...certainement compatibles !
Les militaires cherchent des nouvelles missions à l'armée en se basant sur un rapport concrétisant les ennemis de la nation, c'est-à-dire toute personne en opposition aux menées autoritaires de nos dirigeants !
Les relations entre une philosophie d'engagement et un rapport sulfureux...
...où comment rendre les raisonnements militaires pacifistes et acceptables même si c'est au détriment de la Paix...
Une journée à "Verte Rive" . . . inauguration militaire très particulière
Le Rapport sur l'extrémisme en Suisse . . . véritables buts du Centre Général Guisan
Rapport sur l'extrémisme terroriste . . . la bonne conscience armée
Une Conclusion nécessaire . . . analyse de Georges Tafelmacher antimilitariste
Image . . . faut pas "charrier"
Articles de journaux . . . sur les mesures de contrainte
Liens divers . . . du pacifisme à la pacification des consciences
compilation: Georges Tafelmacher
Le Journal du GSsA, toujours en quête des dernières informations concernant l'armée, a participé à la conférence de presse organisée le 1er octobre 2004 par le régiment d'infanterie 2 et a suivi la journée de réflexion entre autorités afin de faire accepter l'idée de "pacification", soit la paix forcée par les armes, la contrainte et la domination pour résoudre divers problèmes de société.
Cette notion s'inscrit dans la logique qui voudrait qu'à son tour l'Europe de l'ouest serait en train de sombrer dans la révolte populaire, les grèves et les menées anarchistes. L'armée devrait donc avoir un autre rôle et une autre mission pour pouvoir, légalement, réprimer ces débuts de contestations libertaires et ces combats pour l'indépendance et l'autonomie. Mais cette idée de "pacification" est plus que dangereuse car elle peut être apprêté à toutes les sauces et servir toutes les causes et, surtout, elle sert de support pour justifier l'établissement de la sécurité armée. On en est toujours à la loi du gros bâton et du gourdin pour faire peur à la plèbe pour qu'elle reste tranquille et qu'elle ne se révolte pas parce que c'est effectivement ce que craint le plus les possédants, les nababs, les bourgeois – la révolte populaire.
Ces menées sont plus qu'inquiétantes, elles sont à l'image de cette société construite sur les valeurs de pouvoir, de rapport de force, d'accumulation de richesses et de positionnement sociale que cela implique.
Ces conférences nous intéressent car elles doivent être mise en parallèle avec le rapport sur l'extrémisme en Suisse qui nous concerne tous d'autant plus qu'il touche surtout les victimes du racisme antigauche blochérien et de droite . . .
INAUGURATION DE LA SALLE POLYVALENTE DE VERTE RIVE A PULLY
ET RENTRÉE AUTOMNALE DE LA BRIGADE D'INFANTERIE 2
Cela faisait longtemps que la Fondation Général Henri Guisan en rêvait. Planifiée entre 1999 et 2001, la nouvelle salle polyvalente est désormais une réalité. Achevée en juillet dernier après environ une année de travaux, elle est opérationnelle depuis le mois d'août. La construction est officiellement inaugurée le vendredi 1er octobre 2004. Cet espace de conférences s'inscrit ainsi à merveille dans le contexte historique du site de Verte Rive à Pully. Réalisé entre les deux demeures datant du milieu du XIXe siècle, ce bâtiment discret, construit en respectant le dénivelé du terrain, aura la capacité d'accueillir jusqu'à 230 personnes, grâce à ses trois salles modulables. Ces dernières pourront également être utilisées indépendamment et contenir près 75 places assises chacune.
Mais si ce lieu, équipé de toutes les techniques audiovisuelles modernes, a pu voir le jour, c'est aussi grâce à la participation financière de la Fondation Pohl, dont la salle porte d'ailleurs le nom. Au même titre que la Fondation Général Henri Guisan, elle a pour but de venir en aide aux familles de militaires en difficulté.
À l'avenir, les représentants des milieux politiques, économiques, scientifiques, diplomatiques, universitaires et touristiques pourront se retrouver au sein de cette infrastructure qui jouit d'un cadre idéal sur les bords du Léman. Pour illustrer ce concept séduisant, le jour même de l'inauguration, la brigade d'infanterie 2 y a tenu sa rentrée militaire sous la forme d'un séminaire dont la thématique est la pacification des populations et des territoires. Une série de conférences sont ainsi organisées tout le long de la journée, suivie par des festivités. Les divers exposés permettent d'évoquer des problématiques essentielles liées aux conflits modernes où des formes de tensions intérieures tendent à dépasser les compétences des Etats ou sont en passe de leur échapper. L'exemple d'armées piégées dans des guerres de rues, au milieu de populations civiles qui se déchaînent entre elles, n'est qu'un cas parmi de nombreuses autres situations où la notion de paix a été effacée.
Ces milieux doivent profiter de ces nouveaux locaux pour penser les nouvelles formes de défense et faire de sorte à ce qu'elles voient le jour.
Mise en perspective des actions de pacification
De tout temps des formes inhabituelles d'insécurité ou de violence resurgissent et se développent parfois hors de la sphère d'influence d'États ou de gouvernements. En ce début de XXIe siècle des formes de conflictualité intérieure tendent à dépasser les compétences des États ou sont en passe de leur échapperet à l'échelle internationale et un état de guerre, non plus ressenti comme une rupture de la paix, mais comme un effacement de la notion même de paix, est apparu. Des formes pernicieuses de conflictualité, liées à la pacification, s'étendent et contraignent les pouvoirs politiques à se mettre en état de vigilance et à trouver des parades. Tant les armées conçues pour les champs de bataille classiques que les forces de l'ordre se révèlent peu efficaces lorsqu'elles se retrouvent piégées dans des villes au milieu de populations civiles qui se déchaînent entre elles.
Certes les périodes de genèse sont des périodes d'expérimentation et d'incertitude. Mais nos sociétés souffrent aujourd'hui de confusion: on n'y reconnaît plus les responsabilités. Or pour se respecter une société a besoin de conserver un sens aux valeurs qui l'ont fondée. Elle doit disposer de règles qui s'imposent à tous, de règles légitimes aux yeux de tous.
Lorsque le droit n'est plus respecté par une partie non négligeable de la société, soit il ne lui est plus adapté, soit il n'y est pas ou mal enseigné. Dans tous les cas, c'est le devoir de l'État de faire en sorte que le droit s'impose à nouveau à tous les citoyens. La situation contraire s'appelle l'anarchie. C'est elle qui mène aux situations insaisissables dont se nourrit par exemple le terrorisme.
Or comme les problèmes du soldat se confondent depuis toujours avec la vie des sociétés, il y a lieu aussi de redéfinir son rôle en fonction de la situation. L'emploi, voire la vocation des armées et des forces de l'ordre doit être repensé pour en faire dans leurs mains un outil de pacification et de progrès.
Cette adaptation nécessaire du métier du soldat ou de représentant des forces de l'ordre à son environnement n'est pas inédite dans l'Histoire, mais il est rare que l'enjeu ait été aussi exceptionnel, le défi si complexe à relever et l'urgence aussi pressante. A ce problème nouveau, il faut des hommes ou des esprits neufs. Avant de mobiliser les armées ou les forces de police, ce sont les esprits que l'on doit chercher à mobiliser. Autorités politique, militaire, de police doivent travailler ensemble pour résoudre des situations de crises, de guerres civiles, de guerres protéiformes, où la force armée, la diplomatie et la politique, l'écoute et la recherche de solutions sont des instruments pour conduire, si ce n'est vers la paix, au moins vers plus de sécurité. II s'agit de servir la dignité de l'homme par des moyens qui restent dignes au milieu d'une Histoire ou d'une actualité qui ne le sont pas toujours.
(Voir: César et la pacification des Gaules, Bugeaud, Gallieni, Lyautey, Schwarzkopf, Morillon et d'autres encore.notes)
Pour la pensée politiquement «correcte», la résolution pacifique des crises, le désarmement progressif et le droit international humanitaire sont devenus les valeurs cardinales du prêt à penser stratégique et la coercition armée n'est plus admise en tant que fait social, l'usage de la force est devenu un fardeau que nul ne veut porter et le fait d'imposer sa volonté à autrui est par avance exclu.
Mais aucune charte n'empêchera les conflits armés futurs d'être principalement mus par le contrôle des ressources, la circulation des idées et l'affirmation des identités. La disproportion entre la croissance démographique et la distribution de richesses imposera des guerres endémiques menées par des jeunes hommes désoeuvrés alors que la quantité limitée de ressources cruciales sera une entrave insupportable au développement. Les technologies de l'information vont faire déferler sur le monde entier les idées occidentales les plus disruptives, comme l'égalité des sexes, l'individualisme libéral et l'hédonisme consumériste, et ainsi générer dans les collectivités incapables de les tolérer une violence inspirée par le fondamentalisme idéologique et religieux. La globalisation des causes due à l'interdépendance et le morcellement des sociétés par le multiculturalisme amèneront des mouvances transnationales et locales à combattre les identités nationales et le pouvoir qui en tire sa légitimité.
La violence fera toujours partie des modes opératoires choisis pour obtenir un avantage et renforcer une position au niveau stratégique, politique, économique et médiatique, en fonction d'un projet axé délibérément sur la coercition - qu'il s'agisse d'imposition de la paix, de dissuasion armée, de chantage moral, de criminalité organisée ou de terrorisme. Elle sera également utilisée par des chefs démagogiques capables de transfigurer le ressentiment et l'insatisfaction de leur entourage, d'une faction ou d'une nation, en désignant un ennemi à combattre ou un bouc émissaire à punir, et en déclenchant un processus où l'application de la violence peut devenir un mode de vie. Elle sera enfin l'expression usuelle de réactions populaires et grégaires, déclenchées spontanément par l'injustice, l'illégitimité et l'irrespect, mais aussi fondées sur la peur, la haine ou l'envie.
Cette violence nous touchera pour des raisons fondamentalement différentes. Nos concitoyens et nos intérêts continueront à être visés de par le monde parce qu'ils appartiennent à l'Occident high tech, démocratique, chrétien, opulent et blanc, et sans que leur nationalité d'origine ne soit prise en compte; ils seront de simples vecteurs dans des actes ayant pour but l'extorsion de fonds, la visibilité médiatique, le sabotage économique ou la pression politique. Nous subirons également les dommages collatéraux d'autres attaques, qui se dérouleront sur notre sol si propice aux échanges cosmopolites et aux manoeuvres clandestines, par l'importation ou le mimétisme de conflits extérieurs. Mais nous serons aussi les cibles directes d'actions plus ou moins violentes, menées à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières, en raison de choix politiques, des collaborations internationales, des échanges commerciaux et des valeurs sociétales qui nous caractérisent.
Face à une révolution de l'information qui bouleverse les équilibres de la planète entière, il sera impossible d'échapper aux conflits et aux déchirements qui opposeront demain des collectivités concurrentes ou antagonistes. Le caractère exportateur de notre économie, la constance du tourisme extracontinental, les institutions internationales présentes dans le pays, le volume des flux migratoires ainsi que la multiplication des vecteurs médiatiques feront de la violence armée une préoccupation quotidienne aussi bien pour nos décideurs politiques et économiques qu'au sein de la population. La nature non conventionnelle des conflits rangera la Suisse dans le camp des États démocratiques, en l'associant étroitement à leur stratégie par l'échange d'informations, l'entraide judiciaire et la coopération sécuritaire. Le rétrécissement du monde renforcera les liens, les dépendances et les responsabilités.
L'avenir ne laissera donc aucune place à l'isolement ou à la neutralité. Nous serons attaqués pour ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas, pour nos discours et nos silences, pour nos convictions et nos doutes. Nous serons visés pour ce que nous faisons et ce que nous renonçons à faire, pour nos décisions et notre indécision, pour nos possessions et nos carences. Nous serons jugés et condamnés sur la base de règles qui nous échappent, assimilés et associés à des luttes qui nous dépassent, cernés et traqués par des mouvances qui nous confondent. Par dessus tout, nous serons contraints de prendre parti, de protéger nos intérêts et de mobiliser nos citoyens face à une menace multiforme qui se nourrira autant de nos forces que de nos faiblesses, de notre rigueur que de notre tolérance, de notre unité que de nos différences. En définitive, notre seule existence sera la principale raison des attaques menées à notre encontre.
Les effets engendrés toucheront ainsi tout l'éventail de nos ressources. Nos forces militaires et civiles, nos réseaux de renseignement et de commandement, nos structures de communication ainsi que nos intérêts économiques seront l'objet d'actions telles que l'entrave passive, la surcharge ponctuelle, le sabotage réversible ou la destruction, dans le but de réduire leurs capacités. Nos dirigeants publics et privés, nos élites politiques et académiques, nos fournisseurs médiatiques et l'ensemble de nos concitoyens seront affectés par des actes de persuasion, de désinformation, d'intimidation et de terrorisme visant à influencer leur volonté. Nos formations militaires et policières, et les exécutifs qui les dirigent, seront soumis à des dérisions, à des provocations et à des violences destinées à déclencher une réaction contraire à nos valeurs éthiques ou à démontrer leur impuissance, et donc à saper leur légitimité.
La nature juridique de ces attaques sera tout aussi diversifiée. Nous serons confrontés à des destructions, à des raids, à des massacres et à des attentats qui constitueront de véritables actes de guerre, même si aucun Etat n'en revendique la responsabilité, et même si le droit international s'abstient obstinément de les considérer comme tels. Nous assisterons également à des crimes flagrants, comme l'assassinat, la prise d'otages ou le sabotage, qui seront poursuivis par les juridictions existantes au même titre que les différents trafics qui en sont souvent le préalable. Mais ces agissements éminemment répréhensibles seront renforcés, facilités ou complétés par des délits tels que le vandalisme, l'obstruction, la menace ou la calomnie, ainsi que par des actes a priori légaux comme la diffusion d'opinions, l'ouverture de pétitions, la récolte de fonds, la plainte pénale ou l'aide humanitaire.
acteurs
Nous affronterons demain un nouvel ennemi, parallèle et éparpillé, informel et composite, qui utilisera le morcellement des sociétés et l'aiguisement de leurs antagonismes pour accroître ses effets. Chaque conflit majeur aura ainsi une charge émotionnelle et économique qui aimantera et ordonnera en une chaîne irrégulière des entités aussi diverses qu'inégales, mais dont les élans s'additionneront et se multiplieront. Transcendant les distances et les différences, ces chaînes instables et illimitées pourront simultanément frapper, dénoncer, endoctriner, dissimuler, soutenir, désinformer ou encore recruter, tout en niant leur complicité coalescente, puis rompre et se disperser en fonction des besoins. Mesurer leurs potentialités n'ira pas sans une compréhension approfondie de leurs modes opératoires.
Notre époque cultive encore le mythe des relations internationales. On s'acharne à croire que, comme aux siècles précédents, les États peuvent se rassembler et par l'entremise de leurs dirigeants ou de leurs diplomates trouver des solutions aux maux du peuple. La polarisation des esprits provoquée par les réunions du G8, la sanctification du droit international humanitaire et l'invocation rituelle des Nations Unies en sont les expressions usuelles, et elles trahissent surtout le besoin désespéré d'une autorité tutélaire face à un monde qui se transforme en brisant ses idoles. C'est que d'autres structures, hors de la sphère gouvernementale, ont vu leur pouvoir s'accroître et dépasser celui de nombre d'États. Au point de parasiter et de phagocyter tout ou partie de leurs attributions.
Cependant, l'élément le plus novateur en ce domaine reste l'émergence de l'individu comme acteur stratégique. Au contact des technologies modernes, chaque être humain a accès à une quantité sans précédent d'informations, et il peut s'en servir pour diffuser des opinions, établir des contacts, coordonner des actions, rassembler des volontés ou échanger un savoir-faire. Aujourd'hui déjà, le talent individuel est suffisant pour obtenir - au moins ponctuellement - un impact supérieur à celui de médias établis, une rentabilité meilleure que celle de sociétés commerciales, mais aussi une létalité démesurée par rapport aux moyens engagés. Cet essor sans précédent va transfigurer la menace future et imposer la diversité structurelle comme un facteur-clef des conflits.
Les attaques que nous subirons demain seront encore décidées, commanditées, soutenues ou tolérées par un certain nombre de gouvernements, qui engageront plus ou moins ouvertement une partie de leurs services; les intérêts économiques, les impératifs culturels et les pressions populaires propres à un État suffiront à faire de la coercition une option avantageuse. Mais ces actions seront fréquemment suggérées, provoquées, accomplies ou renforcées par des organisations privées opportunistes ou prosélytes, dont en particulier les fournisseurs médiatiques, les groupes militants, les sociétés multinationales et les réseaux criminels ou terroristes. Elles seront aussi en permanence propagées, prolongées ou amplifiées par des individus susceptibles d'agir de concert en opérant notamment des concentrations dans l'espace et dans le temps.
La menace future sera de ce fait intrinsèquement difficile à identifier et à apprécier correctement. Nous subirons les attaques d'ennemis implacables, voués à la destruction de notre système de valeurs, au meurtre de nos citoyens, à la déstabilisation de notre société ou à la fin de notre indépendance. Nous ferons aussi face à des adversaires qui tenteront de nous imposer leur volonté plus ou moins violemment, dans des domaines précis, afin de protéger leurs intérêts ou d'obtenir des avantages. Toutefois, nous devrons également tenir compte d'opposants qui vont entraver ou contrer nos activités politiques, économiques et sécuritaires, de manière ouverte ou discrète, légale ou répréhensible. La convergence des objectifs et la complémentarité des actions susciteront naturellement des rapprochements.
Le statut des individus agissant dans ce cadre sera tout aussi différencié. Les services gouvernementaux, les sociétés commerciales et les réseaux criminels reposeront avant tout sur des professionnels, instruits avec soin et porteurs d'un savoir-faire élaboré. Les groupes militants et les organisations terroristes conserveront également un noyau de permanents, mais mèneront ou appuieront avant tout leurs actions avec des collaborateurs à temps partiel, socialement intégrés, financièrement indépendants et de ce fait peu détectables ante bellum. Cependant, il faudra constamment compter avec l'irruption parfois massive d'amateurs et de bénévoles, suivant consciemment ou non les injonctions d'une organisation, ou décidant simplement de mener leurs propres agissements.
Aucune démocratie libérale ne pourra se soustraire à l'impact profond de la violence armée. Les symboles surmédiatisés, les personnages décontextualisés et l'émotivité moralisatrice qui caractériseront les conflits futurs ne laisseront personne indifférent; le spectateur était déjà électeur et contribuable, il deviendra lobbyiste, pétitionnaire, sondeur, conseiller, porte-parole ou éditorialiste - c'est-à-dire - en quelques poignées de secondes. Confrontées à l'importation de toutes les causes planétaires et à l'impatience critique de leurs opinions publiques, les autorités risqueront en permanence d'agir de manière excessive ou insuffisante. Et la perte de leur légitimité, contestée et revendiquée par autrui, sera utilisée pour justifier les entraves, les déprédations, le exactions et les destructions.
Conclusion
La démarche prospective court constamment le double risque d'être trop précise pour prendre en compte l'incertitude de l'avenir et d'être trop vague pour apporter une contribution au présent. Les réflexions qui précèdent sont destinées à décrire la fin de cette décennie et la première moitié de la suivante; de la sorte, il est apparu nécessaire de renoncer à toute identification concernant nos ennemis, nos adversaires et nos opposants futurs, de même qu'à toute origine nationale, politique, ethnique ou religieuse, afin que des réponses à moitié justes n'entraînent pas des déductions complètement fausses. Se préparer à une menace générique reste une méthode fondée, dès lors que son application et ses modalités n'ont pas été déformées par nos attentes, nos tabous ou nos habitudes.
Le morcellement des sociétés, la concurrence des cultures, la pénétration de l'information et l'évolution des technologies sont aujourd'hui les causes principales de la transformation des conflits armés. A moyen terme, l'affaiblissement des frontières géographiques et linguistiques conduira au métissage des formes d'attaque, c'est-à-dire à l'exportation planétaire des modes opératoires les plus rentables en matière de terrorisme, d'activisme et de criminalité. De plus, l'application aux seules forces étatiques du droit international humanitaire continuera d'être un facteur dérégulateur des conflits, en fournissant des armes morales et des voies légales sur un continent européen marqué par le syndrome de la compétence universelle. Tôt ou tard, il conviendra d'admettre la fin du modèle traditionnel de la guerre.
La diversité des initiatives extra-gouvernementales va d'ailleurs nous y amener. Le fait que l'individu devienne un acteur stratégique ne signifie pas toujours que l'individualisme est l'antithèse du civisme, et l'amalgame des antagonismes implique aussi que les structures et les personnes partageant la position d'un gouvernement pourront spontanément appuyer ses actions et propager leurs effets. Une énumération des menaces n'est qu'une projection paranoïaque si nous oublions que les risques et les opportunités ont une dépendance symétrique. La supériorité future ne reposera ainsi plus sur la division des opposants, mais bien sur le rassemblement des partisans, la mobilisation des citoyens, la convergence des initiatives. Les chaînes qui nous attaqueront devront aussi rompre celles qui nous défendront.
C'est dire à quel point la menace future dépasse le cadre strict de la sécurité. Défendre notre cohésion sociétale, notre identité nationale et notre niveau de vie sera un défi permanent pour toutes les ressources de l'État. Les démocraties représentatives peineront à le relever, car les manipulations de l'expression populaire, la décadence des actes autoritaires ou encore la concentration sur l'immédiat sont à l'opposé de nos besoins. La forme même de l'État-nation sera immanquablement remise en question par l'apparition, l'affermissement ou le retour d'autres structures sociales. Et son maintien comme son évolution exigeront le développement de capacités visionnaires, permettant de faire face à des conflits issus de visions différentes.
Propos tirés des rapports consacrés à cette journée
© Chabloz, CheckPoint et Cie.
Le 1er octobre 2004, la Fondation «Général Guisan» et la brigade d'infanterie 2 ont conjointement organisé l'inauguration des nouvelles salles de conférence du «Centre Général Guisan».
Cette journée a été agrémentée par un séminaire suivi de festivités pour permettre aux autorités de «mettre en perspective des actions de pacification» et d'évoquer les formes de conflictualité intérieures contemporaines qui tendent à dépasser les compétences des États ou sont en passe de leur échapper. Il y avait là du «beau» monde très masculin, tel Jean-Pierre Hocké (ancien président du HCR), Jean-Jacques Langendorf (historien militaire), Victor-Yves Ghebali (IHEI), Pierre Aepli (chef de la répression de l'anti-G8), de même que des généraux français ayant participé à la «pacification» du Kosovo et de la Côte d'Ivoire, ainsi qu'à la protection du G8 d'Evian.
Le but fondamental de cette journée était de réhabiliter
l'usage de la force dans le contexte des problèmes de société,
par rapport auxquels le terrorisme, les bandes armées, mais aussi, dans
un tout autre registre (on appréciera l'amalgame!) l'activisme
des mouvements sociaux se développent. Dans un tel contexte, la résolution
pacifique des crises, le désarmement progressif et le droit international
humanitaire, hier encore valeurs cardinales du prêt à penser stratégique,
ont montré leurs limites. En même temps, dans notre société
où la coercition armée n'est plus admise en tant que fait
social, l'usage de la force est devenu un fardeau que nul ne veut porter;
le fait d'imposer sa volonté à autrui semble par avance
exclu. Pourtant, la violence fait toujours partie des modes opératoires
nécessaires à l'imposition d'un rapport de force.
Donc, que faire ?
Cohésion sociale menacée
Pour les différents intervenants, la menace future dépasse le cadre strictement militaire. Il s'agit de défendre la cohésion sociétale, l'identité nationale et le niveau de vie. C'est un défi permanent pour toutes les ressources de l'État. Les démocraties représentatives peinent à le relever, car les manipulations de l'expression populaire, le non-respect des décisions d'autorité et les préoccupations immédiates sont la règle. L'adaptation du métier du soldat et de policier est nécessaire pour faire face à ce nouvel environnement «anarchique». Comme les problèmes du soldat se confondent depuis toujours avec la vie des sociétés, il faut «redéfinir son rôle» en fonction de cette situation. La vocation des armées et des forces de l'ordre doit être repensée dans le sens d'«un outil de pacification et de progrès». C'est pourquoi, le besoin d'hommes ou d'esprits neufs se fait sentir: un appel est lancé afin que «autorités politiques, autorités militaires, autorités de police travaillent ensemble pour résoudre les situations de crises, de guerres civiles, de guerres protéiformes, où la force armée, la diplomatie et la politique, l'écoute et la recherche de solutions sont des instruments pour conduire si ce n'est vers la paix, au moins vers d'avantage de sécurité. Cet enjeu exceptionnel est un défi complexe à relever, dont l'urgence est très pressante».
Abus de démocratie
On ne peut s'empêcher de mettre en parallèle ce séminaire avec le rapport sur l'extrémisme en Suisse, publié récemment par le Conseil Fédéral, qui criminalise la contestation et ses auteur-e-s tout en ne faisant pas grand cas du racisme blochérien et des tendances à stigmatiser la gauche de la part d'une droite protéiforme. Tout le mouvement de contestation contre les nouvelles formes d'impérialisme y est présenté comme un danger pour la pérennité de la société et la conservation de la prospérité. Il réussit même à affirmer que les «extrémistes» de gauche commettent des «abus de démocratie», alors que ces abus sont plutôt le fait des tenants de la maniêre forte et de la répression policière, de cette droite qui craint toujours de perdre son pouvoir absolu et son contrôle sur le peuple.
Le maître mot de ces hommes du «sérail», vêtus de costumes aux étoffes brillantes et coûteuses, c'est la «pacification» armée au service de la domination et de la contrainte étatique. Rien à voir bien sûr avec la «pacification» de la Hongrie par Moscou en 1956. Un air de famille cependant avec le maintien de l'ordre contre les grèves et les manifestations de masse de 68, relooké récemment pour réprimer le mouvement altermondialiste et anti-guerre, par ex. l'anti-G8. Et quelques prestigieux ancêtres à déterrer parmi les sabreurs des guerres coloniales, en Algérie, au Moyen-Orient, en Indochine, sur l'expérience desquels le séminaire de Pully invitait à réfléchir pour les rendre acceptables.
Il faut réagir
La «pacification», voilà un terme qui peut être apprêté à toutes les sauces et servir toutes les causes. Aujourd'hui, il fonctionne comme support pour justifier l'établissement de la «sécurité armée» intérieure. C'est bien une insulte aux êtres autonomes, autogérés, capables de résoudre leurs conflits pacifiquement et sans violence, car il sous-entend que la paix ne peut être réglée que par les armes. On en est toujours à la politique du gros bâton et de la peur pour éviter toute révolte. Ce rapport sur l'extrémisme et ce séminaire sur la «pacification» sont à l'image d'une société construite sur des valeurs autoritaires, fondée sur le droit du plus fort et la domination sans partage d'une élite restreinte de privilégiés, sur l'accumulation de richesses et sur la position sociale qu'elles confèrent.
Il nous faut nous réveiller en sursaut et nous rendre compte des dangers de dérives liberticides et antidémocratiques dont des séminaires et des rapports comme ceux-ci sont symptomatiques. Nous devons protester contre de telles menées et les mettre en question en organisant piquets ou manifs chaque fois que les spécialistes de la répression se réunissent pour discuter de sujets qui concernent directement nos vies. Face à cette dérive sécuritaire, nous avons besoin d'actions plus concertées. Afin de coordonner nos actions, il serait nécessaire de former un «atelier de travail» pour dénoncer de tels colloques et rapports qui traitent de l'usage de la force, soi-disant pour «pacifier» les gens. Que tous ceux/celles qui trouvent que nous devons «faire quelque chose» s'annoncent!
Propos rapporté par le journaliste au "Journal du GSsA"
© Georges Tafelmacher, Pully
Fin août, le Conseil fédéral publie un rapport sur "l'extrémisme en Suisse" venant des services du département de Blocher.
L'extrême gauche serait le "danger principal" croissant pour la sécurité intérieure. Ce rapport cite une résolution du Conseil de l'Europe de 2003 ainsi résumée: "L'Assemblée conseille au gouvernement de contrer l'extrémisme en prenant des mesures législatives visant à limiter l'exercice de certains droits fondamentaux tels que la liberté d'opinion, la liberté de réunion et la liberté d'association". On vise les "violents" en spécifiant que: "Sont considérés comme portés à la violence les extrémistes qui, de par leur opinions politiques et leur façon de paraître en public, manifestent leur aptitude à faire usage de la contrainte physique, mais qui, pour des raisons stratégiques ou tactiques, ne font pas toujours preuve de militantisme..." Les opinions contraires "aux valeurs fondamentales de la démocratie et aux principes de l'ordre" tels que les conçoit la bourgeoisie helvétique, suffira pour être vu comme un extrémiste "porté à la violence", même pour les partisans convaincus d'une action non-violente, même si le "militant" est en sommeil. Sur la base de ce rapport, le Conseil fédéral vient de décider de créer "un état-major supérieur de crise" qui s'emploiera à "imaginer les menaces et les scénarios possibles" en matière de sécurité intérieure et se préparera à "assumer un rôle prépondérant en période de crise".
Extrême droite: épiphénomène ponctuel !
Le rapport minimise les dangers de l'extrême droite qui sont réduits à un "épiphénomène": "Les activités des extrémistes de droite ne sont pour l'heure pas de nature à menacer de manière notable la sécurité intérieure de la Suisse", se limitant à "perturber ponctuellement la tranquillité, l'ordre et la sécurité publics" et nie son articulation avec l'UDC blochérienne, qui offre gîte et couvert "respectable" aux pro-fascistes avérés et à la propagande raciste qui a atteint des sommets concernant les naturalisations.
par contre la gauche constitue un risque sérieux . . .
Le rapport affirme que "La notion d'extrémisme de gauche est générique: elle s'applique au communisme, au marxisme, au léninisme, à des pans du socialisme et à l'anarchisme" et constate que: "L'extrême gauche constitue actuellement un risque sérieux" et que le "degré de cette menace" est grand car "le marxisme n'a pas été vaincu par la force militaire et ses protagonistes n'ont pas été jugés sur des bases de droit international public" contrairement au IIIe Reich. On déplore donc que "cette menace n'est plus estimée à sa juste valeur", que sa surveillance serait "devenue moins systématique" de la part "d'organes de prévention" s'étant - à tort - "concentrés sur l'extrème droite." Le danger de l'extrème gauche serait d'autant plus réel, que le mouvement contre la mondialisation est devenu - reconnaît le rapport - un thème fédérateur et que: "La récupération du discours antimondialiste par les extrémistes de gauche a permis à ces derniers de sortir de leur isolement".
la gauche violente: un risque pour la sérité intérieure !
Le rapport poursuit: la gauche extrême et violente constituerait, selon lui, un risque pour la sécurité intérieure de la Suisse qu'il ne faut pas sous-estimer, car elle parviendrait régulièrement à détourner des questions politiques à son profit et à les radicaliser. Pour ce faire, elle utiliserait les institutions de l'État à mauvais escient et profiterait des droits démocratiques" et userait de la démocratie à "mauvais escient" commettant des "abus". La gauche de la gauche aurait réussi à empoigner des thèmes politiques et sociaux (privatisations, assurances sociales, fiscalité) en les radicalisant pour les lier à une critique de fond du système et à "profiter des droits démocratiques" pour permettre aux gens de se défendre contre le rouleau compresseur néolibéral, voire pour faire élire des dissidents dans les "institutions de l'État".
Les responsables policiers évaluent le "milieu" d'extrême-gauche à 2000 personnes. Dans cet effectif sont compté "les quelques 300 squatteurs de la seule ville de Genève (appartenant au mouvement autonome-anarchiste et considérés comme des extrémistes)". L'occupation de logements vides, le squatt comme réponse à un besoin social, à la crise du logement, le désir de "vivre autrement" sont réduits à une manifestation de l'hydre anarcho-communiste. La dénonciation des spéculateurs immobiliers relève de cette "doctrine dualiste des bons et des méchants" caractérisant les extrémistes. Les militant-es de mouvement social, de syndicaliste combatif, de démocrate conséquent, selon la logique de ce rapport, sont donc accusés de menacer la sécurité de l'État.
©-G.Tafelmacher
La guerre reste une réalité référentielle déterminante. Pour suivre les changements sociaux, l'armée, avec l'appui de la Constitution et des lois, sera appelée à de nouvelles missions où elle sera utilisée pour la pacification, la réduction des troubles sociaux et la protection des dangers qui nous menacent.
Cette façon d'aborder la sécurité publique implique qu'un certain nombre de personnes, terroristes, contestataires antimondialistes, sans papiers, éfugiés, seront traités d'ennemi. Considérés comme méchants, machiavéliques et retords car censés détester la paix, le "délit de salle gueule" sera bientôt légalisé dans des lois qui permettront la prévention du supposé danger que représenteraient ces personnes. Cette logique sécuritaire nous oblige à accepter l'intrusion de l'impensable dans nos vies quotidiennes, soit ces actions de la nébuleuse guerrière et les mesures de contrôle censées combattre le terrorisme et améliorer l'état du monde.
Armée XXI va dans le sens d'une évolution militariste de la société et pour cela, renforce l'idée morbide qu'elle pourrait "assurer notre survie". On cherche à nous faire croire que la promotion de la paix par l'armée, dans la lignée de la politique de sécurité des pays qui nous entourent, est un acte de vraie Paix. Ce n'est qu'un geste militaire de plus qui contraint tout un peuple à se conformer à la seule "paix" ipso facto imposée, sans que les raisons fondamentales pour lesquelles les conflits éclatent soient résolues, sans que les raisons de la montée de la violence soient élucidées. Cependant, si l'état veut se défendre contre les agressions, il faudrait qu'elle axe ses efforts non pas sur les moyens armés pour contrer les menaces mais sur les vraies causes de la maladie, à savoir la violence et ses conséquences et nos psychologies défaillantes. Malheureusement, l'esprit militaire ayant totalement monopolisé les mentalités, on ne s'en prend qu'aux symptômes en agissant uniquement par des moyens militaires qui ne sont que des palliatifs. On ne guérit pas une infirmité, une maladie chronique ou un cancer avec de l'aspirine; il arrive même, que prise en excès, elle tue le patient. La fin ne justifie pas n'importe quels moyens . . .
La Paix en Danger
Le discours sur la pacification armée représente un grave danger car il est binaire et nous impose une vision étriquée du monde, d'un côté il y aurait les éléments violents à supprimer et de l'autre des gentils pacificateurs possédant le droit d'utiliser la violence. Or la pacification armée utilisant la violence légitimée est en train de devenir la seule façon qu'ont les grandes puissances du monde pour imposer leurs visions. Les aventures militaires, les attaques terroristes, les représailles guerrières et les catastrophes industrielles se succèdent de manière effrénée et ces événements sont instrumentalisés par le pouvoir pour conditionner les mentaux des individus et faire passer des lois liberticides. L'unanimité autour de la condamnation du terrorisme et de l'imposition d'une paix policée est un rouleau compresseur qui fleur bon le manichéisme et le jugement d'autrui. Cette logique sécuritaire est conduite avec bonne conscience, la domination actuelle instrumentalisant toutes les violence et incivilités pour avoir de nouvelles excuses pour mieux casser les résistants qui cherchent à se démarquer et à renforcer les antagonismes.
Cette façon de toujours vouloir justifier l'usage de la force et la pacification armée est inquiétante. Toute la justification de l'armée est construite autour de suppositions inconcevables ayant été rendu crédibles en les inscrivant dans une Réalité-Fiction droit sortie de la fantasmagorie paranoïaque des têtes pensantes (et pesante!) militaires! Pire, l'armée, dans une mouture plus moderne, se cherche une nouvelle légitimité et justification en s'accaparant de pratiques normalement attribuées aux civils. Tout aussi inquiétant est la manie qu'ont les militaires de détourner les idées pacifiques: chaque fois que les pacifistes énoncent une théorie sur la paix, les autorités s'empressent de la récupérer et de la resservir pour donner à l'armée sa justification et faire accepter leur "nouvelle armée XXI".
Il est à craindre une incapacité notoire d'entrevoir, ne serait-ce qu'un instant, une possibilité chez l'homme (générique) d'évoluer d'un stade reptilien, avec sa conception armée pour régler les conflits en détruisant l'autre, à un stade humain où les rivalités se résoudront pacifiquement. Dans une société pacifique et consciente, il n'est pas nécessaire de s'inquiéter des extrémistes de tous bords car cette société sera capable de régler ses problèmes avec l'apport de toute la communauté.
Conclusions
Qu'est-ce la pacification armée ?
Qu'est-ce la Paix sous la force des armes ?
...une guerre en temps de paix ?
Aucune avancée sociale significative ne sera possible...
si nous ne répondons pas à ces questions fondamentales !
Il serait sage d'y réfléchir avant qu'il ne soit trop tard !
Nous allons être exposés à l'anéantissement si nous cherchons à pacifier en répondant aux problèmes de société par une surcharge pondérale des armes. Nous pouvons sans autre faire le constat de l'incapacité totale des armées pour résoudre quelconque problème de société. Israël est la preuve que 50 ans de "représailles militaires" n'ont jamais résolu le problème palestinien, au contraire, il semble que plus l'escalade militaire prédomine, plus grave est la riposte palestinienne. Le fait que l'armée s'occupe de "pacification", est une preuve tangible de la tendance à la "militarisation de la société". C'est à dire que la résolution des problèmes de société est menée selon la logique "militaire" où on résout les problèmes humains par la force "armée". Et qu'est-ce qui nous prouve que ces hommes armés sont effectivement "meilleurs" que nous? Et qui nous dit que cette société irait mieux avec cette armée à la "bonne" pacification? On cherche à faire de l'armée un instrument de sécurité sans s'être poser la question primordiale de ce que c'est la pacification armée. Ce n'est pas un acte de paix mais un acte de guerre en un temps de tensions sociales. Il n'en faut pas plus pour démontrer l'absurdité de notre civilisation.
Refuser, donc, la guerre contre le terrorisme est encore plus essentiel maintenant qu'à l'époque où nous avons vainement essayé de faire part de nos oppositions à la guerre du Golf. Il faut sortir de ce discours sécuritaire sinon la guerre durera longtemps et nous ne devons jamais le laisser devenir un fait accompli auquel nous devons adhérer sans réserve ni questionnement sous peine d'être pacifié par les forces de l'alliance sacrée. Nous ne voulons une paix armée ou des réponses guerrières et meurtrières aux problèmes humains ni que la Suisse cherche à adhérer au système de gestion militaire des crises par les riches États de l'OTAN. Nous ne voulons pas de la guerre ni être obliger à la faire. Il faut déconstruire ce qui est donné par image médiatique et dénoncer ce qui est arrivé et comprendre comment cela a pu être possible.
Il n'y a pas de paix possible dans un monde fait de contraintes et d'obligations impérialistes. La paix ne viendra que lorsque les dominants auront cédé leur pouvoir au peuple à la suite de luttes citoyennes qui ne seront pas des actes terroristes mais de justes revendications pour un monde où tous auront le droit de vivre à sa convenance et dans le cadre de ses possibilités. Nous devons nous battre contre les pouvoirs de domination, sans armes létales, utilisant uniquement nos analyses et dénonciations, les référendums, les initiatives populaires, les oppositions légales, les mouvement populaires, pression citoyenne de la rue et grèves. Les gens pourvoiront à la construction d'espaces et tisseront les relations entre eux qui permettraient l'avènement d'une autre société où la domination et le contrôle s'exerceront sur les tenant du pouvoir et non sur les sujets de ce pouvoir. Sans une vraie participation de l'inconscient de chacun dans la formation de comportements et de relations constructives entre les gens, aucune paix n'est possible. La Paix ne peut être instauré que par les gens eux-mêmes, c'est cela la vraie paix !
La poursuite notre présence sur cette terre, nous ne la devrons qu'à notre capacité de raisonner en termes de résolution non-violente des conflits, de compréhension de nos problèmes. Pour parvenir à une juste paix mondiale, nous devons prendre conscience de nos agressivités, élucider les raisons des explosions de la violence et des phénomènes d'agressivité, étudier les raisons et les causes des guerres, comprendre ce qu'est la guerre et comment elle peut être dépassée et ce qu'est la paix et comment elle peut être construite par la résolution pacifique des conflits et une véritable prise de conscience.
En conclusion, c'est une autre «pacification» qu'il faudrait promouvoir. Il s'agit de dépasser de ces clichés archaïques de la pacification armée et de la répression obligeant les gens de marcher droit. Les gens doivent acquérir par leurs seules qualités propres, les outils d'une vie satisfaisante et pleine, sans qu'une instance soi-disant supérieure impose sa paix, ses dogmes et ses comportements impératifs par le truchement d'une armée et d'une police toute-puissante équipée comme une brigade de grenadiers.
Pour que cessent les guerres, nous devons sortir de notre conditionnement et éviter de répéter ad infinitum nos "bêtises humaines", jusqu'à l'extinction. Nous devons nous impliquer dans le problème de sécurité avec le sérieux que cela exige et proposer des solutions simples et possibles qui mettent en valeur notre possible humain: le travail dans les foyers de tensions pour que les vies quotidiennes puissent se refaire, le rétablissement des liens entre les communautés en conflits, la reconstruction civile, l'apprentissage de nouvelles modes de vie, l'éducation pacifique, l'encouragement de tout ce qui promeut l'approche pacifique entre les gens.
Georges Tafelmacher
objecteur, pacifiste, antimilitariste
© "solidaritéS" - LE COURRIER
Dossiers préparés par ©Georges Tafelmacher & SuisseForum