Votations sur l'Armée

Exportation d'Armes


Démarches menant à l'initiative pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre


Le long chemin amenant jusqu'à l'initiative, les premiers pas vers le désarmement !

À son assemblée générale du 30 avril 2006, le Groupe pour une Suisse sans Armée a décidé de lancer l'initiative populaire pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre en droite ligne et inspirée des pétitions que nous avons envoyées à Mme. Calmy-Rey et dont la réponse fut des plus succincte. En fait, cette initiative a aussi été conçu pour aider à resoudre le problème de la Palestine et la concerne directement !



Sommaire



Exportations d'armes: le laxisme du Seco en matière d'autorisations

Communiqué GSsA du 16/02/2006

Selon la communication du Secrétariat d'Etat pour l'économie (Seco) en date du 14 février, les entreprises d'armement suisses privées et étatiques ont exporté l'an dernier du matériel de guerre pour un montant de 258 millions de francs. Le laisser-aller des instances appelées à évaluer les demandes d'autorisation d'exportation (Seco, chef du département de l'économie (DFE), Conseil fédéral) est illustré par l'exemple des Emirats Arabes Unis. Bien que ces derniers aient dans le passé violé de manière démontrable les «End User Agreements» prescrits par la loi, en laissant transiter des armes suisses vers des pays tiers (cf. émission 10VOR10 du 1.9.2005), dans le dernier trimestre de 2005, du matériel de guerre a encore été exporté vers les Emirats. Ce faisant, la Suisse perd toute crédibilité car les «End User Agreements» deviennent totalement inopérants lorsque la violation du contrat par des gouvernements étrangers n'entraîne aucune sanction.

Les chiffres publiés le 14 février montrent une fois de plus que les entreprises d'armement suisses tirent profit d'affaires irresponsables :

Les chiffres publiés montrent que dans le domaine de l'exportation de matériel de guerre il existe une grande latitude d'action. C'est pourquoi, du point de vue du GSsA, la seule solution soutenable, et la plus propre aussi, contre un traffic sordide, réside dans l'interdiction générale de l'exportation d'armes. Le GSsA compte réunir, dans les semaines et les mois qui viennent, des partenaires dans une coalition, afin de se rapprocher d'un pas de ce but.

©GSsA

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Programme d'armement 2005 : Dépôt d'une pétition

24'249 signataires et 45 organisations contre la collaboration militaire avec les pays du Proche Orient

Pétition au parlement fédéral - contre la collaboration militaire avec Israël

45 organisations et 24'249 personnes ont signé la pétition pour un moratoire en matière d'armements avec les pays du Proche Orient qui a été adressée au Conseil Fédéral et au Parlement lors d'une action symbolique aujourd'hui à Berne.

Les signataires et les 45 organisations qui ont soutenu la pétition, demandent de suspendre la collaboration militaire avec les pays du Proche Orient en général et de renoncer aux achats d'armements en provenance d'Israël prévus dans le cadre du programme d'armement 2005.

La pétition a été lancée en juin 2005, suite à la décision du Conseil fédéral de reprendre la collaboration militaire avec Israël, en grande partie suspendue depuis 2002, et d'acquérir, dans le cadre du programme d'armement 2005, des composantes pour un montant de 150 millions de francs en Israël. Depuis le lancement de la pétition, aussi d'autres types de collaborations militaires avec des pays du Proche-Orient ont fait l'objet de l'intérêt médiatique: le Conseil fédéral s'est vu obligé de suspendre la vente prévue de chars M 113 à l'Irak et des obusiers blindés exportés vers les Emirats Arabes Unis (EAU) ont été découverts au Maroc, malgré une déclaration de la part des EAU excluant une revente. Ces deux épisodes montrent qu'un moratoire dans la collaboration militaire avec les pays du Proche-Orient serait la meilleure option pour le moment.

À la conférence de presse, qui a eu lieu avant le dépôt de la pétition, les conseillers nationaux Josef Lang (SGA Zoug) et Carlo Sommaruga (PS/GE), ont insisté sur le fait que la collaboration militaire avec les États de la région en crise qu'est le Proche-Orient mettait en danger la crédibilité et la cohérence de la politique extérieure suisse, qui a fait de la promotion des droits de l'homme et du respect du droit international humanitaire un de ses objectifs principaux. La collaboration militaire avec les états du Proche-Orient doit être suspendue et cela aussi longtemps que le droit international et les droits humains fondamentaux n'y seront pas respectés.

Les intervenants se sont montrés satisfaits du résultat de la pétition. Malgré un délai très court pour la récolte de signatures pendant les mois d'été, la réponse du public a été considérable: l'objectif ambitieux de 20'000 signatures a clairement été dépassé. Le fait que 45 organisations, – œuvres d'entraide, syndicats, partis politiques, organisations de solidarité juives et palestiniennes aient soutenu la revendication constitue un succès indéniable. Sur la base du résultat du vote du Conseil national, la large coalition qui soutient la pétition va décider de la suite de l'action.

Des violations inacceptables des droits humains et du droit humanitaire international

La récente réduction des actes violents et le retrait annoncé de la bande de Gaza ne sauraient cacher l'aggravation continuelle de la situation pour la population palestinienne dans les Territoires occupés. Avec l'extension des colonies israéliennes, la construction du mur et l'enfermement de villes et villages, l'Etat et l'armée israélienne continuent de violer gravement les droits humains de la population Palestinienne et le droit humanitaire international, notamment la quatrième Convention de Genève (transfert par la puissance occupante d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé, destructions de maisons, punitions collectives comme le bouclage de régions entières, torture, détention administrative, déportations). La résolution 242 du 22 nov. 1967 du Conseil de sécurité de l'ONU exige de l'Etat d'Israël qu'il se retire des territoires qu'il occupe. Elle demande en outre à toutes les parties au conflit de respecter la souveraineté et l'indépendance politique de chacun des Etats, donc aussi aux Etats arabes concernés de reconnaître à Israël le droit d'exister. De plus, la plupart des pays arabes continuent à fouler au pied les droits de l'Homme les plus élémentaires, refusant à leurs citoyens la liberté d'expression et emprisonnant arbitrairement les opposants politiques non-violents. La torture et les mauvais traitements sont chose courante dans toute la région.

L'engagement pour une solution pacifique doit être authentique et crédible

Après une phase de "réserve" relative dans la collaboration militaire avec Israël, le Conseil fédéral a décidé d'inclure dans le programme d'armement 2005, l'achat pour 150 millions de francs de matériel militaire en provenance d'Israël. En agissant de la sorte, il met en péril la crédibilité de sa politique étrangère. La Cour Internationale de Justice, soutenue par la Suisse, rappelle que «tous les Etats sont dans l'obligation de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par la construction du mur» et que «tous les Etats parties à la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ont l'obligation, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, de faire respecter par Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette convention».

L'engagement de la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, pour l'application du droit humanitaire international, n'est pas authentique ni crédible du moment que la Suisse poursuit la collaboration dans le domaine militaire (production et achat de matériel militaire, visites de délégations de haut rang, services secrets) avec l'armée et l'industrie militaire d'un Etat qui viole de manière systé­matique le droit international humanitaire.

En raison de son ampleur réelle, de sa signification symbolique et politique, la coopération militaire constitue aujourd'hui un sujet central pour entreprendre en Suisse des démarches concrètes en vue d'une solution non militaire du conflit israélo-palestinien sur la base des résolutions de l'ONU et du droit international humanitaire.

Pour ces raisons, nous demandons un moratoire immédiat dans la coopération avec les industries d'armement, l'armée et les services secrets de tous les pays impliqués dans le conflit au Proche-Orient. Ce moratoire doit rester en vigueur jusqu'à l'application du droit international humanitaire et des résolutions 194 (Assemblée générale), 242 et 338 (Conseil de Sécurité) de l'ONU.

En particulier, nous demandons au Conseil fédéral et au parlement de renoncer à l'achat pour 150 millions de francs de matériel militaire en provenance d'Israël, prévu dans le cadre du programme d'armement 2005.


Non à la collaboration militaire et au commerce de matériel militaire
avec les pays du Proche-Orient.

Pour l'application des Conventions de Genève et du droit international
dans le conflit israélo-palestinien.

Non à l'achat de matériel militaire israélien
dans le programme d'armement 2005.

©GSsA - 2005

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La politique de la Suisse dans le domaine de la collaboration militaire doit être reconsidérée

par Carlo Sommaruga, Conseiller national (PS/Genève)

Le grand succès de la pétition montre que la politique de la Suisse dans le domaine de la collaboration militaire, autant au niveau des importations qu'au niveau des exportations, doit être reconsidérée.

Samuel Schmid a entre autre justifié le changement de politique - se manifestant par l'achat d'armements en Israël - en argumentant qu'il fallait honorer les "évolutions positives" dans la région du Proche Orient. Le retrait israélien de la bande de Gaza est certainement à qualifier de positif. L'évacuation des colonies et des barrages routiers, qui divisaient la bande de Gaza, ont considérablement amélioré les conditions de vie des Palestiniens. Cependant beaucoup de problèmes persistent, voire s'accentuent et nous sommes toujours loin d'un juste équilibre: j'ai moi-même eu l'occasion de visiter la Cisjordanie et j'ai pu y observer de mes propres yeux les problèmes sur place. La construction des colonies continue sans relâche en Cisjordanie: depuis qu'Ariel Sharon a annoncé le retrait de Gaza à Herzlia en janvier dernier, la population des colons a augmenté d'environ 10'300 personnes - en comparaison au 8000 colons qui ont été évacués dans le cadre du retrait de Gaza. Rien qu'au cours du premier trimestre 2005 la construction de 500 maisons a été entreprise dans les colonies - auxquelles s'ajoutent 117 bâtiments supplémentaires, qui selon une décision prise en septembre, élargiront encore la colonie Ariel. J'aimerai ajouter que tous ces chiffres ne proviennent pas d'ONG mais du Bureau Central de statistiques israélien. Ces chiffres montrent que de nouveaux obstacles sont mis en place et que ni l'engagement liée au droit international, à savoir le non-transfer de parties de la population dans les territoires occupés, ni l'engagement liée à la Road Map, c'est é dire la suspension de la construction de colonies dans les territoires occupés, sont respectés.

Les postes avancés des colonies, illégaux selon le droit israélien, n'ont pas été évacués et la construction du mur de séparation, malgré un verdict de la Cour Internationale de Justice, se poursuit sur le territoire palestinien et séparera, à son achèvement, plus de 10% du territoire de la Cisjordanie. Ces faits montrent que le droit international continue à être ignoré et que la situation est toujours loin d'être satisfaisante. Les "évolutions positives" ne suffisent pas pour remettre en question notre consistance et crédibilité politique.

En effet, la Suisse ne devrait plus que jamais faire en sorte que sa politique et ses exportations d'armement ne soient pas menées de manière détachée des priorités de sa politique extérieure. Le groupe parlementaire du PS a donc décidé à l'unanimité, en vu du programme d'armement 2005 et de l'idée plutôt douteuse du Conseil fédéral de livrer des chars blindés à l'Irak, de soutenir la pétition qui va être soumis. Mais pour être conséquente la Suisse doit aller plus loin: le groupe parlementaire du PS a donc adopté le 10 septembre un une série d'interventions demandant la limitation des exportations de matériel de guerre, notamment vers les pays du Proche et Moyen Orient, et le renforcement de la loi fédérale sur le matériel de guerre.

La coalition à l'origine de la demande présentée aujourd'hui et le nombre élevé de signatures pour la pétition montrent que le besoin à ce sujet est grand. Que tous ceux qui soulignent l'importance économique de notre collaboration militaire sachent. Pendant le processus d'Oslo, alors qu'une solution se dessinait pour une paix entre Israéliens et Palestiniens, les exportations de la Suisse vers Israël étaient bien plus importants qu'aujourd'hui: entre 1998 et 2003 (le processus de paix a échoué en l'an 2000) les exportations de la Suisse vers Israël ont diminué de presque 40% - ce n'est pas la collaboration militaire, mais l'engagement pour trouver des solutions pour la paix qui soutient notre économie.

©Carlo Sommaruga

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Un bilan très réjouissant de la campagne de soutien à la pétition

par Tobias Schnebli, Collectif Urgence Palestine (CUP) - Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) Genève

Les 45 organisations qui soutiennent la pétition recouvrent un spectre très large de la société suisse engagée, de près ou de loin, sur le conflit au Proche-Orient. Ce sont une dizaine d'entre elles qui ont fourni une bonne partie du travail néces­saire pour aboutir au très bon nombre de signatures récoltées.

Le fait qu'environ la moitié des signatures provient de la Suisse romande est plutôt le reflet d'une présence plus nombreuse en Romandie d'activistes de base qui ont tenu des stands de récolte que d'une différence dans l'adhésion à la pétition dans la population en général. Je sais, aussi par mes collègues du GSoA en Suisse allemande, que partout où des gens ont récolté des signatures les réac­tions étaient très largement positives.

La frustration pour une politique à deux vitesses

Au cours de la récolte de signatures, nous avons constaté une grande sensibilisation sur le conflit au Proche-Orient et en particulier une perception très nette dans la population de la politique à deux vitesses du Conseil fédéral dans ce conflit. Une grande majorité des gens voit très bien que d'une part, dès qu'il y a une baisse d'intensité dans le conflit, le Conseil fédéral s'empresse de développer les relations militaires et économiques avec Israël, comme l'ont bien montré les récents voyages de MM Samuel Schmid et Pascal Couchepin. Et d'autre part les gens remarquent clairement que ce dynamisme contraste fortement avec la retenue et la prudence que la Suisse montre par exemple lorsqu'elle est mandatée par l'ONU pour trouver les moyens de faire appliquer la résolution de l'ONU et l'avis de la Cour Internationale de Justice sur le démantèlement du mur, ou encore quand il s'agirait de faire valoir son rôle d'Etat dépositaire des Conventions de Genève face aux violations du droit international humanitaire commises par le gouvernement israélien. Cette politique à deux vitesses a également contribué à faire retomber les espoirs suscités auprès du public suisse avec le soutien à l'initiative de Genève.

Le Conseil fédéral porte là une lourde responsabilité, à la fois pour le discrédit qu'il jette sur sa politique étrangère et sa politique de paix, mais aussi parce qu'il renforce les sentiments de frustration dans une large partie de l'opinion publique pour le manque de réactions ou même pour le soutien de part de la Suisse et de la communauté internationale face à la politique israélienne dans le conflit qui l'oppose aux Palestiniens.

La coalition entend continuer son action

La coalition d'organisations qui s'est engagée pour la suspension de la collaboration militaire avec tous les pays du Proche-Orient, tant que les droits humains et le droit international n'y sont pas respectées, espère qu'en refusant l'achat de matériel militaire en provenance d'Israël, une majorité du Conseil national saura donner un signal de crédibilité pour la politique Suisse dans le conflit au Proche-Orient. De toute manière, cette coalition d'organisations est convaincue de la nécessité de poursuivre l'action dans ce sens aussi après le vote du Conseil national la semaine prochaine.

La coopération réalisée dans la campagne de soutien à la pétition que nous déposons aujourd'hui constitue une excellente base commune pour la suite de notre action.

© CUP, GSsA

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Programme d'armement 2005 et achat de matériel militaire israélien

une "normalisation" qui décrédibilise l'engagement de la Suisse pour les droits humains et les Conventions de Genève !

La décision du Conseil fédéral d'inclure l'achat pour 150 millions de francs de matériel militaire en provenance d'Israël dans le programme d'armement 2005 fait suite à l'annonce de M. Samuel Schmid, lors de sa visite en Israël au mois de mars, de vouloir "normaliser" les relations, notamment au niveau militaire, avec Israël.

L'achat prévu de matériel militaire israélien constitue un soutien au système militaro-industriel Israélien et une caution à la poursuite des violations systématiques du droit international commis par l'armée et l'Etat d'Israël. Ces violations, comme l'extension des colonies de peuplement en Cisjordanie et la construction du mur, se poursuivent aussi dans la phase actuelle de relative diminution des actes de violence et sont dénoncées par les principales instances internationales (ONU, CICR, Cour Internationale de Justice, Commission des Droits de l'homme) ainsi que par le Conseil fédéral lui-même.

Dans son avis condamnant la construction du mur dans les Territoires occupés, la Cour Internationale de Justice rappelle que «tous les Etats sont dans l'obligation de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par la construction du mur» et que «tous les Etats parties à la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ont l'obligation, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, de faire respecter par Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette convention». De plus, la Suisse a été mandatée par l'Assemblée générale de l'ONU pour proposer des mesures à même de faire respecter le droit international par Israël.

Le GSsA et le CUP soutiennent le postulat en cours de traitement au parlement qui demande la suspension des achats d'armements et de la collaboration militaire avec tous les Etats impliqués dans le conflit au Proche-Orient du temps que ceux-ci ne respectent pas les résolutions de l'ONU les concernant et le droit international humanitaire auquel ils ont souscrit.

L'engagement de la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, pour l'application du droit humanitaire international, n'est pas authentique ni crédible du moment que la Suisse poursuit la collaboration dans le domaine militaire (production et achat de matériel militaire, visites de délégations de haut rang, services secrets) avec l'armée et l'industrie militaire d'un Etat qui viole de manière systématique le droit international humanitaire.

Pour ces raisons, le CUP et le GSsA demandent au parlement de corriger la décision prise aujourd'hui par le Conseil fédéral et de renoncer à l'achat pour 150 millions de francs de matériel militaire en provenance d'Israël, prévu dans le cadre du programme d'armement 2005.

©GSsA - Collectif Urgence Palestine
Date: 25/05/2005

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Une décision qui décrédibilise l'engagement de la Suisse pour les droits humains et les Conventions de Genève !

communiqué GSsA

Le postulat refusé ce matin demandait au Conseil fédéral de considérer une suspension de la collaboration militaire aussi longtemps que l'Israël ne se montrerait pas prêt à respecter les Conventions de Genève.

La Suisse officielle reconnaît elle-même que les droits humains et les conventions de Genève sont gravement violés dans le Territoires palestiniens occupés par l'Israël. Dans un rapport interne du DFAE, rendu public par le Sonntagsblick du 17 août 2003 on peut lire : «Dans les territoires occupés se produisent souvent des graves violations des droits humains et du droit humanitaire international».

Il est décevant de constater que pour une majorité du Parlement la collaboration militaire avec Israël et les intérêts financiers relatifs à la vente d'armements produits avec les industries militaires israéliennes passent bien devant la volonté de faire respecter et appliquer le droit international humanitaire.

Ce vote décrédibilise gravement non seulement un engagement non partisan de la Suisse en faveur de la paix dans le conflit au Proche Orient, mais aussi sa politique en faveur du droit international en général, et pour l'application des Conventions de Genève en particulier.

Les organisations pacifistes et de solidarité ainsi que les œuvres d'entraide engagées en Palestine et en Israël, vont poursuivre leur travail, continuer à sensibiliser le public pour aboutir à un changement de la politique contradictoire des autorités suisses.

La manifestation nationale «Liberté et autodétermination pour l'Irak et la Palestine - Troupes d'occupation dehors!» qui se tiendra à Berne le 20 mars constitue la première occasion pour exiger que la Suisse cesse sa collaboration militaire et sa complicité politique avec les fauteurs de la "guerre globale et permanente contre le terrorisme".

©GSsA
Date: 17/03/2004

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Suisse-Israël : des relations militaires étroites

Journal du GSsA - hiver 2004

Le 2 décembre à Genève, le Centre Europe Tiers-Monde (CETIM) organisait une conférence sur les relations militaires Suisse-Israël, dans le cadre d'un cycle consacré aux liens entre ces deux pays. Trois orateurs ont analysé la coopération militaire étroite de ces deux nations, qui se traduit surtout par les rapports entre les industries d'armement.

L'historien Peter Hug, de l'Université de Berne, distingue 4 périodes dans les relations entre la Suisse et Israël. Lors de la création de cet état en 1948, la Suisse est plutôt réticente. Israël est le fruit d'une entente entre les USA et l'URSS. Le mouvement des kibboutzim, ces coopératives collectives agricoles qui ont essaimé en Israël au début de son existence, inspire la méfiance de la bourgeoisie helvétique, qui y voit un pas vers le socialisme. En outre, la politique suisse est depuis longtemps antisémite. Enfin, la polémique sur les avoirs juifs en déshérence fait déjà rage à cette période, mais la Suisse met la question de côté pour de longues années avec l'aide de la Grande-Bretagne. Les capitaux helvétiques sont plutôt investis en Egypte, dont la production de coton est vitale pour l'industrie textile.

En 1955 débute la crise de Suez, suite à l'arrivée au pouvoir de Nasser en Egypte. Celui-ci procède à de nombreuses nationalisations et devient plus menaçant pour les intérêts suisses. La Suisse et Israël gardent des relations distantes mais leurs armées procèdent à des échanges d'officiers.

L'attitude de la Suisse change en 1967, lors de la guerre des 6-Jours. Israël est un petit état victime d'une agression, ce qui aide à renforcer le mythe de la défense helvétique. En 1969, un attentat frappe un avion de la compagnie israélienne El-Al à l'aéroport de Zurich-Kloten, ce qui renforce la sympathie vers l'état hébreu. La coopération militaire est au plus fort. La Suisse et Israël possèdent tout deux des Mirages et procèdent à des instructions communes de pilotes, à des échanges et à des manœuvres. La Suisse, qui fabrique des pièces de Mirage sous licence, permet à Israël de moderniser sa flotte, comme l'armée helvétique possède une version plus récente du même avion.

En 1982, Israël envahit le Liban. Les relations militaires entre les deux pays doivent être limitées. Désormais, elles se limitent aux collaborations en recherche et développement des industries militaires nationales respectives. Les relations entre les armées se font discrètes, parfois en absence de contrôle politique. Cette année, deux délégations militaires suisses se sont rendues en Israël. Les rapports entre services secrets demeurent bien entendu toujours nébuleux. Sur le plan de l'armement, la Suisse reste un bon client d'Israël, jusqu'à un tiers des dépenses totales à une certaine période. Si la Suisse ne peut pas exporter vers un pays en guerre, rien ne l'empêche d'importer des armes...

Les industries de mort collaborent

Le second intervenant de la soirée est Tobias Gasser, de la Campagne contre les mines antipersonnel. Il détaille les échanges commerciaux en matière d'armement entre les deux pays. Le cas le plus flagrant et le plus choquant est celui des bombes à fragmentation. Ces obus de mortier ou d'artillerie dispersent des minis-charges explosives (en anglais bomblets) qui sont larguées à 400 m. du sol et se dispersent sur le champ de bataille afin de le "nettoyer". Ces bombes comptent de 20 à 30% de ratés qui n'explosent pas et font ensuite autant de ravages que les mines antipersonnel car elles restent sur les champs de bataille et blessent en particulier les enfants longtemps après la fin des combats. L'entreprise helvétique RUAG (à 100% aux mains de la Confédération) collabore avec "Israel Military Industries". La Suisse est d'ailleurs un des plus gros clients de la firme. La RUAG a vraisemblablement procédé à des essais d'armes dans le désert du Néguev.

Du côté de l'aviation, des firmes de la RUAG collaborent avec Israel Aircraft Industries pour le développement de drones, ces avions-espions sans pilotes. Des pièces de F/A-18 fabriquées en Suisse ont été expédiées en Israël en 2002 pour des finitions, bien que ce pays ne possède pas cet avion. Ensuite, Israël peut librement réexporter ces pièces vers d'autres pays où la Suisse ne peut pas exporter directement. Les casques de pilotes pour vision nocturne achetés par la Suisse aux Etats-Unis sont également de fabrication israélienne. La Suisse est donc un partenaire de premier ordre pour l'industrie militaire israélienne, un des seuls secteurs florissants d'une économie en grave crise.

©GSsA

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Hypocrisie helvétique

Secrétariat GSsA

Le dernier orateur, Matthias Hui, du Forum Suisse pour les Droits humains en Palestine et en Israël et collaborateur de l'église réformée, s'attache au volet politique de cette collaboration militaire.

Un postulat, lancé par le Conseiller national radical John Dupraz et signé par d'autres parlementaires, a été lancé il y a plus d'une année pour demander l'arrêt de la coopération militaire avec Israël. A ce jour, le postulat est toujours bloqué et n'a pas été discuté au parlement. La Suisse craint une perte de réputation si elle cesse sa collaboration avec Israël. Sur le plan diplomatique, cette collaboration militaire contraste avec les efforts suisses en faveur de la paix, dont l'initiative de Genève. Elle n'en favorise pas la crédibilité. L'aide au développement suisse et occidentale pour la Palestine est aussi détruite par l'armée israélienne. Il n'y a aucune cohérence entre la collaboration militaire et les efforts de promotion des droits humains. La Suisse se refuse à condamner par exemple les destructions de maisons palestiniennes et l'implantation de colonies dans les territoires occupés, ce qui est pourtant contraire aux Conventions de Genève.

La conférence s'est terminée sur le constat que la loi sur l'exportation du matériel de guerre est un véritable emmenthal. Des entreprises étrangères comme Caterpillar peuvent vendre à Israël depuis la Suisse les bulldozers géants et blindés qui servent à détruire les maisons palestiniennes. Des entreprises suisses exportent le plus légalement du monde des pièces de F/A-18, légèrement remaniées et vendues ailleurs par Israël. Quant aux drones, comme les avions civils Pilatus dont les ailes peuvent supporter des canons, ils ne sont pas considérés comme du matériel de guerre.

Une fois de plus, le double langage et la lâcheté des autorités suisses doivent être dénoncées. La collaboration militaire avec Israël n'est pas sans rappeler les nébuleux rapports des services secrets suisses avec l'Afrique du Sud, que nous avons dénoncés à de nombreuses reprises et auxquels le CETIM a consacré un autre cycle de conférences. Le postulat Dupraz doit être enfin discuté au parlement.

Pour finir, mettons une fois de plus en question la production et l'exportation d'armes en Suisse. Le savoir technologique peut être utilisé à des fins non guerrières et les emplois créés par l'investissement d'une somme donnée sont bien plus nombreux dans le secteur civil que dans le secteur militaire. Après avoir banni les mines antipersonnel, la Suisse ferait bien d'interdire les bombes à fragmentation - quel territoire veut ravager l'armée suisse avec son stock d'obus à fragmentation?!? C'est à ce prix que les belles intentions qu'affiche notre diplomatie deviendront crédibles!

©Sébastien L'HAIRE - GSsA

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