Politique


 
G u e r r e   à   G A Z A




Guerre à Gaza

Le 27 Décembre 2008, Israël entame sa guerre terrestre dans la bande de Gaza

Plus de 1300 Palestiniens ont été tués et 5000 ont été blessés depuis le lancement de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza. Aux bombardements a succédé une invasion terrestre.

Gaza

Le 27 Décembre 2008 - Bombardements sur Gaza-City. L'entrée des blindés israéliens a été précédée par d'intenses tirs d'obus, au rythme de un toutes les quinze secondes. (photo: Keystone)

Lancée samedi soir par Israël, l'offensive terrestre s'est poursuivie dimanche dans la bande de Gaza. Au terme d'une nuit de combats, l'armée israélienne a coupé la zone en deux parties et isolé la ville de Gaza-City. Selon des témoins contactés par téléphone à l'intérieur du territoire palestinien, d'importantes batailles se déroulent partout. Soutenues par des chars et des hélicoptères, les unités spéciales israéliennes se heurtent aux miliciens du Hamas employant les techniques de la guérilla.

Quant aux civils, ils tentent de survivre vaille que vaille. «Les avions ont lancé des tracts rédigés en arabe et nous appelant à quitter nos maisons pour notre sécurité, affirme au téléphone Sela Maslimi, une habitante de Beit Hanoun. Beaucoup d'entre nous l'ont fait, puisque les Israéliens menacent de frapper tous les endroits susceptibles d'abriter des lanceurs de kassam et que les combattants du Hamas ont pris position dans notre ville.»

L'invasion de la bande de Gaza constitue la deuxième phase de l'opération «Plomb durci», elle a été autorisée durant une réunion secrète du cabinet israélien de la sécurité tenue vendredi matin. L'offensive a été précédée d'une intense préparation d'artillerie au cours de laquelle les canons de l'Etat hébreu ont tiré un obus toutes les quinze secondes durant plusieurs heures. «Nous faisons face à une nouvelle agression sioniste contre le peuple palestinien», a proclamé le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum au cours d'une conférence improvisée à Gaza-City. Pour sa part, Ehoud Olmert a publié un communiqué confirmant que cette opération «sera longue et difficile». L'état-major israélien a d'ailleurs mobilisé des dizaines de milliers de réservistes (30000 selon des sources non vérifiées), en plus des 9000 rappelés sous les drapeaux la veille du Nouvel An.

Dans les heures précédant l'offensive terrestre, les avions et les hélicoptères de l'Etat hébreu ont multiplié les raids. Deux mosquées et une école de Beit Layiha ont été pulvérisées avec ceux qui se trouvaient à l'intérieur. A Gaza-City, un centre commercial, où des civils s'étaient réfugiés, a également été touché. Au moins six personnes y ont trouvé la mort.

Samedi, le Croissant-Rouge palestinien comptabilisait 460 morts et 2250 blessés palestiniens du fait des bombardements de la semaine écoulée. Mais le bilan a rapidement dépassé les 500 morts palestiniens depuis, puisque, outre les civils cités plus haut, une trentaine de militants du Hamas ont semble-t-il été tués l'arme à la main. Parmi ceux-ci, le commandant des «Forces spéciales» du Hamas abattu à Rafah.

Du côté israélien, un soldat a été tué et une trentaine d'autres blessés. «Les Palestiniens se battent avec l'énergie du désespoir», confirment certains d'entre eux, rencontrés à l'hôpital Soroka (Beer-Sheva). «Ils ont piégé les routes et les maisons, ils nous attendent sur les toits et dans des tunnels spécialement creusés. Ils ne hisseront pas facilement le drapeau blanc.»

À Gaza-City, les habitants attendent la suite des évènements avec l'anxiété que l'on imagine. «Les rues sont vides et l'on entend sans cesse le bruit d'explosions proches ou lointaines. Dans le ciel, des drones (avions sans pilote) et des hélicoptères tournent sans relâche à la recherche de cibles. Je suis cloîtré chez moi, j'ai peur pour mes cinq enfants et ceux-ci sont terrorisés», raconte le journaliste Samy Obeid. «L'approvisionnement électrique est interrompu et l'eau ne coule que par intermittence de mes robinets. Ceux qui, comme moi, ont constitué des stocks de vivres pour quelques jours ont de la chance, car les ONG internationales ont interrompu leurs distributions. À l'annonce de l'attaque israélienne, certains de mes amis se sont enfuis chez des membres de leur famille, mais la situation n'est pas meilleure là-bas. La guerre est partout», poursuit le père de famille.

En raison des bombardements sur les infrastructures palestiniennes, sept des douze câbles coaxiaux alimentant la bande de Gaza en électricité sont coupés. La plupart des relais téléphoniques ayant été détruits, les communications sont devenues erratiques. Un médecin de l'hôpital Shifa (Gaza-City) confirme cependant que l'établissement fonctionne grâce à ses générateurs et que les équipes «opèrent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais dans des conditions difficiles».

«Faute de médicaments, nous ne procédons plus qu'à des anesthésies locales lorsqu'il en faudrait une générale, explique notre interlocuteur. On va au plus pressé, c'est-à-dire vers les blessés les plus graves, à la condition qu'ils aient pu arriver jusqu'à nous, puisque le nombre d'ambulances est insuffisant et que la quantité d'essence est limitée. En outre, les Israéliens leur interdisent de s'aventurer dans les quartiers tels Zeitoun où se déroulent des combats. Nous recevons beaucoup d'appels à l'aide auxquels nous ne pouvons répondre. Il arrive souvent que des blessés mal en point restent sur place et meurent, parce que nous n'avons pas pu les atteindre.»


bombes sur Gaza



Réaction du quidam

Nous avons entendu à la radio un Olmert disqualifié pour ses promotions immobilières foireuses, dire qu'il pense très fort à ce peuple Palestinien qu'il veut «sauver» des «griffes» du satan Hamas en bombardant une localité très peuplée avec des tonnes de bombes qui même lancées avec grande précision, ont déjà fait plusieurs centaines de morts et ce n'est pas fini car selon l'état-major, l'offensive continuera tant que persistera la résistance.

Là face à l'haut-parleur, une colère sourde gronde en moi et ma tête se remplit de fumée noire, noir comme ce crime suprême qu'est en train de commettre l'état guerrier d'Israël qu'il justifie avec des explications tellement unilatérales qu'il faut des poutres pour les tenir droites car tout en demandant que cesse la violence, il se livre de son côté à une violence extrême. Alors imaginons la colère qui doit gronder chez les Palestiniens qui subissent ces exactions atroces commises contre eux...

L'opération dite "plomb durci" ("cast lead") qu'ils appellent cela !
Font-ils référence à ce qu'ils ont dans la tête?
Le ministre de la défense Barack se veut être un humain mais à le voir à ses conférences de presse remuant ses papiers et regardant fixement le prompteur ayant l'air très sévère, on peut vraiment s'en douter !

Mais le plus grave reste et restera toujours, hélas, que nos médias racontent le conflit de telle sorte que les Palestiniens sont toujours les seuls responsables de cette guerre qui maintenant en est une pour de vrai. On nous raconte toujours que l'armée israélienne a procédé à des représailles parce que des rockets ont été tirées depuis la bande de Gaza mais ne on nous dit pas que ces tirs sont eux des ripostes contre l'écrasante pression militaire israélienne. Cette armée a tué deux dirigeants Palestiniens ces semaines passées et les tirs de rockets ont été la réponse immédiate. Mais ces tirs N'ONT JAMAIS TUÉ PERSONNE alors que les représailles israéliennes vont faire des milliers de morts !
Où est la symétrie dans cette affaire et comment Israël peut-il justifier pareil comportement de petite frappe à l'ego surgonflé?

La vérité est que cette guerre est présentée de façon parfaitement unilatérale et manichéenne.
Par exemple sur CNN, juste avant l'offensive terrestre, ils ont tenu l'écran pendant 20 minutes en montrant «live» un tout petit trou creusé dans un trottoir par une rocket tirée de Gaza et le commentaire était en parfaite sympathie avec ces mères de famille «traumatisées» qui appelèrent à l'extermination physique de «ces gens» pas spécifiés mais on comprenait qu'il s'agissait de Palestiniens ou du moins de leurs affreux «leaders». Ils ont montré des gentils soldats veillant sur la sécurité publique s'affairant à panser l'égratignure au genou d'une fillette qui est tombée en jouant et le commentaire accentua cette solidarité soudaine pour bien montrer à quel point les israéliens étaient des gens biens, humains, innocents et en droit de demander l'extermination de ses ennemis dont incombaient la totalité de la faute de la situation, laissant même entendre que, quelque part, «ils méritaient leur sort et n'ont pas droit à la pitié». On voyait des mères inquiètes, des enfants qui couraient, des soldats cleans qui s'activaient fébrilement, des officiels impériaux qui dirigeaient les opérations, des ambulances immaculées qui faisaient hurler leurs sirènes stridentes (alors qu'il n'y avait AUCUN blessé) et ce minuscule trou filmé de très près en gros plan comme si c'était la fin du monde, comme pour justifier l'invasion programmée.

Alors que, quelques minutes avant pendant à peine 20 secondes, ils ont montré un père palestinien tenant dans ses bras son gamin salement amoché devant des bâtiments en ruine, une rue dévastée jonchée de gravas, des nuages de fumée noire et lugubre et le commentaire disait que «ces Palestiniens savent utiliser le populisme et la démagogie pour arracher les larmes du reste du monde pour attirer la pitié sur eux et faire passer les israéliens pour des monstres» qu'ils ne pourraient en aucun cas pas être, bien sûr !  En plus ils ont bien dit que ces images provenaient d'une agence palestinienne, donc sujettes à caution, à ne pas prendre pour argent comptant car de la pure démagogie !

La BBC n'était pas en reste non plus et titrait systématiquement que la seule raison des frappes israéliennes était d'arrêter ces tirs de rocket démentiels sur un Israël innocent, pur et blanc comme neige et qu'il n'avait pas d'autre choix que de bombarder à mort mais qu'il arrêterait, par pure bonté de coeur, dès la fin de ces tirs de rockets.

C'était de la vraie propagande de guerre et il n'y avait pas d'analyse systémique de la situation, pas de contre-points systématiques, pas d'interrogations ou de questionnements intenses, pas d'essais de compréhension, pas de point-de-vues objectifs, non, par contre, les accusations, les anathèmes, les recriminations pleuvaient sur les Palestiniens. C'était de la pensée-unique, du politiquement correcte qui visait à les accabler.

Si vraiment Israël vise selon lui à mettre fin aux tirs de roquettes depuis Gaza sur les localités du sud du pays, alors il faut qu'il se dépêche d'arrêter ses blocus, ses incursions militaires, ses tirs quotidien au canon obusier sur les terrains vagues où les enfants palestiniens vont jouer au foot, ses tirs de missile «préventives» par drones interposés, ses assassinats préemptifs. Qu'il arrêt ses vexations continuelles du peuple palestinien, ses démonstration de force armée amassée autour de frontières barbelées, ses murs, ses checkpoints, sa propagande mettant entièrement la faute sur les frêles épaules de gens qui finalement ne cherche qu'à «défendre» son territoire terriblement mité !

Si Israël veut vraiment la paix, alors qu'il baisse ses armes et qu'il cherche une voie (voix) pacifique auprès des Palestiniens sinon aucune paix n'est possible !

La renonciation à toute attaque contre les populations civiles, dans les Territoires palestiniens occupés et aussi en Israël, ainsi que le respect des droits humains pour toutes les populations concernées et l'application du droit international sont les conditions essentielles pour toute solution négociée du conflit. Prétendre toutefois à une symétrie des responsabilités relève du cynisme, au vu de l'énorme disparité du nombre de victimes de ces jours et surtout en raison des violations massives et répétées du droit international, des droits humains, des Conventions de Genève et d'innombrables résolutions de l'ONU que l'Etat d'Israël continue de perpétrer contre le peuple Palestinien depuis soixante ans.

Le droit du plus fort, la politique de puissance imposée de manière unilatérale par les Etats-Unis et leurs alliés ainsi que par Israël, doit être remplacé au niveau international par la force du droit. C'est pourquoi il faut exercer des pressions politiques, juridiques et économiques concrètes et ciblées sur l'État d'Israël pour qu'il mette fin aux attaques militaires et au blocus, pour qu'il respecte les Conventions de Genève, applique le droit international et mette un terme à l'occupation en Palestine.

La Suisse, État dépositaire des Conventions de Genève et en particulier de la Quatrième Convention pour la protection des populations civiles en situations de conflit, doit s'engager activement pour faire appliquer le droit international. Comme premier pas, la Suisse doit rompre immédiatement toute collaboration militaire et en matière d'armement avec Israël. La Suisse doit oeuvrer pour qu'un tribunal pénal international juge les responsables des crimes de guerre commis ces jours.

Nous ne refusons pas à Israël son droit à la "légitime" défense mais nous ne supportons plus sa manière de se défendre et de légitimer le bombardement d'une ville densément peuplée en taxant les gens de terroristes. Nous exprimons notre solidarité avec toutes les victimes civiles de ce conflit et demandons :

  • le cessez-le-feu immédiat et total dans les Territoires palestiniens occupés, en particulier dans la Bande de Gaza, et en Israël.

  • la levée immédiate et totale du blocus de la Bande de Gaza.

  • Le retrait des troupes d'occupation israéliennes de tous les Territoires palestiniens occupés.

  • L'engagement concret de la Suisse pour faire appliquer le droit international et les Conventions de Genève.

  • La suspension de toute collaboration militaire avec l'armée et l'industrie d'armement israéliennes de même qu'avec celles des autres pays du Proche-Orient.

Une grande manifestation nationale massive a été organisée le samedi 10 janvier 2009 à Berne où plus de 7000 personnes ont pu dire tout leur écoeurement de ce que subit ce peuple qui ne demande qu'à commercer civilement avec tout le monde, qui n'a jamais voulu la guerre et qui ne cherche qu'à rentrer chez lui !

Crions à l'injustice, dénonçons les menées israéliennes, faisons éclater la vérité et disons à nos concitoyens que tant que la paix ne sera pas établie en Palestine, cette année 2009 qui commence très mal, sera celle de l'extermination de tout ce qui reste d'humain chez l'être humain. Si nous ne sortons pas de la logique de guerre alors nos sociétés périront lamentablement car nous aussi nous sommes complices de ces meurtres lorsque notre nouveau «ministre de la guerre» affirme qu'il «veut la meilleure armée du monde» et donc des nouveaux avions de combat et de bombardement !

Alors que la «meilleure armée du monde» est celle d'Israël comme on veut nous le faire croire !

Georges Tafelmacher
GSsA/Vd - PULLY


bombes sur Gaza



Manifestation Nationale du 10 janvier 2009

BERNE - Gauchebdo du 16 janvier 2009 n°3


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manif à Berne

manif à Berne

manif à Berne

H A L T E   A U   M A S S A C R E  !



MANIFESTATION DE SOUTIEN AUX HABITANTS DE GAZA

LAUSANNE : le 14 janvier 2009

Environ mille personnes ont manifesté leur soutien aux habitants de la bande de Gaza mercredi à Lausanne. Le cortège a défilé en criant des slogans tels que «Israël assassin» ou encore «Nous sommes tous des Palestiniens». «Arrêtez le massacre», pouvait-on lire sur plusieurs pancartes. Les manifestants ont défilé au centre-ville. Aucun incident ne s'est produit, a indiqué Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police de Lausanne.

ATS

manif-Lausanne

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manif à Lausannr

manif à Lausanne

V I V A   P A L A E S T I N A  !


Discours de Anne-Catherine Menétrey sur les marches de l'église de St.Laurent, Lausanne

19ème jour de guerre; 19ème mois de blocus; 42ème année d'occupation de la Palestine : ces chiffres suffisent à montrer à quel point l'argument de la légitime défense utilisé par Israël pour justifier l'attaque de Gaza est mensonger. Prétendre comme il le fait que c'est la rupture de la trève par le Hamas qui légitime ce déluge de feu, cela tient du mythe !

À Gaza, l'armée israélienne est en train de commettre un massacre. On parle de crimes de guerres, de violation des conventions de Genève. Sur cela, les instances judiciaire internationales auront à se déterminer. Mais pour nous, ici, aujourd'hui, le plus insupportable est de penser que ce massacre concerne une population qui depuis des mois est réduite à la misère. Une population qui vit dans l'enfermement, qui suffoque, qui manque de tout, de nourriture, de soins, d'eau, d'électricité. Ce rideau de bombes s'abat sur une prison à ciel ouvert, où s'entassent 1,5 millions de personnes.

De plus, Israël pratique une guerre à huis-clos, ce qui lui permet de faire de Gaza un laboratoire d'essai pour de nouvelles armes. Gaza, c'est Guatanamo au centuple: un espace de non droit. Israël, qui n'a jamais respecté des résolutions de l'ONU exigeant son retrait des territoires occupés et la fin de la colonisation, ni le verdict du tribunal de la Haye concernant le mur, se permet de donner des leçons de morale en disant que le Hamas est responsable de la mort des enfants parce qu'il s'en fait des boucliers humains. Le Hamas serait responsable parce qu'il est au coeur de la population civile. Mais comment le Hamas pourrait-il être ailleurs, dans un espace aussi confiné? Comment pourrait-il ne pas être au milieu des gens, lui qui a été élu démocratiquement?

Vu d'ici, les roquettes tirées par le Hamas sur Israël sont une riposte condamnable et dérisoire, pitoyable. Mais pour tout un peuple, enfermé, massacré est-ce du terrorisme ou de la résistance? La réponse à cette question est vite donnée, face à une communauté internationale dramatiquement inactive.

On peut ne pas aimer le Hamas. On peut redouter le fanatisme des islamistes. Mais il faut bien voir que si on écrase aujourd'hui cette organisation, on facilitera la naissance d'un autre mouvement encore plus radical, tant l'exaspération et la haine ont grandi à Gaza et ailleurs en Palestine.

Les généraux israéliens disent qu'ils ne veulent pas occuper Gaza, mais la "nettoyer" et "liquider" les dirigeants du Hamas. Ces mots ont des relents nauséabonds. Ils évoquent la purification ethnique et l'extermination des opposants. C'est hélas ce que pourrait faire Israël en poursuivant sa politique d'apartheid dans toute la Palestine.

Le "plomb durci" c'est dans la tête des Olmert, Barack, et autres généraux qu'il faut le chercher !

Et pendant ce temps-là en Suisse? L'ambassadeur israélien s'en prend à nous parce que nous avons osé simplement soutenir la demande d'une réunion du Conseil des droits humains. Mais la Suisse s'est finalement abstenue sur la résolution votée par ce conseil. Celle-ci n'était, paraît-il pas assez "équilibrée". Mais comment ose-ton parler d'équilibre, alors qu'une population emprisonnée subit l'assaut de la 4ème armée la plus puissante du monde?

Aujourd'hui, nous n'en pouvons plus. Nous sommes écoeurés, indignés. 19 jours de guerre, 19 mois de blocus, 40 ans d'occupation, et pour nous une dizaine d'années à nous battre sans succès pour obtenir la fin de la collaboration militaire de la Suisse avec Israël, le boycott des produits israéliens ou d'autres formes de pression pour faire respecter le droit. Oui, nous sommes excédés, et dans ce sens nous pouvons dire «nous sommes tous des Palestiniens».

Il faut que cela cesse. Il faut arrêter cette guerre, lever le blocus de Gaza, dénoncer au tribunal pénal international les auteurs de crimes de guerre. Il faut surtout redonner aux Palestiniens des moyens de vivre, des perspectives d'avenir, il faut garantir la reconnaissance de leurs droits et la justice, sans lesquelles il n'y aura jamais de paix.

ACM
topo sur : Anne-Catherine Menétrey-Savary
De l'université de Lausanne en 1957 au Conseil national en 2007: 50 ans d'engagement politique à gauche: au POP d'abord, chez les Verts ensuite. Après de études de lettres et 10 ans d'enseignement secondaire, un changement d'orientation avec des études de psychologie et huit ans de travail comme psychologue scolaire et conseillère en orientation, puis 15 années consacrées à la prévention des toxicomanies à l'ISPA (Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies).
Députée au Grand Conseil vaudois de 1966 à 1980, puis de 1998 à 2000. Conseillère nationale de décembre 1999 à décembre 2007.



Aide Sanitaire Suisse aux Palestiniens

Communiqué - Genève, le 14 janvier 2009

Dans la situation intolérable qui sévit à Gaza en ce début d'année, l'extrême urgence est un cessez-le-feu immédiat. Il ne peut-être obtenu qu'avec l'accord d'une part du gouvernement d'Israël et d'autre part de la résistance palestinienne.

Les exigences pour les deux parties sont connues: Israël, doit accepter de se conformer aux obligations fondamentales de tout État membre des Nations Unies dès qu'il n'aura plus à s'estimer en droit d'y déroger pour assurer sa sécurité. En tout premier lieu cela dépend de lui mais cela a un prix, néanmoins beaucoup moins élevé que celui de la guerre. Israël doit se retirer derrière la ligne verte de 1967.

Plus d'occupation, plus de résistance à l'occupation. C'est aussi simple que cela. L'histoire des cent dernières années est ponctuées de cessez-le-feu, de trêves, d'armistices, que les parties s'accusent mutuellement de rompre régulièrement. Il est vain de rechercher les violeurs. Le mal est fait, des réparations sont dues. La générosité solidaire faisant le pont, elles pourront être ordonnées judiciairement en droit et en équité, la Paix revenue.

La communauté humaine universelle – peuples, nations et institutions – doit assumer ses responsabilités telles que définies dans la charte des Nations Unie adoptée huit jours après l'armistice qui mit fin à la deuxième guerre mondiale. Pourquoi ce qui a été possible en 1945 ne l'est-il plus aujourd'hui où l'attente est érigée en règle de conduite sous le fallacieux prétexte de ne pas compromette une solution négociée entre les antagonistes?

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté, lundi 12 janvier 2009 à Genève, une résolution qui «condamne vigoureusement l'opération israélienne» menée dans la bande de Gaza. Israël ayant immédiatement fait savoir qu'il ne l'acceptait pas, la suite à lui donner a été reportée à plus tard.

Quand Gaza est en flamme, que près d'un tiers des Palestiniens tués sont des enfants et des adolescents âgés de moins de seize ans, «nous peuples des nations unies» avons le devoir, conformément à la Charte fondatrice de «maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix...
De réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix...
De réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix».

En conclusion il faut avoir conscience que le cessez-le-feu ne peut être garanti par l'envoi d'observateurs neutres et indépendants mais par une force de police opérationnelle conséquente, suffisamment équipée pour l'imposer. Quand des centaines de milliards de dollars sont débloqués pour soutenir de grandes banques mondiales, le coût pour faire cesser un massacre génocidaire serait-il excessif?

Nous devons préserver les générations futures du fléau de la guerre. Il est inadmissible de tolérer que s'accroisse de jour en jour plus de blessés et de morts au sein de la population non combattante et que les infrastructures civiles, notamment des hôpitaux, continuent à être détruites ou endommagées.

Ne nous rendons pas coupables de non assistance à personnes et aux peuples israélien et palestinien en danger.

Jacques Vittori,
Président de l' Aide Sanitaire Suisse aux Palestiniens
rue des Savoises 15
1205 Genève
tél : 022 329 82 13
adresse email : assp@assp.ch
site internet : www.assp.ch
cpte Banque cantonale de Genève : ASSP U 0774.43.58
ccp : 12-11690-7

ASSP


Les droits fondamentaux de l'Homme

Proclamer notre foi dans les droits fondamentaux de l'Homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites comme le font d'impressionnantes manifestations partout dans le monde ne suffit pas à exercer une pression déterminante sur Israël. Il faut qu'un État, en cohérence avec ses déclarations humanitaires dépose, en simple logique, une plainte soit au Conseil de Sécurité, sur la base de l'article 6 de la Charte des Nations Unies: «Si un Membre de l'Organisation enfreint de manière persistante les principes énoncés dans la présente Charte, il peut être exclu de l'Organisation par l'Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité», soit à la Cour pénale internationale, soit auprès de la Suisse, dépositaire et gardienne des Conventions de Genève.

La Conférence des Hautes Parties Contractantes à la IVème Convention de Genève s'est tenue le 15 juillet 1999 au Quartier Général des Nations-Unies à Genève. Elle a été immédiatement ajournée après avoir réaffirmé «l'applicabilité de la IVème Convention de Genève dans les Territoires Palestiniens Occupés, y compris Jérusalem-est» et réitéré le besoin du respect complet des articles de la-dite Convention dans ces territoires mais sans avoir examiné la résolution de l'Assemblée Générale des Nations Unies qui, en février 1999, avait demandé sa tenue pour assurer le respect de la IVème Convention dans les territoires occupés par Israël.

Cette résolution avait été adoptée par 115 voix pour (dont celles des 15 membres de l'Union Européenne), 2 voix contre (Israël et les États-Unis) et 5 abstentions. Il faudrait qu'aujourd'hui la Suisse entreprenne sans délai des consultations en vue de la reprise d'urgence de cette Conférence qui, sous peine de sanctions, devrait mettre le gouvernement d'Israël en demeure d'accepter un cessez-le-feu immédiat.

Considérant que le Hamas ne demande pas de négocier un traité de Paix, l'ASSP soutient le droit à la sécurité des peuples israéliens et existence de l'Etat d'Israël n'est pas remise en question.

Chaque jour où Israël pilonne Gaza fait venir plus de convertis vers la cause du BDS – même parmi les Juifs israéliens. En plein milieu de cette attaque, environ 500 Israéliens, parmi eux des douzaines d'artistes et d'universitaires célèbres, ont envoyé une lettre aux ambassadeurs étrangers en Israël. Celle-ci demande «l'adoption de mesures restrictives et de sanctions immédiates» et tire un parallèle clair avec la lutte anti-apartheid. «Le boycott de l'Afrique du Sud a été efficace, mais on prend des gants avec Israël... Ce soutien international doit cesser.»

Pourtant, même face à ces appels clairs, non nombre d'entre nous ne peuvent toujours pas y répondre. Les raisons sont complexes, émotionnelles et compréhensibles. Mais elles ne sont tout simplement pas assez bonnes. Les sanctions économiques représentent l'arme la plus efficace de l'arsenal de la non-violence : y renoncer frise la complicité active. Voici les quatre principales objections à la stratégie BDS, suivies des contre-arguments.

Plutôt que de les persuader, des mesures punitives aliéneront les Israéliens

Le monde a essayé ce que l'on a appelé «l'engagement constructif». Il a complètement échoué. Depuis 2006, Israël a constamment intensifié ses actions criminelles : expansion des colonies, lancement d'une guerre scandaleuse contre le Liban et imposition d'une punition collective contre Gaza au moyen de ce blocus brutal. En dépit de cette escalade, Israël n'a pas fait l'objet de mesures punitives - c'est plutôt le contraire qui s'est produit. Les armes et les 3 milliards de dollars annuels d'aide que les États-Unis envoient à Israël ne sont que le début. Pendant toute cette période-clé, Israël a bénéficié d'une amélioration considérable de ses relations diplomatiques, culturelles et commerciales avec toute une variété d'autres alliés. Par exemple, en 2007, Israël est devenu le premier pays non latino-américain à signer un accord de libre échange avec le bloc du Mercosur. Au cours des neuf premiers mois de 2008, les exportations israéliennes vers le Canada ont augmenté de 45%. Un nouvel accord avec l'UE doit permettre de doubler les exportations israéliennes d'aliments en conserve. Et en décembre, les ministres européens "ont revalorisé" l'accord de partenariat entre l'UE et Israël, une récompense attendue depuis longtemps par Jérusalem.

C'est dans ce contexte que les dirigeants israéliens ont commencé leur dernière guerre: confiants qu'ils ne seraient confrontés à aucun coût significatif. Il est remarquable que pendant plus de sept journées boursières en temps de guerre, l'index de la Bourse de Tel Aviv soit monté effectivement de 10,7%. Lorsque la carotte ne marche pas, le bâton est nécessaire.

Il est regrettable que la Conférence des Hautes parties contractantes à la quatrième Convention de Genève ne prenne aucune mesure concrète pour mettre une fin effective aux violations de la IVème Convention de Genève par le gouvernement d'Israël... deux ans après une première tentative avortée, la Conférence des Hautes parties contractantes à la quatrième Convention de Genève ne prenne aucune mesure concrète pour mettre une fin effective aux violations de la IVème Convention de Genève par le gouvernement d'Israël.

La FIDH souligne l'applicabilité de jure de la IVème Convention de Genève dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés. Elle déplore et condamne le refus persistant par les gouvernements successifs de l'Etat d'Israël, depuis plus de trente années d'occupation, de reconnaître et respecter leurs obligations en vertu de la Convention. L'État d'Israël n'est pas dispensé par le droit de légitime défense de ne pas s'en prendre à la population et de se prétendre en état de légitime défense, ne lui donne pas le droit de bombarder des cités peuplées.

Cette attitude se pose en totale contradiction avec l'esprit de la Convention imposant la protection des populations civiles en cas d'occupation d'un territoire, avec ou sans résistance militaire. Elle est contraire à l'article 1 de la Convention, qui prévoit que «Les Hautes Parties contractantes s'engagent à respecter et à faire respecter la présente Convention en toutes circonstances», comme à l'article 4, qui prévoit que «sont protégées par la Convention les personnes qui, à un moment quelconque et de quelque manière que ce soit, se trouvent, en cas de conflit ou d'occupation, au pouvoir d'une (...) puissance occupante dont elles ne sont pas ressortissantes».

La recherche des responsabilités est un tranquillisant qui peut donner le sentiment de faire quelque chose avec la satisfaction d'avoir obtenu la possibilité d'acheminer du matériel et des secours dans la bande de Gaza. Ces trois heures de répit journalier ne permettent pas l'accès aux personnes ayant besoin de secours. Il y a de plus en plus de blessés et de morts au sein de la population civile et le nombre d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux, qui sont endommagées s'accroît.

Il faut commencer par formuler un certain nombre de principes avec lesquels nous sommes très largement en accord :

  1. Le conflit israélo-palestinien est d'abord un conflit politique même s'il a des dimensions religieuses qui impliquent de respecter l'égale liberté de culte pour tous – juifs, chrétiens, musulmans – et la liberté de conscience pour tous, croyants ou non.

  2. Il y a un oppresseur (Israël) et un opprimé (le peuple palestinien)

  3. La résistance palestinienne est légitime de fait

  4. Les Palestiniens ont droit à un État et à la liberté

  5. L'égale dignité des Palestiniens exige une égalité de droits et de traitement quel que soit le choix de la solution envisagée.

  6. Les Palestiniens chassés de leurs terres ont un droit naturel au retour

  7. Notre engagement se fonde sur un refus inconditionnel et égal de tous les racismes sous quelque forme que ce soit (racisme anti-juif, anti-arabe, antichrétien ou antimusulman, etc.)

A partir de ces sept principes fondamentaux, il est possible de constituer des collectifs locaux, régionaux et nationaux qui déterminent les objectifs prioritaires du mouvement de résistance local/global.

L'Aide Sanitaire Suisse aux Palestiniens est une organisation non gouvernementale crée en 1989. Son but essentiel est de fournir un accès facilité aux soins de santé, médicaux et psychologiques, à la population palestinienne dans tous ses composants.

L'A.S.S.P fonde, sans aucune discrimination, son action humanitaire sur les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels de 1949, relatifs à la protection des victimes civiles de conflits armés.

Les Nations Unies en sont venues à stopper leurs activités et celles de ses agences, notamment l'UNRWA (Office de secours de l'Onu pour les réfugiés palestiniens), en raison du danger que représentent les tirs israéliens «contre ses installations et son personnel». Le CICR, empêché d'accomplir sa mission a lancé un appel auquel, avec vous, nous voulons nous associer spécifiquement avec vous.

Nous avons besoin, pour répondre dans les meilleurs délais aux nécessités d'une situation d'urgence, d'un large soutien. Nous comptons sur votre généreuse participation à l'action humanitaire de notre organisation.

ASSP



Réflexions autour d'une guerre

...entre bixby et anar

Bixby
Salut... alors que la misère, le marasme du monde, tout est toujours idem, que rien ne semble changer, si ce n'est empirer, ne me demande pas pourquoi je passe par là...
Juste besoin de me conforter dans l'idée que certaines choses ne changent pas, mais et c'est le côté doux, restent pareils et c'est tant mieux.
Toujours fidèle à toi même, quel plaisir de le lire, meilleurs messages d'une vieille pote du CUP/Vd...

anar
Comment ça va, ça fait si longtemps !
Eh oui, chère amie, ce monde va mal car il est le mal comme le prouve  ce film  qu'un ami américain m'a fait parvenir...
Le monde ne changera jamais car il est entre les mains du pouvoir !
Non seulement l'état du monde est moche mais il a été voulu ainsi car c'est comme cela que le pouvoir règne, que les fortunes se font et que l'élite se maintient en place. Et nous les "gens ordinaires", nous avons été conditionnés pour croire que c'est normal, que c'est comme ça, qu'il a été ainsi depuis que le monde est monde !
Et oui, cela ne changera jamais car les forces pour que le monde soit ce qu'il est sont toujours là, génération après génération, siècle après siècle, civilisation après civilisation - une élite au pouvoir !
Et maintenant avec cette guerre à Gaza, tous mes soupçons sont confirmés: le pouvoir se fait par la guerre et l'état de guerre se maintiendra aussi longtemps que nous le peuple nous marchons dans la combine et cherchons de notre côté des parcelles du pouvoir dominant. Tout ce qui se passe de nos jours n'est que la continuation d'un plan machiavélique pour le pouvoir mais modernisé, revu et peaufiné depuis les pharaons et autres Alexandre le grand...
Je n'ai aucune raison d'être optimiste, au contraire, c'est dans la mesure où lucidement je parviens à une compréhension de ce qui se passe que je vais assurer la destruction de cet amour du pouvoir et cette recherche absolue de pouvoir...
Comme disait un philosophe indien : «...le pouvoir de amour doit terrasser l'amour du pouvoir si notre monde entend survivre...»
C'est chouette de te re-entendre et j'espère que nos chemins se croiseront pour que nous puissions mettre ce monde en folie à genoux et trouver des vraies raisons de vivre, de travailler et de relationner...

Bixby
Ton enthousiasme, énergie font toujours tellement du bien à entendre, et à lire...
J'ai l'impression que j'ai 10 ans. Les mêmes rages, incompréhensions totales pour ces partis pris, toujours les mêmes, au détriment des mêmes, toujours des mêmes (tu sais, un type qui tue un Turc est un gentil brimé, un Palestinien qui lance une pierre est un terroriste...) Une très vieille blessure, chez moi, la schizophrénie mondiale et ses délits de faciès éternellement blessants.
Depuis 1850, l'industrialisation, la volonté de contrôle de passages (canal de Suez)... une seule et même volonté politique détestable.
En ce moment je marche, je marche dans la neige avec mon chien.
J'évite de penser.
Je vis le plus en marge possible.
En ermite.
Mon petit message de "paix" pour le monde, au-delà de tout, de tout dogme, barrière mentale, frontière, c'est, sur une  chanson  que j'adore, (eagles, last resort) ça.
Parfois, quand je vois les manifestants, un peu partout, je me dis que les 30% de gens absolument extraordinaires que compte chaque peuple, ces 30% formant mes amis de coeur partout, sont bien là. Et c'est plus, bien plus qu'avant. La jeunesse, la volonté des jeunes me plaît. Par contre, les 70% formé par la majorité bêlante, et/ou silencieuse et/ou je m'en foutiste est toujours bien là, aussi.
Je me demandais quelle était ta méthode Coué à toi, en ce moment où une des zones les plus peuplée du monde est prise pour cible.

anar
Je n'ai pas de méthode couée, je prends les choses comme elles viennent et j'essaie de voir et de comprendre quelles sont mes réactions en vivant ce que je vis et je rattache tout cela à la longue chaîne de vie qui d'évolution en évolution nous permet de penser, de conscientiser ses sensations et ses impressions et de comprendre. Mais la vérité est que nous sommes tous des blessés profonds et que nous charrions tous des blessures béantes inguérissables...
Misère, Marasme, Money et le quatrième "M" est : MALADE – ce monde est malade, malade de ce que lui fait subir ces personnages persuadés de détenir le pouvoir et qui se croient seuls capables d'intelligence, d'audace, de nouveauté et de créativité alors que ce devrait être le fait de chacun et de chacune dans un quotidien constamment réinventé au niveau individuel !
Un des gros problèmes de ce monde est que le pouvoir est concentré entre les mains de quelques uns alors que chacun doit posséder sa part de pouvoir individuel pour vivre sa vie, communiquer et travailler avec les autres et créer une société solidaire où chacun trouverait sa place, ses moyens et ses accomplissements. Nous sommes soumis aux diktats de ceux qui se donnent le droit de penser notre monde à leurs guises, de ces économistes tonitruants trop sûrs d'eux, de ces politiciens vociférants trop occupés à imposer leurs seules valeurs, de ces illuminés charismatiques qui croient détenir la seule vérité! On ne devrait plus être dépendant d'un grand distributeur pour manger, ne plus être assujetti à la consommation pour trouver sens à sa vie, ne plus vivre sous la coulpe d'un patron entreprenant pour gagner sa vie, de la banque pour accroître ses richesses, des marchés pour se trouver et de IKEA pour se meubler !
Non, que chacun puisse formuler les bases de sa vie, de ses envies, de ses besoins et qu'il puisse travailler selon ses moyens pour arriver là où il le veut, c'est tout ce que nous pouvons espérer !
Pour ce qui est de la vergogne suprême qui est en train d'être perpétuer à Gaza, je peux constater que les hommes sont capables du pire et surtout lorsqu'ils justifient leur démonstration de force par le besoin de sécurité. Cette situation démontre l'entendue des troubles actifs dans leurs inconscients et de leurs problèmes psychologiques.
Mais tu as raison, effectivement la guerre à Gaza est plus qu'intolérable et elle va déprimer le monde car, à part ces manifestations, que peut-on faire sinon compter les morts et prier pour que la raison revienne !
Tant que toute approche humaniste est proscrite, aucune paix n'est possible. Chaque côté se débrouillera pour faire la guerre autant qu'il peut la justifier et il fera tout pour qu'il ait un ennemi à battre et ils disent vouloir la guerre pour extirper un cancer, pour souder la nation, pour faire dominer le "bien", pour imposer la "paix". En fait, c'est la guerre qui est normale chez l'homme, c'est l'état guerrier qui préside nos conceptions de la société, tout tourne autour de ces valeurs et elles sont les bases de notre société. Même l'économie est présentée comme un champ de bataille où seuls les plus forts et les plus malins survivront. Mais cette conception nous mène à la ruine programmée car elle postule que l'homme est mauvais et doit être contrôlé, policé, réglementé, que les hommes sont des terroristes et gangsters en puissance et que la société doit se prémunir contre la nature humaine par une force de police équipée contre les expressions de colère d'une population ignare, populiste et peureuse !
Quel plaisir de te re-entendre, de partager avec toi ces quelques mots sensés aux antipodes du discours ambiant et tout ce que j'espère est que les 70% des gens se réveillent enfin et reprennent en main le cours des choses car tout ne peut reposer que sur les épaules déjà très chargées de ces 30% qui se bougent comme ils le peuvent dans les conditions de nos jours !
JSPeut être que je m'engage comme je le fais dans ces combats pour ne pas devenir fou, fou de douleur au vu des abominations que les uns font subir aux autres! Peut être qu'en investissant toute mon énergie dans ces causes, je me soulage de l'angoisse que me procurent tous ces événements terribles qui secouent notre monde. Peut être qu'en manifestant dans la rue, je transcende le désespoir qui m'envahit, l'impuissance qui me ronge, la colère qui me submerge, la folie qui guette !
Chaque jour depuis le 27 décembre 2008 je lutte sur tous les fronts pour que cessent ces guerres ignobles menées contre un peuple, contre des gens qui au fond d'eux-mêmes, luttent pour leur survie, leur existence, leur droit à la vie et à un pays. J'ai discuté avec des Israéliens qui n'ont aucune pitié, aucun état d'âme, aucune analyse impartiale de la situation, et qui cherche par tous les moyens à accuser les autres pour justifier des exactions hors normes, totalement inhumaines. J'ai arpenté les rues de Berne, de Genève, de Lausanne criant ma sympathie pour les victimes et ma rage contre ceux qui peuvent en toute impunité envoyer des million de tonnes d'explosifs à la gueule de gens qui ne demandaient rien d'autre que de vivre dans leurs maisons, de travailler dans leurs commerces et ateliers, et d'entretenir de bonnes relations avec leurs voisins, juifs ou arabes, chrétiens ou musulmans, noirs ou blancs...
Et quant à nous et nos petits amis les réfugiés, mais quelle honte cette Widmer-Schtroumpf qui veut durcir la loi sur l'asile qui pour contrer les réfugiés va interdire la venue chez nous des déserteurs qui refusent de faire leur service militaire et aller tuer leurs frères considérés comme terroristes, qui ne va plus permettre aux demandeurs d'asile de déposer leurs demandes dans les ambassades, qui va instaurer seulement trois passages obligatoires pour déposer les demandes d'asile. Oui, honte à nous peuple suisse engoncé dans des certitudes si étriquées qu'on ne pourra que mourir d'étouffement, honte à nous qui ne nous levons pas comme un seul homme pour empêcher cela, honte à nous de laisser faire et même, à trouver cela "bon".
Je suis vraiment dégoûté par ces gens qui se croit au-dessus des autres car se pensant saint, morale, juste et bon. C'est parfaitement rétrograde et notre époque nous ramène aux années de plomb "durci", aux années noires de notre histoire. C'est comme si nous n'avons rien appris, rien compris, rien évolué et on ose venir tenir des discours sur ce qui est bien ou mal, sur ce qui convient à faire ou à ne pas faire, sur ce qu'on doit être ou pas être et, suprême ironie, qui vient accuser la jeunesse d'être décadente parce qu'elle suivrait sans questionnement les injonctions de cette société de consommer pour faire marcher l'économie ou de se livrer à des pratiques sexuelles pipées. Qui ont succombé à l'euphorie d'espérer l'espoir, l'espoir d'être "mieux", d'être vivant, heureux.
Quant à "attendre l'humain" ou "l'égalité démocratique", comment espérer pareilles choses en ces circonstances?
En fait et en réalité, nous sommes tous en train de sombrer dans une profonde dépression car ce monde, lui, il est très déprimant car en dépression !
Les derniers décomptes montrent que plus de 25% de la population est déprimée "cliniquement" (devant suivre un traitement !) et si on compte tous les gens qui ne veulent rien savoir de leur état et tous les personnes gravitant dans l'entourage des déprimés, on peut dire que plus de 75% des gens sont concernés ou touchés par la dépression, d'une façon ou d'une autre !
C'est beaucoup, et cela traduit assez exactement où en est cette société qui fabrique de la déprime à la louche – la crise économique, les guerres à Gaza, au Sri-Lanka, en Colombie, au Timor-Sud, en Tchétchénie, en Georgie, en Birmanie, au Maghrèbe, etc, ne sont que les expressions les plus flagrantes de cette dépression et nous ne sommes qu'au début car cela n'a aucune raison de s'arrêter même avec un Obama comme président, même s'il y a un dieu de son côté... !
Mais le pire, ce sont ces gens qui se réjouissent de voir éliminer tous ces "parasites paresseux" qui encombrent la chaussée du progrès et la modernité pour pourvoir enfin jouir de routes désencombrées, d'emplois enfin stables, de magasins aux allées centrales allégées...
Hélas, d'aucun pense que nous sommes devenus de trop sur cette planète surpeuplée et qu'un "bon" nettoyage à la Gaza remettra de l'ordre et que seuls survivront les plus "bons", les plus forts, les plus résilients.

Et dire que moi, c'est depuis 1967 que je lutte contre cette hégémonie de type "israélienne"...

Effectivement, cela fait une sacrée paie...

les amis...
anar - toujours debout
toujours contre la guerre
toujours contre les puissants, les banquiers et les industriels
et
Bixby
Janvier 2009



Briser le blocus !


Gaza ruinesGaza ruines

Une Palestinienne de Gaza transporte le matelas qu'elle a extrait des décombres
d'un quartier bombardé par l'aviation israélienne à Rafah. (photo - Khaled Omar)



Guerre à Gaza 2

Nous sommes tous des Palestiniens et ils méritent notre soutien en ces temps où les nuages des poussières des explosions dessinent dans le ciel de Gaza des têtes de mort...

bombes sur Gaza

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Comment perpétuer une guerre

Stop à l'achat de matériel militaire israélien, notamment ces affreux drones

Le pire à présent est d'entendre un officiel israélien dire que ce serait une roquette du Hamas qui serait retombée sur son point de lancement, soit une école de l'ONU, et que ces enfants ne seraient que des "boucliers humains" donnant "droit" à IDF à tirer ses obus malgré tout.
Si pour "résoudre" le "problème" Palestinien il faille tuer des civiles alors ce "problème" ne se résoudra jamais et cette "guerre" continuera ad finitum au plus grand bénéfice de l'industrie de l'armement qui profite à nous les Suisses soi-disant "pacifiques" aussi.

Derrière le prétexte de quelques bombinettes envoyées par les islamistes du Hamas sur les colonies israéliens, il y a d'autres raisons: à 30 km des côtes de Gaza et à 600 mètres sous la mer, donc dans les eaux territoriales palestiniennes, il y a un énorme gisement estimé à 30 milliards de mètres cube de gaz naturel, «Gaza Marine». Autrement dit des milliards d'euros! Et ne n'est pas tout: selon une agence gouvernementale étazunienne, il y aurait d'autres gisements de gaz et de pétrole sur la terre ferme, en Gaza et en Cisjordanie. Et peut-on croire que les Israéliens et leurs complices étazuniens ont envie de laisser ce pactole aux Gazaouis ?
Et cela ne présage rien de bon !

Le décalage entre ce qui est dit et la réalité est tel que tout le bla-bla autour d'un "droit à l'autodéfense" perd de sa valeur et ne vaut plus rien. Faire la guerre devient effectivement une politique et Israël devrait être condamné malgré les allégations du ministre cherchant à assurer la noblesse de la mission de son armée et à donner à celle-ci l'immunité nécessaire pour que ses soldats puissent sortir des frontières israéliennes sans encourir des poursuites et des inévitables sanctions...
En fait, la crainte serait qu'Israël lui-même devienne une "prison" au même tarif que Gaza, ce que laissait entendre le texte de Dürrenmatt qui pensait que dans une prison, le gardien est tout aussi un prisonnier que les prisonniers eux-mêmes !

Comparés aux missiles et obus qu'envoient l'IDF, ces roquettes du Hamas ne sont en vérité que des "bombinettes". Dans ce même élan, excusez ceux qui se défendent contre ces milliers d'obus, contre ces drones armés de missiles tellement puissants qu'ils peuvent démolir des maisons entières, contre cette occupation militaire, contre la spoliation des maisons et propriétés des Palestiniens, contre les murs qui confinent les Palestiniens à un petit territoire troué, bombardé, rasé...
C'est une inégalité dans tous les sens du terme.

L'action militaire n'est rien sans une politique et personne ne semble capable de proposer un projet de société viable pour tous. Le Hamas s'est engouffré dans ce vide créé de toute pièce par l'intransigeance israélienne trop sûre de son fait. Du coup, par le rouleaux compresseur israélien, les civiles palestiniens sont en train de subir des atrocités sans aucune commune mesure avec ceux que subissent Israël du fait des roquettes du Hamas. Tout ça pour un territoire, un drapeau. Une bande de terre faite principalement de sable. Accepter d'être occupée mais en paix, la vie a-t-elle encore un prix ?

Ces gens vivent dans la terreur et certains disent qu'ils ne seraient que des terroristes et qu'ils "mériteraient" ce traitement alors que rien ne peut justifier pareil horreur. Quelques soient les torts des uns, on n'a pas le droit de les faire subir ces bombardements meurtriers...
Si le prix de cette guerre c'est les vies que l'on détruit, alors oui, la vie n'a plus aucun sens...

Robert Sweijd : Le conflit israélo-palestinien EST une guerre de politique religieuse musulmane. Ce n'est PAS les Juifs qui colonisent la Terre Sainte mais bien des Musulmans et cela depuis que les Toulounes (Abassides) ont pris ce pays par les armes et au nom de Allah, comme les Byzantins l'avaient fait avant en chassant la plupart des Juifs (commencé par les Romains). Ce n'est pas les Juifs qui ont colonisé la plus grande partie du monde, mais bien les Chrétiens et les Musulmans. De nos jours nous en voyons toujours les preuves. Il n'est pas difficile de voir la quantité de pays encore gouvernés Chrétiens et des Musulmans. Plusieurs milliards de Chrétiens, un milliard et demi de Musulmans qui eux sont les deux communauté qui nous livrent les anti-sémites et de surcroît les anti-sionistes. Le décolonisation musulmane a commencé plus tôt que celle des Chrétiens avec l'Espagne, suivi de la Hongrie et des pays des Balkans, l'Arménie, Israël et l'Inde. D'autres vont encore suivre comme les Kurdes, les Berbères et les Fedayin. Les femmes se libèrent de nos jours. Toutes ces libérations se sont toujours fait dans la vengeance et le sang. Comme l'ont fait les Français en Algérie après seulement 150 ans de colonisation d'une terre qui n'avait rien à voir avec leur histoire. Le monde Musulman ne supporte pas l'apostasie comme elle ne supporte pas que des peuples se libèrent de leur longue aliénation, cette très longue tenue à la laisse par des lois astreignantes, la Charia. Bien des peuples ont disparus. Pas le peuple Juif, éparpillé à travers le monde chrétien et musulman où il a été ségrégué, maltraité, forcé à la conversion, appauvri et parfois massacré. Un peuple qui a toujours prié pour retourner dans le seul pays qu'ils avaient au monde, sans faire écouler du sang. Après ce qu'il s'est passé durant tant de siècles en Chrétienté et en Islam, des sages ont compris qu'il leur fallait un pays. Une impossibilité pour les masses croyantes musulmanes, puis chrétiennes.

Georges Tafelmacher : Certes mais pour revenir au présent, c'est bel et bien Israël qui occupe et colonise aujourd'hui la Cisjordanie et qui maintient un blocage total de la bande de Gaza. Bien avant la "colonisation" par les Musulmans, les habitants de la "Terre Sainte" furent des Palestiniens chrétiens et juifs et tout ce monde se la partageait sans trop de conflit. Le fait que le peuple Juif a été éparpillé à travers le monde chrétien et musulman où il a été ségrégué, maltraité, forcé à la conversion, appauvri et parfois massacré, ne lui donne pas le droit de faire de même et de faire pleuvoir sur Gaza des bombardements tels que la vie en devient impossible...

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Manifs à Lausanne...
...et cela continue...

Place St-Laurent le 22 Juillet 2014

manif a Lausanne

manif a Lausanne

manif a Lausanne

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Manifestation de solidarité avec le peuple palestinien

Samedi 2 août 2014 à 15h - Berne, Place fédérale

Halte au massacre à Gaza
Application du droit international
Arrêt de tout commerce d'armes avec Israël

Les massacres qui depuis plus de trois semaines font des milliers de victimes, morts et blessés, hommes, femmes et enfants parmi la population assiégée de la Bande de Gaza doivent cesser immédiatement.

Ces nouveaux massacres perpétrés par l'armée israélienne sont rendus possibles par l'impunité dont jouit l'État d'Israël pour toutes les violations des droits fondamentaux et inaliénables du peuple palestinien, depuis des décennies de colonisation et d'occupation militaire.

Depuis trop longtemps les États membres de l'ONU et les États parties à la 4ème Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre ont manqué aux devoirs et aux obligations de faire respecter le droit international et ont ainsi cautionné le déni du droit au retour des réfugiés, l'annexion de terres, la construction des colonies et du mur, les emprisonnements en masse jusqu'aux massacres répétés et massifs de civils.

Il est grand temps d'agir, comme citoyens et citoyennes du monde et comme habitant-e-s de la Suisse pour exercer les pressions économiques, les sanctions et les boycotts nécessaires afin qu'Israël applique le droit international et reconnaisse les droits des Palestiniens.

En tant qu'État dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse a une responsabilité particulière pour l'application du droit international humanitaire. Le refus d'agir là où c'est possible, au niveau politique, diplomatique, juridique et économique pour exercer des pressions afin qu'Israël applique le droit international et reconnaisse les droits des Palestiniens, favorise la continuation des massacres de civils et sape de manière grave la crédibilité de tout engagement pour un ordre international fondé sur les droits humains et la justice.

Il n'y a aucune commune mesure dans les souffrances infligées avec les armes aux deux populations ni dans la violence ni dans le déni de droit imposés par la puissance occupante à la population occupée. C'est pourquoi, tout en condamnant aussi les tirs de roquettes sur la population civile d'Israël, nous appelons le Conseil fédéral à :
- condamner les massacres de la population civile palestinienne perpétrés par l'armée israélienne et exiger la levée du siège inhumain de la Bande de Gaza;
- exercer des pressions politiques, des sanctions diplomatiques, juridiques et économiques significatives pour qu'Israël cesse immédiatement son offensive militaire qui d'après le droit international constitue une punition collective de la population de la Bande de Gaza;
- appliquer pleinement l'avis de la Cour Internationale de Justice et des résolutions des Nations Unies demandant le démantèlement du Mur et des colonies et de prendre des mesures contraignantes pour qu'Israël mette fin à la situation illégale créée par le Mur et le régime qui y est associé;
- mettre fin à toute collaboration militaire entre la Suisse et Israël tant qu'Israël viole ses obligations en matière de droit international humanitaire et refuse de reconnaître les droits inaliénables du peuple palestinien. La Suisse doit notamment renoncer au projet d'achat de drones de fabrication israélienne;
- convoquer une conférence des Hautes Parties Contractantes aux Conventions de Genève pour prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection des populations civiles impactées par ce conflit.

Les organisations suivantes soutiennent cet appel :
Gerechtigkeit Frieden Palastina (GFP), Berner Mahnwache fur einen gerechten Frieden in Israel/Palastina, Gesellschaft Schweiz-Palastina (GSP), Café Palestine Zurich, Kommunistische Jugend Schweiz, BDS Schweiz, PaSo Region Basel


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GAZA ET LA FAUSSE COMPASSION

Le billet de Nicole Rothenbühler - rapporté par Robert Sweijd et Charles Rojzman

À propos de Gaza et de l'empathie - un autre point de vue

Ces derniers jours, j'ai participé à de nombreuses discussions, dans mon entourage professionnel et amical, à propos de ce qui se passe à Gaza. Comme bien d'autres, je suis frappée par la passion qu'elles soulèvent et surtout par leur côté «inflammable».

On assiste à un dialogue de sourds et il est évident que les arguments rationnels ne suffisent pas à trouver un terrain d'entente, un consensus sur le sujet qui permettrait de dépasser les idéalisations et les diabolisations qui nous éloignent de la réalité. Apporter des connaissances sur le sujet est important mais cela ne suffit visiblement pas pour sortir du manichéisme qui n'est pas simplement une vision particulière des choses mais un investissement émotionnel unilatéralement engagé. De toute bonne foi, certaines personnes affirment ne pas être manichéennes. Elles veulent bien reconnaître intellectuellement la complexité des situations mais on peut remarquer que leur investissement émotionnel est unilatéral, contrairement à leurs déclarations.
Dans un article précédent, j'ai évoqué la notion de «propagandes internes» pour un contexte différent qui est celui de notre vie de tous les jours. Le mécanisme me semble le même. En fonction des souffrances que nous avons vécues, nous avons tendance à voir la réalité avec des filtres émotionnels, et cela d'autant plus que ces blessures ont été mal soignées. Ces blessures vont trouver alors un écho dans les propagandes qui simplifient le réel et nous rappellent nos propres blessures d'enfant victime. Il est surprenant de voir à quel point de nombreuses personnes mettent en avant la notion d'empathie pour manifester, écrire, se révolter en faveur de la cause palestinienne en mettant en avant la souffrance des civils palestiniens.

Il faudrait faire l'analyse sémantique de la guerre idéologique qui est en cours. Quelle image avons-nous des personnes qui vivent ces situations dramatiques? Israël est presque toujours représenté par des chars, des avions, des soldats en uniformes aux allures de robots, appartenant à une force militaire froide et inhumaine, sans émotion et le peuple palestinien presque exclusivement par des civils innocents, femmes et enfants victimes de bombardements monstrueux. Quelle signification pouvons-nous donner à ces images dominantes dans les médias? L'empathie que nous devons éprouver pour les enfants palestiniens doit être différenciée de la tristesse des événements, à Gaza et ailleurs dans le monde. Il est évident et sans équivoque que la vie humaine bafouée, meurtrie, maltraitée nécessite notre compassion. Par contre, à l'occasion des manifestations récentes, les slogans «Nous sommes tous des palestiniens», «Israël assassin» ou encore «Gaza mon amour» sans compter les cris clairement antisémites, les drapeaux du Hamas et surtout les images d'enfants qui font face à «la soldatesque ennemie» soldatesquene sont pas de l'empathie envers Gaza. L'empathie est une résonance qui permet de comprendre le contexte dans lequel les personnes évoluent, mais aussi les raisons de leurs comportements, leurs émotions quelles qu'elles soient et ceci de manière globale. L'empathie nécessite un effort pour comprendre le plus précisément possible les pensées et sentiments d'autrui afin de se donner le plus de chance de percevoir le monde subjectif de l'autre. Cela implique une quête de la réalité de l'autre qui dépasse le regard qu'on porte sur l'autre.
Un test est de se confronter aux vraies questions qui gênent et qui ne sont pas du genre «Est-il juste de tuer des enfants et des civils?» car la réponse est unanime et si unanime qu'il n'est pas besoin de la poser. Les questions qui me semblent plus importantes à se poser si l'on veut faire preuve d'une véritable empathie seraient les suivantes: «Que pense la majorité de la population israélienne des bombardements sur Gaza? Quels sont les sentiments des aviateurs israéliens lorsqu'ils larguent des bombes sur des zones habitées? Est-ce que je laisserai mes enfants être exposés dans cette guerre, malgré les avertissements d'évacuation? Est-ce que j'accepterai de ne pas réagir au fait que les dirigeants de mon peuple ne construisent pas d'abris pour les civils, les femmes et les enfants, tout en étant eux-mêmes à l'abri ?» Ces questions sont des questions qui fâchent, car elles ouvrent forcément à la compréhension de la complexité et elles obligent à prendre en compte d'autres informations.

Je pense que la compassion dont je parle plus haut n'est pas de l'empathie mais de la projection. Ne voir qu'une partie de la réalité est du domaine de la projection: une partie de soi qu'on croit trouver dans l'autre, ou qu'on choisit de trouver en l'autre. À quel besoin cela répond-il? Comment expliquer sinon ce deux poids deux mesures concernant les exigences envers Israël sans avoir les même envers le Hamas et les habitants de Gaza? Comment sont déterminés les aspects de la réalité privilégiés au détriment de l'ensemble ou de la non mise en lien de ces éléments? Notre besoin de ne pas faire partie des «puissants» par peur d'être considérés comme des mauvais? Notre besoin d'être reconnu comme victime parce que nous n'avons pas été reconnus dans nos souffrances? Le besoin de prendre sa revanche contre les «puissants» de notre vie, ceux qui nous ont blessés et contre lesquels nous n'avons pu nous défendre? C'est ainsi que nous fabriquons des monstres en omettant tous les faits qui pourraient démontrer l'humanité de ces êtres humains. C'est ainsi que nous nous empêchons d'apprendre et d'agir et qu'à terme, nous risquons de perdre de vue les enjeux en cause. Sans prendre en compte la réalité et notre regard sur elle, il ne nous restera plus alors qu'à choisir entre l'impuissance et l'adhésion définitive à un camp.

réponse de GPT 

Robert, vous avez parfaitement raison mais il reste quand même qu'une guerre a lieu et qu'elle doit s'arrêter avant que le monde entier soit entraîné dans cette catastrophe. Trouvons donc tous ensembles les moyens pour amener les belligérants à la table de négociation car nous n'en pouvons plus de cette barbarie indigne qui démolit nos idéaux et valeurs. Arrêtons-là ces anathèmes et réfléchissons à un futur quand plus digne de notre intelligence et de nos capacités évolutives...

Lire plus sur le site de: Josef Zisyadis sur Facebook

Relations troubles - rts



Gaza ruines

Les poèmes sont palestiniens

par : de Benoist Magnat - août 2014

Aujourd'hui il n'est pas bon d'être étranger

Il y a ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux
Il y a ceux qui ne veulent plus rentrer chez eux
pour toutes les raisons du ciel

Les Palestiniens sont étrangers sur leur propre terre
L'espoir est enterré dans des galeries profondes
qui rejoignent parfois le centre du monde

Étrangers, clandestins ou citoyens intérimaires
certains passent pour des touristes
ils slaloment sans mal entre les indigènes !

Être touriste toute sa vie
c'est ne pas avoir les pieds sur terre
c'est perdre son âme d'humain et de citoyen
Faisons de notre étrangeté une fleur de l'avenir

Benoist Magnat

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Un poème de la résistance palestinienne

Ziad MedouhkZiad Medoukh, poète palestinien, chercheur, enseignant, militant des Droits de l'Homme, est responsable du département de français à l'université Al Aqsa et coordinateur du Centre de la Paix de Gaza. il œuvre également au développement de la francophonie en Palestine et au Proche-Orient et à lancé une émission hebdomadaire de radio francophone avec ses étudiants à Gaza. Ziad Medoukh mène par ailleurs une activité littéraire et publie ses poèmes en France. Il a gagné le premier Prix de poésie au Concours Euro­poésie 2014 et le premier prix de la Francophonie. Il devait recevoir en personne son prix à Paris ce samedi 10 mai 2014 lors d'une céré­monie orga­nisée dans la capitale française et n'a pu hélas sortir de Gaza, à cause du blocus israélien et de la fermeture des fron­tières qui relient Gaza à l'extérieur. Il était dernièrement l'invité de Mr Chérif Abdedaïm.

Derniers livres de poésie :
- Gaza : paix attendue, (Editions Du Terroir-Montréal-Canada, 2011)
- GAZA TERRE DES OUBLIÉS, TERRE DES VIVANTS, 70 poèmes de la paix palestinienne (L'Harmattan, 2012)
Lire dans la revue en ligne de Palestine Solidarité ses : chroniques et articles

Je suis palestinien, et j'ai un rêve

Je suis la dignité d'un peuple colonisé, opprimé, spolié, assassiné en silence, et j'ai un rêve
Je suis la terre volée, déchirée, vampirisée, et j'ai un rêve
Je suis la voix de la résistance et de la clairvoyance, et j'ai un rêve
Je suis la mémoire et les paroles vives de la Palestine, et j'ai un rêve
Je suis les droits inaliénables d'un peuple occupé, et j'ai un rêve
J'habite un peuple digne et débout, et j'ai un rêve
Je suis l'amour de la terre et la lutte pour la survie, et j'ai un rêve
Je suis le pouvoir des mots qui dépasse l'impossibilité d'agir, et j'ai un rêve
Je suis un palestinien qui sait braver son destin et j'ai un rêve
Je suis un palestinien qui hait la haine et j'ai un rêve
Je suis la douleur endurée dans la constance de l'espoir, et j'ai un rêve
Je suis la persévérance d'une population
Qui vit un insoutenable pérenne et j'ai un rêve
Je suis la ténacité d'un peuple phare,
Un peuple dont le monde libre se détourne et j'ai un rêve

Je suis la noblesse d'une cause de justice, et j'ai un rêve
Je suis le citoyen qui a subi toute une histoire lourde et noire, et j'ai un rêve.
Je suis la justice qui ne pourra être étouffée indéfiniment, et j'ai un rêve.
Je suis l'humanité préservée dans l'adversité et le combat, et j'ai un rêve.
Avec force, énergie, foi, et grandeur d'âme, j'annonce ce rêve.
Avec beauté, fierté et espérance, j'exprime ce rêve.
D'une parole brillante et respectueuse, je révèle ce rêve.
De ma terre tolérante de patience et de fraternité, je dis ce rêve.
Sur la colline des oliviers, je clame ce rêve.
Sur les feuilles du printemps, avec le sang qui rougit nos visages, j'écris ce rêve.
Alors que le monde est en cage et muselé, sourd et muet, je dévoile mon rêve.
Avec les mots qui traduisent l'espoir et traversent les murs,
Avec ma poésie, cette arme de paix, je crie mon rêve.
Ma poésie affirme la primauté et l'universalité de l'humain.
C'est une poésie d'une force sans pareille
Elle se moque des frontières
Car ils ne peuvent la bâillonner et entretenir la résignation.
Oui, avec ma poésie, je raconte ce rêve.
Même si la paix est inéluctable, je dis mon rêve
Même si l'ignoble est toujours au bout de l'injustice, je décris mon rêve
Même si l'actualité est brûlante, confuse et irrationnelle, j'exprime mon rêve
De ma prison à ciel ouvert, je parle de mon rêve
Avec des mots intenses magnifiés par les combats, voilà mon rêve.
Mon rêve est lucide et transparent.
Mon rêve est bâti avec patience et humilité.
Mon rêve est l'ultime espoir face aux bourreaux.
Mon rêve renversera les montagnes et traversera le fleuve des années.
Mon rêve dénoncera la sordide et honteuse attitude de l'occupant.
Mon rêve dépassera le sentiment d'impuissance et d'absurdité.
Mon rêve pressent les premières fraîcheurs annonciatrices de notre liberté.
Mon rêve est plus humain que mes geôliers et leurs complices.
Mon rêve sort des ultimes larmes de notre cœur.
Mon rêve s'inscrit dans la pensée universelle.
Mon rêve luit comme une paume laborieuse.
Mon rêve remplit le cœur des opprimés d'une grande joie.
Mon rêve est beau comme l'odeur généreuse du café de nos mères
Et le thé vert, fleuri et délicieux de nos grand-mères.
Mon rêve se fait assassiner tous les jours, sans décence.
Mon rêve souffre pour parvenir à un droit, juste un droit.
Mon rêve est impossible à briser, à faire taire
Car c'est le rêve noble d'un enfant palestinien innocent.
Mon rêve pacifiste ensemence les cœurs.
Mon rêve résiste comme notre branche d'olivier, symbole de paix
Que l'occupant veut déraciner, étouffer et anéantir.
Mon rêve maintient la flamme de la vie et ne cache pas ses espérances.
A ce rêve, coloré du drapeau palestinien,
Ma détermination donnera plus de résonance.

Je voudrai réaliser ce rêve
Malgré les fous et leurs taupes qui cherchent à le briser.
Il est proclamé haut et fort
Malgré le vice israélien parvenu à son paroxysme
Et inspiré par un sentiment exacerbé de toute puissance,
Malgré cette arrogance à vouloir l'écraser.
Ce rêve est chanté par un poème qui ne sera jamais inachevé
Car une plume affûtée écrit ses mots.
Le rêve que je vous annonce les yeux embués s'approche
Ce rêve qui résiste aux oppresseurs, le voici :
Ne pas devenir un cadavre,
Ne pas mourir dans une geôle israélienne,
Ce rêve est que ma terre soit cultivée par les mains et non par le sang,
Que ma Palestine soit libérée du joug des oppresseurs de l'ombre,
Que l'espoir soit à son comble,
Que les lambeaux de la nuit enjoignent
De résister au courroux d'Israël,
Que la paix dans la justice règne,
Que nos jours soient toujours plus lumineux
Malgré les lendemains incertains,
Qu'on en finisse avec les décisions arbitraires, illégitimes et illégales de cet état d'apartheid,
Que les colonies, cauchemar de l'occupation, disparaissent,
Que nos enfants prennent sans crainte le chemin de l'école,
Que les étoiles remplacent dans notre ciel
L'essaim des avions militaires,
Que les rayons du soleil fassent chatoyer nos collines
Que le monde se réveille,
Que les crimes banalisés de l'occupant ne restent pas impunis,
Que le blocus immonde infligé à Gaza soit levé,
Que la violence au quotidien prenne fin,
Que s'effacent les larmes de nos mères,
Que cesse la douleur de mon peuple,
Que le mur de la honte disparaisse,
Que les grandes puissances cessent de cautionner l'impunité de cet état illégal,
Que soient bannis des mots comme :
Occupation, guerre, colonisation et violence.

Que la douce colombe de paix, un rameau d'olivier palestinien dans le bec
Se pose doucement sur l'épaule de notre mère Palestine enfin libérée,
Que la lumière de la paix brille sur notre pays,
Que justice soit faite,
Que nos enfants grandissent dans la paix !
Alors, oui, je rêve d'écrire le poème de la victoire
Mais surtout je rêve
De pouvoir témoigner de la vie et non de la mort.

Ziad Medoukh
Source : La Nouvelle République

liberte
liberté

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Voici un extrait de Abdelkarim al-Karni

Chaque fois que j'ai combattu pour toi
Je t'ai aimée encore plus
Y a-t-il une terre autre que cette terre
Faite de musc et l'ambre ?
Y a-t-il un autre horizon au monde
Parfumé comme cet horizon ?


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Voici quelques fragments de l'anthologie présentée par Abdellatif Laâbi, «La poésie palestinienne contemporaine», éditions Le Temps des Cerises.

Je me suis longtemps demandé :
Quand existera-tu ?
Quand apparaîtras-tu ?
Naîtras-tu de l'herbe
Emergeras-tu de l'inconnu
Ou n'es-tu qu'un impossible lendemain ?
...
Samih al-Qassim

Le soleil passe les frontières
Sans que les soldats
Lui tirent dessus
...
Salim Jabrane

O agneau de Dieu qui portes les péchés du monde
Distille nos larmes comme autant de mots
Sauve-nous de l'exil de l'aphasie
L'exil des désolations, nous sommes les porteurs de la mer
De l'horizon, du ciel
Les porteurs de la mort entre sommeil et sommeil.
...
Jabra Ibrahim Jabra

Et nous aimons la vie autant que possible
Nous dansons entre deux martyrs. Entre eux, nous érigeons
Pour les violettes un minaret ou des palmiers
...
Mahmoud Darwich

Les champs de mon sang
Sont un verger qui exhale la haine
La vaste et intégrale haine
De ceux qui sont là-bas, sont ici
De ceux que j'ai vus et n'ai pas vus
La haine de Toi, toi
Et de moi
...
Tawfiq as-Sayigh

Et maintenant
Que nous n'avons plus de chemin
Je te rends mon bras, mon arme
La compagnie des tranchées
L'étoile du matin
Je me rends à toi
J'ôte la mèche de ma luminosité
Et de mon ombre pâlissante
Il n'y aura plus de genévrier
Après cette soirée blanche...

J'emporterai les chemins dans ma valise
J'emporterai les palmiers
Je cueillerai le matin et les plaines
J'enfermerai les larmes dans les cahiers du soir
Je fermerai les saisons.
...
May as-Sayigh


Mes enfants naissent
Les accueillent les larmes de l'amour
Le frisson de la peur
A la porte de la maternité
Les attendent
Les yeux des chiens enragés
Les attendent
Les plans de la liquidation physique
Et de la vision lointaine de la mort
...
Samih al-Qassim

La pomme de mon cœur
J'ai peur qu'elle ne pourrisse
Car je suis sans patrie
...
Racim al-Madhoun

Ô Palestine, regarde ton peuple
Offrant la plus magnifique des images
Au feu de la révolution et de l'éparpillement
Il fait justice au monde
Nulle patrie ne se libère si
Le peuple ne se libère pas
...
Abdelkarim al-Karmi

Ô lune niaise, maladroite
Tu nous as trahis
L'ennemi t'a vue, est parti à notre rencontre
Il nous a rejoints alors que nous tenions à la main
Une lune éclatante
...
Mourid al-Barghouti


Avec quelle confiance
Les étoiles
Peuvent-elles briller
Et les arbres nus
Offrir leur ombre ?
...
Mohammed al-As'ad

Tout est comme avant
Depuis que nous sommes partis à la guerre
Depuis l'enfance
Peut-être que le soleil de ces années a éteint
Le blanc des rideaux
...
Ghassane Zaqtane

Demain l'azur formera
Presque par mégarde
Un espoir immodéré
Et notre saison confuse
Expulsera le souffle
Pour mieux le contraindre.
...
Ibrahim Souss


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J'aimerais une terre mienne au-delà du monde

par Benoist Magnat (BM)

terre au-dela du monde

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Poèmes de Mahmoud Darwich

Jamais nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n'y fûmes envoyés, leurs morts s'étendront sans contrition. Aux vivants de pleurer l'accalmie du vent, d'apprendre à ouvrir les fenêtres, de voir ce que le passé fait de leur présence et de pleurer doucement et doucement que l'adversaire n'entende ce qu'il y a en eux de poterie brisée.
Martyrs vous aviez raison. La maison est plus belle que le chemin de la maison. En dépit de la trahison des fleurs. Mais les fenêtres ne s'ouvrent point sur le ciel et l'exil est l'exil. Ici et là bas. Jamais en vain nous ne fûmes exilés et nos exils ne sont passés en vain. Et la terre Se transmet Comme la langue.

  Mahmoud Darwich


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Identité

Ce célèbre poème, écrit en 1964, est devenu comme un refrain magique enflammant les cœurs et déchaînant les sentiments de fierté et d'enthousiasme des Palestiniens. Mahmoud DARWICH est souvent interpellé, lors de ses récitals, par un public qui le lui réclame et voit en lui plus un prophète qu'un poète tout simplement... Mais à chaque fois, il refuse, préférant lire ses nouveaux poèmes.

Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte: cinquante mille
Nombre d'enfants: huit
Et le neuvième... arrivera après l'été !
Et te voilà furieux !
Darwich
Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j'ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d'écolier
Je les tire des rochers...
Oh! je n'irai pas quémander l'aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !

Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille – je suis mon prénom
«Patient infiniment» dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l'effusion de la durée
Avant le cyprès et l'olivier
...avant l'éclosion de l'herbe
Mon père... est d'une famille de laboureurs
N'a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan – être
Sans valeur – ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis – cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.

Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c'est
L'huile d'olive et le thym

Mon adresse :
Je suis d'un village isolé...
Où les rues n'ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme

Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !

Inscris !
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !

DONC

Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare! Gare! Gare !
À ma fureur !

Mahmoud Darwich
traduction: Olivier Carré
Chronique de la tristesse ordinaire suivie de Poèmes palestiniens
Paris, Les Éditions du Cerf, 1989


Depuis vingt ans il pose des questions

depuis vingt ans il pose des questions
depuis vingt ans il voyage
pendant vingt ans Sa mère l'a mis
au monde
en quelques secondes
sous le bananier
avant de se retirer...
fronde
Il réclame une identité...
il est frappé par un volcan
les nuages ont voyagé et m'ont égaré
les montagnes ont étendu leurs bras et m'ont caché

je suis Ahmad l'Arabe, a-t-il dit
je suis la balle l'orange la mémoire
j'ai trouvé mon âme près de mon âme
je me suis éloigné de la rosée et de la vue sur la mer
et moi le pays réincarné
je suis le départ continu vers le Pays
j'ai trouvé mon âme remplie de mon âme...

Ahmad a pris possession de ses côtes et de ses mains
Lui le pas... et l'étoile
et du golfe à l'océan
de l'océan au Golfe
ils aiguisaient leurs lames
Ahmad l'Arabe
est monté pour voir Haïfa
et sauter.

À deux mains de pierre et de thym
je dédie ce chant... à Ahmad l'oublié entre deux papillons
les nuages ont passé et m'ont égaré
et les montagnes ont étendu leurs bras et m'ont caché
Descendant de la blessure ancienne
-et l'année marquait la séparation de la mer
d'avec les villes de cendres –
j'étais seul
ô seul
Et Ahmad était l'exil de la mer
entre deux coups de feu
le camp grandissait donnant naissance à du thym
et à des combattants
le bras s'est raffermi dans l'oubli
la mémoire s'est exercée dans les trains qui s'en vont
sur les quais où il n'y a ni personne ni jasmin
la découverte de soi se faisait dans les voitures
ou sur la scène de la mer
dans la solidarité des nuits de prison
dans les courtes liaisons
et dans la recherche de la vérité

Dans toute chose Ahmad trouvait son contraire...
Ahmad est maintenant l'otage
la ville s'est dépêchée au devant de ses rues
pour venir le tuer
et de l'Océan au Golfe
et du Golfe à l'Océan
ils préparaient ses funérailles
et décidaient de la guillotine.

Moi Ahmad l'Arabe – que soit le Siège !
mon corps sert de remparts – que soit le Siège! –
je suis la frontière du feu – que soit le Siège! –
et moi je vous assiège à mon tour, je vous assiège
et ma poitrine servira de porte à tous – que soit le Siège! –
Ce chant ne vient pas peindre Ahmad – le bleu foncé
dans la tranchée
je suis au delà des souvenirs
Aujourd'hui est le jour du soleil
et des lys
ô enfant éparpillé entre deux fenêtres qui brouillent
mes messages, résiste !
toute ressemblance est de sable
mais toi tu es bleu.

je compte mes côtes :
le Barada s'échappe de mes mains
les berges du Nil m'abandonnent au loin
je cherche les limites de mes doigts
et toutes les capitales sont faites d'écume.

Ahmad frotte les heures dans la tranchée
Ce chant ne vient pas peindre Ahmad-le-brûlé en bleu
C'est Ahmad-le-cosmique dans ce réduit étroit
le déchiré le rêveur
il est la balle orange la violette de plomb
il est l'embrasement décisif d'un début d'après-midi
le jour de liberté.

ensembles ô enfant dédié à la rosée résiste !
ô pays gravé sur mon sang résiste !

maintenant je complète en toi mon chant
je rejoins ton siège
maintenant je complète en toi ma question
je nais de ta poussière
vas dans mon cœur
tu y trouveras mon peuple
devenu peuples multiples dans ton explosion.
... Egaré dans les détails

je me suis fié à l'eau et me suis cassé
Faut-il que chaque fois qu'un coing soupire
j'oublie les limites de mon cœur
et me réfugie dans le siège pour affirmer mon identité
ô Ahmad l'Arabe !

L'amour ne m'a jamais menti
pourtant chaque fois que le soir est venu
je me suis retrouvé englouti dans une cloche lointaine
je me suis réfugié dans ma propre hémorragie
pour y définir à nouveau mon image
ô Ahmad l'Arabe !

je n'ai pas lavé mon sang dans le pain de l'ennemi
pourtant les routes proches lointaines
ont fui sous mes pas
chaque fois que j'ai apprivoisé une ville
elle m'a jeté ma valise à la figure
et je me suis réfugié sur le trottoir du rêve et de la poésie
ô combien ai-je marché vers mon rêve
devancé par des poignards
ô rêve et ville de Rome !

Tu es beau dans ton exil
et assassiné à Rome
et Haïfa
Ahmad est la montée du Carmel
l'origine de la rosée, le thym de chez soi
et la maison.

Ne le volez pas aux hirondelles
ne l'enlevez pas à la rosée
des yeux ont écrit son oraison funèbre
abandonnant mon cœur à l'écho
ne le volez pas à l'éternité
et ne dispersez pas ses cendres sur la Croix
il est la carte et le corps
et le feu qui brûle les rossignols
ne le volez pas aux pigeons
ne l'envoyez pas au devoir
ne faites pas de son sang une décoration
car il est la violette sertie dans son propre velours
... Avançant vers la guérison du rêve
il voit des banalités prendre forme de poire
les pays se détruire dans les bureaux
et les chevaux se débarrasser de leurs valises
tandis que transpirent les galets.
j'embrasse le silence de ce sel
je rends le discours du citron au citron
j'allume un cierge pour les fleurs et pour le poisson séché
à partir de ma blessure ouverte,
les galets ont une transpiration et des miroirs
le bûcheron a un cœur de colombe.
je t'oublie parfois pour que m'oublient
les agents de la sécurité
ô ma femme si belle, toi qui coupes le cœur et l'oignon tendre
et t'en vas auprès de la violette
souviens-toi de moi avant que je n'oublie mes mains.
Sur le chemin de la guérison du rêve
les chaises sont prises entre mes arbres et ton ombre...
Ils s'abattent sur ta blessure comme des mouches saisonnières
et y disparaissent comme des voyeurs souviens-toi de moi avant que je n'oublie mes mains !
Mes efforts vont aux papillons
les rochers sont mes messages sur terre :
Troie n'est pas mon lieu
Massada n'est pas mon temps

je m'élève de la sécheresse du pain et de l'eau réquisitionnée
du cheval perdu sur le chemin de l'aéroport et de l'air de la mer, je m'élève
des éclats d'obus auxquels mon corps s'est accoutumé
je m'élève des yeux de ceux qui arrivent
et des couchers de soleil sur la plaine
je m'élève des caisses de légumes
et de la force des choses, je m'élève...

j'appartiens au ciel originel et aux pauvres
des ruelles
qui chantent
qui résistent
et qui tiennent
et qui tiennent

Le camp formait le corps d'Ahmad
Damas formait les paupières d'Ahmad
le Héjaz formait l'ombre d'Ahmad
le Siège est devenu le passage d'Ahmad
au dessus des cœurs de millions de prisonniers
le Siège est devenu l'assaut d'Ahmad
et la mer sa dernière balle !
ô la taille du vent
ô douce semaine !

ô nom des yeux ô écho de marbre
ô Ahmad qui est né de la pierre et du thym !

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Tu diras: non

tu diras: non
ma peau est l'habit du paysan qui viendra
des champs
de tabac abolir les capitales
tu dis: non
mon corps est le manifeste des ouvriers des industries
légères
des répétitions... et des épopées vers la conquêtes de l'étape
et tu dis: non
ô corps marqué par les flancs des montagnes
et des soleils à venir !
et tu dis: non
ô corps qui épouse les vagues au dessus de la guillotine
et tu dis: non
et tu dis: non
et tu dis: non
tu meurs près de mon sang et revis dans la farine
nous avons créé le jasmin
pour que le visage de la mort disparaisse de nos mots
va loin dans les nuages et les plantations
il n'y a pas de temps pour l'exil et pour ce chant...
jette-toi dans le courant de la mort qui nous entraîne
pour que nous tombions malade de la patrie simple et
du jasmin probable
va vers ton sang qui est prêt à se répandre
va vers mon sang unifié à ton siège
il n'y a pas de temps pour l'exil....
ni pour les belles photos qu'on accroche
sur les murs des avenues
ni pour les funérailles
ni les vœux.

Les oiseaux ont écrit leurs oraisons funèbres et m'ont égaré
les champs se sont dénudés et m'ont accueilli
va loin dans mon sang! va loin dans la farine !
pour que nous tombions malade de la patrie simple et
du jasmin probable
ô Ahmad le quotidien !

ô nom de ceux qui sont à la recherche de la rosée
et de la simplicité des noms
ô nom de l'orange
ô Ahmad l'ordinaire !
comment as-tu effacé la différence verbale
entre le rocher et la pomme
entre le fusil et la gazelle ?

il n'y a pas de temps pour l'exil et pour ce chant
Nous irons dans le Siège jusqu'à la fin des capitales.
va en profondeur dans mon sang
deviens des échelles

Ô Ahmad l'Arabe... résiste !!
il n'y a pas de temps pour l'exil et ce chant

Nous irons dans le Siège
jusqu'au quai du pain et des vagues
voici mon domaine, le domaine de la patrie immuable :
la mort devant le rêve où un rêve se meurt sur les slogans
va en profondeur dans mon sang
et va en profondeur dans la farine
pour que nous attrapions la maladie
de la patrie simple
et du jasmin probable

il a les détours de l'automne
il a les testaments de l'orange
il a les poèmes des blessures
il a les rides des montagnes
il a les applaudissements
il a les noces
il a les magazines illustrés
il a les oraisons réconfortantes
les affiches
le drapeau
les progrès
la fanfare
les faire-part
et tout et tout et tout
quand il découvre son visage à ceux qui fouillent les traits de ce visage
ô Ahmad l'insoumis !

Comment nous as-tu habité pendant vingt ans et as-tu disparu
et ton visage est-il demeuré dans le mystère comme le midi
ô Ahmad secret comme le feu et les forêts
fais apparaître ton visage populaire en nous
et lis ton dernier testament ?

Ô spectateurs dispersez-vous dans le silence
et éloignez-vous un peu de lui pour pouvoir retrouver
en vous le blé et deux mains nues
éloignez-vous un peu de lui pour qu'il lise son testament
sur les morts... s'ils meurent
pour qu'il jette les traits de son visage sur les vivants...
si vivants il sont !

Ahmad mon frère !
tu es l'adorateur et l'adoré et le lieu de l'adoration
quand vas-tu témoigner
quand vas-tu témoigner
quand vas-tu témoigner ?

Mahmoud Derwich
La traduction est de Ethel Adnan & Samir Kassir


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Terre de Gaza

Terre de Gaza :
prison sans horizon,
piège d'exterminations,
théâtre de crimes de guerre,
gouffre d'ensemencement du monde pour mille ans de douleurs, de violences et de haine...
Et pour les Netanyahouses célébrants,
répondants et répliques, identiques de tous bords
souffle des asphyxies oxygène sans espoir

Patrick Chamoiseau


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Neruda

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Israël a-t-il perdu la guerre ?

Shlomo SandEntretien avec l'historien israélien Shlomo Sand
photo: RAZI

GAZA • Shlomo Sand, historien renommé, est l'un des rares intellectuels israéliens – y compris à gauche – à condamner le pilonnage de Gaza. Il rêve d'une république israélienne ouverte sur le monde arabe.

Propos recueillis par Vincent Remy

Il est une des figures intellectuelles les plus brillantes d'Israël. Historien, ancien étudiant de l'École des hautes études en sciences sociales à Paris, professeur à l'université de Tel-Aviv, Shlomo Sand, 62 ans, a lâché l'an dernier une bombe culturelle, avec un livre au titre provocateur: «Comment le peuple juif fut inventé». Plongée à travers l'histoire juive, remise en cause des mythes fondateurs d'Israël, ce livre a suscité des débats passionnés dans le pays... et un relatif silence médiatique en France. Avec le romancier David Grossman et l'historien Tom Segev, Shlomo Sand est un des rares intellectuels israéliens à crier aujourd'hui sa révolte contre les bombardements de Gaza. Au-delà, il nous livre sa vision d'une «République israélienne», enfin ouverte sur le monde arabe, et qui serait l'État de tous ses citoyens...

Quel bilan tirez-vous de l'offensive israélienne sur Gaza ?

Le timing électoral était parfait! Avant les élections israéliennes et en prenant soin de retirer les chars à la veille de l'investiture d'Obama, Ehud Barak a planifié ce Blitz, un déluge de bombes qui ne mettait pas en danger la vie des soldats israéliens. Nous avons semé la désolation, tué 1'300 Palestiniens, en avons blessé plus de 5'000, les deux tiers sont des femmes et des enfants, presque tous victimes de notre aviation. Le Hamas est-il éliminé? Avons-nous renforcé le camp de la paix chez les Palestiniens ?

Mais l'opinion israélienne a soutenu cette guerre. Vous êtes une voix dissonante...

Je suis arrivé au sommet de ma carrière universitaire, je n'ai rien à perdre et je n'ai pas peur. Certes, je me sens très seul. Mais n'oubliez pas que près de dix mille jeunes ont manifesté le 3 janvier à Tel-Aviv. Même en 2006, au début de la guerre contre le Hezbollah, il n'y avait pas eu une mobilisation d'une telle ampleur. C'était une manifestation très politisée, l'extrême gauche ainsi que les Arabes israéliens qui habitent Tel-Aviv ou Jaffa.

«Nous avions le devoir de privilégier
la diplomatie, de ne pas commettre
ce massacre de civils.»

La gauche, et même des écrivains comme Amos Oz ou Avraham B. Yehoshua, ont approuvé ces bombardements...

C'est une habitude chez nous. Au début de chaque guerre, depuis 1973, Israël reçoit le plein soutien des intellectuels de la gauche sioniste. Il faut attendre quelques semaines pour qu'ils changent d'avis. Une personne nous manque terriblement aujourd'hui, le professeur Yeshayahou Leibowitz, grand philosophe mort en 1994 qui s'est toujours battu contre les guerres non défensives d'Israël, et qui laisse un grand vide moral.

Parce que cette guerre était pour vous non défensive? Des roquettes tombaient sur les villes israéliennes...

Bien sûr, il n'est pas normal que des roquettes tombent sur Israël. Mais est-il plus normal qu'Israël n'ait toujours pas décidé quelles étaient ses frontières? Cet État qui ne supporte pas les roquettes est aussi un État qui ne veut pas renoncer aux territoires conquis en 1967. Il a refusé l'offre de la Ligue arabe en 2002 d'une pleine reconnaissance d'Israël dans les frontières d'avant 1967.

Mais le Hamas, lui, ne reconnaît pas Israël.

Le Hamas, ce mouvement bête, pas diplomate, avait proposé une «oudna», une trêve de longue durée à Gaza et en Cisjordanie. Israël a refusé parce qu'il veut continuer de tuer les militants du Hamas en Cisjordanie, soit une quinzaine en octobre-novembre après des mois de calme. Israël a donc eu sa part de responsabilité dans la reprise des tirs de roquettes. Au lieu de renforcer le courant modéré du Hamas, Israël pousse les Palestiniens au désespoir. Nous avons ghettoïsé une population entière et refusons de lui accorder sa souveraineté depuis quarante-deux ans. Comme je suis indulgent envers Israël, je dirai seulement depuis vingt ans, 1988, date à laquelle Arafat et l'Autorité palestinienne ont reconnu l'État d'Israël, sans rien avoir gagné en échange.
Qu'on comprenne bien: je n'accepte pas les positions du Hamas et surtout pas son idéologie religieuse, parce que je suis un homme laïc, démocrate, et assez modéré. Comme Israélien et comme être humain, je n'aime pas les roquettes. Mais comme Israélien et historien, je n'oublie pas que ceux qui les lancent sont les enfants et petits-enfants de ceux qui ont été chassés de Jaffa et d'Ashkelon en 1948. Ce peuple de réfugiés, moi, Shlomo Sand, je vis sur la terre qui était la sienne. Je ne dis pas que je peux leur rendre cette terre. Mais que chaque offre de paix doit partir de ce constat. Quiconque oublie cela n'arrivera jamais à offrir aux Palestiniens une paix juste.

Mais, disent les partisans de ces bombardements, Israël s'est retiré de Gaza, et les roquettes ont redoublé.

C'est absurde! Imaginez que les Allemands, comme ils l'ont fait en 1940, occupent aujourd'hui le nord de la France et pas le Sud. Vous diriez qu'ils respectent le droit à l'autodétermination des Français? Sharon s'est retiré unilatéralement de Gaza pour ne pas faire la paix avec Arafat, et ne pas renoncer à la Cisjordanie. Mais les Palestiniens n'ont pas demandé une réserve d'Indiens à Gaza! Ils demandent un État palestinien indépendant en Cisjordanie et à Gaza.

«La raison pour laquelle il est impossible
de conclure une paix juste,
ce ne sont pas les roquettes,
c'est la faiblesse palestinienne.»

Tous les torts seraient du côté d'Israël ?

Israël ne comprend malheureusement que la force. La raison pour laquelle il est impossible de conclure une paix juste en ce début du XXIe siècle, ce ne sont pas les roquettes, c'est la faiblesse palestinienne. Israël n'a signé la paix avec Sadate en 1977 que parce que l'Égypte avait remporté une demi-victoire en 1973.

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, dit pourtant qu'Israël ne doit pas «courir au suicide au nom des bons sentiments».

Mais de quoi parle-t-on? Qu'est-ce qui menace notre existence? Nous avons le meilleur armement et le soutien de la première puissance mondiale. Le monde arabe nous propose une paix globale sur les frontières de 1967. La dernière guerre qui a menacé l'existence d'Israël remonte à trente-cinq ans! Est-ce qu'il ne comprend pas ça, ce grand rabbin ?
Il n'est pas le seul. André Glucksmann, à propos des bombardements israéliens, écrit qu'il «n'est pas disproportionné de vouloir survivre». Vous me parlez d'un homme qui a admiré Mao! Ces mecs de 1968, qui ont soutenu toutes les horreurs chinoises, jamais ils n'ont fait une autocritique, jamais ils n'ont essayé de comprendre pourquoi ils s'étaient identifiés au totalitarisme. Aujourd'hui, André Glucksmann, comme Bernard-Henri Lévy, sont toujours du côté de la force, à Jérusalem cette fois. Ils n'ont pas changé...

«Ah, Israël a téléphoné aux habitants avant
les bombardements, Israël a pris des précautions ?
Mais où pouvaient-elles aller, les familles palestiniennes ?»

Mais Bernard-Henri Lévy rappelle que Tsahal téléphonait aux habitants pour leur dire de fuir les bombardements, qu'Israël a tout fait pour éviter les victimes civiles...

Ah, Israël a téléphoné, Israël a pris des précautions ?
Mais où pouvaient-elles aller, les familles palestiniennes ?
C'est vrai, Israël a pris beaucoup de précautions. Mais pour ses troupes! Ces morts-là nous préoccupent beaucoup car nous sommes devenus une société individualiste et hédoniste, et nos dirigeants sont très soucieux de leur réélection.

BHL rappelle aussi que le Hamas a utilisé la stratégie des boucliers humains...

Quelle hypocrisie !
A-t-il oublié Mao: un mouvement de résistance doit se couler dans la population comme un poisson dans l'eau? Le Hamas n'est pas une armée, c'est un mouvement de résistance terroriste qui agit comme tous ceux qui l'ont précédé, Viêt-cong ou FLN. C'est justement parce que nos dirigeants savaient cela qu'ils avaient le devoir de privilégier la diplomatie, pour ne pas commettre ce massacre de civils. Nous avons fait la preuve que nous n'avons aucune retenue morale, pas plus que la France en 1957 en Algérie qui a détruit des villages entiers. Maintenant, ce qui me choque plus que jamais, c'est que cet État que j'ai servi comme soldat durant deux guerres, et qui se définit depuis sa Déclaration d'indépendance en 1948 comme l'État de tous les juifs, appartienne davantage à Bernard-Henri Lévy qu'à mes amis universitaires qui vivent ici, payent leurs impôts ici, mais sont d'origine arabe. Qu'est-ce que ça veut dire être sioniste quand on vit en France, qu'on ne veut pas vivre sous l'autorité juive, et qu'on s'identifie au pire de la politique des dirigeants d'Israël ?
Ça veut dire contribuer à la montée de l'antisémitisme.

Justement, n'avez-vous pas été choqué que, lors des manifestations à Paris, des drapeaux israéliens ont été brûlés ?

Bien sûr que cela m'inquiète. C'est pour cela qu'il est important que les Israéliens qui pensent comme moi soient entendus. Pour mettre un coup d'arrêt à cette dérive. Et faire qu'on ne confonde pas la politique de nos dirigeants avec tous les Israéliens, et bien sûr avec les juifs, car je suis certain que beaucoup de juifs français, hors de l'establishment, partagent mon point de vue. Les Palestiniens de Cisjordanie n'ont pas bougé...
Cette guerre renforce leur désespoir. Depuis la conférence d'Annapolis en novembre 2007, Mahmoud Abbas se prête à n'importe quoi pour faire avancer la paix. Il emprisonne les militants du Hamas. Et Israël le remercie en multipliant les check-points, en poursuivant la colonisation, en construisant un mur sur le territoire du futur Etat palestinien. Quel Palestinien qui se respecte peut maintenant soutenir Abbas ?

Et les Arabes israéliens, quel est leur état d'esprit ?

Je suis sans arrêt au contact de mes étudiants arabes. C'est terrible. Ils parlent hébreux souvent mieux que moi. Je les vois chaque jour devenir plus Israéliens du point de vue culturel, et plus anti-Israéliens du point de vue politique. Comment peuvent-ils vivre dans un pays qui ne les accepte pas comme citoyens à part entière? Je crains que leur aliénation n'aboutisse à un Kosovo en Galilée.

Vous demandez aux Israéliens quelque chose d'énorme, abandonner toute prétention au-delà des frontières de 1967 – hormis le Mur des lamentations –, mais aussi créer une République israélienne qui ne soit plus l'État des seuls juifs. C'est réaliste ?

Beaucoup de gens en Israël soutiennent ma cause. Mon livre a été best-seller pendant dix-neuf semaines, j'ai fait une dizaine d'émissions de télé. Nous sommes peut-être une société raciste et pas totalement démocratique, mais profondément libérale et pluraliste. Que peut-on objecter à quelqu'un comme moi qui demande qu'Israël soit l'État de ses propres citoyens, juifs, arabes ou autres ? D'autant que j'ajoute qu'après Hitler, on ne peut nier la solidarité entre juifs. Et que l'État d'Israël doit rester un refuge pour les juifs persécutés. Mais pas automatiquement être l'État de Bernard-Henri Lévy et de tous les juifs qui ne veulent pas vivre en Israël.

Vous êtes antisioniste ?

Non, car se définir comme antisioniste peut signifier être anti-Israélien. Or, je défends l'existence de l'État d'Israël, parce que j'accepte le fruit de l'entreprise et de l'histoire sioniste – la société israélienne. Mais je ne suis pas sioniste, car ce qui justifie mon existence ici, c'est le fait d'être démocrate. Cela signifie que l'État doit être l'expression de son corps social, pas celle des juifs du monde entier. Vous pouvez dire que je suis post-sioniste.

«C'est une bêtise raciste de dire
qu'il nous faut divorcer des Arabes.
Dans la paix, on deviendra un peu plus arabes,
comme vous Français devenez un peu plus européens.»

Mais ne risquerait-on pas de voir les juifs en minorité dans l'État qu'ils ont créé ?

Je comprends cette peur. C'est la raison pour laquelle je suis contre l'État binational, qui serait un État à majorité arabe, et que je propose aux Israéliens de se fixer le plus vite possible sur les frontières de 1967, c'est-à-dire de garder l'hégémonie judéo-israélienne. Mais pas une hégémonie exclusive. La République israélienne doit être laïque et démocratique. Reste toutefois que dans mon utopie, dans mon monde imaginaire, l'État binational serait le plus juste possible...

Y compris avec les juifs en minorité ?

La distance qui me séparera de mes petits-enfants sera au moins culturellement équivalente à celle qui me sépare de mes grands-parents. Cela signifie que vivre au Proche-Orient se fera en symbiose avec la culture arabe. Je souhaite d'ailleurs une confédération israélo-palestinienne immédiatement après qu'Israël se sera retiré sur les frontières de 1967. C'est une bêtise raciste de dire comme Amos Oz qu'il nous faut divorcer des Arabes. Dans la paix, on deviendra un peu plus arabes, comme vous Français devenez un peu plus européens.

Mais face à une société israélienne qui reste majoritairement laïque, il y a une société palestinienne plus islamiste qu'il y a trente ou quarante ans ?

La jeunesse arabe en Israël ne devient pas plus religieuse, surtout pas les femmes. Le fondamentalisme se cristallise face au monde occidental. Ce n'est pas une victoire du religieux, c'est l'échec du socialisme laïc au Proche-Orient, renforcé par la façon dont vous les Européens accueillez les travailleurs immigrés, dont les Américains mènent leur guerre en Irak, dont Israël traite les Palestiniens. C'est le fruit de conflits, pas d'une tendance historique naturelle. Regardez ce qui se passe en Algérie: la politique pourrie du FLN a fait naître l'islamisme, mais ce n'est pas une évolution en profondeur, l'Algérie ira vers la modernité. Le Hamas, de son côté, habillé de vêtements islamistes, n'a pas cessé d'être un mouvement nationaliste moderne.

Dans votre livre, vous détruisez les mythes fondateurs d'Israël – le peuple de l'exil qui revient sur sa terre. Mais par quoi les remplacez-vous pour légitimer l'existence de ce pays ?

On m'a récemment posé cette question à l'université palestinienne de Jérusalem. J'ai répondu de façon un peu dramatique que même un enfant né d'un acte de viol a le droit de vivre. La création d'Israël par des juifs dont beaucoup étaient des rescapés des camps d'extermination a été un acte de viol contre les populations arabes de Palestine. Il a fait naître la société israélienne qui vit déjà depuis soixante-dix ans, et qui a développé sa culture. On ne règle pas une tragédie en en créant une autre. Cet enfant a le droit d'exister. Sauf qu'il faut l'éduquer pour qu'il ne perpétue pas l'acte de son père. Il y a trente ans, je n'aurais peut-être pas tenu ce discours. Mais le monde arabe a reconnu Israël. L'OLP aussi, après la demi-victoire de l'Intifada. Donnons une chance au Hamas aussi. N'oublions pas, sans les excuser, que ceux qui tirent sur Ashkelon savent qu'elle a été construite sur le grand village arabe d'Al Majdal, d'où leurs pères ont été expulsés en 1950.

On est très loin de la politique israélienne...

Israël ne fera la paix que si l'on fait pression sur elle. Je souhaite, j'espère, je supplie, qu'Obama soit Carter et pas Clinton. Carter a forcé Israël à faire la paix avec l'Égypte, Clinton n'a pas forcé Israël à faire la paix avec les Palestiniens. Le risque est évidemment que Hillary Clinton, proche du lobby pro-israélien, prenne trop de place en politique étrangère.
Mais je ne veux pas être fataliste.
J'espère.

Publié le 27 Juillet 2014 par René Blanchemanche


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Le Courrier du JEUDI 7 Août 2014

«POUR ISRAËL, L'ENNEMI C'EST LA NÉGOCIATION»

INTERVIEW • L'offensive sur Gaza a rendu évidente l'hégémonie de la droite raciste et militariste en Israël. Au point de faire peur à de nombreux citoyens qui ne reconnaissent plus leur pays et craignent de le voir disparaître, témoigne Michel Warschawski

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAIN THÉVOZ

Que dit l'offensive militaire contre la bande de Gaza de la société israélienne? Quelles conséquences aura-t-elle sur l'avenir du Proche Orient? Basé à Jérusalem, le journaliste franco-israélien Michel Warschawski, ardent opposant à la colonisation, est aussi un fin analyste du conflit. Bien connu des lecteurs du Courrier, dans lequel il tient une chronique mensuelle, ce fils de rabbin, né à Strasbourg en 1949, est aujourd'hui le principal animateur de l'Alternative information center (AIC), un centre d'information alternative. Rencontre à Jérusalem, alors que les bombes pleuvaient encore sur l'enclave palestinienne de Gaza...
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