Dossier déchets
Enfin la vérité nous rattrape !
WIPP • catastrophe nucléaire à 655 mètres sous terre (USA)
vendredi 9 mai 2014, par Contact
Robert Alvarez, ancien directeur du programme des matières nucléaires au DOE; Dana Bryson, Carlsbad Field Office Deputy Manager
Depuis le 14 février 2014, une catastrophe nucléaire est en cours au WIPP (Waste Isolation Pilot Plant), le centre de stockage profond de déchets radioactifs militaires et issus de la recherche au Nouveau Mexique, USA. Un ou plusieurs containers à 655 mètres sous terre se sont ouverts suite à une explosion d'origine chimique. La radioactivité la plus terrible – Plutonium, Americium – s'est échappée et s'échappe. Pendant plus d'un mois, plus personne n'est entré dans ces galeries. Si la question de la réversibilité en préoccupe certain-e-s, alors la démonstration est claire: c'est bien entré, c'est bien ressorti !
Avertissement: Cet article n'est pas une référence technique sur le WIPP. Nous n'en avons rien à foutre des détails et nous ne voulons pas être des experts antinucléaires. Nous ne voulons pas gérer leurs saloperies ni être des contre-pouvoirs, ni être utiles lors d'accidents nucléaires. Nous voulons nous débarrasser de cette gangrène qu'est l'industrie nucléaire et la société industrielle qui bouffe notre substance vitale et nous conduit tous aux cancers, aux maladies, à l'abrutissement, à la mort. Nous voulons vivre normalement sur cette planète. Qu'ils aillent sur Mars faire leurs saloperies mortifères - au moins ils seront peinards: il n'y aura pas d'opposants puisque la vie n'y est qu'artificielle! En attendant de pouvoir les mettre hors d'état de nuire, nous mettons ici en lumière l'aberration que constituerait la construction de CIGEO en France à Bure, même en prototype, même en rêves de techno-nucléo-crate.
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Le WIPP catastrophe au Nouveau Mexique
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Le WIPP n'a jamais été conçu pour fonctionner avec les filtres
«This [WIPP] facility was NEVER designed to operate under filtration.»
le 19 juin 2014 :
Dana Bryson, Carlsbad Field Office Deputy Manager vidéo...
Il dit que le site n'a jamais été configuré pour fonctionner en mode secours avec les filtres en permanence en action. En fait, ils ont fait comme si les déchets n'étaient pas radioactifs et que même s'ils l'étaient, ils ne fuiraient pas, la radioactivité resterait confinée dans les fûts. Le déni de réalité est puissant chez le système technologique.
Le député dit ensuite qu'ils vont installer des systèmes de filtration pour la fin de l'année 2014. On imagine la panique à l'ANDRA: va-t-il falloir aussi installer des vrais systèmes de filtration dans le projet CIGÉO? Ce serait un aveu que ces grandes saloperies sont dangereuses et qu'elles coûtent trop cher, que la technologie crée plus de problèmes qu'elle n'en résoud...
Les USA vont stocker leurs déchets nucléaires en surface
Le 16 juin 2014, Robert Alvarez, ancien directeur du programme des matières nucléaires au DOE (Department of Energy, l'équivalent du CEA en France) dans les années 1990, a donné cette opinion [1] :
«I think that we're really looking at an inexorable reality of having to shift toward safe surface storage containment,» said Alvarez. «Probably (the waste at sites around the country) is going to have to stay where it is in containers that can hold up for a long period of time while we sort this out. I'm afraid that's the reality.»
Il dit que c'est une évidence: avec le projet Yucca Mountain abandonné, le WIPP en mode secours, c'en est terminé du stockage en profondeur aux USA. La preuve par l'exemple que ce mode de stockage est une erreur additionnelle qui s'ammoncèle sur le tas de projets nullissimes que mènent l'industrie nucléaire sur le dos de l'humanité.
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DOE - NASA, même combat !
12 juin 2014 :
Où cette photo a-t-elle été prise ?
Et bien non, pas sur Mars: au fond du WIPP !
Elle est extraite de cette vidéo qui montre des robots en train d'opérer des prélèvements dans les salles où les containers ont explosé.
Pas besoin d'aller dans l'espace pour vivre en combinaison oxygénée, le DOE est là pour apporter l'absence de vie sur terre.
DOE = Department Of Energy (le grand frère du CEA français)
NASA = National Aeronautics and Space Administration (en France, le CNES)
vidéo
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si WIPP est foutu, que vont devenir les déchets nucléaires ?
27 mai 2014 :
Maintenant, va falloir boucher le WIPP avec des grosses quantités de gravas, puis inonder les sous-sols; si on laissait à l'air, la chaleur ferait sécher les fûts, ils prendraient feu, généreraient des fumées radioactives, de la pression, bref, ce serait une bombe à retardement rapide. Il faut donc noyer le fond du WIPP et puis attendre que les nappes phréatiques soient contaminées, ce qui prendra un peu plus de temps, mais qui est certain aussi.
Selon le blog Verge, 77 sites dans tous les USA attendaient leur tour de pouvoir se débarrasser de leurs déchets au fond du WIPP. Ce plan est ruiné maintenant, à cause des fûts qui explosent spontanément (soit-disant à cause de la litière pour chat qui l'entoure). Chaque site va devoir conserver et surveiller ses déchets en surface encore un bout de temps! Tout ceci en tant de crise budgétaire...
Le WIPP n'était pas au départ destiné à recevoir les combustibles usés. Typiquement, WIPP devait recevoir des objets contaminés lors de la fabrication des bombes, des gants farcis de plutonium par exemple. C'était Yucca Moutain, dans le Névada, qui devait servir de tombeau à toute la merde radioactive et chimique sortie des réacteurs. Mais à peine arrivé à la Maison Blanche en 2008, Obama supprimait les fonds pour ce Yucca Mountain! Alors WIPP fût pressenti aussi pour se débarrasser des combustibles usés. Maintenant que WIPP est foutu, c'est la cata: il n'y a plus un seul site en cours d'exploitation pouvant servir de centre d'enfouissement profond pour la mafia nucléariste américaine.
Bref, la technologie – en général et surtout la technologie nucléaire – génère bien plus de problèmes qu'elle n'apporte de solution. Quand est-ce qu'on fout tous ces gens à la porte ?
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officiel, plus de 500 fûts de Plutonium prêt-à-exploser
21 mai 2014 :
Les officiels du Nouveau Mexique donnent le nombre de ces fûts [2], qui proviennent de Los Alamos et qui sont suspectés d'exploser à cause de l'utilisation d'une "litière pour chat" comme absorbant :
- 369 fûts au fond du WIPP,
- 57 à Los Alamos,
- plus de 100 à WCS. Les ordres de grandeur correspondent avec les chiffres donnés par le SRIC (voir ci-dessous).
Ryan Flynn, secrétaire à l'environnement de l'état du Nouveau Mexique (NMED) et l'entreprise qui gère le WIPP ont dévoilé des plans pour boucher les salles qui contiennent ces fûts au fond du trou. On sait cela mais on a pas eu droit aux plans nous.
Toujours Ryan Flynn [3]: «Based on the evidence presented to NMED, the current handling, storage, treatment and transportation of the hazardous nitrate salt bearing waste containers at LANL may present an imminent and substantial endangerment to health or the environment.»
Il dit que ces fûts présentent un danger imminent pour la santé et l'environnement. Ah. Zut. Les autres non? Ouf.
Ça urge donc. À tout moment, un autre fût peut exploser, plusieurs autres pourquoi pas. Ça serait gênant si des ouvriers en train de murer la porte d'entrée étaient là lorsque la prochaine explosion aura lieu...
Maintenant, le débat, c'est: porte en ferraille ou mur de béton? Et puis aussi: quelle couleur? Y a-t-il un menuisier à Carlsbad? Comment matérialiser le fait que c'est dangereux d'y aller? Par exemple avec un symbole simple? Qui pourrait être lu par un extra-terrestre ou un futur habitant de la terre qui comprendra rien à ce qu'on raconte là ?
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carte nucléaire du Nouveau Mexique
20 mai 2014 :
Nous sommes aux USA, dans l'état du Nouveau Mexique, à l'ouest du Texas, un état qu'on peut qualifier d'état nucléaire. Jugez par vous-même la liste des installations qu'il accueille :
- Los Alamos National Laboratory (LANL): usine de fabrication des bombes atomiques
- Trinity site: site des premières explosions de bombe atomique
- White Sands Missile Range: 8300 km² dédiés à l'explosion de bombes atomiques
- Sandia Base: base de développement, de test des armes atomiques américaines, devenu le Sandia National Laboratory, comme le CEA en France est devenu le CEA-EN
- Waste Isolation Pilot Plant (WIPP): site d'enfouissement profond
- URENCO enrichment plant: usine d'enrichissement d'uranium
- International Isotopes: entreprise privée détenant un brevet de traitement de l'uranium
- Waste Control Specialists (WCS): entreprise privée gérant des sites d'entreposage et de stockage de déchets radioactifs
- Nombreuses mines d'uranium
maps...
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combien de containers de cette sorte ?
20 mai 2014 :
Ces containers proviennent du LANL: Los Alamos National Laboratory (mise au point des bombes atomiques) et ils contiennent du Plutonium et de l'Americium. Le SRIC (Southwest Research and Information Center) – une sorte de CRIIRAD du sud-ouest des USA, en plus vieux et plus diversifié – a publié un rapport le 8 mai indiquant le nombre de containers similaires à celui qui a fait "plop" dans la salle 7 du panel 7 au WIPP.
- il y en a 54 dans la salle 7 du panel 7
- il y en a 238 dans le panel 6
- il y en a 116 dans le WCS (Waste Control Specialists); alors WCS, faudra qu'on explique ce que c'est: en gros, c'est Martin Bouygues qui s'est lancé dans la gestion des déchets nucléaires, une entreprise basée au Texas, qui crée des sites d'entreposage et d'enfouissement en surface.
Bon ben, qu'est-ce qu'ils attendent les autres containers pour faire "plop" aussi puis bailler aux corneilles ?
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un robot a trouvé des containers ouverts
19 mai 2014 :
Une vidéo du 15 mai permet d'observer un container qui baille aux corneilles. L'origine de l'explosion serait un nouveau matériau utilisé pour solidifier des déchets liquides, un genre de litière pour chat, inhabituelle en matière organique, voir fukuleaks. Cela rappelle un abysse d'incertitudes: le désastre nucléaire fabrication allemande avec la mine de Asse remplie à raz-bord de déchets radioactifs. On espère que le CEA n'utilise pas de la pâtée pour chiens. Le DOE ne va plus trouver grand monde pour aller dans la salle 7 du panel 7 maintenant que les couvercles baillent aux corneilles, même pas pour profiter de la chaleur. Pour cela, il faudrait sacrément ventiler, donc by-passer les filtres, donc faire des rejets massifs dans l'air. Le maire de Carlsbad demande à ce que les containers qui craignent soient retirés. C'est un peu comme si le commandant du Titanic demandait à réparer la coque du navire alors que ce dernier est incliné à 45°.
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une explosion qui aurait éventré un container ?
13 mai 2014 :
On apprend qu'il y a un défaut de conception dans certains containers, mais bien sûr, le DOE ne veut pas dire lesquels ni combien il y en a. Donc le plafond ne s'est pas effondré, c'est juste des choses qui prennent feu spontanément, qui explosent et qui abîment les containers [4]. C'est flou mais alors attendez: ils annoncent que c'est à cause de matériaux "verts", organiques, utilisés à la place de matériaux usuels, inorganiques. Ben voyons. De là à dire que c'est de la faute des antinucléaires, il n'y a qu'un pas...
Bien sûr, la mafia mécaniste et industrielle, en même temps qu'exposer le problème, affirme qu'il faut continuer avec le WIPP, qu'il doit ré-ouvrir: voir l'article de Jim Conca dans le magasine Forbes Nuclear Waste Leak Traced To Kitty Litter.
Le matériau incriminé par Conca ressemble à de la "litière pour chat (kitty litter)" http://www.epa.gov/radiation/. Il nous prend vraiment pour des imbéciles. C'est utilisé comme absorbant, parce qu'il ne faut pas que les sels de nitrate s'assèchent, sinon ils prennent feu. Alors c'est ce matériel organique qui aurait conduit à un feu ou un explosion. Le sage montre la lune, la mafia nucléariste montre le doigt. S'il y en a qui ont envie de se pencher sur le sujet technique des absorbants organiques: [5]. Nous, on s'en branle.
S'il y en a un qui a pris feu, a priori, d'autres vont suivre. Et bien sûr, la mafia de déclarer: «heureusement que c'est arrivé dans le WIPP et pas en surface». Alors ce ne serait qu'un test de fuite: ils doivent absolument faire accepter aux populations de vivre en territoires contaminés. Donc autant y aller par petites doses graduelles, le but éternel étant d'éviter la révolte.
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sacs de magnesium endommagés
2 mai 2014 :
Selon le communiqué du WIPP, les sacs de magnésium sont placés sur les containers pour contenir la radioactivité pendant 10000 ans. Ne rigolez pas, vous êtes censés le croire.
Ils expliquent qu'en entrant dans la salle 7 du panel 7 "ces dernières semaines", ils ont photographié des sacs endommagés mais ils ne savent pas pourquoi. Alors ils pensent faire des prélèvements pour analyser la composition chimique et radioactive des substances qu'ils auront prélevées. Au moins, ça fait travailler les labos avec l'argent public.
Cette communication dit en substance qu'il n'y a pas eu d'effondrement de plafond, mais une réaction chimique dans un container qui aurait provoqué le panache de Pu et Am. Comme quoi les sacs de magnésium sont totalement inutiles, ce qu'ils oublient de dire.
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Rivets cassés et détecteurs débranchés pour mal-fonction
24 avril 2014 :
Le 24 avril, cette photo est parue dans la presse: elle montre des rivets cassés et des fissures au dessus des containers [6].
Rivets cassés et fissures au plafond, le jour avant la catastrophe.
Le DOE avoue que les appareils ont enregistré des taux de radioactivité gigantesques, mais ils ont été "débranchés pour malfonction" [7]. Cela vous rappelle-t-il pas l'alarme de radioactivité de la caserne de Pompiers d'Ajaccio qui avait été coupée parce qu'elle avait sonnée au passage du nuage de Tchernobyl...
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rapport du DOE
22 avril 2014 :
Le DOE publie un rapport sur les fuites de radioactivité pour rassurer tout le monde: DOE Issues WIPP Radiological Release Investigation Report (voir rapport).
Les ouvriers ne sont pas autorisés à parler à la presse, ils vont devoir maintenant travailler dans des conditions très dures d'isolement: combinaison en permanence, décontamination systématique. Fred Mettler, radiologiste et représentant américain à la United Nations World Health and Atomic Energy Agency a même oser déclamer: «Médicalement parlant, c'est très, très difficile d'extraire la radioactivité en dehors de vous.» [8].
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IRSN produit une analyse lénifiante
12 mars 2014 :
Poursuivant son objectif de créer et propager une information positive de l'industrie nucléaire, l'IRSN reprend les déclarations du DOE [9] et affirme que le panache de Plutonium et Americium est "sans danger" pour la santé de celles et ceux qui le respirent – une "évidence" vue que 1/1'000'000ième de gramme de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer des poumons! Bien sûr, ils ne disent pas que la totalité du personnel – 650 personnes – a été évacué au moment de la fuite. La panique, c'est réservé aux pauvres gens qui sont dans le nuage !
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panache radioactif d'émetteurs alpha, hypothèses
14 février 2014 :
Transuranic waste cask: enveloppe de déchets transuraniens
Selon Arnie Gunderson [10], on craint que le vendredi 14 février 2014, le plafond d'une salle de stockage se soit effondré sur des containers de matières radioactives. Des poussières de Plutonium et d'Americium s'échappent des galeries. Des taux de radioactivité faramineux ont été mesurés sur le site. Selon Roger Nelson, Porte-Parole du DOE, Reuters: «je crois correct de dire que nous n'avons jamais vu un niveau aussi élevé que celui que nous sommes en train d'observer.»
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incendie
5 février 2014 :
Image d'une vidéo expédiée par une personne désirant rester anonyme (cliquer pour voir) :
Le 5 février 2014, un camion de sel prend feu dans une des salles de stockage, la fumée sort de l'ascenseur de construction Dépêche de KOAT (Albuquerque). Six employés sont transportés à l'hôpital suite à l'inhalation des fumées. Cela n'a apparemment causé aucune fuite radioactive mais les commentaires sont intéressants...
Car le WIPP est évacué selon un plan d'urgence. À propos des causes possibles du feu, l'expert Don Hancock au Southwest Research and Information Center déclare que le plafond peut s'effondrer, sous le poids de la roche et du sel à 655 mètres sous terre et que c'est pour cela que depuis 1999, seulement 4 des 7 salles de stockages ont été remplies. L'expert évoque également des possibilités de dégâts collatéraux de l'industrie gazière car l'activité de fracturation hydraulique est très importante dans la région (source).
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Données initiales
WIPP est un centre de stockage profond de déchets nucléaires, exactement comme les employés de l'ANDRA et du CEA veulent en construire un à Bure dans la Meuse sous le nom de CIGEO. WIPP est situé à quelques kilomètres de la ville de Carlsbad, dans le Nouveau Mexique (USA).
Plan de WIPP: les galeries se trouvent à 655 mètres sous terre :
WIPP selon le DOE (Department of Energy): vous reconnaissez les belles images qu'on vous donne à voir pour CIGEO/Bure ?
Il y a quatre conduits reliant les galeries à 665 mètres sous terre et la surface: l'ascenseur de construction and d'excavation du sel, l'ascenseur de déchets radioactifs, le conduit de prise d'air, et le conduit d'évacuation.
Notes
[1] C'est un article de l'Albuquerque Journal particulièrement intéressant.
[2] le nombre de ces fûts - kob.com/article.
[3] Ryan Flynn - cbsnews.com/news.
[4] Voir «Kitty litter» blamed for explosive nuclear leak at WIPP.
[5] Voir absorbants organiques
[6] rivets cassés et des fissures - enenews.com.
[7] débranchés pour malfonction - enenews.com.
[8] Atomic Energy Agency - enenews.com.
[9] DOE - Department Of Energy
[10] Arnie Gunderson - youtube.com/watch.
Les arbres morts ne pourrissent pas à Tchernobyl...
...et c'est un vrai danger
28.03.2014
Andréa Fradin
Monde
Science & santé
Une nouvelle découverte qui fait froid dans le dos en provenance du site tristement célèbre de Tchernobyl. Près de trente ans après cette catastrophe nucléaire, l'une des plus grosses de l'histoire avec Fukushima, des chercheurs ont constaté que «les arbres morts, les plantes et les feuilles sur le site contaminé ne se décomposent pas à la même vitesse» que les plantes poussant ailleurs dans le monde, résume NBC.
Publiés dans le journal Oecologia, ces résultats prouvent que l'ensemble des êtres vivants situés à proximité du funeste site ont été affectés par la radioactivité: humains, animaux, végétaux mais aussi insectes, microbes ou fungi, un champignon impliqué, à l'instar des insectes ou des microbes, dans le processus naturel de pourrissement de la matière.
Comme l'explique le site The Smithsonian, ces «décomposeurs» ont aussi souffert de la catastrophe. Pour le vérifier, les deux chercheurs à l'origine de l'étude, Tim Mousseau, de l'université de Caroline du Sud aux Etats-Unis et Anders Møller de Paris-Sud, ont rempli 600 petits sacs de feuilles non-contaminées, pour les déposer à différents endroits, avec ou sans radiation.
Les résultats sont saisissants, à en croire le Smithsonian: «Dans les zones sans radiation, 70% à 90% des feuilles avaient disparu après un an. Mais dans des zones avec plus de radiations, les feuilles gardaient près de 60% de leur poids d'origine.». Une différence qui constitue la preuve, pour les chercheurs, que «la radiation a inhibé la décomposition microbienne» des feuilles qui jonchent le sol du site contaminé. Une découverte qui pourrait aussi expliquer la très lente croissance des arbres aux alentours de Tchernobyl – autre découverte scientifique abondamment relayée par la presse à l'été 2013. (lire)
Elle pourrait avoir un autre effet, autrement plus dangereux: favoriser des feux de forêts dévastateurs. L'accumulation de cette matière végétale non décomposée constitue un parfait combustible, expliquent les chercheurs. «C'est sec, ça s'allume et ça brûle assez facilement et rend donc plus probable le départ d'un feu de forêt catastrophique», commente ainsi Tim Mousseau.
La forêt du site de Tchernobyl, connue sous le nom de "forêt rouge" depuis que les radiations ont vidé les pins de leur chlorophylle, a déjà connu de graves incendies. Comme le raconte un reportage sur zone du Monde en date de 1998, «en 1992 un incendie a détruit des centaines d'hectares». Problème: il a aussi propulsé «dans l'air des éléments radioactifs contenus dans les plantes et le sol». (lire)
«The gist of our results was that the radiation inhibited microbial decomposition of the leaf litter on the top layer of the soil,» Mousseau says. «This means that nutrients aren't being efficiently returned to the soil, he adds, which could be one of the causes behind the slower rates of tree growth surrounding Chernobyl. They created around 600 small mesh bags and stuffed them each with leaves, collected at an uncontaminated site, from one of four different tree species: oak, maple, birch or pine. They took care to ensure that no insects were in the bags at first, and then lined half of them with women's pantyhose to keep insects from getting in from the outside, unlike the wider mesh-only versions. Decomposers–organisms such as microbes, fungi and some types of insects that drive the process of decay – have also suffered from the contamination. These creatures are responsible for an essential component of any ecosystem: recycling organic matter back into the soil. Issues with a basic-level process, the authors of the study think, could have compounding effects for the entire ecosystem.». (lire)
En clair, un feu de forêt est le meilleur moyen de «diffuser la radiation dans la région», écrit NBC. Et d'ajouter une nouvelle anecdote sordide à la catastrophe de Tchernobyl, qui en compte déjà beaucoup, suscitant pour certaines la controverse. Outre sa forêt rouge, ses arbres qui ne grandissent ni ne pourrissent, il a été aussi question de la taille plus petite des cerveaux de ses oiseaux (lire), ou de malformations animales et humaines – ce dernier point faisant l'objet de rapports contradictoires.
De même, les scientifiques s'opposent sur le scénario d'un Tchernobyl devenu un havre du règne animal depuis la catastrophe et la désertion humaine, comme nous l'expliquions en 2013, dans l'article intitulé «Est-ce que les animaux de Tchernobyl brillent dans le noir ?»
Andréa Fradin
Read more :
Smithsonian magazine - SmithsonianMag
Références
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E. Craft : Toxicol. Environ. Health Crit. Rev., 7, 297, 2004
P. Houpert : Neurotoxicology, 26, 1015, 2005
P. Lestaevel : Neurotoxicol. Teratol, 27, 835, 2005
M. Souidi : Toxicology, 214, 113, 2005
Y. Gueguen : Proceedings of the 14th Intl. Conf. on Cytochromes P450, 61, 2005
H. Métivier : L'Uranium, de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, 2001
M-C. de La Souchère : L'uranium, La Recherche, avril 2006
Liens
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Citations
Nouveau tournant social-libéral ?
«Il semblerait que la nature de l'ultime révolution à laquelle nous avons à faire face est précisément celle-ci: nous sommes en train de développer toute une série de techniques qui permettront aux oligarchies aux commandes – qui ont toujours existé et qui probablement existeront toujours – d'amener les gens à aimer leur servitude.»
Aldous Huxley
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DATE DE CRÉATION : 20.07.2014 - DERNIÈRE MODIFICATION : 27.07.2014
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