Depuis les révoltes sociales de la décade 1960 et son printemps contestataire de mai‘68, nous avons à maintes reprises proposé des alternatives à l'éducation victorienne et calviniste en cherchant à mettre l'individu au centre du processus éducatif.
Par des remises en question salutaires, nous espérions changer la société. Toutes nos idées ont été combattues avec la plus grande énergie par nos dirigeants "éclairés" mais, fait singulier, elles ont été quand même récupérées et formatées pour les faire rentrer dans la norme sociale consommatrice. En effet, tous les moyens médiatiques à leur disposition ont été utilisés jusqu'à l'écœurement pour mettre les parents sous pression et transformer les individus en "consommateurs" en faisant de la compétitivité le moteur principal de la société en réduisant les liens à ceux de la compétition.
Respecter son enfant, c'est aussi ne pas lui céder. Face à des parents dont l'autorité est inhibée par l'angoisse de mal faire, la psychanalyste Etty Buzyn – et quelques autres – rappelle la nécessité de l'interdiction.
«La voiture que les enfants conseillent à leurs parents». Sympa, ce slogan, non? En termes d'efficacité commerciale, peut-être. Mais pour Etty Buzyn, pas tellement. La psychanalyste française y voit l'une des nombreuses manifestations actuelles du fameux enfant roi, «ce tout jeune monarque choyé et adulé des adultes qui n'osent pas contrarier ses exigences de peur de lui déplaire».*
À peine sorti des couches – et parfois avant! – le voilà qui donne son avis, comme autant d'injonctions, à propos de l'heure du coucher, de la grandeur de l'écran plat, de la douche plutôt que du bain ou des frites bien meilleures que les haricots. Pour avoir oublié «qu'aimer ne signifie pas céder», des cohortes de parents déboussolés n'arrivent plus à gérer leur progéniture et atterrissent dans le cabinet d'Etty Buzyn.
Faire appel à un coach parental
D'autres s'en remettent au conseil d'un coach parental dont l'émission TV Super Nanny représente le modèle ultime. Chignon strict et lunettes d'institutrice, la super-nounou a fasciné toute la francophonie en "sauvant" par ses conseils – souvent de simple bon sens – des familles au bord de la crise de nerfs. En même temps que près de 5 millions de téléspectateurs en moyenne oscillaient entre la satisfaction de voir des parents reprendre l'ascendant sur leurs petits monstres chéris et le soulagement de constater qu'il y avait "pire ailleurs".
D'où la question posée par la thérapeute: «Si l'enfant est devenu, fort heureusement, un individu à part entière que l'on doit s'efforcer de mieux écouter, comprendre et respecter, n'en fait-on pas trop ?» Il ne s'agit pas de revenir au temps béni de l'obéissance muette, de «cette soumission aveugle à un autoritarisme qui ne respecte pas l'enfant, mais l'écrase et le pousse à la révolte». Ce dernier a été mis au rang des archaïsmes dans nos sociétés. Qu'il y reste !
Le problème, c'est que, dans le même temps, toute idée d'obéissance est devenue «suspecte, semblable à un carcan totalement contraire à l'idée d'épanouissement». Or, rappelle Etty Buzyn, soumission et obéissance n'appartiennent pas au même registre. «L'obéissance est le respect d'une autorité bien assumée, clairement énoncée par l'adulte pour être adaptée aux besoins de l'enfant, et qui prend sens pour ce dernier: celui d'être protégé, y compris dans sa liberté.»
En ce sens, les parents agissent comme des "passeurs de lois" avec lesquelles l'enfant peut ne pas être d'accord. Mais il doit les respecter comme des obligations formant «les repères de notre société, afin qu'il soit possible de vivre ensemble». La psychanalyste se penche en particulier sur la raison qui pousse certains parents à ne plus assumer leur rôle éducatif. C'est d'abord que cette mission comporte des "enjeux parfois écrasants", d'autant plus qu'ils travaillent et sont donc de moins en moins présents. Assez logiquement, ils cherchent à éviter le conflit avec leur enfant dans le peu de temps qu'ils passent avec lui.
Ces peurs qui paralysent
Épanouissement, réussite scolaire: de nombreux parents se disent angoissés face à l'avenir de leur enfant (peur "pour" l'enfant) en même temps qu'ils craignent son "désamour" s'ils contrarient le moindre de ses désirs (peur "de" l'enfant). Dans la réalité, explique la thérapeute, ils ont avant tout peur d'eux-mêmes. Ils craignent de mal faire, «de ne pas savoir s'y prendre, de commettre des erreurs, de ne pas trouver les bonnes réponses». D'où le conseil primordial aux pères et mères de «reprendre confiance en eux.» Et qu'au lieu d'être facteurs de blocages, les angoisses bien naturelles de la parenté redeviennent ce qu'elles devraient rester, des "moteurs " qui maintiennent en alerte pour «accomplir cette tâche au mieux des possibilités de chacun».
En pratique...
Avec Etty Buzyn, mais aussi avec le pédopsychiatre Aldo Naouri, qui plaide également pour un retour de l'autorité (notamment dans son dernier best-seller "Éduquer ses enfants: l'urgence aujourd'hui", 2008), quelques conseils à la "super nanny" :
> Mon enfant ne sait pas qu'il ne faut pas toucher la plaque chaude ou mettre le doigt dans une prise électrique, c'est au parent de le lui apprendre.
> Aimer et respecter l'enfant ne signifie pas se mettre à son niveau, ce qu'Aldo Naouri appelle "l'horizontalité". Au contraire. On se retrouve sinon dans la situation du bambin qui décide de la composition du repas ou de l'heure du coucher.
> Si le parent a pour mission d'éduquer, l'enfant a pour "profession" de transgresser. Mais il ne désire pas pour autant dominer et régner en maître. Rien ne serait pour lui plus angoissant. C'est ce que les pédopsychiatres appellent "l'importance structurante de l'autorité" et donc, le cas échéant, de la sanction.
> Communiquer. «L'homme est un être de parole», aimait à rappeler Françoise Dolto, celle par qui le bébé est devenu une personne. Le meilleur des outils éducatifs (et la plus belle preuve d'amour) est encore de lui parler, d'échanger avec lui, d'être «sincère dans une écoute attentive et réciproque», ajoute Etty Buzyn.
> Point plus polémique, porté par Aldo Naouri mais combattu par certains de ses confrères ou consœurs: le père, dépossédé de son rôle exclusif pour se muer en "seconde mère", a désormais pour mission de ramener la mère vers sa féminité afin que cette dernière ne «sombre pas dans le gouffre de la maternité».
© TEXTE PIERRE LÉDERREY / PHOTO GETTYIMAGES
*«Je t'aime donc je ne céderai pas», Etty Buzyn, Ed. Albin Michel
Monsieur le Rédacteur,
Et encore et de nouveau, vous avez publié un article concernant l'éducation où, comme une litanie, vous cherchez à prouver que la cause des problèmes des enfants dites "difficiles" serait les parents dites "laxistes". Outre le fait qu'aucune étude sérieuse ne le prouve, il semblerait qu'au contraire, les enfants les plus difficiles proviennent de foyers où l'éducation "sévère" est la pratique quotidienne. Pour confirmer cette thèse, je me suis permis de faire des observations des comportements des familles en commission dans vos magasins MM et MMM et j'ai pu arriver à des conclusions diamétralement opposées à ceux que vous mettez en avant dans vos lignes consacrées à ce problème.
Les allées des MM et des MMM nous permettent d'observer les comportements familiaux dans toutes leurs diversités :
Il est temps de revoir les fondamentaux de la psychologie et de ne plus croire à ces croyances qui veulent que les enfants impossibles, ce soit la faute de parents laxistes !
Je désire rectifier auprès du grand public l'image par trop négative des parents laxistes que vous contribuez à entretenir avec des articles de ce genre...
En vous remerciant de vos tentatives de mieux nous faire comprendre la psychologie de l'enfance, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Georges Tafelmacher,
PULLY
Un vaste débat mobilise l'Allemagne depuis plusieurs mois (Die Zeit du 5 mars 1993, notamment): et si nombre des problèmes qui assaillent les jeunes Allemands – mal-être chronique, recrudescence de la violence – n'étaient pas issus d'une dérive de l'éducation scolaire? Les principes libertaires nés de la révolte soixante-huitarde n'auraient-ils pas inoculé un virus destructeur dans le système éducatif traditionnel? Et si la liberté, cette liberté que nous chérissons tous, n'avait pas dégénéré en un désastreux "laisser faire", antichambre d'un chaos angoissant ?
Il est vrai qu'une refonte de l'instruction publique dans un sens moins contraignant, plus souple, plus adapté aux spécificités de chacun, ne manquait pas de charme. Enterré, l'autoritarisme à Papa; vive la liberté émancipatrice! Dans cette recherche d'un développement le plus harmonieux possible pour l'enfant, le recours à une liberté totale paraissait un passage obligé, le sésame vers la fabrication d'un homme nouveau, débarrassé de ses pulsions petites-bourgeoises. N'était-ce pas injuste de brimer ces petits êtres, encore vierges des miasmes de la société, dans un carcan étouffant? "L'Emile" de Rousseau connaissait une deuxième jeunesse...
Hélas, ce discours a fini par gangrener la société occidentale au-delà du concevable. La permissivité que s'est installée un peu partout a débouché sur un rejet profond de toute forme d'autorité, a créé une génération, peut-être lavée de certains tics du passé, mais surtout déboussolée, errante, où l'altruisme et le respect d'autrui n'ont plus beaucoup droit de cité. Les conséquences s'étalent sous nos yeux... et à la une des journaux: l'égoïsme ne cesse de croître, et s'accompagne parfois d'une violence sourde, contre soi ou contre les autres, notamment contre les étrangers. La quête d'un juste milieu devenait décidément urgente !
Les Allemands, hypersensibles à toute résurgence de la haine xénophobe, commencent à s'inquiéter sérieusement: et si l'angélisme défendu par certains maîtres ne se transformait pas, chez les élèves, en une suite de désillusions, avec la violence à la clé? Mais ce débat nous interpelle nous aussi, où le mal gagne du terrain. La vie n'est pas l'exutoire d'une liberté sans contrôle. La rigueur et la raison sont nécessaires pour s'accomplir; et ces deux vertus peuvent s'apprendre à l'école, mais pas dans le laxisme. Une école plus stricte soutiendrait également davantage les parents dans leurs efforts éducatifs. L'école doit préparer les enfants à affronter les duretés de l'existence, pas à sombrer sous la pression de leurs envies aussi passagères que dûment entretenues par certains éducateurs...
Olivier Meuwly, Pully
© Le Journal de Pully
Autres pages : Historien
<< N'importe quel éducateur vous le dira, un môme, ça a besoin de limites, de cadrage... Quelques mots bien sentis ou à la rigueur une bonne fessée en privé n'ont jamais traumatisé personne...>>
La sempiternelle discussion sur la valeur éducative de la Fessée refait surface chaque fois qu'un adulte bien-pensant et sûr de lui est confronté à l'opposition enfantine et à la violence juvénile ou déstabilisé par l'impertinence des jeunes et leurs révoltes larvées.
Mais à aucun moment est posée la question centrale du pourquoi et du comment de ces comportements soi-disant "mauvais et punissables" et de l'implication de l'adulte "formateur" dans l'escalade conflictuelle qui mène à la Fessée.
Les conséquences tangibles de l'éducation par la correction physique qu'a reçu nos prédécesseurs, sont, rien qu'en ce siècle, deux guerres mondiales, ces boucheries révoltantes. À une époque où pour réprimer des mauvais penchants on montrait sa force en brandissant la verge, l'escalade de la violence était inévitable et l'état de guerre et sa destruction totale avéré. Là où les coups et la force primaient, les crimes de sang étaient plus fréquents.
En analysant de près le problème de la violence dans cette société, de sérieux doutes peuvent être soulever quant-à la réelle efficacité éducative de cette forme d'élevage. Des statistiques compilées par un groupe universitaire d'étude des prisons américaines montrent que 85% des délinquants emprisonnés pour actes de violence ont reçu des coups par leurs éducateurs pendant leurs jeunesses. Selon une autre étude gouvernementale américaine, commandée à la suite des fusillades dans ses écoles, les statistiques montrent que les États dans lesquels la correction physique est régulièrement appliquée, les taux de violence sont aussi les plus élevés.
D'aucuns voient une montée de la violence dans nos sociétés actuelles mais la réalité démontre qu'en général là où l'éducation respectueuse de l'enfant a été instaurée, la violence a tendance à baisser. Les situations dégénérées qui sont dénoncées et épinglées par les masses médias, sont le résultat de répressions psychologiques, de menées traumatisantes et de contrôles totalitaires de l'enfant par les pouvoirs hégémoniques des parents. En plus, il y a toujours des opportunistes qui récupèrent les situations de contestation et de malaise juvénile pour justifier le recourt à la baffe, à la reprise en main forte, au maintient policé de l'ordre. Malgré les apparences, il y a beaucoup plus de parents "fesseurs" que de parents laxistes. La grande majorité des gens continuent à punir les prétendus manquements de leurs gosses en donnant des tapes, baffes, gifles et fessées. Rien ne dit que ce serait le laxisme et la permissivité qui entraîne la violence, les rackets et les déprédations.
Que la morale publique recommande l'usage du châtiment est une raison de plus pour s'en méfier lorsqu'elle se mêle de comportement et pour se poser la question de la responsabilité de ces moralisations manichéennes dans l'escalade de la violence! La fessée est un moyen totalement moyenâgeux d'éducation et le recourt à ce type de punition est toujours signe d'une grave dégradation dans les relations entre les adultes et leurs enfants. Par la fessée, l'adulte s'abaisse à la violence et entraîne l'enfant dans le refoulement et la tristesse, le rendant d'autant plus victime. L'escalade des mauvais sentiments et des comportements réfractaires est inévitable. D'ailleurs, en ces temps de violence biscornue et de dangereux maniaques, venir parler de "fessées" par rapport à l'éducation des enfants, est un très mauvais exemple pour eux. Cela ne les apprend que la haine de l'adulte.
Que la bible recommande l'usage de la verge est une raison de plus pour se méfier de la religion lorsqu'elle se mêle de morale et de comportement et pour se poser la question de la responsabilité de ces moralisations manichéennes dans l'escalade de la violence! Mais la bible dit aussi: «si on te gifle la joue droite, donne la joue gauche...». La verge est un moyen totalement moyenâgeux d'éducation et le recourt à ce type de punition est toujours signe d'une grave dégradation dans les relations entre les adultes et leurs enfants. Par la baffe, l'adulte s'abaisse à la violence et entraîne l'enfant dans le refoulement et la tristesse, le rendant d'autant plus victime. L'escalade des mauvais sentiments et des comportements réfractaires est inévitable. D'ailleurs, en ces temps de sexualité biscornue et de dangereux pédophobes, venir parler de "verge" par rapport à l'éducation des enfants, est bizarre et en tout cas, maladroit.
Je connais des braves parents pour qui la fessée est un moyen d'éducation, ils veulent que leurs enfants deviennent des gens bien, vénérant le travail. Ils se débattent à présent avec des jeunes adultes bornés, réfractaires, paresseux et lâches. Leurs seules réactions sont de regretter de ne pas avoir donné des fessées plus dures lorsque leurs enfants étaient encore petits et ils sont complètement inconscients du fait que ces jeunes sont le résultat de leurs impératifs catégoriques et de leurs manières fortes. Ils ont oublié qu'il n'y a que quatre principes qui devraient présider nos relations avec les enfants :
Georges Tafelmacher
Parent de deux jeunes qui s'assument
Pully, le 15 Sept. 2000
Mme. Valéie Koffi,
Concerne : ma lettre à Construire N°37, 12-09-2000
Madame,
Après les lettres d'insultes et de menaces reçues suite à mes prises de position quant-au problème de la correction physique, votre lettre m'est venue comme un baume au cœur et je vous en remercie, chaleureusement. Mon article semble avoir réveiller des réactions pathologiques chez tous les névrosés du pays et les adorateurs d'un dieu sadique semblent s'être donnés le mot pour avoir ma peau.
Nous voici réunis le temps d'une apparition dans le courrier des lecteurs du "Construire n° 37" autour du thème de la fessée. Ce sujet me tient à cœur car je suis le pur produit d'une éducation punitive, ayant été "élevé" selon les "bonnes(?) vieilles méthodes" en rigueurs jusqu'en Mai'68. À voir les difficultés que j'ai éprouvé ma vie durant suite à cette éducation "pleine de bon sens" que j'ai reçu de parents (paix à leurs âmes) pourtant "bien-intentionnés", je ne peux en aucun cas être d'accord avec ces conceptions musclées de la correction physique et du châtiment corporel.
Et je continue, sans répit, à lire des lettres qui, s'en prenant à l'éducation soi-disant déplorable dispensée par "certains" parents, les rendent responsables de "l'arrogance et la grossièreté" de leurs enfants. Ces fidèles d'un christ despotique, préconisant le châtiment corporel des enfants pour les inculquer le "bien et le mal", laisseraient entendre qu'ils sont incapables de supporter ces problèmes de déprédation et de violence, qui, selon eux, sont le fait d'enfants pas châtiés et ils saluent les solutions par les baffes alors que nous vivons dans une société faite de violence: concurrence économique, rapport de force entre les nantis et le peuple, poids commercial disproportionné au social, déséquilibre entre les directions et les employés, entre magistrats et citoyens, éducation par la faute et la punition. Comment après cela peut-on être étonné de l'importance qu'a pris la violence dans nos sociétés ?
Mais là où je me sens interpolé, c'est lorsque la lecture de ces thèses leur procure un "plaisir et un bien" certain et surtout lorsque ces questions sont liées au "courage" et au "bon sens". Face à cette offensive, j'aimerais bien leur répondre ceci: et si la crise actuelle était en fait le résultat de trop de baffes ?
Ma réponse mise-au-point dans la rubrique "le Courrier des Lecteurs" en vue de rectifier l'image des parents et leurs mômes auprès du grand public, était comme bien entendu, tronquée. Je me permets de vous envoyer la lettre complète, qui comme vous le voyez, est plus subtile que ce qui apparaît dans le "Construire". En plus, je viens de prendre connaissance d'un rapport sur l'éducation faite par une commission nationale pour les Jeunes :
«...Les auteurs de violences ont en général subi une éducation musclée: ils sont 32,6% parmi les garçons et 15,9% parmi les filles à avoir reçu régulièrement des coups à la maison. Ils commettent plus souvent d'autres délits – larcins, actes de vandalisme, trafic de drogues, boivent plus et consomment plus de drogues. Ils lisent moins et ont moins de hobbies organisés, regardent davantage la télévision, passent une partie importante de leur temps dans la rue ou dans des bistrots avec des copains...»
De plus en plus de pédagogues et psychologues le disent et l'affirment: la fessée et la gifle sont l'arme d'adultes en situation de faiblesse qui croient que ce passage à l'acte est de nature à souffler la flamme de l'opposition infantile; en fait, ils se font du bien pour dépasser leur colère ou gérer leur angoisse d'adultes mais ils ne règlent aucun problème. Au mieux, cette séquence violente pourrait éventuellement ouvrir une nouvelle séquence qui inéluctablement sera celle du dialogue.
Je vous prie de me faire mieux connaître cette "Terre des Enfants Tous Respectés", n'ayant jamais entendu parlé de cette organisation. En vous remerciant de l'intérêt que vous portez à l'établissement de la vérité, veuillez agréer, Madame, mes salutations lumineuses et reconnaissantes.Georges Tafelmacher
Objet : éloge au dialoge... Date : Mon, 28 Aug 2000 11:33:08 +0200 De : Nowak <nowak@dplanet.ch>
Nowak a écrit :
Allons jusqu'au bout de votre raisonnement :
La vérité, c'est qu'il y a un moment où il faut savoir qui dirige qui, dans une société. La Bible n'a pas tort lorsqu'elle dit que la crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse. Si j'en juge par les fruits que le rejet de l'héritage chrétien porte dans nos sociétés occidentales...
No comment !
Le dialogue apporte une solution lorsqu'on est deux à la chercher. Le reste équivaut à "cause toujours, tu m'intéresses !".
Mais vous pouvez toujours essayer de persévérer dans votre conviction, c'est votre droit le plus intime de penser que tout le monde est beau et gentil.
Je vous admire...
Objet : RE : éloge au dialoge... Date : Thu, 31 Aug 2000 11:08:28 +0200 De : etafdelacote <etafdelacote@urbanet.ch> A : Nowak <nowak@dplanet.ch>
Cher Correspondant,
J'ai toujours dis: «...que le manque de dialogue favorise la délinquance...».
Par expérience, j'ai découvert que le dialogue est comme une porte d'entrée. Si on l'aborde en tapant dessus furieusement, cela n'est que monologue et totalement improductif, la porte reste hermétiquement fermée et les actes délictueux continuent de plus belle. Si l'on s'en approche avec une volonté de discussion, un respect bienveillant et d'infimes précautions, elle s'ouvre un peu et on peut avoir un "dialogue" qui aura, que vous le croyez ou pas, un effet certain sur la personne derrière cette porte, pourtant considérée comme repoussante, délinquante et j'en passe des meilleures.
Répondons à vos questions :
Tous les actes que vous avez utilisés comme exemples de la péjoration des jeunes sont le fruit de toute une éducation traditionnelle complètement loupée – le fameux «ne discute pas – je ne veux pas le savoir» et le «tais-toi sinon c'est la tape» – dont le manque de dialogue est une des caractéristiques marquantes. Je peux affirmer, qu'après avoir fréquenté voyous, délinquants, drogués et compagnie, que leur principal problème c'est justement de ne jamais avoir été écouté, entendu et pris au sérieux dans une discussion avec ses éducateurs. J'ai pu, par une approche faite de patience et de dialogue, prévenir bien des casses et des drames de la part des désespérés de votre société chrétienne occidentale.
En réalité, la seule question vraiment importante est de savoir pourquoi les enfants sont dans l'état vous décrivez, ce qui les a amenés à de telles situations et quelle est la responsabilité d'une éducation de contrainte dans l'état de déliquescence de ces enfants. La "Vérité" est que chaque fois que j'ai pu discuter avec des enfants (ou adultes problématiques, d'ailleurs) soi-disant "méchants", j'ai pu constater qu'en fait, ils sont en rébellion larvée contre ce qu'ils ressentent comme des injustices graves, que leurs "mauvaises actions" est un signe contre une toute puissance imposée sur eux sans qu'ils puissent dire quoique ce soit et que ces actes sont l'expression d'un désespoir flagrant. Chaque acte de ces "délinquants" est une réponse à leur niveau à quelque chose que leur a été faite. Punir par la "baffe" dans ces conditions est le plus sur moyen d'en faire des récidivistes endurcis. Voilà la différence entre nous – pour vous si un enfant crache parterre, c'est la preuve que c'est un véritable criminel et on peut le taper; pour moi, si l'enfant commet pareil acte, c'est qu'il a un gros problème à résoudre, on doit l'écouter et l'aider à s'extirper de cette situation par un véritable acte d'amour (selon le "Christ") qu'est l'empathie et l'écoute et il deviendra une meilleure personne. Les statistiques eux-mêmes parlent en votre défaveur car savez-vous que 80% (oui huitante !) des jeunes en prisons pour actes de violence ont été corrigés et frappés pendant leur jeunesse par leurs éducateurs ?
Je crois que c'est justement ce lourd héritage "chrétien" (mais où est le vrai message du "Christ" dans cette histoire ?) qui nous vaut ces crimes dont vous voulez faire porter la responsabilité par quelques illuminés de "Mai'68" qui malgré tout ce que vous pensez, n'ont pas pu vraiment beaucoup influencer cette société qui reste malgré tout une société d'exploitation et où l'éducation reste malgré tout, de contrainte (il faut des "BONNES" notes, il faut le "BON" comportement, il faut être comme ceci et pas comme cela, le BIEN et le MAL, fais pas ci - fais pas cela et puis voilà une baffe si tu ne comprends pas). Écoutez les parents "éduquer" leurs enfants et vous verrez que la plupart des gens sont assez limitatifs avec leurs enfants et que la baffe part très vite, au nom de la crainte du maître et de la supériorité de l'adulte.
Et puis c'est quoi cette "société" que vous évoquez, car la nôtre n'est, excusez-moi, mais pas très belle à voir. Pour ses affaires, elle a gaillardement puiser dans le fond de commerce des "68tards" pour faire sa "pub" et son fric et quand tout cela s'écroule, hop!, on accuse la mentalité "Mai'68" de tout les torts. Nous restons dans une société régie par la crainte: il n'y a qu'à entendre tous les mots d'ordre des partis de droite pour se rendre compte de toutes les "horribles choses" qui vont nous arriver si nous ne sommes pas ce qu'exigent ceux qui nous "dirigent"; il n'y que passer une journée dans une ligne de production automatisée pour voir à quel point les entreprises exercent un "racket" sur les employés; il n'y a qu'à lever les yeux pour voir toutes les monstruosités laisser par des architectes parfaitement intégrés, véritables "graffitis" de béton dans le paysage urbain; il n'y a qu'à passer une journée avec n'importe quel quidam normalisé pour voir à quel point nous pouvons nous faire "envoyer aux pives ou insulter" par des êtres qui prétendent nous "diriger" (mais pour aller où ?).
Et puis vous êtes sûrement au courant que c'est la droite qui gouverne dans ce pays, elle représente exactement le 70% des votant(e)s et elle ne fait pas exactement dans le laxisme, au contraire, au vu de l'augmentation des mesures de contraintes et des forces de Police, elle tend même vers la "tolérance 0". Vous laissez entendre que c'est le rejet des valeurs "bibliques" la cause de nos malheurs, alors que les tenants de la "chrétienté" ont toujours été au pouvoir dans nos pays "chrétiennisés" et qu'ils ont toujours fait ce qu'ils veulent sans que la gauche ait pu apporter de rectificatifs (voir la nouvelle loi sur le Travail, sur l'Asile, sur l'AVS et les nouveaux avions de combat, etc.) et que ce pays reflète fidèlement leurs accomplissements. La Droite a été au pouvoir dans ce pays depuis 1848 et elle l'a façonné à son image. Ils sont donc responsables des conséquences sociales de leur choix de société. Venir dès lors accuser quelques pauvres "68tards" éparses et leur mentalité libertaire d'être la cause du problème de la jeunesse de ce pays est vraiment indigne et sert surtout à détourner l'attention du peuple des véritables problèmes et à faire accuser les victimes du système de son dysfonctionnement.
Oui, car que vous le voulez ou pas, il reste que tous les exemples que vous avez fourni pour prouver votre point de vue montrent des jeunes en grande difficulté, victimes d'un système qui les a complètement broyés. Leurs comportements "délictueux" ne sont que leurs façons de réagir à tout cela; répondre dès lors par des "baffes" ne fera que de renforcer leurs indispositions et cette société, s'assurant ainsi qu'ils deviendront de parfaits criminels, trouve là les raisons pour les châtiments et la continuation de sa politique de crainte...
Georges Tafelmacher
- P U L L Y -
Objet : RE RE : éloge au dialoge... Date : Mon, 28 Aug 2000 11:35:08 +0200 De : Nowak <nowak@dplanet.ch>
Nowak a écrit :
> «La vérité, c'est qu'il y a un moment où il faut savoir qui dirige qui, dans une société. La Bible n'a pas tort lorsqu'elle dit que la crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse. Si j'en juge par les fruits que le rejet de l'héritage chrétien porte dans nos sociétés occidentales... No comment!«
GPT :
- Au contraire, il y a beaucoup de commentaires à faire, voir plus haut !...
> «Le dialogue apporte une solution lorsqu'on est deux à la chercher. Le reste équivaut à "cause toujours, tu m'intéresses!".»
- Si déjà l'autre peut dire "...tu m'intéresses", alors vous avez mis le pied dans la porte entrouverte et le dialogue serait possible si une sympathie s'installe !...
> «Mais vous pouvez toujours essayer de persévérer dans votre conviction, c'est votre droit le plus intime de penser que tout le monde est beau et gentil.»
- Vous avez tout faux!! Je ne considère pas que ce monde est B-G, je crois qu'il n'est que le produit de 150 ans de pouvoir bourgeois, capitaliste, moral et "chrétien" et que les choses que vous dénoncez n'en sont que les conséquences de cet état !...
> «Je vous admire...»
- Je n'ai pas sollicité votre admiration, à moins qu'il faille lire votre phrase au 2ième degré, ce qui alors donne tout un autre aspect à votre message !...
Objet : RE RE RE : Eloge du dialogue 2 Date : Thu, 31 Aug 2000 11:37:46 +0200 De : etafdelacote <etafdelacote@urbanet.ch> A : Nowak <nowak@dplanet.ch>
Cher Correspondant,
Allons jusqu'au bout de votre raisonnement :
À la relecture de votre message, je me suis mis à imaginer votre société telle qu'elle apparaît en filigram entre vos lignes :
Vos baffes et craintes ne changeront rien à ce problème, ils ne font que confirmer la place pondérante de la violence dans les relations humaines. Pire, cela démontre bien que la voie que vous avez prônée depuis des décennies, est sans issu...
Georges Tafelmacher
- P U L L Y -
Objet: RE RE RE RE : Eloge du dialogue 3 date: Thu, 14 Sep 2000 13:33:40 +0200 A: Nowak <nowak@dplanet.ch>
Nowak a écrit :
> Que vos enfants pratiquent, ou soient victimes de racket, il faut dialoguer !
GPT
- O U I !!! 3 x oui, mieux vaut cela qu'une "bonne guerre"...
> Qu'ils crachent tous les 2 mètres en se promenant, il faut user du dialogue !
- O U I !!! 3 x oui, si vous ne voulez pas en recevoir dans l'œil !
> Qu'ils couvrent votre ville ou votre propriété de graffitis, dialoguez !
- O U I !!! 3 x oui, mieux vaut cela que du béton gris !
> Qu'un prof. d'école se fasse envoyer aux pives ou insulter, vive le dialogue !
- O U I !!! 3 x oui, c'est qu'il n'a pas su se faire aprécier !
> La vérité, c'est qu'il y a un moment où il faut savoir qui dirige qui, dans une société. La Bible n'a pas tort lorsqu'elle dit que la crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse. Si j'en juge par les fruits que le rejet de l'héritage chrétien porte dans nos sociétés occidentales... No comment !
- Que savez-vous de LA VÉRITÉ, si ce n'est que c'est la vôtre...?
> Le dialogue apporte une solution lorsqu'on est deux à la chercher. Le reste équivaut à «cause toujours, tu m'intéresses !».
- C'est malgré tout un début de dialogue, tenue certes, mais possible...
> Mais vous pouvez toujours essayer de persévérer dans votre conviction, c'est votre droit le plus intime de penser que tout le monde est beau et gentil, et que seul le manque de dialogue crée la délinquance.
- Et vous votre droit de penser la société telle que vous le proposez, nous mène vers des impasses autrement plus catastrophiques que juste quelques "crachats" parterre...
> Je vous admire...
- Admirez plutôt les résultats de vos cogitations...
Objet: RE RE RE RE RE : Eloge du dialogue 5 date: Thu, 14 Sep 2000 13:33:40 +0200 A: Nowak <nowak@dplanet.ch>
Cher Correspondant,
À la troisième relecture de votre message, je comprends difficilement la raison pour laquelle vous m'aviez apostrophé le Mon, 28 Aug 2000 à 11:33:08 par courriel email si vous ne daignez pas répondre aux réponses circonstanciées que je vous ai envoyé le 29 août et 01 sept. courant. Quel est votre but, car le mien est d'instaurer une discussion entre nous pour arriver à une meilleure compréhension des problèmes qui nous assaillent. Si vous espéreriez me confondre avec vos exclamations, vous vous êtes trompé car ce genre d'exercice à plutôt tendance à me survolter et me pousser à des réflexions que j'aurais espéré être réciproques. Soit vous voulez entamer un dialogue digne de nos capacités de raisonnement auquel cas nous pouvons compter sur votre assiduité, ou bien vous n'avez que l'idée de me démonter et de prouver au monde l'imbécillité de mes propos auquel cas cela dit long sur vos intentions. En tout cas, pour le moment, par votre silence, vous ne semblez pas avoir de velléités à des réflexions mûries, ce qui m'attriste, étant donné l'importance du sujet.
Par politesse et respect, je réponds à toute personne qui s'adresse à moi, quelques soient les propos échanges et n'étant pas rancunier, mes réponses seront toujours très respectueuse de votre personnalité, quelques soient les mots que vous m'aviez confié et le ton que vous avez utilisé...
Georges Tafelmacher
- P U L L Y -
Entre violence des jeunes et exigences pédagogiques, les profs ont le quotidien survolté. Portraits contrastés de trois d'entre eux. Et survol de ce métier en mutation avec un spécialiste, Georges Pasquier, président du syndicat des enseignants romands.
À Zurich, une classe a usé six enseignants en deux ans. A Genève, Fribourg, et ailleurs, les profs se heurtent à l'incivilité, à la bousculade qui tourne trop souvent à la franche violence. Alors, oui, les enseignants sont fatigués. Parce que pris dans l'étau d'exigences contradictoires. Tenir le programme, enseigner l'accord du participe passé tout en assurant la sécurité routière. Et en survivant à une image écornée de l'école.
Des profs qui ressemblent de moins en moins à des profs et de plus en plus à des éducateurs, chargés d'enseigner des matières, bien sûr, mais aussi les bonnes manières. Entre le répétiteur et le superhéros, il y a sans doute une place. Pour ces hommes et ces femmes qui tiennent le coup, le cap, les élèves, et les objectifs.
Des débuts trop difficiles
L'amour du travail, certains profs l'ont définitivement perdu. Par inexpérience, un peu, mais aussi par découragement face à l'âpreté de la tâche. Comme Caroline*, 30 ans, à Marly (FR), qui a tenu sur l'estrade pendant deux ans avant de tourner le dos à l'enseignement secondaire. Pourtant, elle s'y destinait joyeusement, avec un père et une sœur dans la même branche. Mais voilà, être maîtresse de classe à 24 ans et se retrouver face à un élève perturbateur demande de l'étoffe et de l'assurance. Caroline en convient: «Il me manquait le côté strict. Mais je n'avais pas envie d'enseigner en faisant la police.»
Du coup, la jeune enseignante peine à s'imposer face à un ado coriace, qui flirte tous les jours avec la violence, qui se lève en classe n'importe quand, dégaine les gros mots et ne respecte rien. «J'ai essayé de discuter avec lui, de lui coller des punitions, de le contraindre à rester après les cours pour effectuer des nettoyages... Rien à faire. Même les visites chez le directeur ne lui faisaient pas peur.»
Elle parle de la solitude de l'enseignant qui, même épaulé par ses collègues, se retrouve démuni face aux comportements difficiles, de la disparition du respect et de son impression de «travailler dans le vide». «Les parents de cet élève, je les ai vus plusieurs fois. Ils soutenaient toujours leur enfant, lui trouvaient des excuses alors que c'était la pire des crapules.»
Encore un cas, un de ces écueils que les enseignants au long cours rencontrent forcément une fois dans leur carrière. Pour Caroline, c'est l'épreuve de trop. «Les dernières semaines, je comptais les heures jusqu'à la fin de l'année scolaire. Je rentrais parfois en pleurant, je n'étais pas loin de la dépression.»
Depuis, elle a tourné la page. À carrément changé de métier, préférant les contrats d'assurance aux élèves turbulents. A son passé de pion, elle repense parfois, mais «sans aucune nostalgie». «Cela dit, je ne suis pas totalement dégoûtée non plus. Qui sait, j'enseignerai peut-être un jour à des adultes ?»
Francine*, elle, a passé par tous les stades. La colère, le questionnement, la lassitude. Et finalement l'arrêt maladie. Quelques semaines de break qui tombent à point. Pour la première fois en seize ans de métier, cette enseignante à l'école élémentaire à Genève a failli rendre son tablier, jeter l'éponge et le tableau noir.
La faute à qui, à quoi? Une classe en surnombre? Même pas. Juste un élève ingérable, 4 ans et demi à peine. Un cas, comme on dit. Cet élève est arrivé en cours d'année en automne dernier. «Un enfant met toujours du temps à s'adapter, c'est normal. Mais là, c'est vraiment une intégration difficile. On ne peut pas lui faire confiance, ni le laisser deux minutes sans surveillance.»
Crises de colère intense, refus d'obéir, mise en danger de lui-même et des autres. «Il se couche sur la balançoire, ne rentre pas à la sonnerie, pique le goûter de ses camarades ou, plus grave, quitte le cortège sans rien dire. Et s'il arrivait un accident ?»
Des gamins difficiles, récalcitrants à la discipline, elle en a déjà connus. Mais là, la tâche lui a paru insurmontable. Avec ses collègues, elles ont tout essayé. Toutes les stratégies, toutes les méthodes. En vain. «Il nous a usés, il a mis tout le monde en détresse, il a dégradé l'ambiance de classe. Parce qu'il est lui-même tellement mal dans sa peau et qu'il n'aime pas l'école.»
Oui, un cas isolé. Mais qui a réussi à lui pourrir la vie, à lui mettre un nœud à l'estomac tous les matins, à la rendre "insupportable" à la maison. «C'est un cas assez rare, mais il paraît qu'il y en aura de plus en plus», sourit Francine avec amertume. Des irréductibles, des enfants mal cadrés qui peuvent, au premier âge déjà, ruiner les nerfs du pédagogue le plus averti. «Il est injuste que dix-neuf élèves pâtissent du comportement d'un seul !» Des solutions? Il n'y en a pas. Les classes d'intégration pour gamins difficiles sont combles et seuls les parents peuvent décider d'un suivi psychopédagogique pour leur enfant.
Reste dès lors à affiner sa psychologie et à s'armer de patience. Francine savoure son congé, en profite pour prendre du recul. «Mon amour du travail revient petit à petit. Il faudra que je me remette dans le bain, mais heureusement les vacances d'été seront vite là !»
Une passion qui dure
Pugnace et faite au feu, Martine Pilet l'est assurément. Cette enseignante de maths et de français, qui s'occupe notamment des classes difficiles du CO de Bulle (FR), tient le coup. Vingt-trois ans de métier et presque aucune ride à son enthousiasme pédagogique. Même les récentes bagarres de préau qui ont opposé les "yos" et les patriotes en chemise edelweiss ne l'ont pas trop ébranlée. «Ces jeunes, d'un côté comme de l'autre, démarrent au quart de tour. Ce n'est plus la génération peace and love. Cela dit, seuls 3% des élèves sont concernés, il faut relativiser !»
Pourtant, elle en convient: oui, le rapport à l'autorité a changé. «Les élèves difficiles ont toujours existé, on en avait un à deux par classe. Maintenant, c'est parfois un quart voire un tiers de la classe qui pose problème.» Pourquoi? «Quand on élève des enfants comme s'ils étaient le centre du monde, ceux-ci peinent ensuite à rester à leur juste place en classe. Leur ego prend une telle ampleur !» Et d'ajouter: «Ils parlent tout le temps de respect, mais jamais cette valeur n'a été aussi peu appliquée.»
Du coup, elle a changé de méthode. Finie l'autorité homéopathique, il faut clarifier les règles dès le départ: «Dans certaines classes, je suis le Général, je dois faire peur sinon on n'avance pas.» Elle croit au drill, à la thérapie par le travail, ne lâche personne du regard une fois franchi le seuil de la classe. Pas question de laisser le chaos s'installer. Le problème numéro un, c'est l'aptitude des élèves à la concentration. Ils zappent tout le temps, pensent fun, succès facile. «Je dois me battre pour démystifier l'illusion que, dans la vie, tout s'acquiert facilement.»
Leur apprendre aussi à faire des phrases avec un verbe, à lever la main avant de prendre la parole. Du coup, l'enseignant devient aussi un formateur, rôle que Martine Pilet endosse volontiers. Derrière l'aplomb du "Général", reste un sentiment fort d'empathie. Celui-là même qui lui fait peut-être tenir le cap. «Je me demande si certains n'ont pas juste besoin de se faire aimer. A la maison, ils sont laissés à eux-mêmes et voudraient qu'on s'intéresse à eux. Alors je me dis que je dois connaître la couleur des yeux de chacun d'entre eux.»
Texte Patricia Brambilla / Photo Jan von Holleben
A lire: «Les désarrois d'un jeune instit», de Kevin André, Ed. Lattès 2007.
* prénoms fictifs
La solution fribourgeoise
Un ado s'arc-boute sur une plate-bande, bêche en main et sueur au front. C'est sa tâche du jour. Comme la dizaine d'élèves en séjour à Bonnesfontaines à Fribourg, il fait partie de ces adolescents au comportement difficile qui sont momentanément exclus de leur classe et pris en charge par quatre enseignants et deux éducateurs. Un séjour qui peut aller de huit semaines à quatre mois, selon les cas.
Fribourg est un des rares cantons romands, après Saint-Gall, à avoir mis sur pied le concept des "classes relais". Avec deux unités ouvertes en octobre dernier, au vert, sur les hauteurs de la ville. Et bientôt une troisième à Bulle.
Le profil des pensionnaires? «Ce sont essentiellement des garçons, étrangers ou suisses, souvent issus de familles complexes. Leur point commun: ce sont des enfants qui ont l'expérience de la violence», résume Anne Casabene, une des enseignantes. Des victimes de racisme, des boucs émissaires, souvent des écorchés vifs, des petits durs aussi, qui se retrouvent face à leurs pairs. «L'effet miroir les fait parfois réagir.» Agés de 12 à 16 ans, ils viennent là trois jours par semaine, les autres jours étant consacrés à des stages en entreprise, qui les mettent en contact avec le monde professionnel et leur donnent la possibilité de se rendre utiles.
Au programme, cours d'école bien sûr, mais aussi travaux de jardinage ou de cuisine, corvée de vaisselle et de ménage. Bref, une véritable leçon de vie. Pour apprendre à s'adresser correctement à un adulte, à gérer les conflits autrement que par les poings, à se fixer des objectifs réalisables. Avec pour but ultime de leur permettre de réintégrer leur école. «Trois quarts des élèves retournent dans leur classe, pas avec un succès total, mais avec un progrès évident.»
© Migros Magazine vendredi 27 mai 2007
Cet article vous fait réagir ?
La maîtresse a dit: «Dans certaines classes, je suis le Général, je dois faire peur sinon on n'avance pas.» Elle croit aux vertus du drill, de la peur et de la thérapie par le travail. Bien sûr que l'on peut toujours revenir aux "bonnes vieilles" méthodes disciplinaires des généraux de la première guerre mondiale et faire fusiller pour faire régner l'ordre tous les objecteurs, les troublions, les contestataires, les perturbateurs coriaces qui flirtent tous les jours avec la violence, qui se lèvent n'importe quand, qui dégainent les gros mots et ne respectent rien, les élèves ingérables, difficiles, récalcitrants à la discipline, irréductibles, mal cadrés, tous les jeunes qui se croient centre du monde et qui peinent à rester à leur place désignée, bref tous ceux qui nous mettent en question !
Toutes les méthodes comportementales utilisées pour "discipliner" la violence des jeunes par la peur, la punition et la contrainte ont montré leurs limites et n'ont jamais résolu le problème de la violence des jeunes car on ne peut résoudre ce problème par une surenchère de violence. On ne fait que de conforter les jeunes dans l'idée que seule la force et la contrainte peuvent faire aboutir ses désirs, que seule la violence sur autrui peut l'amener à faire selon son bon vouloir.
La seule question pertinente est de savoir pourquoi les adultes sont si déconcertés par les attitudes des jeunes, pourquoi les éducateurs se sentent si désemparés par les justes révoltes d'une jeunesse à qui on demande l'impossible et envers qui les exigences sont totales. La seule chose qui est sûr, c'est qu'un adulte sûr de lui transmet cette assurance aux autres et les rapports sont automatiquement pacifiques et constructifs.
Georges Tafelmacher
La violence à l'école est-elle en train de s'installer (lire «Une élève de Meyrin exprime sa révolte en tapant sur le nez de son professeur») ?
Faites-nous part de vos expériences et vos avis.
La sempiternelle discussion sur les élèves violents et la violence juvénile refait surface chaque fois qu'un adulte bien-pensant et sûr de lui est confronté à l'opposition enfantine ou est déstabilisé par l'impertinence et les révoltes larvées des jeunes. Mais à aucun moment est posée la question centrale du pourquoi et du comment de ces comportements soi-disant "mauvais et punissables" et de l'implication de l'adulte "formateur" dans l'escalade conflictuelle qui amène cette violence.
Les seuls résultats tangibles de l'éducation par la correction punitive justifiée qu'a reçu nos prédécesseurs, sont, rien qu'en ce siècle passé, deux guerres mondiales d'une boucherie définitive. A une époque où pour réprimer les mauvais penchants on montrait sa force en brandissant la verge, l'escalade de la violence jusqu'à l'état de guerre et sa destruction totale avérée étaient inévitable.
En analysant de près le problème de la violence dans cette société, de sérieux doutes peuvent être soulever quant-à la réelle efficacité éducative de cette forme d'élevage. Des statistiques compilées par un groupe universitaire d'étude des prisons américaines montrent que 75% des délinquants emprisonnés ont reçus des coups pendant leurs jeunesses.
Les auteurs de violences ont en général subi une éducation musclée: ils sont 32,6% parmi les garçons et 15,9% parmi les filles à avoir reçu régulièrement des coups à la maison. Ils commettent plus souvent d'autres délits – larcins, actes de vandalisme, trafic de drogues, boivent plus et consomment plus de drogues. Ils lisent moins et ont moins de hobbies organisés, regardent davantage la télévision, passent une partie importante de leur temps dans la rue ou dans des bistrots avec des copains.
La réalité démontre qu'en général là où l'éducation respectueuse de l'enfant a été instaurée, la violence a tendance à baisser. Les situations dégénérées sont le résultat de répressions psychologiques, de menées traumatisantes et de contrôles totalitaires de l'enfant par les pouvoirs hégémoniques de la société. En plus, il y a toujours des opportunistes qui récupèrent les situations de contestation et de malaise social pour justifier qu'on en revient à l'obéissance au père, à la reprise en main forte, au maintien de l'ordre policé.
La manière forte est un moyen totalement moyenâgeux d'éducation et le recours à plus de prisons pour jeunes est toujours signe d'une grave dégradation dans les relations entre les adultes et leurs enfants. Par ces contraintes forcées, l'adulte s'abaisse à la violence et entraîne l'enfant dans le refoulement et la tristesse, le rendant d'autant plus victime. L'escalade des mauvais sentiments et des comportements réfractaires est inévitable.
Rappelons "qu'éduquer" veut dire "conduire vers" et non pas imposer sa volonté ou sa domination ou ses rapports de force.
Georges Tafelmacher
D'abord soigner le mal être intérieur qu'exprime toute violence
LA VIOLENCE VUE DU CÔTÉ DES ENFANTS
L'éducation des parents est à entreprendre avant que les miroirs de la famille ne déforment la vision malaisée que leur progéniture en a.
Les enfants subliment leurs parents et veulent reproduire les spectres de ce beau et exemplaire miroir "mondial". Le mal est mondial et très profond.
Transgresser la loi est une façon de redevenir LIBRE pour les grands et les petits !
Beau miroir, dis moi que je suis beau.
roger pelage
on pourrait peutt-être penser à les entourer et imaginer que le marché mondial laisse beaucoup de gens sur la touche, creusent de la frustration et de la violence.
Le probleme ne se situe plus sur comment arreter cette escalade de la violence, mais comment adapter la societe a ce phenomene social.
Cette evolution est la consequence d'une societe qui n'est plus adaptee a la situation actuelle. Voila une cinquantaine d'annees que l'histoire s'accelere, creusant a chaque generation un eccart culturel de plus en plus grand. La jeunesse a de plus en plus le droit de s'exprimer, ou en tout cas s'en donne le plus en plus le droit, et malheureusement, face a une societe ou il ne peuvent de moins en moins se reconnaitre et subissant ses regles de morale de repression se revoltent plus fort encore que leur est venue l'agression. Cette societe n'est plus adaptee et (pour)suit tant bien que mal quelque chose qui lui echappe totalement.
Seul le temps (pas le journal) apportant ses nouvelles generations la fera evoluer et certainement pas dans un sens que la morale nous permetterait d'immaginer a l'heure actuelle.
Elle s'est installée dès le début de l'école obligatoire par la tendance des "maîtres" d'avoir privilégier le dressage des jeunes élèves en vue de les faire rentrer dans la "réalité" de la vie et de la société au lieu de chercher leurs épanouissements. La violence chez les élèves a toujours existé car elle n'est rien d'autre qu'une réponse certes juvénile mais tout à fait compréhensive face à l'autorité dictatoriale et sadique des "maîtres" chargés d'éduquer les élèves par les verges physiques ou psychiques. De nos jours, cette "violence" est plus visible car nous nous sommes donnés une Charte des Droits de l'Homme (qui inclut les enfants et les femmes) rendant possible les objections des élèves face à l'arbitraire des éducateurs-dresseurs, rendant la tolérance nécessaire et la compréhension empathique. Toutes choses que beaucoup n'acceptent pas car mettant en cause leurs philosophies de vie, leurs autorités, en surtout, laisseraient entendre qu'au fond, la principale motivation des éducateurs est quand même de faire aux élèves ce que leurs dresseurs les ont fait, d'inculquer la soumission à leurs élèves et de les préparer à être les travailleurs dociles dans les usines où l'exploitation est monnaie courante.
En final, il n'y a pas que les élèves qui sont violents et si nous avons à chercher des "solutions" pour les violents, elles doivent concerner tout le monde, chacun entre nous et les "dirigeants" en premier. Si les jeunes sont violents, ils le sont par rapport à la société, en parfaite harmonie avec les tendances hégémoniques de cette société. Car la violence des jeunes n'est que l'image-miroir de notre société d'une violence inouïe où tout est conçu, finalisé en terme de violence: guerres contre tous ceux qui nous font peur, guerres contre la drogue, la maladie, contre les accidents de la route, combat contre tout ce qui nous remet en question, rapports impériales des dirigeants envers les gens, mondialisation de la compétitivité et des rapports des forces hégémoniques, le recours aux actes de répression pour mater les récalcitrants, l'emploi d'une justice de classe pour faire taire les contestataires, les mesures de toutes sortes pour forcer les gens à être comme il faut, tribunaux d'exception pour juger les délits d'opinion. La violence d'un dirigeant d'état lorsqu'il répond par la guerre à un problème de voisinage est bien plus grave que la violence d'un élève qui se défend contre le sadisme injuste d'autrui. D'autant plus que l'impression finale est que la violence d'état est normal et peut s'exercer sans questionnement.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise violence, la violence est un véritable mal d'où qu'elle vienne; quelque soient les raisons invoquées pour bombarder un pays ou punir un jeune, l'emploi de la violence mène à plus de violence. Nous pouvons conclure que si nous voulons "résoudre" le problème de la violence, nous devons tous, justiciers et policiers inclus, voir en quoi nos manières de concevoir la vie suscite l'agressivité chez l'autre, accepter de voir en soi nos propres degrés de violence et agir d'abord sur soi avant toute action sur les autres.
On se plaint aujourd'hui de la violence dans les écoles, mais de "mon temps" – dans les années 50 et suivantes – il y avait déjà de la violence à l'école, mais ce sont les profs qui l'appliquaient. Je me souviens de ma dernière année d'école primaire (la 4e) où mon instit avait trois barèmes de punition pour sévir contre les indisciplinés: la petite baguette fine comme une longue cigarette, la moyenne, et la plus grosse réservée aux récidivistes (dont je fus avec un ou peut-être deux de mes camarades). Ce n'était pas un obsédé de la punition comme on dirait aujourd'hui et ce n'est pas nous qui serions allés nous plaindre à la maison pour les coups reçus, car c'était à coup sûr recevoir une correction plus sérieuse de la part de notre père qui aurait été moins douloureuse au niveau moral mais bien plus au niveau physique. C'est certainement que la punition était méritée !!!
On ne parlait pas encore d'enfants "traumatisés" en ce temps là.
Voilà pour cette époque...
Aujourd'hui, que voit-on ? La moindre sanction (même au niveau des punitions écrites) de la part des enseignants révoltent les parents qui, vis-à-vis de leur enfant, SONT OBLIGÉS de donner tort au prof pour essayer de faire croire à l'enfant qu'il est aimé par eux, car, ceux-ci travaillant tous les deux (je parle pour ces cas là qui sont bientôt la majorité) N'ONT PAS LE TEMPS de s'occuper de leur(s) enfant(s) comme ils devraient le faire et surtout, surtout , N'ONT PAS LE TEMPS de leur DONNER L'AMOUR dont ils ont besoin. Avant de protester... réfléchissez bien!!!
C'est aussi simple que cela.
Les parents d'aujourd'hui ne veulent pas le reconnaître, car, qui accepte aujourd'hui de reconnaître ostensiblement ses propres erreurs surtout quand la majorité fait les mêmes? Et c'est cela qui devient "la nouvelle norme".
C'est faute de n'avoir pas su dénoncer à temps ce comportement qui a conduit à ce déplorable laxisme.
La vie des enfants d'autrefois (même du temps des hommes des cavernes) devait être bien plus enrichissante au NIVEAU HUMAIN que celle d'aujourd'hui.
Alors... cherchez les vrais responsables, et cessez d'accuser le "système" !
J'ai 72 ans et je me rapelle bien, quand je recevais une punition physique, je le méritais. Rien dire aux parents cela était la meilleure chose, car j'en recevais encore 2 fessés en plus. Tout cela m'a appris a respecter son vis a vis mais aussi a se faire respecter et dans ce sens j'ai fait un droit chemin sans faute.
Aujourd'hui les parents sont trop mou, et ils laissent faire leur enfants comme ils le veulent. Cela s'apelle éducations antiautoritaire. Des enfants de 13 ans, lesquelles se promènent à minuit ,la police devrait intervenir en faire un rapport et après avertissement punir primo les parents. Parions que bien des choses changerait.
Comme j'ai fait mes écoles en suisse allemanique s.v.p. ignorez les fautes ortographiques.
Merci
Messieurs, messieurs...
J'aurais quelque besoin d'aide et de conseils et donc je sollicite la sagesse et la culture historique de MM. Rouiller, Erba et Tafelmacher qui, apparemment doivent faire partie du même club de "c'était mieux avant"... mon problème est le suivant, je suis chef d'entreprise et de temps en temps mes collaborateurs font ce que l'on appelle une "bourde", il me font perdre de l'argent ou du temps... puis-je les agrésser physiquement si je suis persuadé que c'est pour leur bien ?
Cela se faisait il y a 50 ans et selon mon grand-père, cela n'a jamais tué personne... d'ailleurs un bon coup de bâton faisait que l'erreur ne se reproduisait que très rarement. Cela devait être bien, non ? Je sais que cela n'a rien à voir avec le sujet, mais cela m'intéressait d'avoir votre vision des choses quand on remplace un enfant par un adulte...
vous n'êtes pas obligés de répondre si vous trouvez la question trop bête...
Une dernière petite chose, peut-on dire de qqn qui pense qu'UNE QUELCONQUE violence physique (ne mentionnons même pas psychologique) sur un enfant est nécessaire, qu'il a suivi un "droit chemin sans faute" comme vous dites M. Rouiller ?
Le meilleur moyen d'eliminer rapidement toute violence
est de s'en prendre a la base,soit aux jeunes.
Eduquons la Jeunesse des son plus bas age.
Apprenons a la jeunesse les Grandes Valeures ,soit:
Travail,Famille,Patrie.
L'etat devrait expliquer ces valeurs a nos jeunes qui,des leur plus
jeune age entrerait dans des groupes de
"Jeunesse Patriote" qui leur apprendraient le
-respect d'autrui
-le respect de son pays
-respect de la loi.
Une jeunesse fiere de son pays est une garantie de prosperite,
et de paix pour le pays.
Commencons par leur faire chanter notre hymne national tous les matins
avant le debut des cours, d'honorer notre drapeau .
D'une part, je suis entièrement d'accord avec votre analyse, et ne la prend en aucun cas pour un gag.
Il est frappant de voir comme votre message fait réagir tous les exegètes attardés du marxisme de la plus belle eau.
En vrac :
Est-il besoin de rappeler que la violence est foncièrement anti-démocratique, et ne s'attaque qu'aux plus faibles que tous ces beaux parleurs font mine de défendre.
Et puis, le bouquet de la stupidité criminelle !
Je résume : «Il y a toujours eu de la violence à l'école: celle des éducateurs-dresseurs sadiques chargés d'éduquer les élèves !»
Les enseignants apprécieront !
Pour réponse à ce correspondant et pour s'en convaincre de la réalité de la violence des profs envers les élèves, lisez ce qui suit :
La Violence des enseignants
Je désire réagir au message de M. Roger Dayer, faisant l'apologie de la défense des valeurs patriotiques. En effet, je ne pense pas qu'une telle forme de nationalisme exacerbé puisse arranger le problème en question. Il est bien connu, et ceci sans faire de généralisation aveugle, que les mouvements contestataires naissent souvent d'un profond sentiment d'exclusion. Une telle entreprise de salutation au drapeau et d'hymne national matinal ne ferait alors que mettre à l'écart les personnes ne se reconnaissant pas dans les valeurs nationales, ou tout simplement provenant d'un pays étranger qui possède sa culture spécifique. Dès lors, il serait impossible pour elles de se conformer à une forme d'autorité aliénante, et elles la combatraient avec encore plus de violence. La solution se situe, selon mon avis, dans la mouvance inverse, à savoir une plus forte intégration des minorités dans ce système, qui exclut déjà certaines franges néanmoins actives de la population. Pour terminer, Monsieur Dayer, n'oubliez jamais que répression rime idéologiquement avec violence et retournez à vos manuels d'histoire, afin de saisir à quel point la manipulation idéologique de la jeunesse sur une base nationaliste a engendré des dérapages rapidement incontrôlables.
Je ne suis meme pas arrivée a aller au bout de cette page. Monsieur Dayer, à vous lire, je me disais: c'est un gag, il plaisante!! vous votez sans doute UDC et n'avez rien compris à la vie... quelle tristesse... quand a certains autres sachez qu'on ne combat pas la violence avec la violence, regarder au Proche-Orient! ce forum me choque... quelle tolérence !
Le message de Monsieur Dayer n'est pas un gag. C'est la transcription exacte de la mentalité prévalante d'une violence inouïe largement admise dans les milieux bien-pensants et moraux dont l'extrême-droite fait son fond de commerce.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise violence, la violence est un véritable mal d'où qu'elle vienne; quelque soient les raisons invoquées pour bombarder un pays ou punir un jeune, l'emploi de la violence mène à plus de violence. Nous pouvons conclure que si nous voulons "résoudre" le problème de la violence, nous devons tous, justiciers et policiers inclus, voir en quoi nos manières de concevoir la vie suscite l'agressivité chez l'autre, accepter de voir en soi nos propres degrés de violence et agir d'abord sur soi avant toute action sur les autres.
Elle s'est installée dès le début de l'école obligatoire par la tendance des "maîtres" d'avoir privilégié le dressage des jeunes élèves en vue de les faire rentrer dans la "réalité" de la société au lieu de chercher leurs épanouissements. La violence chez les élèves a toujours existé car elle n'est rien d'autre qu'une réponse juvénile et compréhensive face à l'autorité sadique des "maîtres" chargés d'éduquer les élèves par les verges physiques ou psychiques. De nos jours, cette "violence" est plus visible car nous nous sommes donnés une Charte des Droits de l'Homme rendant possible les objections des élèves face à l'arbitraire des éducateurs-dresseurs, la tolérance nécessaire et la compréhension empathique. Toutes choses que beaucoup n'acceptent pas car mettant en cause leurs philosophies de vie, leurs autorités, et laisseraient entendre qu'au fond, la principale motivation des éducateurs est quand même de faire aux élèves ce que leurs dresseurs les ont fait, d'inculquer la soumission à leurs élèves et de les préparer à être les travailleurs dociles dans les usines d'exploitation.
En final, il n'y a pas que les élèves qui sont violents et si nous avons à chercher des "solutions" pour les violents, elles doivent concerner tout le monde, chacun entre nous. Si les jeunes sont violents, ils le sont par rapport à la société, en parfaite harmonie avec les tendances de cette société. Car la violence des jeunes n'est que l'image-miroir de notre société d'une violence inouïe où tout est conçu en terme de violence: guerres contre tous ceux qui nous font peur, combat contre tout ce qui nous remet en question, mondialisation de la compétitivité et des rapports des forces hégémoniques, le recours aux actes de répression pour mater les récalcitrants, l'emploi d'une justice de classe pour faire taire les contestataires, les mesures de toutes sortes pour forcer les gens à être comme il faut, tribunaux d'exception pour juger les délits d'opinion. La violence d'un dirigeant d'état lorsqu'il répond par la guerre à un problème de voisinage est bien plus grave que la violence d'un élève qui se défend contre le sadisme injuste d'autrui.
Monsieur,
Votre message n'est pas un gag. C'est la transcription exacte de la mentalité prévalante d'une violence inouïe largement admise dans les milieux bien-pensants et moraux dont l'extrême-droite fait son fond de commerce
En vous paraphrasant, nous pouvons conclure que :
Le meilleur moyen d'éliminer rapidement toute contestation est de s'en prendre à la base, soit aux jeunes.
Dressons la Jeunesse dès son plus bas âge.
Inculquons à la jeunesse les Grandes Valeurs, soit :
Travail, Famille, Patrie = Soumission, Inhibition, Répression.
L'état devrait dicter ces valeurs à nos jeunes qui, dès leur plus jeune âge seraient incorporée dans des groupes de "Jeunesse Patriote" qui leur imposeraient le respect d'autrui, le respect de son pays, le respect de la loi par la force, la trique et les sanctions comme au bon vieux temps des sires Hitler, Pétain, Pinochet et compagnie.
Une jeunesse soumise à son pays est une garantie de prospérité matérielle pour les patrons et de quiétude paralysante pour le pays.
Commençons par leur infliger notre hymne national tous les matins avant le début des cours, les obliger d'adorer notre drapeau et de faire des courbettes devant les puissants.
Et si la violence avait pour origine l'inhibition produite par un tel dressage.
Et si la violence n'était rien d'autre que la réaction tout à fait saine vis-à-vis de ces comportements totalitaires que ces adultes bien-pensants font subir aux jeunes qui, à présent, ne se laissent plus faire comme les matraqués des années '30-40.
Et si je vous faisais la même chose: imaginez que je vous oblige à vous agenouiller devant l'effigie du pouvoir et à lui rendre hommage et glorification, vous serez le premier à prendre les armes contre moi, à me traiter d'Hitler de pacotille, à me défoncer le crâne !
Alors pourquoi les jeunes accepteraient-ils votre dictature, votre dressage inhumain sans broncher ?
Peut être simplement la violence des jeunes s'explique par ces comportements aberrants de la part de leurs éducateurs, par ce manque total et complet de toute empathie, de toute compréhension, de tout respect de l'autre. Je salue les jeunes encore capables de tenir tête à vos délires même s'ils commettent quelques casses, même s'ils se retournent contre vous car vous aurez mérité tout le mal qu'ils pensent de vous !
En reprenant votre texte pour l'analyser, je suis tombé sur plus de 10 (dix) fautes d'orthographe, ce qui laisse quand même pantois et fait voir une sérieuse lacune dans votre éducation, ce qui pourrait expliquer vos vues totalement totalitaires concernant la jeunesse !
(j'ai mis vos fautes entre parenthèses, la plus frappante étant celle des "Grandes Valeures" au lieu de "Valeurs" sans "e"! ce qui démontre bien que votre éducation est plus que déficiente. Comment osez-vous imposer quoi que ce soit à la jeunesse en commettant des fautes pareilles.)
Monsieur, je vous salue en vous priant de nous ficher la paix avec vos déclamations oiseuses, au détriment d'un sain développement de notre jeunesse.
Georges Tafelmacher
pacifiste libertaire
- P U L L Y -
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La contribution de Fernando Savater au débat sur l'éducation en crise est plus féconde que les discussions auxquelles on nous a habitués sur les coûts et les coupes budgétaires. Propos sur l'éducation, qui devrait "humaniser" l'homme, la crise d'autorité des parents, l'école dont on attend qu'elle remédie à toutes les lacunes éducatives.
Parle-t-on de violence des jeunes, de drogue, de montée du racisme, de débacle de l'orthographe? À l'école d'y remédier! On a pris l'habitude de désigner l'école comme le correcteur de toutes les insuffisances culturelles de la société, de toutes les lacunes éducatives et de la confusion des parents. Les enseignants se retrouvent confrontés à toutes sortes de tâches pédagogiques supplémentaires et à un surcroît d'exigences de la part des parents qui abandonnent leur tâche aux maîtres mais se montrent
d'autant plus irrités devant les échecs de leurs enfants qu'ils se sentent obscurément coupables de leur propre démission.
«Familles, vous nous manquez !» Enseignant et philosophe espagnol, Fernando Savater rappelle dans un essai, "Pour l'éducation"*, que celle-ci devrait ressembler à une œuvre d'art collective qui donnerait forme à des êtres humains, c'est-à-dire à des êtres qui, par leur éducation, ont gagné leur humanité. Chaque partenaire a sa partition à jouer.
Optimiste, l'auteur rappelle qu'éduquer, c'est croire à la perfectibilité de l'homme, sa capacité innée d'apprendre et à ce désir de savoir qui le pousse. Si vous répugnez à l'optimisme, laissez tomber! dit-il sans ambages. Et l'auteur de cerner ce que l'on attend de l'éducation. S'agit-il d'une simple transmission des connaissances ou l'éducation doit-elle contribuer à former des gens de bon sens, des citoyens démocrates? doit-elle renforcer l'autonomie, souvent critique et dissidente, ou la cohésion de l'ensemble de la société? doit-elle préparer des concurrents adaptés au marché du travail ou former des hommes complets ?
Despotisme des meneurs
Fernando Savater rappelle que la disparition de toute autorité dans la famille ne prédispose pas à l'exercice responsable de la liberté mais à une capricieuse insécurité qui, avec les années, peut se réfugier dans des formes collectives d'autoritarisme. Bien des parents ont du mal à fixer des règles minimales pour modeler la conscience sociale des petits et toujours plus d'enfants arrivent à l'école avec une socialisation insuffisante pour leur permettre de surmonter avec succès l'effort d'apprendre. Il encourage les parents en leur affirmant que l'autorité des grands se propose aux petits comme une collaboration nécessaire pour eux. «Quand les adultes n'exercent pas leur autorité, cela ne débouche pas, comme le souhaitent les parents réticents à toute autorité, sur le règne d'une anarchie fraternelle mais sur le despotisme des meneurs.»
Nicole Métral
Fernando Savater. Pour l'éducation, 273 pp. Ed. Manuels Payot 13.04.1999
© Edipresse Publications SA, tous droits de reproduction et de diffusion reservés.
Je souhaite attirer l'attention sur une réalité encore taboue. Voici la scène à laquelle j'ai assisté un samedi après-midi en 2008.
À un arrêt de bus du centre-ville de Lausanne, une "mère" assise sur un banc donnait une fessée à son enfant, allongé sur ses genoux. En voulant m'approcher pour intervenir, j'ai vu qu'il y avait une alternance de coups et d'attouchements sexuels. Je n'en croyais pas mes yeux! Tant de monde était à côté! Mais aucune réaction. On s'est sûrement dit: «Ce n'est qu'une fessée !» La scène me paraissait surréaliste, car même l'enfant demeurait calme, sans bouger. Je suis restée là sans pouvoir rien faire, complètement sidérée.
Comment veut-on lutter efficacement contre les abus sexuels sans une interdiction officielle de la fessée et de toute autre atteinte tant physique (comme la circoncision sans raison médicale impérative) que psychique? Car, lorsqu'on apprend aux enfants, à l'école, que leur corps leur appartient et que personne n'a le droit de leur faire du mal, n'est-ce pas là un immense mensonge tant qu'on continue à tolérer, du moins implicitement, ces pratiques ?
Leur interdiction explicite dans le Code civil, au contraire, donnerait à cet enseignement tout son sens et sa cohérence, et les enfants sauraient enfin que leur corps leur appartient vraiment. Il n'y aurait plus d'ambiguïté. Ainsi, leur protection en serait facilitée pour tout le monde.
Quel choc lorsque, deux jours après l'acceptation par le peuple de l'initiative pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine, j'ai appris que le parlement avait rejeté une proposition demandant l'interdiction des corrections physiques !
Stéphanie Chatelain
Une punition qui ramenait la sérénité
Mon imagination ingénue ne parvient pas à évoquer les détails techniques de la scène observée par cette lectrice, par contre le mot "fessée" m'a fait sourire, me rappelant la dernière que j'ai reçue. Mon père nous éduquait avec sévérité. Mais il nous expliquait le pourquoi de ses consignes et nous savions que son but n'était pas d'imposer sa volonté, mais bien de faire de nous des adultes responsables. Parfaitement douée pour faire des bêtises, je savais quand j'avais mérité une fessée. Comme un orage rafraîchit une journée torride, cette punition ramenait la sérénité.
Ce jour-là, les rites étaient respectés: salle de bains (lieu discret approprié à un dénudément), à plat ventre, fesses à l'air et correction. Les coups, absorbés par les rondeurs, ne faisaient pas mal, j'attendais simplement la fin du châtiment. Soudain, la conscience m'est venue de mon inconvenance: «Ton père prend la peine de te fesser et tu ne cries même pas.» Illico, je me suis mise à hurler... par politesse !
Je suis reconnaissante à mon père de l'éducation aimante et stricte qu'il nous a donnée. Elle nous plaçait dans un cadre où la vie avait un sens et où nous trouvions notre place par nos responsabilités.
Irène Strebel
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Voici déjà quelques suites que nous, à notre niveau, pouvons donner à notre démarche de conscientisation des véritables problèmes des jeunes ainsi que quelques pistes pour une meilleure prise en compte de ces problèmes dans le contexte étouffant de la morale biscornue que nous servent les autorités en guise de résolution de ces problèmes. Olivier Maurel nous dit que le jeune n'est que le produit de la société dans laquelle il vit et s'il est poussé à tant de révolte et d'opposition, c'est que tout dans cette société le pousse a être ainsi. Cette société n'a qu'elle-même à se blâmer pour l'état dans lequel se trouve les jeunes et ne peut s'en prendre qu'à elle-même lorsque les choses dérapent et frisent la guerre civile comme en France...
Les textes ci-dessous apportent une quantité d'eau considérable à notre moulin contre les fessées et les mauvais traitement envers les enfants et toutes les dominé-e-s...
CHÂTIMENTS • Jean Zermatten s'étonne qu'en 2010 la fessée où les baffes soient encore considérées comme des méthodes d'éducation. Des décennies que le Valaisan Jean Zermatten se bat pour les droits de l'enfant. Au moment où chacun est dérouté par la violence chez les adolescents, ce spécialiste international se révolte contre tous les modes d'éducation où les châtiments corporels sont encore présents. Il martèle son credo lors de ses conférences.
- Nous avons tous reçu des fessées. Pensez-vous qu'on s'en porte mal aujourd'hui ?
Je ne pense pas que le fait d'avoir reçu une fessée ou une gifle fait que l'on se porte mal. Mais est-ce que l'on ne pourrait pas se libérer de ces pratiques ancestrales ?
- Dans le fond, concrètement qu'est-ce qui plaide contre la fessée ?
C'est totalement contraire à la dignité de l'enfant qui n'a pas à être considéré comme une chose.
- Pensez-vous qu'on peut porter des séquelles psychologiques pour cause de fessée ?
Absolument! Ces séquelles psychologiques, comme aussi le dénigrement ou le rabaissement de l'enfant, se voient à long terme.
- Comprenez-vous qu'on puisse mettre une fessée à un enfant ?
Il peut arriver à une occasion ou une autre que l'on perde ses nerfs face à un enfant sans que cela doive avoir des conséquences policières et judiciaires. Toutes les règles peuvent "souffrir", dans le sens premier du terme, d'exceptions.
- Mais alors, que faire quand on est à bout ?
On se calme, tous les deux. On peut faire appel à un autre adulte et essayer de se raisonner. Il y a des moyens de se contenir et de ne pas céder à la violence. On peut cadrer des choses en étant clair sans avoir recours à la force. Nous n'avons jamais été contre la discipline, dire où sont les limites sans utiliser la force.
- Ne pensez-vous pas qu'une fessée puisse être un électrochoc salutaire ?
Lorsque vous avez un problème avec votre femme, pensez-vous qu'une fessée soit un électrochoc salutaire? Les mauvais traitements ne sont en aucune façon une solution. Au contraire! On enseigne aux enfants que la violence est un moyen de régler un problème. On ne doit pas tolérer avec des plus jeunes ce qui est interdit de faire avec des adultes.
- Sur le fond, vous voulez quoi? Qu'un parent qui met une fessée soit puni ?
Le but que nous poursuivons n'est pas de faire entrer la police dans la famille. Il faut établir que le châtiment corporel n'a pas à se produire. Avec plein d'associations pour les droits de l'enfant, nous militons pour une interdiction des châtiments corporels comme c'est déjà le cas dans une quarantaine de pays. Mais pas en Suisse. Dans notre pays, le Parlement n'a pas voulu interdire les châtiments corporels sous prétexte que s'il y a une infraction, cela peut être puni de façon pénale. Il faut donc que l'enfant porte plainte! Vous pensez que c'est facile ?
Joël Cerutti
Olivier Maurel est l'auteur du livre «La Fessée, questions sur la violence éducative» qui traite des maltraitances des enfants et particulièrement la violence éducative, comme la fessée ou les petites tapes considérées sans danger, ce que réfutent les dernières découvertes scientifiques, comme celles présentées dans son ouvrage.
Fessées, gifles, calottes, tapes ou bastonnades... Dans beaucoup de pays, les enquêtes les plus sérieuses montrent que plus de 80% des enfants subissent encore des méthodes éducatives violentes.
Or, si étonnant que cela puisse paraître, aucun grand philosophe n'a tenu compte dans sa réflexion sur la nature humaine des conséquences de ce dressage violent infligé depuis des millénaires à la majorité des êtres humains au moment où leur cerveau est en formation. Pire: dans les religions, dans les conceptions philosophiques, et aujourd'hui encore dans la psychanalyse, tout se passe comme si l'origine de la violence et de la cruauté humaines était dans la nature même des enfants. Pourtant, les recherches les plus récentes ont révélé chez lui des compétences – attachement, empathie, imitation – qui en font un être remarquablement doué pour la vie sociale.
La source de la violence et de la cruauté humaines réside-t-elle dans la nature des enfants, c'est-à-dire dans notre nature, ou dans la méthode qu'on a utilisée de tous temps pour les élever ?
C'est à cette question que répond Olivier Maurel, en s'appuyant sur les recherches d'Alice Miller et les plus récentes découvertes de la neurologie. Après la lecture de ce plaidoyer inédit, il sera difficile de continuer à appeler "éducation" le fait de frapper un enfant.
Olivier Maurel - né à Toulon le 8 avril 1937, agrégé de lettres, il est l'auteur de plusieurs livres parmi lesquels «La Fessée», aux éditions La Plage, 2001, et «œdipe et Laïos - Dialogue sur l'origine de la violence» (avec le psychanalyste Michel Pouquet), L'Harmattan, 2003. Il préside l'Observatoire de la violence éducative ordinaire.
Autres liens :
- Enfant et apprentissage
- Alice Miller
SOCIOLOGIE • Une domination sociale n'est jamais aussi efficace que lorsqu'elle nous apparaît comme "naturelle" et demeure en grande partie invisible. Dans le genre, il en est une que nous côtoyons au quotidien: la domination des adultes sur les enfants.
Les multiples rapports de domination qui structurent notre vie sociale sont visibles à des degrés divers: certains sont connus et reconnus (la domination masculine par exemple), d'autres ont été mis en évidence mais restent en partie cachés (on pourra citer la domination culturelle et symbolique). On sait aussi que mettre au jour un rapport de domination ne suffit en rien à le faire disparaître, mais c'est pourtant une étape nécessaire: il faut prendre conscience de quelque chose pour pouvoir commencer à lutter contre. Or il existe au moins un type de domination qui reste aujourd'hui presque totalement invisible, que nous côtoyons pourtant tous les jours, et pour lequel nous avons tous été à la fois dominé et dominant: il s'agit de la domination exercée par les adultes sur les enfants.
Énoncer qu'il existe un rapport de domination des adultes sur les enfants peut sembler à la fois une évidence et une absurdité: une évidence, car on ne saurait nier que la position d'adulte confère globalement une position d'autorité sur celle d'enfant; une absurdité, car cette position nous apparaît comme normale, naturelle et même positive. Elle s'appuie de plus sur des caractéristiques "objectives": les enfants sont objectivement "dépendants", "fragiles", ce sont des "êtres en cours de formation" qu'il convient donc de "protéger", "d'éduquer", "d'encadrer", etc. Il existe pourtant des signes clairs qui permettent de montrer que ce rapport adulte/enfant est bien un rapport de domination, qui plus est particulièrement violent.
Le statut inférieur accordé aux enfants est d'abord présent dans la manière de les nommer. L'enfant, étymologiquement, est celui "qui ne parle pas". Il appartient au monde des "petits". Jusqu'à l'âge de sa majorité, il est considéré comme un être "mineur". Par ailleurs, la plupart des appellations utilisées pour le désigner sont de l'ordre du péjoratif: gosse, gamin, morveux, chiard... Et celles-ci sont souvent considérées comme des insultes quand elles sont appliquées à des adolescents ou des adultes ("bébé", "gamin ", "ne fais pas l'enfant", etc.) (1). Objectivement, l'enfant est évidemment dans une situation de dépendance quasi totale vis-à-vis des adultes, et en particulier de ses parents: pas de ressources propres, pas d'indépendance possible, pas de droit de regard sur les décisions le concernant, y compris jusqu'à un âge avancé. Une fois scolarisé, il est soumis à des horaires et à une charge de travail très importants, comparables à ceux endurés par beaucoup d'adultes dans leur vie professionnelle. En dehors de l'école, il n'est jamais totalement maître de son temps et de ses activités car c'est en général toujours l'organisation et la volonté des adultes qui l'emportent ("on doit partir, tu joueras plus tard").
Typique de nombre de relations de domination, cette dépendance est d'ailleurs totalement "renversée" dans certains discours: on parle ainsi "d'enfant-roi" ou "d'enfant-tyran", tout comme on insinue parfois que les chômeurs sont des privilégiés ou que les immigrés sont coupables de "racisme anti-français".
Une vision profondément négative de l'enfant
Les enfants bénéficient parfois d'une valorisation sur des aspects secondaires et limités, en général basée sur des attributs physiques ou des comportements conformes aux attentes: on les jugera "mignons", "adorables ", "gentils", "polis", "bien élevés". Mais ces valorisations temporaires masquent en réalité une vision extraordinairement négative de l'enfant, et ce dès sa naissance. Dans la plupart des discours (médicaux, éducatifs, psychologiques), l'enfant est considéré comme un être qui va "chercher la faille", "tester les limites", et qui, si on ne lui impose pas un cadre contraignant, va "en profiter", accumulera les bêtises et les comportements égoïstes. Héritage d'une tradition judéo-chrétienne et psychanalytique (2), cette vision fait croire à un enfant porteur de "vices" ou de "pulsions", qu'il va falloir redresser et corriger par le biais d'une éducation rigoureuse.
Ainsi, dès les premiers instants, le bébé qui pleure sera accusé de "comédie" et de tentative de manipulation auxquelles il ne faut pas céder, sous peine d'être par la suite totalement débordé et, à la limite, transformé en esclave de son propre enfant. On trouverait sans doute là de nombreux parallèles avec d'autres formes de domination: on pourra citer les femmes, souvent réduites à leurs attributs physiques, et dont l'image reste souvent très négative (historiquement comme sources de péchés ou de tentations, aujourd'hui encore comme susceptibles de séduction, de manipulation ou de "bêtises" comme des dépenses excessives et futiles, etc.) ou les classes populaires, parfois valorisées pour divers attributs secondaires (le franc-parler, la convivialité, la force de travail...) mais fondamentalement extrêmement stigmatisées et implicitement soupçonnées de propension à la violence ou au racisme (3). Une domination a en effet toutes les chances de paraître légitime si elle fait passer le groupe dominé comme potentiellement "dangereux".
La position dominée des enfants s'exprime aussi à travers la non prise en compte, voire la négation de leur parole et des besoins qu'ils peuvent exprimer. Bien souvent ces besoins ou envies sont considérés comme des "caprices", donc comme des demandes qui n'ont pas de valeurs en elles-mêmes. Un enfant qui a très envie d'une console de jeux se verra souvent accusé de "caprice". Un adulte souhaitant acheter un iPhone, beaucoup moins (encore que cette probabilité augmentera fortement s'il s'agit d'une femme). Cette notion centrale de "caprice" commence d'ailleurs très tôt, y compris pour l'expression de besoins extrêmement fondamentaux (la faim, le besoin de contact ou d'attention) par les nouveau-nés. Et elle concerne également la négation du chagrin ou de la douleur: la plupart du temps, lorsqu'un enfant tombe et se fait mal, les premiers mots prononcés sont "ce n'est rien, ne pleure pas". On se souviendra d'ailleurs que jusqu'à récemment les bébés étaient opérés sans anesthésie.
Prendre conscience de cette domination en étant nous-mêmes dominants
Enfin, la domination adulte s'exprime le plus brutalement par la maltraitance dont les enfants sont souvent les objets. Au-delà des cas extrêmes (les victimes de viols ou de meurtres "passionnels" liés à des séparations sont presque exclusivement des femmes ou des enfants), les enfants demeurent le seul groupe social qu'on a légalement le droit de frapper (4). On accepte encore aujourd'hui que les enfants soient battus, pour leur bien, comme on acceptait hier que les femmes soient battues, pour les mêmes raisons.
Et cela sans parler des violences psychologiques: insultes, cris, punitions, humiliations, qui sont monnaie courante à des degrés divers et le plus souvent parfaitement tolérées. Tenter de faire apparaître la relation adulte/enfant comme un rapport de domination comporte une double difficulté: chaque argument peut apparaître soit comme une évidence, soit être immédiatement réfuté, y compris par soi-même, par l'idée que cet état de fait est peut-être regrettable ou excessif, mais qu'il est nécessaire, sous peine de conséquences négatives. L'autre difficulté est qu'en tant qu'adultes, et encore plus en tant que parents, nous devons prendre conscience de cette domination en étant nous-mêmes dominants. Ceci passe alors par une remise en cause personnelle et un travail permanent pour ne pas se laisser aller à ce qu'on ferait souvent naturellement: se comporter avec ses enfants d'une manière qu'on n'accepterait pas de la part d'un homme envers une femme ou d'un patron envers ses employés.
Pourtant cette domination est une question particulièrement cruciale: nous l'avons tous vécue en tant que dominés étant enfants. Nous avons tous subi nombre de violences plus ou moins grandes, nous les avons acceptées et elles nous apparaissent bien souvent, en tant qu'adulte, comme nécessaires et positives. Or cette expérience et cette acceptation de la domination jouent certainement un rôle dans sa reproduction plus tard en tant qu'adulte, mais aussi dans son application à d'autres contextes et vis-à-vis d'autres groupes sociaux.
Sur le plan politique, enfin, tout ou presque reste à faire. En effet, à la différence d'autres types de dominations qui, à défaut d'être réellement combattues, ont au moins acquis une certaine visibilité (domination masculine, domination de classe, domination hétérosexuelle...), la domination adulte et la place des enfants sont des thématiques totalement absentes du champ politique. Les enfants ne sont présents, y compris dans les programmes de gauche, que par le prisme de l'école, de la santé ou des modes de garde. Avec une difficulté supplémentaire: si le plus souvent les dominés peuvent mener eux-mêmes le combat contre leur domination, dans le cas des enfants c'est presque impossible...
Au-delà des luttes pour les "droits de l'enfant" ou la "protection de l'enfance", qui visent en général à s'attaquer aux violences les plus flagrantes, un véritable travail de mise à jour et de construction politique est donc nécessaire si on souhaite aboutir progressivement à la fin des violences et à une égalité de considération et de traitement entre adultes et enfants.
LES MOTS SONT IMPORTANTS...
COLLECTIF (5) - Créé en 2000 par Pierre Tevanian, professeur de philosophie et militant, et Sylvie Tissot, enseignante et chercheuse en sociologie et féministe, le collectif français «Les Mots sont importants» (lmsi.net) s'inscrit dans le mouvement de l'analyse critique du discours public et médiatique. L'objectif du collectif est la «mise en évidence et la dénonciation de l'entretien des préjugés et des politiques racistes, la légitimation de l'oppression dite "sécuritaire", l'euphémisation de nombreuses violences, notamment étatiques; l'occultation des questions dites "mineures" comme le sexisme ou l'homophobie, le triomphe du mépris de classe et de la "guerre des civilisations"», cela notamment par une analyse des "mots importants" selon le double éclairage de la philosophie et de la sociologie.
Un livre résumant ces dix années de critique sociale est paru en mars 2010 aux éditions Libertalia «Les mots sont importants» - 2000/2010, P. Tevanian, S. Tissot, 296 p. 13 euros), www.editionslibertalia.com
Notes :
* Julien BARNIER, du Collectif «Les Mots sont importants».
1 - Pour une analyse plus détaillée on pourra se reporter au texte - «L'enfance comme catégorie sociale dominée»
2 - Pour une analyse historique détaillée de la genèse de cette conception négative de l'enfant, voir l'ouvrage d'Olivier Maurel, «Oui, la nature humaine est bonne !», Robert Laffont, 2009.
3 - Cf. la désormais célèbre citation de Nicolas Baverez: «Pour les couches les plus modestes, le temps libre, c'est l'alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance.»
4 - Sur la question de la violence physique sur les enfants et de son interdiction, voir le travail de l'Observatoire de la violence éducative ordinaire
5 - Collectif «Les Mots sont importants»
Jean Zermatten - «EST-CE QUE L'ON NE POURRAIT PAS SE LIBÉRER DE CES PRATIQUES ANCESTRALES ?»
Julien Barnier - «La vision de l'enfant héritée d'une tradition judéo-chrétienne et psychanalytique fait croire à un enfant porteur de "vices" ou de "pulsions", qu'il va falloir redresser et corriger par le biais d'une éducation rigoureuse.»
Le Troll du Web - Mais comment faire sans? Il existe de nombreuses ressources que je cite en vrac: la communication non violente de Marshall Rosenberg, les livres d'Alice Miller, les livres d'Isabelle Fillozat, ceux de Catherine Dumonteil Kremer, ceux de Thomas Gordon ou encore de Mesdames Faber et Mazlish...
voir: Troll du web
Le chemin de la non-violence envers les enfants n'est pas un boulevard mais il est passionnant! Il est d'autant plus passionnant qu'on finit même par se rendre compte que même les punitions et les récompenses n'ont pas les vertus qu'on leur prête... Il n'est pas non plus magique: Oui il faut plus d'un rappel, plus d'une discussion pour que nos enfants "grandissent". Mais les distributeurs automatiques de fessée auront-ils le culot de dire qu'ils n'en ont donné qu'une seule, que la fessée est magique ?
Que faire face à son fils ou sa fille de quatre ans qui exige sa marque de céréales pour le petit déjeuner, qui exige des bonbons à une caisse du centre commercial, ou encore qui refuse de se laver ?
Tout d'abord, afin de mieux comprendre le phénomène de l'enfant-roi, nous avons recherché l'origine historique du problème. Puis nous avons soulevé les répercussions sur la vie adulte d'un enfant-roi. La phase de l'adolescence de l'enfant-roi est également évoquée, car elle joue un rôle crucial pour la suite de son développement. D'autre part, nous avons expliqué les conséquences que l'enfant-roi peut avoir sur les parents. Aussi, notre travail décrit comment reconnaître un enfant-roi en caractérisant ce dernier avec précision. Après avoir cerné les problèmes liés à l'enfant-roi, nous avons cherché les diverses solutions existantes pour gérer ce phénomène. Quatre moyens nous sont alors apparus: les manuels pour parents, les manuels pour enseignants, les pédopsychiatres, ainsi que des émissions télévisées à but éducatif telles que Super Nanny ou Pascal le Grand Frère. Notre objectif final étant de publier un article de presse concernant l'enfant-roi, nous avons présenté, dans la dernière partie de notre travail, des ébauches d'articles qui nous ont été proposées de réaliser à titre d'entraînement avant la publication de notre article final dans un journal régional.
Nous avons choisi le sujet de l'enfant-roi, car il s'agit d'un thème d'une actualité brûlante à partir duquel nous rédigerons un article dans la rubrique "société" pour un journal. Nous avons en outre voulu en apprendre plus sur un phénomène, généré par notre société, qui nous touche aux différents stades de notre vie. Il nous semblait également intéressant de comprendre le phénomène de l'enfant-roi par une approche "psychologique". L'intérêt pour cette dimension est partagé et il a aussi déterminé notre choix. Les enjeux de l'éducation sont importants et les problèmes générés par l'éducation des enfants sont omniprésents dans notre société et angoissants, parfois.
Notre travail comporte deux parties: la première partie est une approche théorique du sujet de l'enfant-roi et la deuxième partie est en rapport avec la rédaction d'un article de presse. Tout d'abord, nous avons rassemblé diverses définitions de l'enfant-roi pour les fondre en une seule. Nous avons ensuite défini les origines historiques de l'avénement de l'enfant-roi. Nous avons examiné les conséquences du comportement de l'enfant-roi et ses répercussions à l'âge adulte mais aussi celles que l'enfant provoque chez les parents...
Ce n'est qu'un résumé et cela continue sur quelques 30 pages...etc.etc.etc....
Lekiqi Mimoza - Boffa Valentin
Lire la suite de ce travail de maturité de 30 pages avec de nombreux conseils et références bibliographiques à télécharger sur: Enfant-roi
Éducation • Aujourd'hui, la société place l'enfant au centre de toutes les attentions. L'enfant perçoit la possibilité de prendre le pouvoir au sein de la famille. Un travail de maturité de deux jeunes gymnasiens lausannois donne des pistes aux familles concernées.
«Maman! Je VEUX ces bonbons! c'est ceux qu'y avait à la télé ce matin». La scène se passe à la caisse d'un centre commercial. Tout d'abord, la mère refuse, mais l'enfant crie tellement fort, trépigne du pied, et fait un tel tapage, qu'elle cède sans qu'il ne dise "merci", de quelque façon que ce soit.
Manipulateur et menteur
Beaucoup ont probablement déjà assisté à une scène semblable, dans laquelle un parent cède face à son enfant capricieux. Voilà un phénomène d'actualité puisque aujourd'hui, tout tourne autour de l'enfant et qu'il sait imposer sa volonté. La société place l'enfant dans une position de décision qui lui offre certains pouvoirs. L'enfant choisit la marque de ses chaussures, mais cela peut aller jusqu'au choix de la couleur de la nouvelle voiture de ses parents. Dans bien des cas, il est possible de qualifier ces enfants d'enfants-rois. Comme son nom l'indique, un enfant-roi est un enfant qui décide de tout, qui exige la satisfaction de sa volonté et qui impose son propre mode d'organisation, tel un souverain. Il est nombriliste et ne supporte pas l'autorité. Bien que les parents cherchent à satisfaire ses moindres désirs, il n'est paradoxalement pas heureux. Il existe de multiples caractéristiques propres à l'enfant-roi telles que l'impulsivité, l'égocentrisme, l'incapacité d'aimer et le manque de sensibilité. L'enfant-roi tend à satisfaire tous ses désirs. II n'hésite pas à utiliser autrui pour son propre intérêt. En effet, il exploite ses relations par la manipulation ou le mensonge. Il est inconscient de son comportement et donc du mal qu'il peut causer, car son sens moral n'est pas suffisamment développé. Ceci est la conséquence d'une éducation trop permissive, sans cadre ni limites.
Un cadre et des limites
Le remède est d'imposer une éducation avec un cadre et des limites claires, nécessaires pour le développement social de l'enfant. Selon Laurent Pfulg, professeur de psychologie au gymnase de Beaulieu, «les parents doivent bien cadrer leurs enfants entre l'âge approximatif de 2 et 6 ans». Son conseil: «Osez dire non et posez des règles auxquelles vous serez fidèles». On retrouve ces conseils sous forme d'ouvrages et les parents ont la possibilité de consulter un pédopsychiatre avec l'enfant. étant donné qu'il est difficile de "rééduquer" un enfant-roi, il est préférable de bien cadrer son enfant dès le plus jeune âge et ainsi éviter d'éventuelles difficultés.
Valentin Boffa et Mimoza Lekiqi - ©LeRégional
L'idéologie du 19ième siècle reformatée pour le 21ième :
«Osez dire non et posez des règles auxquelles vous serez fidèles.»
Laurent Pfulg, professeur de psychologie
Il est pour le moins surprenant de voir des jeunes gymnasiens reproduire à la perfection les délires sécuritaires et les réprobations moralistes de leurs aînés envers des gens qui ne font que marcher dans la ligne de la société actuelle. Il est inquiétant de voir à quel point la leçon est non seulement assimilée mais carrément incorporée dans la structure mentale de ces jeunes qui font siennes ces accusations hourdies contre certaines catégories sociales ayant diverses difficultés et quelques problèmes induits non pas par laxisme mais, paradoxalement, par une trop grande conformité envers les tendances néolibérales du moment et de la volonté des "opinion-leaders" qui "pensent" cette société, de faire soumettre aux autres les diktats d'un fonctionnement darwinien et conquérant de notre société moderne avec son cortège de cadres stricts et de limites étouffantes, moralisatrices et impératives.
Partout autour de moi, j'entends des personnes imbus de leurs importances dicter une philosophie restrictive et contraignante à la population en générale pour soi-disant "résoudre les problèmes de notre société" dans une tentative quasi-désespérée de nous ramener à une époque inexistante où, supposément, on savait châtier, éduquer, où les gens marchaient droit et respectaient les consignes de leur domination. Comme si des cadres et des limites ont une fois résolus nos problèmes, comme si en faisant la morale aux gens, cela les changerait ou les améliorait, comme si les problèmes de société étaient nés de leur non-respect.
En fait, il me semble que ces problèmes d'enfants face à la folie consommatrice est plutôt l'expression même des contradictions graves dans lesquelles nous jètent nos penseurs néolibéraux avec leurs discours politiquement-correctes d'un autre âge où la société était menée par les pires autocrates que cette terre ait portée, où la logique industrielle a soumis les travailleurs à une domination que nous peinons de sortir à présent, où le moralisme était fait d'impératifs catégoriques, où les cadres et les limites étaient avant tout les mécanismes de notre esclavage. On veut faire croire d'office que toute la faute de l'état dans lequel se trouve notre société est imputable à quelques pauvres hères égarés dans le champ de guerre économique que nos pères nous ont légué en guise d'héritage empoisonnée. Après la lecture pénible de l'article susmentionné, je me suis demandé si ce problématique de "l'enfant-roi" ne serait pas directement lié à une révolte inconsciente que nous portons en chacun de nous car nous sommes devenus incapables de comprendre les véritables sources des problèmes et d'agir sur les forces qui nous dominent et qui nous font chercher des boucs-émissaire dans l'espoir foireuse de corriger les comportements ressentis comme "mauvais" de nos chères têtes blondes.
Mais cette manière de percevoir nous met en face de nos pires contradictions et nous empêche d'apporter les vraies solutions à nos problèmes actuels, fruits d'une mentalité à l'œuvre depuis la fin de la deuxième guerre mondiale – la société de consommation et la création de richesses par la spéculation financière, l'industrialisation expansionniste, la concurrence à outrance et les agissements d'une élite ayant basée sa domination sur sa forme la plus populiste, soit la satisfaction des besoins induites par le matraquage publicitaire et le formatage des cerveaux !
Puis-je suggéré à ces jeunes gymnasiens, apparemment trop bien formatés aux principes de la domination actuelle, de revoir leurs classiques et d'apporter un autre son de cloche plus approprié à leur jeune âge et plus en rapport avec ce qu'une grande majorité des gens cherche obstinément, soit l'amour du prochain, l'empathie, la compréhension et le respect des autres. Comment leur dire que nous commençons à en avoir assez de ces discours impératifs qui, en fait, jugent les gens et les privent des moyens de se comprendre et d'évoluer vers des destinées plus joyeuses que la soumission à des cadres et des limites imposées par une élite qui croit savoir penser, qui nous abreuve de leurs considérations déclamatrices et orientées et qui nous accusent d'être les instigateurs de la gabegie actuelle ?
Je comprends que votre journal puisse rapporter des faits de société mais je trouve cela dommage que vous n'apportez pas des contre-expertises qui relativiseraient ces explications entendues de ces faits de société et qui nous feraient voir que d'autres arguments seraient possibles, arguments qui ne feraient pas la part belle à ces dissertations qui fustigent encore et toujours les victimes des incohérences de nos dirigeants mégalomanes, avides de pouvoir, à la recherche de leur enrichissement personnel.
Ci-dessous, une lettre de lecteur à faire paraître pour que cet autre point de vue puisse transparaître aux yeux d'une population qui veut maintenant des analyses objectives de l'état réel de notre monde et un rapport fouillé sur les conséquences de ses fondements sur la mentalité de chacun. Qu'une copie de cette lettre soit envoyée à ces jeunes ex-gymnasiens pour qu'ils puissent saisir toutes les nuances infinies des comportements des humains que nous sommes !
commentaire par GPT
Cette société dite "moderne" est d'abord une fabrique de clichés et de notions politiquement-correctes prêts à consommer !
Et surtout, elle passe son temps à chercher des boucs-émissaire pour détourner notre attention des vrais problèmes.
La preuve ?
La description de l'enfant-roi recoupe celle des consommateurs en général que nous ne saurons voir. Cette société, pour assurer la prospérité d'une élite autoproclamée, a fait de nous des consommateurs impulsifs, égocentriques, sans aucune sensibilité autre que celle dévolue à l'attractivité des produits de consommation et des marchandises identificatrices. En fait, les caractéristiques de l'enfant-roi sont, ni plus ni moins, celles du consommateur lambda, formaté par l'idéologie consommatrice politiquement-correcte servie à toutes les sauces que personne ne vient dénoncer comme on le fait pour le moindre pét du môme suspecté d'être "enfant-roi". Et le tour est joué – on veut nous faire croire que si la société est dans l'état où elle est, c'est la faute à "une éducation trop permissive sans cadre ni limites" et non parce que nous avons choisi depuis presque 60 ans la consommation comme but et finalité de la vie.
On veut imposer un cadre et des limites à des parents qui font ce qu'ils peuvent dans les conditions actuelles mais à aucun moment, il s'agirait de mettre des limites à la consommation ou un cadre au lavage des cerveaux fomenté par la pub omniprésente, dominatrice et formatrice qui, elle, rend tout le monde impulsif, égocentrique et autre !
Ce n'est pas de cadre ou de limites qu'il faut mais de compréhension, d'empathie et d'un peu de sens commun en se sortant de la logique de la consommation !
Georges Tafelmacher
C'est ce que propose Isabelle Filliozat, psychologue-psychothérapeute française. Qui sort un livre pour aider les parents à comprendre ce qui se passe dans la tête des enfants.
Renversant...
Lisez encore des commentaires qui donnent une bonne idée de pourquoi le monde est dans l'état qu'il est et de comprendre pourquoi il n'est pas surprenant que la violence ait pris le dessus car c'est par les claques que l'on apprend la violence aux enfants.
Bonne lecture : => Migros Magazine
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textes préparés par Georges Tafelmacher, anarchiste, GSsA/Vd, CUP/Vd, OSL, Gauche en Mouvement