L'antimilitarisme est d'abord une réaction à une certaine façon de voir et de concevoir le monde. C'est une lutte contre une mentalité précise: celle qui cherche à résoudre les problèmes des hommes et de la société par des moyens coercitifs et de contrainte, soit par l’utilisation de la force exercée par des hommes en armes.
C'est à dire celle qui persiste à percevoir ce monde en terme de guerre à gagner, d'ennemi à abattre, de marchés à conquérir et d'ordre à établir sans aucune considération pour le peuple autre que le fait de sa transformation en consommateurs pour les rendre complices de ce système inique. C'est une lutte contre la mentalité répressive de type militaire qui prétend nous diriger en utilisant des prétextes entendus pour assurer la sécurité et en nous démontrant que la vie est ainsi et pas autrement et que, si nous ne voulons pas nous trouver marginalisés et mourir, nous devons nous conformer et nous adapter à cet état de fait, soit la réalité ou la dictature des faits, présenté comme irrévocable, irrémédiable et inéluctable !
compilation : Georges Tafelmacher
Nous trouvons "normal" que des "hommes" (qui demanderait une nouvelle définition) d'âge "mûr" s'équipent de bâtons cracheurs de feu et de balles pénétrantes à l'uranium pour s'infliger des dégâts et des douleurs maximums (même 10 ans après avoir tirer ces coups!!) dans l'espoir chrétiennisé de résoudre des problèmes de violence. Est-ce un signe de "civilisation" que de sans arrêt inventer de nouvelles formes de destruction comme si les catastrophes naturelles ne suffisaient pas ?
Nous trouvons "normal" que l'armée sert pour le "travail" de maintien des foules déchainées, des armes perfectionnées, telles que – fusils qui tirent de la glu sur les gens, lances-eau à gaz inhibant, appareils électriques déchargeant des milliers de volts à travers de l'eau aspergé sur la masse grouillante d'excités à mater, bâtons entraveurs étudiés pour faire mal et pour tordre les membres, menottes en plastique pouvant être appliquer d'une seule main pendant que l'autre peut poursuivre ses coups (la main droite qui ignore ce que fait la main gauche), véhicules blindés juchés sur des pneus spéciaux à basse pression pouvant fendre et transpercer les foules, mousses super-glissante, marqueurs indélébiles giclés sur la foule pour poursuivre les gens et les arrêter après la dispersion de la manif (preuve irréfutable de participation à une manif interdite), appareils électroniques générateurs d'ultra-sons pouvant casser les oreilles, ordinateurs et caméscopes pouvant reconnaître instantanément les meneurs, des bombes puantes rendant un lieu insupportable, etc. Tous les "progrès de la technologie" vont servir à mater les victimes de cette société qui osent défier le pouvoir et à garantir la pérennité du système, de ses servants et de ses richesses.
Nous vivons une "planète voyou" où la fascination des armes l'emporte sur tout jugement sain...
Dans "Le Sentier de la guerre", Jean Zammit(20), radiologue de profession et piqué par le virus de l'archéologie dès l'adolescence, démontre que les découvertes archéologiques attestent de l'usage de la violence dans les temps les plus reculés de l'humanité.
Ce n'est pas parce que les découvertes archéologiques attestent de l'usage de la violence depuis le début de l'humanité que nous devons continuer à nous taper dessus comme des sourds.
Ce n'est pas parce qu'il est résolument humaniste et chercheur prudent, que Jean Zammit ne se résout pas au pessimisme, car en constatant que seul l'homme est capable d'infliger des tortures à ses semblables, il omet la possibilité entrevoir l'éveil de l'homme, sa prise de conscience de sa nature barbare et le pourquoi de ses comportements destructeurs.
Ce n'est pas parce que les hommes préhistoriques se tapaient bel et bien dessus que nous ne pouvons ou devons pas apprendre à mieux comprendre ce qui nous pousse à cette agressivité et à dépasser la pulsion létale de donner la mort, de torturer, de violer, de saccager, de piller.
Ce n'est pas parce que l'homme est, une fois pour toutes, un loup pour l'homme qu'il ne faut pas chercher un chemin évolutionnaire qui mènera l'homme à de meilleurs sentiments vis à vis de ses prochains.
En fait, il y a deux mille ans, un hurluberlu chevelu et idéaliste est venu nous dire qu'une grande révolution est en marche, c'est à dire, le passage de la résolution des problèmes par la loi du talion à la loi de l'amour de son prochain et de soi-même. Ce hippy d'avant mai 1968 a proposé de fonder la démarche humaine sur une notion qui n'avait aucun sens en l'an 0 – l'amour du prochain, étonnant
n'est-ce pas ?
Une réflexion morale sur le devenir de nos sociétés doit être menée car pour sortir de la logique de l'escalade des armes, une décision pour un autre choix de société, d'autres relations entre les gens, doit être faite. Cette réflexion n'est pas vaine, elle s'inscrit dans une volonté de changement avant qu'il ne soit trop tard. La Palestine est l'exemple parfait que l'utilisation des armes est vaine et le constat de leur échec pour résoudre nos problèmes humains nous crève les yeux.
La Suisse étant exactement au centre de l'Europe, elle est dans une formidable position pour servir d'exemple aux pays qui nous entourent, pour un désarmement généralisé. Ayant atteint le sommet de l'évolution humaine, elle se doit d'influer les autres nations moins nanties pour qu'elles se développent sans se comporter comme des reptiles dont la défense du territoire et l'esprit sécuritaire priment sur toutes autres considérations. La Suisse au progrès technologique démentiel, se doit de mieux maîtriser ses pulsion de mort et de montrer au monde sa capacité de mettre sur pied une société qui peut résoudre ses crises par la discussion, les ententes, et surtout, se compromettre dans des gestes significatifs, comme par exemple, le désarmement.
Si au Mozambique, ils ont réussi à convaincre les guérillas de se désarmer sans heurte, sans conséquences fâcheuses, alors pourquoi dans un pays super civilisé comme le nôtre, on ne pourrait pas procéder à de tels procédés pour s'approcher d'une vie en paix faite de meilleures relations entre les gens.
©G.Tafelmacher
L'antimilitarisme est aussi une réaction face aux menées de la droite lorsqu'elle s'investie dans sa mission de sauvegarder la nation. L'antimilitarisme fait contrepoint à ces discours militaristes et est en opposition aux déclarations de ces politiciens et militaires et leurs actions auprès du peuple pour l'inciter au respect de l'autorité, des grades et de la défense nationale.
Les déclamations péremptoires des politiciens qui cherchent à nous convaincre de la nécessité de la défense armée, sont fortement influencées par le militaire. Ces échantillons de déclamations guerrières de ces personnages militarisées seraient en soi d'un comique insoutenable s'il ne s'agissait pas de guerre et de mort.
Lisons donc :
«Le monde a changé depuis 1989 mais il n'est pas devenu plus paisible pour autant. Je ne crois pas au changement de l'âme humaine. L'homme est toujours fait de violence et de volonté de domination,»
Major, le libéral vaudois au Conseil d'État en 1978, Jean-François Leuba ne faisait plus de service militaire depuis son entrée en fonction. Son engagement militaire s'appuyait sur un vision pessimiste de l'humanité.
«L'antimilitarisme chez nous ne date pas d'aujourd'hui, ce qui est nouveau, c'est qu'il s'en prenne à l'existence même de l'armée.»
Champignac d'Or 1989 – Jean-François Leuba, ex-conseiller d'État libéral vaudois, dans le 24 Heures, 14 novembre 1989
«Je ne sais pas où ni quand aura lieu la prochaine guerre, mais elle se prépare. Le phénomène est diabolique.»
Mention honorable 1991 – Jean Abt, colonel commandant de corps, dans le Lausanne Cités, 29 aoùt 1991
«La paix est une chose si délicate que seuls des militaires peuvent la maintenir car eux seuls savent parler le langage des forces armées.»
Mention Landwehr 1993 – Henri Monod, colonel, dans le 24 Heures, 12 mars 1993
«La femme à l'armée est une réalité qui aujourd'hui fonctionne à satisfaction et sans problème.»
Mention Dame de Compagnie 1995 – Jean-Rodolphe Christen, colonel commandant de corps, dans le Journal de Genève, 22 février 1995
«L'armée suisse a contribué à ce que nous franchissions le XXe siècle sans dommage. Un siècle qui a connu de nombreuses guerres et de nombreuses catastrophes. Puisse l’armée, au cours du siècle prochain, contribuer à nous ouvrir au monde tout en continuant à préserver notre patrie.»
Philippe REBORD, colonel EMG, président de la Société vaudoise des officiers, 1999
«Mesdames et Messieurs de la gauche, lorsque l'on a une interprétation juridique, il faut toujours voir pourquoi on a une argumentation juridique. Il y a la lettre et l'esprit.»
«Je ne vois vraiment rien de choquant à ce que l'on considère que la décision du Conseil Fédéral a été prise le jour du début de la session de printemps des Chambres fédérales. Pour arriver à dire que c'était le matin et que la session a commencé l'après-midi, et que par conséquent il faudrait une discussion, il faut absolument, à ce moment-là, que l'on reconnaisse que c'est indispensable parce qu'il s'agit d'une décision inouïe, incroyable, invraisemblable, et qu'il y a donc urgence à discuter de cela, tellement la chose est anormale. Eh bien, il s'agit d'une décision qui finalement est très normale par rapport aux exigences qui sont posées à la Confédération et au canton de Genève quant à la protection des missions, notamment contre des actes qui pourraient se passer. Comme nous n'avons pas de police fédérale, il faut bien que l'armée puisse assumer ce genre de responsabilité. Que le Conseil Fédéral nous explique cela après, en temps voulu, à nos yeux cela suffit.»
«Le problème est bien le suivant: c'est que, de plus en plus, l'armée sert à des tâches de paix, et cela vous embête parce que vous ne pouvez plus faire de l'antimilitarisme. Faire de l'antimilitarisme aujourd'hui, c'est faire de l'antimission de paix !»
«Par conséquent je vous le demande: au lieu de discuter de tout cela avec la tête échauffée et également braquée, discutons-en à tête reposée !»
Jacques-Simon Eggly, ex-conseiller national, Lib, GE, sept 2000
Et pourtant...
«Avec la dissémination des armes, la prolifération des groupes violents incontrôlés et suréquipés, une police du ciel disposant d'avions d'interception rapides est nécessaire. Tous les pays industrialisés en sont convaincus. Réfléchissons cependant plus loin. Quel est le phénomène qui frappe le plus, depuis dix ans? C'est la rapidité, la brusquerie et l'imprévisibilité des changements en Europe. Tout ou presque est donc possible. L'avenir est encore moins prévisible qu'autrefois.
Oui, l'imprévisibilité exige la continuité de l'effort militaire»
Jacques-Simon Eggly
«Le maintien de la paix permet d'obtenir de meilleurs combattants. Tel est, du moins, la conviction des soldats qui maintiennent la paix.»
Ludovic Monnerat, cap, 2001
«C'était sans compter sur les ignares de notre histoire, les anti-tout, les égoïstes, les antimilitaristes, et toute l'extrême-gauche rouge et verte. Ajoutons-y les saccageurs de notre patrimoine, les piétineurs de nos souvenirs puisque, une fois de plus un monument de la commémoration de la mob de 14-18 a été détruit, c'est la Sentinelle des Rangiers, un symbole, qu'une nouvelle fois des démolisseurs ont réduit en pièces.»
Geneviève Aubry, ex-conseillère nationale, dans le L'Atout et le 24 Heures, 16 septembre 1989
«Les mobilisés de 1939-1945, sans renier quoi que ce soit de leur engagement politique, ont accepté de servir sous le même drapeau, le même uniforme et dans le même esprit de sacrifice. L'oublier, en cette circonstance, m'apparaît inconvenant et guère moins maladroit que le geste des trois malheureux parachutistes hostiles à l'armée, qui ont cru malin d'arroser la prairie du Grütli de roses et ont vu ces symboles de la contestation gauchiste, chassés par le foehn, atterrir dans le forêts profondes du voisinage et le lac cher aux coeurs des Waldstaetten.»
Jean-Jacques Cevey, ex-conseiller national, dans le «La Nouvelle Revue», 4 septembre 1989
«L'armée ne va pas de soit. Elle se construit, se renforce ou s'affaiblit chaque jour en fonction des événements, des circonstances et de la volonté des hommes. Souvent par le passé, et bien évidemment toujours dans les temps de paix, froide ou pas, elle a été contestée et même parfois carrément oubliée. L'histoire de la Suisse n'est pas un carnet rose ou bleu que l'on feuillette distraitement en toute contemplation. Quand, par le passé, elle n'était pas elle-même et n'osait pas s'affirmer en tant que telle et se donner les moyens de sa défense, elle servait le plus souvent de jouet aux «grandes nations» européennes. L'armée n'est pas une fin en soit, un tabou auquel nul ne saurait toucher, une institution inamovible et incapable de renouvellement.»
Martin Chevallaz, colonel EMG, dans le «La Nouvelle Revue» et Journal politique, 10 mars 1995
«On vit dans un pays de libertés, et il faudra toujours lutter contre l'espionnage, le terrorisme, les extrémistes qui prétendent renverser la démocratie et le crime organisé.»
Philippe Pidoux, ex-candidat acharné, dans le 24 Heures, 6 novembre 1990
«Si nous supprimons l'armée suisse, quel moyen avons-nous d'empêcher la force de frappe française de prévoir le bombardement, atomique ou classique, du territoire suisse en cas de menace venant de l'Est ?»
Laurent Rebeaud, ex-conseiller national écologiste, dans le Domaine public, 16 février 1989
«D'aucuns s'efforcent à vouloir nous persuader que les zélateurs d'une Suisse sans armée, c'est aussi la Suisse. D'accord, à un titre analogue au Sida qui, d'une certaine manière, fait partie du genre humain.»
Revue militaire suisse, Éditorial anonyme, dans la Revue militaire suisse, septembre-octobre 1989
«Evidemment, il y a des ordres publics qui sont liberticides. C'est donc préférable, si je puis dire, qu'un libéral s'occupe de l'ordre, parce que ce sera un ordre dans lequel on respecte la liberté du citoyen. Je n'ai pas d'état d'âme à ce sujet.»
Claude Ruey, ex-Conseiller d'État libéral vaudois, dans le Forum libéral, 1er janvier 1994
«Et on se réveille aujourd'hui, empêtré dans un carcan législatif, réglementaire et administratif, dont on mesure les fruits pervers dans le blocage économique que nous connaissons.»
Claude Ruey, ex-Conseiller d'État libéral vaudois, dans le Forum Libéral, 1er juin 1992
«Le nouveau fusil d'assaut Fass 90 est bien plus facile à monter ou démonter comme à nettoyer. On peut aussi le porter de plusieurs manières, ce qui laisse davantage libre cours à l'imagination.»
Caporal Schaffner, fusilier de montagne, dans le 24 Heures, 3 février 1988
«L'homme, malgré ses imperfections (ou à cause d'elles) éprouvera toujours viscéralement la sanction du mal comme le contrepoids nécessaire à sa recherche du bien. C'est pour ça qu'il verra dans une justice laxiste une forme de trahison, et dans l'ignorance des péchés d'autrui la non-reconnaissance de ses propres qualités.»
Jean-Marc Schwenter, ex-procureur du canton de Vaud, dans le 24 Heures, 2 avril 1988
Esprit sécuritaire –
«Notre but est d'établir un esprit de compréhension et d'instaurer un climat de confiance entre les habitants de notre ville et les hommes et femmes qui font métier d'assurer la sécurité publique. Chaque fois que vous relevez des faits suspects dans votre voisinage, alertez sans tarder la police; il vaut mieux une fois de trop qu'une fois de pas assez.»
Secrétariat municipal, dans le «La Tour-de-Peilz Informations», 1 septembre 1990
«La défense du pays est intimement liée à la volonté de procréer de la femme et d'accepter, comme l'homme, un sacrifice à but social. L'un consacrera quelque 400 jours à la défense du territoire, l'autre neuf mois pour une grossesse et une vie pour élever la famille. Défense et maternité forment un dipôle stable.»
H. Siegenthaler, courrier des lecteurs, dans la Gazette de Lausanne, 11 décembre 1989
«Certes, la justice n'est pas infaillible et l'on doit pouvoir en débattre à la télévision. Mais certainement pas sous la forme d'un Café du Commerce unilatéral, réservé aux arguments au-dessous de la ceinture d'une seule des deux parties.»
Philippe Souaille, éditorialiste, dans le TV Guide, n°20, 13 mai 1995
«La pensée militaire se veut être claire.»
Edwin Stettler, ancien colonel commandant de corps, dans le 24 Heures, 18 octobre 1991
«En refusant ces initiatives, ils peuvent apporter la démonstration qu'ils ne se laissent pas abuser et que personne ne peut supprimer leur armée derrière leur dos en usant d'artifices trompeurs.»
Edwin Stettler, ancien colonel commandant de corps, dans le 24 Heures, 27 juillet 1992
«Les grands responsables de début de l'engrenage de la désagrégation de notre armée furent, à l'époque, le Conseiller Fédéral Gnägi (paix à ses cendres) et le commandant de corps Hirschy, à qui je voue une haine féroce pour tout le mal qu'il m'a fait à cette triste époque.»
Roland Troyon, lieutenant-colonel retraité, dans Justice et Vérité, 1991
«La justice militaire? Je ne fais pas de son maintien une question de prestige. Si on trouve un système qui assure les mêmes avantages d'équité au soldat, pourquoi pas ?»
Kaspar Villiger, ex-chef du DMF, dans le 24 Heures, 20 décembre 1990
«Nous garderons en service nos équipements modernes, puisque partout ailleurs aussi, on liquide les armes obsolètes qui seront entreposées à Thoune et, un jour, elles pourront éventuellement être vendues aux enchères. Pour la Société des artilleurs de Beromünster, j'ai moi-même acheté naguère un obusier lourd, et nous avons dû nous engager par écrit à ne pas l'utiliser ni l'exporter.»
Kaspar Villiger, ex-chef du DMF, dans le Construire, 17 avril 1991
«Si un juge d'instruction militaire a des problèmes psychologiques graves en traitant les crimes contre l'humanité, je l'envoie chez un médecin.»
Jürg van Wijnkoop, auditeur en chef de l'armée, dans le 24 Heures, 25 septembre 1996
«Moi, j'ai vécu toute la journée l'intérieur de mes troupes...»
André Dousse, colonel, supra RSR1, 8 septembre. 2000, 12h42
«Il ne faut pas oublier que la finalité des armées, c'est de discipliner la violence. Et l'arme à la maison c'est le prolongement de cette philosophie. Auparavant, les hommes qui se rendaient à la Landsgemeinde d'Appenzell portaient le sabre. La symbolique était forte: «Je prends une décision, mais je peux aussi la défendre». J'ai l'impression qu'aujourd'hui on a perdu ce sens de l'engagement. Par ailleurs, l'arme à la maison est un signe de confiance de l'État qui confie un tel objet au citoyen. C'est un symbole de démocratie extraordinaire. Apprenons à maîtriser la violence. Cela me fait penser à ce proverbe : «Seul un guerrier peut faire la paix»...»
Jacques Baud, expert sur les questions de terrorisme, dans le 24 Heures, 12 septembre 2006
«Je pars du principe que tout exercice doit être répété quatre à cinq fois jusqu'à ce qu'il soit réussi du premier coup.»
«En compétition, en combat, il n'y a pas de second !»
colonel brigadier Daniel Berger, janvier 2007 dans la revue Armee actuell
©-citations des intéressés
"Ecce homo" : on a, sans blasphémer, envie de pervertir la simple et retentissante formule biblique pour le désigner, assis dans le luxe impersonnel du tribunal de La Haye, lui, boucher par ambition politique et par fatalité bureaucratique, ancien manipulateur de foules, mais aujourd'hui seul, incarnant toutes les ombres d'une époque et d'un monde: le désordre balkanique, la cruauté des clans, la bêtise de l'Europe, le cynisme américain. Milosevic mérite la peine qu'on voudra, notre conscience ne pourra jamais oublier que les Etat-Unis, après avoir lâché leurs tapis de bombes à l'uranium sur la Serbie, ont versé beaucoup plus de trente deniers (leurs fonds étant à peu près sans fonds) contre sa livraison. Et que la "communauté internationale" où la Suisse figure en l'occurrence pour 40 millions, n'a pas craint de s'associer à cet humiliant marché.
Il est vrai que, depuis peu, les abus de Washington et les complaisances de ses partenaires se mettent à défrayer la chronique. Il était temps. Le minuscule George W Bush (qui paraît clairement un cancre manipulé par ses industriels et ses chefs militaires), après avoir déchiré l'accord de Kyoto sur l'environnement; relancé la compétion nucléaire avec la Russie; envenimé ses relations avec la Chine; prorogé l'embargo qui décime les populations irakiennes; amaigri, de plus, tous les budgets publics, sauf celui des forces armées; Bush, donc, nous rend le seul service qu'on pouvait espérer de lui: jeter une lumière crue sur son "presque empire".
Dieu sait pourtant que les avertissements – depuis plusieurs années – n'ont pas manqué. L'an dernier paraissait à Lausanne en traduction française le pamphlet du célèbre linguiste américain Noam chomsky férocement intitulé Le nouvel humanisme militaire. La guerre du Kosovo, expliquait-il, était menée sous un excellent prétexte; les débordements serbes; mais en prenant le risque d'exacerber, au lieu de pacifier, les extrémismes de tout bord; et surtout en visant un objectif; la souveraine affirmation de l'OTAN, main de l'Amérique posée sur l'Europe. Contestataire isolé, Chomsky? Non, et de loin. En 1999, notre compatriote Bernard Wicht, auteur d'un passionnant petit livre intitulé L'OTAN attaque (librairie Georg, Genève), prolongeait la même thèse en citant de nombreux essayistes américains aussi bien qu'européens. Lui-même ne croit pas un instant que l'intervention d'un millier d'avions dans le ciel yougoslave, opération d'une infinie complexité technique et tactique, ait pu s'improviser après l'échec – d'ailleurs voulu, semble-t-il, et provoqué par la secrétaire d'État Madeleine Albright – des derniers essais de conciliation diplomatique précédant les décisions des gouvernements, l'instrument militaire était prêt, rôdé, bichonné. Il ne restait plus qu'à lui lâcher la bride. Aujourd'hui, si j'en crois Le Monde diplomatique, la doctrine pentagonale est en train de changer, et toute guerre, en n'importe quel point du globe, devrait être conduite, grâce aux forces aériennes (missiles "intelligents" compris), à partir du territoire américain. Les "alliés" n'auront même plus besoin de feindre.
Faut-il multiplier ici les points d'interrogation? Sur les péripéties, oui, sans doute. Sur le rapport de forces, non. Et Bernard Wicht fait cette observation simple et cruelle: dans un monde où se multiplient les conflits régionaux, la nécessité d'"imposer" ou de "maintenir" la paix devient la justification rêvée de n'importe quelle intervention militaire. Il y a, c'est vrai, des "Etats voyous". Un politologue américain, Samuel Huntington, n'a cependant pas craint d'écrire dans la revue Foreign Affairs que le premier d'entre eux n'était autre que les États-Unis eux-mêmes. Et, travaillé par une ambition mégalomane, gêné par ses propres tensions raciales et sociales qui, probablement, le poussent à faire diversion, le "presque empire" est de toute manière en train de remodeler le monde: à chacun de nos pays, et naturellement à notre petite Suisse, de savoir, quel rôle, digne ou servile, il entend jouer au milieu de ces bouleversements.
©24heures - Jean-Marie Vodoz
Enfin un livre qui sort du discours officiel sur l'intervention alliée au Kosovo. Pour Bernard Wicht en effet tout ce déploiement de troupes est avant tout l'occasion pour l'Otan de démontrer sa pleine et entière utilité au sein de l'union Européenne (en manque de raison d'être avec la disparition de son ennemi naturel: l'U.R.S.S.), et, à travers elle, de permettre aux États-Unis de continuer à exercer un puissant contrôle sur la CEE. C'est en effet pour celle-ci presque une question de survie, pourquoi les Européens devraient-ils continuer à financer cette organisation lourde et qu'ils ne contrôlent pas ?
Par rapport au livre de Laurent Joffrin (Yougoslavie, suicide d'une nation), les divergences de points de vue au sujet de cette crise sont, bien sur, très importantes. En particulier en ce qui concerne la conférence de Rambouillet où la secrétaire d'état Madeleine Albright a effectué un véritable forcing en se basant exclusivement sur l'alternative suivante «c'est l'OTAN ou la guerre» (pour composer la force internationale)...
Madeleine Albright a maintenu inflexiblement son alternative, n'hésitant pas, pour parvenir à ses fins, à traiter unilatéralement avec l'UCK et à modifier le contenu de l'accord négocié jusque là.
L'auteur démontre que ce sont des raisons de politiques intérieures américaines qui ont décidé de l'action de l'OTAN au Kosovo et non des raisons "humanitaires". Il expose par la suite, les grandes limites de l'intervention, qui, militairement ne détruit en fait pas grand chose des forces Serbes car les alliés ne parviennent pas à avoir le contrôle aérien à basse altitude (qui empêchera également l'intervention d'hélicoptères). Il en conclue que la guerre inter-états a pratiquement disparue pour laisser la place à des guerres supra-étatiques (mené par des groupements d'états modernes à l'aide d'armes de haute technologie) et à des guerres infra-étatiques (menées par des groupements dans des états en décomposition). Les deux pouvant se mêler comme au Kosovo ou une guerre supra-étatique (OTAN-Serbie) se superpose à une guerre infra-étatique (Serbie-Albanie). Les états modernes étant très sensibles aux influences infra-étatique, appelée guerres culturelles du fait de la multi-éthnicité qui les composent dorénavant, l'influence des "petits" états mais avec de fortes proportions de population émigrée est donc forte.
©B.Wicht - Georg Editeur, 1999
Voici l'instant venu de payer votre dette à la Patrie. Dans quelques jours vous allez abandonner tout ce qui vous est cher: famille, amis, amante, pour revêtir l'infâme livrée militaire. Vous allez délaisser vos intérêts et votre travail pour vous embrigader dans le troupeau de brutes dans lequel on vous enseigne l'art de tuer.
Comme nous l'avons fait les années précédentes pour vos aînés, nous venons à vous et nous vous invitons à réfléchir. Avant de renoncer définitivement à votre qualité d'homme, avant que votre raison n'ait complément sombré dans les bagnes déprimants que sont les casernes, pensez à ce que vous allez faire.
Travailleurs, vous vous devez avant tout à la classe ouvrière. La patrie bourgeoise qui vous réclame des années de servitude et qui exige au besoin le sacrifice de votre existence, n'a jamais été pour vous qu'une marâtre.
Vous ne lui devez ni dévouement, ni obéissance.
Quand on vous commandera de décharger vos fusils sur vos frères de misère – comme s'est produit à Chalons, à la Martinique et à Limoges – travailleurs, soldats de demain, vous n'hésiterez pas, vous obéirez, vous tirerez, mais non sur vos camarades. Vous tirerez sur les soudards galonnés qui oseront vous donner de pareils ordres.
Quand on vous enverra à la frontière défendre le coffre-fort des capitalistes contre d'autres travailleurs abusés comme vous l'êtes vous mêmes; vous ne marcherez pas.
Toute guerre est criminelle.
À l'ordre de mobilisation vous répondrez par la grève immédiate et par l'insurrection.
Au premier mai 1906, ceux d'entre vos camarades qui luttent contre l'oppression patronale affirmeront leur volonté de ne travailler que huit heures par jour. En cette circonstance, on vous demandera de noyer dans le sang cet élan d'indépendance et de dignité ouvrière. Mais là encore, Conscrits, vous refuserez d'assumer ce rôle de basse police en proclamant l'étroite solidarité qui vous unit au manifestants.
Voilà ce que vous ferez conscrits, voilà ce qu'il vous faut, dès aujourd'hui, examiner.
Songez bien que vous avez contracté des devoirs envers la classe à laquelle vous appartenez.
Songez bien que votre intérêt est intimement lié à celui de tous les travailleurs.
Manquer à ces devoirs, oublier ces intérêts, ce serait plus qu'une faiblesse, ce serait une trahison.
Jeunes camarades conscrits, vous ne mentirez pas aux espérances des travailleurs, vous n'abandonnerez pas le peuple dont vous êtes. Vous ne trahirez pas la cause des exploités: la vôtre !
Le comité national :
Gustave Hervé, Han Ryner, Lefèvre, Laurent Tailhade, Georges Yvetot
Sans nous consulter, l'État dispose de tous, de nos libertés, de nos vies mêmes, exigeant que nous allions faire l'apprentissage des armes de meurtre, que nous entrions, pendant deux ans à la caserne.
Servir qui ?
La partie : Nous n'en avons pas !
Nous n'étions pas même "électeurs".
Comment aurions-nous pu approuver la loi de la conscription ?
Du reste, toute loi étant restrictive de liberté, nous reconnaissons les lois, toutes les lois.
Nous voulons la disparition des armées, l'abolition du militarisme; nous ne croyons pas que ce soit en allant passivement à la caserne que nous atteindrons ce but.
Contre cet attentat à notre liberté, nous protestons, au contraire, de la manière la plus énergique. Nous refusons de nous incliner, nous refusons d'obéir.
C'est le devoir de tous les français de défendre leur patrie, nous clament sur tous les tons, les profiteurs de tout poil. Les propriétaire, les patrons, les grands fonctionnaires ont une patrie : mais, nous, les opprimés, les exploités, qu'aurions-nous à défendre ?
Les privilèges de nos affameurs? Ce serait par trop stupide !
Nous nous refusons absolument à jouer cette comédie, à forger nous-mêmes nos propres chaînes! Nous ne désertons pas par peur de la luttent ou par lâcheté.
Que nos frères de travail se dressent enfin un jour contre l'autorité, sous toutes ses formes, alors nous répondrons "présents" !
Mais aujourd'hui, nous crions aux fils d'ouvriers, à tous ceux qui ayant des intérêts communs devraient agir de façon identique.
N'allez pas à la caserne !
Ne contribuer pas par votre passivité à perpétuer ce fléau: le militarisme !
Désertez !
Fédération communiste anarchiste
Groupe des conscrits
Octobre 1912
Dossiers préparés par
Georges Tafelmacher & SuisseForum