c'est en préparation, discutes avec Christian Levrat, je crois savoir qu'il est assez avancé avec ses discussions avec certains grosses pompes de droite !
De toute façon, la Suisse sera obligée de rentrer dans l'Europe car sa survie en dépend ; avec les attaques contre ses banques et l'étendue de son expansion économique hors frontières, se serait suicidaire de continuer la voie solitaire et la droite le sait bien. Ce sera elle, d'ailleurs qui préparera l'opinion publique à accepter l'union pour son bien! La plupart de nos lois sont déjà euro-compatibles et presque toutes les directives européennes y sont déjà inclues. L'adhésion n'est qu'une formalité que la nouvelle génération acceptera sans broncher ni opposition. Quant-aux quelques rétrogrades patentés, ils n'auront plus beaucoup d'influence car trop faibles pour agir et ils finiront par disparaître. Tout le monde veut sa bagniole, son ipad et son écran plat et la politique ne sera plus comprise qu'à travers la consommation, l'emploi et les loisirs.
Tu m'éclaires alors sur le fond et le fonctionnement de cette affreuse extrême-droite. Je les croyais un peu plus intelligents, et j'osais espérer que s'ils font 29% - s'ils ont fait 29%, et en 2007 seulement! - c'est qu'il y aurait un peloton d'électeurs juste europhobes qui manifesteraient leur inquiétude face à l'adhésion.
Manifestement, et tu me le prouves par A + B = C, ils n'ont même pas de discours vis-à-vis de l'Europe. En effet, leur non radical à l'Europe est une position ridicule et infantile, peut-être même cherchent-ils à stigmatiser l'Europe !
Je m'étais dit (mais je les surestime): peut-être que s'il ne leur reste plus que l'Europe à stigmatiser, ils devront bien retirer leur dernier masque.
Je me console en me disant: le jour où il est question de l'adhésion en Suisse, ils vont connaître une défaite certaine. À force de n'avoir jamais eu de projet. Mais je surestime aussi les électeurs !
Je reviens sur mon postulat de base : la seule façon de faire avec l'udc et finalement la droite entière, c'est de les ignorer, de faire semblant qu'ils n'existent pas et de continuer à préparer NOS PLANS POUR UNE SOCIÉTÉ SOLIDAIRE ET HUMAINE !
Je suis d'accord avec toi: le monde de la consommation et de l'esclavagisme capitaliste nourrissant une minorité gonflée est en train de tomber dans les flammes. Il faut le laisser mourir de ses propres cendres...
... Et loin d'eux, en partant de ce qui nous est propre et de la solidarité qui nous est chère, construire l'avenir tout différemment d'eux, et penser la délivrance du monde futur: une bonne condition matérielle offerte à un plus grand nombre encore, un retour de la solidarité, plus de respect dans les rapports de travail et moins de pressions, un amoindrissement du pouvoir patronal, des progrès de l'égalité et de la lutte contre les injustices, une conscience citoyenne plus aiguë parce que plus solidaire...
J'espère tout de même que le "goût de la vie commune", ou le goût de la solidarité, va rester aux humains européens! Dans l'individualisme, l'homme est moins heureux que dans l'action commune.
Bon, reprenons...!
Dans quel sens notre discussion doit-il aller ?
Il me semble, avant toute tentative de projet ou d'initiative, que nous devons énoncer quels sont les problèmes et les analyser pour poser les bases d'une compréhension de ce qui se passe pour ensuite formuler des esquisses de solution. Il ne s'agit plus de jeter des anathèmes, stigmatiser, trouver des ennemis, puis de condamner et de prendre des mesures ou de concocter des plans machiavéliques pour démolir l'autre mais d'analyser les causes des problèmes ce qui demande de les voir avec la plus grande objectivité, lucidité et distance.
Tout le problème est là - sur quelles bases allons-nous faire cette analyse et sur quels critères ?
D'abord psychologiques car il y a beaucoup de motivations purement psychiques dans nos comportements mais aussi sociologiques, l'influence de l'environnement n'est pas à négliger, ni l'importance des modes d'éducation que nous avons subies. Toute chose qui fait problème car peu sont les gens qui admettent qu'ils ont été façonnés par leur entourage et que beaucoup de leurs décisions ont pour bases des souffrances psychiques ou des tendances psychologiques. Au contraire, tout est fait pour minimiser ces aspects psychiques et pour rester sur des principes uniquement comportementaux. D'où l'aspect recourant des problèmes - le plus qu'on essaie «d'oublier» notre inconscient ou de nous forcer à «changer de comportement», le plus qu'il y a récidive, le plus qu'il y a punition, le plus qu'il y a répétition du comportement fautif, c'est le fameux cercle vicieux.
Quant à l'aspect sociologique - personne ne veut admettre que l'environnement bâti aurait une quelconque influence sur le comportement des gens, personne veut comprendre que naître et vivre dans une cité dortoir ou une banlieue sordide peut pousser au crime le plus fragile des êtres, personne veut comprendre l'enchaînement qui se produit lorsque pour se sentir autre, certains craquent et trouvent dans la délinquance le moyen de se sentir exister et survivre. Certes, toutes les personnes vivant dans les banlieues ne deviennent pas délinquants mais presque tous les délinquants ont quand même un passé lourd de vie dans ces conditions extrêmes.
Il y a aussi notre passé lourdement composé et posé sur ces bases de religion moraliste, de jugement binaire, d'éducation du bien et du mal, d'insistance sur «l'amélioration de soi», d'être «mieux» que les autres, de compétition entre les gens, de mise en concurrence, de glorification de la guerre et de la noblesse de la «trucidation» de l'autre pressenti comme adversaire, d'esprit olympique des trois marches, etc, etc...
Maintenant, je vais essayer de répondre à tes interrogations :
- souffrance physique - en fait, la souffrance subie n'est destructrice que si elle a été imposée par un autre d'une manière sadique ou intentionnelle. Une souffrance dite «naturelle» comme une maladie ou un accident, en fait nous fait traverser des états qui nous permettent de voir plus profond en soi et de mieux comprendre ce qui nous fait marcher. Les hallucinations fiévreuses dévoilent leur lot de visions qui analysés, nous permettent de mieux saisir les tréfonds de notre âme et mesurer l'étendue de nos habitudes acquises. Je ne dis pas, évidemment, qu'il faut se faire souffrir à l'instar des moines d'autrefois, mais de profiter des accidents de la vie pour pousser notre inconscient à se dévoiler pour mieux le connaître. C'est comme les rêves, si on peut les étudier, on a un accès imparable sur ce subconscient que Jung nous a décris avec tant de force onirique et qui nous libère du fardeau de la culpabilité !
- udc europhobes - ils le sont car totalement inconscients et inhibés car pris dans les miasmes d'une construction défaillante d'un «moi» psychique déficitaire et traumatisé par une éducation restrictive et moraliste. Ils ont été infantilisés par des parents totalitaires, imbus du pouvoir qu'ils peuvent exercer dans leur milieu fermé et nationaliste.
- le goût de la solidarité - ne peut être rétabli que si on prend conscience que ce goût, au prime abord naturel à l'homme ayant été la base de son regroupement d'abord en petites tribus auto-sustentées puis ensuite en civilisations plus élaborées par la naissance de l'agriculture et la construction consécutive des cités, a été complètement perverti par la création de la société de consommation en 1947 après l'application forcée des discussions de Bretton Woods en 1944 lorsque les alliés se sont mis d'accord pour raser l'ancienne structure populaire par des bombardements aériens et la destruction massive des cités et la transformation de l'industrie de guerre en une formidable machine à produire des objets de consommation à jeter au plus vite. Ceci entend que nous devons transcender ce besoin de consommer qui nous a été inculqué par l'investissement massif dans la publicité et les médias pour former les mentalités et amener les gens à croire que leur personnalité ne serait que la somme de leur consommation. Tant que toute l'économie est montée sur la base de la consommation et ne serait pas tout simplement la somme du travail qu'accomplisse tous les êtres humains depuis la femme de ménage jusqu'au penseur philosophe, alors nous ne verrons que la continuation du désastre que nous observons jour après jour (montée de la criminalité, incivilités, accidents routières, perte de repères sociaux, irrespect des autres, désolidarisation, égoïsme, etc).
- l'individualisme - il est indispensable que l'homme trouve d'abord son «individu» et le cultive pour devenir un être solide capable de formuler un idéal de vie et de produire par son travail une société solidaire. La solidarité ne peut exister que si la personne devient un individu conscient et plein d'envies et de projets. L'individualisme deviendra alors la summum de l'accomplissement humain et, pour cela, nous devons nous sortir de la péjoration de l'individualisme dans laquelle nous à précipiter la société de consommation qui a fait de l'individu un sujet de manipulation. Le vrai individualisme sous-entend un être construit et conscient et l'action commune n'est possible et n'a un sens que si l'être atteint une forme d'individualisme auto-construite et consciente !
- la consommation n'est que la perversion et le détournement de ces tendances qui existent naturellement en nous lorsque nous cherchons à satisfaire nos besoins personnelles et nos recherches de paraître seraient admissibles prises individuellement dans le sens de l'auto-construction mais deviennent antisociales lorsque nos besoins et envies sont transformés en consommation par la marchandisation forcée et manipulée. Toute l'industrie a été basée sur la consommation et nous en payons le prix fort par la décomposition sociale que cela a entraîné et c'est aussi un moyen pour les dirigeants de se retourner contre les gens lorsque les choses vont mal en les accusant d'avoir «mal consommer» !
Tout ceci pour revenir à mon postulat de base : la seule façon de faire avec l'udc et finalement la droite entière, c'est de les ignorer, de faire semblant qu'ils n'existent pas et de continuer à préparer NOS PLANS POUR UNE SOCIÉTÉ SOLIDAIRE ET HUMAINE !
Bien sûr que cela veut aussi dire que nous devons lutter contre les forces qui nous poussent à la consommation, ce qui, par analogie, veut aussi dire lutter contre cette droite qui fait tant pour nourrir nos besoins de consommation. Mais n'oublions pas que le parti socialiste s'est complètement vendu à la consommation aussi et que Levrat a, à moultes reprises, parlé de consommation, de reprise économique basée sur la consommation, de croissance, etc. Alors comme quoi, ce n'est pas contre des gens en particulier que nous devons lutter mais contre une idéologie dominante et destructrice - la consommation édifiée en projet de société, point !
Je suis d'accord avec toi: le monde de la consommation et de l'esclavagisme capitaliste nourrissant une minorité gonflée est en train de tomber dans les flammes. Il faut le laisser mourir de ses propres cendres...
... Et loin d'eux, en partant de ce qui nous est propre et de la solidarité qui nous est chère, construire l'avenir tout différemment d'eux, et penser la délivrance du monde futur: une bonne condition matérielle offerte à un plus grand nombre encore, un retour de la solidarité, plus de respect dans les rapports de travail et moins de pressions, un amoindrissement du pouvoir patronal, des progrès de l'égalité et de la lutte contre les injustices, une conscience citoyenne plus aiguë parce que plus solidaire...
... Je veux croire avec toi que nous verrons peut-être cela, cher Gorge !
Certainement devons-nous aller vers les causes de la dégradation morale et de l'appauvrissement matériel généralisé qui sont notre lot collectif depuis la Chute du mur. Ce n'est que dans une communication publique que nous pouvons forcer le trait et désigner sommairement des ennemis pour le goût de la discussion. Dans notre échange épistolaire, nous cherchons au contraire à penser la situation générale, et a y apporter des remèdes.
Ce qui devrait nous intéresser, c'est aussi cette question, en plus des causes psychologiques et sociologiques que tu mentionnes, qui est la suivante: pourquoi les sociétés occidentales en sont-elles arrivées à un si faible degré d'éthique? Les rapports de travail sont abondamment caractérisés par l'autoritarisme, la négation de l'employé et de sa personne morale. Les rapports familiaux tendent à devenir égoïstes, et ce alors que la famille est le nid de la solidarité! Les rapports amicaux et humains sont souvent teintés d'indifférence, sinon limités à la stricte facilité, et en plus il y a cette sombre et infantile idéologie qu'il faille marcher sur l'autre ou tirer son épingle du jeu - et ce «jeu» d'enfants gâtés et d'humains appauvris sur le plan affectif et moral, commence à miner la vraie société, qui est faite elle d'intérêt collectif, de respect de l'éthique et de rapports humains que l'on voudrait riches et simples. Sur ce plan, depuis vingt ans qu'elle s'isole de l'Europe et refuse de «partager son gâteau», la Suisse est en train de devenir son pire ennemi et de faire tout faux! Elle se déshumanise à l'oeil nu, et ce n'est pas en justifiant cet égoïsme forcené par une idéologie consumériste et matérialiste débridée que la Suisse va retrouver son socle humain, donc social.
Sur la compétition, je voudrais te dire qu'elle est infantilisante, inutile, barbare, elle est le fait d'une humanité d'enfants qui ont voulu rester enfants et ne sont pas mûrs dans leur rapport à l'autre. Entre la compétition et le travail ensemble, il faut choisir: les deux à la fois, ce qui est la situation présente, cela ne peut durer. Il faudra très certainement choisir la vie ensemble et le travail dans l'intérêt de tous, plutôt que d'agresser son semblable, ce qui est totalement dysfonctionnant. Il n'y a pas à agresser son semblable: il y a à le respecter et à travailler avec lui. Si l'on se sent peu d'affinités, on peut s'allier avec d'autres personnes et prendre distance. Agresser son semblable relève d'un droit archaïque que l'homme s'arroge, qui est le droit au meurtre d'autrui. À cela, nous n'avons plus droit. Dans une société moderne et sociale, l'homme est vivant pour fonder de riches interactions avec ses semblables, pour créer, mais tout acte de destruction est une considérable perte de temps. Pour cela...
... Pour cela, il faudra éduquer à l'avenir l'humanité à penser à autrui comme à soi-même! Celui qui agresse son prochain se dit: cela lui arrive et n'arrive pas à moi, donc cela est acceptable. Mais depuis quand ce qu'on fait aux autres est-il acceptable pour la seule raison que cela est fait à eux et non à moi? Depuis quand peut-on faire n'importe quoi aux autres, mais tout en n'acceptant pas le moindre tort fait à nous-mêmes? Depuis quand a-t-on le droit de marcher sur le cadavre de l'autre, et déjà de frapper l'autre et d'en faire un cadavre? C'est pourtant cela, la persécution professionnelle, et la relation de compétition à autrui. C'est croire se sauver soi-même à un prix qui est trop lourd pour la collectivité: en faisant du mal à son prochain. Or en faisant du mal à son prochain, on s'en fait aussi à soi-même. Quelle est cette vision de l'humanité où je m'arrête à moi tout seul ?
C'est bien là le problème éthique de fond du néolibéralisme comme du libéralisme. La personne seule ne peut fonder la société. Tout ce que je fais en société ce sont des interactions. Je suis toutes mes relations sociales, et non moi tout seul. Servir son intérêt de la façon la plus égoïste possible sans penser à l'autre et sans se mettre à sa place, n'aboutit qu'à une société vide. Ce n'est pas l'individu qui est la base de la société: c'est le vivre-ensemble. L'individu est philosophiquement une échelle «plus petite que l'échelle minimale de la société». Quelle atomisation résultera du libéralisme! Ce qui veut dire: quelle destruction de toute société réelle! Il n'y a plus que des marchandises et des échanges, il n'y a plus de relations humaines.
Tu as raison que certaines architectures poussent au désespoir comme contexte humain. J'ai souvenir des grandes banlieues de Caracas, mon cher Gorge! Quelle croissance anarchique! Quel entassement les uns sur les autres! Quelle nervosité! Quel contexte destructeur! Et tous les bidonvilles, les ranchitos autour du centre de Caracas! Odalys m'a dit: ne les photographie pas, je veux que ton père voie une autre image de mon pays. Pourtant ils sont restés comme une empreinte profonde dans ma mémoire. On ne voit que des ranchitos en venant à Caracas, avant l'autre grande forêt, celle des buildings. Ce sont des maisonnettes rudimentaires qui s'étagent sur la hauteur, toutes collées les uns aux autres, et qui semblent des zones sans sécurité, sans lieux de réjouissance, sans aération, les uns sur les autres, et, ce qui est émouvant, qui semblent bâtis à la va-vite, ou bien squattés par des personnes qui n'ont pas trouvé d'autre refuge. Les ranchitos du Venezuela sentent l'exclusion à distance: ils sont la marque visible la plus atroce de ce que devient une société qui ne veut pas faire la place à tout le monde. Les oubliés de la société sont ceux vers qui les politiciens devraient se tourner en premier! Jusqu'à ce qu'ils soient intégrés !
Mais il n'y a aucune raison de penser que les ranchitos n'existent pas en Europe! En Suisse, il y a des gens dans la précarité ici ou là, pour ma part je suis chômeur de longue durée dans un immeuble richissime et bourgeois, c'est un paradoxe étonnant. J'ai aussi été l'exclu géographique de mon immeuble: la gérance photographiait mes fenêtres en dessinant au gros stylo noir une horrible flèche pour indiquer que je devais retirer des images de paysages mises aux fenêtres - pour l'esthétique de la façade. J'ai été longtemps l'objet de plaintes de mes voisins riches, ceci uniquement parce que je n'étais pas propriétaire et que j'occupais l'appartement le plus pauvre. En Suisse, oui. Dans ce beau pays «civilisé» si par civilisation on doit entendre la propreté anale des nains de jardin. L'exclusion est signifiée par la géographie. Mon appartement est le plus visible depuis la rue, il ne toise pas les rarissimes passants depuis un orgueilleux balcon surmonté d'un store dégoulinant de prétention. Les ranchitos sont présents déjà dans l'esprit humain! Il y a «tous les autres» dont on ne veut pas s'occuper et dont «le hasard n'a qu'à s'occuper». Il y a tous ceux qui sont «moins dommage» que nos chats préférés qu'on soigne. Tous ceux qui sont juste là parce qu'ils sont responsables et même coupables de leur sort mais ainsi presque indignes de notre compassion.
À entendre ce que tu dis sur la souffrance physique, il est clair que je souffre beaucoup - et j'ai beaucoup accumulé de souffrance - de la part de la pure malveillance de gens. C'est une énigme injuste pour moi. Beaucoup de gens ont préféré me nier et me taper dessus que de reconnaître que mon choix, pourtant rare, mais possible en ces temps, de vivre mes idées jusqu'au bout, puisse exister. Une manière de se convaincre que leur choix peu élégant et assez mesquin de ne rien devenir humainement et de profiter des miettes du festin ne devait pas être remis en question par mon attitude et ma personnalité! Il n'empêche qu'ils se sont permis de me piétiner: s'ils avaient besoin de m'agresser pour justifier leur choix d'existence, c'est qu'ils n'en étaient pas sûrs! Moi, mon choix d'existence ne m'a jamais semblé erroné, et je n'ai jamais eu besoin de rabaisser les autres pour me convaincre que je sois sur la bonne voie. J'ai toujours cherché à valoriser les autres. Mais ce sont ces gens, cher Gorge, qui peuvent détruire concrètement ceux qui les intimident, qui sont les vecteurs de la compétition: mal dans leur peau, conformistes au possible, médiocres par choix et paresse bien que croyant l'être par nécessité, ils ne s'élèvent pas vers ce qui les dépasse - noble émulation - mais ils détruisent et jettent au sol immédiatement ce qui les remet en question - compétition déloyale et illicite, où je peux faire tout ce que je veux à autrui sans être responsable de ce que je lui ai fait. La voilà en partie, la fameuse décadence morale! Tuer tout ce qui nous remet en question au lieu d'entrer soi-même dans une remise en question, laquelle ferait sortir ces gens de leur médiocrité !
Si la souffrance vient de la vie, elle est comme la mort: difficile à accepter, mais incontournable, si bien qu'on finit par ne pas être révolté par elle. La révolte métaphysique n'est pas juste, car on a beau lancer l'anathème à un Dieu qui «permet la misère humaine», ce même Dieu nous a aussi donné la vie, et ce que nous avons à être à travers la souffrance, nous le sommes déjà d'emblée. Ce qui est injuste, c'est tout ce que l'homme ajoute à cette souffrance déjà présente, en faisant du mal à son semblable! C'est cela qu'il faut questionner, et qu'une humanité mature devrait éradiquer !
L'europhobie comme telle est une position intenable, un isolement déraisonnable, une stagnation qui va devenir un non-sens. Je vois que tu analyses la structure psychique des udc. Il est amusant de voir à quel point ils étaient centrés sur le tribun Blocher comme s'il était leur père à tous. Lorsque j'ai dit à Oskar Freysinger après l'élection de Widmer-Schlumpf: eh bien vous voilà privés de votre beau jouet! Il m'a répondu: non, Pristoche, tu n'as pas le droit de dire du mal de ce Blocher, je le regrette, il était quelqu'un d'exceptionnel. Et une fois que j'ai écrit à ce même farceur d'Oskar une satire présentant tous les petits nains suisses et Blocher sous leur jour infantile, il m'a répondu: tu lui fais beaucoup de critiques à ce Monsieur Blocher! Reconnais qu'il n'est quand même pas rien, puisqu'il réussit à t'obséder comme ça. Ils sont en effet tous des petits garçons bien obéissants à leur papa! Ils refont ce que fait papa, et maintenant que Blocher a été évincé, dans l'ombre, il reste bien dans l'ombre, une ombre à vrai dire point du tout menaçante, et tous, ils aimeraient prendre sa place, mais c'est plus fort qu'eux! Ils ne peuvent pas prendre sa place, parce que ce sont tous ses enfants. Ils se présenteront aux élections de 2011 comme un parti orphelin de son Papa. Maintenant ils n'osent plus comme avant. Ils n'oseront même plus rien du tout.
Ce brave parti de gens frustres ne me dérangerait pas s'il était seulement un attroupement de dolichocéphales alpins europhobes - ce qui me fait par contre tomber à la renverse, c'est toute la stigmatisation qu'ils ont répandue dans la société, de manière incontrôlée, sauvage, irresponsable et pour ainsi dire «en roue libre». Oui, cher Gorge, les clichés font mal, car ils empêchent l'individu responsable et solidaire de voir l'autre comme il est, ils favorisent la projection sur autrui plutôt que la relation, les clichés sont autant d'oeillères qu'on se met contre les sollicitations de la vie, et pour rester dans un conformisme confortable qui nous empêche de voir autrui et la vie tels qu'ils sont. Ce qui m'a inquiété et me révolte, c'est les dégâts qu'ont fait ces gens dans les mentalités. Mais rien n'est irréversible !
Je trouve extrêmement judicieuse et fine ton analyse des dégâts de l'économie basée sur la consommation, causés sur l'homme.
Il est clair que le plaisir égoïste est immédiat, et parce qu'il est immédiat, la consommation accapare les gens. Je puis immédiatement appuyer sur le bouton de ma commande et regarder les nouvelles ou la télévision, je puis immédiatement me passer un DVD et accéder à tel chef d'oeuvre cinématographique ou telle jolie femme qui s'exhibe. Je puis immédiatement AVOIR. Mais en réalité je n'ai aucun profit moral de tout cela. Je peux immédiatement ouvrir mon frigidaire, mais ce faisant, je vais me livrer quand même à un acte essentiel: je vais me nourrir. Pour remplir mon frigidaire, je dois de nouveau effectuer un travail de longue haleine: aller jusqu'au lieu où faire mes courses, remplir mon sac, porter mon sac jusque chez moi et décharger la nourriture dans mon frigidaire. En outre, j'ai besoin de manger pour vivre.
Le besoin d'autrui est tout aussi impérieux. Mais autrui n'est pas saisissable immédiatement comme tout objet dans l'AVOIR. Autrui se dérobe à moi constamment et se réfugie dans sa dignité qui m'échappe. Mais Autrui me nourrit spirituellement bien plus encore. Or la chosification de l'employé, la marchandisation du sexe, font que nous pouvons disposer d'autrui dès que nous en avons besoin, l'employé et la poupée féminine sont juste utilisés comme une marchandise et jetés après usage. Tout cela est lamentable éthiquement, tout cela implique que «l'immédiatement» a également contaminé la sphère de la relation humaine, qui est pourtant un lieu suprême de la vérité.
Cette impatience de «l'immédiat» a façonné des êtres qui ne savent plus se contrôler, qui réagissent au quart de tour, qui mordent à belles dents dans ce qu'ils ont arraché brusquement à leur frigidaire, qui satisfont leurs besoins sexuels comme des chats en chaleur en permanence, qui sont des humains DÉGRADÉS. Tant la dignité de l'homme est en lui, nulle part ailleurs, et ne doit pas être cherchée dans le prolongement matériel de L'AVOIR. Avec ma main, je puis créer, représenter, aimer, aider, écouter - mais avec ce qui remplit ma main je ne peux que tenir et remplir.
Je retiens ce que tu dis: que nous devons lutter contre une idéologie dominante, et non contre des gens en particulier.
Je voudrais dire à la suite de ce que tu as dis: nous devons lutter pour que l'éthique et le respect deviennent réalité quotidienne.
S'agissant de Christian Levrat, je respecte la sincérité de ses convictions, mais je me demande: lorsqu'il parle du chômage des jeunes et de la précarité, veut-il concrètement améliorer la loi sur l'assurance-chômage, ce qui serait vraiment essentiel, et a-t-il une idée concrète de l'exclusion et de la perte de droits et d'estime de soi qu'elle implique, et de la difficulté qu'il y a à faire marche inverse de l'exclusion? Je souhaite vivement qu'il s'attelle à ce problème, car je ne donnerai pas ma voix aux partis qui ne traitent pas de cela. Il faudra... Que le parti socialiste se mette humblement à l'échelle de ceux qui sont dans les ranchitos de la Suisse, et qu'ils proposent des solutions concrètes à ce gâchis historique. S'il fait cela, le parti socialiste redeviendra le premier de Suisse, mais surtout porteur d'espoirs qui seront de vrais espoirs, et qu'il ne pourra pas décevoir.
Oui, cher Gorge l'avenir a besoin d'une société plus humaine et plus solidaire, et dans l'absolu d'une société basée sur l'humanité et la solidarité. Je me suis dit pour moi-même: je ne vais pas ajouter inutilement à mes besoins de base. Voyager et aller revoir mes amis à l'étranger est le seul besoin de luxe que je m'octroie. C'est même avec réticence que je vais m'acheter des habits. Je dois me méfier d'internet qui présente sans arrêt des jolies femmes comme de nouvelles marées et de nouveaux fruits sur le Marché, des arrivages en quelque sorte.
Nous nous sommes donnés comme base de discussion de cesser de fustiger et de stigmatiser les autres ou de désigner l'ennemi à abattre ou autre! Mais toi tu sembles vouloir poursuivre ton besoin de juger tes tourmenteurs sans chercher à voir ce qu'il y a pertinent dans leurs comportement et qu'est-ce qu'il y a derrière leur attitude. Ton attitude à toi est toujours très imprégnée de moralisme et il serait intéressant de savoir pourquoi tu ne peux te départir de ce besoin atavique de jugement !
Je vais tenter de préciser ce que j'avais esquissé, et de répondre à tes objections. En effet, les comportements où l'on inflige de la violence à autrui ne sont pas admissibles. Je ne vois rien de pertinent dans la violence qu'on subit. Il y a des gens qui ont été poussés au suicide et qui se sont suicidés effectivement suite à des actes de violence et je ne vois pas comment je serais un méchant juge à l'égard de ceux qui détruisent la vie de quelqu'un. Cela ne m'empêche pas de pouvoir intellectuellement tenter de comprendre comment ils en viennent à faire cela.
Il est vrai que je n'aime pas beaucoup les gens qui font du harcèlement psychologique, et que je leur voue une haine bien méritée. Pour tout ce que j'ai subi de leur part, qui est énorme, je ne vais pas commencer à leur dire merci! Ils se sont adjugés le droit de détruire ma santé, et pendant ce temps, ils allaient bien et ils vivaient confortablement. Qu'est-ce qu'il y a à aimer là-dedans? Tout cela n'est qu'amertume.
Il est vrai que les tourmenteurs comme tu les appelles aimeraient bien s'accaparer par leur violence la qualité que possèdent ceux à qui ils cassent la figure. Ils n'y parviennent pas, mais effectuent un acte d'appropriation symbolique. Pour eux tout seul, sans demander l'avis à l'autre, et en ne se souciant même pas de ce que l'autre va souffrir. Ceux qui ont du plaisir à faire souffrir, ne respectent pas l'équilibre de la morale (on y est, Gorge!), qui est de garder une juste distance entre soi et l'autre et un respect réciproque.
Sincèrement, en tant que philosophe, je suis préoccupé de morale et non de moralisme.
Le moralisme est une série de jugements tout faits et conformistes destinés à stigmatiser quelqu'un qui n'est pas dans la norme; le moralisme est un pur fait de société: à chaque époque son moralisme.
La morale, c'est autre chose; c'est un champ de recherches philosophiques. Et puis, si elle existe, ce que je crois, elle est une vérité immuable. La réalité est morale. La réalité comporte le danger permanent de sortir de la morale pour entrer dans la guerre et la violence exacerbée. A moins que la réalité ne soit toujours dans la violence et la guerre, et qu'il ne lui incombe d'entrer dans la morale. Mais voyons l'état de guerre comme l'état d'exception !
Par la morale, je ne juge personne, mais je reconnais un fondement éthique à la réalité, où je ne peux faire à mon prochain ce que je ne veux pas qu'il me fasse, et où Autrui me requiert et m'appelle vers une espèce de vérité extérieure à mon existence et à l'existence telle qu'elle est seulement mon affaire.
Mais venons-en à ton observation: quel est le Juge qui dort en moi - si je reformule ta question ?
Je veux bien reconnaître ensuite que du côté de l'église, j'ai toujours eu une estime irrationnelle très grande pour tous les papes, prélats, saints, et tous ces modèles moraux. Peut-être suis-je là entièrement déraisonnable. Sans doute je protège trop l'institution ecclésiastique dans ma tête, au lieu de me dire: ce ne sont que des hommes après tout! Voici ce dont je ne pourrais me départir. Et pourtant, la noblesse de la pensée doit commander de voir au-delà d'une pure institution héritée des siècles: le Saint-Siège. Je devrais me dire que les papes ont aussi participé à des persécutions, qu'ils ont laissé faire des choses abominables, qu'ils ont été lâches, etc. Mais c'est à tort que je les vois comme des incarnations vivantes de la moralité absolue. Joseph Ratzinger, en Benoît XVI, est un théologien très brillant, mais il n'a rien d'un personnage magique: je projette sur lui la toute-puissance du Père infantile, et s'il lance l'anathème sur quelque chose - sur l'athéisme de l'Europe par exemple - il est vrai que je vais le suivre !
Gorge! Je t'en supplie! Ne perdons pas le carré de Sacré qui nous reste! (non! Ce ton suppliant: c'était juste pour rire).
Mais je proteste: mon souci est de découvrir les causes naturelles de la morale. Mes travaux philosophiques actuels la voient dans la dimension affective d'appel du visage de la personne aimée.
Tu as raison, c'est curieux: je parle très souvent de morale. Mais elle est pour moi un garde-fou contre un chaos bigarré et atroce où chacun et chacune se taperaient dessus et se tueraient selon leurs fantasmes. Je veux dire: la vraie morale, celle qui s'impose dans la relation humaine, celle où le visage de l'homme plaide pour du respect à son égard. Tu peux écrire: respect, au lieu de morale, cela me va aussi.
On va dire: Pristoche tombe dans un moralisme chrétien, j'accepte tout à fait cette constatation.
Il y a une «vérité», la vérité chrétienne, que je ne veux pas remettre en cause, et je la place au sommet d'une pyramide qui juge, où il y aura les plus altruistes au sommet, les saints véritables, et puis les méchants tout en bas! Un peu comme a fait Dante! Je l'admets volontiers.
Il me semble qu'il devient de plus en plus important de comprendre pourquoi les gens stigmatisent, pourquoi ils se jettent des anathèmes au visage, traitent les autres de médiocres et jugent les autres avec tant de condamnation. Qu'est-ce qu'il y a derrière ce besoin de casser l'autre, de le piétiner, de le casser, de se mettre au-dessus de lui et de le juger ? Voilà ce qui devrait nous préoccuper et il semble que nous en sommes très loin, malheureusement pour nous et de la compréhension que nous cherchons à acquérir pour enfin sortir du merdier dans lequel nous pataugeons !
Pourquoi, au nom du «moralisme», peut-on jeter l'anathème sur un vrai innocent et confondre: casser la figure, et juger ?
Pourquoi l'homme veut-il piétiner l'autre ?
Je suis frappé, cher Gorge, qu'on stigmatise tout simplement certains groupes. Ce sont ceux qui souffrent, qui ont de la peine, qui ne vont pas bien.
On dit: c'est leur faute, au lieu de les aider. On dit: ils mentent, au lieu de les soutenir. Voilà une attitude fasciste et égoïste qui ne voit que soi-même.
Sortir du merdier dans lequel nous sommes, c'est se voir tous comme égaux.
Tant qu'il y aura des gens pour décréter que telle ou telle classe de gens est inférieure: les employés, les pauvres, les étrangers, les malades, eh bien nous serons dans ce merdier.
Je constate que notre société valorise le «moi je». Si un journaliste est capable dans «Le Matin» de s'étendre longuement sur un caprice de Kate Moss qui veut installer un fumoir avec du champagne pour ses amis dans son prochain défilé de mode où elle ne figure qu'une heure durant, c'est qu'il y a un gros problème. Comment les êtres les plus égoïstes et les plus riches sont-ils devenus les héros ?
Ce «moi je» permanent a pour corollaire: la non-écoute des autres.
On casse l'autre parce qu'on est justement devenu un «on» et qu'on a perdu son «je» authentique. Je constate, en personne extérieure qui ne procède pas du tout ainsi, que bien des gens se «mettent au-dessus» des autres, mais pas tous, et je me demande pourquoi.
J'ai une réponse: ils sont tellement préoccupés d'eux-mêmes, et tellement peu intéressés aux autres, qu'ils voient derrière la bulle de leur ego, qu'ils finissent par regarder par- dessus les autres, comme ils les regardent de loin.
Mais l'identité du «moi je» est fragile! Voilà pourquoi celui qui est gangrené par le «moi je» doit se sentir supérieur !
Mais pourquoi les rapports familiaux tendent-ils à devenir égoïstes et les rapports amicaux et humains sont-ils teintés d'indifférence, pourquoi les gens se marchent-ils les uns sur les autres, pourquoi agresse-t-on son semblable et pourquoi l'homme s'arroge-t-il ce droit archaïque ?
Parce que le modèle proposé est la jungle et la survie individualiste, au lieu d'être la paix sociale et la vie communautaire, avec les prétendues satisfactions que procureraient le «moi, je» au lieu du «moi parmi nous».
Si nous sommes ensemble tous les uns avec les autres, la peur ne sera plus là, mais les relations humaines.
Les relations humaines sont toutes teintées de peur.
Certains ont peur d'être remis en question: une majorité de gens aujourd'hui, me semble-t-il.
L'homme doit moins se méfier de son semblable et le voir tel qu'il est: comme un miroir somme toutes.
Or ce n'est pas ça que dit l'individualisme. Il dit: de quel droit veux-tu être mon semblable, alors que je ne te ressemble pas? On protège à tout prix la fameuse et précieuse «différence» individuelle, mais ce «on» se permet de juger les êtres non agréés par la solidarité collective, les exclus. Si chacun ne poursuit que LUI-MÊME comme but et non l'ensemble de la société, la communauté comme finalité, alors les gens resteront obsédés par ce qu'ils sont eux-mêmes, et se préfèreront confusément et inutilement au lieu de vivre avec les autres.
Ceux qui se sentent remis en cause par l'existence de quelqu'un de différent s'arrogent hélas le droit d'être raciste avec lui et de le brimer, de l'humilier, de l'agresser.
C'est dire qu'ils n'ont pas compris que nous sommes UN seul peuple humain sur toute la terre, et que chacun a sa place. Ils ne pensent qu'à leur petite sécurité psychologique en ne voulant pas être remis en cause par quelqu'un qui ne leur fait rien.
Ce qui est grave aujourd'hui, mon cher Gorge, c'est que l'État se permet de stigmatiser, et encourage ce genre de comportement.
Le «on» signifie simplement: «fais tout ce que tu veux, pourvu que tu ne t'en prennes pas aux gens conventionnellement corrects.»
Ce qui signifie qu'à tous les gens un peu différents de la norme, on peut s'en prendre allègrement. Cela est bien pitoyable! Mais comme tu dirais, il faut chercher encore à comprendre.
La droite individualiste encourage la tension et la violence avec autrui, car en façonnant les comportements ainsi, elle donne raison dans la réalité aux êtres humains qui se sentent du coup tout permis puisque eux seuls sont le bien public, puisque l'espace public s'arrête à leur seule personne.
L'individu ne peut PAS être un thème politique: c'est là toute l'erreur du libéralisme. Pourquoi ?
La sphère publique (politique) est forcément une sphère qui dépasse déjà et d'emblée l'individu.
Ne comprends-tu pas que tant que nous aurons pas étudié à fond ce problématique et compris ce que s'y cache, nous n'allons que tomber dans les sempiternelles accusations qui n'ont jamais apporté un début de résolution de ces problèmes. Je viens d'entendre Maître Marc Bonnant (de la noblesse libéral!) à la radio ce matin et la façon dont il a carrément condamné les «médiocres» en leur investissant une dose de «jalousie haineuse» m'a estomaqué jusqu'au tréfonds de mon âme de petit artisan peinant pour survivre. De quel droit se permet-il de déclamer sur les ondes ses conceptions totalement élitistes de la société sans chercher à au moins comprendre l'état dans lequel se trouve ses concitoyens et de mesurer sa responsabilité dans ce qu'est devenu la société, produit justement de ses manigances libérales ?
Oui, en effet, de quel droit juge-t-il ?
Du droit de ceux qui ont, à se réconforter en accablant ceux qui n'ont pas. Une telle conduite est anti-solidaire. Notre ami Marc Bonnant ferait bien mieux d'aller donner de son argent aux «médiocres», et s'il pense qu'il est envié, il se trompe! Personne ne l'envie. Mais il est si enveloppé dans ses propres phantasmes, qu'il phantasme le reste de la société, en croyant qu'il est envié.
Autant dire que l'Autre ne l'intéresse pas !
Autant dire qu'il n'ira pas dans les ranchitos de la Suisse et les ranchitos du Venezuela! Il a tort, car il aurait beaucoup à apprendre en regardant de près ce qu'il méprise de loin.
Mais à mon tour je me fais jugeant en accablant cet homme! Pourtant, si l'on cherche à comprendre pourquoi il méprise tant ceux qui ont moins que lui, c'est parce qu'il adhère corps et âme à une idéologie qui dit: argent = mérite, donc le protestantisme ancien.
J'ajoute que mépriser des gens, cela permet de continuer à regarder les ranchitos depuis l'autoroute au lieu de s'y arrêter: c'est un lieu dangereux, inconnu, on ne s'y rend pas, ceux qui y sont c'est de leur faute, il y a un Etat social pour eux, ils refusent l'aide et c'est de leur faute. Pas une seule réflexion sur la RESPONSABILITÉ COLLECTIVE envers la souffrance et l'exclusion de ceux qui n'ont rien. C'est pourtant cette réflexion qu'il faudrait mener.
Et pourquoi l'humanité ne peut-elle penser à autrui comme à soi-même, pourquoi les gens ont-ils préféré te nier et te taper dessus, pourquoi ne s'élèvent-ils pas vers ce qui les dépasse - (mais est-ce vraiment une noble émulation ?) - mais détruisent-ils et jettent-ils au sol les autres, pourquoi tuer tout ce qui nous remet en question et, surtout, pourquoi les gens ne peuvent-ils entrer en soi-même dans une remise en question, laquelle ferait sortir ces gens de leur médiocrité, encore fallait-il comprendre le jugement qu'il y a derrière ce terme !?
Tu as dit vrai, Gorge: pourquoi préférer taper sur les autres et nier (la réalité, puisque autrui est la réalité) plutôt que de s'élever ?
Pourquoi est-ce que chacun n'aurait pas le droit d'exister, point barre, point à la ligne, tel qu'il est, en prenant bien sûr des égards pour les autres, et pourquoi s'octroie-t-on le désir de taper sur des autres et de les détruire ?
La lutte doit être abandonnée comme vision de la société, au profit de la solidarité. Personne n'est en lutte avec personne. Mais cela va bien plus loin !
Ce que je pense, cher Gorge, c'est que la remise en question est difficile. Le caractère du «moi, je» est totalement aux antipodes de la remise en question; il est tellement aux antipodes de toute remise en question que face à la moindre remise en question possible, il tue ce qui lui est extérieur et le nie, pour faire «comme si l'extérieur n'existait pas». C'est donc bel et bien une sorte de mutation psychologique à grande échelle, dont j'espère qu'elle sera réversible !
Je crois qu'il n'y a même pas de dessein de détruire, sauf chez les grands néo-libéraux les plus cyniques qui veulent pousser dans l'anonymat du chômage de masse des quantités croissantes de travailleurs.
Il y a tout simplement indifférence à l'autre.
C'est bien clair: le plus que les gens en Europe et en Occident se sont intéressés à eux-mêmes et moins qu'ils se sont intéressés aux autres.
Donc nous arrivons avec le caractère «moi, je» qui a des problèmes avec la réalité de l'autre! Qui n'est plus patient du tout avec l'autre, qui est prêt à le détruire à la moindre frustration, qui se décharge psychologiquement sur l'autre sans se gêner comme on fait caca sur lui, et qui n'arrive plus à vivre avec l'altérité d'autrui.
Il faudrait des encouragements à la vie participative, altruiste et communautaire.
Et en plus, il faudrait que les gens aient davantage besoin les uns des autres. Et doivent plus compter les uns sur les autres pour tout.
La fameuse «autonomie» professionnelle et financière n'est vue et goûtée que comme la possibilité de faire enfin tout ce qu'on veut! Mais Autrui nous oblige tout autant que nos désirs égoïstes !
Si, enfin, les gens ne font plus rien ensemble, et apprennent à vivre en satisfaisant leurs petits besoins tout seuls, la vie communautaire est délitée, et c'est ce qui s'en ressent dans le prétendu effritement de la gauche: il n'y a de gauche - et il n'y a de chrétienté par ailleurs - que si la société est tournée vers le fait que tout le monde doive compter sur tout le monde et avec tout le monde. Dès que par l'argent, les êtres deviennent «autonomes», ils perdent tout sens de cette belle solidarité.
Tu dis que l'avenir aurait besoin d'une société plus humaine et plus solidaire, et tu voudrais dans l'absolu d'une société basée sur l'humanité et la solidarité mais tu ne dis pas pourquoi cette société est si inhumaine, si désolidarisée et je pense que cette interrogation nous permettra plus qu'autre chose d'arriver à une société plus humaine et plus solidaire dans la mesure où nous comprendrons enfin la cause qui fait que nous sommes si inhumains, si peu solidaire. Tant que nous n'avons pas répondu à tous ces «pourquois», il est inutile d'aller plus loin et nous ne pouvons que laisser aller l'évolution actuelle de notre société jusqu'à sa fin logique, son climax ultime comme décrite dans «Les Révélations de Jean» !
J'ai essayé d'y répondre. Figurent plus haut l'idée d'autonomie financière propice à ne plus compter sur les autres, ainsi que l'idée d'un caractère psychologique de plus en plus incapable de comprendre la réalité d'autrui.
Mais avons-nous perdu et sacrifié la solidarité ?
Je vois une autre réponse, cher ami. Nous avons perdu la proximité avec autrui. Quand les mêmes se voient tous les jours, et sans arrêt vivent ensemble, c'est une autre vie. Là, chacun «travaille» et voit ses amis au mieux une fois par mois. Ce n'est pas la même notion de solidarité! Il n'y a plus qu'une solitude décidée d'en haut - par des élites, qui estiment qu'il faut travailler pour le rendement du Capital avant tout.
Mais comment sommes-nous devenus si peu solidaires? Avons-nous été jadis plus solidaires ?
Jadis, nous devions compter les uns sur les autres. La famille se serrait les coudes, était prête à aider qui tombait dans le malheur. Jadis, nous avions l'habitude de nous côtoyer, et pour cause! nous vivions sous le même toit. La famille vivait comme une communauté. Partout ailleurs, il y avait aussi des communautés.
Puis les gens sont devenus des employés au service du capital après la Révolution française. Leur existence était définie par le mot «travail», un mot bien aliéné puisqu'il signifiait aliénation de la personne sensée donner toute sa substance à son patron et mourir à la tâche.
En fait, cher Gorge, c'est parce que nous obéissons à des maîtres que nous avons peur !
Et comme nous avons peur, nous passons moins de temps les uns avec les autres, à être solidaires naturellement.
Le patron, l'élite - la fausse élite, car elle n'est ni intellectuelle ni culturelle ni morale ni rien - bref les détenteurs de la survie d'autrui, ont réussi à dire: maintenant, vous obéirez avant tout à qui vous donne votre pain - et vous laisserez tomber cette jolie solidarité où vous aviez du temps les uns pour les autres.
Les patrons ont asservi un par un les membres de l'humanité qui était solidaires.
Ensuite, à cette contrainte des usines, est venue s'ajouter le sapin de Noël de la société de consommation: aux êtres mis en esclavage, il fallait bien offrir quelque chose en compensation. Qu'est-ce qu'on leur offrit? Des objets! Avec leur argent, ils pouvaient acheter des objets.
La combinaison de l'usine et des magasins a tué toute solidarité! Je le crois fermement, quitte à ce que tu me démentes.
Et dernière question - qui va «éduquer l'humanité à penser à autrui comme à soi-même ?
Une élite autoproclamée peut être ?!!
Pas du tout !
Le besoin de vivre ensemble est naturel! Dès qu'il n'aura plus les magasins et l'usine en priorité, dès qu'il ne devra plus acheter et donner son corps pour son travail, l'homme retrouvera une humanité où il sera tout naturellement attiré vers l'autre.
Autrement dit: tout le temps consacré à se brûler sur l'autel du Profit et de la carrière, et à amasser, l'homme le passera à fréquenter ses semblables.
Si l'homme retrouve son naturel besoin des autres, il sera plus enclin à prendre en compte leur réalité et à penser à eux, cela se fera de soi-même!
Pour cela, il faut remplacer les satisfactions matérielles et matérialistes par les satisfactions humaines !
On a bien transposé sur papier glacé et DVD la sexualité vivante dans le commerce de la pornographie: transposer l'humain virtuel dans l'humain réel semble possible !
Je crois que l'homme se lassera naturellement de l'usine et du magasin. Il n'y trouve pas son compte au fond.
Il a besoin des autres réels. Qu'il y ait conflit ou harmonie avec eux, séparation ou proximité, c'est d'eux qu'il a besoin !
On ne peut pas éduquer au coeur: chacun doit sentir son coeur soi-même et retrouver ses vrais besoins naturels.
Et enfin, je remarque malicieusement que tu a employé le mot «anarchique» dans son sens péjoratif ce qui est pour le moins surprenant après toutes les discussions que nous avons eu sur l'anarchisme. Tu ne sembles pas écouter toi non plus et je me désole que du progrès ne puisse se faire à ces niveaux-là. Mais pourquoi donc persistons-nous dans nos mésconceptions et sommes-nous si incapables d'évoluer vers plus de pensées holistique libérées du fardeau de la culpabilisation et de la condamnation ?
J'ai cherché partout où tu pouvais avoir trouvé cet adjectif «anarchique». Finalement, j'ai retrouvé: je parlais des «grandes banlieues» de Caracas et de leur «croissance anarchique». Là, tu accordes une importance extrême à un simple adjectif: j'ai juste voulu exprimer que Caracas s'était développée dans tous les sens le long du Mont Avila, qu'il était très difficile de s'y repérer géographiquement. Je n'ai pas trouvé de meilleur adjectif qu'anarchique.
Mais j'aimais cette anarchie de la jungle urbaine de Caracas, ce trafic délirant! Simplement, tu vas là-bas, et tu auras la même impression. Je voulais dire aussi: immensité urbaine infinie. J'aurais pu dire : «organique».
Mais va réellement sur place, et dis-moi quelle impression ça te fait! Je te jure que tu n'as pas compris ce que je décris plus loin pour les ranchitos: «des maisonnettes rudimentaires qui s'étagent sur la hauteur, toute collées les uns aux autres».
Pour une seule récurrence du mot «anarchique» dans tout mon texte, et encore, en parlant de paysage, je ne vois pas très bien !
Passons.
J'ajouterais à tes questions: et pourquoi condamnons-nous au lieu de regarder ?
Tu dis «ne pas avoir trouvé de meilleur adjectif qu'anarchique» mais moi j'en trouve des milliers, à commencer par : chaos, chaotique, confusion, désordre, gâchis, pagaille, prolifération irréfléchi, développement égoïste, du n'importe quoi, du va-comme-je-te-pousse, croissance cancéreuse, libérale, bazar, bordel, bouleversement, branle-bas, brouillamini, cafouillis, cataclysme, chambardement, cohue, complication, confusion, discorde, débâcle, désordre, désorganisation, embrouillement, enchevêtrement, fatras, foutoir, gâchis, imbroglio, incohérence, incohésion, mélange, méli-mélo, mêlée, pêle-mêle, tohu-bohu, trouble, tumulte, zizanie, éparpillement, etc. Vois-tu, avec un peu d'imagination et d'effort, on peut trouver des milliers de meilleurs adjectifs !
Je ne fais pas des grands anarchistes mes grands schtroumpfs au contraire, j'essaie de sortir les anarchistes de la vision grand schtroumpfs qu'ils auraient acquis malgré eux !
Là où je veux en venir avec mon allusion sur l'anarchie, c'est que nous devons faire très attention à l'emploi que nous faisons des mots et nous devons employer les mots pour ce qu'ils sont et non selon sa petite appréciation personnelle et subjective. Nous devons faire très attention aux sens péjoratif que peuvent prendre les mots lorsque nous les utilisons dans certains contextes, comme par exemple dans ceux de tes «ranchitos» (qui mériteraient analyse plus poussée!).
L'acceptation actuelle de l'anarchie a été forgé par ceux qui croyaient qu'anarchie voulait dire «chaos, bazar, bordel, bouleversement, débâcle, désordre, désorganisation, trouble, tumulte, zizanie, écroulement, etc»...
Je reste à cette définition de l'anarchie par mille fois précisée à chaque fois que j'ai dû redéfinir cette pensée pour contrer son acceptation péjorée :
«l'anarchie c'est l'esprit de résistance à l'oppression, une réaction permanente dans un monde aux formes de contrainte variées. C'est une lutte contre l'aliénation religieuse; contre l'aliénation politique et le pouvoir totalitaire et contre l'aliénation humaine et ses contraintes d'une morale abstraite et comportementale qui menace d'étouffer l'originalité de l'individu. C'est un mouvement d'idées et d'action qui, en rejetant toute contrainte extérieure à l'homme, prône la vie en commun sur la base d'une volonté individuelle d'autonomie où l'humain parvient à sa pleine conscience et compréhension de son être. Du principe d'autonomie de la volonté individuelle, on aboutirait à une union librement consentie supérieure à celle d'une union obtenue par la force ou la contrainte. L'ordre et la justice, dont on ne nie aucunement la nécessité pour la cité, reposeraient sur un contrat librement conclu entre tous ses membres dont les clauses, profitables à tous les contractants, sont observées librement.»
J'ai vécu trois ans à Mexico D.F. et j'ai travaillé un an avec un prêtre dans un quartier défavorisé de plus de deux millions d'habitants d'une ville à l'époque de 20 millions d'habitants. Nous fabriquions des meubles de base (lits, chaises, tables) et restaurions leurs demeures avec la participation des habitants. Alors je me rends parfaitement compte de ce que tu décris de Caracas. J'ai vu aussi la prolifération des «ranchitos», l'entassement des pauvres les uns sur les autres et je sais parfaitement le comment et le pourquoi de la chose - système D des pauvres et leur besoin de survivre.
Qui te dit qu'il faut dire «merci» à ces gens qui font du harcèlement psychologique, ou accepter ce qu'il y a de pertinent dans la violence qu'on subit, et, surtout, je ne te demande pas d'admettre ou d'aimer la violence faite à autrui mais de voir et de comprendre ce qu'il y a derrière ces comportements et de comprendre leur genèse et ce que ces gens voient de pertinent de leur point de vue derrière leurs actes, tout simplement...
Tu dis que «la morale est un garde-fou contre un chaos bigarré et atroce où chacun se taperaient dessus et se tueraient selon leurs fantasmes. Mais je dirai que si la morale s'impose en tant que «vraie» dans la relation humaine, alors elle devient totalitaire et contrainte. C'est à l'opposé de ce que nous cherchons : soit des pensées où le visage de l'homme plaide pour du respect à son égard et à son prochain. Je vais l'écrire haut et fort: du respect au lieu de la morale. Laissons la morale aux religieux et autres philosophes comportementalistes (p.e : Pascal Bruckner) qui ne peuvent formuler leurs pensées en-dehors de cette morale qui devient une sorte d'échafaudage consolidateur mais trompeur !
Tu as une optique biaisée de l'individualisme qui pour toi semble être: «de quel droit veux-tu être mon semblable, je ne te ressemble pas» alors que l'individualisme devrait être «le droit de chaque individu d'être lui-même, soit un être autonome, auto-géré, conscient, maître de ses actions et qui pense. Ce n'est qu'à partir de ces conditions que l'on peut être solidaire et en condition pour créer et pour participer à une société idéalement constituée d'individus semblables non à eux-mêmes mais à leur concept final de la société et de leur intentionnalité communautaire. Une société saine postule des individus sains et conscients !
Si on réfléchit bien, nous devons concéder que la paix sociale et la vie communautaire ne seraient possibles que dans la mesure où la paix et l'envie de vie communautaire préexisteraient en chaque individu (selon ma définition), ce qui ne serait possible que si l'individu puisse vaincre ses troubles psychologiques et accéder à sa conscience éclairée...
En fait, ce que tu penses être de l'individualisme n'est que de l'égocentrisme ou de l'égoïsme ou encore de «l'égotisme» terme inventé par un philosophe (je ne souviens plus de son nom!) pour désigné ce comportement que tu dénonces. Ne mélangeons pas tout, l'individualisme est une condition nécessaire pour sortir de la logique des masses dirigées par une élite soit ploutocrate, soit religieuse, soit royale ou même dictatoriale. Un régime réellement «démocratique» dans le sens extensif du terme ne peut exister que si ses citoyens seraient des individus à part entière dotés d'un pouvoir de réflexion, de compréhension et d'action autonome. Je n'accepte plus que l'on péjore ces termes !
L'ensemble de la société ne peut exister que si les individus qui la composent soient des constructions empathiques.
Pour te paraphraser, je dirais que «Pour être ensemble tous les uns avec les autres, la peur doit être affrontée et comprise, et c'est à ce prix que les relations humaines seront assainies. Les relations humaines teintées de peur aboutissent à la guerre, les pogroms, les discriminations, les cruautés envers autrui, etc».
Attention, ta conception de «autonomie» souffre d'être passée par la moulinette libérale mais il faut considérer que les libéraux, malgré leur grandes idées toutes faites, ne sont pas «autonomes» pour la simple raison qu'ils sont liés financièrement, ethniquement par leurs relations d'affaire les uns aux autres, ce qui fait qu'ils ne sont pas aussi «autonomes» qu'ils ne le paraissent ou le croient! La droite a récupéré la notion «d'autonomie» pour lui substituer celle de «je fais ce que je veux, comme je veux parce ce que je le vaux», ce qui n'est pas une définition appropriée de «l'autonomie». Je ne sais pas si tu comprends le sens de ce que je pense mais il est important que nous accordions nos violons sur la définition de nos termes.
La combinaison de l'usine et des magasins a tué toute solidarité dis-tu mais qui a fait que cette combinaison ait pris le dessus sur les pratiques solidaires humaines ?
La droite maintiendra son pouvoir par l'économie, l'industrie (avec la compromission des syndicats!) et les médias et son influence sur le peuple par le commerce et la consommation..
Ce serait-là une thèse de doctorat très passionnant et cela me surprend que personne n'y ait songé !
Voici chez ami, encore une contribution à notre compréhension du monde et du pourquoi on en est là :
Les intentions des radilibes
Elles, sont brumeuses et pas claires du tout car ils viennent là avec leurs "valeurs" et en grattant bien, nous pouvons constater que ces "valeurs" sont surtout pécuniaires et des trucs de riches pour enfoncer encore plus les pauvres que nous sommes et faire de notre présent une misère sans nom. Ils prétendent être des formidables leaders mais ils ne sont que des petits gamins sans vergogne qui font feu de tout bois et se prennent pour des dieux formidables alors qu'ils sont adipeux, peureux, affreux !
La preuve : t'as vu ce Pelli mal rasé à la peau flasque et blanchâtre, ce Beurk-haleteur si roide que son veston pend comme sur un cintre, cette Martine BG si liftée qu'elle a l'air de sortir tout droit de la boutique de son amie Barbara Polla la "lookeuse", ce Christian Lüscher si louche et beau parleur qui manie tellement les mots qu'il en a plein la bouche, ce Olivier Français aux sourcils diaboliques et au discours en pointe, ce Charles Favre tu parles Charles, bref...du bla-bla...et encore...du bla-bla...baaa !
Exemple du délire délibéré délibérément de ce libéral Lüch la buche :
«Parce que - vous le savez sûrement - dans le cadre de la Justice 2011 et du nouveau Code de Procédure pénale, la Confédération des cantons un Exige Qu'il y ait un degré de juridiction double avec plein pouvoir de revoir les faits et le droit. Or, ce que la Confédération impose aux cantons, apparemment elle NE SOUHAITE pas en soi l'Imposer à elle-même, ce Qui de Semble très problématique. Je vous donne un exemple simple: si je reçois une amende sur le pare-brise de ma voiture, je pourrai contester la contravention Qui m'a été donnée. Et puis je me retrouverai très Vraisemblablement Devant le tribunal de police, à qui j'expliquerai la situation; SI Le tribunal de police me condamne, je pourrais recourir devant la Cour de justice de la République et canton de Genève, Qui Pourra revoir les faits et le droit, et si je ne suis pas content, je pourrais encore aller au Tribunal Fédéral, Qui pourrait revoir l'application du droit. Tout cela pour des infractions Qui sont Relativement bénignes. Ou, lorsqu'il S'agit d'infractions Extrêmement Graves et que le Tribunal fédéral est compétent Pénalement, Celui Qui est juge N'a droit Qu'à Une instance Qui revoit les faits et le droit. Ou bien, vous le savez, le Tribunal pénal fédéral A ÉTÉ MIS en place pour juger les infractions les plus graves et Ce qui est vrai pour les auteurs d'infractions NE pourraient PAS Le cas échéant Bénéficier d'un deuxième degré de juridiction avec une plein reconnaissance du pouvoir en fait Victimes Comme en droit Also aux s'applique. Si la personne est acquittée pour cause devant le Tribunal pénal fédéral, la victime ne disposera pas d'Une voie d'appel, elle Devra recourir. Ou sur des acquittements sait que les Souvent Ont lieu sur la base des faits ainsi que sur la base du droit Et donc les Victimes d'infractions, VISÉES Qui sont Dans le Code pénal et Qui sont de la compétence du Tribunal pénal fédéral ne pourraient pas née plus Bénéficier d'un appel et devraient se Contenter d'un Recours.»
Le plus drôle, c'est la réponse du Conseil Fédéral :
«Il Y A Une querelle de doctrine, estimant que CERTAINS des aspects administratifs du Ministère public de la Confédération, Qui le rattachent à l'exécutif, en avant font tout entity Une de nature administrative, d'autres pensant que la matérialité de l'action recourante, à Savoir Une Autorité de poursuite, en fait un organe de nature judiciaire. De la réponse à Apporter à la question "Qu'est-ce qui est de deux natures CES prédominant ?" Une conception à la charge du Ministère public de la Confédération, un mode d'élection - Qui Peut être différent d'une conception Une L'Autre - et, surtout, un mode de surveillance Qui ne sera pas le même.»
Non, je n'exagère pas, j'ai transcris ces discours exactement comme ils sont transcrits dans les achives fédérales !
Bon, il se peut que ce soit une très mauvaise traduction français fédéral, mais quand même...
Alors c'est qui qui délire ???
Et puis zut à ces types atypiques qui encombrent nos vies, qui nous font délirer et qui font de cette société l'horreur qu'elle est devenue !
Épilogue du dilemme de l'enseignant :
Insensiblement, l'espèce de «goulag psychologique» dans lequel je vivais, avec du stress post-traumatique chaque jour, depuis vingt-quatre mois, s'est dissipé.
J'ai senti que tout mon appareil psychique avait été pris en otage, par un choc d'une rare violence. Impossible de vivre dans ces conditions autrement qu'en vivotant des demi-journées, faisant tout avec peine. Je me demandais jusqu'à quand j'allais pouvoir supporter cela. Et puis, voici un vent frais inattendu qui vient. C'est un peu comme si ma circulation psychique reprenait, après avoir été bloquée.
Je comprends que dans cet état, très dangereux, où il est totalement irresponsable de mettre des proches (hélas ça arrive) des employés, certaines personnes aient voulu attenter à leurs jours pour mettre fin à leurs douleurs.
Cela ne se peut hélas, et heureusement, qu'en intentant une procédure en réparation pour tort moral, et au terme de ladite procédure.
Par contre, cher, cher ami, je constate que la Suisse ne sanctionne pas encore les mobbeurs. Très souvent, même lors d'expertises et au tribunal, il paraît qu'ils continuent à dénigrer leur victime et à essayer de manipuler les juges.
J'ai donc, en le remerciant puisqu'il a mis à la pâte, suggéré à Me Recordon, le Vert, de pénaliser le mobbing. Je suis d'ailleurs en train d'écrire un article pénal pour traduire cet état de fait qu'il qualifie de «fuyant et protéiforme». Qui est le meurtre parfait, celui dont rêvent tous les esprits totalitaires d'aujourd'hui, les mêmes qu'il y avait sous Staline ou Hitler, ceux qui sont à l'heure de David de Pury et de Wall Street, donc: la soif de contrôle absolu et d'emprise sans limites sur tous ceux qui ne veulent pas être des petits rouages de la loi du profit.
En réalité, ce genre de violences vise à peu près n'importe qui. Il suffit qu'un mobbeur se fixe sur vous et fasse de vous son «menaçant intrus» par projection: aussitôt le processus morbide sera mis en place. Dès qu'il est mis en place, je note, depuis Leymann, en Suède (année 1990) qu'il est quasi impossible à enrayer.
En effet, une médiation en cas de mobbing est une illusion, car on ne peut créer de médiation que s'il y a conflit, et le mobbing n'est pas un conflit, mais une froide planification d'actes non- éthiques dans un refus de toute communication avec la victime, à seule fin de la détruire et l'exclure.
Voilà pourquoi je pense à une punition pénale anticipée du mobbeur: pour dissuader ces actes de barbarie en amont - puisqu'ils sont impossibles à arrêter dès que la machine s'est mise en route.
Si les Verts ne songent pas à créer une initiative pour la pénalisation du mobbing, je songerai à lancer une initiative, si j'y arrive. Cela pourra sécuriser le monde du travail en tout cas. Voire le monde familial aussi. On cite le cas d'un Kosovar effrayé par une enquête administrative sur son premier mariage, qui a épousé une compatriote en second mariage, et s'est mis à la mobber systématiquement, ce qui est un pléonasme. Elle a fui, il y a finalement eu plainte.
Merci beaucoup de tes paroles et de ton soutien durant cette période d'exil au goulag de la douleur infligée !
Chaque lutte gagnée pour toi est une lutte gagnée pour tous les mobbés !
Quant à une initiative contre le mobbing, il me semble que la loi sur le travail, sans spécifier spécifiquement le mobbing, a un article qui pénalise toute action de pression psychologique contre les employés. Demande à Dolivo qui est un expert dans la loi du travail avant de lancer une initiative et si ce n'est pas le cas, alors il sera tout content de t'aider à la lancer !
Je ne connais pas la loi sur le travail, sauf le fameux article 328 qui ne pénalise pas l'employeur mais lui enjoint de respecter l'intégrité physique et psychique des travailleurs. Cela dit, il faudrait aller regarder dans la loi sur le travail.
Je garde à l'idée de rencontrer Dolivo et de lui poser la question. En tout cas, dans le code pénal, il n'y a rien de semblable. Je ne sais pas non plus comment les employeurs sont sanctionnés - quand ils le sont !
Mais si une initiative doit être lancée, je la ferai avec Dolivo, et avec le PS et les Verts lausannois. Je rencontrerai Dolivo, quoi qu'il en soit !
Encore bravo et maintenant, reprenons nos discussions précédentes en route avec notre petite «Cogitation pour un monde social plus humain et plus solidaire» ou plutôt, à mon sens :
C'est sur les cendres chaudes de l'écroulement du système actuel que pourra se construire la société alternative car tant que ce système perdure, les problèmes iront en grandissant et la logique de l'argent tout puissant nous entraînera toujours plus loin dans l'aliénation, le désespoir et les actes désespérés comme les shootings dans les écoles et autres disfonctionnements.
D'essayer de reformer le système pour qu'il survive ne résout pas le problème fondamental du système économique actuel qui est d'être basé sur les envies et les besoins personnelles des individus transformés en consommateurs.
La crise est systémique et le modèle consommateur est mis en question par ses excès, par ses contradictions fondamentales et par la nature même des gens qui sont derrière ce système et qui le manipulent pour en tirer un maximum de profit, ou pour exercer un pouvoir discrétionnaire.
Rien ne se fera sans l'individu et son libre consentement, rien ne se passera tant qu'il ne sera pas maître de sa destinée, de son corps, de son âme et de son esprit. Tant qu'il est dirigé par des gens qui se croient supérieurs car nés du bon côté de la barrière, l'individu n'accédera jamais au plein accomplissement de son être et la société continuera son chemin chaotique jusqu'à sa désintégration complète.
Ce qui sous-entend que la société que nous devons construire devrait être celle où l'individu accède enfin à son rôle d'acteur de lui-même, créateur de sa personne et maître de son travail, quel qu'il soit, quel que soit la forme que cela puisse prendre.
L'anarchie est la somme des volontés individuelles réunis dans un projet de société contractuel. Cette volonté dépendra des conditions de vie de chacun et s'inséra dans la construction sociale selon ses dispositions. C'est la quintessence de l'espoir en l'homme, de la croyance qu'enfin devenu conscient, l'homme sera en mesure de fonctionner pour le bien de lui-même, de sa communauté et de la Terre entière !
On m'a taxé à plusieurs reprises d'être "pessimiste, catastrophiste, nihiliste" mais, tout compte fait, pour que l'anarchie puisse marcher, il faut une énorme dose de confiance et d'espoir dans le genre humain et ses capacités d'être "humain". Lorsque j'entends les gens me dire que «ma foi, c'est comme ça...» quand ils observent le chaos régnant, je me rends compte que se sont ces gens qui sont pessimistes car ils ne peuvent ni entrevoir la possibilité pour les hommes de se sortir de ses complexes actuels, ni croire que nous pouvons accéder à cette solidarité qui caractérise la gauche et ses envies de construire l'alternatif humain...
La consommation ne remplace pas l'être humain.
Ce dont toute société a urgemment besoin, et ce dès le départ, et jusqu'à sa fin, c'est de bonnes et solidaires relations entre celles et ceux qui la composent.
Force est de constater que la société de consommation a éloigné les êtres humains les uns des autres, dans une exaltation du confort qui ne fait que renforcer la solitude de chacun chez soi et chacun seul avec soi-même. C'est comme si l'appétit de confort ou le fait de jouir du confort nécessaire, avait tué le besoin de s'unir aux autres et de les rencontrer et de faire des activités avec eux.
Le "soyez solidaires !" qui s'adressait si bien à nos sociétés européennes d'immédiate après-guerre, reste lettre morte.
En fait, l'homme est toujours naturellement solidaire. Il est par essence attiré vers les autres.
Mais une élite a en effet décidé qu'il faudrait mettre l'homme au travail et pas n'importe lequel, un travail aliénant et fatiguant qui accapare toutes les forces de l'homme et mine sa sociabilité. Et que le restant du temps, puisque ce travail est un contrôle sur son temps, il faut qu'il achète ce qui a été produit.
Société sans avenir. Equation beaucoup trop simpliste.
Il y a société parce qu'il y a des êtres humains.
Et non parce qu'il y a des choses.
Les choses, nécessaires pour construire la Demeure, ne sont pas une fin en soi: la relation humaine, peut-être.
Donc si chacun avait de quoi habiter, et si chaque habitant des ranchitos était logé dans une meilleure maison, plus digne, l'Etat aurait donné à chacun la base et l'habitat minimum, il n'y aurait plus qu'à ajouter le salaire minimum, et l'interdépendance des hommes serait solidaire et non purement économique.
Oui, cher Gorge !
L'homme sortira du consumérisme et de l'égoïsme actuel! Il comprendra que la société c'est l'humain et pas les petits rêves de confort - qui en fin de compte n'amènent pas grand chose. L'avoir pour cela devra être vaincu.
Car ce sont tous les hommes qui fonctionnent selon la soif effrénée de l'avoir.
Tu n'es pas du tout catastrophiste, tu dis simplement que les choses doivent marcher autrement si l'on veut préserver l'humanité de l'homme et revenir à une situation générale plus vivable.
Comme tu n'as soif de diriger personne, tu es un homme intègre, et chacun devra se reconnaître dans ton désir de ficher la paix à tout le monde tout en liant relation avec qui veut.
Pensons donc, pensons à l'avance, ce Mieux qui pourra venir dans l'avenir, et qui est urgent parce que ce qui est là est loin d'être abouti, loin d'être satisfaisant. Le temps est un pont pour la société vers son bonheur futur !
Le frustrant dans la politique, c'est qu'elle est recherche d'idéal pour toute la société, et rien de si vaste à faire évoluer et à considérer que toute une société! Mais il faut se poser philosophiquement la question du politique, c'est un des points forts de la gauche, elle doit continuer à dire à quoi elle aspire et trouver le chemin pour y arriver.
Mais quand même le plus étonnant, c'est que tous ces dirigeants n'ont qu'un seul mot à la bouche : les valeurs - valeur de la solidarité, valeur du respect des autres, valeur du pays, de ses banques, de l'économie libérale. Et ils répètent à longueur d'interview qu'ils ont des valeurs et qu'ils vont faire des lois et prendre des mesures pour que ces valeurs soit le lot commun, de sort à ce que tout le monde ait les mêmes. Ils vont jusqu'à vouloir poser de la vidéosurveillance partout pour combattre les incivilités au nom de leurs valeurs. Mais qu'est-ce donc les incivilités qu'une opposition sourde et une révolte déguisée contre ces valeurs dominantes et oppressantes ?
Et pourtant, ils passent leur temps à défaire les liens sociaux avec leurs appels à la concurrence, à la compétitivité, à l'amélioration de la productivité (ce qui veut dire mettre les ouvriers au chômage, gentiment bien sûr, avec humanité!!), et, surtout, en voulant imposer la consommation comme base de l'économie, il délite la société au point où cette société perd complètement sa valeur en tant que regroupement humain convivial, solidaire et constructif. Nous sommes en plein délire schizophrénique et la société construite sur de telles bases ne peut qu'aller de travers.
Donc, qu'est donc la valeur de leurs valeurs si au nom de ces valeurs, ils peuvent démolir la solidarité et la cohésion sociale et puis blâmer le quidam, qui n'a rien demandé d'autre que de vivre en paix avec sa femme et ses voisins, pour ce qu'est devenue la société ?
Il me semble que nous nous trompons complètement avec cette histoire de valeur et que nous avons donné une valeur trop grande aux valeurs. Et ceci parce que ce mot "valeur" veut dire trop de choses trop différentes et que la classe dirigeante joue là-dessus...
Alors reprenons - qu'est-ce donc une valeur :
VALEUR n.f. (lat. valor).
Première déduction : le sens premier de valeur est économique !
Deuxième déduction : la valeur est d'abord une mesure et une grandeur numérique !
Troisième déduction : au sens moral, valeur a deux sens, d'abord celui de l'importance que l'on donne à un principe qui guide sa vie - en ce sens Hitler avait des valeurs, soit la suprématie de la race aryenne. Ensuite celui de ce qu'une personne considère comme beau - auquel cas, la valeur varie selon notre appréciation de ce qui est beau, étant entendu que ce qui est beau pour toi ne l'est pas forcement pour moi.
Quatrième déduction : la solidarité, par exemple, n'est pas, en tant que telle, une valeur car c'est l'importance qu'on donne à la solidarité qui mesure sa valeur. Idem pour le respect qui n'est pas, lui non plus, une valeur. La valeur c'est le fait de poser la solidarité ou le respect comme principe de vie. On donne ainsi de la valeur au respect et à la solidarité mais ils ne deviennent pas des "valeurs" pour autant !
Conclusion : nous ne pouvons pas, même absolument pas, poser les valeurs comme référence absolue, parce que chacun aurait ses valeurs et elles ne peuvent en aucun cas s'appliquer à tous. À force de vouloir dire trop de chose, les valeurs perdent leur valeur !
Au fait, nos dirigeants se trompent entièrement lorsqu'ils parlent de valeur car ce qu'ils veulent en fait dire, ce sont des principes ou des idéaux. Le sens qu'ils donnent à ce mot valeur est celui d'idéaux, ce qui change complètement le discours car maintenant il faut parler d'idéologie comme l'a fait Hitler et Mussolini avant eux. En nous jetant leur définition de valeur à la tête, ils ne font qu'asseoir leur pouvoir et leur contrôle sur nous et cela fait bien des années que je dénonce ce mic-mac...
...et pour répondre à tes affirmations :
- bonnes et solidaires relations sociales - Mais bien sûr qu'il en faut pour que la société soit parfaite mais une fois encore tu ne nous dis pas pourquoi les relations sont si mauvaise et pourquoi cette société n'en auraient pas !
- consommation ne remplace pas l'être humain - C'est bien parce que la consommation est devenue un mode de vie absolu que cette société se trouve dans l'état qu'elle est. Et encore une fois, il est important de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, par quel mécanisme, par quelles intentions, pour satisfaire quels besoins, etc !
- L'homme sortira du consumérisme et de l'égoïsme actuel - Oui mais comment, par quel moyens, par quelle prise de conscience et questionnement ?
L'homme ne sortira pas du consumérisme par magie ou par une volonté suprême. Il devra passer par un processus que nous devons mettre en marche d'une manière humaniste et notre travail serait de tracer une route des possibilités. En cela, nous devons arriver à dénoncer ce qui se passe de sorte que les gens puissent prendre conscience de leur état et bâtir un futur possible.
- les hommes fonctionnent selon la soif effrénée de l'avoir - c'est sûr mais cela doit provenir de quelque chose qui habite chaque homme et qui fait partie de sa réalité. Le problème est que les dirigeants ont trop bien compris comment utiliser cet état pour imposer la consommation et en faire un principe de vie. Cela doit aussi correspondre à quelque problème psychologique où l'homme essaie de retrouver la quiétude foetale et peut être même la délivrance de ses problèmes de l'inconscience.
En somme, poses-toi plutôt des questions :
- quels sont les fondements de nos problèmes...?
- comment remonter au sources...?
- mais qu'est-ce que c'est que cela...?
- comment est-on en arriver là...?
- quelles sont les causes de telle violence ou aberration ?
Bon voilà quelques pensées pour faire progresser notre discussion !
Voici un thème que nous nous devons au moins une fois d'aborder: le thème du patron qui sait et ses relations avec les dieux.
Je crains en effet que dans la psychologie de base du patron, il y ait une volonté de mener les autres hommes et une assurance incroyable, parfois arrogante et pour le moins étonnante, de soi-même.
Pour "pouvoir mener une barque", un patron est un être qui ne doute pas.
S'il est un homme brillant et juste, aucun doute qu'il faille bien de ne pas douter de lui.
S'il est par contre d'une intelligence plus modeste, ce qui ne semble pas incompatible avec ces "qualités de meneur", sa confiance assurée en lui tiendra très vite de la forfanterie.
On dit qu' "il faut des patrons" pour que les affaires tournent. On ne dit rien de très spécial en disant cela! Toujours est-il que le personnage du patron va s'imposer comme un chef, soit quelqu'un qui est "au-dessus" de ses employés. Qu'est-ce que cela, "au-dessus" ?
Quelle est cette merveilleuse position qui se trouve soudainement "au-dessus" des autres ?
Ceci, pour la seule raison qu'on est porté à les commander ?
Quand on commande, on est "celui qui occupe le poste de commandement".
Mais à la réalité, il se pourrait bien également que celui qui commande soit mû par la fièvre du commandement.
Il se pourrait qu'au lieu de disposer de ces fameuses "qualités de leader" qui ne veulent somme toutes pas dire grand chose, il soit simplement celui qui a envie de commander et de dominer ses semblables...
Il se pourrait qu'il soit le seul homme pour qui les autres, étant moins que lui et sous ses ordres, et en sachant moins que lui sur tout et tout et sur tout de tout, soient juste bons à être commandés.
Aujourd'hui, nous avons atteint l'excès de cette volonté de commandement.
Ceux qui se désignent comme des patrons se sentent autorisés à un pouvoir de vie et de mort sur leurs employés.
Autrement dit: ils n'ont pas les compétences intellectuelles - indépendance d'esprit, culture générale, créativité - pour pouvoir juste disposer de ce pouvoir qui leur est prêté. Ils en mésusent du seul fait qu'ils en usent.
Ils ne cessent de continuer à tenir un discours de savoir, et à être "ceux qui modèlent la réalité".
Là où tu vois depuis longtemps une élite, moi je vois tout simplement les patrons, à qui se joignent les hauts bureaucrates, et pour finir un deuxième système, en concours avec celui-là, celui des stars, qui incarnent quelque chose, de nouveau, "au-dessus des hommes".
Que je sache, le Christ ne s'est jamais mis prétentieusement au-dessus de ses apôtres. Il était l'Envoyé du ciel, et en cela il a depuis toujours parlé d'égal à égal avec tous les marginalisés, tous les exclus de la société de son temps, et tous ses apôtres le tutoyaient. Même les grands philosophes, comme Nietzsche, ne se sont jamais posés en supérieur.
Le talent véritable est différent: il ne cherche pas à s'imposer aux hommes. Il se met à part et propose. C'est Zarathoustra monté sur sa montagne et redescendu. Le suivront ceux qui voudront. Ceux qui lui résistent n'auront pas l'obligation de lui obéir. Il veut juste mettre à la disposition de tous ses découvertes universelles.
De même, le patron, s'il arrête de donner des ordres, est redevenu un homme comme les autres. Il faut certes "des hommes qui ont du cran et qui sont capables de donner des ordres". Mais ne s'aperçoit-on pas que ces derniers se sont mis à acquérir une bien trop grosse importance? Ne voit-on pas que ces patrons se prennent pour des demi-dieux, des donneurs de conseils et des donneurs d'ordres? Ils vont être consultés sur tout et tout, comme des astrologues.
Ils prédisent ce qui sera; on se rue à leurs pieds.
Tout cela est parfaitement ridicule.
Au fond, un homme d'une telle déchéance que l'homme d'aujourd'hui, méritait bien des patrons !
Mais pour tous ceux qui sont accomplis spirituellement, ou qui ont cheminé par leur sens critique, nous méritions vraiment autre chose !
C'est pour dire que personne ne conteste qu'il faille des personnes qui mènent dans les entreprises. Ce n'est pas là le problème. Le problème, c'est que ceux-ci sont devenus des demi-dieux païens de la prospérité et du progrès, et ils parlent comme des espèce de pythies qui ouvrent la bouche et disent des choses incroyables dès qu'ils mâchouillent des lauriers.
Moi, je m'excuse, Gorge, mais ce que disent les patrons, et ce que dit Sarkozy ou Merz, je ne trouve pas cela si extraordinaire !
Et bien sûr, il faut que ces gens-là ne soient plus les "maîtres".
Notre société doit changer, car tous ses petits "maîtres" - ou contre-maîtres - ne font que piétiner les employés, réduire à l'état de choses les êtres humains, on a atteint le sommet de cette chosification où les individus sont juste déplacés comme des coûts et comme des trucs méprisables. Celui qui résiste par son individuation forte ou par sa protestation est impitoyablement réduit au silence, détruit psychiquement et socialement. Le voici, ce beau système "démocratique"...
C'est pourquoi la psychologie des petits chefs est à examiner avec beaucoup de réticences et de doutes.
Nul ne conteste qu'il ait de tout temps fallu des chefs pour diriger des grosses structures. Mais tout homme avisé ne peut que protester devant le pouvoir de vie et de mort, et finalement la négation des autres telle qu'elle résulte de la pensée et de l'action de ces patrons. Qui n'en sont plus. Qui sont juste des robots et des petits chefs, mais qui n'apportent plus rien à la société, pas plus que les kapos qui guidaient les colonnes de déportés.
L'humanité future, mon cher Gorge, naîtra d'une société où personne n'est au-dessus des autres !
Nul n'a le droit de commander personne! Il faut des chefs à l'entreprise certes, mais leur pouvoir doit être extrêmement limité et bien défini. En outre, ils ne devraient rien pouvoir imposer par la force contre les intérêts de leurs employés.
Mais déjà, quel est cet homme esclave, qui veut vénérer ses stars et a peur de ses patrons ?
Voilà ce qu'il faut bien sonder: comment la peur a fait obéir tant de gens à tant d'imposteurs.
Ce n'est pas de patrons qu'il nous faut mais d'êtres autonomes capables de travailler sans chefs, sans leaders, sans employeur, sans "quelqu'un au-dessus d'eux", sans commandants, sans injonctions, sans dirigisme, sans impositions, sans mots d'ordre, sans contraintes. Il nous faut des hommes ayant le sens d'eux-mêmes, la vision de leur futur possible, dotés d'une image intérieure forte et fidèle à la conception qu'ils se font d'eux-mêmes et, surtout, qui n'ont pas besoin d'être "mieux" que les autres pour se sentir vivre, qui n'ont pas besoin d'asseoir une autorité sur les autres et qui font leurs vies avec les autres et pas contre eux, et, au final, qui sont maîtres d'eux-mêmes et non des autres !
C'est à chacun de mener sa barque, de la diriger où il veut, dans la direction qui lui semble le convenir, de la manière qu'il entend, avec la conviction qu'au bout du chemin il trouvera son accomplissement et sa philosophie. C'est à chacun d'être son seul maître et aider les autres à trouver la maîtrise d'eux-mêmes !
Nous en avons assez de ce monde de dominants-dominés, nous ne supportons plus que des personnages se pensant "supérieurs" viennent nous dire ce qui est "bien", ce qui est "mal", qui viennent nous faire une morale moralisante et qui appellent cela de la "philosophie", qui nous obligent de vivre dans un monde diabolique et dichotomique, qui nous forcent à des alliances et des choix aliénants et qui nous font des propositions indécentes.
Mais voilà, pour s'en sortir de cette logique des patrons, nous devons comprendre ce qu'il y a derrière ce besoin de commander, de diriger. Nous devons maintenant savoir quel est le dharma qui régit le psychisme des patrons et comprendre les mécanismes du commandement et ses motivations. Pourquoi à chaque crise, quelques éclairés essaient de nous convaincre que pour résoudre la crise, il faut des grands projets comme si de rester dans des petits projets à échelle humaine était un manque d'ambition. Mais qu'est-ce que c'est que l'ambition sinon ce besoin de commander, de s'investir dans quelque chose d'extraordinaire qui nous dépasse et qui nous ferait grandir. Mais c'est quoi ce besoin de grandir sinon celui de se mettre au-dessus de la plèbe braillante et forcement plouc donc idiote donc à subordonner par tous les moyens. Il y a là une étude sérieuse à faire et malheureusement, je ne suis pas taillé pour mener une tâche pareille.
Pour te paraphraser, je dirais que pour que l'humanité future puisse naître, la société devra être composée de personnes qui ne sont pas au-dessus des autres mais de personnes collaborant les uns avec les autres dans des projets aux structures à échelle humaine !
Nul besoin de "grandes structures", elles ne sont là que pour glorifier les maîtres !
Le Titanic a coulé et les pyramides sont érodés, tous les grands projets ont connu des fins affreuses et ont coûté chers en vies et en labeur pour un gain personnel voisinant le sacrifice !
D'ailleurs réfléchis, le seul but des grandes structures était justement le pouvoir que pouvait exercer les chefs sur ses milliers de subordonnés assujettis à la tâche qu'impliquait la grandeure même de la structure. C'est-à-dire, plus grande qu'est la structure, le plus grand le pouvoir !
Depuis les pyramides jusqu'aux cathédrales, l'équation était la même, foi de franc-maçon !
La puissance des pharaons ce sont ses pyramides et le pouvoir de l'église était ses cathédrales, foi d'évêque !
Et puis tu m'as bien fait rire avec ce christ qui ne serait pas au-dessus de ses apôtres ou des malades, lui qui descendait d'un ciel forcement au-dessus des gens et qui venait d'un dieu qui habitait très au-dessus de tous dans un ciel tout là-haut !
Je vois que tu réagis très fort au thème des patrons - j'avais d'ailleurs malicieusement glissé ce sujet en espérant et en me doutant qu'il donnerait lieu à une dissertation très enflammée de Gorge qui ne manquerait pas de conspuer tous les patrons et tous les pharaons de tous les chantiers de pyramides, si si si !
J'ai eu quelque consolation ces derniers temps par une inspiration poétique imprévue, ô joie, qui m'a ramené à mon texte ultime et dixième opus de poésie, "La symphonie de la lumière". C'est une disparition du sujet "humain" qui se fond dans le cosmos et retourne au feu céleste en un chant en quatre mouvements qui tente le rêve fou et impossible de réunir musique et poésie en un seul langage.
Jésus avait beau venir du Ciel, donc plus haut que les Bruni, les Bertarelli, les Rothschild, Jésus passait parmi ses apôtres comme un petit provocateur rigolo qui les prenait à parti et ne s'estimait pas au-dessus de Pierre, Jacques, Jean, Simon et tous les autres !
Il leur offrait des verres, il leur offrait du poisson. Bien des patrons humanistes ont tenté d'égaler ce summum de l'abnégation dans le commandement - ils ont cru qu'ils pourraient commander comme Jésus, mais comme ils venaient de plus bas que le Ciel, ils n'y ont pas réussi.
En plus, Jésus a été envoyé par le Père, tandis que l'on pourrait difficilement prétendre que Vasella ait été envoyé par une force supra-sensible et supra-humaine. Vasella est un Christ sans croix qui s'est couronné tout seul - sans monter sur aucune croix! - et c'est pourquoi son évangile de l'offre et de la demande est au-dessus de tous ceux qui recueillent la Sapience divine de Novartis et vont en pharmacie. Il est le grand bienfaiteur de tous ceux qui ont besoin de lui - ce qu'on ne saurait Lui objecter. Au fond, il devrait se mettre sur une place publique et dire: j'ai quarante millions, est-ce que je peux vous faire l'aumône? Qui veut de mes quarante millions? Ce serait un mendiant inverse si j'ose dire, sans blesser la dignité des vrais mendiants qui n'ont pas de bonnes paroles à dire, ni pour prêcher, ni pour embobiner, ni pour les deux, ce que le Grand Vaselius sait faire à la fois.
Vaselius est au-dessus de tous les comprimés auxquels il commande, et de toutes les personnes travaillant pour Novartis. Sa Gloire passe sans cesse au-dessus de ses employés et laborantins, il leur met cinq centimes dans la poche et eux, pris par l'Extase de la multiplication des sous, s'imaginent qu'ils ont peut-être reçu 1% de la fortune du Maître - tu parles! Il sourit de tout son sourire dentifrice en passant parmi les rangs de ses mille laborantins et administrateurs, guerriers du grand Samouraï Va Sel Ha qui les emmène à la victoire inexprimable de bénéfices records - dont il est curieux tout de même que seul Vasselône en engrange.
Si Jésus avait gouverné Novartis, il aurait choisi premièrement de redonner ces quarante millions annuels aux employés et à des oeuvres de charité. Mais Jésus n'était pas fait pour gouverner Novartis.
Car Jésus ne savait rien. Il n'était pas un "homme qui sait". Jésus n'était pas un grand faiseur d'histoire et un grand aventurier des bénéfices perdus. Jésus n'était pas un homme qui allait se sacrifier 28 heures par jour – c'est possible! Merci Sarcotique! - pour faire que les planches de son entreprise tiennent debout et suppléer au mauvais travail fait par l'ouvrier impossible à licencier car alors les syndicats des Apôtres se fussent déchaînés.
Autre grave précision: Jésus ne se mettait pas au-dessus des autres, car son exercice comptable n'affichait aucun bénéfice. Toute la Galilée et Rome auraient perdu à l'entendre. Ne disait-il pas: "Ce que tu as, le peu que tu as, donne-le encore aux pauvres! " Pas au patron ou à César, au pauvre! Ha la la, quelle misérable compréhension du marché! Jésus ne voulait pas tenter sa chance. Jésus en plus vivait à un train de vie pas luxueux du tout, ce qui ne va pas, car ce n'est pas ainsi que Jésus allait faire tourner l'économie. C'était un chômeur Divin que personne n'avait eu besoin de mettre au chômage car personne ne l'avait engagé à part son Père. Et personne n'a voulu de ce que depuis le Père il a fait transiter vers les humains, qui décidément voulaient de la drachme et de l'obole.
Ce que vendait Jésus était difficile à encaisser, cela ne se stockait pas, Jésus vendait du non-être et à part ceux qui aimaient le non-être, la majorité aimant l'être se demandaient: "Mais quand va-t-il enfin nous facturer quelque chose?"
Je me suis demandé si nous ne projetions pas dans le ciel peuplé de ces personnages christiques, déifiées, fait de dieux sur mesure, nos aspirations transcendantalistes car ne supportant pas nos bassesses trop humaines et nos limites matérielles d'êtres fait de chair et d'os. N'ayant pas d'ailes pour voler, nous inventons des dieux tout là-haut pour sentir l'extase du vol, qui est, selon Jung, le paroxysme de l'acte sexuel en rêve !
Tu avoues que ton christ venait du ciel, il est donc au-dessus de nous et quelque soit son attitude envers les Pierre-Jacques-et-Jean et quoiqu'il les ait offert, il demeure un esprit au-dessus de nous dans une dimension supra-humaine. Ce n'est pas parce que les patrons viennent de plus bas que le ciel que cela donne de la hauteur à ce personnage que nous avons inventé pour éventer nos roitelets absurdes dans leurs accoutrements d'or et leurs sourires pepsodent !
Tu comprendras que je ne me prends pas à christ lui-même mais sa représentation en tant super-héros descendant d'un ciel limpide pour prêcher à de pauvres pêcheurs un message d'espoir tiré par les cheveux plein de contradictions où il se prend pour un humble alors qu'il se dit le roi !
Son exercice comptable affichait un immense bénéfice, celui des pains qu'il a multiplié et que la foule s'est empressée de s'accaparer pour revendre au centuple. Il y a aussi le bénéfice de l'eau qu'il a transformé en vin, meilleur rapport, avoues-le !
Que Vasella se prend pour un dieu-fric, nul doute mais cela ne fait qu'ajouter au problématique de ces gens qui se prennent pour des dieux et qui prétendent être plus hauts que nous les simples quidams mangeurs de boue, batifolant dans la poussière des bas-fonds du degré zéro. Que ce dieu s'appelle Vasella, Christ, être suprême ou autre ne change rien à l'affaire car il reste que nous sommes mis dans un monde où il y a un haut et un bas selon la considération qui est faite de nos personnes diverses, selon nos capacités fictives ou imaginées, selon le charisme que nous dégageons ou la personnalité que nous pouvons afficher. Le grave étant l'idée même de la suprématie que nous donnons à une instance qu'elle soit du ciel ou de la terre ou encore plus bas dans les strates fossilisées d'un monde hiérarchisé. Voilà mon combat - l'hiérarchisation des êtres, leur différentiation selon la qualité investie dans leurs personnalités surfaites !
Pour moi, ce christ participe à ce monde du pouvoir et du rapport de force et de ce fait, ses prêches ont contribué à renforcer le pouvoir d'une cour qui s'est attribuée le contrôle des êtres en les subjuguant à l'idée que le bien viendrait du haut et le mal du bas et que notre salut ne viendrait que par notre élévation vers ce haut inatteignable. Ce qui sous-entend que nous autres des bas-fonds sommes le summum du mal et que les dirigeants nés de haute extraction sont le bien, surtout s'ils s'offrent les paroles haute-atmosphériques cumulant le stratosphérique d'un divin souverain cirrique !
OH oui je ris de voir dans ce miroir ces dieux qui tout en s'affranchissant du réel, se vautrent dans la vile boue de nos quotidiens de rampants pour nous faire croire qu'ils sont à notre hauteur, celui des porcs engraissés pour le sacrifice ultime de notre dignité d'être humain sur l'autel des croyances usurpées !
Que valent les poissons et les verres offerts, même s'il y a abnégation dans le commandement, si cela vient du haut sinon la concrétisation de l'idée même d'un haut par rapport à un bas, c'est-à-dire, l'hiérarchisation suprême et totalitaire, fruit d'un concept de la vie vidé de ce sens qui ferait de nous des humains, des ÊTRES à l'opposé de ce "non-être" que j'honnis car étant contraire à notre matérialité et qui la culpabilise à l'extrême.
Voilà, la facture de la divinité ne pourra jamais être honorée car étant beaucoup trop chère, nos déficits seront colossaux et abyssales. D'ailleurs, je me demande si une bonne part de nos problèmes n'est pas justement cette dette que nous avons à payer à ces dieux que nous avons fabriqués pour transcender nos faiblesses conceptuelles et nos erreurs de jugement pour régner en maître !
Allé, amuses-toi bien avec ma prose iconoclaste, irrévérencieux et irrespectueux envers ce dieu auquel tu accords tant de pouvoir et en quel tu persistes à croire malgré les contradictions crasses dans lesquelles il te fourvoie...
Je crois que quelque part dans «Antimémoires», Malraux a dit: «Partout, en Inde aussi, notre âme se vide».
Personne ne peut être forcé à croire à l'existence de l'âme.
Mais c'est un fait: la réalité nous précède.
Autrefois, les hommes avaient souci de se lier à cette réalité.
Aujourd'hui, les hommes ne veulent fusionner qu'avec le travail et la "société".
Le retour du rapport au grand Étant - au monde - est improbable, il se fait lentement, ou ne se fera jamais.
La philosophie vibre de ce non-retour, mais souffre de cette absence - absence de la métaphysique ?
Certainement, Gorge, il peut être tentant de voir une autorité derrière Dieu. Mais si c'était le cas, j'arrêterais de croire... Dieu est pour moi un recours, un Ami, un consolateur.
Si tu veux... Dieu est pour moi celui à qui je peux recourir quand aucun homme ne m'a répondu - comme dans certains moments de détresse. Dieu est une personne bel et bien, mais qui se met à égalité avec moi.
Ho ho! Je te vois venir, Gorge! Le Pristoche s'empêtre dans maintes contradictions !
Et pourtant !
Je maintiens que si la pensée supprime l'objet du Divin, il ne lui reste plus que le monde et la finitude humaine comme horizon, et cela restreint son champ.
Je maintiens que l'homme est porté sur autre chose que le monde !
Et cet "autre chose" n'est pas une chose vide, n'est pas non plus une projection de lui sur le ciel.
Mais on en reparlera, très volontiers, Gorge !
Je pense qu'il s'agit d'une discussion animée.
On touche là à des choses essentielles.
On ne peut être ni pour ni contre Dieu: comme l'a dit Malraux, "personne n'échappe à Dieu".
Si le ciel - où vont les boeings et les charters jusqu'à 11'000 mètres - est vide, la transcendance de l'homme ne disparaît pas, puisqu'elle touche à l'invisible. Par exemple, un socialiste entièrement athée aura un rapport incroyable à la justice, ou à son idéal, tellement fort que c'est un rapport transcendant! Il veut transcender l'homme injuste dans quelque chose de meilleur.
C'est juste pour dire que si Dieu doit évoluer à côté de la rationalité de l'homme occidental, il nous vient chaque fois différent et si nous le remettons en question, nous le définissons selon l'actualité de la transcendance.
Et à bas le fascisme de la religion !
À bas les hauts et les bas !
Tu es libre de croire que dieu est quelqu'un, personne ne peut t'enlever cela. Tu peux même l'employer comme recours si tu te sens si seul et que personne ne te répond. Mais tu dois aussi comprendre que la détresse que tu ressens est plutôt imputable à des crises psychologiques et que le danger du recours à dieu t'éloigne de cette compréhension nécessaire de ta vie intérieure d'ailleurs aussi importante que tous les dieux réunis. Ce dieu qui devient un refuge peut aussi devenir ton geôlier et un tyran qui absorbera ta substantifique moelle et te laissera vide comme une coquille de huître après qu'on l'ait gobée !
Un dieu qui se mettrait à égalité avec moi cesserait qu'être dieu pour devenir un simple mortel, ce qu'il aurait dû toujours rester. Un dieu qui se mettrait à ma hauteur perdrait sa qualité de dieu, ce qui serait un comble pour un dieu. Dieu ne peut être amour parce qu'il serait obligé de devenir homme. Peut être que cela est le véritable message de Jésus, faire que l'homme se sépare enfin de l'emprise de dieu et trouve en lui-même l'essence de dieu. Peut être que nous trompons entièrement avec notre interprétation de la venue du christ, il s'agissait en fait de promouvoir la coupure de l'homme de sa dépendance à un dieu quelconque surtout animiste !
Je ne dis que pas que le matérialisme serait la seule réalité et que la transcendance une vue de l'esprit. Au contraire, je crois qu'il y a des forces qui parcourent l'univers dont nous ne connaissons rien, des matières inconnues telles la matière noire qui font intrinsèquement partie de nos atomes et que nos notions de dieu essaient d'expliquer ces forces mystérieuses mais de là a les donné le nom de dieu, il y a un pas que je m'efforce de ne pas franchir.
Pour moi le vrai danger de croire en un dieu est justement que cela concrétise notre séparation de cet univers et notre incapacité de se connecter avec ces forces qui l'unit. Nous traduisons cette séparation par la religion qui elle signifie au plus haut point notre aliénation alors qu'elle est censée nous relier à l'univers. L'autre danger est le pouvoir que les prêtres tirent de notre aliénation pour le contrôle des âmes en lesquelles je crois mais l'âme doit rester libre, aussi libre que les anges, que l'air, que la transcendance même.
La réalité n'a un sens que si elle est reliée à cet univers des forces sinon elle n'est que fantasmagorie où les tentatives de fusion apparaissent comme d'autant de coups désespérés censés nous donner l'impression d'une réalité concrète. La réalité liée à quelque fusion est trompeuse car le lien ainsi créé, censé être religieux, se retournera contre nous et nous entraînera dans une logique autodestructive du genre «serpent qui se mort la queue». Soit cette contradiction qui semble être ta marque de fabrique.
On touche là à des choses essentielles. Dès lors que l'on soit pour dieu ou contre Dieu, on n'échappe pas à "Dieu". Mais si l'on a la finitude humaine comme horizon, cela peut ouvrir son champ et on peut enfin échapper à cette logique du dieu créateur et trouver le vrai rapport transcendant où même un socialiste entièrement athée et son rapport sincère à la justice, ou à son idéal, trouve le véritable sens de la transcendance. La finitude humaine permet à l'homme injuste ayant perdu son âme de transcender vers quelque chose d'empathique et de solidaire alors que, paradoxalement, la religiosité accentue son amputation spirituelle, sa déchéance et sa dépendance.
Si les hommes ne veulent fusionner qu'avec le travail et la "société", c'est d'abord parce qu'ils veulent transcender cette aliénation faite de cette croyance en un dieu ou en tout autre être supérieur. Si les hommes investissent tant dans la rationalité, c'est parce que la religion les a privés de leurs possibilités d'action, soit de leurs capacités propres et de leurs moyens. Si les hommes recherchent tellement les rapports de forces et la domination, c'est parce qu'ils ont été privés de cette proximité avec eux-mêmes et ont dû relationner avec eux-mêmes à travers d'un système rigide de convenances où le jugement et la morale tiennent lieu de valeur et de guide suprême.
Et dieu là-dedans ?
Il est l'expression suprême de ce système, donc une invention humaine !
Dieu est entièrement contenu dans la logique contradictrice des pyramides et des cathédrales qui n'ont été que des inventions humaines mais utilisées pour le maintien des hommes dans les systèmes rigides du contrôle des masses et des esprits! Elles sont le summum et l'expression même de la contradiction !
Rompons avec dieu et rompons enfin avec cette logique de domination et de jugement !
Aidons les hommes a retrouvé leurs âmes mais par une démarche personnelle où la conscientisation de sa vie intérieure remplace enfin sa dépendance en toute chose hors de soi ou au-dessus de soi !
Voilà encore une réflexion propice pour cette réflexion sur dieu et son monde où les nuages nous apprennent plus sur nous-mêmes que tous les livres sacrées et les incantations névrosées des prêtres délités de leurs substances humaines !
Voici ce que je suis: un tissus de contradictions, rien qu'un tissus de contradictions !
Je tiens le miroir vers le ciel, et le Ciel se miroite de l'autre côté, et je dis: tant mieux !
Je vois la lumière briller, et je me dis: la lumière brille! Dieu aussi. Mais d'où surgit cette lumière qui brille aussi ?
Je fais un acte bon, et je félicite Jésus. Que je ne me suis-je félicité moi-même !
Je lis Gorge: après avoir brandi le bâton de l'évêque et la mitre du pape, je l'assure qu'il n'y a nulle autorité dans tout cela !
Je prends l'avion: voici que les nuages ne sont plus que les nuages, je vérifie que le ciel est ailleurs.
Je parle de Dieu: voici que je me mets à parler comme un humain.
Rien qu'un humain !
Un pauvre humain !
Un humain, qui projeta sa détresse vers le ciel, et voulut tout à la fois: questions et réponses.
La question, c'était lui: pourquoi? Pourquoi le mal? La réponse, c'était lui encore: parce que moi je ne l'ai pas voulu, fit le Dieu de service qui était apparu par-delà les nuages.
Il se dit combien il était navré d'Auschwitz. Mais cela non plus, il ne l'avait pas voulu. Empêtré dans ses contradictions, Dieu se mit à respecter le libre-arbitre des kapos et de ceux qui actionnaient les manettes des chambres à gaz.
Dieu vola maintes fois sur Birkenau: il ne s'arrêta à aucune porte, car c'était un Dieu impuissant.
Dieu créa ce monde et le laissa aller à sa ruine: c'était sa façon de ne plus intervenir dans sa propre Création.
«Après tout», se dit-il, «je n'ai été que le créateur! Le propriétaire n'est pas le locataire des lieux!»
Dieu se dit que toutes les prières qui venaient à lui étaient agréables. Même les plaintes et les cris de souffrance, mais les humains lui demandaient davantage: d'écouter leurs cris et leurs plaintes. Même, de supprimer la douleur.
«Comment supprimerai-je la douleur?» S'écria Dieu. «Je ne sais même pas comment elle est venue.»
On lui fit remarquer que ce monde était d'une grande application à se faire mal à lui-même. «Qu'il se tourne alors vers ma face!» s'écria le Dieu d'après Auschwitz. Mais l'homme continuait à gratter ses plaies.
«Pourtant je n'ai pas abandonné l'homme», s'écria Dieu, «Je me suis juste tenu à une distance invisible de lui. D'accord, je ne lui ai pas été d'une grande utilité dans la souffrance. Mais je suis moi-même dépassé par la souffrance et le mal.»
Voici que Dieu se mit à souffrir de l'existence de la souffrance dans sa belle Création.
C'était trop simple de l'attribuer au seul libre-arbitre de l'homme. Il n'avait à vrai dire pas prévu cela.
«Je suis le Créateur et point à la ligne! Après, que toutes choses se passent de ma divine intervention!» fit Dieu.
Et tous les humains qui se prenaient pour Dieu se mirent à abandonner leur prochain. Ils passèrent avec indifférence devant les pauvres. Ils se permirent de détourner les yeux de la souffrance humaine.
«Un Dieu qui détourne les yeux de la souffrance humaine», s'écria Parsvanatha. Voilà tout de même un grand Dieu d'amour. Ce sont pour des raisons majestueusement inexplicables qu'il laisse faire la souffrance et l'injustice. Il les condamne quand même mais ne les empêche pas. Lui, le Créateur, comment interviendrait-il une fois les lieux occupés? Il se contente pourtant de dire à distance: n'oubliez pas de faire du Bien. C'est juste une recommandation prudente une fois sur quatre, mais les hommes font tout ce qu'ils veulent et se détruisent copieusement.
Comment racheter cette souffrance? Dieu envoya le Christ. Le Christ à son tour souffrit sur la Croix.
«Qu'il est difficile», s'écria Dieu, «d'ôter aux hommes l'idée de l'injustice. Que n'ai-je créé avec ce monde, non point la justice, qui appelait sa petite soeur l'injustice, mais un monde sans justice ni injustice! Que n'ai-je empêché par avance la possibilité du mal? Que n'ai-je limité le libre-arbitre humain! Maintenant ils disent tous que mon amour consiste à les laisser-faire, mais mon Amour aurait été d'empêcher toute souffrance. Voilà comment Dieu, je suis obligé de me justifier !»
Cher Gorge, laissons-là nos délires métaphysiques !
Ces délires métaphysiques sont les tiennes et uniquement les tiennes, le "nous" n'est pas pertinent car je n'entretiens pas des délires métaphysiques mais des tentatives de comprendre ce monde et les raisons de notre déraison religieux !
Tu fais faire parler dieu pour te le rendre réel mais en fait, tu restes avec cette idée d'un bonhomme dans le ciel qui serait capable d'inventer le monde et sublimer tes souffrances.
Tu tiens le miroir vers le ciel, et ce n'est que ton propre reflet que tu vois car tu tiens le miroir tourné vers toi. Ce qui se miroite de l'autre côté n'est que le bleu azure de l'univers infini qui lui n'a aucun reflet vu sa grandeur et son étendue. Le dieu que tu crois voir dans le miroir du ciel n'est que les projections d'un égoïsme surfait ayant conquis toutes les échelles de l'orgueil humain et sert d'écran à une forfanterie fantasmagorique dont les pyramides ne sont que le pâle reflet et les cathédrales les réminiscences minérales au cœur de pierre.
Tu nous donnes la preuve qu'un dieu ne peut avoir d'existence réelle par le fait même qu'il n'a pas pu intervenir lorsque le mal a pris trop de place et si l'on croit qu'un dieu serait capable d'inventer le mal juste pour tester les hommes pour les bonifier, alors ce dieu ne serait qu'une notion humaine de plus qui nous amènera à la déchéance totale fortuitement décrite dans maintes écritures pondus par maintes prophètes en mal de prophéties et de revanches subconscientes !
Oui, tu as raison, laisses-là tes élucubrations métaphysiques et aides-nous plutôt à trouver l'aspect humain de notre réalité physique et matérielle car à trop vouloir tendre vers le ciel, nous nous noierons dans les miasmes d'un religiosité mal-conçue et mal à-propos !
Car quand même, tu n'as pas pu nous dire pourquoi les hommes font tout ce qu'ils veulent et se détruisent copieusement. Tu te contentes d'une affirmation de plus sans chercher plus loin, sans nous apporter la moindre amorce vers une compréhension d'un phénomène pour le moins inquiétant. Et ne viens pas me dire que c'est dieu qui l'a voulu !
OUI, en vérité, à trop vouloir creuser le ciel, nous avons perdu notre âme, foi de mécréant !
Quelle homérique empoignade sur la question de la "légitimité" de la foi et de Dieu !
Il faut croire que c'est un domaine qui vaut encore la peine d'être défendu pour qu'il soit difficile d'y toucher comme tu as tenté malencontreusement de le faire.
Il faut quand même dire qu'il y a eu des individus révolutionnaires qui ont agi au nom de leur foi: des saints qui ont fait des actions de rue, créé des écoles de rue, qui ont défié le Franquisme (Sainte Victoria Diez Bustos), qui ont défié l'hydre nazie (Franz Jaegerstätter en Autriche, Bonhoeffer en Allemagne).
Mon cher Gorge, en écoutant ta critique du christianisme par une pensée révolutionnaire, j'ai l'impression de lire une critique du gris- clair-foncé par le gris-foncé-clair !
Comme si un radical critiquait un UDC !
Comme si le Che critiquait Castro !
Comme si Lénine critiquait Trotski !
Comme si Haider critiquait Freysinger !
Comme si Vasella critiquait Oswald Grübel !
Comme si Benoît XVI critiquait Pie XII !
Mais cela est intéressant...
... Il faut suivre ce mouvement de notre évolution discursive et dialectique, et intégrer ce débat dans notre réflexion.
Bien que je t'avoue que je me suis souvent reconnu dans les interrogations d'agnostiques et d'athées, même si je ne pourrais jamais les suivre.
J'ai trouvé par hasard dans un magazine - et non mes livres - une citation de Nietzsche qui me plaît bien, et qui est la suivante :
«Ce n'est qu'après la mort de la religion que l'intervention du divin pourra reprendre toute sa luxuriance.»
Je ne sais d'où ils la tirent.
Voici qui tendrait à montrer que Nietzsche avait beau se définir comme croyant en l'Eternel retour, qu'il découvrit en août 1881 - à la veille de sa période la plus féconde - il en avait surtout contre la religion.
Ainsi il y a coïncidence entre l'anarchisme, qui se méfie du pouvoir religieux, et tout ce travail que Nietzsche a fait pour pourfendre la religion chrétienne.
C'est le Divin en tant que religion qui contient la figure d'autorité dont tu parles !
Le divin en tant que divin, mon cher Gorge, nul ne sait ce qu'il est. Peut-être se trouve-t-il par-delà la mort, peut-être n'est-il qu'en deçà. "Il y a" du divin, pour les chanceux qui l'attrapent, mais bien malin qui en fera tout un système et tout un système de pouvoir: le but n'était pas là.
Il ne s'agit pas de savoir si la religion comme autorité est légitime, puisque toute autorité est usurpée, mais il s'agit de se demander si, et pourquoi, le divin peut encore parler à l'âme humaine et à l'homme, et pour en faire quoi.
J'allais dire: il s'agit de voir jusqu'où va la transcendance humaine.
Elle traverse tous les miroirs !
Nous avons vraiment le don de donner des noms à des concepts puis s'écharper sur ces mots. Nous donnons le nom de divin à ce quelque chose que nul ne sait ce que c'est et puis nous nous guerroyons autour de la définition de ce mot. Qu'il y aurait des forces ou des matières hors de notre perception ou de notre compréhension, nul doute, mais lorsque nous mettons des noms sur ces entités, nous les transformons en objets matériels ce qui nous permet de les accaparer et d'en faire des instruments de pouvoir et d'autorité. Le divin n'est rien d'autre qu'une façon maladroite de décrire ce qui se passe en-dehors de nos champs de perception pour le ramener sous notre contrôle. Certes, cela pourrait exister mais lui donner un nom ce n'est pas pertinent et n'apporte rien quant à nos possibilités de transcendance qui, selon les enseignements bouddhistes, serait notre capacité de "voir" en tant qu'extralucide ce monde au-delà de nos perceptions. Lis donc Aldous Huxley et «Les portes de la perception» pour te faire une meilleure idée de ce que c'est la transcendance. Les chamans indiens qui utilisaient des drogues pour ouvrir nos yeux et nous faire voir l'immatériel, faisaient très attention de ne pas donner des noms à ce qui leur était révélé, ils se contentaient de décrire les images perçues et les associations d'idées relatives.
Les arabes au début non plus ne nommaient pas dieu, ils se contentaient de parler d'un "être suprême", d'une puissance cosmique, d'étoiles brillantes et de nébuleuses flamboyantes. Ce n'est qu'au moment où ils ont attribué un aspect "homme" à cette surpuissance qu'ils ont nommé Allah, qu'ils ont pu faire la guerre contre l'infidèle !
Je persiste à croire que si l'on attribue à ces instances des noms de dieu, nous préparons les champs de bataille et les guerres de religion. D'ailleurs, Nietzsche ne disait pas autre chose - méfions-nous des mots et des noms, soit la religion !
Restons-en à la transcendance de l'esprit sans lui donner le nom de divin et éveillons-nous aux révélations du cosmos, cela vaut mieux qu'une chapelle dorée où un dieu omniprésent pointe un doigt culpabilisateur sur nous tout en touchant de son autre doigt l'intimité des enfants !
Que te répondre avec justesse et de tout mon coeur ?
Tant de questions: si peu de réponses !
Malraux a mis en place un prométhéisme chrétien, ce qui était sa façon ambiguë de ne pas trancher entre tout attribuer à la volonté de puissance humaine, et s'en remettre à la beauté du Divin. Il a donné une part égale aux deux.
Je comprends, mon cher Gorge, ton désir de ne pas t'encombrer de Dieu pour rendre la réalité plus lisible !
Je comprends aussi que Nietzsche t'ait plu et convaincu. J'ai toujours beaucoup aimé "Zarathoustra", les "Fragments Posthumes", "Le Gai savoir", et tous ses textes.
En fait je ne suis pas seul auteur de ma détresse... Le mal subi amène de la détresse.
Ce que tu écris m'interroge, car je pense justement que Dieu fait partie de ce qui nous unit à cet univers.
Alors chacun le pense différemment. Certains pensent seulement "l'univers". Mais leur lien à l'univers est précisément le même que celui qui nous relie à Dieu !
Les prêtres, au jour d'aujourd'hui, n'ont strictement aucun pouvoir... Regarde à quel point les églises sont vides...
D'accord avec toi, que l'âme doit rester libre !
Ce que tu attribues à la finitude, je l'attribue à Dieu. Nous nommons d'autres noms des entités très comparables !
Cela dit, tu parles de religiosité: est-ce que la piété, ou la transcendance, appelleraient les mêmes commentaires de ta part ?
Je suis d'accord avec ce que tu dis de la finitude !
Ce que je pense, c'est qu'il y a encore le Divin au-delà de la finitude.
Mais c'est une question de vécu.
Si jamais tu n'as de ta vie rencontré quelque chose comme "le Divin" et toujours été face au monde, cher Gorge, qui t'en tiendra rigueur? Pas moi.
Je ne suis quand même pas d'accord avec ton affirmation que Dieu serait "l'expression suprême" d'un système de dominations et une pure "invention humaine".
Pourquoi ?
Les siècles précédents ont été plus riches en vécu spirituel. Notre époque est tout de même matérialiste, que ce soit le matérialisme libéral ou le matérialisme socialiste, tout est centré sur l'homme et la société. Or l'homme se sent seul dans ce monde, et abandonné des autres hommes. Et il ressent cette société comme oppressive. Qu'a-t-il gagné ?
Je te le répète: la pensée des Livres saints est d'une subtilité que tu ne peux pas réduire à l'expression d'une soumission à un chef. Tu ... Tu vois des chefs partout! Mais le Christ s'est voulu un Libérateur, pas un chef. Il n'a réduit personne en esclavage, il s'est même adressé aux grands chefs de son temps et les a défiés, il a amené le principe spirituel de l'amour qui est tout ce qu'il y a de plus démocratique !
Je trouve que tu confonds le pouvoir religieux, soit l'église comme système de pouvoir, avec le fait spirituel lui-même et la piété.
Au contraire... La piété peut être l'expression d'une grande liberté! D'une grande proximité avec soi-même !
En écrivant mes meilleurs poèmes, j'ai été "plus proche de Dieu que d'habitude"! Mes meilleurs! Pas proche de mon moi mais proche du "transcendant".
Un Bach signait ses partitions par un "A Dieu seul la Gloire", et cela n'a pas constitué une aliénation de son oeuvre !
Un Beethoven cherchait à rejoindre "la Divinité" et était hanté de la transcendance !
Un Rilke a interpellé les saints, les jeunes morts et les anges dans ses plus grands poèmes !
Un T.S. Eliot a essayé une poésie qui réconcilie la terre et le ciel dans une parole d'unité !
Et Hölderlin, nous n'en parlons même pas! Il a toujours attendu impatiemment les moindres signes du Divin !
Etaient-ils des êtres aliénés, ces créateurs à qui nous devons les plus belles oeuvres de la musique et de la poésie ?
Ont-ils abdiqué de leur moi pour un Dieu qui se conduirait en tyran avec eux ?
Le "tyran" me paraît humain, cher Gorge, mais pas Divin !
Ce qui est "divin", c'est le Consolateur et le Libérateur - donc aussi le Révolutionnaire.
Si personne n'est mûr pour faire la Révolution, c'est qu'elle appelle une transcendance de l'homme très haute.
Que Dieu soit dans les cathédrales, je te l'accorde. Mais pas dans les Pyramides! Encore une fois, il est difficile de parler des choses en ne s'y intéressant pas de près, va au texte des Ecritures Saintes, c'est plus intègre intellectuellement que de ramener des textes que tu ne lis pas à ce que tu veux en faire.
Je comprends que tu cherches une libération en rompant avec TOUTE forme de domination et d'idéologie.
Il reste à t'objecter que la religion et la foi n'ont rien d'une domination.
Il s'agit d'une relation d'amour avec le transcendant... D'un idéal, très social en plus... D'une intention de rendre l'homme meilleur... D'un regard plus large... En me relisant, je constate à quel point nous, croyants, somme stigmatisés et déjà d'emblée victimes de la farce intellectuelle que Dieu n'existe pas de toute façon et que nous accrocherions à des choses qui seraient des illusions. Réduire tout le sacré à cela,me semble irrespectueux d'une part de l'homme.
Pourquoi ne pas dire que l'humanité se divise en deux: ceux qui aiment le Sacré, et ceux qui veulent s'en débarrasser ?
Voici encore un mur... Pourtant le Sacré est présent chez tout le monde.
Mais pour parler de Dieu, la première chose qu'on aimerait dire, cher Gorge, c'est que :
- je n'ai aucune preuve que Dieu n'existe pas hors de moi et "au loin", dans le plus grand lointain.
- je n'ai aucune preuve que Dieu existe tout court.
Entre ces deux incertitudes aussi énormes l'une que l'autre, chacun se tient, avec sa foi et ses doutes.
De même, pourrait-on un jour répondre à cette question :
1. Dieu a-t-il créé le monde ?
2. Le monde s'est-il engendré lui-même ?
C'est pour dire, mon cher Gorge, que nous n'en savons strictement rien.
Le croyant n'est pas plus habilité scientifiquement à prétendre que Dieu existe, que l'athée à la certitude qu'il n'existe pas.
Donc tu situerais dans l'inconscient collectif et individuel tout ce que nous "projetterions" en Dieu.
Je réfléchis à ce que tu m'as dis: «tu nous donnes la preuve qu'un Dieu ne peut avoir d'existence réelle par le fait même qu'il n'a pas pu intervenir lorsque le mal a pris trop de place». Je dis juste que le mal est une mise à l'épreuve de la foi. Pour nous humains, il est inexplicable que Dieu le permette, car il nous révolte. Pourquoi Dieu s'est-il alors retiré de sa création comme le suggère Hans Jonas, en parlant d'un Dieu impuissant ?
Cela ne nous satisfait point.
En effet, nous postulons que par amour, Dieu devrait éviter la souffrance aux hommes...
Devrions-nous explorer «pourquoi les hommes font tout ce qu'ils veulent et se détruisent copieusement». Ce n'est pas Dieu qui l'a voulu! Mais de dire: c'est parce que les hommes ne suivent pas Dieu, cela ne te satisferait pas davantage. En fait... C'est parce qu'ils ne maîtrisent pas leurs forces inconscientes, parmi lesquelles leur peur.
Par peur, les hommes peuvent élire 62 conseillers nationaux UDC, amener un Hitler ou un Staline au pouvoir, dénoncer leur voisin ou leur parent au régime... «La peur rend méchant», disait Drewermann.
Il y a de quoi.
Mais au fond, que Dieu ait créé l'homme ou non, l'homme est là avec toute la violence qu'il y a en lui, et que tous les discours angéliques ont niée comme si l'on pouvait faire en sorte que cette violence primitive, cette destructivité n'existe pas.
Pourquoi pousse-t-on des innocents au suicide par des actes de harcèlement ?
Parce que des bourreaux ne peuvent pas faire autrement psychiquement et déversent tout leur mal sur des victimes.
Pourquoi a-t-on gazé des juifs ?
Réponse simple: parce que plein d'hommes se sont SCIEMMENT mis ensemble pour organiser leur gazage.
Pourquoi laisse-t-on le mendiant sur le bord du trottoir sans lui donner une pièce ?
Parce qu'il nous importune et qu'on préfère la plupart du temps ne pas s'en approcher, c'est l'attitude de base.
Pourquoi laisse-t-on faire du mal autour de nous ?
Non parce qu'on est d'accord, mais qu'il est plus commode de ne pas intervenir pour l'empêcher.
Creusons notre âme ou le ciel - mais le ciel ne se creuse pas - et rendons ce monde meilleur, d'abord pour nous-mêmes !
Chez toi, Gorge, ta foi dans l'univers est considérable, et je crois qu'elle revient à ce que j'aime en le Divin... Ce n'est qu'affaire de nom. Si tu voulais croire en Gorge, tu l'isolerais de ces "forces" et de cet "univers" et tu te mettais comme principe premier! C'est impossible. Plein d'idéaux et de principes cosmiques t'habitent aussi. Tu vois que nous aimons les mêmes réalités... Qui sont difficile à nommer...
C'est l'homme, Gorge, qui a fait du Divin un principe de jugement et de norme. Mais le Divin n'est qu'une PARTIE de l'être humain. Notre âme, si tu préfères. Rattache-la ou non à un Dieu: notre âme reste une part de nous distincte du corporel et de l'intellectuel.
Et tu sais, Gorge, il y a beaucoup d'amour et d'espoir dans la prière... Les croyants ne veulent pas d'une sujétion !
Nous sommes aussi insoumis que les anarchistes !
Mais tu nous décris la beauté des nuages...
Aucun livre en effet ne saura équivaloir le grand livre de ce que voient nos yeux !
Vivent les martinets, les nuages et les cyprès !
Et un avocat pour chaque réfugié et étranger, pas seulement pour les chiens et les chats !
Levons notre verre au grand mélange des peuples !
«Il est temps de tenter d'étudier ce que c'est la violence pour que la solidarité puisse enfin nous mener vers des théories sociales et politiques qui nous amènent quelque part et qui, surtout, ne nous mènent pas vers d'autres formes de domination telle le consumérisme et la consommation.
À quoi servent en effet tant de discours moralisateurs sur les valeurs, si la vraie violence n'est pas définie ?
Il y a en effet de nombreuses violences taboues.
La violence de l'exclusion est la plus importante aujourd'hui. Elle est invisible, mais elle est d'autant plus redoutable.
Or que font nos chefs qui devraient dénoncer cette violence? Est-ce qu'ils en parlent suffisamment ?
La violence qui est faite à quelqu'un qui est plongé au milieu de la non-intégration et jeté dans des espèces de ranchitos européens avec un salaire de l'Etat social en dessous du salaire minimum, n'est-elle pas une des violences que la société devrait combattre, donc que les politiciens devraient endiguer, au nom de leurs "valeurs" ?
Pour ce qui est de la violence du mobbing, rappelons que l'Allemagne et la Suède le punissent, et que la France dispose depuis 2002 si je ne fais erreur d'un article pénal concernant cette violence. Qu'en est-il en Suisse? On se met à la page, très lentement, depuis peu d'années, et on rattrape un retard social considérable. Il n'est que de lire les nombreux témoignages de mobbing cités notamment par la centrale suisse du mobbing, pour se rendre compte que dans la réalité du monde professionnel, les garde- fous sont vraiment insuffisants. Voici encore une incivilité grave - et très lourde de conséquences - contre laquelle nous serions appelés à lutter, et en priorité appelés à lutter les chefs des démocraties.
La surveillance vidéo ne va pas contrecarrer le mobbing! C'est une surveillance qui va dépister des phénomènes périphériques et anecdotiques. Ou bien on veut régler les problèmes, ou bien on ne les règle pas !
Il est bien d'autres violence, que l'État devrait combattre. La violence de l'exploitation de ceux qui travaillent dans des conditions insuffisantes et beaucoup trop dures, d'une dureté exagérée, et pourtant sont en plus payés en dessous du minimum vital. Voici une violence qui n'a rien à voir avec les "valeurs" et qui réclamerait toute la lucidité de l'intervention étatique !
Tu dis que "les incivilités" sont "une opposition sourde et une révolte déguisée contre ces valeurs dominantes et oppressantes". Je ne sais pas ce que tu comprenais dans ces "incivilités - sûrement pas le mobbing, qui est une problématique privée et purement psychique de la part du harceleur qui a une configuration psychique bizarre où l'autre n'existe pas comme autre. Tu voulais parler, je pense, de la violence des jeunes.
La violence d'aujourd'hui consiste à pousser hors de l'intégration et à jeter dans la misère autrui. C'est la violence que l'on voit dans tous les licenciements collectifs. C'est la violence du mobbing. Après, il faut se demander: quel est l'Auschwitz du néolibéralisme ?
Est-il par exemple un Auschwitz très bon marché, soit l'ensemble des appartements où tous les mobbés et tous les chômeurs peuvent rester chez eux, souffrir loin de la place publique, faire des recherches d'emplois loin de la place publique? C'est pourtant un Auschwitz qui n'est pas un lieu circonscrit comme tel: il y a "des malheureux" un peu partout, clairsemés dans l'espace des habitations, et on ne les voit pas. Ils se terrent chez eux. Ils n'osent dire ce qu'ils vivent. C'est donc un Auschwitz invisible, ou souhaité invisible. Il n'y a donc pas d'espace d'exclusion défini comme tel et géré par la société, mais la distance entre le lieu de travail et le domicile de la personne exclue, est conçue pour être égale à la distance entre l'Allemand du Troisième Reich et le déporté du camp de concentration. C'est la même distance. On a transformé la distance entre le monde professionnel et le monde de l'exclusion en un abîme. Voici le dernier des Apartheids: la fracture entre chômeurs et travailleurs.
Il est inutile de la minimiser en se contentant de la nommer "fracture sociale". C'est bien pire que cela. Il y a un dessein purement machiavélique et irresponsable des idéologues néolibéraux de ne pas confier l'ensemble du capital et l'ensemble du travail à l'ensemble des citoyens. De là, résulte une exclusion dans un goulag actuel.
Du fait que ce goulag est peu défini dans ses contours, il passe pour invisible. On dit: "Ce n'est rien, il (ou elle) retrouvera bientôt du travail", et une nouvelle fiction idéologique se répand à travers les lieux communs du style: "Aujourd'hui on ne reste plus cent ans dans le même emploi", ou bien "qui cherche trouve", ou encore: "On finit toujours par trouver". Comme si cette violence consistant à jeter hors du salariat tant de gens, pouvait être déniée et vue de façon rassurante !
Au contraire, il faut interroger la violence (collective, comme toute violence à l'âge moderne) de l'exclusion à grande échelle.
Des "valeurs" ne peuvent le faire.
Ce qui pourra y parvenir, c'est un regard détaché et non jugeant porté sur la violence elle-même.
Un regard libre et critique tout à la fois qui essaie de cerner la réalité et l'actualité de cette violence, de ce mal politique.
Le mal politique est souvent la cause de bien d'autres malheurs plus petits.
Malheur et valeur sont très euphoniques !
La solidarité
Si la solidarité n'est pas une valeur, elle est un idéal. Ou alors, il faut postuler et définir une solidarité originaire.
Est-ce que la solidarité est présente dès les débuts de la société à l'état sauvage, ou bien est-ce qu'elle est un idéal difficile pour lequel les masses et les enfants devraient être tout particulièrement éduqués ?
Existe-t-il une "solidarité naturelle" ?
La solidarité ne serait-elle pas l'importance qu'on donne aux liens humains? Tu as raison de dire qu'elle n'est ni quantifiable ni mesurable. Elle "est". Cet être-à-l'origine tient au fait que la solidarité signifie la vie en commun. Du moment que des hommes ont besoin les uns des autres et s'associent pour se protéger, ils s'entraident aussi et la solidarité en tant que telle fait partie de tout contrat communautaire ou social.
La solidarité me semble presque plus naturelle que la solitude. Je m'explique. Il y a plus de pays dans le monde où les Hommes sont à compter les uns sur les autres, que de pays où l'on peut se payer le luxe d'habiter tout seul. Les célibataires riches du monde européen ne sont pas aussi nombreux que les familles vivant sous le même toit !
Les veufs et veuves européens, les mères seules au foyer, sont par contre un problème social vivant !
La solidarité est plutôt un "courant d'énergie communautaire".
Une force qui assemble. Une chaleur humaine qui est sensée consolider le groupe et la société.
Elle est toujours d'ores et déjà présente, mais à différentes époques de l'histoire, elle peut être plus ou moins intense, plus ou moins impliquée.
Tu me demandes: pourquoi les relations sociales sont si mauvaises. Pourquoi cette société serait sans solidarité.
Je préfère dire: la solidarité est particulièrement affaiblie aujourd'hui.
Je pense que l'idéologie libérale, qui a formaté les humains, a surdéveloppé la sphère individuelle. Donc les humains passent beaucoup trop de temps tout seuls, à poursuivre leurs lubies personnelles, et pas assez de temps ensemble. La "vie ensemble" est devenue foncièrement ennuyeuse. Chacun préfère courir à ses propres lubies !
Est-ce que la vie solidaire impliquait des sacrifices? Je ne pense pas. Elle n'impliquait rien du tout, mais je la vois comme ayant été là à l'origine.
La solidarité suppose qu'on ait besoin les uns des autres, pas qu'on veuille compatir envers le sort de quelqu'un. Si un homme aujourd'hui a assez d'argent, il suppose ne plus avoir besoin de compter sur un autre que son employeur. Donc la relation de besoin les uns des autres, forte dans la famille, sur cette terre, a été remplacée par la relation contractuelle entre l'employeur qui assure la prospérité de l'employé, et l'employé, qui assure par son travail la prospérité de l'entreprise. Mais cela ne tient pas.
En effet, du moment qu'il y a forte exclusion, comme je me me suis épuisé à le redire depuis le début de ce courriel, il faut alors constater que la solidarité doit être assurée par d'autres principes que simplement l'argent. L'Etat revient au grand galop comme garant de ce que personne ne tombe dans l'indigence, et concrètement la famille est mobilisée de façon importante pour que l'on ait un soutien des proches qui sont sans travail rémunéré.
Mais la solidarité ne saurait s'arrêter à la solidarité financière.
Ce qui suppose que dans son essence, en tant que solidarité originaire, la solidarité était simplement le fait de compter les uns sur les autres et de se soutenir les uns les autres, qu'il y ait ou non dépendance.
Ainsi l'on peut très bien se montrer solidaire de quelqu'un par pur élan, sans qu'il y ait besoin de lui donner de l'argent. C'est dire si la solidarité est avant tout un principe humain qui signifie: on est encore une communauté.
Donc cela voudrait dire que la perte de la solidarité, c'est la perte de la communauté.
S'il ne reste plus qu'un État social que nos amis radicaux veulent encore mutiler, et plus que la famille et encore quand elle est là,
C'est dire que la seule relation employeurs- employés ne peut pas tenir lieu de solidarité.
Voilà pourquoi la solidarité manque dans nos sociétés. On ne compte plus suffisamment sur elle, et on ne se rend plus compte qu'on a besoin de la solidarité. On pense que le système capitaliste a résolu tous les besoins de l'homme, alors que la solidarité à elle seule résoudrait tous les besoins humains.
On a désarticulé toutes les autres solidarités qui existaient...
La solidarité familiale, la solidarité villageoise, la solidarité entre amis, la solidarité générale, la solidarité étatique...
Pourquoi est-ce ainsi ?
En partie parce qu'on a surévalué la capacité du capitalisme à subvenir aux besoins des hommes.
Le capitalisme, osons le dire, ne subvient qu'aux besoins des patrons et des riches! Il faut donc un système, ou alors un retour de la vraie solidarité originaire, qui subvienne aux besoins de tous !
D'autre part, mon cher Gorge, je noterai la chose suivante: historiquement, la consommation est venue bien après la solidarité.
Tu me demandes comment l'homme sortira du consumérisme.
Je pense que j'ai mal posé le problème: il faudrait dire «comment l'homme retrouvera une plus grande proximité des uns avec les autres».
Comment? Oui, comment ?
Est-ce que ce sera par la force de la fatalité ?
Si nous redevenons tous plus pauvres, nous devrons de nouveau compter les uns sur les autres ?
Mais j'ai essayé de dire que la solidarité ne revenait pas à compter les uns sur les autres uniquement.
Par quelle prise de conscience ?
Je dirais - à toi de joindre d'autres hypothèses à celle-ci: posons le mythe que l'homme se sentira de plus en plus extrêmement seul. Il se rendra compte qu'entouré de ses objets et de son aisance, il est malheureux parce qu'il passe trop peu de temps avec les autres. C'est un mythe auquel je veux m'accrocher. Mais ce n'est pas le seul.
L'homme ne sortira pas du consumérisme: c'est la solidarité qui reviendra et étouffera l'importance surévaluée du consumérisme.
Il faudrait pour cela que les liens professionnels soient moins importants aussi, et que les liens amicaux, associationnels, familiaux, villageois, vicinaux, soient "ré-estimés" à leur juste importance et rendus aussi importants que les liens professionnel. Je crois tenir une explication: le lien professionnel a pris trop de place, le patron ne peut être le garant de la solidarité, ni l'État en tant qu'employeur, ni l'argent en tant que lien donnant de quoi subsister - aux riches et au capital, hélas, pas à la communauté des humains.
La solidarité est mise à mal par le fait que de plus en plus, les hommes vivent seuls dans les sociétés européennes, bien plus seuls que dans le reste du monde. Ce déséquilibre devra être tôt ou tard l'objet d'une prise de conscience "spontanée" que nous devons vivre, non plus "chacun pour soi", mais tous les uns avec les autres. Pour cela, il faudra que les exigences professionnelles baissent, car leur élévation hypocrite ne sert qu'à diviser pour régner, ne sert qu'à fabriquer des êtres humains qui vivent tout le temps seuls. Leur élévation exagérée est un moyen de rendre l'intégration par le travail seule réalité sociale, alors qu'il y a d'autres façon d'intégrer les hommes - et nous devons valoriser de nouveau ces autres cadres d'intégration, le syndicat, la famille, la communauté, l'association, les amis.
Cette sortie du consumérisme se fera simplement par une rupture de l'élastique social qui a trop été tendu dans le sens de l'atomisation et de la non-solidarité. Les gens n'en pourront plus de passer autant de temps dans leur voiture, leur bureau et leur lit, ils auront soif d'autres vies. Ils auront soif de contacts, puisque les relations humaines c'est la vie. La soif de solidarité ne peut être impunément étouffée.
Ce qui se trouve en chaque homme et qui le tourne vers l'avoir, qu'est-ce donc ?
Voilà une question très difficile, mon cher Gorge. Est-ce la peur de la mort et de la pauvreté inhérente à chaque existence ?
Pourtant nous parlons toi et moi de "soif effrénée" de l'avoir. Qu'est-ce que cela? Tu dis: retrouver la quiétude foetale. Sans doute est-ce une vision de la société comme "société-pour-mon-confort", et non comme la société des liens solidaires entre les humains interdépendants et même solidaires sans nécessité. Les hommes sûrement préfèrent l'oubli. Si quelqu'un va voir une prostituée, c'est pour oublier. Si des hommes riches peuvent se payer durant un soir entier des filles pour le prix de quatre mois de loyer au minimum pour des citoyens de la classe moyenne, c'est qu'il compte sur la consommation pour oublier. Mais oublier quoi ?
L'ère contemporaine est l'ère de la fuite.
L'humilité d'un salaire durement gagné et point gonflé de façon infantile et mégalomane comme celui des managers et des patrons de très grandes entreprises, cette humilité a la couleur évidente d'une forte réalité existentielle: la finitude.
Les hommes d'aujourd'hui vivent-ils donc de l'illusion de pouvoir échapper à la finitude dans un infini matériel ?
Autrefois, les hommes y échappaient par la prière, dans un infini spirituel - qui valait ce qu'il valait, mais sûrement bien plus et bien mieux que la possession infinie. Car "infini" et "possession" ne se marient pas: l'infini excède le monde matériel, la possession est par essence finie. Nous avons tous: un logis, un lit, une table pour manger, un frigidaire, une armoire à chaussures, un vélo ou une voiture, un bureau, peut-être un ordinateur, tout cela est profondément limité. Il n'y a pas de quoi introduire la variable de l'infini, dans les biens matériels, les ustensiles nécessaires à ma subsistance. Il n'est pas besoin de vivre dans le château de Madonna ou de Mobutu pour me sentir chez moi dans ma demeure, pour "habiter" au sens philosophique.
C'est donc une soif de "toujours plus" tournée erronément vers le matériel. Parce qu'on a déserté le spirituel, qui est le seul plan où la soif d'infini peut trouver pour se déployer un champ infini.
Mais dire, mon cher Gorge: nul ne peut consommer de manière infinie, ou bien parler de salaire maximum, c'est heurter une illusion collective sur laquelle l'illusion libérale matérialiste a façonné bien des humains.
Comme l'infini se trouve :
a) dans l'infini de l'idée, qui est utile à TOUTE la société
b) dans l'infini spirituel, qui accueille toute prière et toute soif d'absolu
c) dans l'infini humain, qui suppose les contacts entre hommes et une belle solidarité
Le chemin à faire sera de voir que l'infini ne peut être introjecté dans le matériel, et qu'il faut nécessairement rendre ce qui est à sa vraie nature. À l'idée, au projet humain, au Sacré et à la relation humaine l'infini: au matériel la finitude - comme au temps physique.
Il y a en plus là-dedans, puisque tu parles de "quiétude utérine", une négation du temps qui passe.
Oui, le consumérisme ne veut pas voir l'homme qui vieillit et la vieillesse. Il ne veut surtout pas voir la mort. D'où sa surabondance de corps de jeunes filles photographiées, d'où son obsession irrationnelle d'engager des jeunes candidats, d'où sa crainte devant la précarité - qu'il crée pourtant, car toute vue de la finitude lui est insupportable.
état de la discussion au 07 Mars 2010
Des citations de Erich Fromm tiré de son livre «Société aliénée et société saine : du capitalisme au socialisme humaniste»
«Societies have lives of their own; they are based on the existence of certain productive forces, geographical and climatic conditions, techniques of production,ideas and values, and a certain type of human character that develops under these conditions. They are organized in such a way that they tend to continue existing in the particular form to which they have adapted themselves...»
«Usually, men in each society believe that the mode in which they exist is natural and inevitable. They hardly see any other possibilities and, in fact, they tend to believe that a basic change in their own mode of existence would lead to chaos and destruction. They are seriously convinced that their way is right, sanctioned by the gods or by the laws of human nature, and that the only alternative to the continuation of the particular form in which they exist is destruction. This belief is not simply the result of indoctrination; it is rooted in the affective part of man, in his character structure, which is molded by all social and cultural arrangements so that man wants to do what he has to do, so that his energy is channeled in such a way as to serve the particular function he has to fulfill as a useful member of a given society.»
Erich Fromm
Rapport fédéral sur - la Violence des jeunes
Cultures & Conflits - A propos de la violence et des jeunes
Rapport du Conseil fédéral - Les jeunes et la violence
Wikipedia - Violence urbaine
Erich Fromm - la psychologie humaniste et sociale
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